En 1980, une équipe de chercheurs de la faculté de médecine de São Paolo publiait une étude qui aurait dû changer la vie de près de 50 millions d'épileptiques – mais il n'en a rien été.
Les conclusions étaient pourtant claires.
Mechoulam lors d'un cours, en 1964. Derrière lui, la structure du tétrahydrocannabinol. Photo publiée avec l'aimable autorisation de Zach Klein, réalisateur de «
The Scientist »
Après avoir administré des doses quotidiennes de cannabidiol – le plus important composant non-psychoactif de la marijuana – à un groupe de huit patients épileptiques, ces chercheurs constatèrent que les crises avaient cessé chez quatre d'entre eux et s'étaient raréfiées chez trois autres.
« Qui s'est intéressé à notre découverte ? Personne ! », s'exclame Raphael Mechoulam, bien installé au fond de son canapé. « Pourtant, certains patients étaient des enfants victimes de près de 40 crises par jour. Depuis 30 ans, personne n'ose utiliser le cannabis pour traiter l'épilepsie. »
Cela fait près d'un an que je cherche à entrer en contact avec le docteur Mechoulam.
Quand vous vous intéressez au cannabis thérapeutique, ce mec est l'équivalent de Karl Max, ou de Syd Barrett – en gros, un type en avance sur son temps. Il y a quelques mois, Norton Arbeláez, en charge du système de distribution du cannabis médical dans le Colorado, m'a avoué l'importance des études de Mechoulam aux yeux des pouvoirs publics américains. De son côté, Juan Manuel Galán, sénateur colombien, m'a confié avoir pris la direction d'Israël pour rencontrer le scientifique, afin de parfaire ses connaissances en la matière avant de rédiger une proposition de loi relative à la légalisation du cannabis médical.
Tous les gens que j'ai rencontrés dans le cadre de cet article tombent d'accord sur une chose : le docteur Mechoulam est le père du cannabis moderne.
Cet octogénaire vit dans un appartement sobre et élégant dont le raffinement ferait presque oublier le fait qu'Israël connaît un état de guerre quasi-permanent depuis près de 70 ans. Tous les jours, le docteur Mechoulam prend sa Peugeot pour parcourir les quelques kilomètres qui le séparent de son laboratoire, situé dans les faubourgs de Jérusalem. Cela fait cinq décennies que ce chercheur tente de lever le voile sur les mystères entourant l'interaction du cannabis avec le corps humain.
Raphie, comme ses collègues le surnomment, a isolé et déchiffré la structure moléculaire des cannabinoïdes, les composants chimiques de la marijuana. C'est à lui que l'on doit la découverte du tétrahydrocannabinol (THC) – molécule responsable de la défonce cannabique – et du cannabidiol.
Au début du XXe siècle, avec l'interdiction progressive de la consommation de marijuana dans le monde, les chercheurs ont tourné le dos à cette plante, pourtant utilisée par les docteurs et shamans depuis trois millénaires. Le Pen-T'sao Ching l'évoquait sans détour et le père de la chirurgie chinoise, Hua Tuo, utilisait ses propriétés anesthésiantes dès le Ier siècle avant Jésus-Christ. En 1838, le docteur irlandais William Brooke O'Shaughnessy publiait un livre au sujet de la Gunjah.
Pourtant, Raphael Mechoulam n'avait jamais entendu parler de ces exemples lorsqu'il a débuté ses recherches il y a de cela un demi-siècle. Ce fils de juifs bulgares persécutés par les nazis a quitté l'Europe en 1949 pour prendre la direction de Jérusalem, un an après la formation de l'État d'Israël. Il a étudié la chimie, obtenu un master en biochimie, servi dans l'armée et a fini par valider son doctorat en 1963 à l'Institut Weizmann, situé à Rehovot.
« Je me suis mis à chercher un sujet de recherche à l'âge de 34 ans, précise-t-il. Mon choix n'a aucun rapport avec la période hippie. Un scientifique se doit de choisir un sujet original afin de réaliser des progrès significatifs. Personne ne s'était vraiment intéressé au cannabis, ce qui m'a étonné. À l'époque, la morphine avait été isolée de l'opium et la cocaïne de la feuille de coca, mais personne n'avait pris soin d'étudier la composition de la marijuana. »
Mechoulam au cœur de son laboratoire à l'université de Jérusalem. Photo d'Elior Rave
Raphael Mechoulam a fini par débouler dans le bureau du directeur de l'Institut pour lui révéler sa volonté d'étudier le cannabis en profondeur. Sans réfléchir, le directeur a saisi son téléphone pour appeler la police. Les flics ont alors rappliqué et livré cinq kilogrammes de weed au jeune trentenaire – weed provenant d'une saisie récente.
Après cela, Mechoulam et son équipe ont cherché à déterminer quels composants du cannabis étaient à l'origine du danger sanitaire dénoncé par les gouvernements du monde entier. Leur première surprise a été de découvrir que le tétrahydrocannabinol était le seul composant ayant un véritable effet. Après son ingestion, les singes de laboratoire semblaient apathiques, absents.
Le docteur Mechoulam venait sans le savoir de découvrir le responsable de la défonce que des millions de personnes expérimentent encore aujourd'hui.
Afin d'en avoir le cœur net, il demanda à sa femme Dalia d'ajouter une dose de THC dans une pâte à gâteau. Ce fût la première et dernière défonce de la vie de Raphael Mechoulam, mais une épiphanie indispensable pour la suite de ses recherches. En effet, le scientifique venait de réaliser que le THC provoquait des effets très différents en fonction des consommateurs : certains de ses amis parlaient sans cesse, d'autres étaient mutiques – un seul semblait souffrir de paranoïa légère.
En écoutant cette anecdote, je me suis remémoré ma présence lors d'un congrès rassemblant les plus grands psychiatres colombiens, qui se tenait dans la ville d'Armenia. Trois pontes de la psychiatrie critiquaient la dédramatisation de la consommation de cannabis, menée selon eux par les grands médias et les politiques. Ils affirmaient qu'un adolescent sur dix ayant consommé de la weed finissait par être victime de troubles psychotiques.
