Le cannabis comme outil de substitution à l’alcool, aux opiacés ou au crack
Outre l’Uruguay, qui met en place un système de sevrage de l’addiction à la pasta base, une préparation cocaïnique, grâce à une substitution utilisant le cannabis, les retours d’expérience du Canada, d’Autriche, de Chine ou des États-Unis permettent d’esquisser ce qui semble bien être une nouvelle propriété découverte au cannabis : celle de se substituer à la consommation d’autres produits psychoactifs, alcool, médicaments ou autres stupéfiants.
Quelques diapositives extraites de plusieurs conférences ou ateliers du colloque international sur l’utilisation médicale du Cannabis, à Prague du 4 au 7 mars 2015.
Diapositive du Dr. Eberhard Pirich (Société Internationale de Recherche sur le Cannabis, Autriche)
Diapositive du Dr Philippe Lucas (Tilray, Canada)
Selon les données recueillies par l’enquête CAMPS (Cannabis Access for Medical Purposes Survey) au Canada parmi les patients bénéficiant du programme médical gouvernemental, ce sont 84 % des personnes qui affirment que l’usage de cannabis médical remplace celui d’une autre substance. Pour 80% d’entre eux, le cannabis sert de médicament de substitution à la traditionnelle médication (ce que les anglophones appellent prescription drugs), généralement les anti-douleurs. Pour 52 %, le cannabis remplace l’alcool, et pour 32 % il remplace l’usage de drogues illicites autres que le cannabis.
Les patients citent en particulier, comme raison de la substitution à un produit par du cannabis ou des préparations à base de cannabis, une meilleure gestion des effets, ainsi que moins d’effets-secondaires négatifs. Il a également été noté une surreprésentation des personnes présentant un grand nombre de symptômes, ou des personnes de moins de 30 ans, parmi les patients ayant substitué la consommation d’un produit par du cannabis.
Substitution aux drogues illicites.
L’analyse des données montre que le cannabis a un potentiel de substitution en ce qui concerne le crack ou les préparations à base de cocaïne, les opiacés, la méthamphétamine. Il gagnerait donc à être mis en avant par les autorités sanitaires en tant qu’outil au sein de stratégies nationales de prévention des risques et de lutte contre la transmission des maladies infectieuses et les overdoses dûes aux substances précitées.
Substitution à l’alcool.
Il avait déjà été relaté a de nombreuses (Lucas 2013 ; Raiman 2006, 2009 ; Mikuriya 2004) que le cannabis pouvait représenter un substitut à l’alcool, voire un traitement à l’alcoolisme. L’étude CAMPS vient une nouvelle fois le confirmer. Il a aussi été dit que l’usage de cannabis, en tant que substitut à l’alcool, pouvait impacter de façon significative les taux de prévalence de l’alcoolisme, d’accidents de la circulation liés à l’ébriété, les violences ou attaques aux personnes. Désormais, c’est l’étude d’un an de régulation de la vente de cannabis à but récréatif au Colorado qui vient confirmer ces études.
Substitution aux opiacés sur ordonnance.
Face à la hausse de la prescription d’opiacés et de dérivés morphiniques par les professionnels de santé dans la lutte contre la douleur, qui se sont exprimés par une explosion de l’addiction aux opiacés pharmaceutiques, ainsi qu’une mortalité et une morbidité induites très fortes, le cannabis semble représenter une alternative de substitution bien plus saine dans la lutte contre les douleurs chroniques.
On le voit donc, et Raphaël Mechoulam, découvreur du THC en 1964 et du système endocannabinoïde en 1994, nous le confirmait dans sa conférence sur l’histoire et les perspectives d’utilisations thérapeutiques des cannabinoïdes, en particulier pour l’alcool qui a déjà été étudié, le cannabis représente un outil pour la prise en charge des addictions, même les plus sévères (cocaïne, héroïne), et il s’agit maintenant d’intégrer les cannabinoïdes dans la palette de réponses de l’addictologie et de la réduction des risques.
