Légalisons enfin le cannabis!
Guillaume Saouli, co-président du Parti pirate suisse, candidat au Conseil national
Nous vivons une fuite en avant dans le tout sécuritaire. La volonté de surveiller assidûment chaque habitant n’est plus une simple option politique, mais une réalité. L’heure est venue de tirer un bilan, de se poser les questions qui dérangent et notamment à propos de la politique menée dans le domaine des stupéfiants.
Le 6 août, le Parti pirate suisse (PPS) a lancé une pétition demandant aux Chambres fédérales la légalisation du cannabis et de ses dérivés. Guillaume Saouli, co-président du Parti pirate suisse, candidat au Conseil national défend le projet. (Image: DR)
Le cannabis n’est pas seulement un enjeu de santé publique, il est aujourd’hui au cœur d’une problématique géopolitique complexe, dont les impacts sur notre société ne doivent plus être occultés, en se berçant de l’illusions – largement démenties par les faits – qu’une politique prohibitionniste réglera les manifestations symptomatiques de l’usage de cette drogue. Avec un chiffre d’affaires de presque un demi-milliard de francs, le marché noir du cannabis en Suisse n’a rien à envier à ceux des alcools. Par comparaison, les brasseurs ont, quant à eux, réalisé tout juste 1 milliard de chiffre d’affaires en 2013.
Une grande part du bénéfice de ce commerce illégal sort du pays, et par diverses filières, se retrouve dans les poches d’organisations criminelles, mafieuses voire terroristes, permettant à ces dernières de financer des conflits meurtriers, qui arrachent des populations entières à leurs terres et les jettent sur les routes de l’exil.
La Suisse est confrontée aux problématiques de la sécurité urbaine, des flux migratoires, de la toxico-dépendance, mais la seule réponse envisagée jusqu’ici est un durcissement de la démarche sécuritaire, dont les échecs sont pourtant patents. Voulons-nous financer le terrorisme? Voulons-nous contribuer à augmenter les flux migratoires? Voulons-nous laisser nos adolescents exposés à des produits nocifs? Voulons-nous continuer à brader nos droits fondamentaux pour des politiques sécuritaires inefficaces?
Voulons-nous laisser nos adolescents exposés à des produits nocifs?"
Non? Alors il faut traiter le mal à la racine! Légalisons le cannabis, de façon à ce que l’État puisse pleinement jouer son rôle régulateur, et que les organismes de santé publique ne soient plus contraints de mener des actions de prévention dans une semi-clandestinité pour atteindre les consommateurs. Prendre en main le marché du cannabis, c’est éliminer une grande partie du deal de rue et permettre la réaffectation d’une partie conséquente des effectifs de police vers des missions réellement efficaces. C’est aussi permettre la mise en place d’une protection efficace de notre jeunesse, et non plus la laisser dans une zone grise, où elle est livrée à elle-même et confrontée à des acteurs mafieux.
La politique ce n’est pas appliquer des dogmes, ni réciter des mantras. C’est regarder les problèmes dans leur globalité et les aborder frontalement.
Une pétition au message affligeant
Céline Amaudruz, conseillère nationale, présidente UDC Genève
Nous avons tous des projets d’avenir sur le plan personnel, familial ou professionnel. Il est bien triste de constater que certains ont fait de la libéralisation d’une drogue leur projet d’avenir. Peut-être, faute du recul nécessaire, n’ont-ils pas à l’esprit les ravages causés par la consommation de drogues? A moins que ce funeste projet ait émergé entre deux joints? A en croire les partisans de la légalisation du cannabis, la consommation de cette substance psychotrope serait entrée dans les mœurs. On tente de nous persuader que l’on fumerait un joint comme l’on s’offrirait une friandise.
Céline Amaudruz, conseillère nationale UDC et présidente du parti à Genève. (Image: Sieber Archives)
Pour minimiser les conséquences résultant de la consommation de cette drogue, des distinctions sont opérées entre les drogues «dures» et les autres drogues qualifiées arbitrairement de «drogues douces». Une distinction inacceptable pour de nombreux professionnels de la santé. Un article paru dans la "Revue médicale suisse" du 2 avril 2014 estimait que le cannabis ne doit plus être considéré comme une drogue douce, tout en relevant que la consommation de cannabis entraîne des troubles de l’attention, de la mémoire et des fonctions exécutives. Le mythe d’une drogue «sans dangers, sans conséquences» s’estompe de jour en jour.
"Le risque que des adultes cèdent du cannabis légal à des adolescents n’est pas à négliger"
Légaliser le cannabis à des fins récréatives enverrait un mauvais signal, notamment aux jeunes, et renforcerait la perception erronée selon laquelle la substance ne serait pas une drogue, puisqu’elle serait légalement vendue aux adultes. Le risque que des adultes cèdent du cannabis légal à des adolescents n’est pas à négliger, à un âge où le cerveau de ces derniers est en pleine évolution. Par ailleurs, des études ont démontré l’effet porte d’entrée du cannabis vers d’autres drogues comme les opiacés notamment.
Aujourd’hui, le suivi des personnes toxico-dépendantes se fait sans que cela implique de légaliser l’usage du cannabis. La maîtrise de la criminalité passe par la réintroduction des contrôles frontaliers et l’expulsion des criminels étrangers, pas par la légalisation d’une substance addictive. Une légalisation engendrerait plus de problèmes qu’elle en résoudrait. Le Colorado a légalisé la vente de marijuana. Sa police et ses hôpitaux doivent désormais composer avec un afflux d’empoisonnements, y compris chez les enfants. Il y a une hausse des délits liés à la consommation du cannabis, de même qu’une hausse des conducteurs de véhicules arrêtés sous influence de la drogue. Les Pays-Bas, avec leur expérience des dégâts sociaux du cannabis et suite aux problèmes générés par les coffee-shops, ont décidé en 2011 d’en réduire drastiquement le nombre.
On ne peut que déplorer le message affligeant envoyé par cette pétition.
Avec la marque « Ganja Farm », Pilar Sánchez produit des médicaments qui ont soulagé les douleurs de plus de 400 patients atteints de sclérose et de diabète.
Tout bien considéré -et malgré le fait que sa création ait nécessité plus de 40 millions de pesos, l'aspect rustique du laboratoire de Ganja Farm est une allégorie du stade expérimental dans lequel se trouve l'usage médicinal de la marijuana en Colombie.
Et bien que la loi 30 de 1986 autorise à cultiver jusqu'à 19 plantes à des fins médicinales, presque 30 ans après son abrogation il n'existe toujours pas de règles claires qui indiquent comment mettre ce principe en pratique.
Au milieu de l'an dernier, le sénateur Juan Manuel Galán a présenté au Congrès un projet de loi ayant pour objectif de créer des méthodes, afin de réguler la production et la commercialisation de produits à base de marijuana à des fins médicinales et thérapeutiques.