De son côté, le docteur Mechoulam avance que le THC et le cannabidiol ne sont pas toxiques. « Depuis le VIe siècle, avoue-t-il malgré tout, nous savons que le cannabis est susceptible d'engendrer des épisodes psychotiques. En ce qui concerne l'addiction, on estime à 10 % le taux de consommateurs accros. Attention, on parle tout de même d'une addiction bien moins forte que celle générée par la morphine, par exemple. »
Raphael Mechoulam, photo via
WikiCommons
Raphael Mechoulam prend le temps de préciser sa pensée. Selon lui, il est essentiel d'établir une ligne de séparation nette entre ce que l'on appelle le cannabis « récréatif » et le cannabis médical. Lui ne s'intéresse qu'à ce dernier. C'est dans cette optique-là qu'il a créé la Société International de Recherche sur les Cannabinoïdes, qui rassemble de nombreux scientifiques intéressés par les applications médicales du cannabis.
En réalité, la plus grande découverte de Mechoulam n'est pas le THC mais la façon dont celui-ci interagit avec le système nerveux. Allyn Howlett, spécialiste en neuropharmacologie, a découvert en 1988 que de nombreuses espèces animales possédaient un récepteur au sein du système nerveux entièrement dévolu à l'interaction avec le THC. Elle l'a nommé CB1 – une clé permettant de comprendre pourquoi la consommation de marijuana a un tel effet sur l'être humain.
De son côté, Mechoulam avance une théorie qui agite encore de nombreux scientifiques sur la planète. « Notre système nerveux possède de nombreux récepteurs en lien avec des substances produites par notre organisme, comme la dopamine ou la sérotonine. Mais ces récepteurs n'ont rien à voir avec notre environnement. » En d'autres termes, la présence d'un récepteur dédié au THC est une bizarrerie a priori difficile à comprendre.
Raphael Mechoulam dans « The Scientist »
En décembre 1992, Mechoulam a annoncé avoir découvert une substance produite par le corps humain correspondant parfaitement au récepteur dont il avait révélé l'existence des années auparavant. Cette molécule a été nommée anandamide – qui vient du sanskrit « ananda », signifiant la joie suprême.
Avec la découverte du récepteur CB1 et de l'anandamide, la présence d'un système de récepteurs et de composants proches du cannabis à l'intérieur même du corps humain est devenue évidente aux yeux de Mechoulam et son équipe. Ils l'ont nommé « système endocannabinoïde ».
« Ce système est primordial, affirme Mechoulam. L'immense majorité des maladies est liée à ce système, d'une manière ou d'une autre. C'est très étrange, quand on y pense. On parle de pathologies touchant les poumons, le cœur, le foie, les reins, etc. Le mécanisme ressemble à celui de la dopamine : si votre corps en produit trop, vous pouvez développer Parkinson ; s'il en produit trop peu, vous pouvez souffrir de schizophrénie. Il en va de même avec les cannabinoïdes.
Tant que votre production d'anandamide demeure stable, votre organisme ne souffre pas. En revanche, un patient ayant des troubles de la régulation des cannabinoïdes pourrait se voir prescrire de la marijuana pour équilibrer son métabolisme. Et le docteur de poursuivre en affirmant que certains types de cancer pourraient avoir un lien avec le système endocannabinoïde.
« Nous n'en sommes pas certains parce qu'aucune étude médicale ne s'est penchée sur ce sujet ! On a eu vent de cas de guérison, mais on n'en sait pas plus. D'autres recherches doivent être menées, et des études cliniques conduites. »
Cette conviction est ancrée en lui. Aujourd'hui, le docteur Mechoulam répète à l'envi que l'humanité ne mérite pas tout ce que les cannabinoïdes ont à lui offrir. « Une chose m'interpelle, ai-je avancé vers la fin de notre rencontre. Je m'étonne qu'une industrie aussi cupide que celle du médicament ne se soit pas intéressée à vos découvertes. »
« C'est très simple, répond-il dans un souffle. Qui voudrait affirmer haut et fort se faire des millions grâce au cannabis ? »
(OTTAWA) Le gouvernement fédéral voit un autre dossier majeur atterrir dans sa table de travail : dans un jugement très attendu, la Cour fédérale a invalidé mercredi le nouveau régime de marijuana médicale et donné six mois à Ottawa pour adopter de nouvelles règles.
Les patients pourront faire pousser leur marijuana thérapeuthique.
PHOTO ARCHIVES, LA TRIBUNE
Dans l'affaire Allard, de la Colombie-Britannique, le juge Michael Phelan a conclu que l'interdiction faite aux patients de cultiver leur propre marijuana médicale contrevient à la Charte canadienne des droits et libertés du Canada.
La conséquence de cette décision est que les patients qui avaient déjà été autorisés à le faire sous l'ancien régime pourront faire pousser leur propre marijuana médicale, mais également que l'ensemble du nouveau régime adopté sous les conservateurs est déclaré invalide.
Le gouvernement Harper a mis en oeuvre au cours des dernières années un nouveau système par lequel il a retiré la production de marijuana médicale des mains de particuliers pour la confier à des entreprises autorisées, créant du coup une nouvelle industrie potentiellement lucrative au Canada.
Les quatre demandeurs, des patients qui ont recours à cette substance pour traiter leur condition médicale, faisaient valoir que cette situation contrevenait à certains de leurs droits garantis par la Charte puisqu'elle pourrait augmenter leurs coûts d'approvisionnement et limiter leur capacité de contrôler la nature de la marijuana consommée.
La Cour leur a donné raison : « L'accès des demandeurs au cannabis à des fins médicales n'a pas été amélioré sous [le nouveau régime]. La restriction selon laquelle les demandeurs doivent acheter auprès de producteurs autorisés entraîne aussi une détérioration de la santé et de la sécurité des demandeurs. »
Le juge Phelan a précisé qu'il « ne serait pas possible ni efficace de radier certains termes ou certaines dispositions » de ce récent règlement fédéral.
