L'ouverture des premiers marchés légaux de cannabis récréatif aux Etats-Unis met en relief l'échec des politiques de criminalisation qui frappent les usagers de ce produit dans de nombreux pays. La faiblesse des résultats du régime prohibitionniste est particulièrement remarquable en France où, malgré un cadre législatif très répressif, la consommation de cannabis se révèle plus importante que dans les Etats européens ayant opté pour sa dépénalisation.
Prenant acte des données épidémiologiques nationales et des évolutions juridiques internationales les plus récentes, cette leçon expose les raisons socio-historiques qui rendent inéluctable la légalisation du cannabis.
Pour approfondir le sujet, un ensemble de ressources scientifiques complémentaires, issues notamment de l’ouvrage Les drogues face au droit (Presses universitaires de France, 2015), est disponible sur le site de la vie des idées
Renaud Colson est maître de conférences en sciences criminelles à l'Université de Nantes, membre du laboratoire Droit et Changement Social (UMR CNRS 6297). Honorary Lecturer et British Academy Visiting Fellow à l’université de Cardiff, il a été Marie Curie Fellow à l’Institut universitaire européen de Florence de septembre 2011 à août 2013.
Ses recherches portent, entre autres, sur le droit pénal (comparé et européen) et sur les politiques de lutte contre les drogues et la toxicomanie. Sur ce sujet, il a notamment publié La prohibition des drogues. Regards croisés sur un interdit juridique (Presses universitaires de Rennes, 2005) et Les drogues face au droit (Presses universitaires de France, 2015). En collaboration avec Henri Bergeron, il prépare actuellement un ouvrage comparatif consacré aux politiques des drogues en Europe (European Drug Policies: The Ways of Reform, Routledge, à paraitre en 2016).
Originaire d’Indes et du Sri Lanka, le cannabis pousse désormais sur tous les continents. Il a été un composant de nombreux médicaments jusqu’à son interdiction dans plusieurs pays autour des années 1930. On le dit pourtant pourvu de nombreuses vertus.
La consommation médicale du cannabis se fait sous forme de tisane, vaporisateurs et spray buccal.
(Photo iStock : Zzvet)
En prescription médicale, le cannabis est autorisé dans plusieurs pays, notamment en Espagne, au Canada, au Royaume-Uni, en Australie, ou encore, dans certains Etats américains.
En France, bien que le débat politique sur la dépénalisation du cannabis reste ouvert (de nombreux Verts y sont favorables), la consommation de cannabis à des fins «récréatives» est illégale et son utilisation thérapeutique demeure très réglementée.
Cette dernière ne doit pas être confondue avec le cannabis fumé, qui augmente le risque de cancer du poumon. En effet, la consommation médicale se fait plutôt sous forme de tisane, vaporisateurs et spray buccal.
Cannabis et santé publique
Selon le Docteur Olivier Bertrand, Président de la coordination Chanvre & Libertés, Membre de la Commission Santé et Prévention, le cannabis (ou marijuana médicale) a un rôle primordial à jouer en matière de santé publique : «Aujourd'hui, certains travaux scientifiques réhabilitent l'usage thérapeutique du cannabis pour de nombreuses pathologies où il n'existe pas de traitements connus, voire pour atténuer les effets secondaires des traitements. Que ce soit pour le diabète, la lutte contre le cancer, l'amélioration de la vie quotidienne de personnes atteintes de troubles psychiatriques (hyperactivité, bipolarité, chocs post-traumatiques...), pour la prise en charge des parkinsoniens, le traitement d'Alzeihmer... la liste est longue de toutes les possibilités offertes par l'utilisation des cannabinoïdes».
Si certaines personnes restent sceptiques devant l’intégration du cannabis dans les soins thérapeutiques, Farid Ghehiouèche, Porte-parole de Cannabis Sans Frontières et Tête de liste pour les élections régionales Cannabis Sans Frontières - Chanvre Ile-de-France, nous explique que les bienfaits de cette plante ont été prouvés à plusieurs reprises.
«Là où l'utilisation du cannabis médical s'est développée, des résultats remarquables attirent l'attention de la communauté scientifique. D'une part, la découverte en 1994 de notre système endocannabinoïde par le Pr Méchoulam a ouvert la voie pour une meilleure compréhension du fonctionnement de notre métabolisme, car les cannabinoïdes agissent directement sur de nombreuses fonctions vitales. D'autre part, l'expérimentation in vivo tirées par des centaines de milliers d'individus qui témoignent ne peut plus être ignorée.»