Les conventions de l’ONU laissent-elles la place à une médication concrète et à la recherche approfondie sur le cannabis ?
Le colloque a débuté à 9h30 par le discours d’ouverture du Dr. Svatopluk Němeček, ministre de la Santé de République Tchèque et parrain institutionnel de la conférence, ainsi que le sénateur Jan Žaloudík, de la commission Santé du Parlement tchèque. Tous deux ont réaffirmé leur soutien à l’usage de chanvre à des fins thérapeutiques, et aux patients en ayant besoin.
Le professeur Michel Kazatchkine, envoyé spécial des Nations Unies en Asie centrale et Europe de l’Est pour le VIH/SIDA et membre de la Commission Globale sur la Politique des Drogues (ou GCoDP, Global Commission on Drug Policies, un groupe de hautes personnalités parmi lesquelles l’ancien secrétaire général des Nations Unies, M. Kofi Annan, Mme Ruth Dreyfuss et de nombreux autres anciens présidents ou haut responsables des questions de drogues, ainsi que d’intellectuels comme le prix Nobel de litterature Mario Vargas Llosa), a rappelé le contexte international et les enjeux importants qui se profilent dans la perspective du sommet de l’ONU en matière de drogues en 2016. Selon lui, « la politique de prohibition des stupéfiants, basée sur une application féroce de la répression, est en échec ; elle n’a fait qu’engendrer plus d’usagers, plus de drogues tant en quantité qu’en variétés, plus de drogues aux concentrations fortes en principes actifs ou à l’inverse trop souvent altérées par des produits de coupe. » Il ajoute que les politiques prohibitionnistes « ont conduit à déstabiliser des pays, à renforcer les organisations criminelles, en laissant cependant 80 % de la population mondiale sans accès aux produits pharmaceutiques pour lutter contre la douleur. »
Sur le thème du cannabis, classé par l’ONU au tableau des stupéfiants dans la catégorie des substances les plus dangereuses, Michel Kazatchkine cite l’étude publiée récemment dans Scientific reports : « le cannabis est 114 fois moins dangereux que l’alcool. » Et d’enchaîner sur les préconisations de la Commission Globale sur les Politiques des Drogues pour réorienter le système international de contrôle des drogues :
Mettre la priorité à la santé et l’accès aux traitements,
Assurer l’accès aux antidouleurs,
Décriminaliser l’usage de drogues,
Ne plus adopter des traitements inhumains et dégradants à l’égard des usagers de drogues, sachant qu’actuellement 35 pays recourent à la peine de mort pour des infractions relatives aux drogues,
Réformer les conventions internationales (en se basant sur les modèles de régulation du Tabac et de l’Alcool).
Tomáš Zima, le président du bureau d’honneur de la conférence, recteur de la célèbre Univerzita Karlova v Praze (Université Charles de Prague, l’un des plus anciens et prestigieux établissements d’Europe) et ancien coordinateur du comité de reforme de la loi tchèque ayant permis l’accès au cannabis thérapeutique, a remis au Professeur Raphael Mechoulam la médaille d’or honorifique au nom de son Université, récompensant l’importance de ses découvertes et son travail de recherches dans son laboratoire ( l’endroit qu’il ne souhaite jamais quitter, comme son équipe avec laquelle il travaille, nous confiait-il pour répondre à notre invitation en France pour présenter ses découvertes).
Enfin, le coordinateur national des drogues du gouvernement tchèque, Jindřich Vobořil, a réaffirmé la position de la Tchéquie sur la question du cannabis thérapeutique, rappelant que le simple usage de drogues n’avait jamais été interdit dans le pays. Selon lui il faut séparer les débats entre régulation de l’usage récréatif et thérapeutique : il estime « intolérable que [la] question [de la légalisation à terme du cannabis récréatif] empêche le développement immédiat de l’accès aux usagers du cannabis médicinal« .