« La solution appropriée à la suite de la déclaration d'invalidité du [nouveau régime], consiste à suspendre l'application de la déclaration d'invalidité afin de permettre au Canada d'adopter un nouveau régime ou un régime parallèle de marijuana à des fins médicales », a conclu le magistrat.
Le juge a limité la possibilité de cultiver de la marijuana à ceux qui avaient déjà été autorisés à le faire en vertu d'une ordonnance rendue le 21 mars 2014 par la Cour fédérale.
Réticences de Bill Blair
Ce jugement survient le même jour où Bill Blair, le député chargé par le gouvernement libéral de superviser le dossier de la légalisation de la marijuana récréative, s'est montré réticent à s'engager à ce que la substance soit ainsi légalisée avant les prochaines élections.
M. Blair a comparu devant le caucus des sénateurs libéraux mercredi matin pour discuter de cette réforme. Il a noté que si la promesse des libéraux va dans le sens d'une légalisation adoptée au cours du présent mandat, il a ajouté qu'il y avait beaucoup de travail à faire.
« L'engagement de mon gouvernement a été clairement exprimé dans le discours du Trône. Le premier ministre l'a établi clairement, que c'est l'engagement de ce gouvernement de légaliser et de réglementer la marijuana et de restreindre la marijuana dans ce mandat. Nous travaillons fort pour atteindre [cet objectif] », a-t-il déclaré.
La démarche pourrait-elle prendre plus de quatre ans, lui ont demandé des journalistes au terme de la rencontre.
« Je ne veux pas spéculer », a-t-il répondu, précisant que ce n'était pas à lui de prendre un tel engagement puisqu'il agit dans ce dossier en tant que représentant de la ministre de la Justice.
« Il y a beaucoup de travail à faire et nous allons le prendre le temps de bien le faire. J'espère être en mesure de le faire le plus rapidement possible, mais je ne spéculerai pas sur les délais », a-t-il déclaré.
Petit Report de la dernière virée sur Dam de la Team CannaWeed, qui n'a pas eu peur d'affronter les frimas de février, afin de tester la marchandise, bref goûter la production disponible à la carte de quelques coffees...
Nous avons jeté notre dévolu sur le SuperFly, De Tweede Kamer, Boerejongens & comme précédemment le 1e Hulp
Sans oublier d'aller saluer nos amis du Cannabis Collège et faire une dégustation de Rosin
Retrouvez aussi notre BudPorn en vidéo à la fin de ce report
De Tweed Kamer
C'est un coffee situé Heisteeg 6, 1012 WC, pas beaucoup de place, ne comptez pas vous poser.
Rif Ice O lator
Aspect: Type marocain, texture souple collante et malléable. Facile à manipuler.
Odeur: Marocain typique
Gout: Marocain, fumée très légère en bouche
Effets: montée rapide, directement sur les yeux, stone physique
Amnésia
Aspect: trichomisé collante gros épis gonflés très denses
Odeur: Amnésia très forte, citron chimique
Gout: Rien, zéro aucun gout
Effets: High amnésia, rapide mais progressif
Très belle weed hydro mais malheureusement aucun gout.
Somari
Aspect: Aérien, fluffy, bcp de feuilles, petit calice, hazy
Odeur: Floral, sucré, vert agrume diesel
Gout: agrume diesel
Effets:
Tbizla Caramello
Aspect: Malléable, souple mais cassant, sec
Odeur: Citrique ménager
Gout: hash terreux fruit a coques
Effets: Rapide stone lourd
Boerejongens
King Kong Kush
Aspect: trichomisée et collante, peu dense
Odeur: sous bois humus acide
Gout: Piquant, frais,cuir, acide
Effets: stone lourd et rapide
Amnésia G13
Aspect: Dense trichomisé beaux calices
Odeur: typique amnésia, citronné sucré confits
Gout: léger typé amnésia assez doux
Effets: high fort typique amnésia
Santa Maria Ice
Aspect: Pas trés dense
Odeur: sucrés, fruité, pas trés dense
Gout: fruité, amer, gout peu prononcé
Effets: high léger suivit d'un stone léger
Super Silver Strawberry
Aspect: Compact dense trichomisé
Odeur: Fruité frais strawberry
Gout: Agrumes piquant léger et fuyant gout de berry
Effets: high énergique
Chocolope Block
Super Fly
Le super Fly est un coffee local, situé a 15min de l'aéroport, il pourrait égayer vos dernières heures d'attente..
Ak47
Aspect: Fluffy peu de trichomes
Odeur: Sucré très faible
Gout: peu de gout
Effets: high léger et positif
Amnésia
Aspect: Belle bud assez dense, beau calice trichomisé
Odeur: odeur discrète d'amnésia
Gout: carton, pas spécialement agréable
Effets: high léger...
SOG Killing
Aspect: Pas belle, débris
Odeur:
Gout:
Effets:
G-13 Haze
Aspect: Buds dense et trichomisé
Odeur: odeur discrète acidulée citrique
Gout: gout très discret...
Effets: léger stone
En bonus:
1eHulp
Amnésia Pollen
Aspect: Pollen clair, mou, malléable
Odeur: Amnésia, citron chimique, hashy
Gout: Assez neutre citron chimique hash
Effets: montée rapide, pas démotivante, calme et detente
Strawberry Fire Alien
Aspect: compact, feuillu vert trichomisé collante
Odeur: Fruitée douce épicée
Gout: Doux fruité acide strawberry chimique
Effets: High clair, léger stone sur la fin, pas incapacitant
Raskals Og
Aspect: très dense, trichomisé
Odeur: Cheese, berry, pin, kush
Gout: Fruité amer, kush
Effets: montée lente, high léger
Gorilla Glue
Aspect: Compact, bcp de pieds de tritri, mais peu de glandes en surface
Odeur: léger citrique, bouchon
Gout: liège, kushy, fruité sur l'inspiration
Effets: High fort et amusant
Knight bridge
Aspect: Compacte, très verts (mauvaise manucure et rinçage)
Odeur: Sour diesel, floral
Gout: Sour diesel, entêtant et réglisse
Effets: high clair
Comme d'habitude, vous retrouverez d'autres photos dans la galerie:
(petit conseil: cliquez sur diaporama en haut, c'est plus "agréable" à regarder)
Consommer du cannabis ne serait pas lié au développement de troubles anxieux
Par Marie-Caroline Cabut
Un fumeur de cannabis. Photo Thomas Wirth. AFP
Si des précédentes études estimaient qu'un consommateur de marijuana avait plus de chances de développer des troubles psychologiques et neurologiques, un rapport de l'Université de Columbia affirme le contraire. A noter : la schizophrénie n’a pas été prise en compte.
