Légaliser est un moindre mal, selon le Collège des médecins
Par Gardner, dans International,

«Ce serait un moindre mal que la situation actuelle. C'est une des trois options que nous avons proposées au gouvernement fédéral», a indiqué, mardi, au Soleil, le secrétaire du Collège des médecins, le Dr Yves Robert, en marge d'une conférence de presse sur les nouvelles directives aux médecins pour prescrire de la marijuana.
 
 
À son avis, la légalisation permettrait d'avoir un contrôle de qualité et de faire de l'éducation sans négliger les possibles entrées fiscales. Il croit qu'une libéralisation du pot n'entraînerait pas nécessairement une hausse de la consommation. En gardant le produit illégal, le Dr Robert croit que cela favorise sa diffusion de façon illicite sur un marché noir et la possibilité que des jeunes se voient offrir d'autres drogues plus nocives.
 
 
«Il y a une forme d'hypocrisie, de connivence. Actuellement, il y a n'importe quoi qui circule et ça circule. Il ne faut pas se faire d'illusions. Ce n'est pas la loi qui va faire que les gens vont consommer du cannabis ou non. La question est de savoir dans quelles conditions on veut que la consommation se fasse», a-t-il avancé.
 
 
Selon le Dr Robert, le débat sur la légalisation ou non du cannabis qui a repris depuis que le Colorado en permet la vente est avant tout politique. «On nous met dans un piège où, d'un côté, le gouvernement ne veut pas le légaliser parce qu'il ne veut pas déplaire à sa base électorale et, de l'autre, il ne veut pas l'étudier comme n'importe quel médicament parce qu'il ne veut pas le légitimer», a-t-il déploré.
 
 
Pour l'heure, le Collège des médecins du Québec et ceux des autres provinces canadiennes sont en colère contre le gouvernement Harper. Depuis mardi, la façon d'avoir du cannabis à des fins thérapeutiques est d'avoir une ordonnance médicale. Auparavant, c'est Santé Canada qui autorisait la possession et la consommation de cette drogue illégale à des fins médicales.
 
«Avec la nouvelle réglementation, le gouvernement fait trois affaires en même temps. Un, il respecte son idéologie. Deux, il envoie l'odieux et la responsabilité sur le dos des docteurs et il s'en lave les mains. Trois, ça permet de faire une économie administrative à Santé Canada. C'est l'idéal du point de vue du gouvernement conservateur», a-t-il soutenu.
 
 
Les deux autres options proposées au gouvernement Harper par le Collège des médecins étaient de maintenir le programme précédent ou d'assujettir la prescription de cannabis aux mêmes règles auxquelles doivent se soumettre les compagnies pharmaceutiques pour un nouveau médicament."
 
 
Source : https://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/sante/201404/01/01-4753558-marijuana-legaliser-est-un-moindre-mal-selon-le-college-des-medecins.php
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L’accès au cannabis passera par la recherche
Par Indi-Punky,
Le protocole de recherche n’est pas encore défini, mais cela devrait être fait «d’ici l’été», ont précisé en conférence de presse les docteurs Charles Bernard et Yves Robert, respectivement président-directeur général et secrétaire du Collège des médecins du Québec.
 
Le futur protocole de recherche permettra donc aux médecins de prescrire du cannabis séché à des fins médicales, mais en suivant certaines règles, comme la rédaction d’un formulaire de consentement, d’un formulaire d’évaluation de l’état de santé du patient, la vérification des interactions avec d’autres médicaments et la vérification de contre-indications, entre autres.
 
Depuis mardi, un règlement fédéral exige d’un patient qu’il obtienne une prescription médicale afin d’avoir accès à du cannabis séché pour des fins thérapeutiques. Et le cannabis ne pourra être prescrit que pour certains problèmes de santé déterminés: épilepsie, forme grave d’arthrite, cancer, SIDA et VIH, maladie de la moelle épinière, lésion de la moelle épinière et sclérose en plaques.
 
«Il (le médecin) ne peut pas prescrire à partir d’aujourd’hui, tant qu’il n’y aura pas le projet de recherche», a pris soin d’ajouter le docteur Robert. Il y aura donc un délai avant que les médecins puissent prescrire le cannabis séché par l’intermédiaire d’un protocole de recherche médicale.
 
Auparavant, le médecin n’avait qu’un rôle de confirmation du diagnostic. Le nouveau règlement fédéral accroît donc le rôle du médecin.
 
Les médecins se retrouvent donc dans une situation inconfortable, puisque le traitement par cannabis séché n’est pas officiellement reconnu au plan scientifique. Et ni le dosage ni les indications thérapeutiques ne sont standardisés, a souligné le docteur Bernard.
Or, le Code de déontologie des médecins stipule que l’usage d’un traitement non reconnu ne peut être fait que dans un cadre de recherche médicale.
«Ce que nous déplorons, malheureusement, c’est que si des patients ont de la difficulté à y avoir accès, le premier responsable c’est celui qui a fait la nouvelle réglementation. C’est un des problèmes auxquels on a à faire face: on nous transfère une responsabilité et on veut que ce soit nous qui ramassions l’odieux de cette décision. Et ce ne sera pas le cas», a prévenu le docteur Robert.
 
La voie de la recherche médicale est donc celle qui a été choisie par le Collège des médecins pour régulariser la situation des médecins et des patients, afin de répondre à la fois au Code de déontologie des médecins, au règlement fédéral et aux décisions des tribunaux.
Le Collège des médecins souligne également qu’il existe présentement des médicaments sous forme de comprimés qui sont des «cannabinoïdes» et qui sont autorisés par Santé Canada. Il conseille d’ailleurs à ses membres de prescrire d’abord ces médicaments avant d’envisager le cannabis séché.
 
Réaction
 
Présent à la conférence de presse du Collège des médecins, Adam Greenblatt, de la Société pour l’accès au cannabis médical, a dit accueillir la voie de la recherche prônée par le Collège des médecins avec «un optimisme prudent».
 
Il affirme toutefois s’inquiéter du fait qu’«il y a trop de restrictions sur les raisons pour lesquelles le cannabis séché peut être prescrit par les médecins» et que cela aura pour effet de «diminuer l’accès pour les patients».
 
 
Source: https://journalmetro.com/actualites/national/472938/lacces-au-cannabis-passera-par-la-recherche/
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Autorisé depuis un an, le cannabis médical reste introuvable
Par Indi-Punky,
http://rebel.radio.cz/mp3/podcast/fr/faits/autorise-depuis-un-an-le-cannabis-medical-reste-introuvable.mp3

 
Bien que longtemps utilisé pour ses vertus thérapeutiques, le cannabis a progressivement été prohibé dans la plupart des Etats du monde au XXe siècle. Ce n’est que récemment que les sociétés européennes et nord-américaines se sont à nouveau intéressées à ses propriétés médicales, notamment en matière de lutte contre la douleur pour les personnes atteintes de problèmes neurologiques ou oncologiques.
 
