C’est une avancée pour les tenants d’une légalisation du cannabis. Selon un sondage IPSOS, réalisé dans le cadre du colloque sur la légalisation qui se tiendra lundi au Sénat (*) à Paris, A 84 %, les Français jugent la législation actuelle «inefficace» pour limiter le trafic et la consommation de cannabis.
Un échantillon représentatif de la population (1097 personnes) a été interrogé à la demande de SOS addictions, du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) et du laboratoire interdisciplinaire d'évaluation des politiques publiques (Liepp) de Sciences Po, du 27 au 29 septembre 2016. Un quart des personnes sondées ont reconnu avoir déjà fumé un joint.
La France est un des pays européens les plus répressifs en la matière. L’utilisation de produits stupéfiants y est depuis la loi de 1970 considérée comme un délit. Les contrevenants s’exposent à une peine de prison pouvant aller jusqu’à 1 an et à une amende de 3750 €. Mais, aux yeux des Français, quel que soit leur âge, l'échec est patent.
54% des moins de 60 ans favorables à l'autorisation de consommation.
Preuve de la banalisation de l'usage récréatif de la marijuana, une courte majorité de Français (50%) est pour l'autorisation de la consommation de cannabis (sauf pour les mineurs et au volant). Sur cette question, on note une différence marquée selon les générations. Les plus de 60 ans y sont majoritairement hostiles (64%) alors que le reste de la population y est favorable (54%).
52% des Français jugent efficace la vente de cannabis sous contrôle de l'Etat pour casser le trafic.
Alors que les politiques restent dans l’ensemble très frileux sur le sujet, plus de la moitié des Français (52%) considèrent que « la vente de cannabis sous contrôle de l’Etat serait plus efficace que l'interdiction pour lutter contre le trafic ». «Le système actuel est le pire qui soit car il ne protège pas les jeunes.
On ne peut pas compter sur les réseaux mafieux pour faire de la santé publique», commente, sarcastique, l'addictologue Didier Jayle, professeur au Cnam et co-organisateur du débat. Là encore, ce sont les plus jeunes (moins de 35 ans) qui défendent à 56 % ce virage législatif en faveur d'un contrôle de l'Etat. Nouveauté, ils sont 55 % à avoir la même position dans la classe d'âge des 35-59 ans. Autre élément intéressant, le camp du oui est majoritaire parmi les cadres (60%) et les professions intermédiaires (66 %).
Une question pour la campagne présidentielle.
Autre enseignement de ce sondage, plus de la moitié des Français (52 %) souhaitent que la question soit abordée lors de la future campagne présidentielle et que les « candidats prennent position sur l'évolution de la législation ». «La légalisation est un chantier à ouvrir, martèle Didier Jayle, également ex-directeur, de 2002 à 2007, de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt, devenue Mildeca). Ce sondage et le rendez-vous de ce lundi sont une occasion d'aller plus loin. Les Français attendent un débat. Et j'espère que d'autres rencontres auront lieu dans d'autres villes de France».
Pour la sénatrice (EELV) du Val-de-Marne, Esther Benbassa, à l'initiative du colloque, les résultats de ce sondage sont encourageants. «La société civile a l'air d'avoir bougé vers une meilleure acceptation : c'est une avancée dans le sens de la légalisation. Les politiques sont en retard sur cette question. Dans l'histoire, c'est toujours la société civile qui a forcé par son opinion les politiques à aller de l'avant. La loi s'est toujours faite sur la pression et c'est ça qui est intéressant». La sénatrice s'est fait connaître du grand public en défendant une proposition de loi autorisant l'usage contrôlée du cannabis qui a fait l'objet d'un débat en 2015 au Sénat mais qui n'a pas été adoptée.
(*) : "Légalisation du cannabis : l'Europe est-elle condamnée à l'impasse ?"
Source: leparisien.fr 5 commentaires En savoir plus… ›
Au Canada, le Collège Communautaire du Nouveau-Brunswick (CC NB) lancera l’année prochaine un nouveau cursus proposant d’enseigner la production de marijuana.
Photo: radio-canada.ca
Cette initiative coïncide avec l’arrivée dans la région de deux entreprises de production de marijuana, OrganiGram à Moncton, et Zénabis à Altholville.
L’enseignement se focalisera sur le respect des normes environnementales, la botanique et le contrôle de la qualité en vigueur dans le monde médical.
Michel Doucet, directeur général à la formation continue du collège communautaire du Nouveau-Brunswick, rappelle que la Colombie Britannique a déjà mis sur pied un cursus semblable, mais qu’il s’attache davantage à présenter la commercialisation du cannabis. « Le programme en Colombie Britannique est davantage axé sur le marketing, mais sur une base scientifique. Nous travaillons avec ses partenaires-là pour être présents.
Cette stratégie de formation est proportionnellement liée au développement économique de la province puisque la marijuana a été identifiée comme une priorité du dernier plan économique au Nouveau-Brunswick », dit-il.
La dépénalisation de la marijuana
Au Canada, l’usage médicinal du cannabis est déjà légal s’il est acheté dans un dispensaire autorisé.
Lors de sa campagne électorale en 2015 le Premier ministre Justin Trudeau avait promis que s’il accédait au pouvoir, il dépénaliserait et réglementerait la vente de la marijuana à usage récréatif.
En avril, le ministre de la Santé de son gouvernement a annoncé qu’un projet de loi dans ce sens serait présenté au printemps de l’année prochaine.
"Sud Ouest". Pourquoi avoir choisi de prendre position sur le sujet du cannabis ?
Florence Delaunay. Cela ne date pas d'aujourd'hui. J'ai toujours été dans l'expectative concernant l'interdiction telle qu'elle est pratiquée en France. On voit bien, en se baladant par exemple sur la côte l'été, que celle-ci n'est pas respectée et qu'elle ne peut pas l'être. Nos forces de l'ordre consacrent déjà près d'un million d'heures de travail chaque année pour faire la chasse aux consommateurs et aux trafiquants. Je crois qu'elles ont mieux à faire, et notre justice également.
N'y a-t-il pas tout de même des enjeux de santé publique ?
Justement, l'interdiction totale a pour conséquence de ne pas faire entrer un seul centime dans les caisses de l'État. Cet argent pourrait être réutilisé pour la prévention et le suivi sanitaire des consommateurs. Il existe aussi de nombreux usages thérapeutiques du cannabis, pour soulager la douleur causée par la fibromyalgie ou certains cancers par exemple. De nombreuses études le prouvent. On associe souvent le cannabis au tabac et à la fumée mais il y a d'autres manières de le consommer, en gâteau par exemple !
A quoi pourrait ressembler un marché légalisé ?
Je plaide pour un marché encadré par l'État. Aujourd'hui, il est pris en charge par des réseaux mafieux, au même titre que la prostitution. On ne sait pas où va l'argent, ni ce qu'il finance. Ce serait une manière de leur couper les vivres. Très franchement, je préfère que cet argent aille dans les caisses de la collectivité plutôt que dans la poche des réseaux mafieux. Je pense aussi à nos agriculteurs, pour qui la culture du cannabis pourrait être intéressante, sur le modèle des cultures de tabac sous contrat avec l'État. D'ailleurs, on cultive déjà le chanvre dans les Landes, à destination du bâtiment par exemple. Et la gendarmerie trouve souvent des pieds de cannabis au milieu du maïs en été, c'est donc qu'il y pousse plutôt bien !
