Expogrow, la plus grande foire verte autour du cannabis. La 5ème édition de la foire Expogrow propose d’approfondir l’actualité nationale et internationale du cannabis médical. Le Forum Social International est l’un des points forts de la foire Expogrow qui reçoit chaque année .....
Expogrow 2016, la Foire du Chanvre qui parle français
... des spécialistes nationaux et internationaux dans différents domaines. Cette année l’accent sera mis sur le cannabis thérapeutique, à l’occasion notamment d’un débat commun à ce sujet.
Au programme des conférences du V Forum, un laboratoire espagnol de cannabis médical sera présenté, l’enjeu de la régulation responsable du secteur continuera d’être traité, de même que le débat sur le cannabis médical d’un point de vue international. Pour clôturer, une table ronde se tiendra autour des divers modèles législatifs sur tout le continent américain.
La chilienne Ana María Gazmuri est l’une des dernières invitées annoncées. Spécialiste des politiques de drogues, elle travaille dans ce domaine depuis 2012 dans le cadre de la fondation Daya dont elle est l’un des membres fondateurs. Cette fondation est spécialisée dans la recherche et la promotion de thérapies alternatives et de soins naturels. Également actrice et communicante, Gazmuri travaille en lien étroit avec le cannabis médical dans un cadre institutionnel dans son pays ainsi qu’à l’étranger.
La psychologue Nuria Calzada prend également part à cette initiative. Depuis 2000, elle est membre et coordinatrice étatique d’Energy control. À ce titre, elle a été amenée à participer à différentes études et recherches sur les drogues et dispose d’une importante expérience dans la formation de professionnels de la santé, de l’éducation et du monde de la nuit.
Interviendront également lors du Forum, la mexicaine Zara Snapp, spécialiste des politiques de drogue et incidences internationales et auteur de l’ouvrage « Dictionnaire des drogues » ainsi que Raúl Elizalde, président de l’association Cicil Por Grace a.c créée après que sa fille Graciela ait été la première patiente à recevoir un traitement contre le syndrome de Lennox-Gastaut à base de cannabidiol.
Expogrow c’est bien plus qu’une foire du chanvre. C’est également un espace d’exposition, une programmation musicale, des activités en plein air, de la gastronomie et bien plus encore.
Les entrées donnent accès à la foire, aux concerts, activités et animations en plein air ainsi qu’au V Forum social et à la remise des prix de la Cannabis Cup.
Programme de conférences REMA et V Forum - Expogrow 2016
Expogrow accueille une Assemblée féminine et ouverte organisée dans le but d’éroder la discrimination et les inégalités dont sont victimes les femmes dans ce domaine
L’association Réseau de Femme Anti-prohibitionnistes dans le Domaine des Drogues (Red de Mujeres Anti-prohibicionistas en el Ambito de las Drogas) revendiquera la lutte pour des politiques plus justes et efficaces.
Pour la première fois à Expogrow, Bien plus qu’une Foire du Chanvre, une plateforme lancée par l’Association Red de Mujeres Anti-prohibicionistas en el Ambito de las Drogas (REMA) organise une « assemblée ouverte » où seront débattus différents thèmes axés atour de la revendication et la lutte pour de nouvelles politiques de drogues plus justes et efficaces.
Mujerescannabicas.org prend part à ce programme en incorporant la perspective de genre et la lutte contre le patriarcat dans l’unique objectif d’éroder la discrimination et les inégalités dont sont victimes les femmes dans ce domaine.
Dans ce cadre Anti-prohibitionniste et avec l’accent mis sur la culture, le secteur et la communauté d’usagers, mujeresconnabicas.org a pour objectifs de créer un réseau de femmes usagers et/ou liées professionnellement au secteur du cannabis et la réforme des politiques de drogues de l’État espagnol. Par ailleurs, ce réseau entend augmenter la visibilité et favoriser la participation active des femmes dans les différents aspects de la culture et de l’industrie cannabique.
Le groupe moteur de ce nouveau mouvement féministe n’a pas voulu passer à côté de l’opportunité de réunir ses associées et fidèles à Expogrow. Parmi ses plus imminents objectifs figurent la dénonciation du sexisme, les inégalités et discriminations que subissent les femmes liées personnellement ou professionnellement au cannabis ; promouvoir une plus grande reconnaissance et visibilité d’une culture cannabique au féminin pour et par les femmes.
Mujerescannabicas.org se présentera à diverses occasions pendant toute la durée de la Foire notamment dans l’espace B2B, dans la Salle, l’espace RR et l’espace des Associations. Cliquez ici pour plus d’informations
Dans le programme du V Forum Social et International du Cannabis, la perspective de genre est aussi déclinée lors de plusieurs interventions des femmes dans les thématiques abordées. La dernière incorporation aux conférenciers de cette 5ème édition c’est justement une femme, Louise Levayer, en provenance de la France.
Diplômée de Science Po Lille (2009), elle a fait partie de l’équipe de coordination de la Caravane pour la Paix avec justice et dignité aux États-Unis avec Global Exchange en 2012. En 2014 elle a réalisé un master à l’IPEAT de Toulouse pour étudier la législation de régulation en Uruguay. C’est dans ce cadre qu’elle a été amenée à travailler avec Hector Suarez à l’Observatoire Uruguayen des Drogues en tant que stagiaire pendant 5 mois en 2015.
En septembre de la même année elle a soutenu son mémoire sur la loi 19.172 de régulation du Cannabis et le processus politique et social qui a permis de réunir les conditions pour son adoption. Actuellement, elle fait partie d’une équipe de trois chercheurs, choisis pour réaliser le premier rapport sur la problématique de la consommation de drogues dans les pays de l’UNASUR qui sera publié l’année prochaine.
En France, elle participe à une initiative qui cherche à ouvrir un débat participatif, intégral et pluridisciplinaire sur les politiques de drogues et la législation française en matière de drogues.
Pour plus d’informations sur la programmation et la billetterie, rendez-vous sur www.expogrow.net
Chaque fois que le débat sur le cannabis surgit sur la scène publique française, la politique lui coupe l’herbe sous le pied. Mais les choses changent. Ou vont peut-être changer. Alors que la campagne électorale pour 2017 se profile, quatre candidats ont déjà exprimé leur malaise vis-à-vis de la législation actuelle sur le cannabis. Certains vont même jusqu’à proposer sa légalisation. Mais de quoi parle-t-on au juste ?
Une campagne en dessin pour la promotion aux États-Unis du cannabis à usage thérapeutique.