En République tchèque, le débat sur la légalisation du cannabis médical a pris son envol à l’été 2011 avec la publication d’une pétition réunissant 60 000 signatures en sa faveur. Le gouvernement de droite de Petr Nečas a alors lancé un groupe de travail sur la question qui a abouti au vote d’une loi au début de l’année 2013 autorisant l’usage thérapeutique du chanvre. Malgré cette nouvelle législation, les patients qui ont besoin de cannabis médical n’en n’ont toujours pas vu la couleur un an plus tard. Il y aurait principalement deux raisons à cela selon Helena Kordačová, qui travaille à l’Institut pour le contrôle des médicaments (SÚKL) :
 
« Cela est dû tout d’abord à la position relativement réservée des médecins vis-à-vis des prescriptions de cannabis médical. Ensuite, les sociétés habilitées à transporter ces substances depuis novembre dernier ont attendu qu’il y ait une demande pour déterminer les quantités qu’elles devraient livrer. »
 
 

Photo: Archives de Radio Prague


 
 
A l’heure actuelle, trois entreprises en République tchèque ont l’autorisation de manipuler et de livrer ce chanvre. Mais alors qu’il est prévu que le cannabis thérapeutique ne puisse être délivré aux patients que sur la base d’une ordonnance électronique, ce système n’est toujours pas au point. Helena Kordačová assure que ce n’est plus désormais que l’affaire de quelques jours :
 
« Pour l’instant, nous sommes dans une situation où les livraisons de cannabis médical destinées à la République tchèque sont prêtes aux Pays-Bas. Les patients qui souhaiteront se procurer ces médicaments sur ordonnance fournie par leur médecin le pourront donc dans les tout prochains jours. »
 
Dans les faits, le ministère de la Santé, du gouvernement même qui a autorisé le cannabis médical, a largement traîné des pieds pour faciliter sa mise en application. Ainsi, en mars 2013, le ministre Leoš Heger, du parti conservateur TOP 09, contestait les propriétés thérapeutiques du cannabis à usage thérapeutique. Disponible prochainement dans toutes les bonnes pharmacies, cette substance pourrait être également cultivée sur le sol tchèque sous réserve de disposer d’une licence délivrée à partir de ce mois d’avril. Recteur à la faculté de médecine de l’Université Charles à Prague, Tomáš Šimůnek envisage de présenter cette requête pour que son établissement puisse cultiver et étudier le cannabis médical :
 
 

Tomáš Šimůnek, photo: Faculté de pharmacie de l’Université Charles


 
 
« Il y a des conditions à remplir, développées par l’Institut pour le contrôle des médicaments, pour pouvoir cultiver du cannabis à des fins thérapeutiques. Il y a des conditions liées à l’environnement de la culture ou à la compétence des personnels en capacité de faire ce travail. Ensuite, et c’est peut-être le plus important, il faut s’assurer de la qualité et de la reproductibilité des expériences sur ces produits pour qu’elles restent similaires et à un très bon niveau. »
Pour autant, il sera sans doute toujours difficile pour les patients de se procurer légalement du cannabis médical. Son prix reste prohibitif et aucune assurance n’en rembourse aujourd’hui l’usage. De plus, la loi interdit aux médecins de prescrire à une personne malade plus de 30 grammes de cannabis par mois, une quantité insuffisante dans certains cas. Le nouveau ministre tchèque de la Santé, Miroslav Němeček, a donc décidé de se tourner vers Israël, un des leaders mondiaux en la matière, dont la production serait moins onéreuse que celle en provenance des Pays-Bas.
 
Source: https://radio.cz/fr/rubrique/faits/autorise-depuis-un-an-le-cannabis-medical-reste-introuvable
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Le président de l'Uruguay exhorte le monde entier à sauvegarder la «révolution du cannabis»
Par Indi-Punky,
Le petit pays sud-américain de 3 millions de personnes le mois prochain devenu le premier au monde à légaliser, réglementer et à participer à la production, la vente et la taxation de la marijuana.
 
Ce qu'on appelle la «révolution du cannabis» de l'Uruguay sera examiné à travers le monde en tant que leaders internationaux se débattant avec la politique de la drogue au milieu des critiques de principe de longue date de la «guerre contre la drogue».
 
M. Mujica, un ancien guérillero de gauche de 78 ans et prisonnier politique, n'est pas étranger aux gros titres, après sa décision d'éviter le palais présidentiel en faveur de sa ferme délabrée et de donner 90 pour cent de son salaire (7100 livres/mois).
 
Mais dans une interview avec le Daily Telegraph menée au milieu des piles de tomes agricoles, dans la salle avant faiblement éclairée de son bungalow, où il a vécu pendant 30 ans, il a exprimé sa surprise à la fureur.
«C'est cibler la lutte contre le trafic de drogue", a t-il dit. «Ce n'est pas une loi soutenant la dépendance. C'est une façon de combattre l'économie du marché noir."
 
Envolées lyriques, même sur une question aussi controversée, il a continué: «Chaque toxicomanie est un fléau, à l'exception de l'amour."
 
En vertu de la nouvelle loi radical qui a permis à des citoyens et des entreprises privées de se développer, acheter et vendre du cannabis, mais le gouvernement va également entrer dans l'entreprise - la culture et la récolte, de la distribution et de la vente à partir de points de vente autorisés et imposer les bénéfices réalisés.
 
Le projet de loi est beaucoup plus massif que le célèbre Pays-Bas libérale, où la culture reste interdit, ou les nouvelles dispositions dans les États américains du Colorado et Washington, où il n'y a pas de participation directe du gouvernement.
 
M. Mujica et ses alliés font valoir que la nouvelle politique offre une alternative révolutionnaire à ce qu'ils appellent les échecs de la «guerre à la drogue» défendue par les États-Unis en Amérique latine, qui a tué des dizaines de milliers dans les pays producteurs et de transit tandis que relativement peu est fait dans les pays consommateurs de l'Europe et les États-Unis.
 
La loi vise également à porter un coup majeur aux cartels de la drogue trafiquant des drogues dures en supprimant une de leurs plus grands soutiens monétaires. "Si vous voulez changer une réalité, il est insensé de continuer à faire la même chose, au lieu de changer quelque chose, même si elle n'a pas été couronnée de succès", a déclaré M. Mujica.
 
