La Cour suprême du Mexique a autorisé mercredi le premier club de culture de cannabis du pays, lancé par quatre citoyens désireux d'ouvrir ainsi le débat sur la légalisation des drogues douces. Un moyen selon eux de couper l'herbe sous le pied des cartels.
Quatre juges de la Cour ont voté en faveur et un seul contre ce projet, unique dans le pays. Le club baptisé Société mexicaine de consommation personnelle responsable et tolérante (Smart) a été créé par deux avocats, un comptable et un militant dans le secteur social. Ils deviennent ainsi les premiers Mexicains à pouvoir cultiver du cannabis, projet non-lucratif et uniquement destiné à la consommation personnelle. Cependant, aucun des membres du groupe ne fume cette drogue. "Je n'ai jamais fumé de cannabis et je ne le ferai jamais", a affirmé à l'AFP Francisco Torres Landa, 50 ans, l'un des avocats à l'origine de la requête. L'objectif du "Smart" est surtout de faire jurisprudence, et d'obliger le Parlement à ouvrir un débat sur la légalisation des drogues douces afin de contrer les cartels de la drogue, selon les quatre citoyens.
Le "Smart" avait déjà saisi la Cour suprême en 2013, après un rejet d'une demande similaire formulée auprès de la Commission fédérale contre les risques sanitaires. Le président Enrique Peña Nieto rejette toute légalisation des stupéfiants et continue de mener une guerre frontale contre les cartels de la drogue, qui a fait plus de 80.000 morts et 25.000 disparus depuis 2006. C'est une méthode "brutale" et "la stratégie n'empêche même pas les consommateurs de se fournir", assure Armando Santacruz, comptable de 54 ans, l'un des membres du "Smart". "Nous avons réalisé qu'il n'y aurait pas de vrais résultats si nous n'agissions pas directement", ajoute-t-il.
Andrés Aguinaco, avocat aguerri qui fait également partie du projet, avait remporté le 8 septembre une première victoire en obtenant que Graciela, petite fille de huit ans qui subit quotidiennement 400 crises d'épilepsie, devienne la première consommatrice légale de cannabis. Sur cette question, le Mexique reste en retrait par rapport à d'autres pays du continent. L'Uruguay et plusieurs Etats américains ont légalisé le cannabis, tandis que le Chili débat actuellement d'une loi qui dépénaliserait sa consommation à des fins médicinales et récréatives.
[Replay 28'] La Tribune publie chaque jour des extraits issus de l'émission "28 minutes", diffusée sur Arte. Aujourd'hui, l’État doit-il devenir dealer ?
Une étude rendue publique mardi estime le chiffre d'affaires des principales drogues illicites en France à 2,3 milliards d'euros pour 2010. Le marché est dominé par le cannabis qui représente à lui seul 48%.
Ces chiffres relancent un débat récurrent : faut-il légaliser le cannabis pour court-circuiter les systèmes mafieux et mieux contrôler la consommation ?
https://www.youtube.com/watch?v=6BmInC7vF5M
Pour en débattre, Jean Costentin, pharmacologue, Emma Wieviorka, psychiatre, et Romain Perez, économiste.
Toute une industrie est déjà prête pour la « ruée vers l'or vert »
Le premier ministre désigné Justin Trudeau n'est pas encore assermenté que les entrepreneurs sont déjà sont nombreux à attendre qu'il se penche sur la légalisation de la marijuana à des fins récréatives, une de ses nombreuses promesses électorales. Toute une industrie est prête à produire et à vendre du cannabis; elle n'attend plus que le feu vert d'Ottawa.
Alors qu'une victoire des libéraux devenait de plus en plus probable lors des dernières élections, la valeur du titre de plusieurs entreprises inscrites à la bourse a grimpé en flèche. Par exemple, l'action de Canopy Growth a bondi de près de 68 % au mois d'octobre seulement.
Cap sur la production
Si pour l'instant il est difficile de chiffrer exactement à combien s'élèverait le marché canadien du cannabis à usage récréatif, le directeur général d'Hydropoticaire, Sébastien St-Louis, voit grand pour son entreprise, la seule basée au Québec qui a obtenu un permis de Santé Canada pour produire de la marijuana thérapeutique. « On a des grands plans d'expansion », avoue-t-il, espérant obtenir « une grande part » d'un marché qui pourrait valoir « 8 milliards de dollars dans les prochaines années ».
La ruée vers l'or vert est commencée
Tweed Marijuana est une entreprise inscrite en bourse. Elle dit avoir investi 65 millions de dollars jusqu'à maintenant. Son cofondateur, Bruce Linton, croit qu'on verra apparaître les premiers points de vente de marijuana récréative d'ici un an. « Je suis optimiste », confie-t-il.
Vers plus de producteurs?
Le Canada compte actuellement 26 producteurs autorisés par Santé Canada à faire pousser du cannabis à des fins thérapeutiques. Mais depuis l'entrée en vigueur du Règlement sur la marihuana à des fins médicales, 1012 demandes ont été refusées ou retirées et 389 demandes sont toujours à l'étude. Est-ce qu'une légalisation à grande échelle mènerait à davantage de producteurs?
Les premiers producteurs
Les 26 licences autorisées par Santé Canada valent leur pesant d'or. Militant, donateur au Parti libéral du Canada et directeur du Club Compassion, Marc Boris St-Maurice suit le dossier depuis des années : « C'est sûr que les gens qui ont déjà des permis de Santé Canada et qui sont cotés en bourse à des centaines de millions de dollars doivent avoir une équipe de lobbyistes prête à partir », devine-t-il. Mais selon lui, rien n'est gagné d'avance. « Il faut faire attention. Plein de gens vont spéculer. Tout le monde voit "la ruée vers l'or vert". Ça se pourrait, mais beaucoup vont perdre leur chemise dans le processus », présage-t-il.
Contre la légalisation
Si plusieurs producteurs se réjouissent d'une éventuelle légalisation de la marijuana à des fins récréatives, des médecins s'y opposent. « Il y a des problèmes reliés à la dépendance, des problèmes reliés à l'intoxication. Le cannabis n'est pas une drogue sociale, c'est une drogue d'intoxication », explique le médecin Jean-Pierre Chiasson.
Tous les yeux sont maintenant tournés vers Ottawa. Reste une grande question : quel est le plan de Justin Trudeau pour légaliser le cannabis?
Dépénalisation du cannabis.