Et le porte-parole de Cannabis Sans Frontières de poursuivre : «Aux Etats Unis, l'histoire d'une petite fille Charlotte Webb est emblématique de ce mouvement migratoire de centaines de familles vers le Colorado, où elles peuvent utiliser une variété spécialement adaptée pour diminuer la fréquence et l'intensité des crises d'épilepsie (syndrôme de Dravet). Aux Nations Unies, tout en admettant qu'il est nécessaire que les recherches s'intensifient, le coordinateur du programme de recherche et traitements, Gilberto Gerra admettait que nous sommes face à un " trésor vert "».
Une légalisation délicate
Si les fins thérapeutiques du cannabis sont prouvées et soutenues par de nombreux représentants du corps médical, on peut s’interroger sur les raisons qui empêchent et freinent la légalisation, ou du moins, une prescription médicale moins restrictive.
Bien que favorable à la légalisation du cannabis médical, Jean-Pierre Couteron, Président de la Fédération addiction, en distingue les éventuels effets pernicieux. Selon lui, «les dangers de la légalisation d’un cannabis médical résulteraient d’abord de la possible confusion entre la légalisation du cannabis médical et celle du cannabis récréatif». Car «il y a deux cadres différents à penser, et se servir de l’un pour l’autre ne peut que prêter et aboutir à des problèmes de santé. Le cannabis médical concerne des personnes qui en attendent un effet bénéfique, en lien avec une pathologie dont ils souffrent. Ce cannabis, comme tout médicament, nécessite des règles pour en accompagner la prescription. Mais pour certains, le simple fait de légaliser du cannabis pour traiter une maladie serait dangereux car cela ‘banaliserait’ ce produit en lui donnant l’image d’une substance capable de ‘faire du bien’, alors qu’ils insistent sur ses effets négatifs pour dissuader un public jeune d’en faire usage.»
Alors, pourquoi la légalisation peine-t-elle à s'imposer, malgré cette
distinction faite entre les deux usages de la plante ? Selon Farid Ghehiouèche, «l'explication tient en deux mots : le tabou». Une situation dommageable selon lui, puisque «d'un côté, cela a restreint l'investissement dans les recherches scientifiques et de l'autre, les centaines de milliers d'individus sont privés d'accès au cannabis avec un statut de délinquant.»
«Il n'est pas évident pour des responsables politiques d'admettre que les fondements de la prohibition sont racistes et que le système de contrôle international est en échec. Mais il y a un consensus grandissant pour dire qu'il faut réformer en urgence face aux nombreuses menaces. Bref, depuis 20 ans dans le berceau de la prohibition, aux Etats Unis en Californie, la peur a laissé place à l'initiative dédramatisante et compassionnelle, une approche pragmatique qui porte ses fruits aujourd'hui», relativise-t-il toutefois.
En fonction de l’échelle d’observation de cette légalisation, le Docteur Olivier Bertrand note lui une différence intéressante. Il constate les enjeux qui varient entre une approche internationale de cette question, une vision européenne et l’idée qu’en aurait la France : «Les véritables enjeux au niveau international se situent dans les tensions observées entre les obligations de respecter les droits humains fondamentaux tels le respect de l'intégrité physique et morale des individus, plus largement aux questions liées au développement et la stabilité des Etats. Au niveau franco-européen, les enjeux concernent les évolutions de la stratégie globale anti-drogues en prenant en compte la réalité sociétale avec une approche humaniste. Pour la France, l'enjeu véritable est de ne pas perdre de temps en restant arc-boutés sur des positions dépassées, mais plutôt de prendre le leadership de ce qui se décrit dans les médias aux USA comme la "révolution verte»
Une utilisation sous quotas
Pour l'heure, l'utilisation légale du cannabis thérapeutique est réservée à un petit nombre de personnes malades et nécessiteuses en France. L’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) délivre les autorisations de prescription et d’utilisation. Ces autorisations (temporaires) sont attribuées au cas par cas par un examen des dossiers médicaux.