 



 
 
En vertu de la nouvelle loi, les Uruguayens pourront acheter une quantité limitée de cannabis, qui devrait être plafonné à près de 1,4 onces (40 grammes) par mois, en pharmacies ou à partir de guichets uniques de type Bureau de poste, qui sont normalement utilisés pour le paiement des factures ou changer de l'argent.
 
Les utilisateurs devront s'inscrire sur une base de données détenue par le gouvernement et ceux qui effectuent des demandes excessives seront renvoyées aux autorités de santé pour un traitement. La base de données est également destiné à assurer que seuls les résidents de l'Uruguay peuvent acheter le produit dans un effort pour réduire les risques de tourisme de la drogue.
 
Dans un pays catholique traditionnellement conservateur, les sondages indiquent que de nombreux Uruguayens n'aiment pas l'innovation introduite par la coalition de gauche à voilure Front large, soit parce qu'ils soupçonnent la consommation de drogues d'augmenter ou désapprouve le rôle du gouvernement dans le commerce de la drogue. M. Mujica est, cependant, imperturbable, disant que ses adversaires sont simplement "effrayés" par ce changement dramatique, tout en reconnaissant que la nouvelle loi pourrait ouvrir la voie à la dépénalisation d'autres drogues.
 
Il a des alliés dans la région: d'autres dirigeants latino-américains, y compris Otto Perez Molina, le président du Guatemala, se sont également prononcé contre la guerre aux drogues, tandis que Enrique Pena Nieto, le président du Mexique, a clos la lutte armée implacable de son prédécesseur avec les narco-trafiquants.
 
Au milieu des vues plus prudentes en Europe, le mois dernier Norman Baker, le ministre libéral-démocrate du Home Office, a tenu une conférence vidéo d'une heure avec les représentants de l'Uruguay, discuter des implications en matière de santé et de la sécurité publique de la nouvelle loi.
 
Il y a entretemps quelques difficultés pratiques de mise en œuvre de la politique, et non pas des moindres, l'Uruguay ne produit pas assez de cannabis pour satisfaire la demande. Les Grands dirigeants du Front, dont Lucie Topolansky, une sénatrice qui est aussi la première dame, suggère que les producteurs de marijuana médicale canadiens pourraient combler temporairement l'écart.
 
Ce fut une nouvelle au Canada, où un porte-parole du ministère de la Santé dit qu'il n'y avait "aucun plan" pour exporter de la marijuana à l'Uruguay, ou n'importe où ailleurs.
 
Par Donna Bowater
 
 
Source: https://m.nzherald.co.nz/world/news/article.cfm?c_id=2&objectid=11229621
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Des médicaments avec du cannabis
Par Hellvice,
Un groupe de travail constitué par l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) s’apprête à plancher sur la question du cannabis thérapeutique. Objectif: «exploiter toutes les possibilités de la loi pour que le cannabis puisse être utilisé comme médicament et pour pouvoir profiter du plein potentiel de cette plante médicale». Or, en Suisse, certains précurseurs n’ont pas attendu ses conclusions pour se placer sur ce terrain.
 
C’est le cas de Manfred Fankhauser. On l’imagerait volontiers dégaine de hippie, cheveux longs et pull tricoté. Mais le pharmacien de Langnau (BE) porte en fait une blouse blanche et de petites lunettes d’étudiant raisonnable. Dans son officine, il élabore et commercialise depuis 2011 des médicaments à base de cannabis. Il est une exception en Suisse. Sa matière première ne pousse pas dans les champs alentour, mais au bord du lac de Constance, dans un endroit «caché et protégé».
 
Une petite culture d’environ 120 plantes qui suffit pour une année et demie de production. La récolte est d’abord transportée chez un chimiste, qui en extrait la teinture mère (un concentré liquide), avant d’atterrir dans le laboratoire du pharmacien pour le dosage du produit fini. Il contient deux principes actifs: du THC, la molécule qui possède un effet planant, et du cannabidiol. Manfred Fankhauser fabrique aussi un autre médicament, uniquement à base de THC, appelé Dronabinol. Ici, le THC est synthétique et importé d’Allemagne, où il est fabriqué à partir d’écorce de citron.
 
Les deux préparations se vendent sous forme de gouttes. «Cela permet de contrôler les doses de manière précise, souligne Manfred Fankhauser. En général, les prescriptions vont de 2 à 10 mg de THC par jour.» Bien moins que les quantités inhalées avec un joint, qui oscillent entre 20 et 30 mg.
 

Solution miracle?


 
Ce fils de paysan de 51 ans a déjà conseillé et traité 850 patients. Les indications sont nombreuses: le cannabis est utilisé pour combattre nausées et perte d’appétit chez les personnes atteintes de cancer, crampes et spasmes liés à la sclérose en plaques ou encore douleurs chroniques. «Les patients font appel à nous quand les autres traitements n’ont pas fonctionné», explique Manfred Fankhauser.
 
La démarche n’a rien d’illégal! En principe, toutes les pharmacies pourraient produire des médicaments à base de cannabis suite à la révision de la loi sur les stupéfiants en 2008. La substance demeure interdite, mais l’OFSP accorde des licences spéciales pour l’usage médical. «Les procédures sont longues et compliquées. Il faut aussi connaître la plante, raconte Manfred Fankhauser. Je m’y intéresse depuis longtemps, j’y ai consacré mon doctorat.» De la part du patient aussi la persévérance est de rigueur. Pour obtenir le médicament, son médecin doit adresser une demande à l’OFSP. Et le coût élevé – entre 5 et 30 francs par jour selon les prescriptions – n’est pris en charge par les caisses maladie qu’au cas par cas.
 
Manfred Fankhauser est toutefois loin d’être un pionnier. Les Romains et les Grecs employaient déjà le chanvre comme remède. «Au début du XXe siècle, rappelle le pharmacien, la substance n’était pas considérée comme un stupéfiant: l’Université de Berne y consacrait des dizaines de recherches et de grandes entreprises pharmaceutiques comme Hoffmann-La Roche, l’ancêtre de Roche, l’utilisaient dans leurs préparations.» Le produit a peu à peu disparu au profit des barbituriques ou de la morphine. Les difficultés d’importations pendant la Seconde Guerre mondiale – la plante était alors cultivée en Inde – et la diabolisation de la substance dans les années 1960 ont mis fin à son usage.
 

Changement d’esprit


 
Depuis quelques années, les propriétés médicinales du chanvre font à nouveau l’objet de recherches. «L’attitude change», se réjouit Manfred Fankhauser. Autre signal: le Sativex, un médicament en spray à base de cannabis, déjà en vente dans plusieurs pays européens, a été autorisé en Suisse et devrait arriver sur le marché ce mois. Et bonne nouvelle: pour cette préparation, exclusivement destinée aux malades souffrant de sclérose en plaques, plus besoin d’autorisation spéciale.
 