"Il faut en débattre" selon Taubira
"Quand 40 % d'une génération consomme du cannabis, il n'est pas responsable de fermer les yeux". C'est ce qu'a indiqué Christiane Taubira sur le plateau de BFM Politique ce dimanche. Selon la garde des Sceaux, "c'est incontestable, il faut débattre" sur le sujet de la dépénalisation du cannabis.
"Un sujet de société doit être traité par la société", a fait remarquer à plusieurs reprises la ministre de la Justice. Une prise de position qui risque de ne pas être appréciée par Manuel Valls, qui s'est toujours montré opposé à toute ouverture de la discussion.
https://www.youtube.com/watch?v=OTxdr00EHF0
"Pas pour le pétard pour tous"
Christiane Taubira a toutefois dit espérer que les jeunes préfèrent "un bon jus de fruits ou un bouquet de fleurs" à la consommation de stupéfiants. Et elle a précisé "ne pas plaider pour le pétard pour tous".
Courir procure les mêmes effets que le cannabis,
affirme une étude
Tous drogués ? (Ph. Elvert Barnes Via Flickr CC BY 2.0)
S’entraîner à la course est bien meilleur que consommer du cannabis. Mais il n’empêche que les deux activités auraient beaucoup en commun, selon une nouvelle étude effectuée chez les souris – dont on sait par ailleurs qu’elles constituent un modèle très proche de celui des humains.
Si l’on savait depuis longtemps que faire du sport déclenche les endorphines, en particulier la course de fond, les chercheurs montrent que finalement ces endorphines ne participent pas (ou peu) à l'”ivresse du coureur” : ce sont les endocannabinoïdes qui lui procurent ce sentiment de bien-être.
Euphorie du coureur et cannabis
Ceux qui pratiquent la course – mais cela vaut sûrement pour les autres sports d’endurance – connaissent cet effet “second souffle” où tout à coup les douleurs et lourdeurs physiques s’estompent et où l’esprit connaît un moment de plénitude et d’euphorie.
L’effet, qui peut intervenir durant l’effort où après son arrêt, est notamment lié à l’invasion du cerveau par des substances qu’il sécrète. Et jusque-là l’on évoquait le rôle des “endorphines” dans ce processus, soit la production au niveau cérébral de molécules opioïdes, les mêmes que celles de l’opium.
Mais la nouvelle étude bat en brèche cette affirmation pour démontrer que l’effet est plutôt du type cannabis, du moins chez la souris : la course déclencherait la production des mêmes neurotransmetteurs qui apparaissent lorsqu’on fume de la marijuana, en particulier un “endocannabinoïde” nommé anandamide (contraction de “ananda”, signifiant béatitude en sanskrit, et “amide”, signalant la forme moléculaire de la substance).
Des souris coureuses
Pour démontrer cela, les chercheurs ont entrainé à la course 234 souris mâles et les ont testé pendant plusieurs semaines, à raison de 10 à 12 souris par jour en moyenne, pour une série de tests (chacun répété plusieurs fois avec différents groupes de souris).
La première expérience, avec 32 souris, visait à tester leur comportement : les 3 premiers jours, toutes les souris ont été enfermées dans une cage avec une roue tournante afin de les familiariser avec l’exercice. Laissées libres de leurs choix, elles ont en moyenne couru 5,4 km/jour.
Puis les chercheurs ont bloqué les roues pendant 2 jours, pour les faire récupérer, et ont scindé le groupe en deux : le 6e jour, seules 16 souris ont pu bénéficier d’un déblocage de la roue pendant 5 heures – et elles s’y sont données à cœur joie. Les autres n’ont pas pu courir.
Le test de la boite sombre-lumineuse
C’est alors que les chercheurs ont soumis l’ensemble à deux tests dont on sait qu’ils permettent d’évaluer chez la souris l’anxiété (ou stress) et la douleur ressentie : l’expérience de la boite sombre-brillante et celle de la plaque chauffante.
La première est un montage où deux boites, l’une obscure l’autre exposée à la lumière, communiquent par une ouverture. Il a été démontré qu’une souris placée dans un tel environnement inhabituel tend naturellement à se réfugier dans l’obscurité : ses incursions du coté lumineux sont d’autant plus nombreuses que son niveau d’anxiété est élevé. Or les souris joggeuses ont par ce biais montré que leur anxiété était moindre.
Le test sur plaque chauffante
Le deuxième test, celui de la plaque chauffante (à 53 °C), mesure la sensibilité à la douleur : et encore une fois, les souris sportives réagissaient moins violemment (temps de latence entre l’immobilité et les mouvement réactifs) que les autres.
Ces tests ont été répétés ensuite mais cette fois en mesurant les taux d’endocannabinoïdes et d’endorphines dans le sang des souris. Puis avec des inhibiteurs de ces substances. Puis enfin (pour confirmer les résultats) avec des souris modifiées génétiquement afin de ne pas produire d’endocannabinoïdes.
Mettre en lumière le rôle du système endocannabinoïde
Dans chaque test, les chercheurs ont constaté que le taux d’endorphines dans le sang n’influe pas sur l’anxiété ni la sensibilité à la douleur, ce qu’ils expliquent par le fait que ces molécules sécrétées dans le sang ne peuvent traverser la barrière encéphalique et donc atteindre le cerveau.
En revanche, ils ont montré qu’il y a un lien fort entre le taux de molécules du système endocannabinoïde, qui passent la barrière, et le comportement moins anxieux et sensible à la douleur des souris coureuses.
L’étude a ainsi permis de relativiser l’effet des endorphines et, au contraire, mettre en avant l’importance du système endocannabinoïde dans les effets ressentis par les joggeurs – et, supposent-ils, pour tout un ensemble de sports d’endurance. Mais bien sûr cela ne signifie pas qu’il faut compenser le manque de course par du cannabis.
Le 16 octobre, la Faculté de médecine de l’Université de Strasbourg accueillait la 4e édition de la conférence sur les avancées pharmacologiques dans le domaine des cannabinoïdes et leurs usages thérapeutiques en médecine.
Organisée par l’UFCM iCare (Union française pour les cannabinoïdes en médecine), la conférence était présidée par Bertrand Rambaud, patient et activiste français.
