Il est venu, il a vu et il a vaincu par ses compositions culinaires inspirées du terroir. Giovanni Merle a remporté en septembre le Mason Dixon Master Chef Tournament 2016.
Contacté par téléphone, ce Mauricien établi depuis trois ans aux States a livré à Scope une vision succulente de sa victoire, le fruit d’un passé aigre-doux bâti sur l’autel de diverses influences. Ce chef cuisinier aux dreads s’est spécialisé dans la pâtisserie à base de cannabis, d’où est née la marque Kayaman.
Giovanni Merle est un sacré personnage. Un grand bonhomme rasta féru de cuisine, de bonne musique et de philosophie pacifiste, qui s’est donné pour mission de changer la face du monde. Autodidacte en cuisine, notre compatriote ne cesse de faire parler de lui dans son pays d’accueil.
Présenté dans le Washington Post pour ses mets à base de cannabis, il anime souvent des cooking classes, vantant les mérites thérapeutiques de ses recettes devant un auditoire conquis. Le pompon sur le gâteau : sa victoire au concours Masterchef 2016, qui a donné un boost à la carrière de ce chef indépendant.
Cuisine quadricolore.
Le Mason Dixon Master Chef Tournament est un concours de cuisine américain diffusé sur la chaîne Food Network. Il met à l’honneur les meilleurs chefs et restaurants dans la région de Baltimore à Washington. Épaulé par deux amis, notre compatriote Giovanni Merle a trouvé les bons ingrédients du succès.
“Nous étions la plus jeune équipe parmi seize autres, mais culinairement parlant, nous avons fait voir de toutes les couleurs aux autres participants. Le concours s’est échelonné sur deux mois. Chaque semaine, les chefs devaient réaliser des compositions artistiques originales, avec les seuls ingrédients placés dans une fameuse boîte noire.”
Lors de la dernière étape, il s’inspire du quadricolore mauricien pour composer des mets créatifs, qui séduisent le jury ainsi que l’audience. “Un simple visuel peut créer un monde de possibilités. J’ai laissé parler le Mauricien en moi en apportant les couleurs de mon île à travers les compositions et le sens du goûter de ma culture. Un cocktail explosif à l’image de notre quadricolore.”
Au menu de son parcours : une entrée amère dans l’univers de la cuisine à Maurice, suivi d’un plat de résistance épicé aux saveurs internationales, pour terminer par un dessert sucré saupoudré de succès aux États-Unis.
Parcours aigre-doux.
Quand il décide de se jeter dans la marmite à l’âge de 16 ans, Giovanni Merle connaît d’innombrables déboires dans les cuisines des restaurants et hôtels, car ses dreads ne sont pas bien vus. “Dan Moris, bannla atann de ou ki ou rant dan enn kaz, e ki ou ena enn limaz omozenn. Mo bann dreads ti zenn boukou mo sans promosion. Depi ou leve gramatin ou bizin resanble enn mannkin, si ou otreman, ou pa fit dan sistem la.”
Après quelques années de galère pour trouver sa place, le jeune homme décide de prendre le large. Il choisit de découvrir la cuisine du monde sur des bateaux de croisière. Fort de cette expérience, il travaille ensuite dans les cuisines du monde entier à différentes positions, de la France à Porto Rico, en passant par la Jamaïque, les Émirats Arabes Unis, et enfin l’Amérique. Il s’est professionnalisé au contact des meilleurs chefs internationaux, à l’instar de James Beard et Yannick Cam.
La richesse de la cuisine mauricienne, il l’a découverte en s’installant en Amérique. Malade après avoir trop consommé de fast-food, il réalise à quel point sont inestimables les bons petits plats préparés par sa maman avec les produits du terroir, qu’il qualifiait de fay kari à Maurice. “Cette claque m’a fait réaliser la chance que nous avons à Maurice d’avoir une terre aussi fertile pour faire pousser des produits sains.” Il délaisse les plats faciles pour privilégier l’utilisation d’épices, d’herbes, de fruits et de légumes dans ses compositions.
La marque Kayaman.
Giovanni Merle est ce qu’on appelle un libre penseur. Refusant de gâcher son art dans les hôtels et les restaurants, il s’est mis à son propre compte et se charge de la restauration dans les événements privés à Washington. Depuis la dépénalisation du cannabis dans certains États du pays, il dispose d’une certaine liberté de vivre sa culture rasta.
Il a créé et développé sa propre marque de pâtisseries à base de cannabis. “Kayaman, c’est un clin d’œil au seggaeman mauricien, mais également un produit pour mettre en avant toutes les vertus médicinales et thérapeutiques du cannabis, sans devoir en consommer directement.” Le jeune homme souhaite dans un futur proche exporter sa marque à Maurice.
Il garde l’espoir qu’un jour il pourra le faire et que les autorités et les dirigeants de notre île seront plus peace & love. “À Maurice, les rastas sont méprisés par le système, qui les force à se sentir coupables de ce qu’ils sont et les empêche de vivre leur culture.”
Suite à sa victoire au concours Masterchef, notre compatriote a remporté 30,000 dollars ainsi que quatre billets d’avion pour des formations et des vacances au Colorado, en Californie, au Canada et dans l’Ohio. Une partie de la somme sera reversée à ses partenaires. Il compte également investir dans le développement de son service de restauration.
Ce grand amateur de musique n’oublie pas ses racines et ses amis artistes à l’île Maurice. “Je compte les aider financièrement à réaliser leurs projets, en espérant voir un changement positif dans ce domaine.”
UFCM Le 21 octobre 2016, le symposium de l’UFCM iCare se déroulera dans la ville d’Illkirch-Graffenstaden, en France. Apprenez-en plus sur l’événement ici.
Le 21 octobre 2016, le symposium de l’UFCM iCare se déroulera dans la ville d’Illkirch-Graffenstaden, en France (information supplémentaire apparaîtra à droite de cette page).
