Le regain d’intérêt scientifique pour le cannabis tient en trois lettres: CBD, acronyme du cannabidiol, longtemps éclipsé par l’autre composant le plus connu de la plante, le tétrahydrocannabinol (THC). Contrairement au THC, le cannabidiol ne provoque pas d’effet psychotrope – il atténue au contraire les modifications de la perception induites par le THC.
Le CBD est donc autorisé à la vente et n’intéresse pas les fumeurs de joints en quête de défonce. En revanche, il suscite de grands espoirs auprès des chercheurs. Des études relèvent qu’il possède des effets anxiolitique et anti-psychotique chez les personnes atteintes de schizophrénie. Des scientifiques ont observé que le cannabidiol permettait de réduire, voire anéantir des tumeurs cancéreuses sur des rats. On lui prête aussi des effets anti-inflammatoires.
L’engouement pour le CBD a gagné le grand public après la diffusion par CNN en 2013 d’un documentaire sur Charlotte Figi, petite Américaine atteinte du syndrome de Dravet, une forme sévère d’épilepsie. Pour calmer les convulsions qui terrassent leur enfant plusieurs fois par heures, les parents de Charlotte tentent tous les traitements connus. Rien n’y fait. Jusqu’à ce que son père, un soldat de l’armée américaine, ne découvre une vidéo d’un enfant épileptique soigné au CBD.
Ce couple californien, qui n’avait jamais touché de cannabis jusqu’ici, se procure alors un sachet d’herbe avec de fortes teneurs en CBD, mais pauvres en THC, et en tire une huile qu’ils administrent à leur fille de cinq ans. Les résultats sont frappants: de 300 crises par semaine, Charlotte n’en connaît plus qu’une. Elle recommence à parler, rire, marcher et même faire du vélo. «Ce cas est exceptionnel. Tous les patients ne réagissent pas au traitement de cette façon», souligne le pharmacien Manfred Frankhauser. Suite au documentaire de CNN, des patients l’on contacté de toute la Suisse pour commander des produits au CBD sous forme de poudre, vendue 160 francs le gramme. Manfred Frankhauser a suivi le traitement d’une quinzaine d’enfants atteints du syndrome de Dravet. «Nous n’avons eu aucun cas sensationnel».
Boom sur internet
Sur internet, des sites proposent baumes, huiles ou poudres au CBD, vendues au prix fort. Le produit commence à intéresser l’industrie pharmaceutique. GW Pharmaceuticals, producteur du médicament Sativex contenant du THC, espère pouvoir mettre sur le marché un nouveau médicament à base de CBD, Epidiolex, dès 2016.
En Suisse aussi, le cannabidiol suscite de nouvelles vocations. La société Medropharm, créée en 2014 en Thurgovie, commercialise des extraits de CBD. Elle vient de signer un contrat pour livrer ses produits à la société américaine Naturally Slendid.
Au total 218 parlementaires italiens se sont prononcés pour la légalisation du cannabis, en présentant mercredi un projet de loi, qu'ils espèrent faire adopter au plus vite, en dépit des réticences du gouvernement de Matteo Renzi.
Le texte présenté à la Chambre par son inspirateur, le sénateur Benedeto Della Vedova, prévoit de légaliser l'usage du cannabis, en autorisant la détention d'un maximum de 15 grammes à domicile et de 5 grammes dans la rue. Chacun pourra aussi cultiver chez lui jusqu'à cinq plantes. Au-delà, la culture se fera dans le cadre d'un monopole d'Etat.
Les instigateurs de ce projet, originaires de tous les partis, mais principalement de la gauche et du Mouvement Cinq Etoiles de l'humoriste Beppe Grillo, justifient cette démarche en soulignant l'échec des politiques répressives. Ils citent ainsi un rapport de la Direction nationale anti-mafia qui fustige "l'échec total des actions répressives" et suggère une dépénalisation de l'usage des drogues douces, face à "l'impossibilité littérale d'augmenter les efforts pour mieux réprimer" ce trafic.
Ces parlementaires reconnaissent toutefois que les chances de faire aboutir ce projet sont limitées dans un pays où le pouvoir politique a toujours été le "gardien inflexible de l'ordre prohibitionniste", selon le texte de leur manifeste. D'autant que les opposants dans le monde politique restent nombreux, à commencer par le chef du gouvernement de centre-gauche Matteo Renzi, qui s'est dit défavorable à cette dépénalisation.
A droite aussi les résistances sont fortes, à commencer par le chef de la Ligue du Nord, Matteo Salvini. "Je suis personnellement contre, je serai en revanche favorable à la légalisation et à la réglementation de la prostitution, parce que jusqu'à preuve du contraire, le sexe ne fait pas mal, le cannabis, oui", a-t-il affirmé, cité par les médias italiens.
Depuis quelques années, le nombre de colonies d’abeilles qui disparaissent est alarmant et les agences de l’environnement et de la santé publique font tout leur possible pour découvrir les causes sous-jacentes de ce phénomène connu sous le nom de « syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles » (ou CCD, de l’anglais « Colony Collapse Disorder ») et pour déployer des politiques susceptibles d’inverser cette tendance. Les producteurs de cannabis peuvent-ils contribuer à résoudre ce problème ?
Les abeilles sont-elles attirées par les plants de cannabis ?
Généralement, les abeilles sont attirées par les fleurs qui produisent en abondance du nectar et du pollen, et ignoreront les fleurs qui ne leur en offrent pas suffisamment. En conséquence, les fleurs qui ont besoin des insectes pour leur pollinisation ont généralement évolué de sorte à produire suffisamment de nectar pour attirer les abeilles et d’autres insectes pollinisateurs.