Prof. Hanuš, Sebastien Beguerie, Dr Patrizia Carrieri, et Bertrand Rambaud President de l’UFCM
« La situation française n’a jamais été aussi pénible »
Alors qu’il faisait état de la situation actuelle en France, Bertrand Rambaub contenait à peine sa frustration face au manque d’accès au médicament Sativex longtemps promis aux patients, mais jamais réellement offert. Mais il était réjoui de prendre la parole pour inaugurer la conférence. Il a remercié les commanditaires sans qui cette conférence n’aurait pu avoir lieu, et a dédié l’événement à Alexandre, un ancien membre de l’UFCM qui malheureusement est décédé des suites de sa maladie.
En dépit du climat politique défavorable qui règne en France, cette 4e édition a su attirer une impressionnante cohorte internationale de professionnels de la santé à laquelle se sont joints le Dr Spiess (Action Sida Ville) et le Dr Alexandre Feltz (médecin et adjoint au maire de Strasbourg). La conférence a de plus bénéficié de la participation de plusieurs conférenciers de haut calibre, dont le réputé chercheur tchèque de l’Université hébraïque de Jérusalem (Israël) le professeur Lumír Hanuš.
La découverte du système endocannabinoïde – Prof Lumír Hanuš
Prof. Lumír Hanuš
Après avoir présenté un bref survol historique de la découverte des cannabinoïdes et du système endocannabinoïde, le professeur Hanuš a discuté de l’éventuelle portée médicale de ces découvertes.
La découverte en 1964 du principal ingrédient actif du cannabis, le THC, est attribuée aux professeurs Yehiel Gaoni et Raphael Mechoulam de l’Université hébraïque de Jérusalem. À ce jour (octobre 2015), un total de 1068 composés ont été identifiés dans le cannabis, dont 141 de types cannabinoïdes.
Cependant, c’est la découverte du système endocannabinoïde et de ses récepteurs appelés CB1 et CB2 qui a permis de comprendre la manière dont le cannabis délivre ses effets sur le système.
Les récepteurs CB1 se retrouvent dans le cortex cérébral, l’hippocampe, les ganglions de la base, le cervelet et dans les systèmes reproducteurs.
Les récepteurs CB2 se retrouvent dans les organes lymphoïdes : la rate, le thymus, les amygdales, la moelle des os, les globules blancs, le pancréas et les macrophages.
Cette découverte a incité les chercheurs à tenter d’identifier ces composés et leurs diverses fonctions régulatrices. Le fait que les cannabinoïdes retrouvés dans le cannabis stimulent également les récepteurs du système endocannabinoïdes signifie qu’ils recèlent un potentiel thérapeutique pour presque toutes les maladies affectant les humains (Pacher et Kunos, 2013).
« Cependant, a continué Lumír Hanuš, bien que le cannabis soit merveilleux, il ne représente pas une panacée ».
Le cannabis n’est pas un remède qui guérit à toutes les fois.
Le cannabis n’est pas un remède qui guérit tout le monde.
Le cannabis n’est pas un remède pour toutes les maladies.
Le cannabis n’est pas un remède efficace pour tous les stades de la maladie.
Afin d’illustrer ses propos, il a présenté le cas d’un patient israélien traité au cannabis médical. Celui-ci a réagi différemment à deux variétés contenant pourtant les mêmes taux de THC et de CBD, fournissant la preuve que ce ne sont pas exclusivement ces deux composés qui entrent en jeu.
Le professeur Hanuš a poursuivi avec une exploration de la détection du quorum (quorum sensing) et les cannabinoïdes. Il a expliqué que la détection du quorum est un ensemble de mécanismes qui contrôlent l’expression de certains gènes selon les fluctuations de densités des populations de cellules. Les bactéries assujetties à la détection du quorum produisent et émettent des signaux moléculaires dits auto-inducteurs qui augmentent en concentration lorsque la densité des populations augmente. Un exemple visible de ce phénomène est offert par les bactéries bioluminescentes à l’origine de la luminescence vaste et continue qui s’échappe parfois de la surface des mers et des océans et qu’on appelle « milky seas ».
Plancton électroluminescent
Lorsqu’on a demandé au professeur Hanuš ce qui ralentissait la recherche dans le domaine du cannabis et de l’usage des cannabinoïdes, sa réponse était claire et nette :
« Les compagnies pharmaceutiques considèrent le cannabis comme un risque. Ce sont eux qui ralentissent le progrès. Par exemple, l’usage médical de l’anandamide est actuellement contrôlé par les pharmaceutiques et non pas par les chercheurs. Celles-ci ne sont cependant pas intéressées par ces composés. Ce qu’elles recherchent avant tout sont les dérivés de ces molécules qui peuvent être brevetés ».
Apprenez-en plus au sujet de Lumír Hanuš ici.
Mettre en pratique les recherches sur le cannabis –
Dr. María Muñoz Caffarel
Dr. María Muñoz Caffarel
Ancienne membre de l’équipe du professeur Manuel Guzman en Espagne, la Dre María Muñoz Caffarel a entrepris d’étudier les effets des cannabinoïdes sur les cellules cancéreuses. La conférencière a affirmé qu’avant d’utiliser les cannabinoïdes pour traiter le cancer, il importait de démontrer l’efficacité et la sécurité de leur usage. Elle a donc axé son discours sur la question suivante : est-ce que les cannabinoïdes remplissent ces deux conditions ?
Vers la fin des années 1990, le professeur Manuel Guzman a noté que le traitement au THC du glioblastome multiforme (tumeur cancéreuse la plus agressive) tuait presque toutes les cellules cancéreuses. Plus tard, en 2000, des essais sur les animaux ont aussi révélé d’importantes réductions des masses cancéreuses. Plus spécifiquement, on a découvert que les cannabinoïdes n’affectaient que les cellules malades, qu’ils stimulaient leur apoptose (mort de la cellule).
La thèse doctorale de la Dre María Muñoz Caffarel porte spécifiquement sur le cancer du sein, une maladie maligne répandue chez les femmes occidentales. Bien que le taux de guérison se soit beaucoup amélioré au cours des dernières années, les femmes continuent d’en mourir et il est important de développer de nouveaux médicaments pour contrer la propagation de cette maladie.
Il a été démontré qu’un traitement au THC chez des souris réduisait le taux de croissance des tumeurs, et des résultats similaires ont ensuite été obtenus sur des cellules humaines. Plus spécifiquement, on a observé une réduction de l’angiogenèse (formation de vaisseaux sanguins) accompagnée d’une augmentation de l’apoptose (mort cellulaire) des cellules malades.
On a aussi découvert que le traitement à base d’un composé synthétique spécialement conçu pour ne bloquer que le récepteur CB2 fournissait des résultats similaires à ceux obtenus lors de traitement au THC. Cette découverte s’avère particulièrement intéressante puisqu’elle pourrait offrir un moyen d’éviter les potentiels effets psychoactifs du THC.