Jonny Goldstein/Flickr, CC BY
Entre prohibition et légalisation, un éventail de possibilités
La loi française est l’une des plus prohibitionnistes en Europe. Celle-ci condamne en effet la production et le trafic de stupéfiants, mais aussi leur usage illicite. La consommation de cannabis est donc une infraction pénale, plus précisément un délit. Et lors des débats sur la substance, c’est cette catégorisation qui est le plus souvent remise en cause.
Depuis un an, le principe de « contraventionnalisation » gagne en popularité. Terme similaire à celui de décriminalisation, l’idée est de remplacer la peine de prison par une amende, en réduisant la gravité de l’infraction, mais en maintenant son interdiction pénale. C’est ce que prône le décret autorisant la transaction pénale d’octobre 2015. Une idée qu’on retrouve dans les conclusions d’un rapport interministériel sur la question du traitement juridique du cannabis. Le but de ces modifications est de désengorger le système judiciaire sans aller jusqu’à une dépénalisation ou suppression de la peine, qui ne jouerait pas le rôle dissuasif voulu par la législation actuelle.
À l’inverse, en sortant l’usage du cannabis du cadre pénal, la légalisation enlèverait les interdictions qui pèsent sur la substance. Mais légalisation ne signifie pas nécessairement libéralisation, laquelle se traduirait par l’ouverture du marché à la concurrence. Tout en légalisant le cannabis, l’État peut garder un contrôle sur la production, la distribution et/ou l’usage.
Les opposants à toute modification soutiennent que la dangerosité du produit justifie son interdiction et que toute évolution de la législation entraînerait une augmentation de la consommation. Nous allons à présent détailler les arguments qui contredisent ces idées sans pour autant inciter à la consommation de cannabis, fait qui constituerait également une infraction.
Réprimer : coûteux, hypocrite et inefficace
La loi de 1970 sur les stupéfiants a pour objectif la baisse de la consommation de ces substances. Or, au regard de cet objectif primaire, la répression n’est pas efficace. Le cannabis est la substance illicite la plus consommée en France : 4,6 millions d’usagers durant l’année 2014, dont 1,4 million considérés comme réguliers. Les jeunes Français sont les plus grands consommateurs en Europe et l’herbe est plus disponible qu’avant.
Un appel entendu dans les États du Colorado et de Washington.
Patrick Harris/Flickr, CC BY-NC-ND
Alors que plus de la moitié des Français continue à considérer le cannabis comme dangereux, le signal moral qu’on prétend envoyer aux jeunes aujourd’hui ne fonctionne pas. De plus, les cas de dépénalisation, comme au Portugal, et de légalisation, comme au Colorado (Etats-Unis), n’ont pas été suivis d’une augmentation de la consommation.
De plus, la répression policière envers les consommateurs en France continue à être la plus draconienne d’Europe, alors que le système juridique ne suit pas. Depuis l’instauration de l’interdiction des stupéfiants en 1970, cinq circulaires ministérielles ont assoupli l’application de la loi pour ce qui concerne l’usage du cannabis, et aujourd’hui, la grande majorité des cas se soldent par de simples rappels à la loi ou avertissements. Cette ambiguïté révèle à la fois l’hypocrisie qui règne au sein du système policier (qui doit « faire du chiffre ») et un gaspillage des finances publiques.
Car la lutte contre le cannabis coûte cher. Alors que le marché du cannabis est estimé à plus de 1,1 milliard d’euros, l’État dépense environ 1,7 milliard en prévention, répression et soins. Ces sommes astronomiques représentent un double coût pour la collectivité : outre la facture publique, les grands bénéfices de la drogue sont accaparés par des réseaux criminels, qui acquièrent un potentiel déstabilisateur par la corruption et la violence, en France et ailleurs dans le monde.
De plus, il est aujourd’hui avéré que tous les usagers de cannabis ne sont pas des consommateurs à risque. À la différence de ce que laisse penser l’application de la loi, la simple récidive n’est pas synonyme de consommation problématique.
S’il y a 4,6 millions d’usagers de cannabis, il n’y a pas autant de toxicomanes. Le cannabis n’est pas le produit le plus dangereux et il cause très peu de morts. Mais son usage peut s’avérer dangereux et une consommation précoce, régulière, prolongée et/ou à des fortes doses peut provoquer des troubles cognitifs, psychologiques, voire psychiques.
Des risques pour la santé et la cohésion sociale
Toute dangerosité doit être prise en compte par les politiques publiques. Mais quand on parle du cannabis, la nocivité de la substance semble augmenter avec la prohibition. D’une part, la qualité de la substance n’est pas contrôlable sur le marché noir, et le cannabis qu’on trouve en France est de plus en plus accessible et dosé en THC, essence psychoactive qui peut avoir des effets secondaires non désirés.
De plus, en voulant imiter la substance, des nombreux « cannabis de synthèse » ont été créés, provoquant des effets très nocifs pour la santé et allant jusqu’à produire des surdoses. À l’inverse, la recherche sur les possibles effets médicaux et thérapeutiques de la substance, qui n’est pas interdite par la loi, a longtemps été marginalisée.
Concert au Canada lors de la « Journée du cannabis » en 2014.
GoToVan/Flickr, CC BY
Ainsi, le climat d’interdiction en France provoque-t-il une augmentation des dommages potentiels liés à la consommation de cannabis. La raison d’être des politiques de réduction des risques est de chercher à prévenir et détecter les usages problématiques sans nécessairement interdire la consommation. Hélas, la prévention intelligente est impossible en France. Or, comme l’affirme un avis du Conseil économique, social et environnemental, « il est indispensable de lever la stigmatisation qui pèse encore sur les addictions afin que les personnes demandent davantage d’aide et de soutien ».
On entend souvent dire que la prohibition serait un moyen de « contrôler » les banlieues. Mais cet argument est (au mieux) doublement immoral. Premièrement, il suggère qu’on peut délaisser une partie de la population, et lui permettre d’utiliser le trafic illégal des stupéfiants pour pallier la rupture du lien social et l’exclusion économique.
Deuxièmement, il traduit l’idée que l’État appliquerait la loi de manière discriminatoire, voire raciste, sur une partie de la population. Il s’avère que cette hypothèse est de plus en plus tangible avec l’homogénéisation des profils des usagers interpellés et condamnés, plus jeunes par rapport aux condamnés dans l’ensemble des délits, et qu’on peut supposer, en raison d’un contrôle au faciès avéré qui n’est pas évalué statistiquement, avec des traits physiques particuliers.
