Pendant des années, la culture populaire mondiale a représenté le fumeur de cannabis lambda, familièrement appelé fumeur de joints, comme un mec plutôt fainéant et paresseux qui savoure son produit fétiche avec sa bande de potes. Tandis que la femme qui fume a été marginalisée, infantilisée, voire même oubliée. En outre, une grande partie de l’industrie du cannabis a adopté une approche tout aussi sexiste pour tenter d’attirer un public majoritairement masculin.
Mais à mesure que le mouvement de légalisation commence à prendre de l’ampleur au niveau mondial, les femmes sortent finalement du placard et les versions des fumeuses de joints dans la culture populaire ont pris une nouvelle dimension.
On entend de plus en plus souvent parler de femmes liées à l’industrie du cannabis et on découvre davantage de visages féminins sur la scène cannabique. Les femmes se révèlent être des activistes discrètes et des consommatrices sérieuses et quantifiables : l’industrie du cannabis se rend aujourd’hui compte de leur importance.
Les stéréotypes liés au cannabis évoluent
En règle générale, la culture populaire dépeint le fumeur de cannabis typique comme un mec plutôt fainéant, sans autre ambition dans la vie que de savourer son produit fétiche avec ses potes ; on a donc associé le monde du cannabis au groupe de potes typique, formé presque exclusivement de garçons. Alors que l’on a caricaturé tous les types de fumeurs de marijuana masculins, depuis Cheech et Chong dans les années 60, jusqu’à Seth Rogen aujourd’hui, la fumeuse est particulièrement marginalisée, voire infantilisée, si tant est qu’elle apparaît. Pendant le XXe siècle, en général, les exemples de femmes apparaissant par hasard en train de fumer dans les films, comme dans Annie Hall, étaient une exception à la règle.
De plus, une grande partie de l’industrie du cannabis a adopté une approche tout aussi sexiste (l’approche traditionnellement adoptée dans tous les secteurs) pour tenter d’attirer un public majoritairement masculin. Les foires et salons regorgent d’hôtesses en tenue légère qui distribuent les brochures publicitaires des produits exposés et, dans certaines revues spécialisées, on publie des photos de filles suggestives en bikini, entourées de plantes et de feuilles de marijuana stratégiquement placées, et fumant de grandes pipes à eau de forme phallique. Il semble évident que l’un des problèmes rencontrés dans la culture et l’industrie cannabique est le sexisme, que l’on retrouve dans de nombreux aspects, sur l’étiquette aussi bien que dans la publicité des produits.
Le rôle des femmes dans l’univers du cannabis et la relation qu’elles entretiennent avec l’industrie cannabique présentent certaines particularités qui expliquent pourquoi les hommes et les femmes considèrent ce secteur d’une façon différente. Même si cela fait relativement peu de temps que les femmes fument, cultivent et pratiquent l’activisme en faveur de la cause avec une grande discrétion, en second plan, il semble que les choses commencent enfin à changer. Les femmes sont de plus en plus nombreuses à occuper des postes clés dans ce secteur.
MzJill est la cofondatrice de TGA Genetics et l’une des breeders les plus reconnues au monde
Dans le même temps, les versions des fumeuses dans la culture populaire ont élargi leurs horizons et les femmes se sont révélées être des consommatrices de marijuana sérieuses et quantifiables. L’industrie de la marijuana s’est vite rendu compte qu’elle avait besoin du soutien des femmes pour réussir la légalisation du produit et créer une activité viable. Pour attirer les consommatrices, de nombreuses entreprises, notamment aux États-Unis, font évoluer leurs stratégies publicitaires et commerciales.
Dans un futur proche, les femmes vont devenir les principales acheteuses des produits à base de cannabis et vont stimuler le marché en achetant des produits dédiés au bien-être dans le but de remplacer, entre autres produits, les médicaments prescrits comme anxiolytiques, antidépresseurs et somnifères, si consommés par la population féminine. Mais, pour se frayer un chemin dans le marché des femmes, l’industrie devra les convaincre afin qu’elles se sentent à l’aise en adoptant une habitude traditionnellement attribuée à des consommateurs de cannabis « paresseux et inadaptés ».
La question du genre
La consommation de drogues en général, et de cannabis en particulier, n’a pas la même signification pour les hommes et les femmes, et elle n’est pas considérée de la même façon par les uns et les autres. Alors que chez les hommes, cette consommation est perçue comme une conduite naturelle, sociale et culturellement acceptable, chez les femmes, elle représente une menace pour les valeurs sociales dominantes. Dans la plupart des cas, les femmes sont le parent ou tuteur principal et, même pour une femme sans enfants, on croit encore que, si elle en avait, elle les inciterait à consommer des drogues, etc.
C’est la raison pour laquelle, avec l’intention de susciter la peur et la crainte, les médias ne cessent de publier des articles qui informent et alertent, entre autres, sur les risques liés à la fumée de cannabis pendant la grossesse, bien que des études plus récentes et sérieuses sur le sujet suggèrent exactement le contraire. De même, ils assurent que la consommation de marijuana réduit la fertilité et accélère le vieillissement cellulaire, ce qui est également très discutable. Le résultat est que si vous êtes une fumeuse en âge de procréer, vous avez le sentiment de mettre en danger votre maternité future, en vieillissant rapidement et, pour couronner le tout, vous serez montrée du doigt pour votre incompétence.
Tant que la marijuana sera illégale, la majorité des femmes et mères de famille qui fument du cannabis feront preuve de discrétion et de prudence. La menace est réelle : dans de nombreux pays occidentaux, si une femme est condamnée pour des motifs liés au cannabis, la loi lui retire la garde de ses enfants. Si votre consommation est rendue publique, beaucoup de vos proches vous montreront du doigt et vous stigmatiseront. Des motifs suffisants de disgrâce dans la plupart des cas.
Les fumeuses de cannabis sortent du placard
Que les représentations culturelles du fumeur de marijuana aient affecté les options des femmes, ou que ces exemples s’inspirent simplement de la vie réelle, le fait est que les hommes sont bien plus nombreux que les femmes à consommer de la marijuana. Aux États-Unis, les hommes sont presque deux fois plus nombreux que les femmes à consommer régulièrement de la marijuana (9,6 % contre 5 %), selon une enquête nationale de 2012 sur l’usage de drogues et la santé. De plus, alors que 47 % des hommes ont essayé au moins une fois la marijuana, seulement 30 % des femmes en ont fait de même, selon une enquête de Gallup de 2013.