Le dr. Pavel Pachta (ex-secrétaire de l’Organe International de contrôle des stupéfiants, OICS.) a présenté le cadre légal prévu par les traités internationaux relatifs au contrôle des stupéfiants dans lequel s’inscrit actuellement l’usage de cannabis à finalité thérapeutique. Un des buts premiers de la convention unique de 1961 était de « s’assurer que des stupéfiants soient disponibles [pour soulager la douleur]« , celle-ci reconnaissant d’ailleurs dans son préambule que cette utilisation palliative « demeur[ait] indispensable« .
Il y a donc théoriquement toute la latitude nécessaire dans les conventions, pour permettre aux états de mettre en place un système de production, transformation et distribution de cannabis à des fins médicales. Cependant, les tableaux de classification prévus dans ces conventions sont eux-mêmes restrictifs, puisqu’ils limitent les possibilités d’usage en classant le cannabis comme « peu ou pas utile » au niveau médicinal, et chose encore plus saugrenue comme une « substance avec un fort potentiel d’abus ».
En 1991, le Delta-9-tetrahydrocannabinol (qui porte le nom standardisé dans la pharmacologie de Dronabinol) a été déclassifié du tableau I au tableau II de la Convention de 1971, favorisant la disponibilité à des fins médicales. En 2014, la CND a rejeté la proposition de reclassifier du tableau II au Tableau III, alors que cette recommandation du groupe d’experts de pharmacodépendance de l’OMS a été émise à l’origine en 1972, puis en 1990, puis à nouveau en 2003.
Aujourd’hui, Pavel Pachta nous signale qu’il existe une demande de l’Organe International de Contrôle des Stupéfiants pour que l’OMS produise une révision de l’état des connaissances sur le cannabis.
Il prend ensuite l’exemple des États-unis, qui importaient l’an dernier 40 tonnes de Ritaline (méthylphenidate), un stupéfiant classé au tableau II de la liste des stupéfiants de la convention de 1971 (liste verte), alors que dans le même temps seuls 105 Kg de Dronabinol (Delta-9-tetrahydrocannabinol) étaient déclarés, pour illustrer le manque de bonne volonté des gouvernements (les deux substances sont en effet classées dans le même tableau de la liste verte, et donc soumises aux mêmes restrictions au niveau international).
Ce ne sont donc pas les limites législatives qui freinent le développement de la médecine à base de cannabinoïdes, mais bien un manque de volonté de la part des gouvernements et des autorités de Santé. Manque de volonté de libéraliser l’accès aux traitements et manque de volonté d’ouvrir la palette d’utilisation.
Le docteur Pachta est donc revenu sur les propos de Michel Kazatchkine, pointant l’importance de l’interprétation flexible des conventions, laissant une latitude aux gouvernements nationaux, pour persister à prohiber aveuglément les stupéfiants, ou pour mettre en place des régulations normatives et spécifiques.
La survenue d’une psychose apparaît aujourd’hui comme liée à
l’interaction entre des facteurs génétiques et des facteurs
environnementaux. Au-delà de ce lieu commun il est manifeste que
nous ne pouvons agir sur les premiers, et que nous connaissons mal
les seconds. Les moyens de prévention de la schizophrénie sont
encore mal définis, et loin d’être efficaces.
La consommation de cannabis est un facteur de risque établi, et dont
il est possible de diminuer l’impact. Cependant le lien entre le
cannabis et la schizophrénie reste mal connu. On sait que tous les
consommateurs de cannabis ne vont pas développer une psychose, mais
on ne connaît pas les modes de consommation les plus à risque.
Un quart des psychotiques dans les quartiers sud de Londres
Marta Di Forti et al présentent dans Lancet Psychiatry une étude
cas-témoin menée au South London and Maudsley NHS Foundation Trust.
