Cultures. Dominique Broc, leader des Cannabis Social Clubs, a été gardé à vue durant vingt-sept heures.
Par WILLY LE DEVIN
La réponse des autorités ne s’est pas fait attendre… Alors que nous annoncions le week-end dernier dans Libération que la Fédération des Cannabis Social Clubs (CSC) français, ces coopératives d’autoproducteurs, allait déposer ses statuts en préfecture le 4 mars, son leader, Dominique Broc a été interpellé jeudi à 7 h 50. La police s’est présentée à son domicile d’Esvres-sur-Indre (Indre-et-Loire), a détruit les plans de cannabis, et a saisi l’ensemble du dispositif de culture. Signe que les autorités ne désirent pas en rester là, la police s’est emparée du téléphone portable et du matériel informatique de Dominique Broc.
A l’intérieur, un listing inventorie l’ensemble des CSC de France et comporte le nom des adhérents. C’est donc tout le mouvement qui semble dans le viseur du ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Relâché vendredi, après vingt-sept heures de garde à vue, Broc comparaîtra le 8 avril devant le tribunal correctionnel pour «détention et usage de stupéfiants». Se considérant comme désobéisseurs civils, les membres des CSC ont toujours clamé qu’ils se dénonceraient tous si, d’aventure, l’un d’entre eux était inquiété par les autorités.
C’est désormais le moment de le faire. Sauf que pour l’instant, aucun autre membre ne s’est dénoncé. Toutefois, un communiqué circule dans la communauté indiquant «que des démarches vont être entamées pour que Dominique Broc récupère son matériel et ne supporte pas seul les conséquences de la répression policière». Reste à savoir si la fédération des CSC ira se déclarer en préfecture le 4 mars comme prévu.
Leader d’un CSC basé à Evry (Essonne), le fief de Manuel Valls, Farid Ghéhiouèche, est très remonté : «L’initiative entreprise par Dominique Broc avec la constitution du Cannabis Social Clubs français visait à démontrer qu’une évolution du cadre de la loi est possible. Il n’en est rien, la même logique gouvernementale perdure… dénonce-t-il. Mais elle n’entame pas la détermination des usagers du cannabis qui le cultivent pour ne plus recourir aux produits frelatés que l’on trouve au marché noir. Cette démarche d’adultes responsables réclamant d’être protégés, à terme, par les autorités, est aujourd’hui mise à mal. Nous dénonçons vivement cette attaque.» Contacté vendredi en fin d’après-midi, le ministère de l’Intérieur n’a souhaité faire aucun commentaire.
Je viens partager avec vous un communiqué officiel en réaction à la garde à vue de Dominique Broc ! Je remercie FARID pour le communiqué.
Vendredi 22 février 2013
Le pouvoir politique français montre son vrai visage.
Dominique Broc, le coordinateur national des Cannabis Social Clubs Français vient de sortir de sa garde-a-vue, ce vendredi 22 février 2013. Alors qu'il devait être hospitalisé hier matin pour une série d'examens importants, les forces de l'ordre sont intervenues à son domicile jeudi 21 février à 7h50 pour l'interpeller et saisir les plantes de cannabis ainsi que le matériel de culture du Cannabis Social Club dont il est membre.
Comme pour lui signifier qu'il commettait de graves infractions, la police a également saisi son matériel informatique et son téléphone portable, ses outils indispensables pour assurer la coordination nationale du mouvement des Cannabis Social Clubs Français.
Le pouvoir politique a-t-il peur ? De quoi exactement ?
En faisant cette démonstration de force, le gouvernement Valls – Ayrault – Hollande montre son vrai visage, celui de l'intolérance et de la répression bête et méchante...
Le pouvoir fait une erreur grave en s'attaquant à Dominique Broc, parce que cela concerne aussi les membres de son Cannabis Social Club, et plus largement l'ensemble du mouvement des Cannabis Social Clubs Français.
Car nous ne nous attendons pas à ce que nos décideurs politiques reconnaissent une erreur d'appréciation en agissant de la sorte.