Après cette phase de recherches concluantes sur des sujets animaux, la prochaine étape est de passer aux essais cliniques. Cependant, bien peu ont été jusqu’à présent effectués.
Le tout premier essai clinique a été effectué par le professeur Manuel Guzman sur un groupe de neuf patients en phase avancée qui ne réagissaient pas aux traitements traditionnels. L’objectif de cette étude était de comprendre l’incidence du traitement sur la qualité de vie des patients et sur les marqueurs tumoraux (glioblastome multiforme). Le THC a été injecté dans la tumeur de manière intracraniale. Les résultats obtenus se sont avérés intéressants : dans certains cas, le THC a déclenché une modulation des mêmes mécanismes moléculaires que ceux observés dans les modèles précliniques. Aucun effet psychoactif n’a été rapporté, et la croissance tumorale s’est estompée, augmentant l’espérance de vie du patient. Bien que ces résultats paraissent prometteurs, d’autres essais cliniques sont nécessaires.
« Selon mon point de vue, le travail en laboratoire et les essais cliniques doivent se poursuivre. Nous devons joindre nos efforts à ceux des compagnies pharmaceutiques et les informer de la nécessité de mener des essais cliniques.
La Dre Caffarel a terminé en déclarant qu’elle avait « l’intention de combiner les traitements à base de cannabinoïdes aux traitements traditionnels (polythérapie). Le problème majeur réside dans le manque de financement pour effectuer les essais cliniques ».
Apprenez-en plus au sujet de la Dre María Muñoz Caffarel ici.
Diminution du risque de diabète chez les patients atteints du VIH associée à la consommation de cannabis – Dr Patrizia Carrieri
Dr. Patrizia Carrieri
La Dr Carrieri, chercheuse à l’Inserm de Marseille (France), a un intérêt marqué pour l’étude des personnes souffrant d’addictions, et elle s’est récemment penchée sur le lien entre la consommation de cannabis et l’incidence du diabète chez les patients souffrant du VIH et du VHC.
Il n’existe que très peu de publications au sujet des effets des cannabinoïdes sur le diabète. Les quelques études effectuées ont toutes trouvé une incidence généralement plus basse de cas de diabète chez des souris diabétiques non obèses traitées au CBD (30 %) lorsque comparé à des souris n’ayant pas reçu de traitement (86 %). Les chercheurs ont également remarqué un délai dans l’apparition du diabète chez les souris ayant reçu le traitement, mais n’ont pu établir de relation dose-effet lors de l’administration, ce qui devra faire l’objet d’études supplémentaires.
Les résultats d’une recherche effectuée par le NHANES sur des humains ont indiqué une réduction de la prévalence du diabète chez les consommateurs de marijuana. Ces recherches spécifiques sont très pertinentes dans le cas des patients atteints du VIH puisqu’une importante corrélation existe entre la présence de syndromes métaboliques et le fait d’être affecté par l’hépatite C (4,1 à 44 %) et aussi parce que la prévalence de la consommation de cannabis est élevée dans le groupe à l’étude (plus de 40 %).
Afin de mieux comprendre le phénomène, depuis octobre 2005, 1364 patients fréquentant 24 hôpitaux participent à un programme de 60 mois qui s’attache à faire le suivi étroit de leur consommation de cannabis et de leur résistance à l’insuline.
Résultats :
25 % des patients suivis consomment du cannabis.
Les patients qui ont contracté le VIH des suites de consommation de drogues sont de grands consommateurs de cannabis (statistiquement).
La résistance à l’insuline est sensiblement la même parmi les utilisateurs de cannabis.
Aucune différence réelle observée entre les utilisateurs quotidiens et occasionnels.
Les utilisateurs de cannabis ont 60 % moins de chance de développer une résistance à l’insuline.
Les résultats correspondent à ceux observés dans la population générale.
Aucune relation dose-effet n’a été détectée.
Cette recherche démontre de manière concluante que la consommation de cannabis semble réduire les chances de développer une résistance à l’insuline qui peut aboutir au diabète. Comme la résistance à l’insuline affecte la réponse potentielle du patient au VHC ainsi qu’aux thérapies anti-VIH, la réduction de la résistance à l’insuline est bénéfique.
Apprenez-en plus au sujet de la Dr Patrizia Carrieri ici.
Utilisation du cannabis à des fins médicales pour soulager la douleur
– Dr. Paolo Poli
Dr. Paolo Poli
Le Dr Paolo Poli est membre de la SIRCA (Société italienne de recherches sur le cannabis) et travaille au département du traitement de la douleur de l’Université de Pise (Italie).
Il a suivi trois cents patients qui ont utilisé du cannabis médical pour soulager leur douleur. Au cours de sa présentation, il a exposé les résultats de leur progrès qui s’échelonne sur 18 mois.
Les patients ont été traités à l’aide d’une préparation de cannabis élaborée par Bedrocan, et leur suivi s’est effectué selon la fréquence suivante : après 1, 3, 6 et 12 mois. Les patients devaient quantifier leur douleur sur une échelle de 0 à 10 (10 représentant une douleur atroce).
Après 12 mois de traitement, 64,6 % des patients ayant complété la thérapie ont rapporté une diminution marquée de la douleur comme suit :
Fibromyalgie : 35 % – 9,03 à 5,83 après 12 mois
Maux de tête : 50 % – 8,91 à 4,36 après 12 mois
Maladies neurodégénératives : 43 % – 7 à 3,4 (incluant la sclérose en plaques)
Douleurs liées au cancer : 36 % – 7,03 à 4,5
Hydrocéphalie à pression normale : 29% – 8.43 à 6
Radiculopathie : 55% – diminution de 8,84 à 4
Arthrose : 24 % – 8,76 à 6,67
Dans la conclusion de son étude, le Dr Poli a déclaré que l’usage de cannabis médical est le plus approprié dans les cas de douleurs neuropathiques que dans ceux de douleurs somatiques, et que le cannabis offrait aux patients une variété de bénéfices, notamment, en améliorant le sommeil, en diminuant de manière considérable l’anxiété et la dépression et en augmentant la qualité de vie en général, et que e plus, il était très bien toléré chez les patients plus âgés.
Apprenez-en plus au sujet de Dr Paolo Poli ici.