Consommer du cannabis ne serait pas lié au développement de troubles anxieux.
Fumer du cannabis n’augmenterait pas les risques de troubles anxieux ou d’humeur. C’est ce qu’affirme une étude - très sérieuse - de l’Université de Columbia, publiée dans le journal JAMA Psychiatry et relayée par le Washington Post. Un constat plutôt surprenant quand on sait que de nombreuses études montraient le contraire.
34 653 participants américains, âgés de plus de 18 ans, ont pris part à cette étude. A trois années d’intervalle (2001-2002 et 2004-2005), les chercheurs ont comparé l’état mental des différents patients. Au début de l’expérience, la consommation de cannabis, les critères socio-démographiques, l’histoire familiale et l’historique des troubles psychiatriques des patients avaient été pris en compte et étudiés par l’équipe de recherche. Selon les résultats publiés mercredi, cannabis et troubles anxieux ne seraient donc pas liés. Il faut cependant préciser que la schizophrénie n’a pas été prise en compte dans cette étude.
D’autres risques ne sont pas exclus
Attention, les pro-cannabis ne doivent pas crier victoire trop vite. Les chercheurs ont en effet trouvé une connexion entre la consommation de cannabis et l’abus de substances addictives. Un fumeur de cannabis a ainsi plus de chance de développer une addiction à la nicotine, à l’alcool ou même à d’autres drogues.
Avec toujours plus de consommateurs et de pays légalisant la marijuana récréative et thérapeutique, les inquiétudes concernant les effets de cette drogue sur la santé mentale perdurent. Les chercheurs insistent cependant sur l’importance des campagnes de prévention pour les addictions. Si l’on prend l’exemple de la France, la consommation de tabac et d’alcool sont les deux premières causes de morts évitables.
C’est une nouvelle arme pour dissuader les consommateurs de cannabis… tout en faisant de la prévention routière.
Désormais, les acheteurs contrôlés, comme ce jeudi à Saint-Ouen, en possession de stupéfiants lors d’opérations police-douanes auront la désagréable surprise de recevoir un courrier de la préfecture de leur département leur enjoignant de passer une visite médicale pour «vérifier leur aptitude médicale à la conduite ».
Saint-Ouen, le 18 février. Les consommateurs contrôlés qui ont le permis de conduire recevront prochainement un courrier de leur préfecture les enjoignant de passer une visite médicale pour «vérifier leur aptitude médicale à la conduite ». (LP/N.P.)
A l’origine de ce dispositif ? L’article du code de la route R. 221-11 qui permet au préfet, «dans le cas où les informations en sa possession lui permettent d’estimer que l’état physique du titulaire du permis peut être incompatible avec le maintien de ce permis de conduire » de prescrire un examen médical.
Concrètement, les personnes contrôlées (détentrices d’un permis de conduire ou en demande de permis) devront effectuer une visite médicale auprès d’un médecin agréé qui vérifiera leur toxicologie. En cas de contrôle positif, le préfet pourra prononcer la restriction de validité, la suspension ou l’annulation du permis de conduire ou encore le changement de catégorie dudit permis.
«C’est avant tout une action de prévention », explique le patron de la compagnie de sécurisation et d’intervention du 93, le commandant Lunel. «Nous voulons que ces consommateurs prennent conscience des dangers qu’il y a à conduire après avoir fumé du cannabis. »
Aux Etats-Unis la légalisation du cannabis se heurte à un problème de taille : les banques refusent de travailler avec les coffee shop.
Et pourtant qu’est-ce que ça marche bien, le cannabis ! Le reggae pourrait presque devenir l’hymne officiel du Colorado. Cela fait deux ans maintenant que vous pouvez légalement rouler un joint dans l’Etat de Denver, et les coffee shop ont poussé comme des champignons…
Ils sont près de 800 avec ce qu’on appelle aux Etats Unis des « dispensaries » qui ont pignon sur rue.
Commerce florissant qui a rapporté près de 38 millions de dollars, c'est à dire 34 millions d’euros.
Sans compter de grands noms de la chanson se sont mis à la vente à grande échelle comme Snoop Dog qui commercialise depuis novembre et via internet « Leafs by Snoop », ou Rihanna qui a annoncé lancer sa propre marque : « MaRihanna ».
Sauf que le système bancaire ne suit pas. Que ce soit Visa ou Master card, quand il s’agit d’herbe, ils refusent purement et simplement d’opérer les transactions.
Et du côté des banques, pas de comptes pour ces coffee shop : c'est interdit. Pour eux, le cannabis est encore une drogue. Et ce n’est pas du conservatisme. En fait, eux, se basent sur la législation, non pas de l’état do Colorado, mais de l’Etat fédéral qui lui classe toujours le cannabis dans le même dossier que l’héroïne et le LSD.
Tous les échanges se font donc en cash : l’approvisionnement, la vente…. Et on parle de de dizaines voire de centaines de milliers de dollars ! Un véritable encouragement, évidemment, aux braquages, au blanchiment, et à la criminalité en général. Voilà donc les vendeurs et les acheteurs de joints dans une sorte de zone grise, un no man’s land entre zone de droit et zone de non droit.
Alors bien sûr, certains ont déjà imaginé comment contourner les banques. Des start up se sont mises sur le créneau pour imaginer un nouveau circuit d’argent du consommateur en passant par le distributeur qui atterrirait au final à la banque.
