Michka entourée d'autres spécialistes du cannabis a dirigé la publication de l'ouvrage du « Cannabis médical, du cannabis indien aux cannabinoïdes de synthèse ».
La France est encore à la traîne pour les patients qui souhaitent utiliser le cannabis pour soigner, soulager et même guérir différentes pathologies y compris certaines graves. Un bilan des études est dressé autour du chanvre thérapeutique. Les différentes législations sont prises en compte pour comparer l'arsenal répressif ou au contraire bienveillant de différents pays concernés. Le livre fait foi dans la recherche et est très complet, avec de multiples illustrations, documents et références. Un livre très sérieux et très compétant sur la question, qui ouvre de nouveaux horizons pour se soigner de façon naturelle et efficace en connaissance de cause.
La France est le pays le plus répressif d’Europe à la gueule du client et selon la classe sociale et compte le plus grand nombre de fumeurs de cannabis.
Raison de plus pour laquelle se soigner de façon naturelle avec du cannabis demeure un sujet encore très tabou en pays franchouille. Sans doute qu’une des raisons principales provient des trusts pharmaceutiques qui distillent et insufflent leurs industries chimiques dans les moindres interstices laissés vacants par la société et imposent leurs produits, comme seule solution probante pour se soigner. C'est tout bénef pour eux. Ils s'assoient sur les bavures sanitaires dont ils sont pourtant les premiers responsables et trinquent à la vie à la mort des patients tombés entre leurs griffes.
C'est un lobby bras armé, des politiques es moral, qui freine les avancées médicales autour de l’usage du cannabis et les remettent en question. D'où la France qui arrive bonne dernière des pays les plus évolués dans les soins de santé naturelle. Alors que les neuroleptiques sont admis dans les mentalités pour apaiser les souffrances tant physiques que mentales et que le jaja représente le sport national pour emboucher les estomacs. C’est la cirrhose ou l’overdose !
« La santé par les plantes », Ramon Pipin's Odeurs connaît la musique :
“Mon crane bascule / Le soir parfois / Ma mère me tend des amphétamines / En fait elle ne comprend pas l’écologie !... » C'est par cette boutade que s'achève la chanson !
Aborder le cannabis médical, c'est aussi revenir aux sources des plantes et des molécules qui composent les médicaments. Sauf que les plantes sont supposées être plus naturelles dans leur environnement, que le cachet que vous ingurgitez prescrit par la médecine allopathique toute puissante. Quand elles ne sont pas transformées et engraissées par substrats chimiques pour être plus productives, les plantes regorgent encore toutes leurs substances guérisseuses.
Comment, moi qui pète la forme j'en suis arrivée à m'intéresser à ce sujet pointu ?
Pour tout vous dire, j'ai découvert presque par hasard Michka sur les ondes de France Culture.
https://www.franceculture.fr/emission-sur-la-route-sur-la-route-des-jardiniers-en-herbe-a-la-frontiere-espagnole-2015-09-19
(entre 37 minutes 57 et 45minutes12)
Elle est à l'origine de ce livre collectif qui nous intéresse dont elle a assuré la direction. Elle se désigne elle-même comme « auteure française traduite en plusieurs langues qui a publié une demi-dizaine d'ouvrages sur le cannabis. Appelée comme expert auprès des tribunaux, elle est également journaliste et voyage régulièrement entre l'Europe et l'Amérique, où elle observe depuis plus de trente ans l'évolution de cette plante, qu'il s'agisse de son versant récréatif ou thérapeutique ». (page 15)
A l'entendre et à la lire c'est un plaisir, pour la clarté et la qualité de ses propos. En plus, c'est une grosse pointure en la matière. Elle cherche avant tout à nous informer et dire toute la vérité, rien que la vérité sur le cannabis. Faut croire, qu'elle y soit parvenue, puisque j'ai tout pigé du gros livre richement illustré dont je vous cause aujourd’hui. Et pourtant je n'ai aucune connaissance scientifique à mon actif. Je ne fume pas des bananes comme Daevid Allen en zizique, avec son groupe Gong. Tout m'intéresse. Surtout ce qui est d'essence naturelle. J'ai été servie par la richesse des propos, tant de Michka, pour toutes les autres personnes qui ont contribué à ce pavé dans la mare à donner lire un autre son de cloche, que celui officiel tout puissant et majoritaire. Ensuite, à chacune et chacun, comme toujours d'exercer son sens critique et se forger sa propre opinion.
Ni la question récréative du cannabis ni celle de sa dépénalisation ne sont abordées dans cet ouvrage. Ce n'est pas le sujet. Seul compte la santé.
Même si forcément le plaisir de consommer du cannabis transpire entre les pages et dans son entretien sur France Culture. Michka explique d’ailleurs que c’est comme parler du vin, des grands crus à la bibine. Qu’il y a toutes sortes d’herbes et autant de grands écarts dans la qualité, que pour le vin. Puisque le cannabis peut avoir de vraies vertus thérapeutiques apaisantes et peut redonner l’appétit dans certaines pathologies très graves. J’y reviendrai.
Michka explique les raisons pour lesquelles le cannabis médical a été si longtemps interdit et s'interroge si ça va durer. Il est considéré comme une des plus anciennes plantes médicinales qui compte pas loin de huit cents variétés (chanvre ou marijuana) dont près de 500 composants identifiés et 70 que l'on trouve dans aucune autre plante. « En dix mille ans d'utilisation, le cannabis n'as jamais tué personne – ce qui n'a pas empêché les conventions internationales de le considérer comme un dangereux stupéfiant » (page 15) Ses principes actifs n'ont été reconnus que dans les années 1960.