Convention internationale sur le contrôle des drogues et l’usage du cannabis et des cannabinoïdes en médecine – M. Pavel Pachta
Pavel Pachta
Pavel Pachta, secrétaire adjoint de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) en République tchèque durant 25 ans et maintenant à la retraite, a présenté les conventions qui affectent le statut du cannabis en tant que médicament sur la scène internationale :
La Convention unique sur les stupéfiants de 1961, modifiée par le Protocole de 1972
La Convention sur les substances psychotropes de 1971
La Convention des Nations Unies contre le trafic illicite de stupéfiants et de substances psychotropes de 1988
Ces conventions poursuivent toutes deux principaux objectifs :
Limiter l’utilisation des stupéfiants/substances psychotropes à la recherche médicale ou scientifique et en assurer la disponibilité.
Restreindre l’utilisation médicale et scientifique des substances considérées très dangereuses et dépourvues de vertus thérapeutiques.
Soumis aux mêmes mesures de contrôle que les autres stupéfiants du Tableau I, le cannabis (plante) et les extraits de cannabis peuvent être utilisés à des fins médicales et scientifiques.
Selon le rapport annuel de 2014 de l’OICS, la Convention unique permet l’utilisation du cannabis à des fins médicales dans la mesure où sa culture est contrôlée par un organisme international qui détient le monopole du commerce en gros et des stocks de cannabis. La culture individuelle pour usage médical personnel n’est pas permise selon la Convention unique, et la prescription de cannabis doit reposer sur des connaissances médicales incontestables dérivées de preuves scientifiques.
En guise de conclusion, Pachta a déclaré que le delta-9-THC peut être utilisé à des fins médicales et scientifiques selon les mesures de contrôle sur les stupéfiants du Tableau II de la Convention de 1971. Il est important que les autorités nationales adoptent une approche positive pour favoriser toutes formes de changements, malgré la réalité qu’imposent plusieurs impasses :
Le cannabis médical utilisé par les gens provient du marché noir ou est issu de cultures personnelles illégales.
Aucun pays ne considère la plante de cannabis comme un médicament enregistré.
Le cannabis médical pourrait représenter le « cheval de Troie » qui permettrait incidemment la légalisation d’une utilisation récréative.
Le gouvernement aurait à déterminer ce qui serait permis : la culture personnelle ou la distribution de produits de qualité médicale.
Face à ces impasses, bien des administrations préfèrent maintenir le statu quo !
Mais quelles sont les positions de l’OICS face aux réformes actuellement en cours aux États-Unis, en Uruguay et en Allemagne, réformes qui enfreignent les conventions ?
« Je ne travaille plus pour l’OICS, alors je partage avec vous mon opinion personnelle : l’OICS produira très certainement une publication faisant état de ce manque de consistance. Cependant, pour que des sanctions soient mises en vigueur, il faudrait que ces changements aux lois locales/nationales aient des conséquences sur les pays voisins. Cette phase expérimentale sera probablement tolérée encore quelques années. » – Pavel Pachta
Apprenez-en plus au sujet de Pavel Pachta ici.
Le modèle autrichien de prescription et de remboursement
– Dr Eberhard Pirich, Autriche
Dr. Eberhard Pirich
En 2014, l’Autriche comptait 4500 patients utilisateurs de cannabis médical. La moitié de la quantité disponible de cannabis était utilisée dans les soins primaires, tandis que l’autre moitié était réservée aux hôpitaux. Le plan national de santé rembourse 60 % des coûts liés aux médicaments.
Les substances disponibles aux patients sont classées dans deux catégories : une catégorie inclut les produits finis tels Cesamet®, Sativex® et Marinol®, et l’autre catégorie est réservée aux médicaments magistraux tels Dronabinol et Nabilone (produits par Cesamet®). Les compléments alimentaires et les produits dermatologiques qui contiennent des CBD sont également disponibles sur le marché.
Les CBD font actuellement l’objet d’un vif intérêt dans la communauté médicale, et les recherches sur leurs utilisations bénéficient d’un financement international. Les recherches précliniques sont disponibles, mais les données de celles-ci doivent à présent servir à conduire des recherches cliniques à grande échelle, particulièrement des essais cliniques !
« Les bienfaits du cannabis sur la santé, peu importe la forme d’utilisation, excèdent de loin les dangers qu’il comporte. » – Dr Eberhard Pirich, Autriche.
Apprenez-en plus au sujet de Bionorica ici.
Americans for Safe Access – Steph Sherer
ASA founder, Steph Sherer
En tant que fondatrice de l’association Americans for Safe Access (ASA), Steph Sherer est déterminée à ajuster les lois afin que les patients puissent accéder de manière sécuritaire à du cannabis médical.
À l’heure actuelle, aux États-Unis, le cannabis est considéré illégal par le gouvernement fédéral.
Cependant, plus de 40 États ont déjà adopté des lois permettant l’utilisation médicale du cannabis, et quatre États ont opté pour la légalisation complète.
La situation contraste avec celle des années 80 alors que le programme fédéral IND (Investigative New Drug program) entamait les premiers essais de cannabis médical. Aujourd’hui, les États-Unis comptent plus de deux millions de patients qui utilisent le cannabis médical.
« Nous avons livré une lutte tenace, mais nous sommes parvenus à de grands accomplissements. » – Steph Sherer
Pour atteindre ses objectifs et relever le défi, le ASA a dû coordonner ses efforts et orienter son approche selon les axes suivants :
Système juridique (tribunaux)
Système bureaucratique
Stratégies médiatiques coordonnées
Désobéissance civile
Lobbying direct
Mise en place d’un protocole de sécurité des produits
Concertation avec les professionnels de la santé et les patients légaux Éducation du public
Afin de susciter une réaction de la part des médias, le ASA a eu recours à des actes de guérilla, notamment, en mettant en place un ingénieux réseau d’envois d’alertes SMS au sein de la communauté de patients leur permettant de réagir rapidement et de rapporter des évènements qui passeraient totalement sous silence dans les médias traditionnels.
Toutefois, bien des défis restent à relever. La loi fédérale doit être réajustée et les programmes des États doivent être améliorés. Les politiques d’assurance et les mesures de protection civile/de l’emploi doivent faire l’objet de considérations. Il reste encore un grand travail à faire afin de surmonter les préjugés à l’égard de la plante de cannabis, de sa consommation et de son utilisation médicale. Il faut établir les doses standards auxquelles ont droit les patients, et les politiques concernant les greffes d’organes doivent aussi être revues.
Visitez la plateforme d’Americans for Safe Access platform pour plus d’information.