Tokken propose un système de monnaie virtuelle : ça passe par les bitcoins et ça arrive en bout de course sur un compte classique.
Moralité : ça phosphore, ça fume dans le crâne des nouveaux patrons du joint américain !
(re)écouter l'émission du vendredi 19 février 2016
A Montpellier, une décision rare a été rendue : une consommatrice est dispensée de peine, ouvrant le débat sur un usage contre la douleur.
Isabelle, documentaliste, souffre de douleurs neuropathiques. B. CAMPELS
Oui je suis en colère, je sais ce que c'est la souffrance, la douleur, et l'on vient m'arrêter pour des plants de cannabis au milieu de plants de tomates... J'aimerais que l'on autorise le cannabis au niveau thérapeutique, mais en France, on a peur". Isabelle, 45 ans, vient pourtant d'obtenir une décision rare : le tribunal correctionnel de Montpellier l'a dispensé de peine pour la dizaine de pieds de cannabis que les gendarmes ont retrouvé chez elle. Un signe, pour son avocate, que le débat sur l'usage thérapeutique avance.
Ce mercredi 17 février, devant sa maison de Grabels, au Nord de Montpellier, Isabelle profite du soleil d'hiver pour raconter son histoire. A ses côtés, son compagnon l'aide à boire son café. Elle tire aussi sur un joint de cannabis. C'est le seul médicament naturel qui apaise ses douleurs neuropathiques comparables "à un étau qui compresse la poitrine". Depuis un terrible plongeon dans une piscine sans fond, il y a 20 ans, elle est devenue tétraplégique.
LE CHIFFRE 30
C’est, en pourcentage, le nombre de malades de la sclérose en plaque qui consommerait du cannabis en France pour combattre leurs douleurs. La plante soulagerait également d’autres maladies (cancer, Sida, hépatite). Reste maintenant aux chercheurs à isoler les effets négatifs du cannabis pour une application strictement médicale.
"Le cannabis c'est notamment un puissant décontractant musculaire" indique-t-elle. Au départ pourtant, pour compenser les affres de son handicap, elle a eu recours à plusieurs médicaments, certains aux molécules tellement fortes "qu'à 4 h de l'après-midi je ne pouvais plus parler et à 18 h je m'endormais". Et lorsqu'en 2013 son principal remède, le Myolastan®, est retiré du marché sur recommandation européenne en raison de sa dangerosité, elle commence à fumer dés le matin.
"On me donnait ce médicament depuis des années et d'un coup ça s'arrête. J'ai fumé et ça m'a fait un bien fou, comme jamais depuis l'accident" raconte celle qui a alors aussi voulu s'auto-médicamenter. Et poursuivre sa carrière professionnelle coûte que coûte. Titulaire d'un “bac+4“ avant son accident, elle a réussi à passer son Dess en gestion des ressources humaines à Grenoble avant que cette native de Belfort ne s'installe à Montpellier voilà quinze ans. Elle est désormais documentaliste au LIRMM (laboratoire d'informatique, de robotique et de micro-électronique).
"Au début j'avais un peu peur intellectuellement, mais on apprend à travailler en fumant" explique la quadragénaire tout en reconnaissant que "le cannabis n'est pas la panacée. Des fois on aimerait avoir moins la tête dans les étoiles". Elle ne milite pas non plus pour la dépénalisation globale du cannabis, concentrant sa lutte sur le seul côté thérapeutique. Elle s'insurge du retard pris par l'administration française sur l'autorisation à commercialiser des médicaments à base de cannabinoïde.
Un seul est pour l'heure autorisé, le Sativex®, un spray buccal à base d'extraits. Mais il n'est pas encore en vente et accessible qu'aux personnes souffrant de sclérose en plaque. "Donc si vous n'avez pas de sclérose en plaque, tant pis pour vous ! C'est n'importe quoi... Pourtant, les douleurs sont très proches et le cannabis peut aussi aider ceux qui ont des cancers ou le Sida" rappelle-t-elle.
Isabelle avait planté pour la première fois des pieds de cannabis avant d'être dénoncée. Elle espère maintenant que le débat va avancer, tout en restant hors-la-loi si elle fume. "Je ne fais rien de mal, je travaille, je paye des impôts, je ne suis pas un poids pour la société, c'est le contraire ! Que l'on ne m'ennuie pas parce que je fume du cannabis, ce moyen existe, je l'utilise, quand on a mal, le reste on n'a pas plus rien à faire".
Deux questions à...
Me Ingrid Metton du barreau de Paris, défendait Isabelle.
Comment avez-vous obtenu cette dispense de peine pour votre cliente auprès du tribunal ?
J’ai dû expliquer qu’elle était malade et le sens de la dispense de peine. Elle est coupable d’avoir violé la législation française c’est indéniable, on ne peut pas encore avoir de plants de cannabis à titre thérapeutique, mais elle est condamnée sans peine. C’est une décision rare, je n’ai connaissance que de cinq ou six jugements de la sorte. Obtenir cette décision peut vraiment faire avancer la cause du cannabis thérapeutique, souvent les juges ne sont pas au courant de la situation des malades.
Comment se situe la France par rapport aux autres pays ?
Une quinzaine de pays, Espagne, Suisse, Pays-Bas, Allemagne notamment, ont déjà autorisé le cannabis thérapeutique... Pourquoi sommes-nous si en retard ? Il faut changer les mentalités et cela prend du temps. Depuis 2013, en France, un décret autorise la mise sur le marché de médicaments à base de cannabinoïde, le gouvernement a donc acté la nécessité de ce soin thérapeutique, mais il n’a pas communiqué dessus... En gros, il faut faire des tests et ça prend des années, mais les malades n’ont pas à souffrir de la longueur des négociations des politiques avec les lobbies pharmaceutiques.
Des chercheurs britanniques ont isolé un gène qui serait responsable du déclenchement de psychose chez les fumeurs de cannabis. Un phénomène qui concerne 1% des consommateurs mais qui est très grave.