Dans le cas de la sclérose en plaques, où le cannabis montre pourtant une grande efficacité, les prescriptions sont délivrées par quotas. Olivier Bertrand s'indigne : «C'est scandaleux ! On observe dans cette logique, la volonté évidente de limiter au minimum l'accès à cette possibilité de prise en charge des patients pour lesquels les traitements conventionnels ne sont pas efficaces. C'est triste de constater que la santé humaine, et que l'urgence humanitaire soient tributaires de négociations entre des agents de l'Etat qui n'ont que pour objectif de limiter les dépenses de la Sécurité sociale et des laboratoires pharmaceutiques qui cherchent à tirer le meilleur profit des traitements qu'ils produisent et mettent sur le marché. Alors qu'il existe une solution très simple et vraiment efficace : il suffit de dépénaliser la culture de plantes, et reconnaitre que l'auto-médicamentation par les phytocannabinoïdes facilite et améliore les conditions de vie pour des millions d'individus.»
Jean-Pierre Couteron, lui, évoque un effet pervers : «Une indication trop restrictive peut participer au mésusage, au sens où les personnes exclues de l’autorisation cherchent quand même à accéder au produit qui les soulage».
La recherche ne cesse de progresser et les mentalités à l'égard du cannabis d'évoluer. Pourtant prescrit en France jusqu'au milieu des années 50, aujourd'hui, l'usage du cannabis médical devrait être amené à se développer et se (re)démocratiser. Si une grande partie de la société y est encore frileuse, le débat, lui, est chaudement ouvert.
La société Leaf surfe sur la légalisation du cannabis à usage récréatif dans certains états américains en proposant le premier appareil connecté qui permet de contrôler la pousse de plants de cannabis avec son smartphone.
Selon le cabinet d'études IDC, le marché des objets connectés pourrait représenter 1700 milliards de dollars en 2020. Nous allons donc voir encore fleurir une bonne tonne d'appareils sensés améliorer notre quotidien grâce à une connexion quasi permanente avec notre smartphone et autres appareils technologiques. Si certains passeront leur chemin comme ils sont venus, d'autres attirent d'ores et déjà notre attention.
Comme le Leaf. Créé par la société du même nom, il se présente comme le premier système de culture de cannabis connecté à la maison. En gros, Leaf, cette petite armoire ressemblant à frigo, nous promet la possibilité de faire pousser de la weed chez nous, tranquillement, sans avoir besoin d'une serre énorme et de spots "hyper wattés". Tout cela grâce à l'hydrophonie, une culture des plantes sans besoin de terre ni des conditions liées à la pousse en extérieur.
Comme vous pouvez le voir sur le GIF ci-dessus, il faut charger le terreau comme vous le feriez avec une bonne vieille feuille A4 dans une imprimante, et la machine fait le reste. Leaf surveille en effet l'état des plantes, la lumière, le taux de pH, la ventilation, la température à l'intérieur, les nutriments dans le terreau... Un dosage que vous pouvez ajuster à loisirs depuis votre smartphone puisque toutes ces données sont consultables dessus et donc modifiables.
Mieux, vous pouvez suivre ensuite en direct depuis votre téléphone la pousse de vos plants grâce à la caméra intégrée au Leaf. Au total, avec les deux plants, vous pourrez récolter jusqu'à 140 grammes. Bref, rater la pousse de sa marijuana devient désormais impossible. Il faudra tout de même attendre 2016 et débourser 1350€ pour poser Leaf dans son salon ou dans sa cuisine. Et habiter dans l'un des quatre états américains qui autorisent aujourd'hui l'usage du cannabis à usage récréatif : Alaska, Colorado, Washington, Orégon. 14 devraient suivre d'ici 2020 selon le cabinet d’études ArcView.
Nous voilà rassurés.
Du THC sans cannabis grâce à des levures génétiquement modifiées
SCIENCE - Dans les années 50, on imaginait un futur où l'homme mangerait des levures. Isaac Asimov dans ses Cavernes d'acier parlait ainsi de fermes à levure produisant toutes sortes d'aliments de synthèse. 50 ans après, les scientifiques ne misent plus vraiment sur la levure comme source de nourriture (plutôt les algues, en fait). Par contre, elle pourrait remplacer le cannabis. Et plus exactement le THC, la substance active la plus connue de cette plante.