La démarche s'est toutefois retrouvée reléguée au second plan des débats, et les entreprises comme Ganja Farm doivent toujours faire face à de nombreux obstacles pour pouvoir travailler normalement.
« Bien que nous ayons un certificat de la Chambre de Commerce, nous n'avons toujours pas pu nous inscrire au registre de l'Invima (Ndt : Institut de Veille Sanitaire colombien) car ils n'ont même pas encore envisagé que l'on puisse produire ce type de médicaments », nous explique Pilar.
Pourtant, des médecins comme José Nel Carreño prescrivent à certains de leur patients des produits de chez Ganja Farm.
Carreño est un neurochirurgien spécialisé dans le traitement des douleurs chroniques, et qui accorde du temps à la recherche sur les propriétés médicinales du cannabis. Ceci l'a conduit à prescrire des huiles de marijuana à deux femmes atteintes de sclérose et de diabète, dont les douleurs étaient si fortes qu'aucun traitement conventionnel ne pouvaient les soulager.
« Bien que les douleurs n'aient pas totalement disparu, leur intensité s'est considérablement réduite depuis qu'elles ont commencé à utiliser ces médicaments », nous dit le médecin.
Le docteur Carreño reconnaît que chez Ganja Farm : on travaille très sérieusement ; que ce soit sur les aspects techniques et scientifiques relatifs aux extractions de résine, ou au niveau de la commercialisation -uniquement réservée aux patients bénéficiant d'une ordonnance et d'un suivi médical.
«En ce sens, je pense qu'ils sont sur la bonne route », affirme t’il.
Cependant, il déplore que les obstacles rencontrés pour élargir ce type de projets ne soient pas uniquement dus à l'aspect législatif, mais également à la profonde ignorance de la société vis à vis des propriétés de ce type de plantes.
« L'échec de la guerre contre le narcotrafic a eu des effets si pervers, que j'ai pu entendre des collègues dire -sur le ton de la plaisanterie- à leurs patients, souffrant de douleurs chroniques, que j'étais le Jivaro qui allait leur administrer la drogue qui allait les défoncer», nous raconte le docteur Carreño, avec une certaine indignation. Puis de conclure : « si c'est ce que pensent les gens qui sont sensés en savoir le plus sur ce sujet, alors imaginez la confusion qui règne chez les patients et les personnes à leur chevet. »
Au cœur de ce panorama, la question que beaucoup se posent est de savoir si l'ouverture concernant les usages alternatifs de plantes comme la coca ou la marijuana pourrait devenir le premier pas vers la mise en œuvre d'une politique envers les drogues qui transcenderait le prohibitionnisme dominant.
David Curtidor est le représentant légal de Coca Nasa, une entreprise qui a 18 ans d'expérience dans l'élaboration de dizaines de produits à base de feuilles de coca.
Interrogé à ce sujet, il affirme que l'industrialisation légale de ce type de plantes pourrait permettre de tirer profit d'une grande partie des presque 70 milles hectares de coca actuellement cultivées dans le pays.
“A travers notre travail, nous avons tenté d'inverser les préjugés qui se sont construits à propos de la feuille de coca, pour lui rendre sa signification ainsi que son pouvoir curatif et alimentaire », explique Curtidor.
Il croit qu'un développement du marché pour les produits dérivés de cette plante serait un levier très efficace pour combattre le narcotrafic. Curtidor est toutefois conscient que ceci ne serait pas suffisant et que des stratégies additionnelles seraient nécessaires afin d'en finir avec ce fléau.
En revanche, le chef de la police José Diaz pense qu'il est pour l'instant prématuré de parler d'alternatives à la politique antidrogue qui est en vigueur dans le pays.
Diaz, qui en tant que membre du Centre d’Études Stratégiques contre le Narcotrafic, a accompagné le processus de Ganja Farm, base son argumentation sur le fait que les graines que cette entreprise utilise sont importées des Pays Bas, ce qui signifie que la marijuana colombienne n'est pas utilisée pour produire les médicaments. Et c'est en ce sens qu'il n'est pas possible de parler d'une utilisation différente des près de 600 hectares de marijuana qui sont cultivés en Colombie.
Pilar Sanchez admet que les souches proviennent de l'extérieur mais justifie cette situation par la grande instabilité génétique qu'a causé la monoculture de marijuana à base de graines créoles. « Il y a eu tellement de mélanges et de croisements entre elles qu'il est très difficile de savoir lesquelles sont le plus appropriées pour le type de travail que nous faisons », explique-telle.
Et ceci appelle la seconde question que se pose le directeur Diaz : « a l'heure actuelle, nous avons trouvé des études sérieuse sur les souches colombiennes et leurs potentielles propriétés médicinales. Sans dénigrer les avancées que représentent des projets comme Ganja Farm, il n'en reste pas moins que cela ne représente qu'une très petite solution alternative au problème des cultures illicites. »
Cependant, cette constatation ne doit pas occulter le fait que le débat est à présent ouvert, ce qui reste un premier pas. Comme le dit le docteur Careño, « on ne peut pas prétendre régler un problème vieux de plus de 30 ans d'un coup de cuillère à pot ». Il est confiant dans le fait que tôt ou tard, la perspective va changer et qu'une nouvelle approche pour endiguer le phénomène du narcotrafic verra le jour.
D'ici-là, ses deux patientes et Marta Beatriz Torrado continueront à avoir recours à la marijuana médicinale pour soulager les intenses douleurs qu'aucune autre alternative n'arrive à apaiser.
Old Harbour, paroisse Sainte-Catherine, une bourgade poussiéreuse à une heure à l’ouest de la capitale, Kingston. Jerry et son frère Steve, deux trentenaires minces et noueux, sont des paysans sans terre. Ils louent des petits lopins aux propriétaires de la région et font pousser des fruits et des légumes qu’ils vendent sur les marchés. Ils cultivent aussi la ganja, le nom local du cannabis – une activité très répandue car la ganja est consommée par la majorité de la population, mais qui, jusqu’en avril dernier, était strictement interdite.
Jerry parle de son travail avec fierté : « Je cultive la ganja depuis que j’ai 14 ans. J’en fais cadeau à mes amis et j’en vends, elle m’aide à nourrir ma famille. » Elle l’aide aussi à prier et à communier, car c’est un rastafari : sa religion exige qu’il fume de la ganja lors de chaque cérémonie.