Dans certains milieux bobos de l’époque, le Club des Hachischings dans les années 1845 en ont l'expérience, idem les musiciens noirs de jazz, « Dans une société âprement divisée par la ségrégation raciale, la marijuana associée aux descendants des esclaves noirs et aux travailleurs saisonniers mexicains, fut d'emblée perçue comme une menace à l'ordre établi ». (page 16) En 1937, le Sénat vota une taxe si importante, digne d'une prohibition en bonne et due forme.
Au XIX eme siècle la ganja était considérée comme un remède international qui se traduisit par des applications médicales, Elle fut prescrite pour soigner la douleur, le tétanos, la rage, l'épilepsie, l'asthme et utilisée dans les cures désintoxication des alcooliques et des héroïnomanes....
Aussi étonnant que cela puisse paraître, on redécouvrit ses vertus curatives à travers son utilisation récréative qui permit pas exemple à un GI au Vietnam atteint de glaucome héréditaire de lui rendre une clarté de vision. Idem chez un patient atteint de leucémie qui ne supportait pas son traitement en chimiothérapie et a recouvré l'appétit... En 1970, des études sont entreprises à ce sujet avec des résultats très probants. « En 1976, la recherche sur le cannabis est tout simplement interdite aux États-Unis, car le gouvernement fédéral trouve qu'il serait inapproprié d'envoyer à sa jeunesse « un message contradictoire », en reconnaissant quelque vertu que ce soit pour le cannabis ». (page18)
Michka met un point d'honneur à redonner ses vertus aux plantes qui soignent tel le cannabis sous ses différentes formes. Expliquant avec justesse que la plupart des médicaments actuels sont dérivés de plantes. On doit au maréchal Pétain, parmi ses nombreuses tares et en dehors du criminel galonné et chef des collabos, d'avoir supprimé le diplôme d'herboriste en France !
Pour se soigner avec le cannabis il existe une multitude de possibilités qui vont de le boire, l'inhaler, le manger, l'absorber par la peau...
Les preuves du cannabis pour soulager sont faites. Suivant les symptômes aussi divers que l'anorexie, les spasmes, différentes douleurs, l'asthme, l'épilepsie, le glaucome, le déficit de l'attention, la maladie d'Alzheimer, le cancer...
J'apprécie le caractère objectif du livre qui prend en compte également certains effets secondaires. Ainsi, sur une thérapie de longue durée peuvent apparaître certains symptômes qu'il faut bien évidemment prendre en ligne de compte. « Le cannabis possède un potentiel de toxicomanie et peut provoquer les symptômes de l'état de manque (anxiété, nervosité, insomnie, salivation, diarrhée), Toutefois, cela n'a jamais été décrit chez les patients traités à long terme avec du THC ». (page 51)
Le THC est le principal composé actif du cannabis.
Des patients témoignent du bienfait du cannabis dans leur traitement de maladies graves. Tout un chapitre y est consacré. Plusieurs pays (Etats Unis, Canada, Espagne, Hollande... sont passés au crible des législations. Les citoyens ne sont pas traités sur le même pied d'égalité et suivant le lieu où l'on habite on sera plus ou moins libres de consommer du cannabis à titre médical ou subir la justice,
L'histoire des variétés et leurs évolutions sont également développées.
Comme du temps de la prohibition de l'alcool où de nouvelles boissons tirées de l'alambic selon des formules magiques pas toujours très cohérentes pour les bienfaits physiques ont fait leur apparition. Il en va de même avec le cannabis. Pour parer les interdictions, sont apparues sur le marché des substances chimiques imitant les effets du cannabis et autres cannabinoïdes de synthèse. Un chapitre se consacre à cette analyse.
Ce livre très complet n'est pas écrit par une bande de babas cools, mais par des spécialistes sur la question, docteurs, biologistes, avocats, professeurs de droit et j'en oublie tant ils sont riches de leur sujet qu'il connaisse sur le bout des doigts.
Les plus grands spécialistes internationaux se sont penchés sur le berceau du cannabis et répondent aux questions que l'on peut se poser.
Ce n'est pas non plus un hasard si de plus en plus de pays dans le monde et autour de notre tout petit hexagone s'intéressent désormais aux vertus du cannabis médical.
Ce livre exulte une synthèse actuelle se basant sur l'histoire du cannabis et de tous ses relents qui n'ont pas toujours bonne presse, par manque d'informations sur le sujet complexe. Ce le livre a au moins le mérite de creuser le cannabis médical jusqu'à la racine et de nous éclairer de ses lumières.
La culture, les lieux dans les différents pays où on peut s'approvisionner légalement ainsi que les dérivés du cannabis qui sont disponibles actuellement... Tout vous saurez tout sur le cannabis et toutes ses vertus médicinales.
L'ouvrage s'achève sur un « CannaScope » qui répertorie les sites internet et propose un annuaire selon les pays, un agenda et les publications et ressources internationales ainsi que des références de vidéos,
Balèze de chez balèze se travail entreprit avec Michka et des spécialistes sur la question, qui l'ont bien entourée pour écrire en chœur ce livre très détaillé et complet sur la question. Afin de lever un tabou ancestral, rétablir certaines vérités et suggérer enfin des solutions thérapeutiques.
Michka entourée d'autres spécialistes internationaux : Cannabis médical du chanvre indien aux cannabinoïdes de synthèse, éditions Mama, nombreuses illustrations, 320 pages, 24 euros, existe également en format poche
L’histoire des drogues est également, voire surtout, celle des normes sociales qui gouvernent leurs usages. Parmi celles-ci, les règles juridiques ont longtemps occupé une place négligeable, les rapports entre hommes et substances psychoactives étant réglés par des rites et des savoir-faire ne relevant pas de l’ordre du droit.
Un dispensaire fournissant du cannabis à usage thérapeutique installé dans une ancienne station service, à Denver (Colorado).