Dans l’Union européenne, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), le cannabis représente la drogue illégale la plus consommée dans toutes les tranches d’âge, et les chiffres montrent que le nombre d’hommes consommant du cannabis dépasse celui des femmes, même si l’écart semble se réduire. En fonction de la tranche d’âge et du genre, la prévalence de la consommation de cannabis varie considérablement d’un pays à l’autre.
Ainsi, aujourd’hui, alors qu’aux États-Unis, la marijuana à usage récréatif est légale dans quatre États et à Washington D.C. et qu’elle a été dépénalisée dans 14 autres États, la différence culturelle semble aussi se réduire. En ce qui concerne les fictions télévisées, de plus en plus de séries et de films traitent ouvertement du thème de la marijuana, comme dans la série Weeds, ou montrent des personnages féminins qui en consomment dans leur vie de tous les jours, comme les filles de Sex in the City, ce qui correspond de moins en moins au stéréotype populaire du fumeur de joints.
Les arguments ne sont pas axés uniquement sur la marijuana en soi, mais sur la raison pour laquelle les gens la fume, en montrant que ceux qui fument pour la première fois, ceux qui fument occasionnellement et les fumeurs de plein droit peuvent être des personnes de n’importe quel type. Comme le montre la série à succès High Maintenance, la défonce ne rend pas le personnage plus cool, idiot ou irresponsable. C’est simplement quelque chose que l’on fait, indépendamment du genre. Des gens de tous les horizons.
À mesure que le mouvement de légalisation commence à prendre de l’ampleur, les fumeuses de cannabis commencent enfin à sortir du placard. Dans la vie réelle, de nombreuses stars ou personnalités publiques ont révélé ouvertement et publiquement leur consommation de cannabis et leur position en faveur de la légalisation, notamment Rihanna, Lady Gaga et Miley Cyrus. Lors de la dernière cérémonie des Emmy Awards, l’actrice comique Sara Silverman a laissé voir pendant son passage sur le tapis rouge le vaporisateur de marijuana de poche qu’elle portait dans son élégante pochette.
Jane West est la cofondatrice et directrice exécutive de Women Grow, ainsi que la créatrice de Edible Eats
Des initiatives ont également vu le jour, comme celle organisée par un groupe de femmes de Los Angeles qui se fait appeler « Marijuana Moms » et qui s’efforce d’inverser le stéréotype selon lequel fumer de la marijuana fait systématiquement de toi un mauvais père. De même, l’été dernier, Jane West cofondait, avec un important groupe de femmes, le réseau Women Grow qui « connecte, éduque et forme la prochaine génération de leaders de l’industrie du cannabis à travers la création de programmes, d’une communauté et d’événements destinés aux femmes qui occupent ou aspirent à occuper des postes de cadres supérieurs », comme l’indique son site Web officiel. La perception publique de la marijuana évolue rapidement dans tout le pays et au niveau mondial.
Même si les femmes ont toujours consommé de la marijuana, il semble qu’aujourd’hui, grâce à la culture populaire entre autres choses, elles se sentent plus à l’aise pour en parler. Et nous pouvons voir que des femmes accomplies, tant au niveau personnel que professionnel, à l’écran et dans la vie réelle, en consomment comme s’il s’agissait d’un verre de vin. Ce ne sont pas pour autant des « ratées » ou des mauvaises mères.
Les femmes en faveur de la légalisation
Les femmes qui débattent ouvertement de la marijuana ont beaucoup influencé le mouvement en faveur de la légalisation aux États-Unis. Selon une étude récente, intitulée « Selling cannabis regulation », le vote des femmes a été décisif dans la plupart des États où la marijuana est devenue légale.
Les données recueillies par l’Observatoire mondial des politiques des drogues dans le cadre de cette étude montrent que le soutien des femmes à l’amendement de 2012 destiné à légaliser la marijuana au Colorado a augmenté de 7 % au cours du mois qui a précédé le vote, alors que le soutien des hommes a diminué au cours de la même période. Le soutien des femmes pendant le vote sur la marijuana dans l’État de Washington est passé de 48 % à 53 % au cours des derniers jours précédant le vote.
Il semble que la société soit plus réactive lorsque les femmes se prononcent en faveur de quelque chose et lui apportent leur soutien. C’est pourquoi la consommation de marijuana, en général, est mieux acceptée grâce aux femmes fortes qui donnent de l’élan au mouvement.
Une affaire florissante pour les femmes
Il est indubitable que le secteur du cannabis génère des sommes faramineuses dans le monde entier et que la légalisation de la marijuana va devenir le prochain grand bouleversement de l’histoire. Les entreprises du secteur élaborent déjà de nouvelles stratégies de marché pour renforcer leur image positive et attirer un public plus large et hétérogène, en se détachant de toutes les connotations négatives de la culture du fumeur de cannabis.
Olivia Mannix et Jennifer DeFalco, fondatrices de Cannabrand, une agence de marketing qui croit au rapprochement entre l’industrie du cannabis et le grand public
C’est ce qui a entraîné l’apparition, surtout aux États-Unis, d’une nouvelle génération d’entreprises de marketing spécialisées dans le cannabis qui associent la consommation de cannabis à des personnes de tous les horizons : les professionnels à succès, les pères et mères à plein temps, les adultes, les personnes saines et respectables. L’une de ces entreprises, Cannabrand, est une agence dirigée par un groupe de femmes, qui s’exprime de façon très claire et ferme sur la nécessité absolue de changer l’image de tout le secteur.
Dans ce nouveau paysage, les femmes ont les mêmes chances de consommer des produits à base de cannabis que les hommes, puisqu’il n’est plus acceptable de traiter sans vergogne les femmes comme des objets. La marijuana a été traditionnellement conditionnée pour les hommes, mais ces deux dernières années, et à mesure que la marijuana est légalisée dans de nouveaux pays, les chefs d’entreprises les plus malins commencent à revoir leurs produits pour attirer les femmes. Des dispensaires de Denver ont déjà mis en œuvre des politiques qui leur permettent de refuser la vente d’un produit présentant une connotation sexiste, pour ne pas faire fuir la clientèle féminine.
De même, on peut observer un changement dans la publicité, qui abandonne le « style classique du fumeur de joints » afin d’associer le produit à un mode de vie sain, qui attire spécialement les femmes. Cela suppose une forme de publicité très différente de ce qui se faisait il y a seulement quelques années. Ce phénomène est parfaitement illustré par le spot publicitaire que l’entreprise américaine Dama, située à Seattle, a réalisé pour promouvoir son huile, dans lequel on montrait un couple sain en promenade. Il aurait pu s’agir du film publicitaire de n’importe quelle entreprise dédiée aux activités de plein air. Dama n’est que l’une des nombreuses entreprises dont l’objectif est de vendre de l’herbe aux femmes avec un mode de vie sain. Bon nombre de femmes utilisent la marijuana différemment des hommes, elles ne la consomment pas pour se défoncer, mais pour ses effets thérapeutiques. Elles l’utilisent pour se détendre, pour calmer la douleur et la considèrent plus comme un complément au bien-être.