Dans une étude publiée en septembre, des chercheurs de l'université de Dortmund en Allemagne affirment en effet avoir réussi à modifier génétiquement un type de levure bien particulier pour lui faire produire du THC. Ils auraient même réussi (mais ces résultats n'ont pas encore été vérifiés) à produire un autre composant de la marijuana, le cannabidiol.
Si du THC de synthèse existe déjà, rappelle le New York Times, le fait d'arriver à en produire avec une levure pourrait considérablement faire baisser le coût de production. Cela permettrait aussi aux chercheurs de mieux isoler les effets des différents composants du cannabis. "Cela pourrait littéralement changer la vie de millions de personnes", affirme au quotidien Kevin Chen, PDG d'une des quelques start-up travaillant au développement, entre autres, de THC à base de levure, Hyasynth Bio.
Difficile de rivaliser avec la plante naturelle
Enfin, ça, c'est dans l'idéal. Car pour l'instant, les levures ne sont capables que de produire de très petites quantités de THC et de cannabidiol. Les chercheurs auteurs de l'étude se sont ainsi alliés à THC Pharm, une société allemande spécialisée dans la production de dronabinol, le fameux THC de synthèse existant actuellement. Objectif: trouver un moyen de produire le THC à partir de levure à un rythme industriel.
Oliver Kayser, l'un des chercheurs, estime que l'Europe serait particulièrement intéressée par une telle technologie. Actuellement, la production de cannabis médical se fait via la plante naturelle, la même qui est utilisée à usage récréatif. L'Union Européenne a peur que ces cultures puissent "aider" indirectement des plantations illégales, selon le chercheur.
Mais l'objectif n'est pas simple à atteindre. En effet, la marijuana est une plante très performante. Certaines espèces, après maints croisements, arrivent à contenir plus de 30% de THC. "Cette plante est en quelque sorte la 'Ferrari des plantes' dès que l'on parle de produire une molécule", explique ainsi Jonathan Page, professeur à l'université de la Colombie-Britannique, au New York Times.
Snoop Dogg est connu en tant qu’artiste, mais aussi en tant qu’investisseur dans l’industrie du cannabis, notamment dans la start-up Eaze. Mais aujourd’hui, double G rentre d’une toute autre manière dans le game : il lance sa plateforme appelée Merry Jane.
Merry Jane sera un site media lifestyle centré autour du cannabis. Enrichi de contenus vidéo et éditorial, le site servira de centre d’informations pour toutes les personnes intéressées par le cannabis, du débutant au fumeur confirmé.
Snoop a fait cette annonce ce soir pendant le TechCrunch Disrupt, un événement autour de la technologie qui se tient à San Francisco du 21 au 23 septembre. Il assure que sa plateforme contiendra « tout ce qu’il faut savoir » sur le cannabis et sera l’encyclopédie mondiale du cannabis.
Le site aura ses propres séries, de l’émission culinaire où les internautes apprendront à cuisiner de la nourriture avec du cannabis, à « Deflowered », un show qui se concentre sur les premières fois, en passant par des interviews exclusives de stars. Snoop précise d’ailleurs que le site fera participer des people proches du projet comme Seth Rogan et Miley Cirus.
Au-delà de ça, Merry Jane tournera son regard vers le business et les avancées politiques de l’industrie du cannabis, les différentes légalisations et la croissance de l’industrie. Ca nous fait un point commun avec Snoop Dogg !
Merry Jane sera surtout un gros concurrent d’entreprises déjà existantes aux Etats-Unis. Elle contiendra par exemple un moteur de recherche des variétés de cannabis (coucou Leafly !), et une carte des dispensaires sélectionnés par Snoop et Ted Chung, son manager et associé (coucou Weedmaps !). A terme, les dispensaires pourront se créer une fiche sur le site et uploader leurs menus ou mettre à jour leur vitrine digitale.
Le business plan de Ted Chung est assez clair : attirer les annonceurs du cannabis pour leur vendre de la pub à diffuser sur le site. Chung compte dépasser l’audience de ses concurrents d’ici 6 mois.
Snoop a également déclaré que Merry Jane sera l’occasion pour les fumeurs de « sortir du placard » : « Il y a beaucoup de personnes dans leur placard, et nous leur donnons l’opportunité d’en sortir et d’admettre qu’ils aiment fumer. Je suis un fumeur, mon nom est Snoop Dogg, et je suis un stoner ».