Tous les patients entre 18 et 65 ans (606 au total) ayant souffert
d’un premier épisode psychotique entre mai 2005 et mai 2011 devaient
remplir un questionnaire sur leur consommation de cannabis,
précisant la fréquence de consommation mais également le type de
cannabis consommé : « hash » ou « skunk ». La « skunk » est une
variété d’herbe se distinguant par une plus grande concentration de
tétra-hydrocannabinol (THC), le « principe actif » du cannabis,
responsable de ses effets psychotropes (15 % de THC contre 5 % pour
la résine de cannabis, ou « hash »). Les sujets témoins (389)
étaient recrutés par internet, la presse, et la distribution de
prospectus dans le même quartier. L’analyse porte sur 410
questionnaires complets de cas (une proportion particulièrement
élevée), et 370 de contrôles.
La proportion de sujet ayant déjà consommé du cannabis était
identique dans les deux groupes (67 % et 63 % respectivement, p =
0,227), mais les patients consommaient plus fréquemment du cannabis,
avec 30 % de consommation quotidienne contre 11 % dans le groupe
contrôle (p < 0,0001). Mais c’est surtout le mode de consommation
qui différait entre les deux groupes, avec 53 % de consommation de «
skunk » pour les patients, pour seulement 19 % pour les témoins (p <
0,0001). Dans une analyse multivariée, ajustée pour l’âge, le genre,
l’origine ethnique, la consommation d’autres substances, le niveau
d’éducation et l’emploi, les sujets ayant une consommation
quotidienne ou une consommation de « skunk » avaient 3 fois plus de
risque d’avoir un premier épisode psychotique (respectivement odds
ratio [OR] = 3,04 ; intervalle de confiance à 95 % [iC95] 1,91 –
7,76 et OR=2,91 ; IC95 1,52 – 3,60). Le risque de présenter un
premier épisode psychotique était de 5,40 pour les sujets consommant
quotidiennement de la skunk.
En supposant un lien de causalité, les auteurs estiment que 24 % des
cas (17,4 – 30,6 %) de premiers épisodes psychotiques dans cette
population seraient attribuables à la consommation de skunk.
Du cannabidiol oui, du THC, non !
Cette étude souffre bien entendu des nombreux biais inhérents aux
études rétrospectives, et mérite d’être confirmée au cours d’une
étude prospective. Les cas et les contrôles n’étaient pas identiques
en ce qui concerne le genre et l’origine ethnique. De plus la
population étudiée présente une consommation de cannabis et de skunk
supérieure à celle de la population générale.
Cette étude cas-témoin montre cependant ce que l’intuition mais
également des études expérimentales suggèrent : une consommation
importante et fréquente de THC est associée à un risque accru
d’entrée dans la psychose. La conclusion plus étonnante est «
l’innocuité » de la consommation de cannabis de type « hash » qui
n’est pas associée ici la psychose, quelle que soit la fréquence de
consommation. Les auteurs supposent que contrairement au « skunk »,
le « hash » contient du cannabidiol en plus du
tétra-hydrocannabinol, qui pourrait avoir des propriétés
antipsychotiques.
Ces données apportent des précisions intéressantes sur le risque de
psychose associé à la consommation de cannabis, et devraient
permettre de rendre plus efficace les efforts de prévention de la
psychose, en se concentrant sur les populations les plus à risque.
*Dr Alexandre Haroche*
Référence
Di Fiori M et coll. : Proportion of patients in south London with
first-episode psychosis attributable to use of high potency cannabis
: a case-control study. Lancet Psychiatry 2015,2: 233-238.
doi.org/10.1016/S2215-0366(14)00117-5
Sandrine Simini se bat sans relâche pour Lola. Un traitement alternatif existe. Il pourrait soulager le quotidien difficile de sa fille.