Le champ se trouve à l’écart du village, loin des regards, au bout d’un sentier forestier : des centaines de plantes éparpillées sur le versant ensoleillé d’une colline. Un peu plus loin, dans une ravine, les deux frères cultivent plus de cinq mille jeunes pousses, qu’ils replanteront ailleurs dans quelques semaines. Pour la prochaine récolte, ils vont se faire aider par des voisins, qu’ils paieront en nature. D’ici là, Steve va rester près du champ en permanence. Il dort à la belle étoile et cuisine sur un feu de bois dans de vieilles gamelles : « Je n’ai pas le choix. Il faut surveiller sans arrêt, pour faire fuir les voleurs, et aussi pour donner l’alerte en cas de raid de la police. L’année dernière, des policiers locaux et des Américains blancs ont fait irruption dans un champ proche d’ici. Ils ont tout brûlé et arrêté les cultivateurs. Certains sont encore en prison. »
Récemment, les deux frères ont entendu dire que leur vie allait changer, mais ils demandent à voir. En avril 2015, le gouvernement, dominé par le Parti national du peuple (centre gauche), a promulgué une « loi ganja » en rupture avec le passé répressif du pays, mais assez compliquée. Pour les citoyens ordinaires, la ganja est en partie dépénalisée : chacun peut cultiver chez soi jusqu’à cinq pieds, stocker sa récolte et la consommer à son domicile, seul ou avec son entourage. En revanche, le transport reste interdit : si on a sur soi moins de 2 onces (à peu près 56 grammes), on est passible d’une simple amende de 500 dollars jamaïcains (environ 4 euros), sans suites judiciaires. Au-delà, on risque, comme naguère, d’être inculpé de trafic de drogue.
Vertus curatives
Autre innovation révolutionnaire : la nouvelle loi fait une exception pour les rastafaris, qui auront le droit de cultiver et de transporter leur ganja sans limite de quantité, à condition de ne pas en faire commerce et de la consommer dans leurs lieux de culte. Pour les festivals ou les concerts, ils devront demander des autorisations temporaires.
Par ailleurs, le gouvernement veut favoriser la création d’une industrie de produits médicinaux à base de cannabis (pilules, huiles, inhalations, crèmes, aliments) avec l’espoir de les exporter dans les pays où ses vertus curatives sont reconnues, comme le Canada, Israël ou l’Europe du Nord… Il a créé une agence d’Etat chargée d’attribuer des licences de culture à des entreprises privées, avec un plafond d’une acre (environ 4 000 m2) par licence. En juillet, il y avait déjà de nombreux candidats, locaux et étrangers, mais l’agence n’avait pas commencé sa sélection. Seules les universités locales ont obtenu des licences, pour mener des recherches pharmacologiques.
Pourtant, des hommes d’affaires ont décidé d’aller de l’avant sans attendre. En ce matin torride, les deux frères reçoivent dans leur champ deux visiteurs venus de la ville. L’un est le directeur technique de la société jamaïcaine Medicanja, qui va produire des médicaments à base de cannabis pour diverses maladies, de l’épilepsie au glaucome. L’autre est un businessman célèbre, également responsable politique, qui a fait fortune dans les centres d’appels. Leur idée est simple : transformer a posteriori les champs illégaux de ganja récréative en champs légaux de cannabis médicinal. Les deux hommes examinent les plantes en connaisseurs, et donnent déjà des conseils, car la ganja médicale devra être cultivée selon des normes strictes.
L’entrevue a été arrangée par Rupert Walters, travailleur social à Old Harbour et président de la toute nouvelle « association des cultivateurs et producteurs de ganja ». M. Walters espère ardemment que cette industrie profitera en priorité aux cultivateurs locaux et ne sera pas confisquée par des sociétés étrangères. L’après-midi, les deux hommes d’affaires expliquent leur projet à un second groupe de cultivateurs, dans une salle communale d’Ewarton, une autre bourgade de la paroisse. Les paysans semblent intéressés et se disent capables de produire des grosses quantités. Mais le chef du groupe, un vieux rasta malicieux qui arbore sur sa poitrine un portrait du roi Hailé Sélassié, est très clair : « Nous allons demander une licence collective pour cultiver de la ganja médicale, mais pas question d’arrêter de produire notre ganja à fumer. Nous continuerons nos cultures traditionnelles dans les collines. »
Ce scénario se répète dans tout le pays. Dans la paroisse de Saint-Thomas, à l’est de Kingston, un autre paysan sans terre, Dudley, producteur de patates douces, a pris la tête d’une « association de futurs cultivateurs » regroupant déjà près de 400 paysans. Pour obtenir une licence, il s’est associé à un vieux propriétaire qui fait pousser de la ganja à fumer dans son verger, entre les bananes et les mangues, et veut se lancer dans la culture de ganja médicale dans les collines à côté de ses champs de canne à sucre. D’autres habitants de Saint-Thomas espèrent que la ganja va attirer les touristes, encore rares dans cette partie de l’île. Une amie de Dudley, qui gagne sa vie en faisant des gâteaux aux amandes, a prévu de se diversifier dans le « cannabis cookie » – aussi efficace qu’un joint, moins mauvais pour les poumons.
Dans les campagnes, la nouvelle loi est bienvenue, mais pas toujours bien comprise. Beaucoup ont du mal à saisir la nuance entre dépénalisation et légalisation, ou s’interrogent sur la pertinence des limites imposées – 5 plantes, 2 onces, 1 acre… Tous continuent à redouter la police : « Certains policiers n’arrivent pas à accepter la nouvelle situation, affirme Rupert Walters, surtout face aux rastafaris et aux jeunes des quartiers pauvres. Avant de s’avouer vaincus, ils pourraient lancer des actions brutales. »
A Kingston, les responsables politiques assurent que ces problèmes sont transitoires. En ce jour d’été orageux, Mark Golding, ministre de la justice, a invité deux artistes de la communauté rastafarie dans son bureau, pour discuter de la mise en place de la « légalisation religieuse » : « La loi met fin à une oppression injustifiable, affirme le ministre. Il était anormal de traiter les rastas comme des criminels, alors que la ganja fait partie intégrante de la culture populaire. Ils vont enfin devenir des citoyens à part entière. » Le ministère va établir une liste des habitations communautaires et des lieux de culte où la culture et le stockage seront autorisés.
Par ailleurs, le ministre affirme que la nouvelle loi a déjà désengorgé les tribunaux et les prisons : « Auparavant, la police arrêtait près de 15 000 personnes par an pour possession de ganja, surtout des hommes jeunes et pauvres. Cela représentait entre 40 % et 50 % de toutes les arrestations. Ces garçons étaient envoyés en détention pour un an et demi. Ensuite, leur vie durant, ils traînent un casier judiciaire qui les empêche de décrocher un travail ou d’obtenir un visa pour aller à l’étranger. Cette folie a cessé. »
Discours très permissif
De son côté, le ministre de la sécurité nationale, Peter Bunting, tient un discours très permissif : « J’ai donné des instructions pour que la police ne fasse pas de zèle, qu’elle n’aille pas compter le nombre de plantes dans les jardins ni peser les réserves dans les armoires. Par ailleurs, les tickets de contravention pour transport de moins de 2 onces n’ont pas été imprimés. Les policiers ne peuvent pas verbaliser. » Erreur bureaucratique ou décision délibérée ? « Disons, explique le ministre en souriant, que la fabrication de ces tickets n’est pas une priorité pour mon ministère. »
Selon lui, la loi de 2015 est une première étape avant la légalisation complète, soutenue par la majorité de la classe politique jamaïcaine, de droite comme de gauche. Alors pourquoi s’être contenté d’une demi-mesure ?