Pensez-vous que votre position est majoritaire au sein du Parti Socialiste ?
Je ne pense pas. L'idée fait son chemin mais beaucoup ont encore du mal à prendre position. Ils ont sans doute peur de passer pour des soixante-huitards attardés… Il y a plein d'a priori sur ce sujet. Je crois qu'il ne faut pas s'autocensurer et refuser d'en parler pour de mauvaises raisons. L'étude publiée par Terra Nova est un bon point de départ pour examiner les conséquences d'un marché légalisé et trouver la meilleure solution. Je ne dis pas qu'il faut le faire demain mais ce serait idiot de ne pas étudier la question.
Comment expliquez-vous que la question resurgisse avant chaque grande élection, pour disparaître ensuite ?
Je n'en sais rien. Personnellement, je ne me positionne pas sur ce sujet pour draguer d'éventuels électeurs. Mais tant mieux si les élections sont l'occasion de remettre des sujets importants sur la table.
Le médecin Didier Jayle rappelle le coût énorme de la la répression pour la société et les systèmes mafieux que génère le trafic de cannabis.
Lors de la manifestation pour la légalisation du cannabis, le 9 mai 2015
Photo Albert Facelly pour Libération
Le 10 octobre, au Sénat, se déroule une journée sur la question de la dépénalisation du cannabis, à l’initiative de la chaire santé du Conservatoire national des arts et des métiers (Cnam) et des députés Verts. Quels changements peut-on attendre d’une évolution de la loi ? Quels sont les freins ? Quels pourraient être les effets recherchés ou non d’une légalisation ? Didier Jayle, professeur au Cnam, est à l’origine de cette rencontre. Médecin, il avait dirigé de 2002 à 2007 la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt).
Didier Jayle
Lors de la présidentielle, pensez-vous que la question de la dépénalisation sera abordée, voire portée, par certains candidats ?
S’il y a une certitude, c’est qu’un jour ou l’autre la légalisation se fera. La question est de savoir quand. J’aimerais que la France ne soit pas la dernière, qu’elle se mette en ordre de marche. Pour le moment, cela reste un combat. Il y a un blocage idéologique. Pour faire avancer le débat, il faut que la société civile se mobilise, mais je ne me fais pas d’illusion. Pour la campagne présidentielle de 2017, il n’y aura rien. Sauf miracle.
Pourquoi cet immobilisme de la classe politique ?
Elle pense globalement qu’il n’y a que des coups à prendre, et qu’en plus, une majorité de la population est plutôt pour le maintien de la prohibition.
Que faire alors ?
Convaincre la population, mais aussi les hommes politiques. Dire et redire que la prohibition n’empêche pas la consommation, bien au contraire, que la répression a un coût énorme, que la situation actuelle aboutit à financer des réseaux financiers mafieux et à entretenir un climat de violence et de mort.
Pourquoi ce discours ne passe-t-il pas ?
A gauche, il y a de plus en plus de personnalités qui en parlent, et qui l’évoquent, de Daniel Vaillant à Vincent Peillon mais aussi Jean-Marie Le Guen. Mais au niveau du parti, cela bloque. La ministre de la Santé y est opposée. De plus, il faut rappeler que lorsque la gauche est au pouvoir, elle a peur d’être taxée de permissive. Quant à la droite modérée, elle est encore plus coincée, par crainte de servir l’extrême droite qui est radicalement contre.
Quand je présidais la Mildt, en 2003, la «contraventionalisation» de la consommation - qui est une forme de dépénalisation - a failli passer. Jean-Pierre Raffarin, Nicolas Sarkozy, Jean-François Mattei étaient pour. Mais tout s’est effondré avec la canicule qui a cassé les priorités. Depuis, rien. C’est le statu quo, l’immobilisme. Treize ans de perdu.
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Dans le reste du monde, cela ne bouge pas beaucoup non plus…
Ce n’est pas tout à fait exact. Sur ce volet, ce sont les Américains qui font bouger les choses. Ils ont imposé depuis plus d’un siècle une guerre sans concession à la drogue. Aujourd’hui, un grand nombre de pays et des organismes internationaux constatent l’échec de cette politique. L’Uruguay est le premier pays d’Amérique à avoir dépénalisé.
Aux Etats-Unis, il va y avoir, en novembre avec la présidentielle, le référendum sur la dépénalisation en Californie. Cela va être un signe très fort : la dernière fois, la dépénalisation avait été repoussée de justesse à 53 %. Là, il semble acquis qu’elle va être votée. En Europe occidentale aussi, cela bouge. En Suisse, des cantons l’autorisent. Et il y a une dépénalisation de fait au Portugal.
Pour vous, l’évolution est inéluctable…
Oui, mais il ne faut pas y aller n’importe comment. Le cannabis n’est pas un produit anodin, il est dangereux pour les moins de 20 ans, il faut faire des campagnes, prévenir, débattre. Car on ne sait pas quelle loi il faudrait, ni quel cadre retenir. Plutôt que l’immobilisme, il faut travailler à ce changement.
La création d’une « Autorité de régulation du cannabis (ARCA) » calquée sur l’Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) permettrait la légalisation du cannabis en France, sur un marché contrôlé, estime le club de réflexion
Terra Nova dans un rapport publié mardi 4 octobre.
Selon ce think tank classé à gauche, la problématique du cannabis se rapproche de celle des jeux connectés, les consommateurs ayant des comportements similaires. De plus, l’offre fait se côtoyer « offre physique et offre en ligne ».
Comme la loi du 12 mai 2010 légalisant le marché des jeux d’argent et de hasard, le pari de la légalisation du cannabis est « l’assèchement du marché criminel d’un côté, la prise en compte d’un problème de santé publique de l’autre », explique le rapport.
Avec 4,6 millions de Français ayant consommé du cannabis au moins une fois (chiffres de 2014), selon l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (ODT), la France est toujours en tête du classement européen en matière d’usage de ce stupéfiant. Et « les campagnes de prévention menées en population générale n’ont été que d’une faible efficacité », rappelle Terra Nova.
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Déconnecter le marché des ministères
Le think tank souligne aussi l’impuissance de la politique pénale. « Les interpellations pour possession ou usage de cannabis ont plus que doublé sur la décennie 2000 », souligne le rapport, alors que « le nombre de consommateurs a continué de croître ».
Une fois légale, la vente de cannabis pourrait être confiée à des détaillants agréés par l’autorité de régulation spécialement créée, l’ARCA, dans « le réseau des débitants de tabac, celui des officines pharmaceutiques ou un nouveau réseau de magasins ».
Comme pour le tabac, la commercialisation devrait alors être soumise à une « interdiction aux mineurs », des « avertissements sanitaires et un packaging neutre », ainsi qu’à « une interdiction de la consommation dans les lieux à usage collectif et de travail clos et couverts ».
Quant à la production, elle « pourrait soit se faire par des agriculteurs français autorisés par des licences du ministère de l’agriculture, soit par des entreprises étrangères », avec un dosage en THC (delta-9-tétrahydrocannabinol) limité.