1% des consommateurs seraient concernés.
Photo: Sojka Libor/AP/SIPA
Vous connaissez une personne qui fume son joint tous les jours mais qui n' a aucun problème psy et une autre qui fumait mois souvent mais qui a déclenché des troubles psychotiques très graves. Nous ne sommes pas tous égaux devant le cannabis.
Si l'on sait aujourd'hui qu'en consommer a toujours des conséquences sur le développement du cerveau surtout si l'on a commencé jeune, une étude britannique vient expliquer pourquoi, dans certains cas, le cannabis peut avoir des conséquences dramatiques sur la santé mentale. En effet, un gène isolé par l'équipe scientifique expliquerait pourquoi certains sont sujets a des épisodes psychotiques.
1% des fumeurs déclenchent des troubles psychotiques
Les chercheurs de l'Université d' Exeter et de l'University College de Londres ont découvert que les patients qui souffraient de psychoses présentaient une mutation du gène AKT1.
Ces personnes ont des hallucinations, sont sujettes à la paranoïa, et ces syndromes psychotiques ont tendance à être accentués quand elles ont consommé des drogues.
On sait que 1% des personnes qui consomment quotidiennement du cannabis présentent des troubles psychotiques sévères, or ces profils ont en commun de souffrir d'une mutation du gène AKT1. Pour arriver à cette conclusion les scientifiques ont passé en revue les données médicales de pas moins de 441 patients qui fumaient régulièrement, ils ont ensuite étudié leur comportement.
Ce qui peut paraître anecdotique est en réalité fort intéressant sur le plan de la prévention. En effet pourquoi ne pas imaginer un dépistage des personnes à risque dans la consommation de cannabis ? Les détails de cette étude ont été publiés dans la revue Translational Psychiatry.
Avec beaucoup d’hésitation et une peur bien visible, El Mokhtar se présente à ceux qui ne le connaissent pas comme « agriculteur » ou « cultivateur ». Mais au fur et à mesure qu’on discute avec lui, on découvre les côtés ténébreux de sa profession. Imperceptibles d’emblée, les aspects inavoués de son activité peuvent mener à la prison au Maroc ou, au mieux, à une vie de perpétuelle angoisse et de soupçons incessants à l’égard de son plus proche entourage.
« Je cultive le hachich ou le cannabis comme vous préférez l’appeler », c’est ainsi que nous répond El Mokhtar, après une longue hésitation et au bout d’une mise en confiance qui a duré des heures. Une fois rassuré de nos intentions et de l’objectif de la visite que nous effectuons dans cette région située sur les plus hauts sommets de la ville de Chefchaouen au Nord du Maroc, il s’est confié à nous en ajoutant : « Notre vie est très difficile car, avec nos familles, nous risquons toujours d’être arrêtés à n’importe quel moment. De plus, on est souvent rackettés par les autorités locales qui savent très bien quel type de culture nous pratiquons et c’est ce qui nous pousse à réfléchir par deux fois avant d’adresser la parole à n’importe quel étranger en visite dans notre village ».
Les harcèlements subis par les habitants de la région ne s’arrêtent pas là. El Mokhtar affirme en effet que les jeunes du village sont sans arrêt sujets à des fouilles et à des questionnaires, chaque fois que quelqu’un d’entre eux manifeste sa volonté de quitter le territoire national et de voyager quelque part. En effet, sa seule appartenance à une région connue pour être un fief de la culture du cannabis suffit pour faire de lui un objet de soupçons. Et, pour prouver le contraire, il est contraint de présenter ce qu’il faut d’informations et de documents attestant qu’il ne fait l’objet d’aucune poursuite judiciaire.
« Nous n’avons pas choisi de cultiver le cannabis ; c’est la terre qui en a voulu ainsi ! Rien d’autre ne peut y pousser et n’importe quel agriculteur qui choisirait de nager contre le courant peut être certain de voir ses efforts et son argent emportés par le vent car toute sa récolte ne suffirait pas alors à lui donner de quoi manger pour une seule journée », affirme El Mokhtar en déplorant l’état où se trouve désormais son village avant d’ajouter : « Si les agriculteurs avaient trouvé une alternative à la culture du "kif", ils l’auraient immédiatement choisie au lieu de vivre dans une peur continue et d’être tout le temps angoissés ».
A son tour, Hamid vit de la culture de la drogue. Il avait fréquenté l’unique école de son village où il avait très tôt appris beaucoup de connaissances très utiles. Mais il a très vite compris que ce type de culture est l’unique voie accessible pour mener une vie décente, dans la mesure où la région à laquelle il appartient ne dispose pas de beaucoup de ressources permettant de travailler et de gagner sa vie. Il n’y a en effet ni commerces ni industries ni même des usines proches. C’est ce qui l’a finalement décidé à exercer la profession de ses parents et de ses aïeux qui, du reste, n’est aucunement considérée dans son milieu comme une activité honteuse. Il a fait donc son choix, ignorant toutes les mises en gardes qui lui ont été faites par la plupart de ses amis qui, eux, ont choisi de partir en ville et d’abandonner la vie rurale derrière eux.
Comprenant tous ces enjeux, Hamid est toujours au courant de toutes les nouveautés survenant à ce sujet dans le Royaume. C’est d’ailleurs ce qui lui fait accueillir avec beaucoup d’enthousiasme le projet de loi présenté par les partis de l’opposition marocaine et visant à rendre légale la culture du cannabis, ce qui promet, comme il dit, de donner une sorte de quiétude aux agriculteurs.
Les partis d’opposition au sein du Parlement marocain, en l’occurrence le Parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM), le parti Al Istiklal et aussi le parti de l’Union Socialiste des Forces Populaires, ont en effet présenté un projet de loi proposant de permettre aux agriculteurs la culture du cannabis sous l’égide d’une institution publique qui délimite les surfaces cultivables et supervise la commercialisation à usages médicaux et industriels.