L’Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine (UFCM) est un organisme à but non lucratif cofondé par Bertrand Rambaud, un patient, activiste et ami de Sensi Seeds. L’UFCM organise un symposium chaque année, et Sensi Seeds ne manque jamais d’y assister.
Réunir les chercheurs internationaux du domaine des cannabinoïdes
Le symposium de l’UFCM iCare se tient en France, mais est organisé à l’intention des professionnels médicaux et des patients provenant de l’Europe comme de l’étranger.
Pour la 5e édition, les organisateurs accueilleront un groupe de spécialistes européens. En plus d’assister à des conférences scientifiques données par des membres de la communauté médicale, les participants auront la chance de recevoir de l’information au sujet des avancées législatives entourant le cannabis médicinal de la part d’experts de l’industrie.
Voici quelques-uns des conférenciers :
Dr Ethan Russo, neurologue, chercheur en psychopharmacologie et ancien conseiller médical principal pour GW Pharmaceuticals
Dr Russo donnera une conférence sur les bienfaits de la plante de cannabis comparativement à ceux dérivés des cannabinoïdes de synthèse. Il étayera ses propos de son expérience professionnelle durant laquelle il a procédé à des essais cliniques sur le très connu produit à base d’extrait de cannabis, Sativex.
Carola Perez, présidente de l’OEDCM (Observatoire espagnol pour le cannabis médical)
Mme Perez exposera une vue d’ensemble de la situation actuelle du cannabis médicinal en Espagne, et discutera de l’importance de poursuivre les efforts de légifération.
Dr Franjo Grotenhermen, président de IACM (Association internationale pour les cannabinoïdes en médecine))
Dr Grotenhermen, spécialiste de l’utilisation médicale du cannabis et des cannabinoïdes, expliquera en détail certaines des principales applications thérapeutiques de la plante ; SSPT, TDAH, trouble bipolaire et autres conditions. Il parlera aussi du nouveau programme de cannabis médical instauré par son pays d’origine, l’Allemagne.
Bien d’autres conférenciers serviront également les intérêts des médecins, des spécialistes et des patients à l’occasion de cet événement unique. Consultez la liste des experts ici.
Si vous êtes un professionnel de la santé et désirez vous inscrire pour participer au symposium, veuillez remplir le formulaire dont le lien apparaît ci-bas pour contacter UFCM iCare.
Pourquoi le symposium de l’UFCM iCare revêt-il une si grande importance ?
La France est l’un des pays de l’Europe les plus stricts en matière de cannabis. Bien qu’elle jouit d’une réputation respectable lorsqu’il s’agit de soins de santé, sa position face au cannabis médicinal est certainement des plus déplorables – si position il y a !
Dans ce contexte, le travail de l’UFCM iCare et de toutes les autres associations qui militent pour les patients assument un rôle crucial.
Le symposium de l’UFCM iCare mérite votre soutien. Sensi Seeds est fière d’avoir soutenu cette association depuis des années, et compte bien continuer à le faire dans le futur, à moins que le cannabis médicinal devienne légal partout dans le monde (!). Entre temps, nous accueillons tout message de soutien ou commentaire dans la section ci-dessous.
Il est reconnu et prouvé que le cannabis possède des vertus qui permettent de guérir et pourrait remplacer certains médicaments nuisibles comme les opioïdes. Il est évident que l’industrie pharmaceutique y perd à ne pas vouloir s’y intéresser pour de bon.
Depuis des années, de grandes entreprises et des lobbyistes font blocage à la légalisation de la marijuana, qu’il s’agisse de sa consommation à titre thérapeutique ou personnelle, dans l’unique but de protéger la rentabilité de leur marché.
Si l’huile de cbd n’a pas d’effets miraculeux, la recherche scientifique a démontré que le cannabidiol contenu dans la plante de cannabis a des effets thérapeutiques pour bien des maladies tels que les douleurs chroniques, le cancer, l’anxiété, le diabète, l’épilepsie, les rhumatismes, les SSPT, les troubles du sommeil, l’alcoolisme, les maladies cardiovasculaires, les infections résistantes aux antibiotiques et bien d’autres maladies neurologiques.
Des enquêtes montrent que de nombreux consommateurs utilisent le cannabis dans le but de soulager certaines douleurs et pas uniquement pour le plaisir de se sentir «stoned». Et c’est pourquoi les grandes compagnies pharmaceutiques refusent que la marijuana soit rendue légale, pour ne pas qu’elle détruise leurs profits.
Petit point sur ce qui compose le cannabis : contrairement au tétrahydrocannabinol qui est la substance qui vous permet de vous sentir défoncé, le cbd est une substance qui permet uniquement de soulager les douleurs.
En 2013, l’année ou 17 états des USA et la Colombie ont légalisé l’utilisation du cannabis à but thérapeutique, une étude de l’université de Géorgie a démontré que cette légalisation a permis de sauver 165,2 millions de dollars sur les coûts d’ordonnance et que si l’ensemble des états l’avaient légalisé, ce sont des millions de dollars supplémentaires qui n’auraient pas été dépensés, soit au final une économie de 0,5% comparé au budget annuel de «Medicare Part D» qui s’élève à 103 milliards de dollars.
Ces chiffres montrent que dans ces états, des personnes se tournent vers la consommation de cannabis pour des maux allant de simples douleurs à des troubles du sommeil.
Bien que la marijuana soit utilisée comme plante médicinale depuis le Moyen-Âge, elle fait l’objet de politiques répressives dans de nombreuse parties du globe pour qui la possède, la consomme ou la revend quelqu’en soit sa forme.
D’un autre côté les entreprises pharmaceutiques ne produisent pas que des médicaments non-nocifs. En 2014, ce sont 25760 personnes qui sont décédées des suites d’overdoses dues à des prescriptions de certains médicaments tels que le Valium, d’après le centre de contrôle des maladies. Elles ont en tout cas fait tout ce qui est en leur pouvoir pour protéger leurs produits «chimiques» et ainsi leurs revenus, face au cannabis et ses vertus naturelles.