En temps normal, les abeilles ne sont pas attirées par le cannabis, car c’est une plante pollinisée par le vent et qui n’a donc pas besoin de produire du nectar pour attirer les insectes pollinisateurs. Mais, en périodes de « pénurie florale », lorsque les fleurs produisant du nectar manquent, les fleurs de cannabis deviennent une source non négligeable de pollen. Les abeilles ont besoin de pollen pour produire la gelée royale et en tirent également des protéines, des vitamines et des minéraux extrêmement importants.
Une étude réalisée au Punjab, en Inde, et publiée en 2012 a démontré qu’en période de pénurie florale (ce qui se produit en mai et juin à Punjab), les abeilles mellifères (Apis mellifera) se tournent vers les plants de cannabis mâle qui poussent abondamment à l’état sauvage dans la région, comme source de pollen. Comme les fleurs de cannabis ne produisent pas de nectar, les abeilles observées sur les plants sont des individus spécialisés, collecteurs de pollen uniquement.
En outre, on a observé que les abeilles se nourrissaient sur les fleurs mâles exclusivement le matin et le soir, et étaient absentes à d’autres moments.
Ceci s’explique par le fait que la déhiscence de l’anthère (le processus par lequel les organes reproducteurs mâles s’ouvrent pour libérer le pollen) se produit à ces moments-là. Ainsi, les abeilles sont attirées par les plants de cannabis, mais uniquement les mâles et exclusivement pendant les périodes de pénurie florale, et de surcroît seulement aux heures où la production de pollen est maximale.
Qu’est-ce que le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles ?
Le phénomène du syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles se manifeste lorsque la majorité des abeilles travailleuses adultes abandonnent la ruche, en laissant derrière elles la reine et le couvain, ainsi que de la nourriture en quantité et des abeilles nourricières pour s’en occuper. L’abandon des abeilles travailleuses est déterminant : dans les cas de CCD, on n’observe aucune présence d’abeilles mortes ou mourantes autour de la ruche.
Ce phénomène étrange et intriguant s’est produit tout au long de l’histoire, et a été baptisé de toute une variété de noms, y compris « spring dwindle » (affaiblissement printanier) et « disappearing disease » (maladie de la disparition). En Irlande, une « importante mortalité des abeilles » a été consignée en 950 de notre ère, puis à nouveau en 992 et en 1443. Toutefois, il semble que la fréquence et la gravité de ces effondrements aient augmenté au cours du siècle dernier, et alors que les cas d’effondrement antérieurs étaient relativement isolés, les pertes saisonnières d’abeilles dépassent désormais nettement les prévisions chaque année. En 2007, certains apiculteurs américains ont enregistré des pertes de 80 à 100 % ; des pertes jugées « normales » avoisinent les 10 %.
Le CCD a été imputé à un éventail de facteurs, y compris à des infections virales ou parasitiques, aux produits chimiques utilisés pour traiter les abeilles dans les ruches, aux cultures génétiquement modifiées, à la diminution générale de la biodiversité végétale, au stress nutritionnel et à l’usage de pesticides. Bien que la responsabilité d’aucun de ces facteurs n’ait pu être établie de façon formelle (et que la contribution de certains d’entre eux, notamment les cultures OGM, ne soit pas jugée significative, car il n’y a aucune corrélation entre les régions accueillant des cultures OGM à grande échelle et la prévalence des cas de CCD), il est probable qu’une combinaison de ces facteurs contribue à la mauvaise santé générale des colonies d’abeilles dans le monde.
Période de pénurie florale et CCD
Pendant les périodes de pénurie florale, les apiculteurs professionnels complètent souvent le régime alimentaire de leurs abeilles avec du sirop de maïs enrichi en fructose avec apport protéique. Il faut souligner que la recherche a démontré que les abeilles nourries avec du simple sirop de sucre obtenu à partir de saccharose produisent davantage de larves au printemps que celles qui sont nourries au sirop de maïs enrichi en fructose ; en outre, l’apport supplémentaire en protéines augmente le nombre de larves, mais ne permet pas de fournir aux jeunes individus une nutrition complète.
Ainsi, les apiculteurs devraient compléter le régime alimentaire de leurs abeilles avec du sirop obtenu à partir de saccharose pendant les périodes de pénurie florale et leur offrir un apport plus complet en protéines que celui offert par ces compléments. Le pollen du cannabis ou du chanvre ou d’autres espèces similaires qui fleurissent au moment opportun pourrait constituer un moyen idéal pour offrir aux abeilles l’éventail complet d’acides aminés nécessaires pour synthétiser les protéines, ainsi qu’un mélange sain de vitamines et de minéraux.
Usage de pesticides et CCD
La question du rôle des pesticides dans le CCD est très controversée et embourbée dans un véritable marasme politique. Les arguments plaidant en faveur du rôle majeur des pesticides ne manquent pas, mais il en va de même des contre-arguments suggérant qu’un autre facteur, encore inconnu, est également à l’œuvre et que le rôle des pesticides est tout au plus secondaire. Par exemple, les néonicotinoïdes (une classe de pesticides souvent associée au CCD) sont utilisés de manière intensive en Australie comme ailleurs, pourtant l’Australie n’a constaté aucun déclin significatif de sa population d’abeilles mellifères.