La création d’une autorité administrative indépendante aurait enfin « l’avantage de déconnecter un marché du cannabis générateur de recettes fiscales et les ministères du budget ou des finances », conclut le think tank, les pouvoirs publics ayant « la fâcheuse habitude de devenir dépendants aux recettes fiscales faciles ».
Source: lemonde.fr
Les pays-bas pourraient être amenés à enfin légaliser la culture de cannabis, après qu'une petite majorité de législateurs unis derrière une proposition visant à réglementer la production de la plante, mettant ainsi un terme au problème des "porte dérobée" qui a entravé la politique néerlandaise du cannabis depuis des décennies.
Alors que des milliers de touristes affluent vers la capitale néerlandaise Amsterdam chaque année pour essayer ce qu’ils croient être du cannabis légal, la vérité est légèrement plus compliquée et infiniment contradictoire. Le cannabis n’a jamais été officiellement légalisé aux Pays-Bas, mais la vente de petites quantités dans ce que l'on appelle les coffeeshops a, depuis les années 70, été tolérée, tant que ces établissements ne vendent pas aussi de l’alcool, et ne vendent pas de cannabis à toute personne âgée de moins de 18 ans.
Il existe de nombreuses autres clauses, y compris des limites sur la quantité de cannabis q'une personne peut posséder (5g) et depuis 2008, un coffeeshop ne peut être trop près d’une école. Cette nouvelle réglementation a conduit à la fermeture de 43 coffeeshops à Amsterdam. Cependant, le plus grand obstacle, et la plus grande contradiction, de la politique néerlandaise en matière de cannabis est qu'alors que les coffeeshops peuvent posséder et vendre du cannabis à des clients payants, la production de la drogue et de sa distribution en quantité suffisante pour satisfaire les besoins de cette énorme marché, demeurent illégales.
C’est un problème qui a entravé l’industrie pendant des décennies, pour des raisons évidentes. Pour avoir du stock et des clients heureux, les propriétaires de CoffeeShop sont tenus d'enfreindre la Loi. Des militants ont longtemps lutté contre cette politique et maintenant, il semble enfin qu’il puisse y avoir des progrès.
Le projet de loi pour réglementer et légaliser la culture du cannabis a été élaboré par Vera Bergkamp, député du parti D66, et a été soutenu par GreonLinks et le PvdD socialiste. Le parti travailliste néerlandais ont même soutenu les plans, au mépris de leur partenaire de la coalition, le VVD.
Bergkamp dit : "Vous pouvez acheter de l'herbe, mais vous ne pouvez pas la cultiver et la transporter, c’est une erreur. Si nous réglementons, ce sera bon pour la santé et pour contrôler la criminalité. Un grand pourcentage de la population et les conseils locaux soutiennent aussi cette mesure. "
Quand cette législation entrera en vigueur, elle marquera un changement significatif dans l’orientation de la politique antidrogue néerlandaise, qui ces dernières années glissait vers une interdiction. En effet, alors qu’Amsterdam est toujours une destination de vacances très populaire pour les amateurs de cannabis, elle a vu son statut comme Capitale Européenne du cannabis, contestée par Barcelone et Prague. Leurs lois sur le cannabis légal sont en progression et croisent la politique néerlandaise sur son chemin vers le bas.
Cependant, ce changement de direction n'est pas une surprise compte tenu de l’expérience néerlandaise ces dernières années. En 2012, les autorités Néerlandaises ont tenté d’introduire une interdiction pour les touristes qui visitent les coffeeshops. Malgré les protestations énormes et le manque de soutien de beaucoup de gouvernements locaux – plus particulièrement à Amsterdam. L’interdiction est néanmoins entrée en vigueur dans certaines provinces du sud du pays, mais (comme prédit par beaucoup) ce fut un désastre total. La baisse des ventes signifie la fermeture des boutiques et des pertes d’emplois, alors que la vente de cannabis au marché noir a été blâmée pour une légère hausse de la violence et des fusillades liées aux gangs. Il n’a pas fallu longtemps pour que l’interdiction soit annulée.
Cette semaine il y avait un rappel de ce besoin urgent de régulation. Le Green Place Coffee Shop – l’un des plus populaires d’Amsterdam – a été fermé indéfiniment par les autorités après un tir depuis un véhicule. Heureusement, personne n’a été blessé, mais c’est loin d’être le premier de ces incidents se produisants ces derniers temps, et c'est un rappel réel de ce qui se passe lorsque vous laissez la moitié de l’industrie du cannabis dans les mains du crime organisé.
Expogrow est le plus gros rassemblement consacré au cannabis auxquels se rendent les Français. Cette « feria cannabica » a lieu à la mi-septembre, depuis cinq ans, à Irun. La commune d'Irun est située dans la Communauté autonome du Pays basque, c'est-à-dire dans l'État espagnol, pays où la culture de marijuana pour sa propre consommation est autorisée.
Un homme d'âge mûr essayant ce qui semble être un masque doublé d'un bang, Irun, 2016.
Photo fournie avec l'aimable autorisation d'Expogrow.
En France, s'il est besoin de la rappeler, le tableau est opposé. Le cannabis est classé parmi les stupéfiants. La loi de 1970 parle de « substance vénéneuse », dont la détention et la consommation sont interdites, l'infraction relevant du droit pénal. Même punition pour « le fait de présenter ces infractions sous un jour favorable ». Tarif annoncé : cinq ans d'emprisonnement et 75 000 euros d'amende.
On comprend vite qu'une convention comparable à Expogrow est inimaginable dans notre pays. Si on n'y achète pas de l'herbe à proprement parler, on trouve à Expogrow plus de 150 stands faisant le commerce des graines et de tout le matériel nécessaire pour cultiver à domicile – même si pour le besoin de la démonstration, ce sont des plants de persil et de basilic qui poussent dans les bacs hydroponiques.
Pas étonnant que de nombreux Français se rendent au rendez-vous. Le plus simple est de prendre un train jusqu'à Hendaye, puis de traverser la frontière à pied, en passant par le vieux pont Saint-Jacques, point de passage historique. En dix minutes de marche, on franchit les portes modernes du parc des expositions Ficoba. Le décor oscille entre un Jardiland ultra-spécialisé et une foire aux accessoires plus ou moins kitsch.
Bien entendu, en visitant Expogrow, on est tombés sur beaucoup de jeunes gens ravis d'essayer leurs achats et satisfaits par la perspective de pouvoir moudre de l'herbe et fumer leurs joints en terrasse sans être inquiétés.
Et puis, au détour des piles de sacs d'engrais et des assortiments de hashbrownies, loin des jeunes à dreadlocks venus acheter de quoi faire pivoter leur grinder, on a porté notre attention sur ces visiteurs plus âgés, disons de plus de 45 ans – voire bien plus.
Pas mal de cheveux blancs, quelques belles calvities. Calmes et ouverts à la conversation, ils m'ont raconté leur vie de darons portés sur la weed dans la France d'aujourd'hui.
ARNAUD, 62 ANS
VICE : Salut Arnaud. Te considères-tu comme un consommateur impénitent ?