« LOLA EST ÉPILEPTIQUE depuis toute petite », explique Sandrine Simini, sa maman, depuis son appartement de Besançon. « Elle n’avait que quatre mois. Il a fallu deux ans aux médecins pour lui diagnostiquer l’une des formes les plus graves de cette pathologie : le syndrome de Dravet. Le problème est que cette maladie orpheline résiste à tous les médicaments qui servent habituellement à contenir et à espacer, de façon durable, les crises. »
« Chaque nuit, chaque jour, elle peut s’arrêter de respirer »
Aujourd’hui, Lola a 11 ans, mais elle subit un retard cognitif et des troubles du comportement récurrents et invalidants. « Elle semble normale lorsqu’on la regarde. Mais elle est anorexique. La sonde qui la nourrissait n’a été retirée qu’en décembre dernier. Il suffirait qu’elle perde à nouveau 500 g pour que nous la lui remettions. » Sandrine garde le sourire, parce qu’il faut tenir, coûte que coûte, pour la survie de sa fille.
« Son retard scolaire est énorme, puisqu’elle est d’un niveau de grande section maternelle. Parfois, elle est tellement épuisée qu’elle ne peut pas marcher. Nous la maintenons à coup de dosages médicamenteux très lourds, qui détruisent peu à peu son métabolisme. Qui, de toute manière, n’empêchent pas ses crises de se répéter tous les sept jours. Chaque nuit, elle risque d’arrêter de respirer. Elle dort avec un oxymètre, qui nous alerte s’il y a un problème. Elle vit le jour, à l’école, avec un appareil portatif du même type. C’est l’association du Don du souffle qui nous les a fournis, puisque les médecins ne les prescrivent pas. »
Face à l’augmentation des troubles graves de Lola, Sandrine s’est intéressée très tôt à la médecine alternative. Elle s’est penchée plus particulièrement sur les bienfaits du cannabis thérapeutique.
« Je n’ai pas pu obtenir de cannabis thérapeutique jusqu’à présent »
Elle regarde alors toutes les informations qui existent en ce domaine sur internet. Sandrine se rend compte que cette méthode pourrait beaucoup soulager Lola, voire réduire ou supprimer la masse de médicaments qui lui est prescrite. « Une chose est claire pour moi : je donne actuellement du cancer en boîte à ma fille. »
En janvier 2014, Sandrine envoie un courrier au président de la République pour lui demander l’autorisation de donner du CBD (extraction de cannabis non psycho active) à Lola. Quinze jours plus tard, la maman reçoit une lettre du cabinet présidentiel. Sa demande est transférée au ministère de la Santé. « Depuis, plus de nouvelles. Je n’ai pas pu obtenir de cannabis thérapeutique jusqu’à présent. J’attends. »
Entre-temps, elle s’est interrogée. « Si je l’obtiens et qu’il ne résout pas les pathologies de Lola, j’aurais fait tout cela pour rien. Je pense qu’il faut aller plus loin. Le cannabis naturel, bien dosé, est reconnu comme plante thérapeutique dans d’autres pays. Il faudrait que je puisse accéder, sous contrôle bien sûr, aux deux possibilités. Ce n’est pas pour une consommation de loisir que j’entame toutes ces démarches, mais bien pour ma fille. Ses dossiers médicaux en attestent. »
Il est possible d’être mortellement allergique au cannabis
Une étude menée par une équipe américaine révèle que, comme d'autres plantes, le cannabis serait allergène. Les discussions autour de la légalisation de la célèbre Marie-Jeanne aux Etats-Unis, et peut-être un jour en France, permettent de mieux appréhender les effets indésirable de l'herbe.
Atlantico: Une équipe de chercheur américain a étudié le caractère allergène du cannabis, et les réactions allergiques violentes, et parfois mortelles, qui affectent certains consommateurs. Est-ce que le cannabis est allergène quelque soit sa forme? Est-ce que fumer du cannabis peut provoquer des réactions ?