Toutefois, les abeilles australiennes butinent traditionnellement des fleurs naturelles, ne faisant l’objet d’aucun traitement, plutôt que les cultures commerciales. À mesure que l’apiculture australienne évolue, passant de la production de miel à la pollinisation de monocultures commerciales telles que l’amande (ce qui est déjà une pratique courante aux États-Unis), les abeilles seront soumises non seulement à un stress nutritionnel provoqué par une alimentation prolongée à partir d’une source nutritive unique, mais aussi à des niveaux accrus de traitements chimiques agricoles, y compris les néonicotinoïdes.
Nous disposons également de nombreux éléments suggérant que plusieurs classes de pesticides et de fongicides (notamment, sans toutefois s’y limiter, les néonicotinoïdes) utilisés conjointement pourraient avoir un éventail d’effets sublétaux sur les abeilles, notamment au niveau de leur comportement alimentaire et reproductif. En outre, même l’huile de margousier, un pesticide biologique courant, a été mise en cause récemment en tant que contributeur potentiel au CCD.
Huile de margousier et effondrement des colonies d’abeilles
L’azadirachtine, le composé actif de l’huile de margousier, est un pesticide revêtant une importance capitale en agriculture biologique. Il s’attaque de manière sélective à divers nuisibles qui ne peuvent être contrôlés par aucun autre moyen ; toutefois, une récente étude a conclu qu’il avait un effet néfaste sur les abeilles mellifères mâles « même à des concentrations 50 fois inférieures aux niveaux recommandés utilisés par les agriculteurs ».
Aux niveaux recommandés, aucun mâle n’a éclos dans les colonies élevées en laboratoire, et même à des concentrations 50 fois inférieures seuls quelques mâles ont pu éclore, mais étaient atteints de malformations.
Une étude antérieure a révélé que l’huile de margousier était généralement sans danger pour les abeilles mellifères, mais les bourdons n’en sont pas moins des pollinisateurs extrêmement importants pour les cultures et les fleurs sauvages. Par ailleurs, il y a lieu d’éviter à tout prix d’utiliser des substances constituant une menace pour la biodiversité, car l’extinction continue d’espèces végétales et animales sur la planète est désormais considérée comme la sixième forme d’extinction massive qu’ait connue la Terre.
Comment vous assurer que votre cannabis est sans danger pour les abeilles ?
Comme nous l’avons vu, pendant les périodes de pénurie florale, les abeilles peuvent être attirées par les plants de cannabis. Bien qu’elles visent plus généralement les plants mâles, elles peuvent également butiner des plants femelles en raison de la similitude de leur arôme respectif. Toutefois, seuls les plants mâles constituent une source d’alimentation pour les abeilles. Ainsi, les producteurs qui laissent leurs plants mâles à l’extérieur (ou les producteurs de chanvre, qui ont tendance à cultiver des plants mâles de manière systématique) peuvent rendre un service inestimable aux populations locales d’abeilles pendant les périodes de pénurie florale.
Les pesticides utilisés sur le cannabis, même les pesticides biologiques tels que l’huile de margousier, peuvent contribuer au CCD chez les abeilles mellifères et les bourdons. Par conséquent, les plants d’extérieur, qu’ils soient mâles ou femelles, doivent être cultivés autant que possible en ayant recours à des méthodes de contrôle des insectes sans traitement chimique. Les insectes prédateurs bénéfiques, les nématodes, les enzymes, etc. peuvent tous jouer un rôle pour écarter les nuisibles sans avoir besoin de recourir à des traitements chimiques, même à ceux se revendiquant comme biologiques.
Les producteurs de cannabis ne peuvent rien faire quant aux principaux facteurs à l’œuvre dans le CCD, qui sont probablement liés à la monoculture agricole à grande échelle de cultures pollinisées par les insectes ainsi qu’à la fragmentation de l’habitat, à la perte de biodiversité et à l’usage toujours plus intensif de traitements chimiques qui vont de pair avec un tel système. Cependant, en tant que communauté, nous pouvons veiller à faire de notre mieux pour que notre contribution au CCD soit minimale, voire nulle, et en cultivant du chanvre ou du cannabis en extérieur, nous pouvons même contribuer à trouver une solution à ce problème dans une certaine mesure.
Par Seshata Seshata est une écrivain cannabique freelance habitant à Amsterdam, aux Pays Bas.
EXPRESS YOURSELF - Débattre sans vraiment débattre et tout en sachant que ce débat ne débouchera sur rien ? C'est ce que propose Manuel Valls.
Le sujet : la légalisation du cannabis, remise sur le tapis dans Society en fin de semaine dernière par Christiane Taubira.
Ce 13 juillet sur France Inter, Manuel Valls ne recadre pas vraiment la ministre de la Justice, comme cela avait pu être le cas lorsque, par le passé, des membres du gouvernement s'aventuraient sur ce sujet polémique (n'est-ce pas, Vincent Peillon ?). Mais comme prévu, il ferme la porte à toute discussion réelle :
On peut toujours débattre, mais pour ce qui concerne le gouvernement, le débat est clos.
<<On peut toujours débattre de ces questions mais le gouvernement ne prendra aucune initiative qui légalise, autorise, dépénalise l'usage du cannabis, qui reste un vrai problème de santé publique, de prévention bien évidemment. Mais la position du gouvernement, du président de la République, est très claire sur ce sujet-là depuis 2012 et vous connaissez mes positions, celles que j'ai déjà eu l'occasion de prendre, notamment quand j'étais ministre de l'Intérieur.>>
De son côté, la garde des Sceaux estime qu'il "n’est pas acceptable de ne pas y réfléchir". "Or, pour l’instant, il y a une espèce d’intimidation sur le sujet", regrette-t-elle, répétant qu'il "faut en parler". Y réfléchir, en parler : d'accord. Mais ça s'arrête là, hein.