L'initiative entreprise par Dominique Broc avec la constitution de Cannabis Social Clubs Français visait à démontrer qu'une évolution du cadre de la loi est possible.
Il n'en est rien, la même logique perdure... Mais elle n'entame pas la détermination des usagers du cannabis qui le cultivent pour ne plus recourir aux produits frelatés que l'on trouve au marché noir.
Cette démarche d'adultes responsables réclamant d'être protéger -à terme- par les autorités est aujourd'hui mise à mal. Nous dénonçons vivement cette attaque qui vise à décapiter notre
mouvement, peut-être aussi pour démotiver certains éléments à quelques jours de la déclaration en préfecture de l'association fédérative des Cannabis Social Clubs Français.
Si le pouvoir politique voulait donner le bâton pour se faire battre, il ne s'y serait pas pris autrement : c'est maintenant au peuple de l'herbe en France, au mouvement anti-prohibitionniste français de démontrer qu'il n'y aura pas de procès au Tribunal correctionnel le 8 avril prochain, mais que c'est bel et bien une « association de criminels en bande organisée » qu'il faut poursuivre près la cour d'Assises pour que la loi s'applique vraiment.
Dans les prochaines heures, nous indiquerons les démarches que nous allons entamer pour que Dominique Broc récupère son matériel, et ne supporte pas seul les conséquences de la répression policière.
Vous pouvez aussi retrouver ce communiqué sur https://cannabissansf...ouvoir,792.html
Le tourisme du cannabis fait son chemin au Colorado, de par une recommandation faite mardi 19 février 2013 par un groupe de travail d’État, de réguler le cannabis rendu légal par les votants l’année dernière.
Une des questions soulevées par le groupe de travail suggère que l’État du Colorado devrait installer des panneaux de signalisation dans les aéroports et aux abords des autres États, expliquant aux visiteurs qu’ils ne peuvent pas ramener de cannabis chez eux.
Ce groupe de travail a été monté pour trouver des solutions et s’arrêter sur un modèle précis de régulation du cannabis, après que les citoyens du Colorado aient choisit de passer outre la législation fédérale et d’autoriser son usage sans suivi médical.
Créé par les législateurs, les autorités répressives, et les activistes du mouvement pro-cannabis, ce groupe de travail a confirmé mardi que l’amendement constitutionnel sur le cannabis, autorise les adultes de plus de 21 ans à consommer de la marijuana, et pas uniquement les résidents du Colorado. Si les législateurs approuvent ces recommandations, les touristes seront libres d’acheter et de consommer du cannabis.
« Imposer une obligation de résidence va quasi-certainement créer un marché noir pour l’usage récréatif du cannabis dans l’État, » a affirmé un Député faisant partie du groupe de travail, Don Pabon, du parti démocrate à Denver.
Les touristes pourraient acheter de l’herbe, bien qu’il est probable qu’ils ne puissent pas se fournir plus d’un huitième d’once (à peine plus de 3,5 grammes) par vente.
Apeurés que le tourisme du cannabis n’ouvre la porte aux trafiquants non-résidents, pour se ravitailler et ramener ensuite des quantités importantes chez eux à des fins de vente illégale, les membres du groupe de travail sont tombés d’accord sur le fait que les non-résidents devraient pouvoir acheter uniquement des quantités limitées, bien que ces quantités n’aient pas encore été définies.
« Le cannabis acheté au Colorado doit rester au Colorado, » a averti Don Pabon.
« Nous pourrions nous attirer des contrôles fédéraux d’avantage minutieux et la colère de nos voisins, » si le cannabis traversait les lignes des frontières de l’État, a-t-il dit.
Les membres du groupe de travail ont été moins soudés concernant les recommandations concernant la cannabiculture, ainsi que l’usage dit ‘public’. Les lois du Colorado sur le cannabis autorisent la cannabiculture domestique, mais obligent à garder les plants dans un local sécurisé, verrouillé, et hors de la vue du public. Le groupe n’a pas pu s’entendre sur la question de savoir si un local « sécurisé » et « verouillé » signifiait un jardin clôturé, ou si une enceinte close comme une serre était nécessaire.