Témoignage : «Je revis»


 

Voir la pièce-jointe : 33698140.jpg


Philippe Süsstrunk, 61 ans, est atteint de sclérose en plaques depuis 1990. (Image: Sedrik Nemeth)


 
Philippe Süsstrunk: «Je souffrais de crampes et de spasmes dans tout le corps, accompagnés de douleurs insupportables. Les médicaments myorelaxants (pour décontracter les muscles), que je consommais aux doses maximales, ne m’apportaient rien: je me sentais comme un morceau de bois de la tête aux pieds. Je prends des gouttes de cannabis naturel trois fois par jour dans un peu d’eau depuis deux ans et je revis. Les spasmes et les crampes ont presque disparu. J’ai pu supprimer les myorelaxants qui me rendaient vaseux et ne souffre d’aucun effet secondaire.»
 
Pourtant, l’habitant de Fleurier (NE) n’est pas immédiatement emballé lorsque son médecin évoque cette option. «Je n’avais jamais touché au cannabis. La question a aussi provoqué de longues discussions avec ma femme et mon fils. Aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi la substance ne peut pas être utilisée plus librement.»Le traitement de Philippe Süsstrunk, qui touche l’assurance-invalidité, coûte 550 francs pour un mois et demi: une lourde charge que son assurance-maladie n’a accepté de couvrir qu’au terme d’une bataille acharnée.
 
Source: https://www.lematin.ch/sante-environnement/sante/medicaments-cannabis/story/28893145
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Cannabis. L'Académie de médecine part en guerre contre le hasch : elle se trompe d'ennemi
Par Indi-Punky,
L’Académie de médecine estime que les mesures prises par les autorités sont insuffisantes et demande à ce que la lutte contre la consommation de cette drogue devienne une cause nationale. Elle a pris mardi dernier une position très forte dans le débat sur le cannabis estimant que ce problème soit érigé "au rang de cause nationale". "Le THC induit des troubles de l'attention, de la mémoire, et des fonctions exécutives", souligne le Dr Alain Dervaux du service d'Addictologie de l'Hôpital Sainte-Anne, (Paris).
 
"Le risque de schizophrénie existe, (multiplié par deux), en particulier chez des sujets prédisposés, (terrain génétique), pour ceux qui débutent avant 15 ans et pour les gros consommateurs", ajoute-t-il.
 
"Bad trip" n'est pas schizophrénie
 
Sauf que… Malgré une augmentation, du nombre de consommateurs et surtout d’expérimentateurs, la prévalence de la schizophrénie en France n’a pas augmenté… Cherchez l’erreur ! Dans une enquête menée auprès de 3.807 étudiants français, à paraître dans la revue Molecular Psychiatry d'Avril, 44 % déclarent avoir déjà consommé du cannabis, et un sur cinq avoir expérimenté des symptômes de psychose à cette occasion. Sauf que…
 
Ce qu’ils appellent "des symptômes de psychose" sont bien connus et couramment nommés par les usagers des "bad trips", (mauvais délire) : et sauf que… Ces effets secondaires liés au THC sont pour la plupart du temps passagers et ont plutôt un effet dissuasif sur des reconsommations éventuelles.
 
Croire à un monde sans drogues, ce serait croire au Père Noël
 
Alors oui, entrons en guerre, mais ne nous trompons pas d’ennemi. La politique prohibitionniste est une catastrophe et n’a mené à rien, si ce n’est une flambée des consommations, avec des budgets alloués à la répression ayant considérablement augmenté, et à remplir des prisons déjà surchargées.
 
"La folie, c'est de se comporter de la même manière et s'attendre un résultat différent", nous disait Einstein. L’interdiction ne fonctionne pas, elle stigmatise les consommateurs en les empêchant parfois (souvent) de venir en soins. La loi de 1970 relative à la consommation de stupéfiants est depuis longtemps dépassée. Les risques d'accoutumance physique au cannabis sont bien moins importants que l’alcool par exemple, sans en ignorer sa toxicité. Vivre dans un monde où les drogues seraient absentes revient à croire encore au Père Noël !
 
Les Alcooliques anonymes n'existeraient pas si l'alcool était prohibé
 
Alors oui je l’ai déjà dit et je le répète à nouveau, la seule solution (qui peut apparaître paradoxale) pour lutter contre le cannabis reste sa dépénalisation et sa légalisation ! Nous éviterons ainsi de stigmatiser les consommateurs, l’argent déversé à flots pour la répression pourrait nous servir à mettre en place une vraie politique de prévention.
 
Pensez-vous que les associations d’anciens buveurs comme les Alcooliques Anonymes, Vie Libre…, existeraient si l’alcool était prohibé ? Non et pourtant ils sont un rouage quasi essentiel dans les prises en charges ! Et non, bien évidemment, légaliser ne fera pas flamber la consommation. Il est partout, dans les villes comme dans les campagnes. N’importe quelle personne peut en acheter à n’importe quel coin de rue. Et il achète, de plus, un produit frelaté, coupé avec des produits encore plus toxiques que le cannabis.
 
Légaliser, c’est encadrer, contrôler et prévenir, sans peur de la loi pour les personnes potentiellement en difficulté, (et qui le sont d’ailleurs déjà !). La France, (la plus répressive en Europe), reste pourtant le premier pays consommateur… Cherchez encore l’erreur !
 
Source: https://leplus.nouvelobs.com/contribution/1166306-cannabis-l-academie-de-medecine-part-en-guerre-contre-le-hasch-elle-se-trompe-d-ennemi.html
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Cher médias: voilà à quoi ressemble les personnes qui consomment de la marijuana
Par Indi-Punky,
Il semblerait que la marijuana soit enfin entré dans le courant dominant des États-Unis et de la politique internationales.
 
Cependant, quelqu'un a négligé de prévenir les nombreux organes de presse qui continuent de recycler les mêmes vieilles images de "Cheech & Chong" qui auraient été retirés il y a des décennies. Après tout, la moitié des adultes américains ont essayé la marijuana et ils ne peuvent pas tous ressembler à des stéréotypes de stoner.
 
 
Les commentaires à propos de l'utilisation excessive d'anciennes images de "stoner" fatigués ont surgi récemment sur ​​Bloomberg TV, Huffington Post et Forbes.
Plus récemment, le lauréat du prix Pulitzer journaliste du New York Times, Matt Richtel a pris Twitter pour exiger une explication de son propre journal pour avoir utiliser une image stéréotypée (littéralement de Cheech & Chong ) pour une histoire autrement plus grave sur des études scientifiques sur l'impact de la marijuana sur les aptitudes de la conduite.
 