Bien que les grandes entreprises mettent en avant que la légalisation du cannabis est la porte ouverte à davantage de criminalité, de délinquance juvénile et aux addictions, c’est bien leurs profits qu’elles veulent protéger. Et jusqu’à présent la recherche scientifique a mis en avant que sa consommation à but médicinale est bon pour la santé et que les consommateurs arrivent toujours à se procurer des plantes à bases marijuana afin de contourner la prise de médicaments plus classiques.
Auteur : Fabien
Le serpent de mer du débat sur la dépénalisation du cannabis, voire sa légalisation, resurgit en France. En Europe, certains pays ont fait le choix d'une politique moins répressive
Le débat sur l'évolution de la législation sur le cannabis qui divise profondément l'opinion publique et les politiques, se rallume régulièrement dans l'Hexagone, notamment à la veille des grands rendez-vous électoraux.
Rien d'étonnant à ce que, à huit mois de la présidentielle de 2017 la question revienne sur la table, par l'intermédiaire de deux candidats aux primaires, Benoît Hamon (PS) favorable à la légalisation du produit, et Nathalie Kosciusko-Morizet (LR) qui se prononce pour sa dépénalisation.
L'échec de la répression à la Française
Alors qu'un certain nombre de pays dans le monde et en Europe se sont engagés dans la voie de la décriminalisation, en réponse aux difficultés de la lutte antidrogue, à la hausse de la consommation et au développement de l'économie parallèle générée par le commerce illicite des stupéfiants, la France, elle, a opté pour une répression accrue. Sans grand succès toutefois. Un constat d'échec objectif, largement partagé par les Français.
"Drogues douces" et "drogues dures"
Si la législation concernant le trafic de drogue est sévère partout en Europe, conformément aux conventions internationales, elle diffère pour l'usage : certains pays distinguent "drogues légères" ou "douces", comme le cannabis, et "drogues dures" (héroïne, cocaïnes, ecstasy, hallucinogènes, psychostimulants...). D'autres non. Quelle différence y a t-il entre dépénalisation et légalisation ? Quels sont les pays européens qui ont dépénalisé l'usage du cannabis ces dernières années ? Le point.
1. Dépénalisation, légalisation : quelle différence ?
Les conventions internationales prévoient que la consommation des stupéfiants doit rester interdite, mais que les pays ont le choix des sanctions de l'usage.
►La dépénalisation ou la décriminalisation consiste à retirer à l'usage ou à la détention de cannabis son caractère pénal. Si l'interdit perdure, il n'y a pas d'incarcération pour simple consommation de drogue.
►La légalisation, actuellement contraire aux règles internationales, consiste à lever l'interdit de l'usage de cannabis, et à organiser sa production et sa distribution. L'Etat se substitue au marché clandestin pour réguler l'offre en excluant certains consommateurs, comme les mineurs.
2. Les 16 pays européens où le cannabis est illégal
Comme la France, l'Autriche, la Bulgarie, Chypre, la Grèce, la Hongrie, le Royaume-Uni, l'Irlande, le Luxembourg, Malte, la Norvège, la Pologne, la Serbie, la Slovaquie, la Slovénie et la Suède, considèrent l'usage simple de drogue, y compris le cannabis, comme une infraction pénale. Dans ces pays, la possession de drogue constitue toujours un crime, même si elle n'entraîne pas toujours la prison.
►Que prévoit la loi française ?
La loi destinée à lutter contre la drogue, promulguée depuis le 31 décembre 1970, et reprise par l'article L.3421-1 du Code de la santé publique, pénalise l'usage et le trafic de tous les stupéfiants. La consommation est un délit pénal, passible de 3 750 euros d'amende. Cette interdiction concerne aussi bien l'usage public que l'usage privé et elle ne fait aucune différence entre les drogues.
Qu'il s'agisse de cannabis ou d'héroïne, les peines encourues pour usage illicite de stupéfiants sont les mêmes et peuvent aller jusqu'à un an d'emprisonnement. Ces mesures parmi les plus répressives en Europe, sont insuffisantes pour sortir d'une impasse sanitaire et sécuritaire.
D'après les chiffres de l'Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ), le nombre d'interpellations pour usage simple est passé de 25 000 à 150 000 entre 1990 et 2008, alors que les interpellations pour trafic et usage-revente sont restées stables depuis 1990.
Selon l'agence nationale Santé publique France, 700 000 Français fument du cannabis tous les jours et 1,4 millions d'entre eux fument au moins 10 joints par mois. Le durcissement de la réponse pénale engagée sous Nicolas Sarkozy depuis 2002, n'a réduit ni le trafic de drogue, ni sa consommation.
Toutefois, la France n'est pas le pays de l'Union européenne le plus sévère. A Chypre, la possession de cannabis peut être punie de huit ans de prison, et sa consommation valoir une peine d'emprisonnement à perpétuité.
3. Les 12 pays où le cannabis est dépénalisé
L'Allemagne, la République tchèque, la Belgique, le Danemark, l'Italie, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, la Croatie, le Portugal et la Slovénie, ne tolèrent pas le cannabis. Mais, dans ces douze pays, les amendes prévues sont plus légères et les législations font la différence entre drogues "légères" et "dures".
A titre d'exemple, l'Allemagne a un régime assez particulier de prohibition, qui en fait le pays le plus laxiste malgré l'interdiction de possession. Le cannabis à des fins thérapeutiques pourrait être autorisé outre-Rhin dès 2017. .Au Danemark, l'usage de drogues n'est pas considéré comme une infraction criminelle, et ne fait l'objet d'aucune loi. Cependant, la possession de drogues est illégale et passible d'un maximum de deux ans d'emprisonnement.
Depuis 2010, la République tchèque a adopté une nouvelle loi qui dépénalise la possession de produits stupéfiants en petite quantité.