Jeffrey Beall/Flickr, CC BY-SA
Mais à partir du XIXe siècle, la consommation de certains de ces produits s’est lentement émancipée des dispositifs de régulation culturels, religieux ou professionnels qui la cadraient jusqu’alors. La circulation des toxiques entre aires culturelles et le développement d’un usage dérégulé – dit parfois anomique – ont alors ouvert la voie à des politiques juridiques placées sous le signe de l’interdit.
Le régime prohibitionniste, dont la communauté internationale a posé les fondations il y a un siècle, s’est progressivement durci. La rhétorique de la « guerre à la drogue » a orchestré l’adoption de traités de plus en plus rigoureux, étendu à des produits toujours plus nombreux et requérant des États le recours systématique à des dispositifs répressifs. Dans l’espoir officiel d’une éradication des drogues, la marge de manœuvre des politiques nationales s’en est trouvée singulièrement réduite.
Porté par une dramatisation médiatique du risque toxicomane, l’interdit s’est ainsi vu décliné sous des formes variables, plus ou moins tolérantes, plus ou moins répressives selon les pays, mais sans jamais qu’une autre voie de régulation puisse être envisagée. Exemplaire de ce mouvement, la France a cherché dans l’articulation du droit pénal et du droit de la santé, les moyens d’une prohibition efficace.
Absence prolongée de résultat
Pas plus que dans le reste du monde, cette logique d’interdiction ne semble avoir porté ses fruits. L’usage et les trafics de drogue n’ont pas diminué. Ils ont au contraire augmenté, révélant les limites d’une stratégie qui, malgré ses effets pervers en termes de santé et de sécurité publiques, a longtemps été pensée comme la seule possible. Mais devant l’absence prolongée de résultat, la réflexion politique sur la question des drogues illicites évolue enfin. Le fléau à combattre s’est mû en problème à résoudre, et la panique morale qui a longtemps présidé à la formation des représentations sociales et politiques sur le sujet cède progressivement le pas à des postures moins passionnées.
Les sciences humaines et sociales ont contribué à ce processus. Revendiquant distance et neutralité à l’égard de leur objet d’étude, elles ne défendent ni ne condamnent la prohibition par principe. Elles documentent et expliquent en revanche, dans un imposant corpus scientifique pluridisciplinaire, l’échec des politiques contemporaines de lutte contre la drogue et invitent à ouvrir, en France, le débat – largement engagé à l’étranger – sur l’opportunité d’un assouplissement du droit.
La sortie de la prohibition et la régulation des drogues, politiquement impensables il y a quelques années, apparaissent en effet désormais comme une réponse raisonnable aux dangers – individuels et collectifs – que la consommation illicite massive de substances psychoactives fait courir à la société.
Tabou politique
L’interdit, réaffirmé sans cesse par la répression, se montre incapable de contenir la consommation. Il est, de ce point de vue, remarquable que le lien entre la rigueur de la loi et la prévalence de l’usage ne soit pas univoque. Paradoxalement en dépit d’une législation qui compte parmi les plus sévères d’Europe (supposée être dissuasive), la France est l’un des pays les plus consommateurs de cannabis, surtout parmi les jeunes.
Mais les politiques répressives ne se contentent pas d’être simplement inefficaces ; leur mise en œuvre mine également les conditions d’épanouissement d’une politique de « réduction des risques » destinée à prévenir les dommages sanitaires et sociaux liés à la toxicomanie. La résistance que rencontre l’ouverture, en France, de salles de consommation à moindre risque – considérées comme nécessaires par de nombreux spécialistes – est exemplaire des effets collatéraux de l’interdit des drogues sur les politiques de santé publique.
L’impasse s’incarne avec plus de netteté encore dans la formation de toutes sortes de marchés illégaux : incapables de réduire une demande qui n’a cessé de croître, les politiques répressives ont également eu pour conséquences la constitution de dispositifs d’offre variés, devenus autant de bastions imprenables au service d’organisations criminelles violentes.
Pourtant, le projet de réforme de la loi prohibitionniste reste un tabou politique, au point de paraître impossible. Mais pour combien de temps encore ?
Loin des caricatures qui la décrivent comme une lubie libertaire défendue par une minorité de consommateurs hédonistes, la légalisation des drogues apparaît aujourd’hui comme la voie privilégiée d’une politique de sécurité, tout entière dédiée à la réduction des dommages et des risques sanitaires, ainsi que des menaces criminelles engendrées par l’usage et le trafic de stupéfiants. De manière contre-intuitive, la rigueur du droit est, en ce domaine, génératrice d’insécurité, et c’est la désescalade pénale qui pourrait constituer le garant efficace de l’ordre public et de la santé des populations.
Renaud Colson : « l’inévitable légalisation du cannabis »
Auteurs
Renaud Colson Maître de conférences à l’Université de Nantes (UMR CNRS Droit et Changement Social), Université de Nantes
Henri Bergeron Chargé de recherche au CNRS, sociologue au CSO (Centre de sociologie des organisations), Sciences Po
Déclaration d’intérêts
Les auteurs ne travaillent pas, ne conseillent pas, ne possèdent pas de parts, ne reçoivent pas de fonds d'une organisation qui pourrait tirer profit de cet article, et n'ont déclaré aucune autre appartenance que leur poste universitaire.
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Est-ce que la consommation du Cannabis est un droit humain fondamental ? Quelques jours après que l'Ohio ait rejeté la légalisation du Cannabis, Mexico lui fait un pied de nez en déclarant que le fait de fumer du Cannabis est un droit humain fondamental.
La Cour suprême du Mexique a statué par 4 voix pour et 1 contre que l’interdiction sur la consommation et la culture du cannabis viole le droit humain fondamental de tout un chacun à développer sa propre personnalité. Le jugement s’applique uniquement à ceux qui amené le dossier devant cette cour, mais en général, la décision de la Cour suprême ouvre la voie directe à une légalisation sans aucune restriction.