Je ne peux même pas compter le nombre de fois où j'ai grincé des dents tout en regardant un segment de nouvelles grave sur le débat national sur la politique de la marijuana devenu éclipsé par des images implacable de gars portant des accessoires de la tête aux pieds arborant des feuilles de marijuana et tout en se déchirant à coups de bong au 420 fest. De même, Sheryl Sandberg et Getty Images ont récemment fait équipe sur un projet similaire pour fournir des images non sexistes de femmes au travail - qui ne ressemblent pas à des prises défectueuses de «Mad Men».
 
J'ai atteint mon propre point de frustration l'an dernier, quand j'ai écrit une pièce pour les nouvelles sur le site de NBC The Grio, comment la fin de la prohibition de la marijuana affecte les Afro-Américains, qui représentent une part largement disproportionnée des 750 000 personnes toujours arrêtés pour la marijuana aux États-Unis chaque année. Quelle image ​​les éditeurs choisissent pour couvrir mon histoire? Une image d'un homme émettant des nuages ​​de fumée s'échappant du plus énorme blunt vous ayez jamais vu dans votre vie. J'ai demandé qu'ils envisagent d'utiliser une photo plus approprié à la pièce, mais en vain. Franchement, j'étais tellement gêné par l'image que je n'ai même pas partager la pièce en famille et entre amis, ce que j'aurais normalement fait.
 
Pourquoi les images stéréotypées persistent alors que le consommateur de marijuana d'aujourd'hui pourrait ressembler davantage à votre tante Bettie ou au comptable de The Dude - et maintenant que les vaporisateurs, comestibles et crèmes topiques ont rendu l'omniprésent «joint» quelque peu obsolète? Une des raisons pourrait être le manque d'images existantes qui montrent des gens ordinaires utilisant la marijuana dans un contexte quotidien. Après tout, la marijuana est encore illégale dans de nombreux endroits, et les consommateurs peuvent être réticents à voir leurs images placardées partout.
 
C'est pourquoi la Drug Policy Alliance s'est efforcée de fournir des médias avec photos prêts à l’utilisation . Ces images, tiré par le photographe basé à San Francisco Sonya Yruel, sont des exemples du type de photos que les médias pourraient utiliser pour faire un reportage sur la légalisation du cannabis - les patients qui utilisent la marijuana pour soulager les douleurs débilitante, ou les gens perdant leurs maisons et leurs emplois en raison d'une arrestation liés à la marijuana. Nous faisons ces photographies sous licence libre et libre d'utilisation à des fins éditoriales et non commerciales, et nous espérons qu'ils contribueront à rendre les emplois de rédacteurs plus facile et le contenu plus pertinent.
 
Les photos que nous fournissons sont de patients Californien utilisant la marijuana médicale qui nous ont donné la permission d'utiliser leurs visages afin de rendre ces images disponibles pour une utilisation ouverte aux médias. S'il vous plaît n'hésitez à les utiliser pour des histoires de marijuana qui seront plus adaptée envers l'exactitude des coups bas prévisibles.
 

 

 

 

 

 

 

 
Source: https://www.huffingtonpost.com/sharda-sekaran/marijuana-stock-photos-media_b_5037980.html?utm_hp_ref=tw
https://www.drugpolicy.org/blog/dear-media-what-people-who-use-marijuana-look
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Un militant anti-prohibition du cannabis à l'ONU
Par Gardner,
Depuis 2003, j’ai assisté à cinq reprises à la Commission des Stupéfiants de l’ONU. Cela me donne une certaine vue d’ensemble, et avec le recul, je suis en mesure d’exprimer aujourd’hui un avis sur l’évolution de la politique en matière de drogues au niveau international.
 
Du 13 au 21 mars à Vienne se tenait la 57e session de cette commission, principal organe de décision des Nations Unies pour le contrôle de certaines drogues. C’est elle notamment qui peut décider de retirer une substance du tableau des stupéfiants établi par les conventions internationales.
 
Dix ans après ma première visite, je rentre avec de l’espoir.
 
Agit-prop En 2003 à Vienne, j’ai organisé avec l’ONG « Encod » la première manifestation internationale devant le siège de la Commission des Stupéfiants (CND). A l’époque, il s’agissait de réviser à mi-parcours la stratégie adoptée en 1998 à New York et dont l’objectif se résumait à son titre-slogan « un monde sans drogue nous pouvons y arriver ». Un frisson m’avait parcouru l’échine en regardant nos ballons chargés de graines de cannabis et de pavot s’élever dans le ciel, au-dessus du Danube. Une belle image qui restera gravé dans ma mémoire, comme celle de la Free Party organisée sur les trottoirs jouxtant les bâtiments de l’ONU, sous l’œil goguenard de la police autrichienne gardant les lieux.
 
Je l’ai appris plus tard, mais cette année-là, le comité d’experts de l’OMS avait déjà recommandé le changement de classification du cannabis au tableau des stupéfiants. Ce que malheureusement la Commission des Stupéfiants a toujours choisi d’ignorer.
 
Voix des ONG En 2004, j’obtenais le laissez-passer dans l’enceinte des Nations Unies. Pour la première fois, assez timidement, je tentais d’approcher quelques délégués officiels et de mieux comprendre le fonctionnement de cette Commission des Stupéfiants de l’ONU. Surtout son Office de Contrôle International des Stupéfiants. C’est aussi en découvrant la pauvreté de l’argumentation des « mamies » en charge de l’animation du comité des ONG que j’ai entrepris, avec quelques personnes, de l’investir pour le rajeunir. Nos objectifs : le rendre plus opérationnel en tant que plateforme de dialogue entre les ONG, mais aussi donner à cette coalition une vocation plus militante à l’égard des institutions.
 
A cette époque, dans ces couloirs onusiens, je me rappelle ma rencontre avec le chef de la délégation française Michel Bouchet. Pour répondre à mes inquiétudes sur l’évolution de la situation de la jeunesse et notamment celle des quartiers dits « sensibles » comme la Goutte d’Or où j’habitais, le représentant de la France osa me rétorquer qu’il y avait « un narcomarketing à la télé poussant à la banalisation de la consommation ». C’était la première fois que j’entendais ce mot, et comme à son habitude la police innovait dans la linguistique pour masquer ses échecs.
 

Où est Farid ?
 
 

ENCOD  

Constitué en 1993, l’ENCOD (Coalition européenne pour une politique juste et efficace en matière de drogues) est à la base une initiative citoyenne pour rapprocher et défendre les intérêts des paysans producteurs des pays pauvres et les usagers de drogues des pays riches , avec l’ambition de réformer la politique internationale en matière de lutte contre les drogues, en se basant sur le respect des droits humains et la prévention des risques et la réduction des dommages.
 