Finalement, il est regrettable de ne pas considérer la réalité de la légalisation du cannabis ailleurs dans le monde. Après les États du Colorado et de Washington aux États-Unis (en 2012), nombreux sont les pays où la légalisation du cannabis est mise à l’agenda. L’Uruguay a franchi le pas en 2013 et des discussions sont en cours au Canada, en Italie et dans d’autres États américains… La question qui se pose n’est plus de savoir pourquoi, mais comment légaliser.
Quel modèle de légalisation à la française ?
Nombreux sont les modèles de légalisation du cannabis disponibles dans le monde. Or, d’après les expériences actuelles, il s’avère que la légalisation dans un cadre concurrentiel stimule le développement d’une industrie où le chiffre d’affaires serait l’objectif et qui développerait par conséquent, un marketing incitatif à la consommation. Ce type de légalisation est, bien entendu, impossible à mettre en place dans le contexte français.
Dans une rue de San Francisco.
ilbert Laszlo Kallenborn/Flickr, CC BY-NC-ND
Pour diminuer les dommages sociaux et sanitaires, une régulation stricte des marchés semble s’imposer. Un modèle fort permettrait d’envisager une légalisation avec des restrictions de production, de vente et de consommation, dans les lieux publics et de travail par exemple. En France, il pourrait se rapprocher des modèles de régulation des ventes de tabac ou de celui des jeux en ligne, dont trois caractéristiques permettraient d’assurer le succès.
L’État doit rester un acteur fort dans la régulation. L’autorité étatique doit définir et contrôler les règles de production, de distribution et d’accessibilité, l’âge légal de la consommation, le prix de vente et sa taxation, les dosages des produits, et surveiller la qualité de la substance. De plus, la réglementation peut interdire toute publicité et obliger les acteurs du secteur à développer des campagnes de prévention fortes.
Le modèle doit pouvoir évoluer avec le temps. Tel que le développe un rapport du think tank Terra Nova, il semble important qu’il s’adapte en fonction des avancés du processus de légalisation. Par exemple, le prix de vente devrait être fixé au niveau de celui du marché noir afin d’attirer les consommateurs vers la légalité, puis, il devrait augmenter par des taxes dont l’objectif serait de décourager la consommation. Un tel processus a été suivi après la fin de la Prohibition de l’alcool aux États-Unis. La flexibilité du modèle ne doit pas être considérée comme un signe de faiblesse, mais comme un potentiel d’adaptation de la politique suite à son évaluation.
Dans le paradigme économique actuel, la politique de régulation doit pouvoir satisfaire ses propres besoins. De nombreux articles soulignent les avantages économiques de la légalisation, notamment à la lumière de l’excédent budgétaire généré par les taxes du cannabis au Colorado. Cependant, il ne faudrait pas penser que la légalisation du cannabis puisse combler le trou de la Sécurité sociale. Le but de la politique doit rester le contrôle de la consommation et l’argent collecté grâce à la légalisation doit servir à développer des campagnes de prévention, prendre en charge les consommateurs problématiques, lutter contre les trafics illicites et améliorer le système de régulation. La politique publique doit pouvoir répondre à l’ensemble des enjeux du secteur.
Finalement, le modèle de régulation par l’État peut permettre la production de cannabis pour un usage personnel et des modèles de régulation citoyenne comme les Cannabis Social Clubs d’Espagne. Ces structures, qui doivent être également contrôlées, permettraient la création d’environnements sûrs de consommation et – pourquoi pas ? – renforceraient le lien social grâce à l’engagement associatif.
En guise de conclusion, il reste à poser la question du quand légaliser. Le plus tôt serait le mieux. Ce sont les États-Unis qui ont encouragé la diabolisation du cannabis dans le monde. Or avec la légalisation instaurée dans plusieurs États outre-Atlantique, le monde globalisé et une industrie américaine placée à l’avant-garde, un cannabis « Made in USA » sera disponible et adulé sur le marché au moment de l’inévitable légalisation en France.
Auteur
Luis Rivera Velez Doctorant sur la politique des drogues en Amérique latine, Sciences Po – USPC
Source: theconversation.com
Déclaration d’intérêts
Luis Rivera Velez reçoit un financement de Sciences Po. Il participe actuellement à l'organisation de l'association ECHO. Partenaires
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Sciences Po apporte un financement en tant que membre partenaire de The Conversation FR.Les partenaires de The Conversation
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Fumer du cannabis diminue la motivation à travailler pour gagner de l’argent. Et selon des chercheurs britanniques, cette apathie passagère n’est pas le fruit d’une consommation régulière. L’équivalent d’un joint suffit en effet à abaisser instantanément le goût pour l’appât du gain.
Plante psychotrope, le cannabis est connu pour diminuer le degré de motivation. Pour évaluer cet impact dans le monde professionnel, des chercheurs de l’University College of London ont mené deux études incluant au total 57 salariés.
Chez les petits fumeurs…
Dans le premier travail, 17 volontaires – consommateurs occasionnels de cannabis – ont inhalé des vapeurs de chanvre. Le jour suivant, des vapeurs neutres dépourvues de THC (tétrahydrocannabinol) ont été diffusées. Dans les deux cas, les chercheurs ont évalué le degré de volonté à effectuer des tâches stimulantes et rémunératrices. Le test en question ? Effectuer des pressions plus ou moins rapides sur la touche espace d’un clavier d’ordinateur. Selon le rythme, la jauge symbolisant le gain financier augmentait ou diminuait.
Résultats, « s’ils n’ont pas été exposés aux vapeurs de chanvre, les volontaires présentent un niveau de motivation financière équivalent aux abstinents. Et après exposition au THC, le rythme de frappe diminue significativement », explique le Dr Will Lawn (UCL Clinical Psychopharmacology), principal auteur de l’étude. Preuve que les fumeurs de cannabis perdent instantanément de vue l’un des principaux objectif du travail… l’argent.
En cas de forte dépendance
Dans la seconde étude, les scientifiques ont formé deux groupes : 20 volontaires accros au cannabis d’un côté, 20 abstinents de l’autre. Dans les 12 heures précédant le début du test, la consommation de tout produit psychoactif (cannabis, tabac, alcool, café) a été interdite aux 40 participants. Le test de la « touche espace » a été effectué. Le bilan ? Aucune différence significative n’a été observée entre le groupe des fumeurs et celui du placebo. « Sans substance, les personnes sujettes à l’addiction présentent le même degré de motivation et un état d’esprit similaire comparés aux abstinents. »
Les effets du cannabis seraient-ils plus perceptibles juste après la consommation que sur le long terme ? « Des études sont à mener pour répondre à cette question », souligne le Dr Will.