Ce vote de la Cour suprême du Mexique est extraordinaire pour 2 raisons selon Hannah Hetzer de l’US Drug Policy Alliance qui plaide en faveur de la suppression des lois sur la drogue. En premier lieu, la consommation du Cannabis s’enracine dans les droits humains et secundo, cette décision a été prise par le pays qui a souffert le plus du trafic de drogue.
Une légalisation du cannabis au niveau mondial
Plusieurs pays ont déjà légalisé la consommation du Cannabis, mais personne n’est allé jusqu’à le déclarer comme un droit humain fondamental. L’Irlande, par exemple, a légalisé l’héroïne sous supervision médicale et il veut étendre cette légalisation à d’autres drogues. 4 Etats américains, à savoir, le Colorado, Washington, l’Alaska et l’Oregon, ont légalisé l’utilisation du Cannabis à des fins personnelles et le Canada va les suivre dans la foulée. On a aussi des lois en préparation du cannabis pour l’utilisation médicale au Brésil, au Chili, en Colombie et au Costa Rica.
Nous avons enfin une relation rationnelle avec les lois sur la drogue selon David Nutt de l’Imperial College London qui a été un ancien conseiller du gouvernement anglais sur les drogues. Au moins, certains pays ont le courage d’admettre que la guerre contre la drogue est futile et qu’elle a fait bien plus de mal que de bien.
Annonce de l’établissement d’une Agence du cannabis
L’Allemagne emboîtera le pas aux Pays-Bas et au Canada
en établissant une Agence du cannabis
chargée de procurer des soins aux patients.
Sous l’influence de pressions incessantes de la part du public, la commissaire aux drogues du gouvernement fédéral allemand Marlene Mortler a fait l’annonce de ce qui aurait semblé impensable il y a quelques mois : l’Allemagne emboîtera le pas aux Pays-Bas et au Canada en établissant une Agence du cannabis chargée de procurer des soins aux patients. Jusqu’à tout récemment, le gouvernement allemand soutenait qu’une telle agence n’était pas nécessaire. Depuis 1961, conformément à la Convention unique sur les stupéfiants, les Nations Unies imposent l’instauration de telles agences à tous États membres qui désirent autoriser l’utilisation de drogues, normalement illégales, à des fins médicales. Les Pays-Bas, le Canada, l’Uruguay, Washington DC et les États du Colorado, de Washington, de l’Alaska et de l’Oregon possèdent tous leur propre agence.
Initialement conçues pour règlementer les opiacés, ces agences supervisent maintenant les programmes de cannabis médicinal. Le coût actuel du cannabis médical en Allemagne est largement inabordable. L’Agence allemande allouera des fonds de l’assurance maladie pour couvrir presque entièrement les coûts. Cette approche plus flexible sera avantageuse pour les patients qui utilisent déjà des préparations à base de cannabis, ainsi que pour ceux qui s’approvisionnent actuellement auprès de la société néerlandaise Bedrocan. À ce jour, le régime d’assurance maladie ne couvrait que les médicaments Dronabinol et Sativex, et seulement en cas d’indications précises. Ainsi, l’importante portion de patients souffrant de douleurs chroniques qui devaient avoir recours à une utilisation non indiquée sur l’étiquette seront les plus avantagés puisqu’ils n’auront désormais plus à assumer les coûts de leurs médicaments, sous forme de gouttes ou de préparations solides.
De froids calculs
Perçue par plusieurs comme une décision surprenante, l’annonce était attendue depuis un moment par les gens informés. Il ne s’agit effectivement pas d’un geste sympathique de la part du ministère de la santé du gouvernement conservateur allemand à l’intention des patients moins nantis. La décision est plutôt motivée par un revers corsé, et coûteux, devant les tribunaux. Ce blogue n’était pas le seul à prédire que la République fédérale d’Allemagne allait commencer à produire le cannabis médicinal plutôt que de laisser les patients plus démunis cultiver leur propre cannabis. Ayant déjà perdu deux procès, les perspectives de victoire du procès intenté contre Günther Weiglein en 2016 semblaient minces.
Weiglein, qui souffre des séquelles d’un grave accident de motocyclette, a décidé de poursuivre le gouvernement en justice en raison du coût exorbitant que chargent les pharmacies allemandes pour des têtes de cannabis (15-20 €/g). Les réglementations strictes en matière de transport font en sorte que les têtes de cannabis de provenance des Pays-Bas coûtent le double du prix aux patients allemands qu’ils en coûtent aux patients néerlandais. De plus, les Allemands doivent assumer les frais de leurs médicaments, qui sont souvent non disponibles, puisque la capacité d’approvisionnement de Bedrocan se limite au marché néerlandais, conformément à ce que l’entreprise pharmaceutique avait laissé savoir au gouvernement fédéral allemand en 2013.
Ce qui n’a pas fait une grande différence. Mais maintenant, une décision de la Cour doit être rendue, et l’annonce de la mise en place de l’Agence du cannabis aura certainement un impact sur cette décision. À l’instar de la situation canadienne, l’état peut à présent faire valoir le fait que puisqu’il approvisionnera directement les patients sur une base régulière, il peut de ce fait interdire à Weiglen et à tous les autres patients de cultiver eux-mêmes leur cannabis médicinal. Voilà ce qui motive réellement la décision, et non un changement de conviction.
Qui cultivera le cannabis ?
Comme c’est le cas au Canada, il est probable que l’état confie la culture du cannabis à une ou quelques entreprises et qu’il se concentrera à encadrer et règlementer la production. Un candidat potentiel est l’entreprise pharmaceutique allemande, Bionorica, qui cultive déjà depuis quelques années le cannabis en Autriche pour la production du Dronabinol. Bedrocan est un autre candidat qui approvisionne déjà les patients autorisés en Allemagne. L’entreprise néerlandaise possède une filiale au Canada et détient une expertise considérable et des années d’expérience.