Parents : préoccupés par le (soi disant) effet d’escalade du cannabis vers d’autres drogues plus dures ? Je serait personnellement plus préoccupé par la garde de la porte d’entrée. (Éduquez avec des mots ET des actes)
« - Ne t’approche pas de cette porte bébé, maman ne veut pas que tu quittes la cour.
- Je serai exactement comme toi maman quand je serai grande! »
Un des membres les plus virulent envers le cannabis, le chef de la police de Greenwood Village, John Jackson, s’inquiétait du fait que les plants de cannabis dans les jardins auraient besoin de plus qu’une simple clôture en mailles de fil de fer pour tenir les enfants éloignés. Ce qui ne fit pas l’unanimité. Meg Sanders, une défenseure des usagers, a affirmé en retour que l’obligation de local fermé ne serait pas équitable pour les citoyens des milieux ruraux.
« Je pense que ça va trop loin dans la restriction de ce que les gens peuvent faire dans leur propre propriété, » a conclu Meg Sanders.
L’usage public a généré des désaccords qui n’ont pas trouvés de solution mardi. Le policier Jackson et d’autres voulant bannir l’« usage public visible » dans les patios, les porches et les jardins. Cela a irrité les activistes.
« Alors je peux boire une bière sous mon porche? Mais je ne peux pas y fumer un joint? » a lancé Christian Sederberg, un défenseur du cannabis.
La Sénatrice du Colorado, Cheri Jahn, de Wheat Ridge, a évoqué l’existence du risque que les législateurs hésitent à réguler quelque chose de légal que les gens peuvent faire dans leur propriété privée.
« Qu’en est-il des barbecues de jardins qui envoient des senteurs de hamburger dans le nez des voisins qui sont végétariens? » a-t-elle demandé.
Et elle a ajouté : « Je ne sais pas jusqu’où on va aller en disant aux gens ce qu’ils ne peuvent pas faire sous leurs porches. »
La question du cannabis et des porches a été laissée sans réponse. Le groupe a aussi remis la décision concernant les propositions du policier Jackson, à savoir d’exempter les forces policières de devoir garder les plants de cannabis saisis lors des enquêtes.
Les questions d’attributions des labels, et de la puissance du cannabis, concernant celui qu’on trouvera dans le commerce, seront aussi discutées plus tard.
Le groupe a jusqu’au 28 février 2013 pour recommander un modèle de régulation, qui sera finalement mis en place par la législature des États-Unis et le Ministère du Revenu, l’agence qui supervise le jeu et l’alcool, et qui gérera également désormais le cannabis récréatif.
Traduction personnelle d’un article d’AP, écrit initialement par Kristen Wyatt (Denver)
Les Amis du CSCF sont indignés de la subite décision du procureur de Tours concernant Dominique Broc, coordinateur et porte parole de cannabis Social Clubs Français.
Pourquoi cette mise en garde à vue, cette saisie de plantes, de matériel y compris de son ordinateur personnel et de son téléphone ?
Il y a belle lurette qu'il aurait pu, voire dû intervenir, pour soutenir les lois prohibitionnistes dont soudainement il semble se faire le champion.
Dominique Broc n'a jamais cherché à faire mystère de ses activités. Partisan de la transparence, il ne s'est jamais réfugié dans les troisièmes sous sols pour cultiver. Les gendarmes locaux, la DCRI n'ignoraient pas qu'il défendait une auto-production responsable solidaire et raisonnée afin de combattre les trafics et d'affirmer une volonté de ne pas participer aux ravages de la prohibition.
Alors pourquoi cette soudaine réaction hyper légaliste ?
Nous ne pouvons pas ne pas y voir un lien avec la proximité du 4 Mars, jour où la fédération des CSCF va déposer ses statuts à la préfecture de Tours. Mais cela ne peut justifier en rien cette étonnante et hâtive interpellation d'une personne qui devait rentrer à l'hôpital pour des examens nécessaires à sa santé.