Une étude américaine montre que, si la consommation de marijuana reste plus faible chez les plus de 45 ans que chez les ados, elle a largement augmenté en douze ans, alors que celle des adolescents a baissé.
Un fumeur de cannabis. Photo Thomas Wirth. AFP
«La plus grande part du débat autour de la légalisation de la marijuana se concentre sur les potentiels effets néfastes de la drogue sur les adolescents : "qu’en est-il des enfants ?" est le refrain commun. Cela a sans doute du sens […], écrivait le 2 septembre le Washington Post.
Mais les données fédérales en matière d’usage de la marijuana suggèrent que les votants se demandant s’il faut ou non légaliser la marijuana devraient plutôt se demander : "qu’en est-il des grands-parents ?"» La question peut sembler amusante, mais au vu des résultats de la dernière enquête fédérale américaine sur la consommation de cannabis, par groupes d’âges, aux Etats-Unis, elle est pertinente.
Le Center for Disease Control and Prevention s’est interrogé sur cette drogue, dont l’usage est le plus répandu dans le pays, et en a conclu que les parents sont désormais plus susceptibles de fumer de l’herbe que leurs adolescents d’enfants. Entre 2002 et 2014, la consommation de cannabis a baissé de 10% chez les 12-17 ans, alors qu’elle a augmenté chez les adultes de plus de 18 ans… et jusqu’à +455% chez les 55-64 ans !
Le mois précédant leur participation à l’étude, en 2014, les 12-17 ans étaient en effet 7,4% à avoir fumé (contre 8,2% en 2002), alors que les 35-44 ans étaient 8% (contre 5,6% en 2002), les 45-54 ans étaient 5,9% à avoir fumé (contre 4% en 2002) et les 55-64 ans étaient 6,1%, mais ils n’étaient que 1,1% à avoir fumé le mois précédent en 2002.
Les seuls groupes qui dépassent la consommation des ados sont les 18-25 ans et les 26-34 ans, mais, pour les 18-25 ans, c’était déjà le cas en 2002. Tout cela signifie que, si la consommation effective de cannabis par les adultes n’est pas nécessairement supérieure à celle des ados, la tendance dit l’inverse.
Légalisation de l’usage thérapeutique dans 25 Etats
Les données montrent néanmoins que la perception du risque potentiel de fumer du cannabis, pour la santé et légaux, a baissé sur ces douze années parmi les personnes âgées de 12 à 25 ans, contrairement aux plus de 26 ans. Les adolescents ont également davantage rapporté acheter leur propre drogue, alors qu’ils l’obtenaient plutôt gratuitement par des amis auparavant – et étaient tributaires de la générosité d’autrui.
L’accès à la marijuana est donc plus facile et leur paraît moins risqué, mais la consommation quotidienne (ou quasi) reste plus importante chez les plus de 18 ans que chez les adolescents. Les plus de 26 ans ont en outre davantage augmenté leur consommation quotidienne en douze ans que les 18-25 ans.
Le Washington Post suggère plusieurs explications à cette tendance. D’abord, la légalisation de l’usage thérapeutique du cannabis dans 25 Etats a permis à certains adultes de traiter douleurs chroniques ou troubles du sommeil. Le journal relève d’ailleurs que dans ces Etats, le recours aux antalgiques traditionnels est en baisse.
Une autre piste résiderait, justement, dans l’âge des usagers de cannabis. Si les baby-boomers étaient plutôt partisans de la légalisation du cannabis dans les années 70, leurs responsabilités familiales et professionnelles les ont éloignés de cette revendication, qu’ils retrouvent maintenant qu’ils sont proches de la retraite. En 2013, indique ainsi le journal, la moitié des baby-boomers étaient favorables à la légalisation du cannabis.
Kim Hullot-Guiot
Celui qui se veut de droite et de gauche a également affirmé ne pas être contre la légalisation du cannabis, tout en précisant qu'il s'agit d'une "réponse provisoire".
Emmanuel Macron, le 4 septembre 2016 sur franceinfo. (FRANCEINFO)
"C'est un sujet éminemment compliqué. Aujourd'hui, le cannabis pose un problème, en effet, de sécurité, de lien avec la délinquance dans des quartiers difficile, de financement de réseaux occultes, et donc, on voit bien que la légalisation du cannabis a des intérêts de ce point de vue, et a une forme d'efficacité."
"Le sujet est ouvert, et doit être considéré", explique Emmanuel Macron. "Quand on regarde d'ailleurs l'incapacité qu'ont les magistrats de régler le problème d'un point de vue pénal, on voit que nous sommes dans un système très hypocrite.
Donc je ne suis pas contre, si cette réponse provisoire peut être la mienne aujourd'hui, mais, en même temps, j'entends les préoccupations de santé publique qui sont émises par ailleurs, ce n'est pas un sujet qui est léger, donc je souhaite qu'on puisse ouvrir ce sujet, je souhaite l'aborder, de manière méthodique, dans les semaines qui viennent, mais je ne suis pas contre pour un principe d'efficacité et de justice" a argumenté Emmanuel Macron
Est-ce que parce qu’on l’interdit moins, on le consomme plus raisonnablement ? Si cette très large enquête menée sur plus de 500.000 Américains confirme sans surprise, une augmentation de la prévalence de l’usage du cannabis, concomitante à sa légalisation croissante, elle révèle aussi 2 tendances importantes :la perception de moins en moins négative de la substance,
l’absence de hausse d’incidence des troubles de la consommation de cannabis c’est-à-dire de l’ensemble de symptômes qui traduisent un comportement de dépendance.
On retiendra même que chez les utilisateurs réguliers, la prévalence de ces troubles a diminué ces 10 dernières années. De nouvelles données présentées dans le Lancet Psychiatry qui bien que très rassurantes, ne ispensent pas leurs auteurs à rappeler la nécessité de développer des interventions d’éducation et de prévention sur les risques possibles, associés à une consommation trop banalisée.
Le contexte est évidemment à la légalisation : aux Etats-Unis, l’usage médical du cannabis est aujourd’hui autorisé dans 25 États et dans le District de Columbia. De plus, plusieurs Etats ont également légalisé son usage récréatif.
Un nombre croissant d’adultes américains en consomment, c’est la première conclusion de cette étude menée auprès de 596.500 adultes âgés de 18 ans ou plus suivis entre 2002 et 2014 dans le cadre de la cohorte américaine National Survey on Drug Use and Health (NSDUH) :
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Le taux de consommation du cannabis (durant l’année précédente) a augmenté de 10,4% de 2002 à 13,3% en 2014.