D’autres candidats pourraient aussi inclurent des entreprises étrangères qui cultivent déjà le cannabis et qui désirent acquérir de nouveaux marchés. Il est cependant peu probable que le gouvernement allemand donne l’aval – comme c’est le cas aux États-Unis – à des clubs de patients ou à des individus de produire des quantités limitées de cannabis médicinal. Le mandat de l’Agence du cannabis interdira de tels développements.
Qu’arrivera-t-il ensuite ?
Pour le moment, le projet de loi sur lequel se penche la chancelière allemande est encore en cours d’élaboration. Si le projet est accepté, la Grande Coalition devra voter pour une modification correspondante apportée à la Loi sur les stupéfiants. Ce n’est qu’à l’issue de ce processus que l’Agence du cannabis sera établie pour se charger de la régularité de l’approvisionnement, de la culture et de la supervision. Cependant, l’Agence ne sera pas autorisée à agir avant la prochaine élection. Le niveau de rigueur dont elle fera preuve dans l’application de la nouvelle loi sera déterminé par le parti vainqueur.
Ce jalon marquant n’est certainement pas le résultat d’efforts volontaires déployés par les autorités en place à Berlin, mais bien de l’acharnement des patients qui se sont battus bec et ongles pour défendre leur cause. Ceux qui se vantent à présent, mais qui n’ont daigné porter secours aux patients alors que la loi n’était pas encore instaurée, feraient mieux d’en tirer une leçon.
Le cannabis, qui fait toujours débat en France, est de plus en plus plébiscité par les working girls à la recherche d'une forme d'antistress. Un "remède" qui n'est pas sans risques. Décryptage.
Photo Credits: melty.fr
"Le pétard du soir, c'est mon moment d'évasion après le travail. Ça empêche de rêver, mais ça m'aide à m'endormir et à me relaxer." Les années lycée sont loin pour Veronica, brillante avocate d'affaires de 43 ans et mère de deux enfants, mais elle en a gardé le goût de la fumette qui détend le corps et apaise l'esprit. Et elle n'est pas la seule dans ce cas. Si la France est depuis longtemps la championne européenne en matière de consommation de cannabis (quatre Français sur dix ont déjà essayé la substance psychotrope), la nouveauté, c'est que les femmes sont plus nombreuses sur la corde à linge.
"Entre 2010 et 2014, les usages ont eu tendance à beaucoup augmenter parmi les femmes de 18 à 40 ans, comme, d'ailleurs, chez les jeunes filles de 17 ans", confirme François Beck, le directeur de l' OFDT (Observatoire français des drogues et des toxicomanies). Fan de la série préférée des hipsters quadra, High Maintenance, qui raconte le quotidien d'un dealer livrant de l'herbe au domicile de clients new-yorkais huppés et sous pression, Veronica élude la question de son approvisionnement : "J'ai vécu dans différentes régions de France et n'ai jamais eu de mal à m'en procurer par mon entourage. En fait, c'est très banal." Décomplexées, ces femmes workaholic qui vivent confortablement considèrent le cannabis comme une façon de relâcher la pression du "having it all". Pas comme une addiction toxique.
UNE SELF-THÉRAPIE
Pour certaines, c'est une alternative au verre de vin "relaxant" du soir, voire au comprimé d'anxiolytique : "On trouve normal de boire un verre chez soi ou d'aller dans un bar avec ses amis après le travail. Le joint a pris un peu le relais, surtout dans les milieux favorisés. Jusque dans les années 90, la pratique entamée comme une fuite récréative adolescente régressait à l'heure de l'insertion professionnelle. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. Le cannabis sert aussi à se calmer et à se soigner. Sa fonction thérapeutique est mieux connue", souligne la sociologue Anne Coppel.
Pour Fanny, 37 ans, maman dans les beaux quartiers de Nice et qui frôle parfois, selon son compagnon, la psychorigidité, l'herbe est un placebo et une bulle d'air : "Je la cultive moi-même parce que ça me coûte moins cher et ça m'évite d'aller en chercher dans des quartiers flippants. Et puis les joints m'empêchent de me remettre à la cigarette... C'est ma récompense à la fin de la journée, ou quand je stresse. En soirée, je les roule à l'avance, et ceux qui ne fument pas n'y voient que du feu car je les dose très peu. D'ailleurs je ne fume jamais les joints des autres, trop chargés. Après tu deviens mutique, repliée dans ton coin, c'est horrible."
Si l'on se réfère aux différentes études étrangères et françaises parues sur l'usage du cannabis, il semblerait que les hommes soient deux fois plus nombreux que les femmes à avouer en consommer. Pour Sandra, 40 ans, chef de projet dans un label musical, il persiste un tabou de l'aplha-woman qui fume : "Dans mon entourage amical, fumer, c'est cool, bien vu, surtout en soirée, où les discussions peuvent êtres plus consistantes et existentielles. En revanche, pas question de rouler un pétard avec mes copines mamans ou d'en faire part à ma hiérarchie. Le cannabis reste diabolisé, on passe vite pour une fille instable, immature."
LE PARADOXE DE LA DROGUE DOUCE
Outre-Atlantique, où sa dépénalisation croissante, en raison de ses vertus médicales, offre aux businessmen avertis un nouveau territoire pour engranger des dollars, cette nouvelle clientèle de "ladies stoners" est la poule aux œufs d'or de Cheryl Shuman, qui vend à travers son site, Beverly Hills Cannabis Club, de l'herbe de luxe livrée et emballée dans des feuilles d'or ainsi que des inhalateurs incrustés de diamants... Et dans le paysage mainstream, les pop stars adeptes de la transgression savamment dosée n'hésitent plus à mettre en scène leur amour pour la ganja. Miley Cyrus ou Lady Gaga ont déjà allumé un pétard sur scène et Rihanna publie régulièrement des selfies où se superposent faux ongles ornés de diamants et joint surdimensionné.