Comme tous les Jamaïcains, Peter Bunting répond avec fatalisme que la solution ne se trouve pas en Jamaïque. Depuis des décennies, les Etats-Unis font pression sur les pays des Caraïbes pour les empêcher de légaliser le cannabis et surveillent les polices locales pour s’assurer qu’elles restent mobilisées dans la « guerre contre la drogue » décrétée par Washington : « Nous sommes un petit pays, pauvre et vulnérable, nous avons besoin de l’aide et des prêts octroyés par les Etats-Unis. Nous ne pouvons pas leur tenir tête. » Cela dit, il sait que le temps travaille pour la Jamaïque. Depuis 2012, cinq Etats des Etats-Unis ont légalisé le cannabis et d’autres s’apprêtent à le faire : « Le gouvernement fédéral est devenu schizophrène, mais tôt ou tard, cela devra cesser. » A noter que, dans cette affaire, les Américains sont des deux côtés de la barrière : des militants pro-cannabis, des pharmacologues et des médecins américains viennent aider les Jamaïcains à monter leur industrie de cannabis médicinal. Côté récréatif, une société financière de Seattle a passé un contrat avec les héritiers de Bob Marley pour la commercialisation internationale d’une variété locale de ganja, sous la marque « Marley Natural ».
A court terme, il faudra ruser. Le ministre Peter Bunting souhaite le développement du « tourisme ganja » légal. Il s’agira de jouer sur l’effacement progressif de la distinction entre « récréatif » et « thérapeutique » – l’idée étant que les gens bien portants peuvent aussi profiter des bienfaits apportés par la plante. Il a tout prévu : « A leur arrivée à l’aéroport, les étrangers pourront acheter, pour quelques dollars, un permis de consommer. S’ils sont malades et s’ils viennent d’un pays où le cannabis est reconnu comme médicament, ils présenteront une ordonnance de leur médecin. Sinon, une déclaration sur l’honneur suffira. » Munis de leur permis, les touristes iront acheter la ganja dans des boutiques spécialisées, ou directement chez les cultivateurs comme Jerry, Steve et les autres. Les Jamaïcains comptent en priorité sur les touristes américains.
Des liens avec la communauté noire américaine
Les liens entre les militants des droits de l’homme jamaïcains et la communauté noire américaine ont joué un rôle important dans le passage de la « loi ganja ». L’un des leaders de la communauté rastafarie de Kingston, Michael Lorne, est un avocat célèbre, dont le cabinet, installé dans un quartier pauvre du centre-ville, est aussi une librairie militante de la cause des Noirs et un atelier d’imprimerie. Il représente la famille de Mario Deane, un ouvrier du bâtiment de 31 ans, arrêté le 3 août 2014 par la police, qui avait trouvé un joint dans son sac de sport. Au commissariat, l’homme est tué dans des circonstances non élucidées. Aussitôt, sa mort provoque une vague de protestations dans le pays : Mario Deane n’était pas un voyou, juste un fumeur occasionnel, comme la majorité des hommes dans le pays.
Quelques jours plus tard, Michael Brown, un Noir de 18 ans, est tué par la police à Ferguson, dans le Missouri, aux Etats-Unis. Les Jamaïcains, qui regardent la télévision américaine plus que leurs chaînes nationales, font le lien entre les deux affaires, et la contestation s’amplifie. Michael Lorne décide alors d’exploiter la situation :
« Pour m’aider dans l’affaire Mario Deane, j’ai fait appel au cabinet d’avocats américain Parks & Crump, qui représente la famille de Michael Brown, et aussi celle de Trayvon Martin », un Noir de 17 ans noir tué par un vigile blanc en Floride en 2012. « Pour l’autopsie de Mario Deane, nous avons fait venir le médecin légiste qui avait fait celle de Michael Brown à Ferguson. Il a accepté de travailler gratuitement, nous lui avons juste payé le voyage. » Selon M. Lorne, le scandale de la mort de Mario Deane et la campagne médiatique déclenchée par la présence des Américains auraient incité des politiciens hésitants à soutenir la loi de dépénalisation.
Le National Cancer Institute vient d’annoncer que la consommation de cannabis détruirait les cellules cancéreuses. High five Bro !
Par Edouard Lamort21/08/15
Photo@DR
Dealer avec son médecin, c’est possible aux Etats-Unis. Le gouvernement américain, vient de reconnaître sur le site internet du National Cancer Institute que le cannabis prodiguait des bienfaits thérapeutiques pour les patients atteints d’un cancer.
Appartenant au ministère de la santé US, l’institut établit que l’utilisation d’herbe permettrait de détruire les cellules cancéreuses et ainsi stopper la propagation de la maladie dans l’organisme. Cette déclaration rappelle également que les produits stupéfiants à base de résine de cannabis possèdent des propriétés anti-inflammatoires, redonneraient l’appétit et soulageraient les spasmes musculaires. Une véritable ordonnance naturelle en somme.
Prévoyant, le site précise également les différents moyens d’ingérer la drogue. Classiquement, le joint arrive en première position. Il est suivi par les spaces cake, les infusions et enfin un spray que le malade doit appliquer sous sa langue. Cette annonce renforce la démocratisation de l’usage du cannabis aux Etats-Unis. Utilisé à des fins médicales, l’herbe verte a été légalisée dans vingt-quatre états dont notamment le Colorado, véritable pionnier, qui légalisa pour la première fois la weed, le 1er janvier 2014.
Coincé entre l'Argentine et le Brésil, l'Uruguay devenait fin 2013 le premier pays à légaliser l'usage récréatif du cannabis. toujours interdit à la vente en pharmacie, un marché de niche est cependant apparu : la culture chez les particuliers.
En Uruguay, la marijuana a le vente en poupe. Les ouvriers travaillent d'arrache-pied pour ouvrir au plus vite la boutique "Ton jardin" sur une artère commerçante de la capitale Montevideo : cette échoppe est la dernière-née de la vingtaine de commerces consacrés à la culture du cannabis qui ont éclos dans la capitale uruguayenne depuis 18 mois.
Avec la légalisation de la production du cannabis, et à terme de la vente, votée en décembre 2013, l'ancien président José Mujica a semé la graine d'un marché aujourd'hui en pleine croissance, aux mains de jeunes entrepreneurs pour qui la marijuana est un mode de vie.
>> À voir sur France 24 : "L'héritage du président Mujica en Uruguay"
"Nous savons que cela débute à peine et il y a de la place pour tout le monde", assure Marcelo Cabrera, 34 ans, l'un des associés de cette petite entreprise, née en 2012 sur internet. M. Cabrera, comme les autres propriétaires de "grow shops" (les "boutiques de la pousse") du premier pays au monde à légaliser la culture de cannabis à usage récréatif et médicinal, se refuse à communiquer son chiffre d'affaires ou ses bénéfices. "Tout se fait petit à petit, avec beaucoup d'efforts, parce que les marges sont faibles", concède-t-il seulement.