Des chiffres du ministère de l'Intérieur indiquent que la détention et la consommation de cannabis est en hausse chez nous. Entre petits producteurs locaux et grosses filières de trafiquants, de plus en plus jeunes sont adeptes du cannabis.
Pour le RTLINFO 13H, Vincent Jamoulle et Julien Rawet ont rencontré deux consommateurs, l’un deux fait pousser du cannabis au fond de son jardin.
L"émission en vidéo
Mélanger l’herbe au tabac, rouler un joint, fumer: depuis plus de 20 ans, le cannabis fait partie de la vie de Paul. "Je suis très nerveux, c’est un calmant naturel, on va dire. Moi j’aime fumer, je n’arrêterai pas. Tout le monde peut en faire pousser très facilement, il n’y a pas besoin d’être un ingénieur ou quoi que ce soit".
"Je préfère cultiver moi-même dans mon jardin"
Et c’est justement ce qu’a fait Emile, discrètement au fond de son jardin. Une dizaine de plants y poussent sous serre: "C’est complètement naturel, chaque année je récupère des graines, je les mets dans le sol, et chaque année, ça continue comme ça, donc ça ne me coûte rien, et je ne vais pas enrichir quelqu’un de malhonnête, je préfère cultiver moi-même dans mon jardin, c’est plus facile".
"Ca n'arrêtera jamais"
Par rapport à la détention et à l’usage du cannabis, la loi belge est floue et son application très variable selon les arrondissements judiciaires. De très nombreux jeunes fument sans avoir le moindre sentiment d’être dans l’illégalité. Autant de clients potentiels pour les trafiquants. Résine de cannabis venue d’Afrique du Nord ou du Moyen-Orient ou filières de culture sur le sol belge: grâce au matériel et au savoir-faire hollandais, le cannabis est à tous les coins de rue. "On en trouve partout, facilement, y’a énormément de gens qui en produisent. C’est un marché, donc tous les gens qui sont un peu malins, il y a de l’offre et de la demande, donc ça n’arrêtera jamais", commente Paul.
Une filière rentable et moins risquée?
Entre 2012 et 2014, le nombre de dossiers judiciaires ouverts en Belgique pour détention est passé de 21.000 à 30.000, soit une augmentation de 40%. Les dossiers concernant la vente ont augmenté de 20%. En parallèle, le nombre de braquages et de vols avec violence est en diminution, une partie du milieu du grand banditisme a peut-être choisi de prendre moins de risques en s’orientant vers la filière, au moins aussi rentable, du cannabis.
Quand la consommation pose problème
Ces dernières années, le centre Nadja a fait beaucoup d’efforts pour se faire connaître auprès des fumeurs de joints qui rencontreraient des problèmes. Peu de jeunes poussent la porte, ce sont les parents, inquiets, qui appellent. "Plein de jeunes fument du cannabis de façon très récréative, gèrent très bien leur consommation, et n’ont pas de difficultés avec le cannabis. Mais c’est vrai que quand ce produit-là est associé à d’autres problématiques, on va dire que c’est un produit qui facilite les choses", explique Dominique Humblet, psychothérapeute au centre. Et dans ce cas, le cannabis a tendance à favoriser le repli sur soi, l’inactivité et le décrochage scolaire.
Science/Homme: Aux Etats-Unis, la consommation de cannabis des adolescents n’a pas augmenté suite à la promulgation des lois qui en permettent l’usage médical
Le 15 juin 2015, des chercheurs de Columbia University à New York ont indiqué que la consommation de cannabis des adolescents n’a pas augmenté dans les Etats où son usage médical est devenu légal. Cette nouvelle analyse représente l’effort actuel le plus exhaustif à une question souvent posée : la décriminalisation du cannabis entraine-t-elle une consommation plus répandue chez les adolescents ? L’étude a trouvé que les Etats qui ont légalisé l’usage médical du cannabis présentaient des taux supérieurs de consommation adolescente avant la promulgation de la loi, par rapport aux Etats où le cannabis reste illégal, et que les modifications de la loi n’ont pas modifié ces taux.
Le rapport a été publié par le Lancet Psychiatry. Il couvrait une période de 24 ans et était basé sur des sondages réalisés auprès de plus d’un million d’adolescents de 48 Etats. La préoccupation première relative au débat sur le cannabis médical était de savoir si la diminution des restrictions envoyait un message contradictoire aux adolescents, et rendait le cannabis plus attractif et disponible. Grâce à plusieurs études, on sait que les adolescents qui développent une habitude quotidienne de forte consommation augmentent le risque de développer des difficultés d’ordre cognitif.
Hasin DS, Wall M, Keyes KM, Cerdá M, Schulenberg J, O'Malley PM, Galea S, Pacula R, Feng T. Medical marijuana laws and adolescent marijuana use in the USA from 1991 to 2014: results from annual, repeated cross-sectional surveys. Lancet Psychiatry. 15 juin 2015. [sous presse]
New York Times du 15 juin 2015
Science/Homme: Les comptes-rendus relatifs aux bienfaits médicaux du cannabis en confirment les bénéfices pour quelques maladies
Le Journal of the American Medical Association (JAMA), à partir de deux comptes-rendus, indique l’existence de preuves modérées à fortes en faveur de l’usage du cannabis médical pour le traitement de certaines pathologies. Après avoir examiné 80 essais sélectionnés au hasard qui incluaient prés de 6 500 personnes, les chercheurs ont trouvé une confirmation modérée quant à l’usage du cannabis pour traiter les douleurs chroniques et les spasmes musculaires et les mouvements involontaires.