Les Amis du CSCF réprouvent cette réaction violente, engendrée par le souci frileux de s'inscrire dans la voie tracée par quarante ans d'inefficaces répressions. Ce qui est unanimement constaté actuellement par tous les pays du monde.
Ils dénoncent donc et réprouvent totalement ce réveil tardif tributaire d'une logique pensant peu mais bien, qui ne démontre qu'une volonté stérile d'intimidation brutale et coléreuse.
Les CSC relèvent d'une forme pacifique de désobéissance civile, de celle prônée pour faire reconnaître les droits qui semblent juste de revendiquer. L'Histoire donne d'ailleurs généralement raison à ce type de militance.
Les CSC sont des îlots composés d'adultes réfléchis, sérieux, conscients de leurs devoirs, qui pour des raisons diverses estiment que c'est leur liberté, qui n'attente en aucune manière à autrui, de pouvoir consommer du cannabis, de manière récréative ou thérapeutique, à l'abri des excès de toutes sortes. Ces clubs n'offensent en rien la société. Ils se soustraient au trafic, dont bizarrement on n'arrive jamais à coincer les premiers échelons, et défendent une prévention réaliste, basée sur l'information. Le procureur de Tous paraît préférer les incantations.
Les Amis du CSCF soutiennent Dominique Broc devenu malgré lui le bouc émissaire d'une prohibition obsolète que le bon sens devrait mettre rapidement en débat public, surtout pendant cette ère de changements annoncés. Ils sont à ses côtés et continueront de s'efforcer de promouvoir une possibilité de mettre en place une alternative aux dégâts de toutes sortes qu'entraîne une politique qui a largement démontré ses limites impuissantes .
Rebondissant sur la légalisation de la marijuana dans l’état de Washington, une chaine de télé locale a réuni trois volontaires pour leur faire fumer de l’herbe puis les mettre au volant sous la surveillance d’un instructeur. Du pur journalisme wtf.
Plusieurs mois après avoir voté la proposition de loi instaurant la légalisation de la marijuana, l’état de Washington cherche toujours à affiner la limite au-delà de laquelle un consommateur est trop stone pour conduire une voiture. Actuellement, cette limite est de 5 nanogrammes de THC par millilitre de sang. Si on peut considérer que les fumeurs récréatifs n’ont qu’à rester chez eux, cette mesure pose problème pour ceux qui consomment du cannabis à but médical et ont besoin de se déplacer (ne serait-ce que pour aller chercher leur prescription au dispensaire).
Dans un post publié en 2011, le blogueur William Breathes expliquait ainsi qu’il dépassait encore de trois fois cette limite légale 15h après avoir consommé de la marijuana. Autrement dit, un fumeur est systématiquement hors la loi quand il prend le volant.
La chaine de télé locale Kiro TV (affiliée à CBS) a décidé de prendre les devants en menant un test instructif à défaut d’être scientifiquement rigoureux. Elle a fait appel à trois consommateurs aux profils très différents (une jeune fille qui fume quotidiennement, un trentenaire qui fume le week-end et un quinqua qui fume occasionnellement) pour tenter d’évaluer à partir de quelle quantité d’herbe ils devenaient dangereux sur la route.
Bien sûr, le test se déroulait sur un parcours délimité par des plots, dans une voiture d’auto-école et en compagnie d’un moniteur chargé de prendre le contrôle du véhicule en cas de pépin. Un policier était également présent pour évaluer si la conduite des testeurs était suspecte ou non.
Pour faire planer les trois cobayes, l’équipe de télé n’y est pas allé de main morte, leur fournissant de la Blueberry trainwreck à fumer en pipe (et donc pure, à l’américaine) par portion de 0,3 gramme, avant de les mettre au volant. Expérience renouvelée deux fois, et même une troisième fois pour Addy, 27, présentée comme une consommatrice médicale et qui avait déjà fumé avant le test. Elle a pris de bon cœur une nouvelle dose, atteignant un total de 1,4 grammes. Evidemment, elle finit défoncée et commence à conduire n’importe comment en balançant des "it's awesome !".