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Le taux d’expérimentation du cannabis, chez les adultes, est passé de 0,7% en 2002 à 1,1% en 2014. Ainsi, 1,4 million d’américains auraient fait leur expérimentation en 2014 et le nombre total de consommateurs aurait atteint 31,9 millions en 2014 vs 21,9 en 2002.
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Enfin, la prévalence de l’usage quotidien ou presque (en moyenne 5 jours ou plus par semaine) a augmenté de 1,9% à 3,5% sur la même période.
Aucune augmentation de prévalence globale des troubles de l’usage du cannabis, soit d’abus ou de dépendance, n’est constatée. Ainsi, la prévalence de ces troubles de l’utilisation du cannabis (abus ou dépendance) en population générale est restée stable à environ 1,5% entre 2002 et 2014, cependant cette prévalence a diminué chez les utilisateurs réguliers (14,8% à 11%). Les groupes de population qui apparaissent plus susceptibles de développer une dépendance sont plutôt les hommes, plus jeunes, peu instruits, sans emploi stable, à antécédents de dépression, fumeurs et/ou usagers d’autres substances.
Une perception plus positive du cannabis accompagne l’élargissement de sa consommation : moins nombreuses sont les personnes qui voient un risque de préjudice dans le fait d’en consommer une ou 2 fois par semaine. Si 50% de la population envisageait ce risque en 2002, seuls 33% de la population restent inquiets sur d’éventuels effets d’une consommation modérée. Les auteurs suggèrent ici que le grand nombre de personnes qui ont commencé à consommer récemment du cannabis, en consommeraient moins fréquemment que les usagers de longue date.
Comprendre les habitudes de consommation du cannabis et les facteurs de risque de dépendance est essentiel pour les décideurs politiques, concluent les auteurs. Ils suggèrent que le risque moindre perçu est associé à une fréquence d’utilisation plus élevée et donc à la nécessité de messages d’éducation et de prévention.
Et chez les enfants ou les adolescents ? Une étude récente publiée dans la même revue (2) avait montré l’association entre une consommation fréquente de cannabis à l’adolescence et un niveau de scolarité réduit. Ainsi, les adolescents utilisateurs quotidiens de cannabis avant 17 ans seraient plus de 60% moins susceptibles de terminer leurs études secondaires ou d’obtenir un diplôme d’études supérieures que leurs homologues non utilisateurs. Ces utilisateurs quotidiens de cannabis pendant l’adolescence seraient également 7 fois plus susceptibles de tenter de se suicider, auraient un risque multiplié par 18 de dépendance au cannabis et par 8 d’usage d’autres substances plus tard dans la vie. Enfin rappelons que la plupart des experts s’accordent sur ces effets néfastes du cannabis sur un cerveau encore en plein développement.
Source: The Lancet Psychiatry September 2016 10.1016/S2215-0366(16)30208-5 Marijuana use and use disorders in adults in the USA, 2002–14: analysis of annual cross-sectional surveys
(2) The Lancet Psychiatry September 2014 Rethinking dose-response effects of cannabis use in adolescence
Un prélèvement salivaire, après les épreuves de dépistage, est effectué à la place d'un prélèvement sanguin en application d'un décret publié au Journal officiel du 26 août 2016.
Un prélèvement sanguin pourra toutefois être réalisé à la demande de la personne contrôlée, en plus du prélèvement salivaire, afin qu'il puisse être procédé ultérieurement, sur la base de ce prélèvement sanguin :
à un examen technique par un expert ;
ou à la recherche de l'usage de médicaments psychoactifs pouvant avoir des effets sur la capacité de conduire un véhicule.
Les méthodes et conditions de prélèvement de salive et les méthodes et conditions de réalisation du dépistage seront définies par un arrêt ministériel restant à paraître. Ces nouvelles mesures entreront en vigueur à la parution de cet arrêté.
Le dépistage de stupéfiants peut intervenir :
en cas d'accident mortel ou corporel de la circulation ;
en cas d'accident matériel de la circulation ;
en cas d'infraction au code de la route ;
lorsqu'il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner un usage de stupéfiants de la part du conducteur ;
sur réquisitions du procureur de la République, même en l'absence d'accident de la circulation, d'infraction ou de raisons plausibles de soupçonner un usage de stupéfiants.
Décret du 24 août 2016 relatif à la lutte contre la conduite après usage de substances ou plantes classées comme stupéfiants
Le nombre d'adultes consommateurs de marijuana a augmenté de 10 millions aux Etats-Unis en un peu plus d'une décennie, tandis que le nombre de ceux qui considèrent cette consommation risquée a régressé, selon une enquête auprès de plus de 500.000 Américains de plus de 18 ans, menée entre 2002 et 2014.
Le nombre total de consommateurs de marijuana est ainsi passé de 21,9 à 31,9 millions, soit une augmentation de 10 millions entre 2002 et 2014, selon les auteurs de l'étude publiée mercredi 31 août 2016 dans la revue spécialisée The Lancet Psychiatry. Ils estiment, en outre, que le nombre d'usagers quotidiens, ou quasi quotidiens, atteignait les 8,4 millions en 2014 contre 3,9 millions en 2002, parmi les Américains âgés de 18 ans ou plus.
La fréquence d'un usage quotidien ou quasi quotidien (usage en moyenne 5 jours ou plus par semaine) ayant elle augmenté de 1,9% à 3,5% au cours de la même période, selon cette enquête basée sur des questionnaires.
Vers une augmentation des troubles liés au cannabis ?
Cette augmentation a été associée à une diminution (de 50,4% à 33,3%) de la proportion d'adultes pour lesquels fumer de la marijuana une fois ou deux par semaine présente un grand risque. Ces résultats suggèrent qu'il est nécessaire d'améliorer l'éducation et les messages de prévention sur les risques de fumer de la marijuana, relèvent les auteurs, alors même que la légalisation du cannabis gagne du terrain aux Etats-Unis.
L'étude n'a toutefois pas mis en évidence d'augmentation de la fréquence globale des troubles (abus ou dépendance) liés à l'usage du cannabis parmi les adultes. "Ces changements dans la prévalence de la consommation de cannabis ont eu lieu au cours d'une période où de nombreux États américains ont légalisé le cannabis à des fins médicinales, mais avant que la légalisation de l'usage récréatif du cannabis par quatre états (après 2014)", commentent des experts en toxicomanie Michael Lynskey et Wayne Hall dans la revue.
"Il est probablement trop tôt pour tirer des conclusions sur les effets de ces changements juridiques sur les taux de consommation de cannabis et ses dommages" ajoutent-ils estimant cependant "probable" que ces changements politiques augmenteront la fréquence de la consommation de cannabis et, potentiellement, les troubles liés à cette consommation "à plus long terme".