De plus, jusqu’à récemment, l’inhalation de cannabis par combustion était réellement la seule façon de pouvoir consommer la marijuana, mais il existe maintenant une grande variété de modes de consommation et de produits. Des bandes sublingualesaux boissons rafraîchissantes, en passant par les crèmes pour la peau, les vaporisateurs de poche qui réduisent vraiment au minimum les risques pour la santé, les patchs dermiques, voire les suppositoires, cependant moins fréquents. Plus les produits sont variés, plus les femmes seront nombreuses à vouloir les essayer.
Un autre aspect à retenir est que l’on estime que seulement 10 % des personnes travaillant dans l’industrie sont des femmes, et les chiffres baissent considérablement pour les postes de niveau supérieur. Bien qu’il semble évident que les hommes soient plus nombreux, de plus en plus de femmes occupent des postes clés, de plus en plus d’initiatives voient le jour, et la présence et la participation des femmes dans les différents aspects de l’industrie et de l’univers cannabique ne cessent de croître. Voilà le nouveau monde du cannabis, dans lequel la consommation de marijuana peut se révéler plus saine, amusante, élégante et sûre. Une affaire florissante dirigée par et pour les femmes.
Le rôle des femmes dans l’univers du cannabis a évolué
Avec l’inexorable légalisation et normalisation du cannabis au niveau mondial, l’ampleur de l’évolution qui touche actuellement le cannabis ne peut pas se mesurer seulement en termes économiques ou sociaux. Des changements profonds et des réajustements au niveau culturel, social et financier sont également en cours. La place de la marijuana dans nos vies est en train d’être repensée, reconsidérée et recalibrée, et les femmes sont également prises en compte. Une période s’achève et une nouvelle ère commence.
Fernanda de la Figuera, activiste espagnole qui a triomphé aux Cannabis Culture Awards de 2012
L’univers du cannabis se féminise. Il est indubitable que les stéréotypes révolus du passé vont vite disparaître de la conscience collective. Et à mesure que l’égalité des sexes gagne du terrain, la présence des femmes dans tous les secteurs augmente, y compris dans le monde du cannabis.
En définitive, nous parlons des femmes de la vie réelle : activistes, mères de famille, avocates, sociologues, scientifiques, politiques, éditrices, réalisatrices, journalistes, chefs d’entreprises… des femmes avec des des croyances, des idéologies, des inquiétudes, des modes de vies différents mais qui partagent un même projet : soutenir publiquement la consommation et la réglementation responsable du cannabis, qui reste encore aujourd’hui une substance illégale dans beaucoup de pays, et continuer à contribuer à sa normalisation.
Par Miranda
Miranda écrit afin d’éveiller les consciences et de réfléchir à la situation mondiale actuelle de cette plante exceptionnelle qu’est le cannabis.
Michel Sitbon et Farid Ghehiouèche, membres du parti Cannabis Sans Frontières
Cannabis Sans Frontières est le seul parti français à se présenter aux élections pour la légalisation de l'herbe. Il a été fondé en 2009 par Farid Ghehiouèche, avec d'autres militants pro-légalisation. La ligne du parti est à située à l'extrême gauche de l'échiquier politique – réformes pour le droit au logement, ouverture des frontières, droit au revenu d'existence –, sauf qu'eux sont également en faveur de la légalisation des thérapies alternatives à base de pavot, de cannabis ou d'iboga, et pour un soutien aux victimes des personnes accusées ou soupçonnées de consommation de drogues. Lors des élections européennes de 2014, le parti avait récolté 7 389 votes en sa faveur, soit 0,24 % des voix exprimées – ce qui est peu, on en conviendra.
Le jour de la Marche Mondiale pour le Cannabis du 9 mai dernier, Farid Ghehiouèche avait un mégaphone dans les mains et beaucoup de pain sur la planche ; de fait, il devait répondre à de nombreux journalistes qui semblaient découvrir l'idée d'une possible légalisation de la weed en France.
Nous nous sommes donc retrouvés quelques jours après, dans le calme du siège de Cannabis Sans Frontières, à la librairie Lady Long Solo dans le 11 e arrondissement. Cette boutique parisienne est la propriété de Michel Sitbon, ex-businessman ayant fait fortune à l'époque du minitel rose et devenu éditeur de livres sur les drogues – certains ont d'ailleurs été sévèrement censurés. La petite échoppe met à la vente de nombreux livres interdits et quelques bangs.
C'est ici que Farid Ghehiouèche et Michel Sitbon m'ont reçu pour discuter d'une légalisation qu'ils pensent envisageable en France, là, maintenant.
VICE : J'ai remarqué qu'il y avait beaucoup de très jeunes à la Marche mondiale pour le cannabis de cette année. Où étaient selon vous les vrais militants pro-cannabis ?
Farid Ghehiouèche : On était au moins 2 000. Il y a peut-être eu 5 000 personnes en comptant tous les passages. On aurait pu être cent fois plus, mais il aurait fallu cent fois plus de moyens de communication. Et puis, tu vas toujours voir plein de gens pour fumer plein de joints, et pas forcément militer pour la légalisation. Ils sont habitués et nombreux à se rassembler pour ça – c'est comme l' Appel du 18 Joint . Je suis plus dubitatif quant au nombre de militants prêts à porter le truc.
Enfin, là je ne veux pas le dire mais un mégaphone, des agrafes, trois bombes de peinture et des piles... À la louche, on a dépensé 300 euros. Voilà le budget chez Cannabis Sans Frontières.
Êtes-vous satisfait des retours que vous avez eus sur l'édition de cette année ?
Un peu déçu par Le Parisien qui n'ont presque rien gardé des 10 minutes où je leur parle de la situation politique et sociale... Du reste, j'ai vu une centaine de publications sur la manifestation. C'est la première année où les médias viennent dans un état d'esprit positif pour mettre en avant la Marche.
Michel Sitbon : Jusqu'alors, nous avons bénéficié d'un boycott systématique. En 2009, l'AFP a même transmis qu'on renonçait à Cannabis Sans Frontières, alors qu'on allait annoncer le lancement ! Peut-être parce qu'il avait plu quelques gouttes sur un rassemblement qui tardait à se mettre en place. Alors que c'était une réussite pour nous.
"L'animateur Christophe Hondelatte m'a dit qu'il n'aurait pas pu me recevoir il y a quelques années avec mon sweat-shirt recouvert de feuilles de cannabis.