Arnaud : En tout cas régulier, oui. « Impénitent », bon... Disons que ce n'est pas parce qu'il y a la prohibition que je vais arrêter de fumer, ça c'est sûr. Pour être plus confortable, je cultive moi-même.
Pourquoi préfères-tu faire ça seul ?
Ce qui est insupportable, c'est tout ce qui est trafic. Quand on a dépassé la trentaine, on ne va pas s'amuser à aller toper un bout de pneu dans la rue à un gamin qui pourrait être son petit-fils. Si tu as un minimum de conscience, tu as envie de sortir de ce monde de trafic et de violence. C'est dangereux d'aller acheter du haschich dans une cité. On peut se faire braquer à la sortie. C'est un sport, quoi, faut pas croire. Souvent on est attendu à la sortie. Ils ont compris les mecs. Ils sont là pour dépouiller les gens qui viennent d'acheter. Mais bon, il y a des dealers gentils aussi, hein.
Tu es pour la sécurité, quoi.
Oui. Il y a aussi la sécurité par rapport à la police, bien sûr. Et il y a aussi la question de la sécurité du point de vue de la santé. En achetant des produits de la rue, on ne sait pas du tout ce qu'on achète. Il peut y avoir des produits chimiques dans le haschich, des trucs pour couper. Même dans l'herbe il peut y avoir des microbilles de verre, pour augmenter le poids. La meilleure solution, c'est l'autoproduction.
La meilleure solution, est-ce que ça ne serait pas d'arrêter de fumer, tout simplement ?
Oui, mais bon... Il faut arrêter si on sent que c'est quelque chose qui nous fait du mal. Je consomme pas mal parce que je suis à la retraite. Je n'ai pas des responsabilités terribles. Dans ma vie, j'ai connu des moments assez critiques. Il a fallu que j'assure, alors, de moi-même, j'ai arrêté de fumer. Une personne raisonnable se stabilise d'elle-même, hein. On fume peut-être plus en vacances que pendant le restant de l'année, par exemple.
C'est quoi ta manière de consommer ?
Moi, c'est des petits sticks à la californienne. Purs. Discrets. Et je vapote aussi un peu. Je pense qu'un jour je passerai entièrement à la vaporisation.
––––
« Les trucs pour fumer, alors là, j'ai l'attirail complet. Aucun souci. J'ai même des bangs en inox fabriqués par mon mari. »––Josiane, 46 ans.
FARID, 45 ANS
Bonjour Farid. Pourquoi es-tu venu à Expogrow ?
Farid : Je viens à chaque édition, depuis l'Essonne. J'aime l'ambiance. C'est bien plus qu'une grande foire commerciale, c'est un lieu, de l'autre côté de la frontière, où l'on se retrouve avec les langues déliées et la possibilité de vivre de manière libre.
Tu es un partisan de l'autoculture ?
Oh oui, mais je suis très peiné. Il y a encore quelqu'un qui m'a volé cette année. Je ne vais pas pouvoir récolter. Il m'a pris des fruits qui n'étaient pas mûrs. C'est un crétin. Je suis dégoûté, parce que je passe beaucoup d'énergie et de temps à planter du chanvre et à le cultiver le plus à l'abri possible.
Le fait qu'en France les langues soient « liées », comme tu le sous-entends, serait-ce une partie du problème ?
On peut faire ce constat, oui. En France, on vit dans une énorme hypocrisie, avec un niveau de consommation très élevé et des formes de consommation tout à fait à risque, dommageables pour la santé. Mais on préfère ignorer tout cela, en faisant l'autruche... On est muets parce que la loi interdit de présenter le cannabis sous un jour favorable.
Un T-shirt avec un rasta ou un punk qui se marre en arborant un gros pétard, c'est interdit en principe, alors ?
En effet, des petits jeunes qui sortent en boîte un soir ou dans le centre-ville avec une feuille de cannabis représentée sur la casquette vont se faire emmerder par la maréchaussée, parce que ça serait « présenter l'usage du cannabis sous un jour favorable ».
Que penses-tu de ceux qui commencent à fumer jeune ?
C'est très grave ! On n'a pas forcément les bonnes relations, ni les bonnes informations.
On devrait faire quoi, alors ?
Comme la consommation de tabac ou d'alcool, il faudrait pouvoir réguler. Pour pouvoir réguler, il faut pouvoir éduquer. Pour pouvoir éduquer, il faut pouvoir informer. Et pour pouvoir informer, il faut au moins pouvoir présenter les choses de manière non tronquée. Malheureusement, depuis 40 ans en France, on vit dans une atmosphère où dès que l'on prononce le mot « cannabis », c'est le mal, c'est le diable.
Eh bien, voilà une profession de foi politique.
Ah mais oui, on peut le dire. Je suis un militant politique engagé. Je milite pour le Cannabis sans frontières. J'ai fait partie d'une liste pour les élections européennes, à deux reprises. Et aussi pour les élections législatives.
JOSIANE, 46 ANS
Josiane, je peux te demander ton avis sur la légalisation ?
Josiane : Ah, eh bien je suis pour que ce soit légal. Carrément. Quand tu as passé la quarantaine, c'est bon, c'est devenu une galère, c'est vraiment chiant. Et en plus tu n'es pas sûr du produit que tu trouves dans la rue. Si tu fais ta propre beuh, c'est beaucoup mieux.
Le mot d'ordre, c'est l'autoculture ?
Ah non, chez nous l'autoculture, c'est râpé. Ça serait plutôt l'autochoure chez nous. Il y a trop de voleurs dans notre coin. Beaucoup de voleurs qui chourent ce que tu essaies de faire pousser. Ça m'est arrivé plusieurs fois d'en retrouver jusque dans le jardin.
Tu habites quel coin ?
En Midi-Pyrénées.
Alors ici tu viens faire quel genre de courses ?
Oh, je prends surtout des pubs, des autocollants, des posters gratuits pour faire de la déco, et pour filer à des potes. Bon, et des catalogues, aussi, pour voir plus tard. Disons que pour le moment je vais réfléchir, puis plus tard je ferai quelques emplettes.
Du matos pour fumer ?
Des graines plutôt. Les trucs pour fumer, alors là, j'ai déjà l'attirail complet. Aucun souci. J'ai même des bangs en inox fabriqués par mon mari. Mais bon, en ce moment on abandonne un peu les bangs.
Ah, vous fumez comment alors ?
Des joints. Des spliffs, quoi. Comme 90 % des personnes.
––––
JEAN-LOUIS, 56 ANS
Comment te sens-tu, en France, en tant que fumeur de cannabis ?
Jean-Louis : En France, il y a une dictature.
Ah. Tu veux dire, au niveau de la liberté d'expression ?
De tout ! Voilà. Au niveau de la liberté d'être. Moi, quand je fume un joint, ça emmerde qui ? Franchement ? J'ai mal au dos, ça me soulage.
Peut-on vraiment te condamner à des lourdes amendes ?
Oui. C'est une manière de faire taire les gens, et ça commence à m'énerver au plus haut point. Et je pense qu'il y a un noyau dur de six à sept millions de personnes qui sont prêtes à descendre dans la rue pour gueuler parce que, basta, y'en a marre ! Halte à l'oppression ! La déclaration des Droits de l'Homme et du citoyen de 1789, celle à laquelle il est fait référence dans la Constitution, est une escroquerie. C'est une manœuvre des bourgeois. Il faudrait appliquer celle de 1793, celle qui fait figurer le droit de résister à l'oppression, autrement dit le devoir de révolte.