Merry Jane ouvrira tout d’abord en beta sur invitations, pour s’ouvrir progressivement dans les semaines qui suivent.
Une belle annonce pendant un événement d’envergure mondiale, une star de cet acabit en tant que porte-parole, un réseau de potes dans le divertissement, on n’a aucun doute sur le fait que Merry Jane va cartonner ! Affaire à suivre.
Bonus : on comprend mieux la vidéo soutien à la journée sans taxe sur la weed au Colorado que Snoop a lâché sur la chaîne Youtube Merry Jane, une chaîne toute fraîche avec une seule vidéo il y a 7 jours. Pas si innocent que ça ! On vous propose de retrouver la vidéo ci-dessous.
Un médicament expérimental à base de cannabis pour traiter la schizophrénie, mis au point par la société britannique GW Pharmaceuticals PLC, a été jugé supérieure à un placebo, à mi-étape de l'essai.
Les actions de la société ont bondi de 12,5% cotées au Royaume-Uni, tandis que les actions cotées américaines étaint en hausse de 10 %.
Le médicament, le cannabidiol, a été testé sur 88 patients atteints de schizophrénie, sur lesquels le traitement anti-psychotique n'est pas efficace.
Dans un communiqué, la compagnie affirme que pendant l'essai, les patients ont continué de prendre leur médicament anti-psychotique et ont reçu des doses de cannabidiol ou d'un placebo.
GW teste ses médicaments à base cannabis pour un certain nombre d'indications, y compris la douleur liée au cancer et l'épilepsie.
La Marijuana, qui est la fleur séchée de la plante de cannabis, est illégale en vertu de la loi fédérale américaine, mais est autorisé à des fins médicales dans environ la moitié des Etats du pays.
L'intérêt pour les effets médicaux de cannabis, a été récemment encouragé par la légalisation de la marijuana ans le Colorado et par le Canada entrain de créer une industrie de la cannabis médicale sous réglementation fédérale.
Source: 420 MAGAZINE - Jacob Redmond
Article complet: Cannabis drug shows promise in treating schizophrenia
Auteur: Reuters
La marijuana débarque, plein pot. Sur simple prescription, elle est autorisée à des fins médicales dans une vingtaine d’États américains. Le Colorado fait cependant figure de pionnier, après avoir également autorisé le cannabis à la vente libre comme un pur produit de consommation.
Une première aux États-Unis ; le pas a été franchi suite à un référendum populaire. Depuis le 1er janvier 2014, il est parfaitement légal, dans cet État de l’ouest américain, de faire commerce et de consommer de la marijuana et ses produits dérivés.
L’euphorie fait planer le pays des cow-boys, gagné par la ruée vers l’or vert. A Denver, capitale du Colorado, les touristes amateurs de ganja se pressent dans les nombreux points de vente, et s’en donnent à cœur joie entre joints à gogo et cookies à l’herbe. Et surtout : les politiques tiennent là un véritable filon, dont la manne financière alimente les caisses de la ville et de l’état, grâce à l’activité des producteurs, des revendeurs et de l’industrie de la finance.
De Michael Unger, Fred Grimm et Thomas Vollherbst - ARTE GEIE – France 2015
Source: https://info.arte.tv/...h.pDDGEFSr.dpuf
Diffusion du reportage finie sur Arte, mais dispo sur youtube en 3 épisodes :
Même si deux chefs de parti appuient sa légalisation, le débat sur la marijuana passe inaperçu dans la campagne électorale fédérale. Le Canada imitera-t-il un jour le Colorado, où le cannabis est en vente libre?
Un reportage de Michel Labrecque
Photo : ICI Radio-Canada/Michel Labrecque
Le Colorado a été la première juridiction au monde à légaliser la marijuana récréative, en janvier 2014. Un saut dans le vide, disaient à l'époque beaucoup de citoyens et de politiciens. Une décision prise par référendum, alors que presque toute la classe politique était contre.
Vingt mois plus tard, les choses semblent plutôt bien se dérouler. L'Alaska, l'Oregon et Washington ont même emboîté le pas au Colorado. L'Uruguay, en Amérique du Sud, a fait de même. D'autres États américains pourraient légaliser la marijuana récréative d'ici un an, comme le Vermont et la Californie. Plusieurs sondages récents montrent qu'une faible majorité d'Américains est maintenant pour la vente libre du cannabis.