"
La loi française dit qu'on ne peut pas présenter l'usage des stupéfiants « sous un jour favorable ». Cette loi ne censure-t-elle pas le débat aujourd'hui ?
M : Cette loi n'a presque eu d'applications que contre la presse dans les années 1970, surtout contre Libération et Charlie Hebdo, des journaux alors naissant et qui ont été découragés par ces séries d'amendes. Ensuite, je connais bien cette loi, puisqu'en tant que Lézard [ son ancienne maison d'édition de livres sur les drogues , N.D.L.R.], je l'ai transgressée plusieurs fois. Dès le début j'avais fait le malin. J'avais dit : « on ne peut pas présenter le cannabis sous un jour favorable, mais on ne peut pas m'interdire de le présenter sous un jour véridique. » Cette loi s'est donc appliquée à beaucoup de magazines, et à mes livres, faisant d'ailleurs disparaître le secteur d'édition que j'avais créé. Quant à arrêter les t-shirts avec des feuilles de cannabis imprimés, une jurisprudence a dit que c'était de la connerie.
F : L'animateur Christophe Hondelatte m'a d'ailleurs dit qu'il n'aurait pas pu me recevoir il y a quelques années avec mon sweat-shirt recouvert de feuilles de cannabis. Mais aujourd'hui, on a dépassé ce stade-là. Pour résumer les propos d'un docteur en droit, ces articles ne s'appliqueraient que dans le cas où l'on vanterait les aspects commerciaux du cannabis. Le groupe Matmatah a été condamné dans les années 2000 pour apologie de la consommation de cannabis, pour leur morceau qui s'appelait justement Apologie. Aujourd'hui, il serait plus difficile de se faire condamner pour cela, il me semble.
Cannabis Sans Frontières est un jeune et petit parti. J'imagine que vous devez être utilisés pour représenter les « partis exotiques » dans les médias.
F : En 2014, Canal Plus m'a téléphoné pour faire un plateau. Mais, comme on démarrait notre campagne officielle, ils nous ont fait le coup des quotas : « oui pas tout de suite, parce que vous êtes un petit candidat et si on vous laissait venir, on serait obligés d'accueillir tous les autres... » Comme le temps de parole est en effet défini en fonction de ce que pèsent les partis – et vu qu'on ne pèse rien, on n'a le droit à rien. D'ailleurs pour cette campagne, notre ami Kiki Picasso [ du collectif d'artistes Bazooka, N.D.L.R. ] avait fait une vidéo psychédélique, avec notre slogan : « mettez un pétard dans l'urne ». Mais bon, il suffit en effet de prononcer notre nom au milieu des autres listes pour que tout le monde se marre.
La vidéo de promotion assez gratinée « Mettez un pétard dans l'urne » de Cannabis Sans Frontières
Ne devez-vous pas ce traitement à votre programme uniquement cannabique, justement ?
M : je ne sais pas si la question est bonne. Les élections sont aussi faites pour amener à discuter de sujets de société.
F : On est caricaturés comme étant des « soixante-huitards hédonistes ». Et on nous oppose toujours les arguments irrationnels qui répètent en boucle que le cannabis est un poison pour le cerveau. Rien de rationnel ou de pragmatique. Alors que le risque, ce n'est plus uniquement le shit frelaté. Il y a plein de substances psychoactives de synthèse qui existent dans un cadre juridique flou. Celles-ci peuvent être très dangereuses. On interdit donc une plante naturelle avec des bénéfices potentiels mais on tolère les autres drogues plus puissantes ? Et puis, pour répondre à ta question, en parlant du cannabis on aborde également d'autres sujets tels que le réchauffement climatique, le textile, l'emploi, etc.
Une cartographie de la légalisation du cannabis à l'heure actuelle dans le monde.
D'ailleurs selon vous, la légalisation du cannabis offrirait 100 000 emplois à pourvoir en France. D'où tenez-vous ces chiffres ?
F : On a soi-disant acheté la paix sociale des quartiers avec la drogue. En réalité, ils souffrent de la violence liée à ce trafic, du retrait des services publics et on en voit déjà les extrémités – kalashs à Marseille, fusillades à Saint-Ouen, etc. Donc on n'a pas acheté la paix sociale, on a semé la zizanie chez les gens les plus pauvres, dans les quartiers les plus pauvres. Il se dit qu'en cas de réforme, les gens qui sont sur ce marché noir se reconvertiraient peut-être à la cocaïne. C'est pas faux, et c'est pourquoi il faut leur faire profiter de la manne cannabique, privilégier les ZUP et proposer des alternatives. Il faut penser qu'on va créer une filière cannabicole, avec la chanvrologie et tout ce que ça comporte. Ça fera de l'emploi.
On pense à plusieurs statuts : associatifs à but non lucratif, semi-associatif, semi-coopératif avec regard d'une autorité administrative, coopératives de producteurs et de distributeurs. Il y a aussi toute l'industrie de transformation – pour les space cakes, etc. – ou encore tout l'encadrement du cannabis thérapeutique, qui demanderait beaucoup de personnel qualifié.
Ce débat n'est-il pas ralenti parce qu'il y a trop de propositions justement ?
F : C'est vrai qu'on a tous réfléchi dans notre coin, de manière concurrentielle peut-être, alors qu'il n'y a pas de « meilleur modèle ». Et puis, ça pose tellement de questions. Est-ce qu'on commence par le cannabis thérapeutique ? Si oui, quelle limite d'âge fixer ? Etc.
M : On est dans un climat où l'on constate qu'en 20 ans de légalisation en Californie, tout va bien. Et nous venons d'avoir les résultats de la légalisation au Colorado où ils avaient prévu 30 millions de dollars de recettes, et ils en ont fait 100 millions. Comme les budgets ne peuvent pas être augmentés là-bas, ce trop-perçu devrait être redonné au peuple. Le cannabis fait baisser l'impôt ! Et puis il y a le journal Le Monde qui publiait en Une les résultats d'une étude du think-tank Terra Nova. Ils expliquaient que la légalisation pourrait rapporter pas loin de deux milliards d'euros à l'État par an.
Quels sont vos projets immédiats ?
F : Que Manuel Valls s'arrête ici [il habite la même rue Keller que la librairie],et qu'il nous demande comment on fait. On pourrait créer un Grenelle du cannabis pour parler addiction, environnement et déboucher sur un projet de loi dans un cadre expérimental.