Si tu me permets le jeu de mot, tu es également pour le devoir de récolte.
Je suis d'accord à 1 000 % pour ceux qui veulent se soigner. Pour les autres consommateurs, il faut quand même être un peu sérieux dans la vie. Trop se défoncer, ce n'est peut-être pas bien bon. Alors, devoir de récolte, oui, mais dans la mesure où ça n'aurait jamais dû être interdit.
Tu dis qu'il faut être sérieux et ne pas trop se défoncer, mais tu dis ça surtout parce que tu es un daron à présent, non ?
Ah, à 20 ans j'aimais bien fumer des cônes pour me mettre la tête à l'envers ! Mais aujourd'hui je me sentirais trop sur le côté de la route si je me mettais dans un état défoncé. Je fumerais plutôt une weed riche en CBD, une weed qui te met ce qu'on appelle « high » : tu restes toi-même, tu n'as pas les yeux rouges, tu es réactif quand les gens te parlent.
Tu fumes beaucoup pour lutter contre tes maux de dos ?
Comme les autres : le cannabis est une plante de vieux. Les plus gros cultivateurs sont dans le sud-est de la France, dans les villes de vieux. C'est très hypocrite, un vieux : il va dire « ah non, je suis contre la drogue ! » et va vite aller fumer un pétard parce qu'il a mal au dos.
––––
JACQUES, 69 ANS
Salut Jacques, pourquoi êtes-vous venu à Expogrow ?
Jacques : J'aime bien me plonger dans cette atmosphère. Plutôt douce, calme. Je fais le tour des stands. Je regarde un peu ce qu'il y a mais je n'achète pas. Je ne suis pas un consommateur effréné.
Quand on voit les codes employés ici, vous êtes d'accord pour dire que ça s'adresse plutôt à des jeunes ?
C'est clair que c'était une histoire assez différente pour ma génération. C'était la même plante, mais c'était vécu d'une façon très différente.
Moins marketing ?
Oui. Je pense que si un fumeur du début des années 1970 revenait ici, ce serait un trip pour lui. Je pense qu'il reconnaîtrait que l'esprit de la plante est toujours à l'œuvre. Après, les générations ont chacune leur imaginaire et leur façon de vivre. Certaines choses se sont perdues... On les retrouvera, peut-être.
Qu'est-ce qui s'est perdu ?
Cet esprit communautaire. La première fois que j'ai vu des gens fumer seuls dans leur coin, je me suis dit : « mais qu'est-ce qu'il se passe ? » Où est l'esprit de passa comme on dit en portugais ? Le « joint », c'est ce qui « joint » les gens. On en profitait aussi pour avoir de grandes discussions, à l'époque. Cela dit, l'esprit est toujours là : je le sens.
Si le fameux hippie de votre exemple revenait des années 1970 pour fumer ici en 2016, il serait surpris par le taux de THC actuel du cannabis et complètement défoncé en quelques lattes, non ?
Vous savez, c'est une plante mystérieuse. Il n'y a pas que son niveau de THC qui compte. Il y a aussi l'esprit de celui qui l'a plantée, il y a comment elle vous a été passée...
On voit bien que la mode est à la puissance des cannabinoïdes tout de même, genre, autour de nous ?
C'est sûr qu'il y a une tendance à produire des choses plus denses. Je ne me rends plus vraiment compte, dans la mesure où j'ai fumé de façon continue au fil des années. Peut-être que cette recherche de puissance est là pour compenser cette absence d'esprit communautaire ; lui permettait d'élever le niveau des effets de plantes qui n'étaient pas si fortes que cela. C'est une *****mie, vous savez.
Une *****mie dont vous pensez être un avocat ?
Ah, ce n'est pas une plante pour tout le monde, forcément ! Elle convient à certaines personnes. Pas à d'autres. Le dosage. Le moment. Tout cela doit rentrer en ligne de compte.
En tout cas je suppose que, dans le débat actuel, vous êtes partisan de la légalisation ?
Oh le débat, je m'en fous. Ce que je réclame, c'est la liberté de cultiver. Et la liberté d'information, aussi.
Merci beaucoup, Jacques.
Par Guillaume Gwardeath
Guillaume possède un site rien qu'à lui, et il est sur Twitter.
29 janvier 1919, le 18e amendement de la Constitution américaine met en place la prohibition de l’alcool. La prohibition renforçant toujours ce qu’elle interdit, elle se traduit par le trafic d’alcool et l’augmentation de la criminalité.
Anne COPPEL
Pour la sociologue Anne Coppel, ancienne présidente de l’association « Limiter la casse », la pénalisation du cannabis ne limite ni la consommation ni le trafic. Elle a même des conséquences désastreuses. L’interdit empêche d’informer. Résultat, la consommation chez les plus jeunes augmente et leur santé se dégrade.
Alors même que la recherche sur les bienfaits du cannabis progresse, un expert affirme qu’il reste encore de nombreuses choses à découvrir
Un travailleur s'occupant des plants de cannabis dans une installation de la société Tikkun Olam près de la ville de Safed (Crédit : Abir Sultan / flash 90)
Tandis que des centaines de professionnels de la santé, d’agriculteurs, de patients et de militants pour le cannabis sont venus en Israël cette semaine pour la Conférence internationale de médecine Cann10, qui a eu lieu du 11 au 13 septembre, les scientifiques israéliens poursuivent leur recherche avec de nouveaux essais cliniques afin d’obtenir l’approbation pour l’utilisation de cannabis dans une plus grande variété de maladies.
Israël est connu sur la scène internationale comme un pionnier dans le domaine du cannabis à usage médical. Cet été, le gouvernement a approuvé un plan lancé par le ministre de la Santé, Yaakov Litzman (Yahadout HaTorah), qui vise à assouplir certaines des exigences liées à l’usage du cannabis médical.
Le projet augmentera le nombre de médecins qui pourront délivrer des ordonnances de cannabis, supprimera les limites sur le nombre de cultivateurs de marijuana, rendra le cannabis disponible dans les pharmacies agréées et éliminera l’exigence d’un permis du ministère de la Santé pour que la prescription de n’importe quel médecin soit suffisante.
« Il n’y a aucune raison que quelqu’un qui ait besoin de cannabis pour des raisons médicales ait à souffrir et faire face à de la paperasserie inutile, et donc la situation actuelle doit être changée », a déclaré Litzman en juin au quotidien Haaretz.
La décision du ministère de la Santé de rendre la marijuana médicale encore plus accessible fait partie de la tolérance du pays et même de son soutien envers la marijuana, en particulier dans un contexte médical.
Un pharmacien de Tikkun Olam donne sa dose mensuelle de marijuana médicale à un patient au dispensaire de Tel Aviv, le 1er septembre 2016. (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israel)
« C’est la deuxième conférence [sur la marijuana] en Israël en six mois, et il a été prouvé qu’Israël et le monde commencent à se rendre compte à quel point Israël peut contribuer à l’industrie du cannabis », a déclaré Clifton Flack, le directeur en charge du marketing pour iCAN Israël-Cannabis, un fond de placement privé qui se concentre sur le cannabis.