Mais aucune drogue n'est "sans risque", comme le rappelle Anne Coppel : "Même si la représentation du produit change et entre dans une nouvelle ère, avec son usage thérapeutique et les politiques américaines, le cannabis reste une drogue psychotrope aux effets nocifs dès que sa consommation est régulière." C'est là que réside tout le paradoxe de la drogue douce, qui peut soigner autant qu'elle peut détruire. Sabrina, 47 ans, atteinte de sclérose en plaques, s'est mise à fumer après avoir obtenu le feu vert, en toute discrétion, de son médecin - l'usage à fin thérapeutique reste illégal en France : "Cela remplace les médicaments qui bousillent le foie et les antidépresseurs."
Autre son de cloche pour Marie-Anne, médecin, qui, après des années de consommation régulière d'herbe, a connu un jour la mauvaise descente et des crises de panique qui l'ont forcée à prendre un congé maladie de six mois. Un very bad trip...
Poursuivi pour détention de cannabis, Bertrand Rambaud a été reconnu coupable de détention et usage de produits stupédiants par la Cour d ‘appel de Colmar comme en première instance à Strasbourg, mais dispensé de peine.
Bertrand Rambaud, militant du cannabis thérapeutique, dans l’enceinte provisoire du tribunal de grande instance de Strasbourg en 2014 (Photo PF / Rue89 Strasbourg)
Bertrand Rambaud cultive et fume du cannabis, seul remède selon lui pour soulager les douleurs que lui provoquent un traitement contre le VIH et l’hépatite. Mais en avril 2014, il est contrôlé et arrêté par la police, qui découvre sur lui quelques grammes de cannabis et quelques feuilles. Une perquisition à son domicile et le voilà poursuivi pour « détention et usage de produits stupéfiants ».
En juin, le tribunal correctionnel de Strasbourg le reconnaît coupable mais le dispense de peine. Malgré cette dernière clause, Bertrand Rambaud avait décidé de faire immédiatement appel. Pour lui, il ne peut pas être condamné pour se soigner comme il l’expliquait alors :
Lors du procès en appel, le procureur général a requis la confirmation du jugement de première instance. Il a été suivi par la cour, qui a une nouvelle fois reconnu coupable jeudi 10 septembre Bertrand Rambaud de détention et usage, avec une dispense de peine.
Depuis 2013, l’usage médical du cannabis est reconnu par décret mais le seul médicament autorisé pour les malades de scléroses en plaques à crampes n’est toujours pas disponible. Bertrand Rambaud étudie avec son avocate les moyens de contester cette décision, soit devant la Cour de cassation, soit devant la Cour européenne des Droits de l’Homme.
Le Chili vient de planter 6 900 plants de cannabis pour un usage thérapeutique. Cette action pourrait déboucher sur une dépénalisation totale.
Claudio Furlan /NEWPRESS//SIPA
Aux Etats-Unis, une étude a montré récemment que la légalisation du cannabis thérapeutique (et récréatif) n'avait pas entraîné une augmentation de sa consommation chez les adolescents. Une information qui n'est pas rentrée dans l'oreille d'un sourd, ou plutôt des Chiliens.
En effet, le Chili a mis en terre ce lundi des milliers de plants de cannabis destinés à l'élaboration d'un médicament visant à améliorer le quotidien de malades atteints de cancer ou épileptiques.
Le médicament prêt en 2017
« Cette deuxième plantation (après une première expérience de 400 plants l'année dernière) compte 6 900 plants cultivés sur une surface d'un hectare et demi », a précisé auprès de l'Agence France Presse (AFP) Alejandra Ahumada, une chimiste de la fondation Daya, chargée du projet.
Aprouvé par le Service agricole et d'élevage (SAG) de la commune de Colbun, à 260 kilomètres au sud de Santiago, ce programme est soutenu par 20 municipalités chiliennes, qui espèrent bénéficier de ce produit afin de venir en aide à quelques 4 000 patients.
« Nous commençons avec la culture, puis viendra la récolte et enfin l'élaboration du médicament. Il s'agit d'un projet important dans lequel sont impliquées d'autres organisations. Nous espérons avoir le médicament prêt en 2017 », a ajouté Mme Ahumada à l'AFP.
Le médicament à base de cannabis sera développé par un laboratoire privé en étroite collaboration avec l'Institut de santé publique chilien.
Pour rappel, la fondation Daya et la commune de La Florida, au sud de Santiago, avaient obtenu en septembre 2014 le tout premier permis pour planter de la marijuana. A l'époque, cela avait fait du Chili le premier pays d'Amérique latine à cultiver du cannabis à des fins thérapeutiques. Suivi ensuite par l'Uruguay.
En avril dernier, c'est même devant les photographes et les caméras que ces militants avaient présenté les 400 plants de plus de deux mètres de haut.
Une drogue dure au Chili
L'autorité agricole chilienne a également autorisé en janvier dernier un projet de l'entreprise Agrofuturo pour la plantation de marijuana destinée à la fabrication et à l'exportation d'huile de cannabis à des fins médicinales. Dans le même temps, la législation chilienne sur le cannabis est très stricte et considère la marijuana comme une drogue dure. Les autorités ont toutefois autorisé la culture du cannabis à des fins thérapeutiques.
Le Parlement chilien discute actuellement un projet de loi visant à dépénaliser sa consommation à des fins médicinales et récréatives.
SOCIETE Ils emboîtent le pas aux députés socialistes Patrick Mennucci et Marie-Arlette Carlotti...