M : Je me permets d'insister pour les régionales de 2015 : faire de l'Ile-de-France un laboratoire où l'on testerait une légalisation contrôlée qui profiterait de Paris et de son statut de ville la plus visitée du monde. Avec le Colorado qui fait baisser l'impôt, nous avons une promesse populaire à faire. De toute manière, à partir du moment où ça a été légalisé, c'est « légalisable ». Le premier qui le fait est celui à qui ça rapporte plus. Mais bon, on peut être les derniers, ce n'est pas grave.
Faut-il légaliser le cannabis pour tuer les trafics ?
Sébastien Beguerie, expert des produits cannabinoïdes et Valérie Boyer, maire des 11e et 12e à Marseille, ont des avis partagés sur le sujet
La scène, étonnante pour les voyageurs, se déroule en haut des escaliers de la gare Saint-Charles. Nous sommes en août 2013. Depuis quelques mois, la cité phocéenne connaît une éprouvante série de règlements de comptes sur fond de trafic de cannabis et de concurrence sauvage pour le contrôle des points de vente. Eux sont élus, médecins, éducateurs regroupés sous la bannière de l’association "Quartier Nord-Quartier Fort" et pose à Saint-Charles derrière une banderole au message explicite: "Fumer tue! Prohiber le cannabis aussi".
Leur credo ? "Cette dramatique série de règlements de comptes trouve une partie de ses origines dans la prohibition". En effet, assène Mohammed Bensaada, l’un des animateurs du collectif, "la première logique des dealers c’est de s’armer avec les conséquences que l’on connaît pour contrôler un maximum de spots de vente". Et de souhaiter, sans faire l’apologie de la consommation, une légalisation du cannabis avec Marseille dans le rôle de laboratoire... "pour sortir les quartiers de la dépendance à cette économie parallèle".
En 2011, déjà, l’ancien ministre de l’Intérieur socialiste, Michel Vaillant, menait une enquête avec l’aide de 10 députés qui concluait que "le vrai laxisme, c’est le statu quo". "Il faut désormais ouvrir les yeux sur une réalité que personne ne veut voir : l’échec de la répression et de la prohibition du cannabis, avec une consommation qui explose en même temps que les trafics et la criminalité qui y sont liés. Pour lutter contre la consommation problématique et le trafic, il faut sortir de cette hypocrisie", estimait le rapport.
Mais à l’époque, déjà, cette position était loin d’être partagée par d’autres, beaucoup d’autres. Des travailleurs sociaux: "Ça ne va faire qu’aggraver la situation, les jeunes vont augmenter leur consommation et ceux qui mènent le trafic passeront à quelque chose de pire: il y a trop d’enjeux, trop d’argent (La Provence du 29/06/2011)". Ou encore des élues, telle la maire du 15e/16e Samia Ghali(PS): "Dépénaliser conduirait à mettre sur le marché parallèle du shit encore plus fort". Depuis, les règlements de compte n’ont jamais cessé.
Et la tension autour du contrôle des plans stups les plus rémunérateurs à connu son apogée, le 9 février dernier, à la Castellane, avec une spectaculaire fusillade en pleine journée, le jour de la visite de Manuel Valls à Marseille. Le débat est relancé...
"Aujourd'hui, l'interdit protège"
Valérie Boyer, député-maire du 11e/12e (UMP)
"C'est typiquement une fausse bonne idée ! Dans les faits, tous les pays qui ont légalisé la vente de drogue n'ont pas connu une baisse des trafics ni d'ailleurs de la consommation ! Au contraire, même ! Et d'ailleurs, certains d'entre eux veulent revenir dessus... Je pense que tous les discours qui visent à légaliser et prônent la tolérance vis-à-vis de ces pratiques n'ont qu'un seul effet : celui d'augmenter le deal et la prise de substance en justifiant l'injustifiable...
La guerre contre la drogue, particulièrement à Marseille, n'est pas perdue. Elle doit être constante et s'intensifier ! L'arrêter, ce serait comme si on disait qu'on arrête de combattre une maladie parce qu'on n'a pas réussi à la guérir tout de suite. On me dit souvent que dans certains médicaments, on utilise du cannabis pour soigner. Mais il y a aussi d'autres produits dans les médicaments, tels l'arsenic, qui, s'ils n'étaient pas encadrés, pourraient être dangereux pour la santé. On ne va donc pas les mettre pour autant en vente en vente libre !
On me dit encore que cette vente légalisée par l'État permettrait de contrôler la qualité des produits consommés... Vous vous rendez compte du message permissif que ça donne ? On ne va faire fumer que des bons produits... Et surtout, comment avoir confiance dans un État qui vous dit : 'j'ai légalisé des produits toxiques, dont je sais qu'ils développent des addictions, des troubles du comportement, dont je sais qu'ils conduisent à l'isolement des jeunes et à l'échec scolaire'. Si je me suis engagé en politique, c'est à l'inverse pour faire en sorte que nous vivions dans une société qui permet de protéger les plus vulnérables.
Regardez les difficultés que rencontrent les parents pour essayer de faire sortir leurs enfants de l'enfer du cannabis . On me dit, enfin, que de plus en plus de Français fument ces substances . Et après ? Il y a aussi beaucoup de Français qui brûlent des feux rouges et font des excès de vitesse, ce n'est pas une raison pour autoriser ces pratiques. La société est là pour mettre un cadre. D'ailleurs, vous ne trouverez aucun médecin qui va être favorable à la consommation et la légalisation. Au contraire, les addictologues assurent qu'il faut empêcher cette consommation tôt dans l'âge...
D'autant plus, qu'à Marseille, le deal ne s'en tient pas au cannabis. Il y a tous les autres produits. On sait très bien que le trafic engendre le trafic, et que la consommation de cannabis, dans un certain pourcentage de cas, évolue vers la consommation d'autres substances... Aujourd'hui, je pense que l'interdit protège. Qu'il retient certaines personnes qui n'ont pas encore plongé. Je vais vous citer une phrase de Lacordaire : "entre le faible et le fort, c'est la liberté qui opprime et la loi qui protège."
"La politique de répression est un échec"
Le Marseillais Sébastien Beguerie, expert du chanvre et des produits cannabinoïdes, a créé Alpha-Cat, kit d'analyse du cannabis et fondé l'Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine.
"En France, depuis 50 ans, force est de constater que la politique de répression de la consommation et de la vente de cannabis est un échec. Cette politique est extrêmement coûteuse et inefficace : non seulement les chiffres de la consommation ne cessent d'augmenter, mais elle encombre les tribunaux, mobilise un nombre incroyable de policiers qui pourraient s'occuper à autre chose. Les réseaux, malgré tout, sont toujours là, ils se sont structurés, gangrènent des zones entières des villes, contribuent à créer des ghettos.