Conclusions
À l’issue de la conférence, les fondateurs de l’organisation UFCM iCare, Bertrand Rambaud et Sébastien Béguerie, ont pris la parole pour remercier les conférenciers de leur participation. Enfin, ils ont lancé un appel afin que tous participent activement à la mise en place d’un réseau coordonné de professionnels de la santé. Cette concertation est cruciale pour que s’enclenchent des développements dans le domaine de l’utilisation médicale des cannabinoïdes, et surtout, pour permettre aux patients d’avoir accès à du cannabis médicinal.
Sensi Seeds continue d’appuyer les efforts de l’association UFCM iCare. Nous vous encourageons à en apprendre davantage sur les objectifs de l’association en visitant leur site Web.
Montevideo - L'Uruguay souhaite produire six à dix tonnes de cannabis par an pour pouvoir fournir les pharmacies, dans le cadre de sa loi pionnière dans le monde, a annoncé à l'AFP Milton Romani, secrétaire général du Conseil national des drogues.
Tout est presque prêt pour commencer à produire, a déclaré M. Romani. "Il reste à affiner le logiciel du registre (sur lequel doivent s'inscrire les consommateurs et producteurs de cannabis, ndlr) et du retrait en pharmacie", et à définir quelles entreprises seront en charge du transport, a-t-il ajouté.
En décembre 2013, l'Uruguay a adopté une loi polémique et unique au monde, permettant à l'État d'octroyer des licences de production de cannabis pour sa commercialisation en pharmacie, pour un usage récréatif.
Deux entreprises privées ont déjà été sélectionnées par appel d'offres pour produire la drogue douce et "nous avons choisi une variété de graines originaires d'Uruguay, le +cannabis charrua+", a expliqué Milton Romani.
Le gouvernement de gauche, qui prévoit que la vente pourrait commencer en juin 2016, estime "un marché de 160.000 Uruguayens consommateurs fréquents ou réguliers" dans un pays de 3 millions d'habitants, selon le secrétaire général du Conseil national des drogues.
"Au regard de la loi, qui autorise la vente de 40 grammes mensuellement par personne enregistrée, il nous faut produire entre 6 et 10 tonnes par an", a-t-il indiqué, à un prix de 1,40 dollar le gramme.
Comme l'avait affirmé l'ex-président José Mujica, à l'origine de cette loi, celle-ci est "une expérience".
"Nous avançons pas à pas, les deux entreprises commencent avec (une production de) deux tonnes chacune et au fur et à mesure que le système s'affinera, nous allons lancer d'autres appels d'offres ou autoriser ces entreprises à produire plus", afin d'atteindre les volumes nécessaires pour répondre à la demande, a détaillé M. Romani.
La vente de cannabis à usage récréatif en pharmacies est le troisième volet, longtemps repoussé, de la loi votée en Uruguay, dont les deux premiers - la culture de cannabis pour la consommation personnelle ou au sein d'un club - ont déjà été mis en pratique.
Selon Milton Romani, le pays compte actuellement 3.100 auto-cultivateurs enregistrés, 15 clubs sur le point d'être autorisés et deux qui le sont déjà.
"Le plus important pour nous, c'est que les usagers du cannabis adhèrent au système (...) grâce au prix, à la qualité, la fiabilité, l'accessibilité et la sécurité" d'un système de vente géré par l'Etat, a-t-il expliqué.
"L'un des objectifs de la loi est de reprendre le marché occupé par le narcotrafic", a-t-il assuré, précisant que la culture de cette drogue douce sera encadrée par d'importantes mesures de sécurité.
Mais, "dans ce système, il n'y a pas de possibilité de tourisme cannabique", a-t-il prévenu, car seuls les consommateurs enregistrés pourront acheter la drogue en pharmacie, et pour s'enregistrer il faut être Uruguayen ou résider en Uruguay depuis au moins deux ans, un dispositif qui exclut donc les touristes étrangers.
L'Etat uruguayen percevra 10 à 13% des recettes issues de la commercialisation du cannabis, plus le prix des licences payé par les entreprises productrices.
Début octobre, les pharmacies d'Uruguay avaient fortement critiqué le fait de pouvoir bientôt vendre de la marijuana dans leurs officines, s'inquiétant des dangers pour la santé de cette drogue.
Patrick Mennucci est favorable à la légalisation. Bruno Le Roux appelle à en parler. Changement de ton ou nouvel enfumage d'un parti habitué à louvoyer sur le sujet ?
Cannabis : les députés PS veulent faire tourner le débat
Photo Thomas Wirth. AFP
Bonne nouvelle : les députés socialistes veulent causer du cannabis. Leur chef de file à l'Assemblée – et proche du président Hollande – Bruno Le Roux, a jugé mercredi que ce débat «doit être ouvert», sans trop savoir dans quel cadre. Il veut « une réflexion sur le produit».
Prudent, il n'a pas prononcé les mots qui fâchent – dépénalisation, légalisation. Il ne veut pas qu'on retombe dans la vieille accusation de «gauche pétard», même si elle ne tient pas la route (la gauche sous Hollande est plus répressive contre les usagers que la droite le fut sous Sarkozy). «A chaque fois que l’on cherche à ouvrir ce débat sur les drogues et le cannabis, c’est toujours le procès en laxisme qui l’emporte et fait que tout le monde recule», regrette Le Roux.
Ils ont fumé ou quoi ?
La relance de ce vieux serpent de mer est partie de Marseille. Après le meurtre dans une cité de la ville de trois jeunes dont deux ados de 15 ans, le week-end dernier, même les esprits les plus obtus se rendent compte que ce n'est pas le cannabis qui tue, mais la prohibition. Le député PS de Marseille Patrick Mennucci a dit lundi sur Canal + qu'il est désormais favorable à la légalisation, alors qu’avant, il pensait le contraire.
Il a expliqué ce jeudi dans la Provence pourquoi il changeait d'avis : «La situation actuelle est la pire que l'on puisse imaginer. En effet, on a tous les inconvénients mais aucun des avantages en termes de prévention et de fiscalité.» L'élu constate que la «guerre» menée par l'Etat, quels que soient les moyens engagés et le travail «exceptionnel» de la police qui «démantèle un réseau après l'autre, ça n'empêche rien».
Aussi préconise-t-il de créer une filière sous monopole d'Etat, «de la production jusqu'à la distribution», ce qui «assécherait les réseaux». Mennucci demande aussi d'«arrêter d'utiliser politiquement ce sujet et enfin, d'avoir le courage d'ouvrir posément ce débat».