►Le Portugal, pays pionnier
Dès 2001, le Portugal est devenu le premier pays européen à décriminaliser l'usage personnel de toutes les drogues. Toutefois, si la consommation de cannabis est autorisée, sa culture est toujours considérée comme un délit, même si elle est destinée à un usage personnel. La vente est également prohibée. Le bilan de la loi portugaise est positif : si la consommation de drogue a légèrement augmenté chez les adultes, elle a nettement régressé chez les jeunes.
►L'Italie sera-t'elle le premier pays européen à légaliser le cannabis ?
L'Italie interdit toute possession de drogue, mais prévoit des peines différentes pour la possession à usage personnel et le trafic (au-delà de 5 grammes de cannabis). Elle pourrait devenir le premier pays de l'Union européenne et le second au monde après l'Uruguay, en 2013, à franchir le pas de la légalisation, si elle vote le projet de loi porté par 218 parlementaires sur la légalisation de la consommation, de la détention et de de l'autoproduction de cannabis, à l'étude au Parlement depuis le 25 juillet 2016.4. Les 2 pays où le cannabis est toléré
Aucun pays européen ne légalise la possession de cannabis. Deux d'entre eux la tolèrent et l'encadrent.
De l'autre côté des Pyrénées, en Espagne, la culture du cannabis sur une propriété privée et à destination d'une consommation personnelle, et la consommation par des adultes dans un espace privé sont légales.
Il existe d'ailleurs plus de 500 cannabis clubs privés, les «Cannabis social clubs». équivalents des clubs de cigare, dont 300 à Barcelone, surnommée la "nouvelle Amsterdam" par less touristes, et une cinquantaine au Pays basque. Outre Bidassoa, Irún accueille d'ailleurs depuis cinq ans Expogrow, une grande foire expo dédiée à la marijuana. L'achat ou la vente de cannabis sont en revanche toujours illégaux et peuvent être sanctionnés par de la prison.
Mises en places pour casser les réseaux clandestins et réinsérer les jeunes qui y entraient, les lois hollandaises ont abouti à la tolérance, en 1976.
La différence entre la Hollande et les autres pays est que, s'il est interdit de cultiver la plante qui reste illégale, la vente et la consommation de cannabis sont tolérées dans les "coffeeshops", pour les touristes comme pour les locaux. A condition, toutefois, que la quantité ne dépasse pas 5 grammes.
De même, la police tolère que les citoyens aient une petite quantité sur eux. Ce système de compromis à deux niveaux permet donc aux Hollandais de respecter l'essence des traités internationaux mais, selon certains experts, il encourage l'économie souterraine du marché de la drogue.
DEPENALISATION : QUI EST POUR ? QUI EST CONTRE ?
Selon un sondage Ipsos publié le 10 octobre 2016, 50% des Français se disent favorables à une autorisation de la consommation sous conditions (interdiction aux mineurs, notamment), 49% s'y opposent.
En France, certains élus écologistes et de gauche, comme Stéphane Gatignon (Parti écologiste) et Daniel Vaillant (PS), depuis 2001, défendent une légalisation contrôlée, pour réguler la production de haschich afin de tuer l'économie parallèle du trafic de la drogue et d'assécher les activités mafieuses de quelques 100 000 personnes.
Un rapport interministériel préconisant le recours à l’amende pour l’usage de cannabis, remis à Manuel Valls en octobre 2015, est resté lettre morte. Le club de réflexion Terra Nova, classé à gauche, avait alors proposé de légaliser le cannabis en l'encadrant comme les jeux en ligne, en créant notamment une Autorité de régulation du cannabis, calquée sur l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel).
►LES POUR
Parmi les personnalités politiques qui se disent favorables à une levée de l'interdiction : Cécile Duflot (EELV), Benoît Hamon (PS, qui défend la légalisation), Nathalie Kosciusko-Morizet (LR, qui défend la dépénalisation), Jean-Christophe Lagarde (UDI), Pierre Laurent (PCF), Daniel Vaillant (PS)...
►LES CONTRE
La ministre de la Santé, Marisol Touraine (PS), Arnaud Montebourg (PS), Jean-François Coppé (LR), Marie Le Pen (FN), Nicolas Sarkozy (LR), s'y opposent. Alain Juppé, candidat favori à la primaire de la droite, y est "radicalement hostile" :
La question de la conduite après usage de stupéfiants est souvent absente du débat sur la dépénalisation du cannabis. Le gouvernement vient pourtant de muscler, cet été, le dispositif de lutte contre les stupéfiants au volant.
Les explications de Me Jean-Baptiste le Dall.
La chose peut paraître surprenante, mais la législation sur les stupéfiants au volant n’est pas si ancienne que cela et ne remonte qu’à 2003 ! Sans aller jusqu’à dire qu’un conducteur avec une pleine pharmacie dans les veines pouvait poursuivre tranquillement son chemin après un contrôle alors que celui qui avait bu une bière de trop se voyait retirer le permis, la justice manquait clairement d’un texte adapté. L’oubli a été corrigé dès 2003 avec un délit de conduite après usage de stupéfiants.
Au départ, le texte a été appliqué avec discernement par les juridictions pénales, jusqu’à ce que la Cour de cassation vienne rappeler que l’infraction prévue et réprimée par le Code de la route n’est pas un délit de conduite sous l’influence de produits stupéfiants mais celui de conduite après usage de produits stupéfiants. Et la nuance est de taille. Explications.
Cannabis : de simples traces suffisent pour être condamné
Pour le cannabis, il est parfaitement possible pour un laboratoire de retrouver des traces ou des métabolites du produit plusieurs jours après la consommation. Clairement le consommateur n’est plus, depuis bien longtemps, sous l’influence du THC, pour autant, en cas de contrôle routier, les analyses toxicologiques risquent de le conduire droit au tribunal correctionnel.
Pour le conducteur fumeur, plus ou moins occasionnel, la mésaventure risque fort de se traduire par une suspension provisoire immédiate du permis de conduire. Cette mesure administrative qui émane du préfet est prise sur la base de grilles faisant correspondre une infraction à un nombre plus ou moins important de mois de suspension. En matière de stupéfiants au volant, la suspension provisoire est souvent de quatre ou six mois sans prise en compte des taux constatés sur le conducteur.