Si ce test est un brin absurde (fumez un gramme de skunk dans un laps de temps aussi court, rien n’y personne ne vous fera décoller de votre canapé), il semble démontrer que la limite actuelle est bien trop sévère (plus en tout cas que pour l’alcool,selon certaines études). Il a fallu que nos trois patients la dépassent de 5 fois avant que leur capacité à conduire soit endommagée (selon le moniteur et le policier), et Addy assurait encore à 7 fois. Un argument en faveur de ceux qui militent pour un assouplissement de la législation.
Conduire sous l’effet d’une substance demeure quoiqu’il arrive dangereux. Selon uneétude épidémiologique menée en France en 2005, la consommation de cannabis augmenterait de 1,8 fois le risque d’accident, chiffre qui grimpe à 8,5 fois pour l’alcool et 15 fois lorsqu’on combine les deux.
Par Edouard OrozcoFollow @edouard_orozco
Le 25 mars, ils se présenteront dans les préfectures pour déclarer officiellement leur pratique. Cannabis Social Club, derrière ce nom aux saveurs de havane, le célèbre cigare cubain, se regroupent près de 6 000 cultivateurs français de cannabis, qui militent ouvertement pour la légalisation de leur activité.
Leur argument pétard ? Mettre fin aux trafics clandestins et à cette délinquance qui pourrit la société. Jonathan (*), 25 ans, est un de ces militants en herbe.
Mettre fin à l’hypocrisie générale
Il participe à la culture de cannabis avec une dizaine d’autres consommateurs, quelque part dans le Gard rhodanien. Pour lui, il est surtout temps de mettre fin à l’hypocrisie générale autour de cette activité. "Les clubs se structurent partout en France, assure-il.
Nous en avons une vingtaine dans le Languedoc-Roussillon et bien plus d’une centaine partout en France. Nous sommes tous majeurs, intégrés socialement et consommateurs d’herbes. Ici, il est hors de question de revendre le cannabis." Exit donc, le temps des babas et du gamin fumeur de shit.
"Nous fournissons des centres antidouleur, nous connaissons les services de police, il est temps que l’État réagisse" Dominique Broc, président du CSC en France
Ce qui a poussé Jonathan à cultiver lui-même son herbe, c’est tout simplement son envie d’en fumer une de qualité, sans être forcé "de dépenser son argent dans le coin d’une rue sans savoir ce que je consomme vraiment."
De là à provoquer l’État en se déplaçant à la préfecture de Nîmes le 25 mars pour déposer les statuts de son association de cultivateurs de cannabis ? "Ce qui me fait le plus peur, ce n’est pas la police, mais les petits dealers qui viennent nous cambrioler, confie-t-il. Au début, nous témoignions tous à visages découverts, et ça n’a pas manqué. Les fermes se sont fait braquer."
"Il est temps que l’État réagisse"
Pour Dominique Broc, président des CSC en France, le choix est déjà fait. "Je suis à l’initiative de ces clubs en France, donc j’irai dès le 4 mars dans la préfecture de l’Oise. C’est un acte de désobéissance civile, assène-t-il. Nous fournissons des centres antidouleur en France, nous connaissons les services de police, il est temps que l’État réagisse."
Celui qui fera parti des premiers à déclarer le 4 mars, par pur esprit de provocation, son activité de cultivateur de cannabis, n’est pas là pour faire la propagande d’une drogue. "J’ai 45 ans et un fils de 20 ans, raconte-t-il. Dans un monde idéal, le cannabis n’existerait pas. Mais maintenant, que fait-on ? Mon fils a fumé pour la première fois à 18 ans. Je ne voulais pas qu’il descende dans une cité pour alimenter cette petite délinquance. Je ne veux pas qu’il glisse là-dedans."
Chaque club dans l’hexagone tient un carnet de bord très détaillé sur sa production. Des plantes narcoleptiques à euphoriques, de celles ayant un but thérapeutique à d’autres récréatif, tout est consigné et échangé entre les différents membres des CSC de France.