Quand une professeur d’économie parle de légaliser le cannabis, la prostitution et l’immigration sauvage, on tend l’oreille. Enseignant à la Toulouse School of Economics, Emmanuelle Auriol n’a pas de recettes miracles, mais un bon sens à faire pâlir nos Hommes politiques.
Emmanuelle Auriol, économiste et professeur à la Toulouse School of Economics, demande un changement au plus haut de l’Etat.
Intéressée par les fonctionnements des marchés non-concurrentiels, elle s’est donné pour mission de populariser l’économie en participant à de nombreuses conférences et autres débats médiatiques. Sa parole et ses arguments font mouche. Sera-t-elle entendue à l’aune des présidentielles françaises 2017 ? Et pourquoi pas par Christian Troadec !
Jérôme Enez-Vriad : Le crime organisé génère chaque année un chiffre d’affaire mondial de 800 milliards de Dollars. Est-ce une donnée stable ou évolue-t-elle ?
Emmanuelle Auriol : Ce chiffre est une approximation. Les marchés illégaux ne donnent pas lieu à des mesures statistiques précises, il est donc impossible de connaitre leur chiffre d’affaire avec certitude. Les estimations s’appuient sur des éléments disponibles comme, par exemple, l’observation satellite des surfaces cultivées en coca et pavot, ou encore les saisies de drogue aux frontières et les arrestations. L’ordre de grandeur fluctue autour de 800 milliards de Dollars.
La somme parait astronomique. Peut-on la poser en comparaison ?
EA : Ce chiffre d’affaire est supérieur à celui de l’industrie pharmaceutique mondiale. Il correspond au PIB des 90 pays les plus pauvres de la planète. C’est considérable.
Avant d’entrer dans le cœur de l’interview, j’aimerais que vous expliquiez la différence entre dépénalisation et légalisation.
EA : Dépénaliser revient à supprimer les sanctions pénales en cas de consommation, mais pas en ce qui concerne la production ni la vente. Légaliser est, à l’inverse, d’autoriser la vente et la consommation. A propos de tous les sujets évoqués dans mon livre, je suis pour la légalisation.
Pourquoi ?
EA : La dépénalisation est un entre-deux qui cumule les inconvénients de la prohibition et ceux de la légalisation. Par exemple, pour les drogues, dépénaliser reviendrait à dire que consommer ne tombe plus sous le coup de la loi. On encourage donc l’usage et, de fait, la criminalité puisque ce choix ne retire pas le commerce aux mains des trafiquants. Mieux vaut légaliser et organiser la vente dans un cadre réglementé, pensé et réfléchi au mieux des intérêts collectifs. Mais attention ! Légalisation n’est pas synonyme de vente libre. C’est tout au contraire un moyen pour l’Etat de reprendre le contrôle d’une situation qui lui échappe. Cette politique permet de rester maître de la qualité des produits échangés - par là-même de limiter les problèmes de santé publique (overdoses, hépatites, sida, etc.) -, mais aussi de contenir leur accès et leur prix. A contrario, la prohibition laisse ces décisions aux mafias.
Vous avez une théorie proche de celle du docteur Lowenstein (célèbre addictologue), selon laquelle mettre la prohibition du cannabis sur le même plan que celle de l’héroïne ou de la cocaïne, dessert la prise de conscience d’une véritable dangerosité des produits. Pensez-vous que tout légaliser aiderait à mieux s’y retrouver ?
EA : Tout dépend comment l’on s’y prend. De nombreux produits sont délivrés légalement en dépit de leur dangerosité. C’est le cas, par exemple, de la morphine qui est très addictive, et d’autres médicaments soumis à ordonnance. On pourrait donc imaginer la prescription médicale d’héroïne à des toxicomanes dans le cadre de programmes médicaux dédiés. C’est ce qu’ont expérimenté la Suisse et les Pays-Bas avec succès. La criminalité liée à la toxicomanie, le nombre de toxicomanes, et les problèmes de santé publique ont diminué suite à la mise en œuvre de ces programmes. Pour d’autres substances moins addictives, comme le cannabis, envisageons un système de distribution sous monopole d’Etat, comme c’est le cas du tabac en France. Cela permet d’appliquer une fiscalité spécifique : 80% du prix d’un paquet de cigarette est constitué de taxes. Il faut une législation propre à chacun des produits prohibés afin qu’elle exprime leur dangerosité spécifique.
Une légalisation très taxée comme celle du tabac n’engendrerait-elle pas des tarifs prohibitifs facteurs de marché noir ?
EA : Il existe un niveau de taxe à ne pas dépasser, sinon nous basculons dans une prohibition économique qui revient à interdire le produit aux plus modestes. Elle a le même effet qu’une prohibition légale, et conduit à la résurgence d’un marché noir.
Revenons à la légalisation du Cannabis. Vous disiez à l’instant que la France était le pire exemple de ce qu’il ne faut pas faire…
EA : La gestion de cannabis en France est un fiasco politique et sanitaire. Nous sommes un des pays d’Europe qui procède au plus grand nombre d’arrestations pour simple usage (environ 150.000 par an), et nous sommes en même temps un de ceux ayant le plus haut taux de prévalence à la consommation. Cette politique coûte cher au contribuable et mobilise notre police qui a d’autres impératifs que d’arrêter des fumeurs de joints, cela encombre l’institution judiciaire déjà terriblement engorgée, et met en danger les consommateurs qui achètent souvent des produits frelatés. Ne rien faire relève d’un laxisme scandaleux. Je propose de légaliser l’usage thérapeutique et récréatif du cannabis afin d’en contrôler la consommation, le prix et la qualité.
Existe-t-il un pays qui satisfasse votre idée de la légalisation ?
EA : Il n’est pas question d’inciter au commerce sans retenue comme cela commence à se faire dans certains Etats des USA. Disons que le modèle des Pays-Bas semble acceptable, avec des produits vendus légalement dans des Coffee-Shop, et une répression impitoyable contre les éventuels trafiquants. Il en résulte un pays où la consommation moyenne de cannabis et la criminalité liée au trafic sont plus faibles qu’en France.
Pensez-vous que les Français soient prêts pour un tel changement ?
EA : Les Français ne sont pas idiots. Ils ont conscience que la prohibition est un échec. Il faut juste se donner la peine d’exposer les faits objectivement, en expliquant les conséquences des différentes politiques. Les comparaisons internationales sont très utiles pour cela. Ce à quoi je m’applique dans mon livre.
La cocaïne est la seconde substance illicite la plus consommée en France après le cannabis. Doit-on aussi la légaliser ?