Défendant le projet présenté par son parti, Hakim Benchammas, président du groupe parlementaire du PAM à la Chambre des Conseillers, affirme qu’il faut briser les tabous sociaux et juridiques à ce sujet, expliquant que cette question est soumise à des préjugés dont les plus grandes victimes sont les agriculteurs vulnérables vivant dans ces contrées du nord marocain. Il considère aussi que ce projet de loi contribuerait à la mise en place d’une économie de rechange dont profiteraient les cultivateurs et le Trésor Public à la fois, dans la mesure où le cannabis serait exploité dans l’industrie pharmacologique, ainsi que dans d’autres utilisations légales dont l’efficacité n’est plus à prouver comme l’attestent les expériences de nombreux pays dont essentiellement les Etats Unis d’Amérique et la Hollande.
Ben Chammas considère également que le fait de réussir à rendre légale la culture du cannabis au Maroc signifie « mettre fin à la souffrance des agriculteurs et des familles vivant dans les zones concernées par les contrôles sécuritaires et réparer l’image négative répandue du Maroc à l’étranger par rapport à cette activité ». Des statistiques non officielles disent en effet que plus de quarante mille personnes parmi les habitants des régions où se cultive le cannabis ont fait l’objet de mandats d’arrêts de la part des pouvoirs policiers locaux ; et ce pour culture et trafic de drogue.
Pour sa part, Abdelaziz Aftati, le parlementaire du parti au pouvoir, « Justice et Développement », trouve cette initiative louable du point de vue de l’exploitation médicale et industrielle du cannabis. Il redoute cependant qu’elle ne profite aux mafias et aux gangs spécialisés dans le trafic des stupéfiants qui dominent ce type de culture et qui risquent de tourner à leur avantage cette légalisation afin d’étendre leurs opérations de contrebande et de se faire des fortunes colossales sur le dos des petits agriculteurs. Des conséquences aussi négatives sont bien entendu le contraire de ce qui est prévu au départ.
Aftati explique encore que si les expériences internationales ont prouvé l’efficacité de cette solution, le Maroc reste toutefois un pays différent des autres qui a ses particularités et ses spécificités. C’est ce qui rend difficile donc de se prononcer sur les conséquences de cette légalisation et de savoir si elle aurait les effets escomptés ou si elle faciliterait davantage la tâche aux grands contrebandiers.
En ce qui concerne l’usage médical du cannabis, Dr. Dalila Bouchetta, chercheur en pharmacologie et en intoxication médicamenteuse à l’Université Sidi Mohamed Ben Abdallah, assure que nombre d’études faites sur cette plante ont prouvé qu’elle peut être utilisée pour la fabrication de plusieurs médicaments et préparations cosmétiques. C’est d’ailleurs ce que des pays tels que la France ont très tôt compris en intégrant le cannabis dans le protocole de fabrication de nombreux médicaments. Elle ajoute qu’en même temps, la plante peut servir également de tabac à rouler et à fumer, ce qui, à fréquentes expositions, nuit aux cellules du cerveau et aux poumons.
Le nombre d’agriculteurs vivant de la culture du cannabis au Maroc atteint les 800 mille dont la majeure partie se trouve dans le nord. Par ailleurs, selon des rapports rédigés par des activistes de la société civile, l’activité commerciale reliée à cette plante est estimée à 200 millions d’euros. Cependant, la surface consacrée à la culture du cannabis a reculé ces dernières années pour atteindre les 47196 hectares en 2013 contre 134000 hectares en 2003. C’est ce que les activistes expliquent par la peur insoutenable, ainsi que par la souffrance que vivent les agriculteurs dans ces régions et dont la solution demeure tributaire d’un compromis à trouver entre les divers acteurs partisans et politiques aussi bien dans le gouvernement que dans l’opposition.
Ce n’est pas rien pour un hebdomadaire très libéral comme The Economist de prendre une position qu’ils appellent eux-mêmes « décidément alibérale ». Et c’est encore plus surprenant parce qu’il s’agit de légalisation du cannabis. On peut lire sur la « une » de l’hebdo britannique de cette semaine :
« La bonne façon de prendre des drogues. Légaliser le cannabis en toute sécurité. »
Partant du constat que la légalisation, à usage médical et, de plus en plus, récréatif, gagne du terrain dans le monde, The Economist se félicite que « ceux qui (comme nous) ont dit que la légalisation est meilleure que la prohibition vont accueillir avec joie le début de la fin de l’inutile guerre contre le cannabis ».
La prise de position est réfléchie, basée sur des arguments davantage économiques que moraux. La substance « pèse pour plus de la moitié d’un marché de drogues illicites de 300 milliards de dollars » et « reste la drogue de choix de 250 millions de personnes dans le monde ». Or, cet immense marché est sous le contrôle de groupes criminels et meurtriers.
« Légaliser le cannabis priverait le crime organisé de sa plus grande source de revenu, tout en protégeant les consommateurs qui deviendraient des honnêtes citoyens. » Un argument répété plusieurs fois dans leur exposé, qu'on peut résumer sous la forme d'un graphique assez simple :
La question n'est plus « Doit-on » mais « Comment fait-on » ?
Réglementer le marché du cannabis -->
---> protégerait le consommateur
---> permettrait à la police d’économiser de l’argent
---> augmenterait les revenus des Etats
---> enlèverait une part de marché aux criminels
Manifestation pour la légalisation du cannabis à Toronto (REUTERS/Mark Blinch)
The Economist n'est pas le premier média ou organisme d'influence à prendre parti pour la légalisation du cannabis ces dernières années. Qu'est-ce qui le pousse à le faire publiquement maintenant ? Comme l'expliquent les articles du dossier, la balance commence sérieusement à pencher en ce sens.
Aux Etats-Unis, un des principaux consommateurs, « vingt-deux Etats et le district de Columbia ont légalisé le cannabis à usage médical, et ce chiffre devrait atteindre trente d'ici un an ». Trois Etats - le Colorado, Washington et l'Oregon - ont franchi le pas de la légalisation, bientôt rejoints par l'Alaska et peut-être par la Californie, où un référendum aura lieu en novembre. En Uruguay, la vente libre devrait être effective cet été, et des débats en ce sens sont en cours au Mexique, en Australie et en Afrique du Sud.