« Notre contribution essentielle a été et sera la recherche, a ajouté Flack. L’histoire de l’industrie du cannabis en Israël a commencé avec la recherche et avec le professeur [Raphael] Mechoulam. Au cours des 50 dernières années, nous avons contribué à la recherche. Vous allez constater que, si vous regardez les choses de près, un grand pourcentage des produits mondiaux issus du cannabis ou de l’industrie ont quelque chose à voir avec Israël. »
Aujourd’hui, environ 23 000 patients ont des prescriptions pour de la marijuana médicale en Israël, contre 10 000 en 2012. Ce nombre va continuer à augmenter au fur et à mesure que la marijuana sera approuvée pour traiter encore plus de maladies, avec des scientifiques qui mettent en place des essais cliniques en double aveugle pour explorer les utilisations médicales du cannabis qui pourraient être publiées dans des revues médicales.
Actuellement, il existe de nombreux essais cliniques ou des approbations de l’usage du cannabis pour traiter les acouphènes, la colite, la maladie de Crohn, certains des symptômes spastiques de patients pédiatriques atteints de paralysie cérébrale, l’épilepsie sévère des enfants, le syndrome de Tourette, la maladie de Parkinson, la maladie inflammatoire chronique de l’intestin, les symptômes de l’autisme comme l’insomnie ou l’agressivité, et certains des effets secondaires des traitements contre le cancer. Les futurs essais comprennent des tests pour le traitement de la polyarthrite rhumatoïde, le syndrome post-traumatique et les inflammations des yeux.
Le professeur Raphael Mechoulam, qui faisait précédemment partie de l’Institut Weizmann et qui fait maintenant partie de l’université Hébraïque, est largement considéré comme le père du cannabis médical, car c’est lui qui a identifié le tétrahydrocannabinol (communément appelé THC) en 1964. Le THC est le composé actif de la marijuana qui produit l’ « effet psychotrope » recherché par ceux qui consomment le cannabis de manière récréative. Un autre composé actif principal de la marijuana est le cannabidiol (CBD), qui présente des avantages médicaux, y compris des propriétés anti-inflammatoires.
Le professeur Raphael Mechoulam dans son laboratoire de l’université Hébraïque, le 1er septembre 2016. (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israel)
Il a fallu des années pour le reste de l’establishment médical commence à faire attention à son travail sur la marijuana médicale, a expliqué Mechoulam.
« Il y avait une importance thérapeutique pour l’épilepsie que nous avons identifiée et bien que nous ayons publié [les conclusions de l’étude], personne n’était intéressé par l’épilepsie, a-t-il dénoncé. Il y a des enfants d’un an ou deux qui sont atteints d’épilepsie, et il n’y a aucun autre médicament qui fonctionne. Ce n’est que ces dernières années qu’ils ont découvert notre travail. Jusqu’à 60 % des enfants atteints d’épilepsie peuvent être aidés. »
Mais le scientifique de 85 ans, qui supervise encore un laboratoire au campus Ein Kerem de l’université Hébraïque, estime que le domaine du cannabis est au bord d’une grande percée et des centaines d’utilisations pour la plante attendent d’être découverts.
« Au cours des dernières années, on a découvert que des composés apparentés aux cannabinoïdes (CBD) agissent sur des choses auxquelles nous ne nous attendions pas, comme l’ostéoporose », s’est-il émerveillé. Il a noté que le cannabis peut également réduire la quantité de dommages dans le cerveau après un traumatisme crânien en relaxant les vaisseaux sanguins resserrés.
La marijuana médicale dans la phase de ‘pré-cookie’ (Crédit : Abir Sultan / flash 90)
Mechoulam a observé le chemin qu’a parcouru le domaine de la recherche sur le cannabis au cours des dernières décennies. Quand il a commencé ses recherches à l’Institut Weizmann dans les années 1960, son premier défi était d’obtenir une grande quantité de cannabis. « Le responsable administratif de Weizmann a appelé quelqu’un qu’il connaissait dans la police et a juste demandé du cannabis », s’est remémoré Mechoulam.
« J’ai entendu de l’autre côté [du téléphone] : ‘Il est fiable ?’. Et la personne de l’Institut Weizmann a répondu : ‘Bien sûr, il est fiable !’. Du coup, on lui a dit : ‘Demandez-lui de venir’. Je suis donc allé voir la police, j’ai eu cinq kilos de haschisch, j’ai signé et j’ai mis les cinq kilos de haschisch dans mon sac. Puis j’ai pris un bus et je suis allé au laboratoire. Et dans le bus, il y avait une grande odeur de cannabis qui flottait et personne ne savait ce que c’était. »
« Ensuite, il s’est avéré que nous avions enfreint la loi et que je devais aller en prison, et que le policier avait violé la loi et qu’il devait aller en prison, parce que c’était le ministère de la Santé qui devait approuver ces choses, a poursuivi Mechoulam. Je suis allé au ministère de la Santé et j’ai dit : ‘je suis désolé, je suis désolé, la prochaine fois nous allons le faire comme ça’. »
Christine Haj, post-doctorante dans le laboratoire de Mechoulam, tenant un bécher de THC pur dans le laboratoire de l’université Hébraïque, le 1er septembre 2016. (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israel)
Le National Institutes of Health américain soutient les recherches sur le cannabis de Mechoulam depuis des décennies car les scientifiques américains ont eu beaucoup plus de difficulté à obtenir du cannabis pour l’étude. Il a reçu un Prix de la découverte de la NIDA (National Institute of Drug Abuse) en 2011. Mechoulam a expliqué que même si les Etats-Unis et Israël avaient des lois similaires régissant la recherche sur le cannabis, la culture des liens personnels en Israël, familièrement appelé protekzia, a permis à la recherche de progresser beaucoup plus rapidement ici.
Pourtant, il y a eu de nombreux défis, en particulier parce que le cannabis est un composé naturel qui doit être cultivé plutôt que produit.
« Les cliniciens n’aiment pas travailler avec de la marijuana ou du haschich, car la qualité n’est pas fiable et ce n’est pas la façon dont la recherche moderne se fait », a précisé Mechoulam.
Les moindres changements dans les techniques de culture, la météo ou l’arrosage peuvent affecter la composition chimique de la plante. « Les quantités de THC peuvent varier même au sein de la même plante », a souligné le Dr Keren-Or Amar, directrice du développement commercial de Shizim, une autre société d’investissement de cannabis.
« L’une des préoccupations que la FDA [Food and Drug Administration des États-Unis] a exprimées est que vous utilisez une plante dont vous ne pouvez pas obtenir le bon dosage dans chaque lot », a déclaré Doron Ben Ami, le directeur de la stratégie de Therapix Biosciences Ltd., une société qui développe des médicaments à base de cannabis pour traiter les troubles neurologiques tels que le syndrome de la Tourette et des troubles cognitifs légers.
« Dans le secteur pharmaceutique, vous devez être sûr de savoir exactement ce que votre patient prend », a-t-il expliqué.