Herbe de l'année
"Les affaires ont augmenté. Les touristes cherchent des souvenirs et les locaux, tout ce dont ils ont besoin pour cultiver et fumer", renchérit Enrique Tubino, 29 ans, l'un des frères fondateurs de Yuyo Brothers, boutique pionnière dans l'utilisation de la feuille de cannabis pour son logo, ouverte en 2002.
Graines, substrat, engrais, éclairage... "Avec la légalisation, nous sommes devenus agriculteurs, et maintenant, on achète même des microscopes !", plaisante un humoriste lors de la Copa Cannabis, un concours récompensant la meilleure herbe de l'année. Pour sa quatrième édition en Uruguay la compétition a réuni le 19 juillet 1 200 participants, selon les organisateurs.
Si des sites, des boutiques, ou des concours existaient dans ce petit pays d'Amérique du Sud avant cette loi, c'est que la détention et la consommation de drogues étaient déjà autorisées. On cultivait, donc, mais illégalement.
Le texte autorise désormais la culture privée ou en club, dans la limite de 40 grammes par mois et par foyer. À terme, la production et la vente en pharmacie sous autorité de l'État sont également prévues. Le tout réservé aux résidents uruguayens.
Les industriels en embuscade
L'Association d'études sur le cannabis (AECU) estime que l'Uruguay, pays de 3,3 millions d'habitants, compte 20 000 autocultivateurs et une quinzaine de "clubs cannabiques" (qui réunissent un maximum de 45 membres souhaitant produire en commun). Tous ces usagers doivent s'inscrire sur un registre national. Sollicitées à plusieurs reprises par l'AFP, les autorités ont refusé de communiquer le nombre d'inscrits.
Le gouvernement a lancé les appels d'offres pour la production devant alimenter les ventes en pharmacie, mais le nouveau président Tabaré Vazquez, cancérologue, ne cache pas son hostilité à ce volet de la loi, laissant planer le doute sur sa mise en œuvre.
Au-delà du petit commerce de détail, des investisseurs plus ambitieux ont également fait leur apparition, notamment sur le marché du cannabis non psychoactif destiné à un usage médical ou industriel (biocarburants, textile, cosmétiques, alimentation...).
Attendue pour janvier 2016, la première récolte de Fabio Bastos, entrepreneur brésilien qui a planté 40 hectares de ce cannabis (20 ha pour produire du textile, 20 pour la recherche médicale), est déjà vendue.
Créée il y a un an avec un capital de 150.000 dollars, son entreprise, Sediña, vaut déjà cinq millions, affirme-t-il, persuadé que le marché va bientôt s'étendre aux pays voisins, notamment aux géants brésilien et argentin.
Voici venu le moment de poursuivre la mini-série de deux chapitres consacrés à la photosynthèse. Dans le chapitre précédent, nous avons examiné les concepts généraux du processus et expliqué la phase lumineuse de façon concrète. Pour ceux qui l’ont manqué, et en guise de révision, voici un résumé des concepts de base de la phase lumineuse.
Pendant cette phase, un ensemble de processus biochimiques se déroule dans les feuilles de la plante sous l’action de la lumière. Des structures appelées photosystèmes captent l’énergie de la lumière. À partir de la rupture des molécules d’eau, l’énergie chimique libérée sert à synthétiser deux molécules de base du métabolisme végétal : l’ATP et la NADP. La formation d’ATP est appelée photophosphorylation et il en existe deux variantes : cyclique et acyclique. Cette phase lumineuse est indispensable à la suivante, la phase obscure, qui ne se produit pas nécessairement en présence de lumière. Elle se produit dans les chloroplastes et dépend directement des produits obtenus au cours de la phase lumineuse.
Au cours de la phase obscure, la ribulose biphosphate s’additionne au dioxyde de carbone gazeux (CO2) présent dans l’air pour produire des composés organiques, principalement des hydrates de carbone ou des sucres, des composés dont les molécules contiennent du carbone, de l’hydrogène et de l’oxygène. Cette chaîne de transformation forme ce que l’on appelle le cycle de Calvin.
La première étape de la phase obscure est la fixation du carbone, qui se déroule de différentes façons chez les différentes espèces végétales. Au niveau physiologique, le cannabis est classé comme une plante C3, puisqu’il utilise les molécules de dioxyde de carbone trois par trois. D’autres espèces végétales les utilisent quatre par quatre, notamment les plantes CAM et C4, mais nous n’étudierons pas cette variante dans cet article. Les deux autres étapes qui composent la phase obscure de la photosynthèse sont la réduction et la régénération. Voyons en quoi consiste chacune d’elles.
Fixation : la première enzyme qui intervient dans le cycle de Calvin s’appelle RUbisCO et fixe 3 atomes de CO2 atmosphérique en les liant à 3 unités de ribulose biphosphate. Cette liaison crée 6 molécules d’acide 3-phosphoglycérique.
Réduction : la molécule antérieure se transforme en 1,3 diphosphoglycérate sous l’action de 6 unités d’ATP (généré pendant la phase lumineuse), et ce composé se transforme en G3P sous l’action de 6 unités de NADPH. L’une de ces deux molécules de G3P suit les voies métaboliques de la plante pour produire des composés supérieurs tels que le glucose ou l’amidon, mais nous aborderons ce point plus tard.
Régénération : finalement, l’addition de phosphore au moyen de 3 ATP produit une nouvelle molécule de ribulose-1,5-biphosphate, qui déclenche à nouveau le processus. Reportez-vous au schéma suivant pour plus de détails :
Après la formation de glucose, une série de réactions chimiques entraîne la formation d’amidon et d’autres hydrates de carbone. À partir de ces produits, la plante fabrique les lipides et les protéines nécessaires à la formation du tissu végétal. Par exemple, l’amidon produit se mélange à l’eau présente dans les feuilles avant d’être absorbé par de minuscules tuyaux situés dans la tige de la plante et à travers lesquels il est transporté jusqu’à la racine, où il est emmagasiné. Cet amidon sert à fabriquer la cellulose, le principal constituant du bois. Mais ces processus sont bien plus complexes et ne seront donc pas examinés ici. Passons maintenant à l’autre étape du processus.
Photorespiration
La photorespiration est un processus qui se déroule dans le mésophile de la feuille, en présence de lumière et sous une forte concentration d’oxygène. Il s’agit d’une « erreur » dans le cycle de Calvin, puisque le plus efficace pour la plante, d’un point de vue énergétique, est la fixation du carbone. Ce phénomène est dû au fait que les plantes se sont développées dans un environnement avec une concentration en dioxyde de carbone atmosphérique supérieure à la concentration actuelle, dans lequel la probabilité de photorespiration était infime. De nos jours, l’atmosphère est moins riche en dioxyde de carbone ; c’est la raison pour laquelle lorsque le cannabis est cultivé dans des environnements enrichis en dioxyde de carbone, la production finale augmente, tout comme la vitesse de floraison. Comme la concurrence entre l’oxygène moléculaire (O2) et le CO2 est moins forte, la photorespiration se produit moins souvent et le métabolisme de la plante fonctionne plus efficacement.