Le cas du Canada a fini par donner à ce débat un autre degré de sérieux. Le gouvernement du nouveau premier ministre, Justin Trudeau, a fait connaître son intention d'adopter, dès cette année, des lois « qui légaliseront et réglementeront la consommation de marijuana ». Cela en ferait le premier pays du G7 à passer le pas.
Le ministère de la santé canadien devra définir les règles d’accessibilité et d’âge légal de consommation, de prix de vente, taxation, taux légal de THC (principe actif du cannabis), contrôle de la qualité des produits, des réseaux de production et de distribution.
C'est là où le travail de The Economist est intéressant ; il dépasse le débat sur la nécessité de la législation et s'intéresse plutôt, comme le gouvernement canadien, à son application très concrète : à combien chaque pays taxera-t-il l'herbe ? Et les « comestibles au cannabis » ? Comment utiliser en priorité l'argent obtenu ? Faudra-t-il interdire la publicité ? Faut-il s'attendre à l'émergence d'un lobby du cannabis, comme il existe un lobby de la cigarette ou du vin ?
Le statu quo français
« Trouver le bon niveau d'imposition sera un défi. S'il est trop bas, vous encouragez l'usage. S'il est trop haut, vous perdez un des bénéfices de la légalisation : faire disparaître les marchés noirs. »
« Le "bon" niveau d'imposition dépendra des conditions de chaque pays : en Amérique latine, où l'abus de la drogue est rare mais où le marché noir est puissant et sanglant, il devrait être bas. Dans le monde développé, où l'abus est plus courant et où les dealers sont davantage une nuisance qu'une menace à la sécurité nationale, il pourrait être plus haut. Notre modèle : les Etats-Unis après la Prohibition. Les taxes sur l’alcool ont d'abord été très basses, pour faire fuir les contrebandiers, avant d'être rehaussées. »
Transaction légale à North Bonneville, dans l'Etat du Washington (REUTERS/Jason Redmond)
En France, la situation est simple, à défaut d'être rassurante : c'est un des pays où on fume le plus de cannabis en Europe, tout en étant un des pays avec les lois les plus répressives en la matière. En 2014, 11 % des Français âgés entre 18 ans et 64 ans ont consommé du cannabis au moins une fois dans l’année, selon une étude de l’Institut national de prévention et d’éducation. Un adolescent de 17 ans sur deux ayant déjà expérimenté, et près d’un sur dix fume régulièrement des joints, selon l’Observatoire français des drogues et toxicomanies (OFDT).
Avant The Economist, Le Monde (et oui, on avait déjà pris position dès 2014), expliquait dans un éditorial pourquoi la légalisation était une bonne solution. Le constat est quasiment le même :
Il est difficile, voire impossible, d'avoir un débat politique sur la légalisation du cannabis en France. A droite comme à gauche, on évite le sujet. Une proposition de loi de la sénatrice Esther Benbassa (EELV) visant à autoriser un « usage contrôlé » via une vente au détail similaire à celle du tabac, et dans le cadre d'un « processus de sensibilisation » a été rejetée en avril 2015.
« Pourtant, malgré son arsenal législatif, la France est (avec le Danemark) le pays européen où l’usage du cannabis est le plus répandu. Un Français sur trois en a fait l’expérience – un collégien sur dix et deux lycéens sur cinq –, tandis que 550 000 personnes en consomment quotidiennement. Bref, la politique répressive en vigueur est inefficace. En outre, elle est coûteuse, car elle mobilise une part significative de l’activité de la police (interpellations et gardes à vue) et de la justice, pour une dépense publique évaluée à 500 millions d’euros par an. Enfin, la prohibition a favorisé le développement d’un marché clandestin de type mafieux. »
2016, année critique
Le Liban est un des premiers producteurs de résine de cannabis, selon l'ONU.
Or, dans les faits, la consommation de cannabis en France est presque dépénalisée. Depuis une loi de 1970, elle était un délit pénal, passible d’une peine d’un an d’emprisonnement et de 3 750 euros d’amende. Une peine, rarement appliquée, qui a été remplacée récemment par une amende, payable directement au policier qui vous a surpris à fumer.
Une modification qui ne doit pas être comprise comme un pas vers la dépénalisation, et encore moins vers la légalisation. François Hollande, au cours de sa campagne de 2012, avait clairement affirmé la « nécessité de l’interdit » et il n'a pas changé d'avis depuis (malgré la couverture des Inrocks).
Des études très sérieuses du Conseil économique, social et environnemental ou du think thank Terra Nova, très proche du Parti socialiste, soulignent pourtant la nécessité d'un débat sur la question. Le professeur Bertrand Dautzenberg a récemment appelé à la dépénalisation encadrée en France, justifiant sa prise de position par l’inefficacité de l’interdiction complète de cette drogue. Là encore, c'est le même constat qu'ont fait Le Monde, The Economist et d'autres avant eux.
« Je constate que la consommation de cannabis chez les jeunes augmente, que la France est numéro un en Europe avec 45 % des jeunes qui ont essayé alors que, dans d’autres pays, comme les Pays-Bas où il est légalisé, le taux est de 29 %. Plus c’est interdit, plus il y a de consommateurs. »
Le timing de la prise de position de The Economist n'est pas étranger à l’organisation, en avril, d'une assemblée générale des Nations unies sur la drogue qui se penchera notamment sur la consommation de cannabis et l'intérêt d'une législation contrôlée. La date de cette assemblée a été avancée de trois ans, notamment sous la pression de plusieurs pays américains qui critiquaient la politique inaltérable de répression de l'ONU en la matière. Le ministre colombien de la justice de l'époque avait joliment résumé la chose :
Luc Vinogradoff
« Les politiques sur la drogue ne peuvent pas bouger au rythme du télégraphe, alors que les problèmes se déplacent à la vitesse de l'Internet. »