La marijuana médicale au dispensaire Tikun Olam à Tel Aviv ,le 1er septembre 2016. Avec les conseils des infirmiers spécialement formés de Tikun Olam, les patients peuvent décider d’acheter leur prescription sous forme de fleur, joints pré-roulé ou de pilules (Crédit : Melanie Lidman / Times of Israel)
Therapix et d’autres sociétés pharmaceutiques travaillent sur la production chimique de THC ou du THC synthétique. Cela permet à l’entreprise de suivre de contrôler le ratio exact des composés actifs qui seront dans les médicaments développés.
Mais alors que des progrès ont été faits dans la production du cannabis synthétique, les scientifiques arrivent également de mieux en mieux à manipuler les souches de marijuana pour avoir des niveaux plus élevés de THC ou de CBD en fonction de la maladie qu’ils traitent.
Tikun Olam, le plus grand et le plus ancien dispensaire de cannabis en Israël, a maintenant 15 souches de plantes de marijuana qui sont cultivées pour avoir un rapport très spécifique entre le THC et le CDB.
Sa souche Avidekel a 18 % de CBD et seulement 0,8 % de THC, ce qui signifie qu’il est sans danger pour les enfants et ne produira pas l’effet psychotrope couramment associé à la marijuana. Tikun Olam traite plus de 200 enfants souffrant d’épilepsie avec cette souche.
Tikun Olam a commencé il y a 10 ans avec 10 patients en Israël en faisant pousser quelques plantes à Birya, un petit moshav près de Safed. Lorsque sa liste de patients est montée à 1 000, il a dû se tourner vers des champs commerciaux dont les emplacements sont étroitement surveillés.
La prochaine étape : plus de marchés, plus de maladies
Aujourd’hui, il y a environ 23 000 patients en Israël qui ont un permis pour utiliser de la marijuana médicale accordés par le ministère de la Santé. Tikun Olam traite 7 000 personnes par mois. A l’exception des patients atteints du syndrome de Gilles de la Tourette, les patients doivent prouver qu’ils ont essayé au moins quatre méthodes alternatives pour contrôler leur douleur ou la maladie avant d’obtenir une licence pour de la marijuana à usage médicale, qui est utilisée en dernier recours.
« Notre problème est que les gens veulent croire que le cannabis va les guérir mais nous ne disposons pas encore des études [qui le confirment] », a déclaré le professeur Zvi Bentwich, professeur en biologie médicale à l’université Ben Guurion et scientifique en chef de Tikun Olam. Bentwich a été l’un des pionniers de la lutte israélienne contre le VIH/SIDA, et il s’est intéressé au cannabis médical après avoir observé les effets positifs que la consommation de marijuana, bien qu’illégale, avait sur ses patients ayant des nausées et des pertes de poids.
« Dans les années 1990, je préconisais à mes patients d’utiliser le cannabis illégalement et puis j’ai aidé à amener le gouvernement à légaliser le cannabis, a-t-il confié. Auparavant, la marijuana n’était pas étudiée cliniquement. Les études cliniques et juridiques n’existaient pas ».
Un patient atteint de cancer montre ses pilules de marijuana concentrées dans le centre de Tikkun Olam à Tel Aviv, le 1er septembre 2016. (Crédit : Melanie Lidman/Times of Israel)
Aujourd’hui Bentwich travaille avec Tikun Olam pour concevoir des études cliniques pour diverses maladies. « Nous, médecins, sommes réticents à utiliser le cannabis à moins qu’il n’y ait une preuve avancée pour le prouver. En Israël, nous sommes en mesure de faire un travail de pionnier qui n’a été fait nulle part ailleurs. »
« L’industrie est en train d’exploser, mais ce n’est rien comparé à ce que ce va être dans 10 ans », a ajouté Flack, le directeur marketing du fond d’investissement. « Dans 10 ans, vous allez voir du cannabis partout. En Israël, nous ajoutons de la vitamine D au lait. Nous devrions ajouter du CBD aussi. Cela n’a pas d’effet psychotrope. Le corps a besoin du CDB, le cerveau en produit naturellement et prendre du CBD chaque jour en petites quantités ne fait que du bien. Je pense que dans 10 ans, nous allons voir le lait Yotvata avec du CDB. »
Le marché potentiel pourrait être énorme. Cannabics Pharmaceuticals, une société israélienne qui a développé une capsule de marijuana pour les personnes souffrant de cancer, estime que le marché de la marijuana à usage médical a un potentiel de 3,6 milliards de dollars aux États-Unis uniquement d’ici 2019.
Ce marché serait plus important que celui des aliments biologiques.
« Je pense que dans 10 ans, chaque accélérateur ou incubateur en Israël aura au moins une entreprise ou une start-up qui aura un rapport avec le cannabis, s’est enthousiasmé Flack. Cela pourrait être un dispositif médical ou un système de suivi, mais dans le monde des start-ups, il sera partout. Vous allez voir une importante industrie d’exportation et non pas de la fleur, mais des produits médicaux. »
L’exportation des bourgeons ne va pas être loin derrière. Le ministre de l’Agriculture, Uri Ariel, a annoncé en août qu’Israël commencerait à exporter de la marijuana pour usage médical probablement au cours des deux prochaines années.
Les scientifiques soulignent que la véritable clé pour rendre la marijuana plus utile pour les patients est de mener des tests cliniques qui peuvent systématiquement prouver que le cannabis est sûr et efficace pour l’humain dans le traitement de maladies spécifiques.
« Je peux guérir beaucoup de maladies chez la souris [avec du cannabis] », a assuré Amar, une ancienne scientifique qui travaille maintenant avec le groupe d’investissement sur cannabis. Mais sans les essais cliniques, a-t-elle ajouté, « il n’y a aucun avantage pour les humains. »
Une solution économique alternative
Alors que la France connait depuis plusieurs années un état de crise profond et durable, que les gouvernements successifs tentent en vain de réanimer un système atteint d’une obsolescence incurable et que les Français voient inlassablement au fil des mandats présidentiels qu’ils rechignent à voter, s’évaporer leurs rêves de véritable changement. Un phénomène de société relativement récent, souffrant à l’heure actuelle de la qualification juridique de « licite », pourrait contre toute attente s’avérer finalement être une alternative économique solide et viable. Souvent diabolisé, assimilé au phénomène dit de banlieue (insécurité) et donc soumis à une vision policière et conflictuelle de la chose. Nous tenterons dans cet article d’aborder la légalisation du cannabis d’un point de vue pragmatiquement économique et politique.
Image @Gribouyou
Cela fait maintenant de longues années que les instances politiques de notre pays, conscientes des enjeux économiques d’un tel basculement, tentent maladroitement d’appréhender les mots ô combien sulfureux de « légalisation » et de « dépénalisation », en ce qui concerne le cannabis. Le dernier exemple en date étant la sortie médiatique de Vincent Peillon alors qu’il occupait les fonctions de ministre de l’éducation, en octobre 2012.
Lors de laquelle il se déclara en être en faveur d’un débat sur la dépénalisation du cannabis, en ajoutant qu’il s’agissait selon lui d’un sujet majeur. Ces déclarations déclencheront une vive polémique au sein de l’opinion publique et des médias. Le ministre de l’éducation sera lui, publiquement recadré par le 1er ministre Jean-Marc Ayrault à travers un cinglant désaveu émanant d’une froide dépêche AFP. Il perdra partiellement ce jour là, sa crédibilité en tant que ministre. Cet épisode tentant à prouver la dimension hautement sensible de ce sujet, au sein de la classe politique française.