Après la fusillade dans la cité des Lauriers (13e) le 25 octobre qui avait coûté la vie à trois jeunes hommes, dont deux mineurs, plusieurs élus socialistes, dont les députés Patrick Mennucci et Marie-Arlette Carlotti, avaient réclamé l’ouverture d’un débat sur la légalisation du cannabis pour arrêter les trafics.
Le marché des drogues illicites en France pour l'année 2010 est estimé à 2,3 milliards d'euros, dominé par le cannabis (1,1 milliard) et la cocaïne (902 millions) - Jeff Pachoud AFP
« Il est temps de regarder la réalité en face, soulignait Marie-Arlette Carlotti dans un communiqué. Notre système ne marche pas, les trafics prospèrent, la violence et le crime organisés gagnent du terrain et cette politique répressive coûte des centaines de millions sans répondre aux problèmes de fond qui sont générés par l’usage et la consommation de drogue. Alors, parce qu’il y a encore eu trois morts de trop ce week-end à Marseille, le moment est venu d’en parler, démocratiquement, sans hypocrisie et sans risquer de se faire taxer de laxisme, car le vrai courage, c’est justement d’ouvrir ce débat ».
Etat de guerre dans les cités
Dans une tribune parue jeudi dans Libération, d’autres élus et militants de la gauche emboîtent le pas des socialistes. Sébastien Barles, ancien élu EELV, Michèle Rubirola, conseillère départementale EELV et Mohammed Bensaada, militant du Front de gauche, qui militent depuis longtemps pour la légalisation, appellent une nouvelle fois à mettre fin « à la prohibition » et à « l’état de guerre dans les cités ».
« Lançons enfin un vrai débat public sur la prohibition du cannabis et les dégâts qu’elle génère : logique de cartel, balkanisation, règlements de compte pour le contrôle d’un territoire, écrivent-ils. Exigeons la mise en place à Marseille d’une conférence nationale de consensus réunissant experts, monde médical et judiciaire, éducateurs, acteurs associatifs et institutionnels des quartiers autour de la question de prohibition et de la légalisation du cannabis. Il est dommage que cette question ne soit même pas envisagée comme pouvant être une piste pour lutter contre les trafics mafieux de stupéfiants et ramener le calme dans certaines cités ».
Variations
Interrogé le 3 novembre sur France Inter, Jean-Claude Gaudin a réaffirmé son opposition à la légalisation : « Les élus Républicains, nous sommes totalement opposés à cela. Nous pensons qu’il faut éradiquer le mal à sa source ».
Si sa position n’a pas varié sur la question du cannabis, le maire de Marseille a évolué, en revanche, concernant les salles de shoot. D’abord favorable, puis opposé, Jean-Claude s’est dit finalement prêt à accepter à l’ouverture des salles de shoot, à condition qu’elles s’installent au sein des hôpitaux de l’AP-HM. « Si les salles de shoot sont organisées à l’hôpital, nous n’y voyons pas d’inconvénient », a-t-il déclaré.
Le succès underground du roman «Génération H» d'Alexandre Grondeau n'est pas dû au hasard. En racontant la quête existentielle du jeune Sacha, fumeur d'élite et mélomane utopiste, il comble un vide dans la littérature française.
REUTERS/Ueslei Marcelino
Sacha est en jeune adulte dans les nineties. Ce qui fait de lui un membre de la génération Y. Pourtant, selon Alexandre Grondeau, journaliste, écrivain et universitaire, son personnage principal appartient plutôt à la «génération H». «H» pour hardcore ou haschich. Sacha est un fumeur d'élite, un jeune type en quête de vécu et d'expérience. Idéaliste qui se heurte aux réalités et aux contradictions des utopies, il fait partie de ces centaines de milliers de Français qui ont inscrit le cannabis dans leur vie.
Il serait trop réducteur de le résumer à cette seule consommation, mais elle reste centrale dans ce second tome de Génération H. La musique, la fuite en avant face aux luttes perdues par les générations passées, l'autorité... Alexandre Grondeau réussit à raconter une part de la population oubliée de la littérature française. La France qui fume, mais pas seulement.
Prendre le phénomène dans sa diversité
Derrière les envies de road-trip de Sacha, on retrouve un éternel débat: celui qui oppose la France Pinard à la France Pétard.
«Je ne vais pas mentir: la Génération H, c'est une génération festive, avoue Alexandre Grondeau. Les usages de l'alcool et du cannabis s'y retrouvent. Il est donc difficile de les opposer. La France pinard existe toujours, mais il y a une autre France qui existe, qui a grandi et qui concerne aujourd'hui des gens entre 15 et 65 ans.»
Avec le cannabis, tout un jargon, une culture, une vraie passion se déclinent. Pour cette génération H, elle n'a rien à envier aux amateurs de bon vin. Alexandre Grondeau y raconte les déclinaisons, les goûts, les manières de consommer, les pratiques venant d'Inde comme le shilom, les nouvelles herbes qui venaient de Hollande à l'époque... Sacha et ses potes se retrouvent passionnés par le cannabis mais pas seulement pour ces effets. Cela fait partie de leur mode de vie.
«Il y a une dimension festive dans le cannabis, mais aussi de la réflexion, de la contestation, de la prise de recul par rapport au système.»
Le roman n'a rien de moralisateur. Il constate et casse bons nombres de clichés, comme celui du dealer violent qui exploite la dépendance. Si cette vision est souvent vraie, elle n'est pas unique. Génération H, c'est la prise du phénomène cannabis dans toute sa diversité, avec les yeux d'un auteur qui l'a vécue au plus près.
Un succès underground
«Les gens dont je parle dans mes romans, ils ont aujourd'hui entre 35 et 45 ans, ils sont totalement insérés dans la société. Je me suis inspiré de mes proches qui sont aujourd'hui fonctionnaires, chefs d'entreprise, avocats, journalistes, chômeurs... Malgré le côté radical, ces gens sont des Français comme tout le monde.»