La température la plus favorable à la fixation du carbone, par rapport à la photorespiration, est de 24-25 ºC, ce qui explique pourquoi il est recommandé de maintenir la salle de culture à cette température. Si on ajoute le dioxyde de carbone, le température idéale s’élève à environ 28 ºC.
Le processus photorespiratoire conserve en moyenne les 3/4 des hydrates de carbone de la RuBP, qui réagissent avec l’oxygène. La concurrence entre le CO2 et l’O2 suscitée par l’enzyme RUbisCO explique la forte inhibition de la photosynthèse des plantes C3 sous un faible niveau de CO2 et l’augmentation de la photosynthèse sous un niveau élevé d’oxygène. En termes de productivité, la photorespiration est un processus qui réduit la fixation de CO2 et la croissance des plantes ; cependant, on sait aujourd’hui que le processus photorespiratoire est important pour éliminer l’excès d’énergie (ATP et NADPH2) produit sous de faibles niveaux de rayonnement ou non utilisé dans les situations de stress hydrique, par exemple.
Le chloroplaste absorbe l’O2, qui est catalysé avec la RuBP par l’enzyme RUbisCO, la transformant ainsi en acide glycolique ou glycolate. Le glycolate est transféré au péroxysome (poche membranaire contenant des enzymes). Ensuite, sous l’action de l’O2, il est catalysé par l’enzyme oxydase, qui le transforme, d’une part, en péroxyde d’hydrogène (eau oxygénée) et d’autre part, en glyoxylate, qui contient de l’azote par transamination et forme un acide aminé, la glycine. Deux de ces acides aminés sont transportés jusqu’à la mitochondrie où, enfin, ils produisent trois composés : la sérine, l’ammoniaque et le CO2. Les gaz CO2 et l’ammoniaque sont libérés. La sérine retourne jusqu’au péroxysome où elle se transforme en glycérate ; celui-ci est transféré au chloroplaste où, grâce à une molécule d’ATP, il réintègre le cycle de Calvin sous la forme d’acide 3-phosphoglycérique.
Conclusion
La photosynthèse est un processus biochimique au niveau cellulaire, qui pourrait sembler a priori insignifiant ; elle a toutefois plus de répercussions dans notre vie que ce que l’on pourrait imaginer. Non seulement elle influe sur la qualité de l’air que nous respirons, mais elle a également contribué à la modification de l’atmosphère primitive et ainsi, à la vie des animaux, des plantes et des êtres humains. L’énergie solaire capturée lors de la photosynthèse est à l’origine de toute l’énergie utilisée par l’homme pour satisfaire ses besoins de chaleur et de lumière. Chez elle, l’impact des photons de lumière sur la chlorophylle et la photolyse de l’eau entraînent un état de déséquilibre moléculaire, qui se rééquilibre constamment sous l’effet du flux de protons à travers la membrane des thylakoïdes ; c’est ce que l’on appelle la phase lumineuse.
La phase obscure consiste à transformer le dioxyde de carbone en glucose et en autres hydrates de carbone, à l’aide de l’énergie chimique des produits de la photophosphorylation. Cette énergie emmagasinée sous forme d’ATP et de NADPH sert à réduire le dioxyde de carbone en carbone organique. Cette fonction est réalisée à l’aide d’une série de réactions appelée cycle de Calvin, activées par l’énergie de l’ATP et de la NADPH, qui produisent l’oxygène libéré dans l’atmosphère et le glucose qui sert à nourrir la plante.
Chaque année, les plantes de notre planète utilisent environ 310 000 millions de tonnes d’eau et 750 000 millions de tonnes de dioxyde de carbone, qu’elles transforment en environ 510 000 millions de tonnes de matière et 550 000 millions de tonnes d’oxygène. Il semble incongru que, alors que l’oxygène de notre atmosphère est préservé grâce au travail des plantes, nous les humains, des êtres supposés rationnels, nous continuions à abattre des arbres, à polluer l’environnement (avec les gaz d’échappement des voitures, les ordures jetées dans les rues, les aérosols, les résidus industriels, etc.), ce qui réduit la possibilité de produire cet oxygène avec l’aide des plantes, alors qu’il est essentiel à notre vie.
C’est sur cette humble réflexion que je vous quitte jusqu’au chapitre suivant, dans lequel nous aborderons le thème de la respiration et de la régulation stomatique. Nous découvrirons également la manière d’influencer le taux d’assimilation de nos plantes préférées. D’ici là, fumez bien !
Alors que la légalisation du cannabis se multiplie dans les états américains, les Universités suivent la tendance et mettent en place des cours sur ce business pas comme les autres.
Si le sujet reste quasiment tabou en France (un comble alors que les jeunes français sont les plus gros consommateurs de marijuana en Europe), plusieurs états du Colorado et de Washington ont rendu la vente de cannabis légale, alors que le cannabis synthétique est la nouvelle mode des étudiants. Et les bienfaits économiques de cette réforme se font déjà sentir. Au Canada, le pétard n'est autorisé qu'à des fins médicales pour le moment.
Mais cela n'empêche pas le pays de s'intéresser de près aux spécificités de ce marché. Au point qu'une Université lance un cours sur le sujet. Si vous réfléchissez à vous lancer dans la pousse et la vente de cannabis, la Kwantlen Polytechnic University vous aidera peut-être avec son cours d' «Introduction au management professionnel de marijuana à usage médical au Canada ».
Entrepreneur dans le cannabis ? Nancy Botwin l'a fait dans la série Weeds mais de manière illégale.
Sachez tout de même que ce cours est très sérieux et n'est pas donné du tout. Il vous en coûtera pas moins de 1300 $ (soit 1200 € environ) pour le suivre et il ne dure que six petites semaines ! Il abordera des thèmes comme « la production végétale», « les aspects juridiques et réglementaires », « le marketing », ainsi que la vente et les conditions médicales qui sont pour le moment associées à ce marché.
Le professeur, Tegan Adams, a expliqué au site cbc le but de son cours : «Si vous voulez faire pousser de la weed illégalement, je suis sûr qu'il existe plein de moyens de le faire, mais si vous souhaitez être dans la légalité fédérale et faire partie d'une industrie en plein essor, alors vous venez dans le bon cours.». Ce n'est pas une première pour une université d'enseigner le business du cannabis. D'autres établissements se sont lancés comme l’Université de Denver et son cours de «Représentation du client de Marijuana». Au Canada, 25 serres ont été licenciées officiellement.