"Nous avons certains clubs où des gens sont atteints de sclérose en plaque, indique le président. Ce sont leurs médecins qui leur conseillent de consommer de l’herbe !
Nous sommes structurés, nous ne participons pas au marché de la drogue. Peut-être serait-il temps qu’on arrête de nous considérer pénalement comme des criminels."
En 2012, un rapport de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) a dénombré près de 200 000 cultivateurs de cannabis en France.
(*) Jonathan est un prénom d’emprunt.
Des clubs qui gagnent l’Europe
Le concept a récemment traversé les Alpes pour faire grand bruit en Italie. Dominique Broc, président du Cannabis social club, après avoir été “formé” en Espagne, fait des allers-retours en Bulgarie pour structurer les coopératives. Inspirés et soutenus par le programme Encod (European coalition for just and effective drug policies) basé en Belgique, les CSC se battent pour que les États européens incluent la régulation des drogues à l’ordre du jour des réformes politiques.
Dominique Broc espère, par cette “descente” en préfecture qu’il considère comme étant un acte de désobéissance civile, forcer le gouvernement à trancher, officiellement, sur le cas des CSC en France.
Par JEAN-FRÉDÉRIC GALLO
Photo: Dominique Broc (AFP)
SONDAGE - Les Français estiment que l'alcool est plus dangereux que le cannabis, mais ne semblent pas enthousiastes à l'idée d'un allègement de la répression, selon un sondage exclusif YouGov* pour Le HuffPost.
La question de la dépénalisation du cannabis revient ces derniers temps sur le devant de la scène. Alors que nous vous révélions début février sur Le HuffPost le coup de force du Cannabis Social Club Français, Libération fait sa Une sur ce phénomène, ce samedi 16 février.
Mais les Français ne semblent pas convaincus par cette solution, selon ce sondage YouGov*, réalisé sur Internet entre le 6 et 12 février. Pourtant, quand on les interroge sur la question du système actuel de lutte contre le cannabis, la grande majorité des sondés (77%) l'estiment inefficace. Ainsi, 41% des Français l'estiment plutôt inefficace et 36% très inefficace.
Si on peut y voir une différence entre l'âge des sondés (69% des 18-34 contre 81% des 55 ans et plus), le consensus règne sur la question.
L'alcool perçu comme plus dangereux que le cannabis
Plus intéressant encore: à la question "laquelle de ces trois substances vous paraît la plus dangereuse: alcool, cannabis ou tabac?", les Français placent en tête l'alcool, pour 41% d'entre-eux. Suit ensuite le cannabis (35%) et le tabac (14%). Enfin, 10% des sondés ne se prononcent pas.
Les Français semblent donc du même avis que Francis Cabrel. Le chanteur avait affirmé en octobre dernier: "le cannabis ne me paraît pas beaucoup plus nocif que le pastis".
Il est intéressant de noter que l'écart est plus faible chez les 55 ans et plus (39% pour l'alcool, 37% pour le cannabis) que chez les 18-34 ans (47% contre 27%).
Et, comme tout est politique, la proximité partisane semble aussi changer la donne. A gauche, on considère l'alcool comme beaucoup plus nocif (50% pour les sympathisants d'extrême gauche, 45% et 47% pour ceux du PS/EELV et du centre) que le cannabis (respectivement 20%, 32% et 38%).
Par contre, à droite, les courbes s'inversent: 35% des sympathisants UMP et FN estiment l'alcool comme la plus dangereuse des trois substances, contre 48% pour le cannabis.
Retrouvez
l'intégralité des résultats du baromètre YouGov Le HuffPost
Les Français ne croient pas à la dépénalisation
Si les Français semblent estimer que les moyens de lutte contre le trafic sont insuffisants, en revanche, les avis divergent concernant les solutions éventuelles pour y mettre fin.
Commençons par les points qui font consensus. Sur les 5 solutions proposées, aucune ne satisfait la majorité de sondés. La lutte contre les trafiquants de drogue reste l'option la plus plébiscitée, avec 43% des Français la jugeant efficace (45% la jugent inefficace).