Avec 20.000 exemplaires vendus du premier tome (sorti en 2013) et déjà 6.500 du second, le succès est notable pour un livre (une future trilogie) dont les médias généralistes ne font que peu échos. En mais 2013, alors qu'Alexandre Grondeau était l'invité de France Inter, la radio publique se faisait rappeler à l'ordre par le CSA:
Comme nombre de sous-cultures, et la France ne fait pas exception, le livre a tourné dans les festivals, dans les réseaux undergrounds, jusqu'à ce que nombre d'artistes, beaucoup de chanteurs reggae notamment, ne le soutiennent ouvertement. Si le rapport au cannabis est ce qui domine dans ces hommages, si la dépénalisation est l'une des motivations de ce «mouvement Génération H», le discours d'Alexandre Grondeau n'est pas seulement là:
«[Le CSA] considère que les propos tenus pouvaient avoir pour effet de banaliser la consommation de cannabis, ce qui est contraire à la délibération du 17 juin 2008 relative à l’exposition des produits du tabac, des boissons alcooliques et des drogues illicites à l’antenne des services de radiodiffusion, l’animateur n’ayant, à aucun moment, rappelé le caractère illégal de la consommation de cannabis ni évoqué les risques pour la santé qu’une consommation importante de cette drogue peut entraîner, manquant ainsi à son devoir de bonne information des auditeurs.»
Tout n'est pas rose
«Des gens se sont reconnus dans la jeunesse que je décris. Ils ont des responsabilités, des enfants, ils ne comprennent pas pourquoi ils risquent autant en fumant un joint le soir. Le paradoxe entre les consommateur de cannabis lambda et les moyens mis en place pour lutter contre lui est énorme. Après, il y a un problème de santé publique, d'éducation, il y a beaucoup de choses à faire. C'est pour cela que je parle de responsabilisation. Il y a un traitement global à mettre en place, une réflexion qui considère les réalités et qui essaie de s'y adapter. Or, je vois des gens fermés à toute discussion, qui considèrent que la Génération H ne représente personne, qu'elle n'est pas insérée.»
Et quand on lui avance qu'il y a aussi des effets néfastes au fait de fumer, que cela peut poser des problèmes psychiques ou de désocialisation et d'addiction forts:
La question n'est donc pas de savoir si le cannabis est bon ou mauvais. Le débat prendrait des heures et a déjà été maintes fois ressassé. Rétorquer que le cannabis est mauvais pour la santé et engendre des troubles physiques? C'est évident, et les fumeurs le savent, d'où la quête d'existence:
«Tout n'est pas rose. La France qui fume, ça représente des millions de personnes, des millions de cas différents. On pourra toujours trouver des histoires horribles. Avec des romans, j'ai voulu dédramatiser tout cela. Quand Bukowski écrivit ses bouquins, personne n'allait lui dire que l'alcoolisme c'est terrible, personne ne lui faisait la morale en posant la question de l'interdiction de l'alcool. Je crois qu'on aura avancé quand les gens parleront autant de mes romans pour la description des milieux alternatifs que pour le cannabis.»
Les sales gosses ont grandi, et en plus, maintenant, ils ont un livre.
«Il y avait l'idée qu'il fallait tout vivre maintenant parce que l'avenir n'était pas à nous. Ça explique les excès, les abus, cette volonté de tout faire en se disant qu'on vivait un rêve éveillé à qu'on se réveillerait dans un cauchemar. C'était une sorte de symbiose entre le “do it yourself”, la recherche de liberté, la quête d'expérience... Mais il n'y avait plus le regard idéaliste des années 1960. On avait bien vu l'échec des utopies des soixante-huitards et des Trente glorieuses. Nous, on voulait vivre différemment et on mettait tout de suite en application nos idéaux et nos valeurs. On était leurs enfants, mais on était des sales gosses qui voulaient montrer que leurs échecs n'étaient pas les nôtres, qu'on pouvait vivre différemment sans faire de communication.»
Le cannabis thérapeutique fait débat. Si le président du centre national de prévention, d'études et de recherches sur les toxicomanies, en conférence à Limoges ce mardi 3 novembre, y est opposé, des patients, comme Marie-Claude (*), justifient leur usage de la substance.
- JOUHANNAUD Thomas
Marie-Claude, 62 ans, souffre de fibromyalgie, une maladie caractérisée par des douleurs chroniques. Depuis 2010, elle consomme régulièrement du cannabis, sous forme de tisane. « Le problème de base, c’est qu’on manque de médicaments efficaces contre la douleur. Or j’ai le droit d’être soulagée. Mes neveux m’ont suggéré d’essayer le cannabis et ça m’a aidée. Je n’ai pas d’effet psychotrope », explique cette Haut-Viennoise, qui se dit contrainte d’être hors-la-loi. « En revanche, j’ai décidé d’arrêter de conduire. »
Régulièrement, quand elle souffre de crises, elle utilise un médicament très puissant, 80 fois plus fort que la morphine. « Il y a d’énormes effets secondaires, des nausées et de la somnolence notamment, alors pour éviter ou ralentir cet analgésique opioïde, mais continuer à apaiser la douleur, je prends pendant dix jours des infusions de cannabis, une à deux au quotidien, puis j’arrête. »
La consommation de Marie-Claude est, selon elle, assez limitée : « l’équivalent de deux pieds par an à partir de graines que j’ai commandées sur internet et de plants que je cultive moi-même ».
Elle dénonce une « hypocrisie monstrueuse » autour de l’usage du cannabis thérapeutique. « Des médecins qui connaissent ma démarche et me soutiennent ne diront jamais haut et fort qu’ils sont pour une dépénalisation du cannabis. Et puis, l’industrie pharmaceutique freine des quatre fers… »