J'étais au Colorado il y a quelques mois. J'y ai rencontré Mary MacCarthy, journaliste à Denver pour l'agence de presse web Feature Story News.
« On n'a pas eu de grands problèmes avec le cannabis depuis sa légalisation. Les gens ont accepté ça, et c'est assez banalisé dans le Colorado. » — Mary MacCarthy
Pour voir cet extrait sur votre appareil mobile,
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Une inspiration pour le Canada?
Il est étonnant que cette question ne soit pas débattue au Canada durant la campagne électorale. Justin Trudeau, du Parti libéral, et Elizabeth May, du Parti vert, sont pour la légalisation, tandis que Thomas Mulcair, du NPD, est en faveur de la décriminalisation. Quant à Stephen Harper, du Parti conservateur, il est pour le statu quo.
Pour l'instant, cet enjeu de société passe inaperçu. Justin Trudeau en parle quand on lui pose des questions, mais il ne semble pas vouloir que cela devienne un point chaud de la campagne.
En attendant, la Cour suprême du Canada a statué au début de l'été que le cannabis médical, déjà reconnu au pays, peut non seulement être fumé, mais aussi consommé sous d'autres formes.
Source: ici.radio-canada.ca
Le pari du Colorado
Le Colorado a donné au cannabis un statut comparable à l’alcool. L’accès est limité aux adultes, et le gouvernement peut récolter les impôts de producteurs qui sont désormais légaux.
Résultat : 45 millions de dollars américains la première année, et on se dirige vers 100 millions pour la deuxième année. Des revenus qu’on consacrera en priorité à la construction de nouvelles écoles, à la prévention et à la recherche.
Toni Fox est propriétaire de la boutique 3-D Cannabis. C’est elle qui a fait la première transaction légale de marijuana récréative, le 1er janvier 2014. En 2015, son entreprise se porte très bien.
« Quand vous êtes venus pour la première fois, l’an dernier, j’avais cinq employés, y compris moi. Aujourd’hui, nous sommes 40! »
— Toni Fox
Le reportage de Michel Labrecque est diffusé le 20 septembre à Désautels le dimanche sur ICI Radio-Canada Première.
Une loi schizophrène
Il y a plusieurs centaines de magasins comme celui de Toni Fox au Colorado. On dit qu’à Denver il y a plus de boutiques de pot que de cafés Starbucks. Le tourisme connaît aussi un boom depuis l’entrée en vigueur de la loi.
C’est toutefois une loi contradictoire. Il est très facile de se procurer du cannabis, à condition d’avoir 21 ans ou plus. Par contre, il n’y a pratiquement aucun endroit en dehors de chez soi où on peut le consommer.
Pour les habitants du Colorado, ce n’est pas un gros problème. Mais pour les touristes, il devient presque impossible de respecter la loi. Les nouveaux industriels du pot et le conseil municipal de Denver discutent en ce moment de la possibilité de permettre la consommation du cannabis dans des clubs privés et certains bars.
ARGUMENTS POUR
Mieux vaut acheter le cannabis de gens d’affaires qui paient des impôts, plutôt que de criminels qui n’en paient pas.
La marijuana n’est pas plus dangereuse que l’alcool. La marijuana a bien sûr des effets nocifs, mais elle cause beaucoup moins de morts et de dépendance que l’alcool.
Le modèle de la marijuana médicale du Colorado a fait ses preuves. Avec 100 000 utilisateurs adultes, les dispensaires de marijuana médicale ont géré la consommation de cannabis de façon responsable. Il n’y a pas eu d’augmentation significative de consommation chez les adolescents.
ARGUMENTS CONTRE
La marijuana peut créer une dépendance psychologique, et une consommation régulière nuit à la concentration et à la motivation. Les concentrations de THC (molécule active du cannabis) sont infiniment plus élevées aujourd’hui qu’il y a 20 ans.
Les nouveaux produits « comestibles » n’ont pas été étudiés et peuvent avoir des effets insoupçonnés.
La légalisation du cannabis fait croire qu’il est inoffensif, voire bon pour la santé lorsqu’on évoque un usage médical.