Vient ensuite le renforcement de la prévention auprès des consommateurs, jugée à 40% efficace (mais seuls 12% des sondés l'estiment très efficace). Cette solution semble d'avantage plébiscitée par les sympathisants PS/EELV, qui la jugent à 53% efficace. Les partisans du FN l'estiment à l'inverse inefficace à 68%.
Concernant la dépénalisation du cannabis, les Français ne suivent pas l'avis de Francis Cabrel, cette fois-ci. Alors que le chanteur estimait que cette solution permettrait de "court-circuiter les mafias parallèles", les sondés ne sont que 28% à la trouver efficace contre 58% à la juger inefficace.
Ici aussi, les différences politiques se font sentir: plus de 40% de la gauche estime que cette solution aurait du succès, contre 9% pour les partisans de l'UMP et 15% pour le FN.
Sur cette question, on note aussi un petit clivage générationnel: 33% des 18-34 ans jugent la dépénalisation efficace contre 22% des plus de 55 ans. La légalisation pure et simple obtient des scores très similaires (28% la jugent efficace contre 57% inefficace).
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Les cannabis social clubs révèlent les détails de leur coup de force
Enfin, les Français ne croient pas vraiment à la solution des cannabis social club. Ils ne sont que 30% à estimer cette solution comme efficace contre 56% pensant le contraire.
Mais encore une fois, les avis sont partagés. 36% des 18-34 ans croient en cette alternative contre seulement 25% des 55 ans et plus. Le clivage politique est ici encore présent: si 52% des sympathisants d'extrême gauche trouvent efficace cette solution (41% pour le PS/EELV), seuls 10% des sympathisants de l'UMP la jugent plutôt efficace (13% pour les électeurs FN).
Combien de milliards de joints ont été fumés depuis l’appel historique du 18 joint publié par notre journal en 1976 et demandant déjà «la dépénalisation du cannabis» ?
Par deux fois depuis, la gauche est arrivée au pouvoir et la fumette continue dans une illégalité aussi inefficace qu’hypocrite. On estime qu’environ 4 millions de Français consomment du cannabis, notamment les plus jeunes : un record en Europe, malgré une politique qui se veut et se dit tout-répressive. Que le ministre de l’Intérieur s’appelle Valls ou Sarkozy.
Les Cannabis Social Clubs, inventés en Espagne et acclimatés en France, vont tenter très publiquement de défier cet interdit, au plus près de la société telle qu’elle est. On peut deviner la réponse du gouvernement. Vincent Peillon qui demandait que le débat sur la dépénalisation fût ouvert a été méchamment taclé par son Premier ministre, qui croit plus aux sondages qu’au courage en politique.
Il est évident que la dépénalisation du cannabis n’est pas une solution holistique et miraculeuse, comme le disent un peu facilement ses zélotes. Le cannabis est aussi une substance pathogène notamment pour les plus jeunes, qui ne savent pas mieux en doser l’usage que celui de l’alcool ou du tabac. Mais, la pédagogie et la prévention restent plus productives que l’interdiction et la répression.
La gauche sortirait grandie d’accepter au moins d’en débattre.
Culture, commercialisation, comptabilité... Deux étudiants de Denver, dans le Colorado, ont ouvert la THC University, d'un genre très spécial.
En France, consommer du cannabis n'est pas légal, mais, aux États-Unis, petit à petit des États l'autorisent. Cette dépénalisation a donné une idée à deux étudiants de Denver. À la fin de l'année dernière, à la suite de la dépénalisation de ce produit dans leur État, Matt Jones et Freeman LaFleur ont ouvert la THC University, du nom du tétrahydrocannabinol, la molécule contenue dans le cannabis, et délivrent des diplômes jusqu'au master. Leur idée remporte déjà un certain succès. Cependant, la vente et la consommation du cannabis restent très encadrées, les consommateurs ne peuvent fumer comme ils l'entendent.