Florence Trébuchon : Respirer le pollen de chanvre en suspension dans l'air peut provoquer une rhinite, une conjonctivite et de l'asthme. Le cannabis est une plante dont le pollen peut être allergisant comme c'est le cas pour d'autres végétaux comme les graminées. Il s'agit d'une allergie saisonnière, la pollinisation du cannabis a lieu en fin d'été et au début de l'automne. Cette allergie respiratoire est actuellement anecdotique car la présence de ce pollen est limitée à quelques zones de culture dans certains pays, comme les USA depuis la légalisation du cannabis dans certains Etats.
Mais l'on pourrait voir fleurir dans le futur des allergies professionnelles qui touchent les personnes chargées de la culture du cannabis.
Fumer du cannabis peut entrainer des symptômes respiratoires, mais ils ne sont pas forcément en rapport avec une allergie au cannabis. Il peut s'agir également d'une allergie aux acariens ou aux moisissures (allergies beaucoup plus fréquentes) qui contaminent la majiruna au moment de son stockage. Enfin, l'inhalation du THC, substance active du cannabis, est irritante pour les voie respiratoires, elle peut entrainer de l'asthme et des rhinites non allergique comme c'est le cas avec d'autres polluants.
Manger des graines de cannabis peut conduire à des réactions allergiques potentiellement sévères, comme toutes les allergies alimentaires, avec quelques cas rapportés de choc anaphylactique.
Y-a-t-il beaucoup de personnes susceptibles d'être allergiques ? Est-ce une prédisposition génétique ou la consommation pourrait-elle le provoquer ?
Le nombre de personnes allergiques est actuellement très limité, il s'agit d'observations médicales isolées. La survenue de toute allergie survient dans un contexte particulier qui associe une prédisposition génétique et un environnement favorable. D'une part, plus il y aura de cultures donc de pollens, plus le risque d'allergie respiratoire sera élevé. D'autre part, l'inhalation de THC induit une inflammation du nez et des bronches qui les rend plus fragiles et donc plus propices a développer secondairement des allergies respiratoires.
Que faut-il faire en cas de crise d'allergie ?
Les réactions allergiques se traitent de la même manière quelque soit l'allergène responsable. En cas de rhinite et d'asthme le traitement repose sur les anti histaminiques et les bronchodilatateurs type Ventoline.
En cas de réaction générale sévère type choc anaphylactique, le traitement repose sur l'injection d'adrénaline. Dans tous les cas dès lors que l'on est allergique, la premier des traitement est l'éviction, c'est à dire la suppression de tout contact avec le cannabis.
Pourrait-on voir à l'avenir un anti-allergène destiné aux fumeurs de cannabis ?
Non, ce n'est pas une priorité pour la recherche, car le contact avec cet allergène est facilement évitable, ce qui n'est pas le cas d'autres allergènes.
Finalement, le cannabis comme les autres plantes, a des effets de santé inattendus mais évidents. Existe-t-il d'autres drogues aux effets allergènes ?
Les drogues comme l'héroine, la cocaine, ou d'autres substance psychoactives sont des substances chimiques qui peuvent déclencher une allergie sévère comme les médicaments. Ce sont des phénomènes rares qui sont difficilement répertoriés pour ces drogues dont la consommation est interdite.
Il faut enfin préciser que selon une etude du Lancet Psychiatrie les adolescents qui fument régulièrement du cannabis ont une probabilité de terminer un parcours scolaire réduite de 60% avec 7 fois plus de risque de suicide. Une étude du New England Journal of Medecine a montré que l' usage fréquent du cannabis à l'adolescence entraîne un déclin du QI, une altération de la mémorisation et de la vigilance. Ces résultats sont plus inquiétants que les manifestations allergiques, et doivent permettre d'éclairer différemment les légalisations en cours dans certains pays.