Pas de taux mais des sanctions parfois très lourdes
La grande différence entre l’alcool et les stupéfiants en matière de conduite, c’est qu’il n’existe pas de taux pour ces derniers. Un conducteur ayant bu quelques verres d’alcool pourra avoir un taux lui permettant de prendre le volant en toute légalité, un taux contraventionnel qui lui vaudra une amende forfaitaire de 135 euros, ou un taux délictuel qui entrainera privation de permis de conduire et passage par la case tribunal.
En matière de stupéfiants, et notamment de cannabis –car c’est le produit le plus consommé –rien de tout cela, d’infimes traces feront d’un conducteur lambda un délinquant. A la clé, suspension de permis de conduire, amende, retrait de six points sur le permis de conduire, inscription au casier judiciaire….
Les conséquences peuvent s’avérer bien lourdes pour un jeune automobiliste qui aura partagé un « joint » avec des amis lors d’une soirée deux jours avant de prendre le volant et de se faire contrôler…
La sévérité du dispositif législatif a souvent été dénoncée, mais il sera rappelé que contrairement à l’alcool, les produits stupéfiants ne font l’objet d’aucune information sur le dosage de la substance consommée, que des effets secondaires peuvent survenir longtemps après la consommation et surtout que la consommation de produits stupéfiants, même du cannabis, demeure interdite en France.
Ce qui va changer : l'arrivée du prélèvement salivaire
Un décret publié au Journal officiel le 24 août 2016, dont les arrêtés d'applicaiton sont attendus d'ici à la fin de l'année, va permettre une plus grande efficacité sur le terrain. Au départ la lutte contre les stupéfiants au volant s’est avérée compliquée à mettre en œuvre avec le recours obligatoire aux prélèvements sanguins tant au stade du dépistage qu’à celui de l’analyse.
On le comprend, immédiatement, un prélèvement de sang n’est pas une opération que l’on pratique à l’arrière d’un fourgon de police ou sur le capot du véhicule du conducteur. Résultat : des allers et venues en perspective pour les forces de l’ordre et une perte de temps considérable.
Les choses avaient déjà été simplifiées avec l’arrivée des kits de dépistage salivaires. Ce kit permet d’avoir une première indication qui sera confirmée ou non par un laboratoire. Jusqu’à présent ce laboratoire travaillait sur un prélèvement sanguin. Tel ne sera plus le cas demain avec l’arrivée du prélèvement salivaire.
Une révision à la baisse des droits des justiciables
Qu’il s’agisse de l’alcool ou des stupéfiants, le principe est celui d’un droit à une nouvelle expertise. C’est le fameux droit au "second souffle" pour les contrôles d’alcoolémie opérés par éthylomètre. C’est la même chose pour les stupéfiants. Jusqu’à présent la procédure était assez simple, le prélèvement sanguin opéré en cas dépistage positif était réparti dans deux flacons. Dans le cas où le conducteur sollicitait la contre-expertise, le second flacon était ressorti pour analyse.
Avec le prélèvement salivaire, le gouvernement donne moins de droits aux conducteurs contrôlés. La contre-expertise ne sera, à l’avenir, possible que si le conducteur la demande immédiatement. Au lieu de prévoir directement un double prélèvement salivaire, le gouvernement a préféré ne prévoir qu’un unique prélèvement salivaire tout en proposant à l’intéressé un prélèvement sanguin pour se préserver la possibilité de demander ultérieurement la contre-expertise.
Ainsi ,lorsque les taux relevés par le laboratoire sur le prélèvement salivaire seront notifiés à l’intéressé, il lui sera proposé une contre-expertise mais uniquement s’il a demandé le prélèvement sanguin lors du contrôle.
On imagine bien que peu de conducteurs solliciteront ce prélèvement sanguin, avec des agents qui leur expliqueront qu’une telle démarche est bien sûr possible mais qu’ils devront patienter des heures ou toute une nuit dans les couloirs d’un hôpital pour attendre qu’un médecin puisse les prendre en charge.
Le conducteur qui, de toute bonne foi, pensait que l’analyse ne révèlerait que d’infimes traces de cannabis et se verra notifier des résultats indiquant, par exemple, une consommation importante de cocaïne, d’héroïne, de GHB et de la dernière drogue de synthèse à la mode ne pourra plus demander une contre analyse.
Maître le Dall, docteur en droit et vice-président de l'Automobile club des avocats intervient sur son blog et sur lci.fr.
Depuis près de 50 ans, tout ce qui touche à ce que l’on appelle les produits stupéfiants est régi en France par la loi 70-1320 du 31 décembre 1970. Un demi-siècle après, avec donc suffisamment de recul pour en apprécier l’efficacité, on ne peut que constater sa totale inefficacité.
La France est bonnet d’âne de l’Europe en matière de prévalence cannabique (nombre de personnes rapportées à une base 100 ayant consommé le produit), dans toutes les tranches d’âge, et particulièrement chez les plus jeunes. Ce qui pose un réel problème de santé publique, puisqu’il est démontré que le cannabis est dangereux sur des cerveaux en formation, en gros pour la plupart des personnes, jusqu’à 20 ans.
Pire, cette pénalisation du cannabis a induit plusieurs effets pervers. Le premier est une (sur)occupation des forces de police pour des crimes sans victimes, qui ne sont donc pas affectés à des tâches qui peuvent sembler plus prioritaires. Cet engorgement se poursuit dans les palais de justices (à titre d’exemple en 2014, 180000 dossiers concernant la détention ou l’usage de produits stupéfiants ont été transmis au parquet, la plupart du temps pour une boulette au fond de la poche.