ENCOD est une organisation citoyenne basée en Belgique, rassemblant plus de 150 organisations, individus, entreprises fonctionnant en réseau dans l’ensemble des pays membres de l’Union européenne.  
Prohibition en échec L’an dernier, je constatais la montée en puissance de l’implication des organisations de la société civile qui œuvrent pour une réforme face à l’échec de la prohibition. Aujourd’hui cette critique est aussi portée par des délégations officielles, notamment d’Amérique Latine.
 
Le train de la légalisation est en marche. Dans l’État du Colorado depuis le 1er janvier et bientôt celui de Washington, au cœur des États-Unis berceau de la prohibition, ils ont légalisé. En Uruguay aussi.
 
Depuis plus d’un siècle, « la prohibition » a développé l’art et la manière d’intoxiquer les gens avec des mots d’ordre aussi absurdes que « guerre à la drogue », « tolérance zéro », « peine de mort pour les trafiquants » ou « dis merde aux dealers ».
 
J’enrage contre le crime organisé généré par cette politique de prohibition. Cet « interdit » ne sert que les intérêts des organisations criminelles et mafieuses. Plus de 10 millions de personnes meurent chaque année parce qu’elles n’ont pas accès aux antidouleurs. En Afghanistan ou en Birmanie, principaux producteurs de pavot, on meurt à l’hôpital par pénurie de sédatif fort à base d’opioïdes ! Oui, il est plus rentable pour les trafiquants de vendre un produit interdit que de fournir des hôpitaux…
 
Diplomatie Vue de l’intérieur, cette 57e session de la CND a manifestement mis le cap sur 2016, et le rendez-vous à New York pour une session spéciale de l’Assemblée Générale des Nations Unies sur les drogues. Pour résumer, si la pénalisation des consommateurs ne semble plus être le remède affiché pour éradiquer les drogues, la généralisation des programmes de prévention des risques sanitaires devient un enjeu prioritaire.
 
Quelques anecdotes :
 
> En conférence de presse, face à la délégation de l’Uruguay, je demande si « dans les mois qui viennent, à la faveur des évolutions politiques en Jamaïque et au Maroc où des projets de lois sont en discussion, il serait envisageable de développer une chaîne de commerce équitable. » Et oui ! Au nom du développement alternatif si cher à l’ONU, ne pourrait-on pas offrir la possibilité aux Uruguayens de consommer de la Sinsemilla jamaïcaine ou du haschisch marocain ? Le vice-président de l’Uruguay a joué le jeu :
 
« Peut-être dans dix ans. Mais pour le moment nous allons étape par étape et nous voulons prendre le temps de bien faire les choses ».
 
> Une conférence sous l’égide du Gouvernement autrichien concernait la bonne utilisation du cannabis en médecine. Gilberto Gerra, chef de département à l’Onu, reconnaissait « l’utilisation bénéfique des cannabinoïdes pour lutter contre une multitude de pathologies, sans trop d’effets négatifs ». Puis il évoquait même « un trésor, qui reste encore à découvrir » :
 
« Dans les 70 éléments du cannabis dont on connaît un peu la composition, nous n’avons pas encore suffisamment de travaux de recherche sur quatre d’entre-deux, dont le Dronabinol (THC) »
 
Même si les progrès sont lents, la multitude de signes encourageants pèse positivement. Comme souvent dans la diplomatie, au nom d’un consensus universel, on fait trois pas en avant, deux pas de côté et puis un pas en arrière, comme dans une sorte de valse … de Vienne !
 
 
Source: https://www.streetpress.com/sujet/127548-un-militant-anti-prohibition-du-cannabis-a-l-onu
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Cannabis : leurs bons plan(t)s
Par Indi-Punky,
Weed, beu, marijuana, chanvre, herbe… Le cannabis s’habille d’une foule de noms. Et s’il y en a pour tous les goûts, on ne peut pas franchement dire qu’il y en a pour toutes les bourses. Alors, plutôt que d’alimenter les trafics, certains pensent à la solution artisanale : faire pousser eux-mêmes.
«Le Républicain» est allé à la rencontre de divers consommateurs du Sud-Gironde, et producteurs plus ou moins confirmés, afin qu’ils détaillent leur rapport à cette «drogue douce».
 
«La drogue bio»
 
C’est le cas de Jean-Marc*, qui tente pour la première fois d’obtenir des pieds sur son balcon. «Nous avons planté 5 pieds, grâce à des graines que nous avons commandé sur internet, un site norvégien», détaille l’étudiant. L’idée, c’est de pouvoir avoir de quoi fumer lors des soirées. Surtout, ce que le Sud-Girondin trouve d’intéressant à faire pousser, c’est qu’il sait ce qu’il fume. «C’est naturel, c’est de l’herbe que l’on fait sécher. C’est la drogue bio» plaisante-t-il. Au final, les pieds de cannabis n’ont pas pris, mais le jeune homme n’en fait pas un drame : «on essaiera de nouveau plus tard, un pied ou deux, juste pour voir».
 
Assurer la qualité
 
D’autres n’en sont pas à leur coup d’essai, comme Julien*. Il travaille et a une vie on ne peut plus normale. Mais fait pousser «pour ne pas avoir à en acheter». De fait, il sait bien comment s’occuper de la plante pour l’amener à maturité, mais également éviter de se la faire dérober. «C’est quelque chose qui attire les convoitises. Je me suis déjà fait voler ma récolte une fois, c’est ce qui arrive souvent quand on fait pousser dans son jardin. Même si je ne plante pas tous les ans, maintenant je mets ça dans un coin perdu de forêt, il faut vraiment avoir envie d’y aller ! Même moi ça me porte peine d’aller jusque-là». Des précautions nécessaires pour tenir cet or vert à l’abri des regards indiscrets. Et là encore, la volonté est de savoir «ce que l’on fume». Car par le biais des trafiquants «on donne de l’argent qui quitte la France, mais on n’est également pas sûr de la qualité». Particulièrement pour le hash, qui peut être coupé à plusieurs reprises avec des produits chimiques. Bien évidemment, l’autoproduction permet de faire des économies, pouvant atteindre plusieurs milliers d’euros selon le rythme de consommation.
 