EA : Pour en contrôler la consommation et la distribution, cela me parait souhaitable. Mais comme la cocaïne est extrêmement addictive, le modèle de légalisation doit être le même que pour l’héroïne. Elle ne devrait être accessible que sur prescription médicale, et ceux qui sont dépendants doivent être traités comme des malades, pas comme des criminels.
Voulez-vous dire que l’on vendrait la cocaïne en pharmacie ?
EA : On peut tout à fait envisager que pour se procurer certains produits l’on ait besoin d’une ordonnance médicale après une consultation non remboursée sécu, et qu’ensuite le produit soit distribué en officine, assurant des prix fixes sur tout le territoire, et une qualité constante moins dangereuse pour la santé.
Si vos propositions étaient appliquées, le chiffre d’affaire des mafias bénéficierait-il à l’économie traditionnelle ?
EA : En partie. L’Etat prélèverait des taxes, il y aurait des économies substantielles sur les coûts de répression, celait créerait un supplément d’activité économique, peut-être même des emplois, et surtout cela assécherait la demande vers les réseaux criminels.
Ces derniers pourraient proposer des produits moins chers au marché noir…
EA : C’est ce qu’ils essaieraient de faire, d’où la nécessité d’intensifier la répression à l’égard des trafiquants. Le seul moyen pour que l’état installe son monopole face au marché noir, est d’envisager la répression et la légalisation comme des politiques publiques complémentaires.
Cela suffirait-il à décourager vendeur et acheteurs « de rues » ?
EA : Pourquoi voulez-vous acheter un produit de qualité douteuse, sous le manteau au risque de finir en prison, alors que le même produit est accessible légalement avec une qualité irréprochable ? C’est la raison pour laquelle la légalisation impose de durcir l’arsenal judiciaire de manière drastique à l’encontre des trafiquants et de leurs clients. Car, et c’est bien ce qu’il faut noter (soulignez-le en gras) la légalisation ne signifie pas l’arrêt de la lutte contre les trafics. Ils existent et existeront toujours, comme pour l’alcool, le tabac, les médicaments ou les êtres humains.
Votre livre traite aussi des avantages à légaliser le commerce du sexe en accordant un statut officiel aux prostitué(e)s. Pouvez-vous expliquer de quoi il s’agit ?
EA : Premier point essentiel, Pretty Woman n’existe qu’au cinéma. La prostitution est une activité principalement féminine. Il y a, certes, un pourcentage d’hommes et de transsexuels qui se prostituent pour une clientèle masculine, il y a aussi des hommes « escorts » auprès de femmes fortunées, mais la majorité des prostituées sont des femmes, dont beaucoup d’étrangères victimes d’exploitation sexuelle.
La vente de services liés au sexe n’est jamais une chose anodine, raison pour laquelle je n’appelle pas à la réouverture des maisons closes. L’expérience montre que ce type de légalisation s’accompagne toujours d’une augmentation considérable du nombre de prostituées. C’est, par exemple, le cas en Allemagne, notamment des clandestines.
Que proposez-vous ?
EA : L’idée est de créer un statut officiel de type profession libérale réglementée, et de poursuivre pénalement les clients qui continueraient à avoir recours aux services de prostituées clandestines, en général des étrangères sans papiers soumises à des réseaux criminels.
Un statut officiel comme il en existe pour les médecins et les avocats ?
EA : Oui exactement, avec un ordre des prostitués qui serait en charge des questions de consentement, de sécurité, de reconversion, etc. Ce statut leur offrirait les droits et une position sociale qu’elles n’ont pas aujourd’hui, comme la possibilité de cotiser à l’assurance maladie, la retraite, etc.
En quoi cela résoudra-t-il la prostitution illégale ? Aucun pays l’ayant légalisée n’a réussi à enrayer les trafics parallèles.
EA : Précisément. L’idée est, une fois encore, de combiner légalisation et répression. Accorder un statut officiel aux prostituées, tout en intensifiant la répression à l’encontre des clients qui s’entêteraient à aller voir celles qui en sont dépourvues, permettrait de lutter contre l’exploitation sexuelle de jeunes filles étrangères par les mafias, tout en donnant un rôle social décent et protecteur aux prostituées « libres ».
Vous proposez donc d’attaquer la demande illégale à la racine, chez le client ?
EA : En effet. Il faut affaiblir la clientèle des réseaux criminels, c'est-à-dire s’attaquer à leurs clients. Comme pour la consommation de drogue, il est impossible d’enrayer la prostitution par une politique de prohibition. Même dans les pays où ces pratiques sont passibles de la peine de mort, elles subsistent.
On sait, en revanche, que les mafias ne s’attaquent pas au marché à faible potentiel économique. Avec ce statut légal de la (ou du) prostitué(e), charge au client de vérifier qu’il/elle est en règle, par exemple en s’assurant que sa carte professionnelle est valide et qu’il/elle est bien enregistré(e) à l’ordre des prostitué(e)s. Un tel statut permettra de réduire la prostitution clandestine liée au trafic d’être humain.
L’immigration est le troisième sujet de votre livre. A ce propos, vous comparez l’immigration clandestine européenne avec celle des USA, ce qui, au regard des chiffres, est intéressant et nécessaire, mais au regard de la culture et de l’histoire des deux continents apparait comme un non-sens, puisque les USA sont construits sur une immigration en remplacement d’un peuple génocidé, ce qui n’est pas le cas de l’Europe…
EA : Je ne remets pas en cause certaines évidences culturelles et historiques, mais mon propos est avant tout économique ; j’apporte ma pierre à l’édifice d’une réflexion dans la mesure de mes compétences, d’autres viendront ensuite y greffer les leurs. Dans ce contexte, je compare ce qui est comparable, c’est à dire des zones économiques de tailles et de poids économique similaires.
Or, si 3,5 % de la population américaine est constituée de clandestins, en Europe ils sont moins de 1%. De même, et contrairement à ce que les gens pensent, la France est un grand melting-pot où un quart de la population a au moins un grands-parents étranger. Par ailleurs les flux migratoires les plus importants, notamment ceux au sein de l’Union Européenne, sont les flux légaux.
L’approche de l’immigration aux USA n’est cependant pas la même qu’en France.
EA : Exact. Les anglo-saxons sont communautaristes et acceptent un patchwork de cultures sous une même bannière. Le modèle français est très différent, puisque nous avons choisi un modèle d’intégration qui passe par une assimilation systématique des étrangers.