L’Académie Américaine de pédiatrie reconnait les valeurs médicales du cannabis pour certains enfants
L’Académie Américaine de pédiatrie dont le volume de publication est le plus important au monde, recommande la décriminalisation du cannabis et ajoute que celui-ci pourrait être bénéfique à certains enfants. « L’AAP s’oppose à la marijuana médicale en dehors du processus de régulation de l’US Food and Drug Administration (FDA), » indique le nouveau communiqué. Pourtant, il reconnait que le cannabis pourrait être bénéfique à certains enfants présentant certaines pathologies.
Nonobstant cette opposition à l’usage, l’AAP reconnait que la marijuana pourrait être une possibilité d’administration de cannabinoïdes aux enfants dont la condition est très débilitante ou sévère et qui ne répondent pas aux thérapies conventionnelles, indique leur dernier communiqué. L’illégalité de la marijuana a abouti à l’incarcération de très nombreux adolescents, et à la sur-représentation d’une minorité jeune. Un passé judiciaire peut produire des effets négatifs sur la vie entière d’un adolescent qui, sans cela, n’aurait aucun dossier avec la justice. Ces effets peuvent même inclure l’inéligibilité à des prêts étudiants, à des aides financières, et à certains emplois. »
Dispositif de détection de cannabis arrive en 2015
Les savants fous de la prohibition de la marijuana sont mordicus à sucer tout le plaisir de se faire lapider dans leschambres d'hôtel et les propriétés de location avec l'invention d'un nouveau détecteur de fumée qui détecte les composés de marijuana. Conçu principalement comme un mécanisme pour vous balancer aux propriétaires et a l'industrie hôteliere, AirGuard fonctionne quasiment comme un détecteur de fumée, mais plutôt que de faire sonner une alarme désagréable, ce rat mécanique envoie un message en wifi à un tiers en expliquant que leur locataire s’éclate un joint.
Ce qui rend la création de ce détecteur intrusive si effrayant, c’est qu'il détecte notamment les fumés imprégné, ce qui signifie qu'il peut alerter, même si les vêtements d'une personne ayant des relent de cannabis. Bien que la majorité des propriétaires et gérants de l'hôtelerie ne se préoccupera pas d’une douce bien forte, l’aspect du dispositif considéré comme particulier sera utilisé pour révéler des traces de fumée dans les tapis et les meubles - une fonctionnalité qui pourrait forcer les locataires à renoncer à des dépôts de garantie pour avoir omis de se conformer à aucune politique anti cannabinophile.
AirGuard sera disponible en deux modèles détournés: un détecteur de plug-in qui s’insère dans la prise électrique typique et une unité portable qui tient dans la paume de votre main. Le modèle de sortie se connecte à un réseau via wifi, tandis que la version de poche s’active en utilisant une application Android via Bluetooth.
Fresh Air Sensor Corporation, la société responsable du développement de ce produit, les demandes des hôtels, des complexes multi-unités et même des dortoirs de collèges auront la possibilité d'envoyer le signal de fumée directement au propriétaire de la propriété, ou même la police, ce qui pourrait poser un certain questions juridiques graves pour ceux qui résident dans les états d'interdiction.
Et vous pouvez oublier tous ces anciennes méthodes scolaires utilisés pour déjouer les systèmes de détection de fumée traditionnelle - AirGuard prétend être inviolable et imperméable à cannabinophile ingénieux .
Mexique: la légalisation du cannabis aux USA change la donne pour les narcos
Mexico - La légalisation progressive du cannabis aux Etats-Unis est en train de changer la donne pour les narcotrafiquants mexicains avec une baisse prévisible de ce marché au nord du Rio Grande, mais aussi une demande croissante d'héroïne.
Les saisies de cannabis par la douane des Etats-Unis, principal consommateur mondial, "ont représenté 94% de la totalité des saisies de cette drogue" en 2013, selon l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), rattaché aux Nations unies, dans son dernier rapport annuel publié cette semaine.
Plus de mille tonnes de cette drogue sont saisies annuellement le long des 3.140 km de la frontière entre les deux pays.