« Les preuves ne sont pas exprimées si clairement pour les nausées et les vomissements dus à la chimiothérapie, les désordres du sommeil, la perte de poids liée au VIH et le syndrome de Tourette, » ont conclu Penny Whiting et ses collaborateurs des University Hospitals Bristol NHS Foundation Trust, au Royaume Uni.Ce rapport été commissionné par l’Office fédéral de Santé publique Suisse. Un autre rapport établi par le Dr. Kevin Hill du McLean Hospital à Belmont (Etats-Unis) et publié dans le même journal présente des résultats similaires. Dans ce rapport, le docteur Hill insiste sur les bienfaits du cannabis pour les personnes présentant des douleurs chroniques ou neuropathiques et des problèmes musculaires dus à la sclérose en plaques.
Hill KP. Medical Marijuana for Treatment of Chronic Pain and Other Medical and Psychiatric Problems: A Clinical Review. JAMA 2015;313(24):2474-83.
Whiting PF, Wolff RF, Deshpande S, Di Nisio M, Duffy S, Hernandez AV, Keurentjes JC, Lang S, Misso K, Ryder S, Schmidlkofer S, Westwood M, Kleijnen J. Cannabinoids for Medical Use: A Systematic Review and Meta-analysis. JAMA 2015;313(24):2456-73.
Reuters du 23 juin 2015
En bref
Canada: Vancouver régule les dispensaires de cannabis
Le conseil municipal de la ville de Vancouver a voté afin de réguler et permettre une centaine (environ) de lieux de revente de cannabis dans la ville. Vancouver devient la première ville au Canada à procéder ainsi, et s’attire les foudres de Rona Ambrose, ministre de la Santé.
CBC News du 25 juin 2015
Etats-Unis: La Haute Cour du Colorado a jugé que les employés peuvent être renvoyés en cas d’utilisation médicale de cannabis
Le 15 juin, la Cour Suprême a jugé que les entreprises pouvaient renvoyer leurs employés pour usage médical de cannabis, en dehors des heures de travail. Cet usage médical du cannabis est autorisé par les lois de l’Etat, mais reste proscrit par le gouvernement fédéral.
Reuters du 15 juin 2015
Etats-Unis: L’administration d’Obama a rendu plus aisée la recherche médicale sur le cannabis
Un obstacle bureaucratique de longue date à la recherche médicale privée sur le cannabis a été supprimé, et ce de manière immédiate : le gouvernement a supprimé la nécessité pour les chercheurs de soumettre une proposition à un bureau de Santé publique afin d’examiner la validité scientifique et le respect de l’éthique. Les chercheurs doivent maintenant soumettre leur projet seulement à la FDA (Food and Drug Administration).
Washington Post du 22 juin 2015
Science/Homme: Pour les consommateurs habituels, il est possible de détecter le cannabis
dans le plasma du sang plusieurs jours après la dernière consommation
Dans une étude incluant 28 fumeurs de cannabis habituels, qui arrêtent la consommation, la concentration de THC dans le plasma était de 2 ng/ml pour 16 des participants, deux jours après le moment de la dernière consommation. Le THC-COOHétait présent dans 3 des 5 échantillons sanguins 30 jours après la date de la dernière consommation, et la concentration moyenne du THC mesurée de 0.3 ng/ml dans cinq des échantillons.
National Institute on Drug Abuse, Baltimore, USA.
Karschner EL, et al. Drug Test Anal. 11 juin 2015. [sous presse]
Science/Cellules: Le CBD produit une élasticité des artères
On s’est intéressé aux effets du CBD sur les cellules endothéliales des artères de l’Homme. A partir de leur recherche, les auteurs ont conclu que « cette étude montre pour la première fois que le CBD produit une vasodilatation des artères mésentériques via l’activation des récepteurs vanilloïdes et des récepteurs CB1.
School of Medicine, University of Nottingham, Grande Bretagne.
Stanley CP, et al. Cardiovasc Res. 19 juin 2015. [sous presse]
Science/Animal: Le CBD pourrait être bénéfique en cas d’attaque cardiaque
On provoque des infarctus du myocarde sévères sur des lapins et on s’intéresse aux effets des doses intraveineuses de CBD de 0,1 mg/kg du poids du corps. Les auteurs ont conclu que la thérapie à base de CBD a réduit la taille de l’infarctus et a facilité la restauration des fonctions du cœur. Le CBD présenterait donc une utilité thérapeutique potentielle.
University Hospital Gasthuisberg, Leuven, Belgique.
Feng Y, et al. J Cardiovasc Pharmacol. 9 juin 2015. [sous presse]
Science/Cellules: Le CBD et le THC réduisent la viabilité des cellules myélomateuses
OWC Pharmaceutical Research est une entreprise israélienne qui a annoncé que, différentes combinaisons de THC et de CBD ont fait décroitre la survie des cellules d’un myélome multiple en fonction de la concentration. Le myélome multiple est un cancer des cellules du plasma, une sorte de cellules blanches du sang. Jusqu’à 60% des cellules malignes meurent. Les combinaisons de THC et de CBD, en différentes proportions, sont plus efficaces que le CBD et le THC pris séparément.