Alors que les médias évoquent régulièrement l’économie « parallèle » lors de nombreux reportages sensés informer la population des dangers gangrenant la périphérie des grandes villes de l’hexagone et que la France se trouve paradoxalement être, le pays dénombrant le plus grands nombres de consommateurs de cannabis d’Europe. En ces temps de crises et après les multiples mesures de rigueur inquiétantes de contre productivité de la droite comme de la gauche, l’hypothèse d’une alternative économique étant encore hier qualifié d’inenvisageable, pourrait demain s’avérait être une presque obligation.
Une industrie difficilement quantifiable !
On dénombre en France à l’heure actuelle des centaines de points de ventes de drogues, procédant à des dizaines de transactions journalières de jour comme de nuit. Car aussi impensable que cela puisse paraitre, les gentils mégots parfumés des soixante-huitards ont laissé place en France lors de ces quarante derniers années, à une industrie nationale impliquant toutes les classes sociales de notre pays et générant une manne financière ainsi qu’un flux de numéraires colossal, continue et plus ou moins régulier.
Afin de prendre la réelle mesure économique d’un tel phénomène, nous allons nous intéresser à cette économie souterraine dans son état actuel et nous concentrer dans un premier temps sur un seul département. En l’occurrence l’un des plus actifs en ce qui concerne le commerce de produits stupéfiants, à savoir le département de la Seine Saint-Denis. Le département (93) compte en son territoire une cinquantaine de points de vente en activité, générant chacun d’après les saisies policières et les nombreuses estimations journalistiques, un chiffre d’affaires journalier allant de 6500€ à 12 000€.
Sans tenir compte des éventuels pertes des trafiquants liés à la politique de répression, ces commerces génèrent chacun un CA mensuel d’un montant pouvant aller de 195K€ à 360K€. Soit à l’échelle du département un transit mensuel et en cash (cash-flow) d’un montant pouvant aller de 9 millions d’euros à 18 millions d’euros. Soit une manne financière avoisinant les 200 millions d’euros annuel pour le seul département du 93, échappant totalement aux services fiscaux de l’Etat et ne bénéficiant donc pas à la communauté dans son ensemble.
Ce calcul d’une fiabilité somme toute limitée, ne peut bien entendue s’appliquer de manière linéaire à l’ensemble du territoire français. Cependant, aussi surprenant que cela puisse paraitre, il suffirait que cinq départements soit aussi productifs que le 93 pour que le montant généré par cette industrie à l’échelle nationale atteigne le milliard d’euros mensuel. Et il semble de toute évidence que ces montants soient effectivement générés par l’économie parallèle sur le territoire français aux moments ou vous lisez ces lignes.
Ce phénomène, qui ne cesse de s’accroitre depuis ces dernières décennies, est en France la cause d’une hypocrisie sociétale ainsi que du cuisant échec de la politique répressive menée à outrance par l’état français par le passé. La preuve ultime de cette pathétique hypocrisie sociétale étant la croissance des bénéfices des entreprises françaises vendant légalement des ustensiles destinés à consommer un produit prohibé (ex :ocb, Bolloré). Les buralistes jouissant d’un statut de témoins privilégiés de ce phénomène, se trouvent donc être pleinement conscients de l’importance de cette industrie et se disent donc officieusement favorable à une légalisation, leur permettant un jour de vendre légalement du cannabis via leur bureau de tabac et donc d’accroitre leurs bénéfices.
Dans la lignée du Made in France…
Alors que 13 millions de Français déclarent avoir déjà fumés du cannabis, la légalisation, l’industrialisation et la taxation de la commercialisation par l’état français du cannabis, pourrait rapporter au pays en seulement une poignée d’années, des dizaines de milliards d’euros… Cela même lui faisant grandement défaut à l’heure actuelle !
L’industrialisation qui a pour vertu d’optimiser les rendements commerciaux, de créer des emplois sur le sol français ainsi que de diversifier une agriculture hexagonale, est à l’heure actuelle maintenue en soin palliatif par les drastiques et inéquitables règles de la mondialisation. En définissant un système de subvention de la culture de cannabis français par des agriculteurs français, on pourrait observer la mise en place d’une filière de cannabis « Made in France » destinée en premier temps à une vente à l’échelle national mais pouvant éventuellement dans un second temps, être exporté dans les pays ayant adoptés une politique de commercialisation légale de cette substance.
La régularisation et la maitrise de la commercialisation du cannabis au même titre que le tabac ou l’alcool ayant pour objectif, en plus de renflouer les caisses trop longtemps trouées de l’état, de diminuer la criminalité et l’insécurité liée au trafic de drogue. La légalisation associée à la déjudiciarisation, aurait pour vertu de diminuer les frais judiciaires de l’état. Le tout permettant in fine de diminuer le montant des impôts des français, ou du moins de ne pas les augmenter d’avantage, ainsi que d’éviter la mise en place future d’un énième plan de rigueur qui sera certainement aussi fantasmatique qu’il n‘est réalisable.
Le pragmatisme économique !
Cet outil économique se trouve être potentiellement viable à condition que celui-ci s’imbrique dans un processus de changement global, impliquant principalement les secteurs de l’économie, du social, de la justice et de l’agriculture. Celui-ci pouvant donc, sous couvert de conditions optimales, s’imposer à moyen-long termes comme un véritable outil économique alternatif.
A l’heure ou le dédale du blanchiment trouve naissance dans la périphérie de nos villes pour finir sa longue course dans la verdure des pâturages du système bancaire suisse en passant par les montagnes sinueuses du Maroc ; que les différents plans de rigueur mis en place cette dernière décennie et présentés par nos politiques comme des solutions ultimes de sauvetage, s’avèrent être en réalité de pitoyables économies « bout de chandelle ». Au sacrifice de quelques valeurs morales dépassées n’ayant plus à l’heure actuelle de réelle légitimité, face aux analyses prévisionnelles déconcertantes d’alarmisme de certains experts, ne serait-il donc pas temps que la France se résigne enfin à apporter au système qui est le sien, les modifications nécessaires à un redressement économique durable ?
Ce nouvel outil économique pourrait une fois maitrisé, optimisé, régulé et associé à une politique de prévention de grande ampleur, générer des revenus d’une importance considérable, sans pour autant détériorer la qualité de vie des français.
Dans la difficile cruauté du monde capitaliste et consumériste qui est le notre, qu’elle pourrait être la justification du rejet d’un revenu annuel futur se chiffrant en milliard d’euros, émanant d’un état dont le modèle économique est présentement en grande difficulté ? En me basant sur l’analyse de Marie France Garaud dans l’article « la France a perdu son indépendance » dans lequel elle écrit « Il faut essayer de voir le monde tel qu’il est et non pas comme on aimerait qu’il soit. », la France devra un jour se résoudre à enfin faire preuve de pragmatisme et à quérir l’argent là ou il est et non pas là ou elle souhaite le prendre… Et où elle a déjà trop pris !