Beaux métiers que ceux de pharmacien, chimiste ou médecin, où l’on peut planer en travaillant, sous couvert de remplir une mission de recherche ! Depuis le XIXe siècle, nombre de scientifiques ont ainsi expérimenté sur eux-mêmes la molécule psychoactive qu’ils venaient de découvrir, ou une drogue dont ils voulaient mieux comprendre les effets. Au risque, toutefois, de sombrer eux-mêmes dans la toxicomanie…
@CHRISTELLE ENAULT
Persuadé que la cocaïne pouvait être un médicament puissant, notamment pour traiter l’addiction à la morphine, Sigmund Freud (1856-1939) l’a testée sur lui-même, et est devenu cocaïnomane pendant plus de dix ans. La même mésaventure est arrivée au chirurgien américain William Stewart Halsted (1852-1922), tombé dans la poudre blanche en explorant ses propriétés d’anesthésique local.
D’autres, comme le pharmacien allemand Friedrich Wilhelm Adam Sertürner (1783-1841), reconnu comme le père de la morphine, ont failli payer de leur vie leurs audacieuses expériences. Agé d’une vingtaine d’années, Sertürner n’est encore que stagiaire dans une pharmacie en Westphalie (Allemagne) quand il commence à s’intéresser à l’opium, en 1803.
Son objectif est d’identifier le principe actif de cette plante dont les vertus médicinales sont connues depuis des siècles. Avec les moyens limités de l’époque, et une infinie patience pour mener à bien la cinquantaine d’étapes nécessaires, le jeune pharmacien réussit à isoler la morphine. Il en administre alors des cristaux, mélangés à de la nourriture, à des souris et des chiens. Les animaux s’endorment. Ils ne se réveilleront pas.
Fasciné par la puissance de l’alcaloïde, mais prudent, Sertürner décide de l’essayer, à beaucoup plus faible dose, sur lui-même et sur trois amis, âgés de 17 ans. Il commence en dissolvant un demi-grain (soit environ 32 mg) dans un mélange d’alcool et d’eau.
Les quatre jeunes absorbent le breuvage en même temps. « Immédiatement, leur visage s’empourpre, et ils se sentent fiévreux », décrit Lawrence Altman dans son livre sur l’autoexpérimentation, Who Goes First (University of California Press, 1987, réédité en 1998). Une demi-heure plus tard, les quatre courageux reprennent une dose, puis une troisième. Leur malaise s’accroît, avec nausées et vertiges. Groggy, victime de « palpitations » dans les membres, Sertürner est contraint de s’allonger. Inquiet de la toxicité de son produit, il avale et fait avaler à ses compagnons quelque 200 ml de vinaigre fort… Il leur faudra plusieurs jours pour récupérer.
Il faut dire que la quantité de morphine qu’ils ont ingurgitée correspond à environ dix fois la dose moyenne recommandée. Quelques années plus tard, en 1831, le pharmacien allemand sera récompensé par l’Institut de France, qui lui remettra 2 000 francs, « pour avoir ouvert la voie à d’importantes découvertes médicales ».
Le Club des Hachichins
Plus poétiques furent les expériences de Jacques-Joseph Moreau de Tours (1804-1884), au XIXe siècle toujours, avec le haschich. Ce psychiatre s’était donné pour ambition d’étudier au plus près les problèmes de ses patients, ce qu’il fit en provoquant sur lui-même des épisodes de folie, pour les vivre de l’intérieur. « Pour se faire une idée d’une douleur quelconque, il faut l’avoir ressentie. Pour savoir comment déraisonne un fou, il faut avoir déraisonné soi-même », plaidait-il.
Au début des années 1840, au retour d’un voyage d’Egypte, Moreau de Tours a l’intuition que le haschich, largement consommé dans ce pays, est à l’origine d’hallucinations.
C’est le point de départ de ses autoexpérimentations avec ce produit, qu’il va aussi administrer à d’autres : médecins, chercheurs, mais aussi artistes, écrit l’historienne et philosophe des sciences Katrin Solhdju dans un long texte consacré à Moreau de Tours. Dans une démarche scientifique mais aussi artistique, l’aliéniste crée le Club des Hachichins, qui se réunit tous les mois à l’hôtel Pimodan, sur l’île Saint-Louis. S’y pressent peintres et écrivains comme Eugène Delacroix ou Charles Baudelaire.
Théophile Gautier raconta ainsi que Moreau de Tours l’accueillit, lui mit dans la main une praline de haschich (d’une quarantaine de grammes !) en lui disant : « Ceci vous sera défalqué sur votre portion de paradis. » De ces séances appelées « Fantasias », l’écrivain a tiré un récit, Le Club des Hachichins (1846). Moreau de Tours, lui, a consigné ses observations dans un ouvrage paru en 1845 chez l’éditeur médical Masson, Du hachisch et de l’aliénation mentale.
Bien d’autres histoires pourraient être rapportées ici. L’une des plus célèbres est sans doute celle du LSD par le chimiste suisse Albert Hofmann (1906-2008), qui a découvert cet hallucinogène en 1943, en travaillant sur l’ergot de seigle. En matière d’autoexpérimentation, Hofmann détient d’ailleurs probablement la palme de la longévité : la dernière fois qu’il tâta du LSD, il avait 97 ans. Il est mort à 102 ans.
LE PLUS. Contrairement à plusieurs pays d'Europe, la France fait figure de retardataire dans la légalisation du cannabis, à des fins thérapeutiques ou non. Pourtant, cette drogue serait moins dangereuse que l'alcool, par exemple, pourtant libre de consommation. Pour Béchir Bouderbala, il faut franchir le pas législatif.
Une manifestation pour la légalisation du cannabis à Paris, le 09/05/2015 (NICOLAS MESSYASZ/SIPA)
Votre meilleur ami avocat, votre primeur, la baby-sitter, votre ado bientôt adulte, ils ont un point commun qui les différencie de vous : ils consomment du cannabis. Ce phénomène touche toutes les strates de la population, mais personne n'en parle.
Pourtant, c'est indéniable, aujourd'hui, en France, la consommation de cannabis atteint son apogée.
Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, 17 millions de Français âgés de 11 à 75 ans ont déjà expérimenté le cannabis, 5 millions en ont consommé au cours de l’année 2014 et un tiers d'entre eux se déclare être un consommateur régulier.
Si le phénomène n’est pas nouveau, force est de reconnaître qu’il devient aujourd’hui incontournable. Et si nous réfléchissions sereinement à la possibilité de légaliser demain cette substance que beaucoup apprécient et consomment ?
Le cannabis est moins nocif que l’alcool
D’abord, il faut le dire sans détour et sans crainte : il est une erreur majeure de mettre le cannabis dans le même panier que les drogues dures.
Contrairement à ce qui nous est couramment enseigné, la tradition scientifique reconnaît que la consommation de cannabis n’est pas plus nocive que celle de l’alcool. Quand l’un peut causer des cancers comme celui de l’estomac, de l’œsophage, des poumons, du pancréas et du foie, rappelons que l’autre peut être, lui, prescrit pour les patients souffrant d’effets secondaires.