PR Newswire du 17 juin 2015
Science/Animal: Le CBD pourrait provoquer des pertes de mémoire, et la caféine pourrait réduire cet effet
Pour le poisson-zèbre, il a été montré que le CBD réduisait la mémoire et l’anxiété. Un prétraitement de longue durée avec de la caféine a réduit cette perte de mémoire. Les auteurs ont écrit que ces résultats indiquent que les poisson-zèbres répondent aux propriétés anxiolytiques du CBD, comme d’autres modèles animaux, et que des doses importantes modifient le maintien de la mémoire.
Pontifícia Universidade Católica do Rio Grande do Sul, Porto Alegre, Brésil.
Nazario LR et al. Pharmacol Biochem Behav. 2015;135:210-216.
Science/Homme: Un relevé positif au THC des cheveux peut provenir d’une exposition externe
Dans une étude incluant 10 participants qui ont roulé des cigarettes de cannabis pendant cinq jours consécutifs, mais qui n’en ont pas consommé, il a été possible de détecter du THC et du THCA dans les échantillons de cheveux de tous les participants. Les auteurs ont écrit que « ces résultats sont d’un intérêt tout spécial pour l’interprétation des résultats positifs au THC des cheveux des enfants ou des partenaires des consommateurs de cannabis, car un tel transfert peut se produire à cause d’un contact physique proche. »
Institute of Forensic Medicine, Forensic Toxicology, Medical Center - University of Freiburg, Allemagne.
Moosmann B, et al. Drug Test Anal. 21 juin 2015. [sous presse]
Science: Neuf nouveaux cannabinoïdes ont été détectés dans un cannabis puissant
Neuf nouveaux cannabinoïdes ont été isolés dans une variété de cannabis puissant. Leurs composés que l’on trouvait en faible concentration incluent quatre hexahydrocannabinols, quatre tétrahydrocannabinols, et un cannabinol hydroxylé.
National Center for Natural Products Research, The University of Mississippi, USA.
Ahmed SA, et al. Phytochemistry. 17 juin 2015 ;117:194-199.
Science/Animal: Une présence importante de récepteurs CB2 pourrait être un marqueur d’une inflammation cérébrale au début de la maladie d’Alzheimer
Dans le modèle animal (souris) de la maladie d’Alzheimer, les récepteurs CB2 ont été observés, et tout particulièrement les plaques amyloïdes. Les auteurs ont écrit que leur étude indique qu’un
radiotraceur pourrait être utilisé comme biomarqueur de la neuroinflammation dans les premiers stages précliniques de la maladie d’Alzheimer, quand aucune perte neuronale significative ne s’est encore développée. »
Department of Pathology, The Johns Hopkins University School of Medicine, Baltimore, USA.
Savonenko AV, et al. PLoS One 2015;10(6):e0129618.
Science: Le stress influence les niveaux endocannabinoïdes
Un rapport sur les effets du stress sur le système endocannabinoïde a montré que le stress entraine différents changements dans les deux endocannabinoïdes, anandamide (AEA) et 2-arachidonoyl glycérol (2-AG). L’exposition au stress réduit les niveaux d’AEA et augmente ceux de 2-AG. De plus, dans presque toutes les parties du cerveau examinées, l’exposition à un stress chronique provoque une régulation à la baisse ou une perte des récepteurs CB1.
Hotchkiss Brain Institute, University of Calgary, Canada.
Morena M, et al. Neuropsychopharmacology. 12 juin 2015 [sous presse]
Science/Cellules: L’activation des récepteurs CB1 et A1 produisent une neuroprotection supplémentaire contre le glutamate
Suite à une blessure, le neurotransmetteur glutamate produit une lésion nerveuse dans le cerveau. Une nouvelle étude montre que les deux récepteurs, CB1 et A1, produisent une neuroprotection additive cumulative contre la toxicité induite du glutamate des cellules nerveuses de l’hippocampe (une partie du cerveau).
CICS-UBI - Health Sciences Research Center, University of Beira Interior, Covilhã, Portugal.
Serpa A, et al. Neurochem Int. 9 juin 2015. [sous presse]
Aux Etats-Unis, 23 Etats ont légalisé différentes formes de consommation de marijuana. La Californie a été le premier Etat à autoriser le cannabis médical en 1996. Un héritage que l’université du "business cannabis", l’Oaksterdam University, tend à développer par l’éducation.
Le cours de Sandy Moriarty est complet en ce samedi après-midi. C’est le week-end et pourtant des étudiants de tous les horizons et de tout âge sont installés dans la salle de cours, concentrés et attentifs. La plupart d’entre eux arbore des sweat shirts sur lequel on peut lire « Oaksterdam University ». Dans un coin de la pièce, quelque plants de cannabis sont installés sous une petite serre à la lumière noire. Une odeur de marijuana, de beurre et de bacon embaume la salle de classe. Sandy Moriaty, dit "Aunt Sandy" (tante Sandy), donne en effet un cours de cuisine.
Dans une ambiance très décontractée, élèves et professeur échangent sur la façon de cuisiner le cannabis à des fins médicales.
L’université d’Oaksterdam, est la première l’école américaine du "cannabis business". Fondée en 2007 sur le jeu de mots Oakland et Amsterdam, l’université est spécialisée dans la formation dans l’industrie du cannabis. De la plantation au commerce en passant par la préparation de plats innovants, l’école a pour mission de briser les préjugés concernant la marijuana. Elle a aussi pour objectif de continuer à participer à la réforme de la politique des drogues par l’éducation de ses élèves. Son programme tend à former des experts pour une expansion de l’industrie du cannabis en créant des leaders de l’industrie.