Mais l'avancée de la légalisation de la marijuana aux Etats-Unis, déjà approuvée dans quatre Etats ainsi que dans la capitale Washington, devrait avoir des conséquences à terme.
"Au fur et à mesure que va avancer la production domestique (de cannabis aux Etats-Unis), cela va affecter la production au Mexique", dit à l'AFP Javier Oliva, expert en sécurité de l'Univesité natioale autonome du Mexique (Unam).
Les producteurs mexicains "vont chercher à augmenter leurs exportations vers l'Europe et les possibilités de consommation à l'intérieur du pays", pronostique-t-il.
Bien qu'aucune initiative de légalisation du cannabis n'ait encore prospéré au Mexique, cette drogue est devenue le troisième produit adictif ayant un impact nécessitant un traitement médical, selon Raul Martinez, de la Commission nationale contre les dépendances.
Selon le rapport de l'OICS, le cannabis saisi en Amérique du nord "a révélé une augmentation de sa puissance", avec une augmentation de 37% de tétrahydrocannabinol (THC), substance qui altère le système nerveux central.
Du cannabis au pavot
Les ventes au détail de cannabis aux Etats-Unis ont représenté quelque 41 milliards de dollars en 2010, selon un rapport gouvernemental publié l'an dernier.
Les cartels mexicains savent qu'il vont devoir partager le marché de la marijuana avec de nouveaux concurrents aux Etats-Unis, qui produisent déjà une herbe de meilleure qualité.
Alors, les producteurs mexicains commencent à remplacer leurs culture du cannabis par celle du pavot, visant le marché américain de l'héroïne qui a généré quelques 27 milliards aux Etats-Unis en 2010.
La consommation d'héroïne aux Etats-Unis "a augmenté en raison du contrôle strict exercé sur les prescriptions médicales d'opioïdes", a expliqué à l'AFP Alejandro Mohar, membre de l'OICS, en présentant son rapport à Mexico.
"Les consommateurs de drogue dépendants des opiacées ont de plus en plus recours à l'héroïne qui est généralement plus facile à obtenir et moins chère que les opioïdes en vente sur ordonnance", souligne l'OICS.
On peut déjà mesurer les effets de ce changement. Dans la seule région mexicaine de Tierra Caliente, dans l'Etat du Guerrero (ouest), lieu traditionnel de culture de drogues, la production de pavot a augmenté de "presque 300%" lors des cinq dernières années, selon Oliva.
Cette tendance se ressent également dans d'autres régions comme l'Etat de Durango (nord) où, à la limite avec les Etats voisins du Chihuahua et de Sinaloa, se trouve le "triangle d'or" mexicain, une des zones historiques de plantation de dogues.
La culture du pavot a déjà dépassé celle de la marijuana dans une proportion de "trois pour un", confirme Adolfo Domínguez, un officier militaire travaillant dans cette zone.
"Les criminels tiennent compte du facteur de la demande", souligne-t-il
La majorité des Américains disent que la marijuana devrait être légale
La majorité des Américains disent que «l'utilisation de la marijuana devrait être légalisée», selon les données d’un sondage à l'échelle nationale fournis par l'Enquête sociale générale. The GSS (General Social Survey) est une enquête scientifique bi-annuel qui recueille des données sur les tendances sociales aux États-Unis.
52% des répondants ont approuvé la légalisation de la marijuana, une augmentation de 9% depuis le sondage de 2012. 42% des répondants ont dit qu'ils s’opposaient à cette idée.
Les Sondeurs du GSS ont suivis le point de vue des Américains au sujet de la légalisation du cannabis depuis le début des années 1970. En 1990, seulement 16% des répondants soutenaient la légalisation. Depuis 2014 c’est bien la première fois que les données de l'enquête rapportées montre un soutien majoritaire pour la légalisation du cannabis.
Les différentes enquêtes nationales (gallup et le Pew Research Center, et d’autres) ont déjà démontré que la plupart des Américains privilégient désormais la légalisation du cannabis.