Mais ne soyons pas dogmatiques : la fumée de cannabis contient trois fois plus de goudron et cinq fois plus d’oxyde de carbone que le tabac ce qui montre par ailleurs que le produit a ses dangers (et qu’il n’est pas non plus une drogue douce).
Mais concernant ses effets addictifs rappelons que sa consommation "n’entraîne pas de dépendance physique comme l’héroïne, la morphine ou même l’alcool et le tabac".
Moins addictif que l’alcool, plus dangereux que le tabac s’il est fumé, le cannabis n’en reste pas moins une grande source de THC (sa molécule active) et principal moyen d’atténuer les douleurs des patients subissant par exemple des chimiothérapies ou souffrant de sclérose en plaque. Lorsque les anti-inflammatoires n’ont plus d’effet, les patients les plus téméraires (ceux qui ne sont pas encore dévorés par la maladie) doivent se fournir via les trafics, donc à leurs frais, avec tous les risques encourus.
Aujourd’hui de nombreux pays comme l’Espagne, le Canada, le Royaume-Uni ou 24 Etats américains ont dépénalisé le cannabis pour les malades avec une prescription médicale obligatoire. De plus, des pays comme l’Australie, la Jamaïque, l’Uruguay, la Suisse, l’Allemagne, le Danemark ou les Pays-Bas ont particulièrement assoupli leur législation au cours des dix dernières années, si bien que la consommation de cette substance y est tolérée.
L'Europe, qui l'a majoritairement dépénalisée, commence progressivement à l'autoriser. Les Etats-Unis ont déjà mis le pied à l’étriller, alors pourquoi pas nous ? Existe-t-il une exception culturelle française qui nous rendrait intolérants au cannabis ?
Une prohibition contre-productive
À ceux qui se disent que les autres pays commettent une erreur, je leur demande : dans ce cas, que devons-nous faire ? Garder le statut quo avec une législation intenable, des trafics qui pullulent, la consommation qui explose ? Nos policiers sont-ils condamnés à subir le mythe de Sisyphe ?
Les lois mauvaises sont des lois inapplicables, et celle qui figure en tête de proue de la lutte contre la toxicomanie et qui porte sur la répression du trafic et de l'usage des stupéfiants en est un exemple frappant. L'étudiant en droit que je suis n'oserait en rien critiquer ce texte de qualité porté par Pierre Mazeaud, mais force est de reconnaître son impraticabilité.
Au-delà, c'est la législation entière qui est à revoir parce qu'elle devient aujourd'hui confuse. Il y a une cinquantaine d'articles, dispatchés entre le Code de santé publique, le Code pénal et le Code civil, sans compter toutes les jurisprudences relatives à la consommation de stupéfiants.
La perturbation juridique n'est que la vitrine d'un problème plus global. Si "la drogue, c’est mal", la prohibition complète et profondément répressive c’est mal aussi car ça ouvre la porte à un problème. Les trafics se concluent par des conséquences : l’économie parallèle, l’impossible détermination de l’origine des produits et l’affaiblissement de la sécurité des citoyens.
L'arsenal répressif n'est pas suffisant, étudions le problème à la source
Les trafics sont la gangrène de la République et les règles actuelles ne permettent pas de les limiter. Essayant de panser les plaies, les gouvernements successifs ne cessent d’augmenter les effectifs de police, de donner plus de moyens à la lutte contre ces trafics.
Il faudrait peut-être se rendre à l’évidence : si près de 300 millions de joints sont consommés en France chaque année, c’est que les pouvoirs publics sont incapables de résoudre le problème en aval.
Il faut donc le prendre en amont et c’est d’ailleurs bien compréhensible : la police et la justice ne peuvent pas tout.
De plus, le sens du droit n'est pas d'imposer une règle inapplicable à une société qui n'en veut pas, mais de s'adapter et de proposer un cadre législatif qui tienne compte d'une réalité de plus en plus forte. Ce nouveau cadre législatif, que j'appelle de mes vœux, doit permettre une consommation modérée du cannabis sans qu'il y ait de craintes concernant son origine ou la manière dont il est traité.
Au-delà, il conviendrait aussi de rappeler la dimension économique de cette drogue, qui pourrait permettre la création d'emplois et rapporterait, selon une étude très sérieuse du think tank Terra Nova, environ 1,8 milliard d'euros chaque année au moins.
L'autre aspect est sanitaire. Aujourd'hui, ceux qui en consomment en achètent partout, à n'importe qui et les risques que le produit consommé soit bien trop nocif sont décuplés. Ainsi, pour la santé publique, laisser un tel trafic se mettre en place c'est prendre des risques pour les années à venir.
Une décision originale pour un Président-gestionnaire
La solution serait de mettre en place un statut spécifique aux malades à qui l’on pourrait prescrire du cannabis sous forme médicale/thérapeutique. Certains laboratoires français y travaillent déjà, nous pourrions d’ailleurs en profiter pour renforcer la recherche sur cette plante qui pourrait avoir des vertus immunisantes ou curatives contre le cancer.
Concernant la consommation récréative du cannabis, il s’agit d’une question de politique et de société. François Hollande, qui apparaît depuis le début de son quinquennat comme l’allégorie du gestionnaire, pourrait se démarquer en prenant une décision qui apparaît originale mais qui est profondément nécessaire.
Par Béchir Bouderbala
Etudiant en droit
Édité par Justine De Almeida
Ce n’était qu’une question de temps. A l’instar des bars à dégustation de vins ou des brasseries hypées parisiennes, le Colorado ouvrira sa première « weedery » début 2016 : le Colorado Cannabis Ranch. A la seule différence près que les consommateurs ne pourront pas goûter les produits, conformément à la législation du Colorado qui interdit de fumer en public. Quoi du plus qu’un simple dispensaire alors ?
Le projet estimé à 35 millions de $ inclura une énorme serre ouverte au public, un restaurant, un bar, une boutique de souvenirs, un dispensaire et un amphithéâtre qui accueillera des performances d’artistes. C’est surtout la première fois que la culture de cannabis se fera dans un espace public. Bien que l’usage récréatif soit autorisé au Colorado, en Oregon, à Washington D.C., en Alaska et dans l’Etat de Washington, les cultures se font encore largement à l’abri des regards. Outre des problèmes de sécurité, la croissance des plants de cannabis est facilement influencée par des contaminants extérieurs que peut amener n’importe quelle individu.
Serre du Cannabis Ranch Colorado
Amphithéâtre du Cannabis Ranch Colorado
Cannabis Ranch Colorado
Le tourisme cannabique est pour l’instant encore en pleine expansion, à l’image des bud and breakfast privés, Christian Hageseth, l’entrepreneur derrière le Cannabis Ranch, a des objectifs élevés et compte s’implanter rapidement en-dehors du Colorado. Il est actuellement en train de lever 100 millions de $ pour conquérir le Nevada, le Massachusetts, la Californie et l’Etat de Washingtion. Côté recettes, la visite de la weedery coûtera entre 5 et 10$ par personne, et les visiteurs recevront un crédit pour un souvenir en fin de visite.