Là, le commerce du cannabis rejoint celui d'autres drogues mais aussi les armes, le grand banditisme... Or prenez un état américain comme le Colorado : vendu, dans un premier temps, dans des dispensaires, le cannabis légalisé génère désormais 76 M€ de taxes, redistribuées aux différents services publics ! En parallèle, le nombre d'accidents, la délinquance et même la consommation d'alcool ont diminué. Ce serait aussi le cas à Marseille : à long terme, l'insécurité reculerait. Aux Pays Bas encore, les moins de 18 ans sont seulement 10 % à avoir déjà fumé un joint : en France, ouvrons les yeux, ce chiffre grimpe à 50 %. Il faut voir la réalité telle qu'elle est. Oui, on consomme dans ce pays, souvent des produits coupés, voir du cannabis synthétique dangereux que l'on trouve facilement sur Internet.
Les gens ne savent pas ce qu'ils achètent, ce qu'ils consomment, alors qu'en légalisant, on pose un cadre, on contrôle, on sécurise le marché. Pour que la France bouge, il faudrait que l'on crée un bureau national sur les cannabinoïdes, afin de légiférer, comme on le fait actuellement sur le tabac, l'alcool... La première étape, à mon sens, est en tout cas l'utilisation facilitée du cannabis à usage thérapeuthique : le Savitex, ce spray au cannabis dont la vente a été autorisée en pharmacie, sur ordonnance, et pour certaines pathologies seulement (c'était en début d'année, NDLR), n'est en réalité pas accessible. La Sécu n'a pas tranché la question de son remboursement, donc, de fait, on ne le trouve pas.
Un comble ! Il faut absolument combattre l'ignorance, et cela passe par la formation des policiens comme des cadres de santé qui, en réalité, n'ont pas du tout une approche pragmatique de la consommation de cannabinoïdes. Cette ignorance explique aussi que, pour l'instant, les choses n'avancent guère chez nous... Contrairement au Canada, par exemple, où le gouvernement accorde des licences aux vendeurs, et où médecins et infirmières peuvent prescrire du cannabis à leurs patients. En France, un million de malades pourraient en profiter ! Toute une filière du chanvre -qui à Marseille, autrefois, prospérait- est à réinventer."
Les appels à la légalisation de sa culture et l’amnistie des paysans en fuite se multiplient à la veille des élections
Il semble que le cannabis sera au centre de la prochaine campagne électorale. Une campagne qui a probablement déjà commencé pour de nombreux partis politiques dont les dirigeants multiplient les meetings et rencontres avec les populations dans différentes régions.
Dans ces meetings, il est question notamment pour l’opposition de critiques concernant le bilan gouvernemental mais également de la légalisation du cannabis et de l’amnistie pour les «agriculteurs» en cavale dans certaines régions.
La dernière sortie en date est celle du numéro un de l’Istiqlal (PI), Hamid Chabat, dont le parti fait de la légalisation du cannabis un credo. Après les appels des parlementaires de ce parti d’opposition à l’adoption d’une loi en la matière, le secrétaire général du PI a appelé à la légalisation pure et simple du cannabis. «Il faut réorienter la culture du cannabis vers les industries pharmaceutique et cosmétique.
Photo: Morocco World News
La proposition du gouvernement de remplacer la culture de cette plante par l’élevage de chèvres est tout simplement un mensonge», a affirmé Chabat dans un meeting organisé par son parti dans la ville de Taounate. Accueilli par une foule importante estimée par le PI à plusieurs milliers de personnes, le dirigeant du parti de la balance a appelé «l’exécutif a amnistié toutes les personnes poursuivies dans cette région et de mettre en place des stratégies et programmes qui sont à même de les sortir de l’exclusion sociale et économique». Le PI n’est pas le seul à faire ces revendications.
Le PAM (parti authenticité et modernité), l’une des forces de l’opposition parlementaires, adopte la même position. Larbi Mahrachi, parlementaire à la deuxième Chambre et président pamiste du conseil municipal de Ouazzane, a également revendiqué une amnistie générale pour les paysans poursuivis dans des affaires liées à la culture du cannabis estimant le nombre des personnes concernées à 58.000 personnes.
Mahrachi qui occupe également le poste de président de l’instance nationale des élus du PAM, se défend cependant de toute tentative d’instrumentalisation de ce dossier par son parti à des fins électoralistes.
Depuis novembre dernier, à l'université de Denver, dans le Colorado, le professeur de droit Sam Kamin enseigne un cours pour apprendre aux futurs avocats à représenter des clients de la nouvelle industrie du cannabis. A partir de l'année prochaine, il occupera également la chaire de droit du cannabis, un poste subventionné par un cabinet d'avocats spécialisé dans la marijuana, rapporte The Cannabist.
En 2012, le Colorado et l'Etat du Washington ont légalisé la vente et la production de cannabis à usage récréatif, et ce sont les Etats américains où l'industrie cannabique est la plus développée (plusieurs autres Etats ont aussi légalisé en 2014).
Or, cette nouvelle économie pose de nombreux problèmes juridiques complexes. Par exemple, comme le cannabis reste illégal au niveau fédéral, les banques américaines refusent de traiter avec les entreprises liées à la marijuana. Même casse-tête avec les propriétaires immobiliers, qui peuvent se fonder sur le droit fédéral pour expulser quelqu'un qui fait pousser du cannabis chez lui. La Cour suprême du Colorado est aussi en train de trancher sur des questions de droit du travail: une entreprise a-t-elle le droit de licencier un employé qui est testé positif au cannabis?
REUTERS/Rick Wilking
Au niveau de la vente des produits, les régulations sont également nombreuses: si je fais des chocolats au cannabis, quel est le dosage autorisé, quelles informations doivent se trouver sur l'emballage, ai-je le droit de faire de la publicité?
La chaire de droit du cannabis permettra de développer un cursus et des recherches sur le sujet. Sam Kamin, un des architectes de l'amendement 64, la loi de légalisation dans le Colorado, explique que ce genre de spécialisation est devenue particulièrement populaire:
«Il y a des étudiants qui viennent nous voir et qui envoient leur candidature parce qu'ils sont intéressés par l'industrie du cannabis... Ces cours sont des outils de recrutement très efficaces.»
Pour ceux qui s'intéressent au cannabis mais pas au droit, l'université proposera à partir d'août un cours de journalisme spécialisé cannabis («cannabis journalism»). Pendant cinq jours intensifs, les étudiants produiront un reportage multimédia sur un des divers acteurs du monde cannabique local. L'idée est d'encourager les futurs professionnels des médias à saisir la complexité de la situation, au-delà des caricatures et des blagues faciles sur les joints et la défonce.