Trois certificats et déjà des "élèves"
"Je sais que certains vont rire ou dénigrer ce cours, mais beaucoup prendront ce diplôme au sérieux", explique Jones devant les caméras de 9News. Une vingtaine d'étudiants ont assisté aux premiers cours samedi dernier sur le campus d'Auraria, à Denver. "Ce n'est pas donné à tout le monde de faire pousser des plants de marijuana en bonne santé et productifs", détaille Matt, "beaucoup de gens pensent qu'il suffit de planter une graine pour que ça pousse". Bien que les étudiants n'aient pas encore de crédits universitaires pour cette formation, les deux acolytes espèrent étoffer leur offre de formation.
Matt et Freeman proposent déjà des cours à distance et essayent de créer des certificats reconnus par les dispensaires et les professionnels du secteur.
"Master" en culture
En mars, pour la deuxième session de cours, les deux jeunes ont créé trois certificats. Le premier apprend aux élèves à tenir une boutique de marijuana, à bien conseiller les clients, le deuxième est destiné a ceux qui veulent apprendre à cultiver leurs plants en intérieur, et le plus poussé est le "master" en culture. "Pour exceller rapidement dans l'industrie du cannabis" en 14 leçons, il faut néanmoins y mettre le prix, plus de 1 000 euros.
Tribunal de Béziers : Malgré les quantités, la justice a cru à la sincérité des explications des six prévenus plutôt atypiques.
Hier, à la barre du tribunal correctionnel de Béziers, se retrouvaient six primo délinquants très atypiques en matière de stupéfiants. Ils habitent tous à Fraisse-sur-Agout. Un couple âgé d’une bonne trentaine d’années et les quatre autres entre 47 et 67 ans. Il leur est reproché d’avoir cultivé et consommé du cannabis.
Une récolte en kilo
Les quantités sont impressionnantes à la lecture du procès-verbal : 1,5 kg dans cette famille, 1,350 kg chez ce monsieur, 1,4 kg et 120 branches chez ce couple ou 83 branches et 587 g d’herbes chez le dernier.
En fait, les gendarmes avaient suivi ces six personnes suite à une dénonciation anonyme qui les accusait de cultiver et d’approvisionner le village. Les enquêteurs ont patiemment attendu la récolte, en septembre, tout en écoutant les conversations téléphoniques des suspects. Des gens qui ont une vie sociale très active au village puisque retraité, vendeurs de hamacs sur les festivals comme à Avignon ou agriculteurs et parents d’élèves, ils prônent aussi une certaine philosophie de vie proche de la nature.
Ils reconnaissent les faits
Les six prévenus reconnaissent la culture et la consommation. L’un a pris cette habitude de fumer depuis l’âge de 17 ans, il cultive car il ne veut pas "fréquenter les dealers, ni acheter de mauvais produits". Un autre, "prend son cannabis en tisane pour son emphysème". L’agriculteur reconnaît consommer pour se détendre car "c’est mieux que les antidépresseurs". Enfin, les femmes fument "très occasionnellement". Ils nient formellement avoir vendu ou même cédé à des amis.
D’ailleurs, aucune charge en ce sens n’a été retenue. Même la balance, instrument incontournable de tout dealer, qui a été retrouvée, sert à leur activité commerciale de vente de hamacs. Elle est même contrôlée par une société assermentée. Et l’homme explique à la présidente que le hamac se vend au poids puisqu’il est impossible de le mesurer et de compter le nombre de fils qui le compose.
Quatre relaxes et deux amendes avec sursis
Et de toutes ces explications, le tribunal va y faire droit. Les deux femmes sont relaxées, simplement. Deux hommes sont relaxés mais pour un vice dans la procédure. Les plants retrouvés chez eux n’ont pas été analysés pour vérifier qu’il s’agissait bien de la plante contenant le principe actif. Enfin, pour les deux derniers, ils sont condamnés comme simples consommateurs, à 300 € d’amende avec sursis. Comme le dira leur avocat, Me Darrigrand : "À Fraisse, la montagne de l’Hérault a accouché d’une souricette."