Livre de cuisine
Aunt Sandy est un peu la super-star de la faculté. Professeur depuis l’ouverture en 2007, elle est ravie d’éduquer ses élèves et de partager ses recettes allant de l’entrée au dessert. Dans son cours, elle explique comment personnaliser des plats avec le bon dosage adapté aux besoins du consommateur. Son livre Aunt Sandy’s Medical Marijuana Cookbook est le premier livre de cuisine de cannabis qui s’intéresse à la santé et aux besoins alimentaires spéciaux de malades, comme les diabétiques par exemple. Passionnée par les vertus médicinales de la plante, tante Sandy est enthousiaste quand elle revient sur la loi 215 adoptée en 1996 et légalisant la consommation du cannabis à des fins médicales. "Vous savez, je n’ai jamais fumé pour le fun. Grâce à la loi 215 qui a été signée à San Francisco, nous pouvons utiliser la marijuana comme traitement".
A l’université, la consommation est évidemment interdite, mais les professeurs ont le droit d’enseigner en utilisant la plante. Une plante qu’ils font pousser au sein même de l’établissement. Le proviseur Dr. Aseem Sappal explique : "L’université n’est pas surveillée comme un dispensaire de marijuana médicale pourrait l’être. Nous sommes autorisés à enseigner et nous sommes protégés par le 1er amendement (sur la liberté d’expression, NDLR). La seule chose que nous dispensons est l’éducation. Nous avons une relation fantastique avec la ville d’Oakland et le Service de police d’Oakland (OPD)".
Du sérieux et du professionnalisme
Plus qu’une faculté, c’est en quelque sorte une communauté de militants qui servent la cause du cannabis. D’ailleurs, l’université a été partisane de la "Measure Z" adoptée en 2004 qui soutient la fiscalité et la réglementation de la vente de cannabis chez les adultes. Dr. Aseem Sappal, le proviseur et professeur de commerce et d’éducation civique, dit qu’il est important de promouvoir l’éducation. "A partir de l’application de la loi, tout le monde, les entrepreneurs, les médecins, les avocats et les diplômés des universités seront intéressés à en apprendre davantage, donc, il y aura toujours un besoin d’éduquer le public.
Pas seulement en Californie, mais à l’échelle nationale, la nécessité de l’éducation ne fera qu’augmenter".
Le marché du cannabis est en effet en plein expansion. Selon une étude du See Change Strategy, la marijuana aurait rapporté 1,7 milliards de dollars aux Etats-Unis en 2011. D’ici deux ans, le marché du cannabis thérapeutique pourrait atteindre les 9 milliards de dollars d’après Arcview, une plateforme d’investissement et d’information sur l’industrie du cannabis. Mais pour l’Oaksterdam University, l’éducation prime : "Nous croyons et nous appuyons l’éducation autant que possible. Il est important que les élèves apprennent à partir d’une institution crédible et motivée par le changement et non le gain financier", déclare Dr. Aseem Sappal.
Une université internationale
De renommée internationale, l’Oaksterdam University accueille chaque année des élèves venant de tous les Etat-Unis, mais aussi d’Europe. Depuis 2007, environ 20.000 étudiants ont été diplômés de cette université hors du commun. Et le nombre d’étudiants ne cesse d’augmenter chaque année. "Nos classes sont généralement bookées deux mois à l’avance. Cette année, presque tous nos cours ont été réservés", nous dit le proviseur.
Moustafa d’origine turc, vit aux Etats-Unis depuis plus de vingt ans. Il est étudiant et bénévole à l’Oaksterdam University. Selon lui, la plante est la réponse à certains maux qu’ils soient du domaine de la santé ou de l’économie. "Je crois en la plante, je pense que ça peut aider beaucoup de personnes. Et puis c’est aussi un bon business. En Californie par exemple, la marijuana est une des sources de revenus de beaucoup de contés".
Pour Edouard, belge, et Yannick, français, l’Oacksterdam University est une porte ouverte à beaucoup d’opportunités et à une carrière professionnelle de taille. "Il n’y a pas d’université comme celle-ci en Europe. Alors j’ai fait mes valises et je suis venu voir ce que ça donnait. J’aime le professionnalisme et l’ouverture d’esprit qu’il y a ici" nous confie alors Edouard. Yannick quant à lui met un point d’honneur à l’éducation: "Il faut se former et éduquer les gens plutôt que de continuer à mettre des personnes en prison".
Et en Europe?
Ces deux étudiants européens sont d’accord pour dire que le "business cannabis" va s’étendre un peu plus au niveau des Etats-Unis où de plus en plus d’Etats légalisent la consommation de marijuana à des fins récréatives. "En France le marché, il est là. C’est un marché noir pour le moment mais il faut qu’il soit géré et organisé par l’Etat. Donc autant légaliser" déclare alors Yannick lorsque l’on parle de l’avenir. Une fois diplômés, leur projet est de s’orienter vers le côté médicinal et de changer le mode de consommation en créant de nouvelles recettes comme la sucette au cannabis par exemple.
Éduquer et promouvoir les vertus de cet or vert, tels sont les enjeux de l’Oaksterdam University. La création de formation de ce type est aussi une façon de changer l’image du cannabis qui ne se fume pas uniquement et qui n’est pas réservé qu’aux criminels.
La chambre des députés chilienne a approuvé mardi un projet de loi visant à dépénaliser la culture de cannabis à usage personnel ou à des fins thérapeutiques, un texte qui devra passer en commissions, avant d'être transmis au Sénat.Après un intense débat, l'initiative a été adoptée par 68 votes pour, 39 contre et cinq abstentions.