Source: slate.fr
A voir sur ce sujet
Cannabis : un marché florissant
(SHERBROOKE) Le nouveau projet de loi sur l'usage du tabac ouvre la porte à l'utilisation de la marijuana à des fins médicales dans les hôpitaux.
Le projet de loi 44, présenté mardi par la ministre déléguée à la Santé publique, Lucie Charlebois, n'est pas sans rappeler le combat de Charles Bury en 2014.
La consommation de cannabis dans sa chambre d'hôpital à l'aide d'un vaporisateur personnel par l'ex-rédacteur en chef du journal The Record, hospitalisé pour des soins de fin de vie, avait soulevé le sujet. Ce premier cas très particulier en milieu hospitalier avait fait la manchette partout au Québec.
M. Bury s'est finalement éteint le 1er février à l'âge de 67 ans.
Le CHUS est devenu au début de 2014 le premier établissement de santé au Québec à se positionner dans le dossier de la consommation dans ses murs du cannabis à des fins médicales, alors que son Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens s'est prononcé en faveur dans certaines circonstances.
Le projet de loi de la ministre Charlebois demande aux établissements de santé d'identifier des chambres permettant l'usage de marijuana pour des fins médicales, lit-on dans le document.
Il ajoute que les mesures législatives proposées découlent notamment des recommandations émises par la Commission de la santé et des services sociaux dans un rapport publié en 2013.
Le projet de loi prévoit que les fumeurs et les adeptes du «vapotage» devront se tenir loin des établissements publics. Une série de mesures voient à restreindre encore davantage l'usage du tabac et étendent sa portée à la cigarette électronique,
Au CIUSSS de l'Estrie - CHUS, on se dit en accord avec cette disposition du projet de loi. On ne signale aucun autre cas de patient demandant à consommer de la marijuana à des fins de santé dans l'établissement depuis l'épisode de M. Bury.
Etats-Unis : Dix-sept États ont décriminalisé le cannabis. De plus en plus de villes ont ainsi décriminalisés completement le cannabis. Un de ces villes est Philadelphie, qui a déjà enregistré plus d'un million de dollars en le faisant. Actuellement la possession de cannabis simple dans l'Illinois est passible d'une amende de 2500 $ et et d'une peine allant jusqu'à un an de prison.
Le Sénat de l'Illinois a récemment adopté un projet de loi qui permettrait de réduire cette peine jusqu'à aucun temps de prison et une amende pouvant aller jusqu'à 125 $ maximum. Par le Chicago Tribune :
Le sénateur républicain Jason Barickman de Champaign à voté pour la mesure, affirmant qu'elle contribuerait à alléger les difficultés financières de l'État en réduisant les frais de justice.
Jason Barickman Photo Credit: Senate Republicans
"Chaque personne à qui vous parlez dans cet état veut que nous trouvions des façons simple d'économiser de l'argent", a déclaré Barickman. "Ce projet de loi nous donne une façon de le faire. Il permettra d'économiser un peu d'argent au niveau de l'Etat, et de nous donner l'occasion d'économiser de l'argent au niveau local. "
Lors de l'examen à la Chambre le mois dernier, Cassidy affirmait que la mesure ne serait pas de déroger aux lois dans des villes comme Chicago, qui ont déjà mis en place des amendes pour possession de cannabis, mais visant plutot à créer une pénalité uniforme dans tout l'État et d'éliminer la possibilité pour la police d'arrêter des gens transportant de petites quantités de cannabis.
Si cela se produit, et que le gouverneur signe le projet de loi, il pourrait prendre effet au début de l'année prochaine. La décriminalisation du cannabis est évidemment pas aussi bonne que la légalisation complète, mais il est beaucoup mieux que l'interdiction complète mais elle fait quand meme avancer les choses dans le bon sens , a quand part chez nous ???
Cet étudiant canadien, atteint d’une grave maladie génétique, s’est vu prescrire de la marijuana médicinale pour apaiser sa douleur. Seulement, son université refuse de le laisser assister aux cours sous l’influence de la drogue.
Michael Wileniec a porté plainte davnt les tribunaux pour pouvoir consommer de la marijuana médicale à l'école. Photo : ICI Radio-Canada
Michael Wileniec, étudiant canadien âgé de 21 ans, est aux prises avec une grave maladie génétique qui fait apparaître des tumeurs bénignes sur ses os, affectant ainsi son système nerveux. Pour atténuer la douleur causée par cette maladie, son médecin lui a prescrit de la marijuana médicinale, comme cela est possible au Canada depuis septembre 2013. Comme l’indique cet article de La Presse Canadienne ,le jeune homme est entré récemment en conflit avec son université, car celle-ci refuse de le laisser assister aux cours sous influence de la drogue.
Michael Wileniec étudie à l’Université de la Saskatchewan, la plus grande université de la province du centre canadien. La direction de l’école, à l’origine de l’interdiction, considère que sa consommation de cannabis, toute médicinale soit-elle, représente «un risque pour la sécurité» de l’établissement. Michael a d’abord tenté de plaider sa cause devant une commission scolaire, sans réussir à faire entendre ses arguments. Déterminé, il a engagé un avocat et poursuit désormais son université devant les tribunaux. Son avocate, Heather Funk, croit que la décision de l’établissement de lui interdire la consommation de marijuana médicinale est discriminatoire pour son client, puisque tous les autres étudiants sont autorisés à prendre leurs médicaments à l’école.
[Flickr/CC/Alaska Carter]
Un parcours scolaire difficile
La famille de Michael Wileniec a même proposé à la direction qu’il utilise un vaporisateur inodore dans le bureau de l’infirmière, mais cette dernière a refusé. Ce qui choque particulièrement l’étudiant, c’est que la direction de l’école lui avait assuré, au moment de son inscription, qu’il pourrait suivre son traitement sans problèmes. Mais l’étudiant a alors du s’absenter plusieurs mois pour subir une opération aux jambes. A son retour, la direction lui a signifié un changement des règles.
Aucune date n’a encore été fixée pour trancher le conflit, mais l’éventualité que le jugement n’arrive qu’une fois Michael diplômé est probable. Cela ne le retient pas de vouloir «mener ce combat pour les autres», comme il l’indique à La Presse. Selon le site d’information, l’organisme Santé Canada estime que 40 000 patients possèdent du cannabis à des fins médicinales dans le pays. Seulement, la moyenne d’âge des consommateurs oscille entre 41 et 60 ans, loin des 21 années de Michael.
La légalisation médicale de la marijuana progresse aux États-Unis et officialise la culture de l’herbe. La faculté de cannabis de Detroit, dans le Michigan, vient d’ouvrir ses portes, le Guardian était là.