Vous dite que les pays qui comptent le moins d’immigrés sont extrêmement pauvres. Ce n’est pas une vérité absolue puisque le taux d’immigration au Japon est d’environ 2%, idem en Corée du Sud, et ce sont des pays très riches…
EA : Oui, mais ce sont des exceptions. Les pays sans immigration sont d’ordinaires très pauvres. Prenons le Japon. Il traverse une crise économique et sociale du fait de ses rigidités. Le faible rôle des femmes, l’absence de loisir, la compétition dès l’enfance, la suprématie du collectif au détriment de l’individu, la nature spécifique des contrats de travail qui privilégient certains salariés, sont autant de barrières à l’ouverture de son économie.
Certes, mais sa culture est préservée…
EA : Jusqu’à quand ? Les japonais ne font plus assez d’enfants pour renouveler une population vieillissante. S’ils ne changent rien, leur culture disparaitra. Question de temps.
Vous proposez donc la vente de visas aux travailleurs immigrés à partir de leur pays d’origine, et de la combiner à des mesures répressives fortes contre les réseaux de passeurs de clandestins et les entreprises qui les embauche…
EA : Je propose une plus grande transparence et un plus grand contrôle des flux migratoires entre pays riches et pauvres. En ce qui regard les secteurs qui peinent à trouver des salariés, tels l’agriculture, le BTP, ou la restauration, il s’agit d’accorder des visas temporaires pour un nombre de travailleurs défini en fonction des besoins de l’emploi en France, et sans possibilité de regroupement familial. Une fois le contrat effectué, le travailleur retourne chez lui avec le pécule qu’il a mis de côté, une partie de son salaire pouvant même lui être versé à son retour afin d’éviter qu’il ne reste de manière clandestine. C’est une forme de contrat d’intérim mais à vocation internationale. Ce genre de visas existe déjà dans divers pays, comme la Jordanie, Israël ou le Canada.
Quel est l’avantage ?
EA : Le premier serait d’éviter des flux migratoires incontrôlés, les drames associés aux passages clandestins, ainsi que l’enrichissement des mafias parfois en lien avec le terrorisme. Les candidats à l’immigration pourraient s’assurer de leur passage et d’avoir un emploi à l’arrivé grâce à des bureaux de placement depuis leur pays d’origine. Le second bénéfice serait de les payer au même salaire que les Français, modulo quelques avantages sociaux. Il n’y aurait pas la possibilité de les embaucher à bas coût, voire en dessous du smic comme c’est le cas aujourd’hui, créant des distorsions de concurrence par rapport aux entreprises vertueuses, et du chômage pour les salariés légaux plus onéreux. Par conséquent, la seule raison objective de les recruter serait une pénurie de main d’œuvre ou/et de compétences, ce qui satisferait tout le monde.
En fait, vous cherchez avant tout des solutions humaines ?
EA : Je crois à la démocratie. Il faut doter l’Etat d’instruments efficaces pour faire évoluer notre société vers des équilibres plus juste.
Puis-je résumez vos propositions en disant qu’à chaque fois : drogues, prostitution et immigration, vous proposez d’élargir le cadre des libertés, en réponse de quoi l’on durcit les lois de manière draconienne pour ceux qui ne les respectent pas ?
EA : Absolument. On légalise en se donnant les moyens de lutter efficacement contre ceux qui s’entêteraient à enfreindre la loi. Lorsqu’une solution légale existe, il n’y a plus d’excuse pour avoir recours aux services ou aux biens proposés par des criminels. Avec la légalisation, les contrevenants seront moins nombreux et plus faciles à traquer. Ainsi gagne-t-on sur deux tableaux : maitrise de la consommation et efficacité répressive, alors qu’aujourd’hui nous sommes perdants sur ces deux volets.
Vous concluez ainsi : « Les promoteurs de la légalisation ont des arguments simples. » N’avez-vous pas le sentiment que les promoteurs de la prohibition ont des arguments encore plus simples ?
EA : Mais ils n’ont aucun argument ! La mesure du chemin à parcourir est d’entendre que « légaliser c’est encourager ». Or, prohiber c’est laissez le champ libre aux criminels. Raison pour laquelle j’ai écrit ce livre.
Certains politiques vous ont-ils demandé conseil en vue des présidentielles ?
EA : Certains, très timidement. (Sourire)
No comment ?
EA : No comment.
Si une vous aviez le dernier mot, Emmanuelle Auriol ?
EA : Si, comme l’écrivait Montesquieu dans De l’esprit des lois, « La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent », alors les politiques de prohibition limitent notre liberté. Lorsque, de surcroit, elles favorisent l’émergence du crime organisé et les consommations clandestines, rien ne peut plus les justifier.
Expogrow est une Foire du Chanvre qui aura lieu à Irun, à la frontière franco-espagnole (16, 17 et 18 septembre 2016).
Seulement à 10 minutes à pied de la Gare d'Hendaye. Expogrow offre dans sa 5e édition une excellente programmation musicale, espace de conférences (Forum Social et International du Chanvre) et des activités en plein air.
BIEN PLUS QU'UNE FOIRE DU CHANVRE avec 180 entreprises représentées sur 165 stands et 500 professionnels accrédités sur 5000m2 couverts. V Forum Social et International du Chanvre avec des conférenciers internationaux. Zone extérieure de 7000m2 avec : musique, animations, zone de relax, restauration sur place et plein d'activités
PROGRAMMATION MUSICALE
Vendredi 16 septembre BIGA RANX(France), Inna MODJA(Mali), TOMASITO(Espagne), Scarecrow(France)
Samedi 17 septembre Muchachito(Espagne), El Langui(Espagne), Sara Lugo(Allemagne), Ogun Afrobeat(Espagne)
HORAIRES & TARIFS
Vendredi de 14h30 à 20h.Zone extérieure et concerts jusqu'4h.
Samedi de 11h à 20h.Zone extérieure d'activités et concerts jusqu'à 4h.
Dimanche de 11h à 20h.Zone extérieure d'activités jusqu'à 20h.
Un seul billet d'entrée pour la Foire, les Concerts et les Activités. 12€ 1 jour, 20€ 2 jours, 25€ 3 jours, 10 € seulement Dimanche.
INFOS PRATIQUES
EXPOGROW est tout près de la frontière française et la gare d'Hendaye (64) est seulement à 10 minutes à pied. Expogrow aura lieu à Ficoba (Centre d’Expositions de Gipuzkoa), dans la ville d’IRUN (Pays Basque, Espagne). FICOBA Avenue d'Iparralde 43 20302 IRUN (Gipuzkoa) Espagne À 2h20 de Bordeaux. 3h40 de Toulouse.
Toutes les infos sur https://www.expogrow.net/2016/francais/