Sa collègue socialiste marseillaise, Marie-Arlette Carlotti, ancienne ministre aux Personnes handicapées, a exprimé une position similaire, lundi : «Contre la violence dans les cités, ouvrons le débat de la légalisation du cannabis !»
Comment vont-ils faire ?
Le PS a un bon point de départ : le rapport Vaillant de juin 2011, qui prône une «légalisation contrôlée». C'est à lui que Le Roux a fait référence, indiquant qu'il évoque le sujet «depuis des années avec Daniel Vaillant, ancien ministre de l’Intérieur peu connu pour son laxisme».
Les esprits moqueurs constateront qu'en la matière, les socialistes se montrent aussi réactifs qu’un panda défoncé au bambou cherchant la télécommande devant sa télé bloquée depuis trois jours sur la Chaîne parlementaire : il leur aura fallu plus de quatre ans pour se souvenir de ce rapport qu'ils ont soigneusement enterré dès sa sortie.
Entretemps, une autre de leurs collègues, Anne-Yvonne Le Dain (PS, Hérault), a produit un rapport très complet, en novembre 2014, prônant de créer un «marché régulé». Mais il apparaît que certains de ses collègues ne sont même pas au courant de son existence.
Quand débattre, et dans quel but ?
Ce qui est dommage, c'est que le Sénat a rejeté, en avril, une proposition de loi de l’écologiste Esther Benbassa visant à autoriser l’usage et la vente contrôlée par l’Etat : le débat aurait pu avoir lieu dans ce cadre.
On peut toujours le relancer, mais comment et quand ? «Sans doute pas avant les élections régionales» des 6 et 13 décembre, indique Patrick Mennucci. Et débattre, pour quoi faire ? «L’idée fait son chemin, mais c’est une autre chose que passer à l’action», a commenté sur Facebook Jean-Pierre Galland, vieux militant de la légalisation.
On attend néanmoins avec impatience ce débat promis. Surtout pour voir qui sera le premier à se faire taper dessus par l'exécutif, François Hollande comme Manuel Valls étant opposés à tout changement. A moins que, face aux évidences, ils changent eux aussi ?
Poursuites même en l’absence d’interdiction sur le cannabis – LEAP
La Law Enforcement Against Prohibition est arrivée en Europe
Bonne nouvelle de Berlin : la LEAP (Law Enforcement Against Prohibition), l’organisation composée de policiers et d’agents de la force publique, vient tout juste de s’établir en Allemagne. L’organisation à but non lucratif qui connaît un véritable succès aux États-Unis n’avait jusqu’à présent qu’une seule division en Europe, au Royaume-Uni.
La Law Enforcement Against Prohibition est arrivée en Europe
Le 10 septembre 2015, l’ancien chef de police de Münster, Hubert Wimber, a été élu président de la division allemande de l’organisation LEAP. Wimber est entouré de cinq membres fondateurs hautement distingués : Frank Tempel, membre du Parlement fédéral allemand et porte-parole de gauche des politiques en matière de drogues ; Andreas Müller, célèbre juge de la cour juvénile ; Annie Machon, directrice de la LEAP en Europe et ancienne fonctionnaire du MI5 ; et Wolfgang Neskovic, ancien juge de la Cour suprême fédérale. Wimber a toujours promu la libéralisation de l’interdiction qui pèse sur le cannabis, et il y a à peine un an, juste avant de prendre sa retraite, Ralf Jäger (SPD) lui avait interdit de participer à la rencontre inaugurale de la LEAP.
L’exemple des États-Unis
En 2002, Jack A. Cole a établi la LEAP à Medfort dans le Massachussetts. Après un lent départ, il y a treize ans, l’ancien agent d’infiltration est maintenant entouré d’un bon nombre de confrères militants. Il reste néanmoins beaucoup d’efforts à déployer pour parvenir à mettre en lumière les conséquences néfastes qu’ont les politiques actuelles en matière de drogues sur le public, les politiciens et les médias.
Parallèlement à cette mission, la LEAP s’attache à ré-établir le respect des citoyens envers le travail des policiers ; en effet, ceux-ci sont souvent perçus d’un mauvais œil puisqu’ils sont tenus d’appliquer les lois antidrogues. La LEAP tentera d’atténuer les nombreuses conséquences néfastes qu’entraîne la guerre contre les drogues, notamment, le nombre grandissant de policiers impliqués dans des crimes liés aux drogues. Par-dessus tout, les membres de la LEAP veulent démontrer à leurs propres collègues que le taux élevé de délinquance n’est pas tributaire des substances consommées, mais plutôt des interdictions qui pèsent sur les drogues.
Bien que la LEAP ne soit pas encore solidement installée en Europe, la plupart des anciens agents de la force publique des États-Unis exercent maintenant une grande influence dans les discussions actuelles concernant la réglementation du cannabis. La LEAP compte un total de 15 000 membres, la plupart résidant aux États-Unis. Toutefois, les membres des deux divisions européennes viennent renforcer la délégation de bons flics des divisions costaricaines et brésiliennes, ainsi que celles de 190 autres pays. La LEAP s’assure d’envoyer des conférenciers lors d’évènements politiques portant sur les drogues dans 35 États américains et 16 pays. L’organisation est ouverte à tous, mais les fonctions de conférenciers et de gestionnaires sont réservées aux agents de la force publique, actifs ou retraités, tels les policiers, les agents des douanes, de contrôle frontalier et de prison, les représentants du ministère public et les juges. À ce jour, environ 5000 membres de la LEAP exercent, ou ont déjà exercé, de telles fonctions. Plus d’un de ces professionnels s’est porté, à un certain moment dans sa carrière, à la défense du parti opposé, et tous peuvent parfaitement comprendre l’expérience qu’a vécue le directeur général de la LEAP, le général à la retraite Neill (Stanford) Franklin. Franklin a été très actif dans la guerre contre les drogues à l’époque où il était jeune politicien et agent d’infiltration dans les opérations antidrogues. Lorsque son collègue est bon ami, le caporal Ed Toatley, a été abattu durant une opération d’infiltration à Washington DC en 2000, il a clairement émis ses opinions, et a joint la LEAP.