Le cannabis des seventies
 
D’autres encore ont connu ce que certains pourraient appeler «l’âge d’or» du cannabis. C’est le cas de Monique*, retraitée, qui avoue avoir consommé du cannabis dans sa jeunesse, dans les années 70. «Je faisais pousser ça dans un pot dans ma cuisine, personne ne disait rien, c’était admis», détaille la sexagénaire. Elle parle bien évidemment d’un temps révolu, où «l’on pouvait fumer un joint à la terrasse d’un café dans le vieux Bordeaux». Une époque où la prévention était bien moins importante, voire même inexistante. «Je regrette juste cette répression sur la consommation aujourd’hui, et pas assez sur les dealers».
Le Cannabis reste cependant le produit illicite le plus consommé en France, loin devant les autres drogues. A 17 ans, 41,5% des jeunes avouent avoir déjà expérimenté le cannabis. Même si, selon l’INSEE, les chômeurs restent les plus gros consommateurs, la consommation de cannabis touche toutes les catégories socioprofessionnelles.
 
Florent Crouzet
*Pour des raisons d’anonymat, les prénoms ont été changés.
 

 
Cannabis, C’est à cette saison que les cannabiculteurs plantent leurs graines
 
La plantation, c’est maintenant
 
Il existe plusieurs manières de faire pousser le cannabis. La première, sans doute la plus simple, est de le faire en extérieur. La plantation se passe donc de mars à mai, à l’arrivée des beaux jours, et la récolte aux alentours du mois d’octobre. Cependant, l’autoproduction reste un véritable investissement. «Il faut s’en occuper, comme d’un jardin, détaille Julien. Il faut aller arroser tous les deux ou trois jours quand il ne pleut pas».
 
Pour ceux qui n’ont pas accès à un jardin, la pousse se fera donc en intérieur. Et là, il n’y a pas de saisons. La pousse est également plus rapide, «et le cannabis de meilleure qualité, car on met du terreau pour faire pousser, la terre est plus riche», ajoute Julien. Seulement, il y a forcément un coût. Le plus souvent, le cannabiculteur investit dans un box (environ 200€ en entrée de gamme) qui doit comporter des lumières spécifiques ainsi qu’une ventilation, ce qui limite donc le nombre de pied, ainsi que leur taille. «Cela consomme également beaucoup d’énergie, précise Jean-Marc. Je ne veux pas que mon foyer consomme anormalement de l’électricité, cela peut paraître louche». De plus, cette proximité permanente de la plante permet au producteur de gérer entièrement l’évolution de ses plantes.
 
Seulement voilà, un cannabiculteur n’est jamais certain de son rendement. En effet, véritable maître en botanique, il sait qu’il existe plusieurs types de pieds. Outre ceux qui ne parviennent pas à pousser, il s’expose parfois à voir plusieurs pieds de cannabis mâles se développer. Ces derniers ne sont pas consommés, seuls les pieds femelles le sont, c’est pourquoi les mâles sont arrachés. «Sur une vingtaine de graines, seulement une dizaine poussent. Sur celles-ci, environ la moitié seront des femelles», constate encore Julien. Et donc consommables.
 
Sur l’ensemble des Sud-Girondins interrogés, tous avouent consommer uniquement l’herbe, soit la feuilles et fleurs séchées. Il n’y a donc pas de transformation en résine de cannabis, le haschisch.
 
 
F. C.
 
Nous rappelons que l’usage du cannabis est interdit par la loi et peut amener à la dépendance.
 
Source: https://www.lerepublicain.net/cannabis-leurs-bons-plants_16907/
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Uruguay : une révolution en herbe
Par Indi-Punky,
Après avoir formellement légalisé la marijuana en décembre 2013, les autorités sont entrées dans le vif du sujet. Elles doivent rédiger avant la mi-avril, comme l'exige la loi, un décret d'application afin de créer le premier marché réglementé du cannabis au monde.
 
Le texte, d'une folle ambition, repousse les limites des expériences menées dans les Etats nord-américains du Colorado et de Washington, aux Pays-Bas et en Espagne, qui autorisent ou tolèrent la production de cannabis dans un cadre privé.
 
Lire aussi le post du blog « Un monde cent drogues » : Cannabis - 2014, année de l'ouverture ?
 
Ce décret permettra à l'amateur uruguayen, majeur et enregistré auprès des autorités, sur simple présentation d'une carte d'identité, d'acheter en pharmacie, chaque mois, jusqu'à 40 grammes de marijuana, produite et commercialisée sous le contrôle de l'Etat.
 
Il pourra aussi cultiver son herbe dans une coopérative de quartier, un « club » comme l'a dénommé le législateur, ou chez lui, dans la limite de six plants par foyer. Un dispositif sans précédent qui place le pays en totale contradiction avec la Convention sur les stupéfiants de l'ONU, signée en 1961 et prohibant l'usage du cannabis.
 
« SÉPARER LES USAGERS DES DEALERS »
 
Assis dans son bureau du palais présidentiel, Julio Calzada, secrétaire d'Etat chargé du Comité national uruguayen sur les drogues, esquisse un sourire qui masque mal les heures de travail accumulées. « A l'époque, lâche-t-il, la télévision était en noir et blanc. Aujourd'hui, nous avons l'Internet. »
 
Sociologue de formation aux cheveux raides et longs, grisés par l'âge, il est une des figures clés du processus en cours. Sa table fourmille de notes et de statistiques en pagaille qu'il ne cesse de corriger. « Le dogme répressif est un échec, insiste-t-il. Notre approche est profondément différente, elle est économique. Nous voulons séparer le marché : les usagers des dealers et le cannabis des autres drogues. »
 
L'élaboration du texte et les négociations en cours imposent d'admettre sans barguigner que les problèmes soulevés par la mise en oeuvre de la loi sont légion.
 
Les modes de culture et de production doivent être précisés. La qualité et les quantités d'herbe introduites dans ce nouveau marché, évalué selon lui à quelque 2 300 kg par mois, restent aussi à déterminer, comme le stockage, la distribution et le prix de vente, envisagé entre 1 et 2 dollars le gramme, soit légèrement en deçà des tarifs pratiqués dans la rue : « Nationaliser la production de marijuana n'est pas simple, admet Julio Calzada. Mais c'est cela qui permettra d'assécher le narco-business et de détourner les consommateurs d'herbe des dealers qui vous refilent la dope qu'ils possèdent au moment où vous les croisez. »
 
CONSOMMATEURS RÉGULIERS : 8 % DES 15 À 64 ANS
 
Dans ce petit pays d'à peine 3,3 millions d'habitants, coincé entre l'Argentine et le Brésil, le nombre de personnes ayant fumé au moins un joint dans l'année s'élève, selon ses services, à 150 000 personnes – le double d'après les associations locales.
 
Une moitié sont des consommateurs hebdomadaires « réguliers », environ 8 % de la population âgée de 15 à 64 ans. Même si le pays a connu une forte poussée ces dernières années – en 2005, les usagers représentaient 4,6 % –, ce taux demeure plutôt faible et comparable à ceux observés aux Pays-Bas et en Espagne. L'Italie, qui applique une politique prohibitionniste, renvoie à des estimations deux à trois fois plus élevées.
 