L’impact sur les adolescents : la légalisation facilitera-t-elle l’accès pour les adolescents, alors que de nombreuses études montrent les dangers potentiels du cannabis sur le cerveau en développement des adolescents?
Suède: Un patient présentant une douleur a été acquitté de l’accusation de cultiver illégalement du cannabis
Pour la première fois, compte tenu du manque d’alternative, il a été accepté qu’un patient souffrant de douleur puisse se soigner avec du cannabis pour être soulagé. Andreas Thörn( 36 ans), qui habite la ville de Västerås, a été acquitté par la cour du district de Västmanland d’avoir illégalement cultivé du cannabis à son domicile. Il a cultivé et consommé le cannabis pour soulager une douleur contractée il y a une vingtaine d’années, lors d’un accident de moto. Depuis cette personne est dans un fauteuil roulant. Le cannabis semble être le seul remède à ses douleurs. Mr. Thörn a essayé toutes les médications légales sans succès.
La sentence implique la récupération des 100 grammes de cannabis qu’il avait cultivés et que la police avait saisis. C’est une surprise pour la Suède qui applique une des lois les plus sévères du monde occidental en matière de drogue. La simple consommation entraine une peine maximum de 6 mois de prison. Les seules médications autorisées à base de cannabis sont le Sativex et le THC (Marinol), mais il est difficile de se les procurer et les patients doivent les payer ; c’est donc une médecine très coûteuse.
www.cannabis.se du 28 août2015
En bref
Science: La génétique du chanvre se rapproche plus de l’Indica que du Sativa
Les scientifiques ont montré que les noms de variété de cannabis ne reflètent pas une identité génétique significative. Ils ont aussi montré que le chanvre est plus proche du cannabis indica que du cannabis sativa.
Faculty of Agriculture, Dalhousie University, Truro, Canada.
Sawler J, et al. PLoS One. 2015;10(8):e0133292
Science/Animal: L’activation des récepteurs CB2 pourrait être bénéfique en cas d’obésité
Un cannabinoïde synthétique(HU308), qui ne se lie qu’aux récepteurs CB2, ont réduit l’inflammation des souris obèses sans incidence sur leur prise de poids. Les auteurs ont conclu que « les agonistes CB2 pourraient fortifier les signaux anti-obésité transmis par les CB2. »
Institute of Clinical Pharmacology, Goethe-University Hospital, Frankfurt, Allemagne.
Schmitz K, et al. Int J Obes (Lond).25 août 2015. [sous presse]
Science/Animal: Les endocannabinoïdes inhibent la nausée
Un inhibiteur de l’hydrolase d’amide d’acide gras (FAAH)a réduit les nausées aigües et anticipées des rats, à travers deux mécanismes : l’activation de PPAR-alpha et des récepteurs CB1. Comme FAAH est responsable de la dégradation de l’endocannabinoïde anandamide, l’inhibition de cet enzyme accroit le niveau de cet endocannabinoÏde.
University of Guelph, Canada.
Rock EM, et al. Psychopharmacology (Berl). 23 août 2015. [sous presse]
Science/Animal: L’activation des récepteurs CB1 est bénéfique en cas d’attaque cérébrale
Chez la souris, un agoniste synthétique (ACEA) des récepteurs CB1 a amélioré la récupération des cellules nerveuses après une attaque. Les chercheurs ont écrit : « nos résultats suggèrent que les récepteurs CB1 pourraient être impliqués dans la survie neuronale et dans la régulation de la neuroprotection pendant l’ischémie cérébrale focale de la souris. »
Facultad de Medicina, Universidad de Buenos Aires, Argentine.
Caltana L, et al. J Neurochem. 22 août 2015. [sous presse]
Science/Animal: L’endocannabinoïde 2-AG détend les vaisseaux sanguins
De nouvelles données suggèrent que l’endocannabinoïde 2-AG peut directement activer les récepteurs vanilloïdes de type 4 (TRPV4) de l’endothélium des vaisseaux sanguins, ce qui contribue partiellement à la réponse relaxante de 2-AG. « Le rôle fonctionnel de TRPV4 est fortement dépendant de la région vasculaire, » ont écrit les chercheurs.
Institute of Cardiovascular and Cell Sciences, St George's University of London, United Kingdom.
Ho WS, et al. Br J Pharmacol. 21 août 2015. [sous presse]