Conflit d’intérêts
En Allemagne, la plupart des militants qui font partie de la LEAP ne sont plus en service actif, mais aux États-Unis, quelques membres exercent toujours leurs fonctions de policiers. Conformément à la loi en matière d’emploi dans le secteur public, leur affiliation à la LEAP est souvent considérée comme une source de problème. À ce jour, l’épée de Damoclès est toujours suspendue au-dessus de la tête de tous ces officiers qui osent exprimer – ouvertement ou discrètement à leur collège avant de prendre leur retraite – leur soutien pour la relégalisation du cannabis ou la libéralisation du marché des drogues. Le fameux cas de l’agent de contrôle frontalier californien, Bryan Gonzalez, illustre peut-être le mieux le type de représailles qui attends celui qui ose prendre position en faveur de la LEAP. L’agent n’a fait qu’exprimer ses doutes quant à la pertinence d’interdire le cannabis et mentionné la LEAP pour que ses collègues aillent le dénoncer à leur supérieur. Lors des procédures de l’audience disciplinaire, il a été démontré que les points de vue de Gonzalez étaient contraires aux intérêts de sa profession, et sur ce, il a été licencié de la fonction publique. En 2011, une poursuite intentée par la LEAP et l’Union américaine pour les libertés civiles (ACLU) a finalement été rejetée. Qu’à cela ne tienne, à partir de ce moment, la LEAP a connu une croissance prolifique aux États-Unis et à l’étranger, et au cours des quatre dernières années, elle a joué un rôle clé dans les campagnes de légalisation du cannabis dans les États du Colorado, de l’Oregon, de l’Alaska, de Washington et à Washington DC.
À la suite de la suspension de son client Bryan Gonzalez en 2011, le directeur juridique de l’Union américaine pour les libertés civiles de l’Arizona, Daniel Pochoda, a déclaré que :
Et sa déclaration s’avère juste. Il ne reste plus qu’à espérer que la LEAP s’ancrera rapidement, et solidement en Europe.
"De plus en plus de membres des organismes d’application de la loi dénoncent l’inefficacité des lois antidrogues, et en dépit du fait qu’ils reçoivent leur rémunération du gouvernement, ils exercent le droit qu’ils ont de partager leurs impressions et de s’engager dans cet important débat ".
IACM-Bulletin du 24 Octobre 2015
Croatie: Légalisation et accès limité aux médicaments à base de cannabis
Science/Homme: Le cannabis est parfois utilisé comme substitut à l’alcool, aux drogues illégales et à certains médicaments
Science/Animal: : L’euphorie engendrée par l’exercice d’endurance, ou ivresse du coureur, est substantiellement causée par les endocannabinoïdes
Croatie: Légalisation et accès limité aux médicaments à base de cannabis
Le gouvernement croate a légalisé la consommation de cannabis à usage médical, qui peut être prescrit aux patients qui souffrent de sclérose en plaques, cancer, épilepsie ou sida. La presse de ce pays a indiqué que pour l’instant, le cannabis ne sera pas disponible en pharmacie, mais par l’intermédiaire de huit compagnies pharmaceutiques.
La législation permet aux médecins de prescrire le cannabis sous forme de médicament, de thé, ou de pommade. Chaque patient peut en recevoir une quantité limitée à 750 mg de THC par mois. Le ministre de la Santé a attiré l’attention sur le fait que le cannabis ne guérissait pas les maladies mentionnées, mais servait à soulager des douleurs et des souffrances provoquées par certaines maladies chroniques graves. Le ministre a aussi attiré l’attention sur le fait que la culture de cannabis dans des espaces privés restait illégale.
The Freepress Journal du 15 octobre 2015
Science/Homme: Le cannabis est parfois utilisé comme substitut à l’alcool, aux drogues illégales et à certains médicaments
De nombreux patients, qui consomment du cannabis, utilisent les préparations à base de cannabis, en remplacement d’autres substances comme l’alcool, les drogues illégales, ou certains médicaments. Ce sont les chercheurs du Centre for Addictions Research de la British Columbia University de Victoria et d’autres institutions de recherche qui sont arrivés à ces résultats après avoir consulté 473 adultes. Ce sondage incluant 414 questions était destiné aux Canadiens qui consomment du cannabis. On pouvait y accéder en 2011 et 2012 en ligne, et dans sa version papier.
87% des personnes ayant répondu ont indiqué utiliser le cannabis comme substitut à l’alcool, aux drogues illicites ou à certains médicaments prescrits (80,3% indiquent remplacer des médicaments prescrits, 51.7%l’alcool, 32.6% des substances illicites). Les auteurs ont conclu que l’usage médical du cannabis pourrait jouer un rôle de réduction des nuisances, dans ce contexte d’utilisation de ces substances, et pourrait avoir des implications pour les traitements d’abstinence. »
Lucas P, Walsh Z, Crosby K, Callaway R, Belle-Isle L, Kay R, Capler R, Holtzman S. Substituting cannabis for prescription drugs, alcohol and other substances among medical cannabis patients: The impact of contextual factors. Drug Alcohol Rev. 14 septembre 2015. [sous presse]
Science/Animal: : L’euphorie engendrée par l’exercice d’endurance, ou ivresse du coureur, est substantiellement causée par les endocannabinoïdes
« L’ivresse » dont parlent les coureurs, généralement attribuée aux endorphines, a été attribuée aux endocannabinoïdes. Ce sont des chercheurs allemands qui sont parvenus à ce résultat. Ils suggèrent que cette « ivresse » est comparable à celle que procure le cannabis. Les endorphines, éléments chimiques naturels produits par le corps, présentent des propriétés similaires de soulagement de la douleur à la morphine. Pendant l’exercice intense, l’étirement et la déchirure des muscles forcent le corps à produire de la béta-endorphine et de l’anandamide (un endocannabinoïde). Pour déterminer l’élément responsable de l’ivresse du coureur, les chercheurs de l’Université de Heidelberg ont fait trois expériences sur des souris.
Ils ont démontré, qu’après la course, la réduction de l’anxiété et de la douleur est transmise par les récepteurs cannabinoïdes. « L’ivresse d’un coureur est une notion subjective de bien être dont certaines personnes font l’expérience après un exercice prolongé, » ont écrit les chercheurs dans leur étude. « Pendant des décennies, on a cru que la libération d’endorphines était responsable de l’ivresse du coureur, or les endocannabinoïdes pourraient aussi jouer un rôle. »
Fuss J, Steinle J, Bindila L, Auer MK, Kirchherr H, Lutz B, Gass P. A runner's high depends on cannabinoid receptors in mice. Proc Natl Acad Sci U S A. 5 octobre 2015. [sous presse]