Il va sans dire qu’on ne fume pas en cours, mais on ne se prive pas de flairer les feuilles, de discuter inhalation et de recommander telle ou telle variété selon l’effet qu’elle produit. Bienvenue à la faculté de cannabis de Detroit : ici, on propose des cours sur la culture mais aussi la récolte, la préparation et la vente de la marijuana depuis que le Michigan en a légalisé l’usage à des fins médicales. Les étudiants reçoivent une instruction dispensée par des horticulteurs, des médecins et des juristes qui leur apprennent à protéger leur dope des criminels.
"Faire pousser de l’herbe dans son jardin, c’est très bien pour s’amuser”, explique Nick Tennant, un des fondateurs de la faculté, dont l’apparence saine et juvénile, avec ses joues couvertes d’acné, sidère certains des étudiants les plus malades. “Mais si on s’en sert à des fins médicales, il faut vraiment maîtriser le processus horticole, qui est très complexe. Il y a beaucoup d’argent à gagner si on fait ça bien."
Plus de 1 000 autorisations étant délivrées chaque mois dans le Michigan aux malades et aux producteurs, la demande est au rendez-vous au MedGrow Cannabis College. Six cours du soir coûtent 324 euros. Les premiers inscrits prennent de la marijuana pour soulager leurs douleurs ou aident les malades, comme ce pasteur qui dirige une clinique spécialisée dans le sida.
Ryan Hasbany, 20 ans, fait des études de commerce. Encore un an et il obtiendra une licence de producteur. “Mon père est médecin de famille ; il délivre beaucoup de cartes de patient autorisé à prendre de la marijuana. Ça va devenir un secteur très lucratif”, confie-t-il. La marijuana médicale se vend près de 6 euros le gramme dans le Michigan. “Il y a des économistes de Harvard qui disent que c’est ce qu’il nous faut pour remettre l’économie sur pied”, ajoute-t-il. Malgré tout, certains hésitent encore à s’identifier à ce qui est désormais une industrie légale dans le Michigan.
Les premiers cours de la soirée à la fac du cannabis sont dirigés par un médecin, un certain Dr Powell. “Ne donnez pas mon prénom. Ils auront plus de mal à m’identifier”, demande-t-il. Il expose aux étudiants les pathologies pour lesquelles il peut délivrer une ordonnance de marijuana. Cela va du cancer au sida, en passant par toute une série de douleurs chroniques graves, “à la suite d’une opération du dos ou d’une blessure par balle, par exemple”. Le Dr Powell ne s’inquiète pas des risques de dépendance mais pense que les consommateurs réguliers devraient trouver une alternative à la fumette. C’est pourquoi le cursus compte également un cours de cuisine où l’on découvre des recettes aussi variées que le gâteau au hasch et les sushis à l’herbe.
L’horticulteur a encore moins envie que le médecin d’être identifiable. “On pourrait me demander où j’ai appris tout ça. Je fais ça depuis beaucoup plus longtemps que ça n’est autorisé”, confie-t-il.
Comme nombre d’autres intervenants du Cannabis College, il est également consommateur à la suite d’un accident de sport.
Il ouvre deux grandes portes blanches. Une vive lumière inonde la salle de classe et révèle un antre rempli de tuyaux d’air conditionné et de ventilateurs et baigné d’une lumière intense. Au milieu se trouve une poignée de plants de cannabis, ainsi que quelques pieds. L’instructeur passe en revue les avantages de la culture en terre et ceux de la culture hydroponique (hors sol) ; il consacre un chapitre à la lumière, souligne l’importance de la taille (à la main, sans utiliser d’outil) et s’attarde sur les complexités du clonage. Il recommande d’installer des appareils produisant de l’ozone pour masquer l’odeur. “Il ne vaut mieux pas que les voisins soient au courant. Pas question qu’ils fassent une descente chez vous pour piller vos stocks.” Au mur est affiché un tableau labyrinthique des espèces de marijuana, avec leurs effets sur certaines maladies et leur goût.
L’horticulteur explique qu’il y a de l’argent à se faire en produisant de la marijuana médicale si le producteur sait s’adapter aux besoins du consommateur. “Il y a de l’herbe qui vous rend incapable de la fermer pendant cinq heures. Il y a de l’herbe qui vous fait baver, assis sur le canapé, pendant cinq heures. Ce n’est pas ce qu’il vous faut si vous voulez garder un boulot. Il y a des milliers de gens qui obtiennent une carte de malade et ils ont chacun des besoins différents. Si vous réussissez à trouver comment satisfaire tous ces besoins particuliers, vous serez riches."
Source : cannabis-infos.com
A Seattle, où la légalisation du cannabis a été adopté, le magasin Uncle Ike’s Pot Shop vend désormais des dosettes de café infusées à la marijuana. De quoi « prendre une bonne dose d’énergie tout en restant calme » assure-t-on du côté des gérants.
Il est aussi bon qu’un café lambda assure-t-on à la direction de Uncle Ike’s Pot Shop, cette boutique spécialisée dans la vente de produits à base de marijuana, située à Seattle dans l’Etat de Washington, l’un des premiers à avoir adopté la légalisation de petites quantités de cannabis, en 2012. Leur nouveau produit, des dosettes de café infusées au cannabis est déjà un best-seler.
A priori, entre l’excitant café et le relaxant cannabis, on ne voit pas bien le rapport. Et pourtant, à en croire les gérants de la boutique, le mélange des deux produits permettrait à son consommateur d’avoir une bonne dose d’énergie, tout en restant calme. Ces dosettes de café comprennent 10 mg de THC, l’ingrédient actif du cannabis, soit le maximum autorisé par l’Etat de Washington en ce qui concerne les produits comestibles à base de marijuana.
« Au goût, rien ne change »
Quant au goût, rien ne change assure-t-on encore du côté de la boutique de Seattle. Le café au cannabis serait aussi bon qu’un café lambda. Le prix en revanche, n’est pas le même que celui d’un petit caoua au comptoir. Les dosettes de café à la marijuana sont vendue 10 dollars pièce (environ 9 euros). « Les gens peuvent rire du prix, mais quand on pense qu’une tasse de café au Starbucks est vendue entre 4 et 5 dollars, et que là vous profitez des effets sympathiques de la THC, ce n’est pas du tout un prix élevé » assure, au Daily News, Jennifer Lanzador, la responsable des ventes chez Uncle Ike’s Pot Shop.
Selon le journal, le café au cannabis n’est pas le seul produit étonnant commercialisé par Uncle Ike’s. On y trouve également des barres de chocolat, des sodas ou des cookies infusés au cannabis, et même un lubrifiant à la marijuana supposé augmenter le plaisir sexuel en relaxant les muscles du corps.