Enfin, la pénalisation de l’usage du cannabis permet surtout aux politiques et fins experts en statistiques du ministère de l’intérieur de tenir un outil d’affinage des chiffres. Un quidam arrêté avec une boulette sur lui, c’est une infraction constatée, une infraction résolue, et donc un taux de réussite de 100%. Ce qui est très chic dans les Powerpoint pour le ministre et l’opinion publique. Pourtant, personne ou presque dans nos parlementaires n’ose remettre en cause cette loi de 1970.
Un sondage paru lundi 10 octobre montre montre pourtant que l’opinion publique, elle, change. 84 % des interrogés font le même constat : cette loi ne marche pas, elle n’empêche ni la consommation (croissante) ni le trafic (en conséquence), et elle coûte cher (environ 500 millions€ par an tout compris selon plusieurs sources). Alors que de part le monde certains pays ont déjà révolutionné avec succès leur approche répressive, pourquoi la France est-elle à la traine sur ce sujet ?
Esther Benbassa, sénatrice EELV, organisait ce lundi 10 octobre un colloque au Sénat avec des experts venus du monde entier (universitaires, médecins addictologues, policiers, juges…) pour faire le point sur cette question. On y était, et c’était passionnant !
Par Christophe Tisseyre , Vincent Massot, Anna Guillerm, Didier Mariani
Le sondage IPSOS : les français et le cannabis
Nous avons sous le nez la Hollande, où la vente libre ne pose aucun problème. Il n’y a pas davantage de drogués là-bas qu’ici.
Sur BFM TV, c’est impératif : à la suite d’une info importante, les journalistes doivent trouver des moyens de meubler l’antenne. Les événements de Viry-Châtillon suscitaient donc un débat sur le thème inusable de la légalisation du cannabis qui mettrait donc un terme – peut-être, c’est pas sûr – à l’agitation criminelle de la racaille de banlieue.
Pour en discuter, deux policiers, messieurs Nicolas Comte (SGP Police) et Fabien Vanhemelrick (Alliance police nationale) font face à une députée EELV, Éva Sas, étonnamment peu hystérique sur le sujet, alors que ses consœurs cassent à chaque fois le mobilier dès que leur interlocuteur les contredit, d’où l’obligation, pour le personnel de BFM, de remeubler l’antenne…
Mais passons aux choses sérieuses : le fameux report de délinquance défendu par les policiers qui sont très pessimistes quant aux retombées bénéfiques de la vente libre sur l’humeur des incendiaires.
Ce en quoi ils n’ont, à mon humble avis, que partiellement raison. Trafiquer du « shit » est une activité de tout repos, sans risque ou presque, très rentable, avec des clients pas compliqués, nombreux… Contrairement à ce qu’affirment les deux représentants de la loi, le recyclage du personnel vers d’autres activités frauduleuses poserait de graves problèmes à la sphère racailleuse. Les braquages de banques ou trafics de cocaïne vers lesquels les ex-dealers se précipiteraient, selon les policiers, paraissent peu réalistes. Compliqué pour l’un, créneau minuscule et déjà pris pour l’autre…
Bref, notre marchand de plantes prohibées se retrouverait fort dépourvu si la légalisation survenait… Nous savons que l’arrêt de la prohibition aux États-Unis a mis un terme à la guerre des gangs… S’imaginer que l’interdiction d’un produit aux vertus plus ou moins hallucinatoires restreint sa consommation est un leurre. Elle la freine un peu, tout au plus. Ce « un peu » mérite-t-il tout ce déploiement policier ?
Par ailleurs, la drogue dure de l’État est la rentrée fiscale.
Celle générée par ce nouveau commerce lui fournirait une dose supplémentaire… Roulé dans une feuille d’impôt, le cannabis procure au fonctionnaire de Bercy des hallucinations paradisiaques. Puis passons à l’argument de la toxicité du produit. Tabac : 70.000 morts chaque année. Alcool : 49.000 (en France). Au nom de quelle drôle de morale est-il convenable que ces deux produits soient en vente libre et pas le cannabis, qui ne présente aucune dangerosité supplémentaire ?
Quoi qu’il arrive, ceux qui veulent en consommer en consomment. S’en procurer est simple comme bonjour… En quel honneur faudrait-il laisser les bénéfices de ce commerce juteux à des petites frappes qui, dans certains cas, investissent cet argent dans l’achat d’armes et autres voyages en Syrie ? Le cannabis est l’un des moteurs financiers du djihadisme de banlieue. Pourquoi continuer ?
Enfin, nous avons sous le nez l’exemple de la Hollande, où la vente libre ne pose strictement aucun problème. Selon toutes les études, il n’y a pas davantage de drogués là-bas qu’ici. Et peut-être même moins, selon certaines observations. Malgré cette mesure prétendument décadente, les rues d’Amsterdam sont plus sûres que les rues parisiennes.
En résumé, c’est la mort dans l’âme qu’il faut convenir que, sur cette affaire de légalisation, la gauche, pour une fois, a raison.
PS : article rédigé par un non-consommateur de cannabis.
Ethan Nadelmann, l'un des pionniers américains de la dépénalisation du chanvre, est de passage au bout du lac.
Du cannabis en vente libre au Colorado, aux Etats-Unis, en août 2016.
(photo: Keystone/AP/Brennan Linsley)
L'Etat du Colorado, aux Etats-Unis, a légalisé le cannabis en 2014. Ethan Nadelmann, figure américaine du mouvement pour la dépénalisation de cette drogue douce, s'exprimera jeudi à Genève, à la Maison de la paix. Il a tiré dans «Le Temps» un premier bilan de cette expérience. Selon lui, les mineurs ne consomment pas plus de marijuana depuis qu'elle est en vente libre. En revanche, une hausse est observée chez les adultes entre 40 et 70 ans. Ils s'y intéressent à nouveau alors que le marché noir les rebutait.
Les effets et risques du cannabis
Sur son site, Addiction Suisse rappelle qu'à court terme et à faible dose, la consommation de cannabis peut entraîner un sentiment d'apaisement. Mais un usage à long terme, met en garde Addiction Suisse, peut amener des problèmes psychiques (p.ex. psychose) et physiques (p.ex. des effets négatifs sur les systèmes respiratoire et cardiovasculaire).