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"Alors que le pays a échoué à contrôler la consommation d'alcool chez les mineurs, assurer que, maintenant, nous serons en mesure de contrôler leur consommation et leur dépendance à la marijuana, c'est franchement agir avec une grande naïveté", a critiqué un député du centre-droit de Renovacion Nacional, Nicolas Monckeberg.
Une députée communiste, Camila Vallejo, a au contraire défendu le projet. "Comment nier que lorsque les jeunes consomment de la marijuana sans pouvoir la cultiver, ils doivent recourir au micro-trafic pour l'acheter?", a-t-elle lancé, estimant que ce trafic ouvre la voie à d'autres drogues plus dures comme la cocaïne et ses dérivés. Selon le projet de loi, les cultivateurs de cannabis doivent être âgés de plus de 18 ans. Mais en cas d'usage thérapeutique pour des mineurs, il sera possible d'obtenir le produit sur prescription médicale.
L'interdiction de fumer la marijuana sur la voie ou dans les lieux publics ouverts est maintenue, tandis que le projet de loi fixe la quantité maximale pouvant être détenue pour usage personnel à 10 grammes par personne et 500 grammes par foyer. Au Chili, la marijuana est encore considérée comme une drogue dure par la législation. Si la loi est adoptée, elle intégrera la liste des drogues douces comme l'alcool.
Plusieurs états des Etats-Unis ont déjà légalisé la marijuana à des fins médicinales, tandis que l'Uruguay est devenu en décembre 2013 le premier pays au monde à légaliser la culture et, à terme, la vente de marijuana sous le contrôle de l'Etat.
La mode des box se porte plutôt bien. Elle se décline même à l’infini : aux États-Unis, il est désormais possible de souscrire à une box qui vous livrera chaque mois un petit stock de weed.
Des rasoirs, des produits de beauté, des sous-vêtements, et maintenant, de l’herbe ! Reprenant le système d’abonnement mensuel si cher aux box, la Potbox se réclame comme la première de sa catégorie à vous fournir de la weed à chaque début de mois, dans votre boîte aux lettres. Et pas n’importe laquelle : il est ici question d’herbe de qualité.
Mais attention : le service, pour le moment réservé à l’état de Californie, se destine uniquement à ceux autorisés à utiliser la marijuana à des fins médicinales. A terme, la Potbox pourrait envahir les états où est autorisée la consommation de cannabis à des fins récréatives. En attendant, il faudra débourser 149,95 dollars pour cette box, contenant deux fois 7g de weed, et deux joints déjà roulés.
Avec la possible légalisation du cannabis et l’éventuelle ouverture de « salles de shoot » où la consommation de stupéfiants serait encadrée, la question de la drogue semble de plus en plus ouverte. Pourtant en France, une série de tabous continue de freiner le débat et ruine ses chances d’être mené sans préjugés hâtifs. L’ouvrage à plusieurs voix, publié sous la codirection du sociologue Henri Bergeron et du juriste Renaud Colson, propose de libérer la parole sur ce sujet diabolisé.
Analyses et statistiques à l’appui, l’essai souligne l’échec des politiques de prohibition qui n’ont jamais réussi à enrayer le phénomène de consommation de stupéfiants et qui ont même contribué à son expansion. La dépénalisation progressive serait donc la solution face à ce problème. Alors que les autorités françaises renâclent à se pencher sur cette question, la France est l’un des pays où la consommation de cannabis chez les jeunes est la plus élevée. Face à ce constat, persister dans la répression judiciarisée s’avère irresponsable selon les auteurs.
De même, si la majorité des associations professionnelles s’accordent sur la nécessité de canaliser la consommation de drogues dites dures dans des salles prévues à cet effet, ce projet, né en France en 2009, connaît de nombreuses résistances aussi bien au niveau étatique que local. Malgré la controverse et les interrogations suscitées par l’ouverture de salle de consommation que chaque citoyen est en droit de se poser, ce projet atteste néanmoins de l’actualité du débat et de la réponse tardive des autorités publiques.
Le statut légal des dispositifs
Enfin, la répression de la toxicomanie au nom du principe de santé publique semble être en contradiction avec le principe de liberté individuelle. Interdire la consommation de drogue revient à décider pour le toxicomane de ce que doit être son bonheur. Or, aucune argumentation rationnelle n’a jamais réussi à imposer une meilleure façon de vivre sa vie !
Plusieurs questions restent cependant en suspens, comme le statut légal des dispositifs qui permettraient de sécuriser la consommation de stupéfiants : légaliser la production et la distribution de stupéfiants n’est pas une entreprise aisée. Alors comment contrôler cette distribution ? En outre, autoriser une consommation contrôlée de ces substances implique la mise en place d’un système de distribution sécurisé. Or tout cela implique de réviser des lois et de modifier ainsi le code pénal.
La partition de l’ouvrage en courts essais lui donne du rythme et propose une réflexion stimulante. Les auteurs attendent du lecteur qu’il ne cloisonne pas le débat et relativise sa position sur la drogue et ceux qui la consomment. Ce bon sens conduit même les plus sceptiques d’entre nous à revoir le bien-fondé du manichéisme : au-delà d’un oui ou d’un non catégorique, il existe un espace de compromis. Aussi, l’ouvrage réactive le principe de liberté individuelle, souvent oublié au profit d’une volonté de protection des citoyens, ce qui ne manquera pas de laisser le lecteur pensif.
Les drogues face au droit, Henri Bergeron et Renaud Colson, PUF, Laviedesidées.fr, 111 pages, 9 euros