Autre particularité, les usagers uruguayens de cannabis représentent plus de 80 % des clients des vendeurs de drogue. Le reste du trafic se partage entre la cocaïne et surtout la pâte base, cette « pasta base » bon marché (1 dollar la dose) composée de résidus issus de la préparation de ladite cocaïne, un produit comparable au crack et qui fait des ravages dans les replis de la capitale uruguayenne.
 
Selon de récentes études, un tiers des homicides et des incarcérations enregistrés dans le pays sont liés au commerce des stupéfiants. « Contrairement à de nombreux pays d'Amérique latine, souligne Sebastian Sabini, jeune député à l'origine de la loi sur le cannabis, l'Uruguay affiche un taux de consommation plutôt faible et relativement peu de violences liées au trafic, mais si nous n'avions pas réagi, cette violence qui se déchaîne à travers le continent nous aurait tôt ou tard affectés. »
 
Avec Julio Calzada, ils ont travaillé main dans la main pour fournir le corpus théorique au gouvernement. Ils ont voyagé au Colorado pour mesurer l'impact de la mise en vente libre du cannabis, au niveau local et sur les Etats voisins.
 
« UNE MESURE DE SÉCURITÉ PUBLIQUE »
 
L'influent ministre de la défense, Eleuterio Fernandez Huidobro, ancien dirigeant de la guérilla des Tupamaros, dans les années 1970, et proche du président José Mujica, a lui aussi joué de son poids politique. Pendant des mois, il a fait avancer l'idée que l'Uruguay constituait le parfait laboratoire pour cette « expérience d'avant-garde ». Tout comme Martin Collazo, fringant porte-parole de l'ONG Proderechos, soutenue par la fondation Open Society du magnat nord-américain George Soros, lui-même partisan d'une dépénalisation du cannabis.
 
« Mais rien n'aurait pu être fait sans la détermination du président », insistent Julio Calzada et Sebastian Sabini. José Mujica, cet agriculteur à la moustache poivre et sel, élu en 2009 et qui dit à 78 ans n'avoir jamais fumé un joint.
 
Ex-guérillero devenu la coqueluche des médias pour sa sobriété (90 % de son salaire est reversé à des organismes d'aide au logement) et ses réformes de société (il a fait adopter la loi dépénalisant l'avortement et légalisé le mariage homosexuel), il soutient depuis deux ans le projet à bout de bras, malgré l'opposition de plus de 60 % des Uruguayens. Comme il l'a répété au Monde, il est convaincu que le contrôle du marché par l'Etat est « une mesure de sécurité publique ».
 
Une idée forte, élaborée avec les hommes de son sérail qu'un Sommet des Amériques, en avril 2012 à Carthagène, consacré aux nouvelles politiques de lutte contre les drogues, achèvera de sceller.
 
 



 
C'est un fait divers qui précipitera sa décision. Le 12 mai 2012, un homme abat un serveur d'une pizzeria de Montevideo sous l'oeil d'une caméra de surveillance. Les images passent en boucle sur les chaînes de télévision. En vingt-quatre heures, l'affaire devient un sujet de conversation national.
 
Le meurtre serait lié à une histoire de drogue, la « pasta base » est même évoquée. A tort. On apprendra que le meurtrier avait été payé par une ancienne employée qui voulait se venger du patron de l'établissement. Qu'importe.
 
Le 20 juin 2012, la présidence organise une conférence de presse consacrée à la sécurité et au « bien-être commun ». Quinze mesures sont énumérées. Les peines de prison seront alourdies pour les trafiquants et la corruption dans la police davantage sanctionnée.
A la septième proposition, le ministre Eleuterio Fernandez Huidobro prend la parole et indique d'un trait que l'Etat prendra en charge la production du cannabis, légalisé et régulé. « Nous avons d'abord cru à une blague ou à un effet d'annonce, admet une journaliste présente à la réunion. Mais, très vite, le gouvernement s'est mis au travail. »
 
DES TERRAINS DE L'ARMÉE POUR CULTIVER
 
Juan Vaz admet avoir été surpris. Cet informaticien est une des figures du mouvement pour la dépénalisation et la légalisation du cannabis en Uruguay. En 2007, il a passé onze mois derrière les barreaux pour « production illégale de matière première de drogue ». « Fumer de la marijuana était toléré depuis la chute de la dictature , explique-t-il, mais pas le fait d'en acheter ni d'en produire. »
 
Il se dit ravi de la décision du gouvernement Mujica, même s'il regrette l'enregistrement obligatoire des cultivateurs et consommateurs. « Il y a toujours un risque d'atteinte à la vie privée », pointe-t-il. Il est persuadé qu'à terme, le marché noir ne survivra pas : « Si l'Etat parvient à garantir un prix faible, le narcotrafic avec son herbe du Paraguay voisin et de très faible qualité se trouvera pris à la gorge. L'acheminement, le stockage, la vente… le jeu n'en vaudra pas la chandelle. »
 
D'autant que le président vient d'annoncer que des terres appartenant à l'armée pourraient être utilisées pour la culture du cannabis. Une manière de sécuriser encore un peu plus le marché.
 



 
Sebastian Castro habite avec sa famille dans un quartier délaissé de la périphérie de Montevideo. Dreadlocks, fine barbe, ce fleuriste et agriculteur de 36 ans cultive chez lui une dizaine de pots de marijuana à l'air libre et sous lumière artificielle. « Une fois le décret validé, les autorités vont faire un appel d'offres pour trouver les entreprises susceptibles de produire le volume nécessaire de cannabis. Il leur faudra un savoir-faire et de la main-d'oeuvre locale », veut-il croire.
 
Même son de cloche chez Alvaro Calistro, 44 ans, responsable d'une association qui préconise le cannabis comme produit de substitution aux drogues dures. « Vu le tarif envisagé en pharmacie, lâche-t-il, il n'y aura pas de ruée vers l'or vert en Uruguay et l'impact dans la région sera minime. »
 
Debout, presque fier aux côtés de ses plants gigantesques de cannabis cultivés dans sa cour, il s'apprête à former une fédération de cultivateurs pour maintenir le dialogue avec les autorités. « L'Etat devra subventionner ce marché pour sa viabilité », assure-t-il, avant d'ajouter, souriant : « Cette loi est bonne, elle se transformera avec la pratique. Elle deviendra ce que l'on en fera. »
 
 
Source: https://www.lemonde.fr/ameriques/article/2014/03/18/uruguay-une-revolution-en-herbe_4384858_3222.html
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