Il ajoute que «les frontières entre l'usage récréatif et médical se brouillent». L'herbe remplace parfois les somnifères, mais aussi le verre pour se détendre après le travail. D'une manière générale, «le cannabis se substitue de plus en plus à la consommation d'alcool, plus dangereuse», indique Ethan Nadelmann. Il observe encore que, dans les Etats où il est légal, le nombre d'overdoses d'héroïne a chuté. «Il semble qu'il y ait un remplacement des opiacés par la marijuana.»
Entretien avec le pionnier américain de la légalisation du cannabis Ethan Nadelmann. Pour lui, la Suisse a toujours su inventer des politiques publiques innovantes en matière de consommation de stupéfiants
Le chantre américain de la légalisation du cannabis Ethan Nadelmann est de passage à Genève ce jeudi à la Maison de la Paix pour parler drogue, invité par le Global Health Centre et le Groupement Romand d’Etudes des Addictions (GREA). Directeur de la Drug Policy Alliance, ancien professeur à Princeton, il est devenu l’une des figures tutélaires du mouvement pour une réforme des politiques en matière de stupéfiants. L’histoire montre que l’innovation, en Suisse comme aux Etats-Unis, commence au niveau local, dit-il.
Le Temps: Le 8 novembre, les Américains choisiront entre Hillary Clinton et Donald Trump et la Californie votera aussi sur la légalisation du cannabis. Il y a plusieurs années, cette idée avait déjà été rejetée dans les urnes. Pensez-vous que les opinions aient changé entre-temps?
Ethan Nadelmann: Oui, 60% de la population dans cet Etat est favorable à une légalisation, je m’attends donc à ce que la nouvelle loi, beaucoup plus élaborée, soit acceptée. Ce n’est d’ailleurs pas le seul Etat à se prononcer sur cette question ce jour-là. Il y aura aussi le Nevada, l’Arizona, le Maine et le Massasuchetts. Au moins trois autres Etats décideront quant à eux s’ils autorisent le cannabis médical.
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- Pourquoi n’y a-t-il pas une loi fédérale, aux Etats-Unis, pour légaliser le cannabis?
- Le Congrès est le dernier endroit où se produisent les changements. C’était pareil du temps de la prohibition de l’alcool. Aux Etats-Unis, l’impulsion survient d’abord au niveau local, comme en Suisse d’ailleurs, où plusieurs villes souhaitent reprendre le débat sur la légalisation du cannabis. La Suisse a déjà joué un rôle de pionnier dans sa politique de réduction des risques en étant la première à ouvrir des salles d’injection et à autoriser la prescription d’héroïne. Elle a une vraie tradition d’innovation.
- Quelles leçons tirez-vous, depuis que le Colorado a initié le mouvement en 2014?
- Nous ne constatons pas d’augmentation de la consommation des mineurs (jusqu’à 21 ans) en partie parce que pour eux, le cannabis reste interdit. En revanche, nous observons une hausse auprès des adultes, entre 40 et 70 ans. Pour la première fois, on constate que davantage de parents que d’adolescents fument des joints aux Etats-Unis.
Jusqu’ici, c’était surtout les jeunes qui avaient accès au produit: ils ont toujours su comment se procurer du cannabis sur le marché noir. Maintenant que la marijuana peut se trouver en magasin, des adultes réticents à acheter un produit sur le marché illégal ont commencé à s’y intéresser.
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- Observez-vous l’émergence de nouveaux usages liés à la consommation de cannabis?
- Avant, fumer de la marijuana était associé à un acte rebelle, on roulait des joints en cachette. Là où il est devenu légal aujourd’hui, le cannabis est plutôt consommé par vaporisation ou sous forme de produits alimentaires. On se soucie davantage de sa saveur ou de sa qualité, de savoir s’il est bio ou non. Il peut être utilisé pour des raisons médicales, pour clamer des douleurs liées à une maladie chronique, par exemple, ou occasionnellement pour le plaisir.
Mais nous constatons que les frontières entre l’usage récréatif et l’usage médical du chanvre se brouillent. Certains consommateurs décident de substituer l’herbe aux somnifères. D’autres, pour se détendre en rentrant du travail, préféreront tirer sur un joint plutôt que de boire un verre de whiskey. Nous observons d’ailleurs que le cannabis se substitue de plus en plus à une consommation d’alcool, plus dangereuse.
- A-t-on une meilleure connaissance des risques de la marijuana?
- On connaît déjà la marijuana depuis des années, on sait que c’est une drogue et qu’en tant que telle, elle peut être utilisée en toute sécurité, ou non. Pour la plupart des usagers, elle ne pose pas de problème. Personne ne meurt d’overdose de cannabis. Les Etats-Unis ont en revanche un problème avec l’héroïne: la mort par overdose est devenue l’une des premières causes de mortalité dans notre pays. Or, dans les Etats qui ont légalisé le cannabis, nous enregistrons les baisses les plus drastiques des taux de mortalité par abus d’héroïne. Il semble qu’il y ait aussi un remplacement des opiacés par la marijuana.
- Lorsqu’on voit le marché qui se développe autour du cannabis, ne redoutez-vous pas que les intérêts financiers l’emportent sur les questions de santé publique?
- Les risques d’excès d’une industrie légale existent, mais ils sont moindres que ceux d’une industrie illégale. Je constate que la loi impose un cadre suffisamment strict et que les entreprises actives sur ce marché se montrent plutôt responsables, contrairement aux narcotrafiquants. Même s’il y a des problèmes avec la régulation, la société se portera toujours mieux avec une régulation imparfaite qu’avec un système de prohibition.
- Le débat sur la légalisation du cannabis agite aussi la France et la Suisse, deux pays que vous visitez en ce moment… en quoi pensez-vous qu’il soit influencé par les expériences américaines?
- Le modèle américain de légalisation du cannabis est propre aux Etats-Unis. Nous sommes la société capitaliste la plus dynamique du monde, c’est pourquoi nous avons opté pour un système de légalisation libéral, qui reflète notre culture. Les pays européens auront leurs propres modèles. Je viens de passer au Sénat, à Paris, et j’ai l’impression que la plupart des politiciens français ne veulent pas parler de cela. Pourtant, il y a une tendance de fond vers une réforme. Le Canada veut légaliser la marijuana, la République tchèque ou l’Espagne y songent.
- La guerre à la drogue a commencé aux Etats-Unis et c’est pourtant des Etats américains que vient l’impulsion d’un changement, comment expliquer ce paradoxe?
- L’impulsion vient de la société civile mais le changement n’aurait pas été possible si des Etats n’avaient pas commencé par légaliser le cannabis médical dès 1996. Dès lors, le regard de la population sur les consommateurs de marijuana a commencé à évoluer. Nous avons eu trois présidents successifs qui ont admis avoir consommé du cannabis dans leurs jeunesses: Bill Clinton, Georges Bush et Barak Obama, cela a aussi joué un rôle.
- Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer dans ce combat?
- Pour moi, il ne s’agissait pas seulement de marijuana, mais de l’ensemble des dommages créés par la guerre contre la drogue. La criminalisation de l’usage des drogues a des effets néfastes sur la santé publique, sur les politiques fiscales et conduit à des violations massives des droits humains.
Ma réflexion a commencé au collège, lorsque j’avais 18 ans et que je fumais. Je me suis demandé pourquoi je risquais de me faire arrêter pour un joint alors que si je buvais de l’alcool, un produit bien plus dangereux, je n’allais pas être inquiété. Puis en tant qu’enseignant à Princeton, je me suis intéressé au fossé gigantesque entre nos connaissances scientifiques et les politiques publiques. C’est fascinant.
- Avez-vous continué à fumer des joints?
- Je n’ai jamais été un consommateur quotidien, mais j’en prends de temps en temps.
- Pensez-vous qu’il faut appliquer le même raisonnement à toutes les drogues et les légaliser?
- Non. Avec le cannabis, la meilleure politique est la légalisation. Avec l’héroïne, la Suisse a un excellent modèle: la réduction des risques. Je ne pense pas que nous devrions pouvoir consommer de l’héroïne comme nous buvons de l’alcool… La politique dépend du type de drogue. Le but des réformes en la matière est de s’éloigner de la criminalisation pour améliorer la santé publique.
- Quel sera l’impact de l’élection américaine sur la politique de drogue?
- Si Hillary Clinton est élue, elle a déjà dit qu’elle comptait suivre la ligne tracée par Barack Obama et permettre aux Etats de légaliser le cannabis. Avec Donald Trump, c’est impossible à dire, on ne sait jamais ce qu’il pense ou ce qu’il croit. Son entourage est plutôt anti-marijuana, je me ferais donc davantage de souci. Mais de toute façon, s’il est élu, ce sera un cauchemar pour les Etats-Unis et le reste du monde.
Benoît Hamon, candidat à la primaire de la gauche pour la présidentielle de 2017, était, lundi 10 octobre, l'invité de franceinfo. Le député PS des Yvelines prône la légalisation du cannabis pour mettre fin à l'hyper-violence dans certains quartiers.
Benoit Hamon, candidat à la primaire du PS, ancien ministre et député socialiste des Yvelines
(Jean-Christophe Bourdillat / Radio France)
Benoît Hamon, invité de franceinfo lundi 10 octobre, a réagi à l'agression de quatre policiers près du quartier de la Grande Borne, à Viry-Châtillon samedi 8 octobre. Pour le candidat à la primaire socialiste pour la présidentielle 2017, la seule façon de ramener l'ordre est de s'attaquer "à la vraie gangrène, l'économie du cannabis".
Pour le député PS des Yvelines, c'est "un peu la loi de la jungle dans des territoires où l'économie du cannabis règne, où l'économie parallèle règne". "Ces territoires ont beaucoup de mal à lutter contre le poids de ces bandes et de ces trafics", a-t-il ajouté. Selon l'ancien ministre de l'Education nationale, la véritable cause de cette hyper-violence dans certains quartiers est due à la prohibition du cannabis, qu'il veut lever : "Je pense qu'il va falloir qu'on s'attaque à la vraie gangrène : l'économie du cannabis. [...] Ma position, c'est la légalisation du cannabis, [...] de façon à ce que demain nous puissions tuer ces trafics."
Benoît Hamon a estimé qu'il ne peut pas y avoir de solution à long terme sans s'attaquer à ce problème. "Quand vous avez des jeunes qui ne respectent plus rien, pas plus leur famille que l'État et qui agissent comme ça, ça ne se règlera pas par deux escadrons de CRS. Regardons ce qui fait que ces bandes prospèrent dans ces quartiers : c'est l'économie du cannabis", a martelé Benoît Hamon sur franceinfo.
Le député PS des Yvelines s'est dit en faveur d'une reformation de la police de proximité car, selon lui, la situation actuelle, une "forme de détestation entre la police et une partie de la jeunesse" est due en partie à sa suppression, voulue par Nicolas Sarkozy dès son arrivée au ministère de l'Intérieur, en 2002. "Si nous avions gardé des îlotiers sur ces territoires, il y aurait une relation complètement différente dans ces quartiers", a affirmé Benoît Hamon.
Une police à pied qui n'est pas là "juste pour interpeller"
Pour le candidat à la primaire socialiste pour la présidentielle, il faut "plus d'État ordinaire" dans ces quartiers. Benoît Hamon aimerait que la police n'y soit pas "juste pour interpeller ou pour faire un flagrant délit." Selon lui, les policiers devraient aussi pouvoir y faire "une patrouille à pied, dans un quartier où les gens aspirent à une vie normale", ce qui passe, selon lui, par la fin préalable des trafics liés au cannabis.
Retrouvez l'interview, en intégralité, de Benoît Hamon sur franceinfo :