Quels effets sur la santé d’une éventuelle légalisation du cannabis en France ?
Par mrpolo, dans Ce que nous avons retenu...,

Alors que quatre candidats à la primaire à gauche souhaitent légaliser le cannabis, « 20 Minutes » a demandé à trois spécialistes leur avis sur la question…
 
 

Marseille, le 21 octobre 2012 - Illustration sur la culture du cannabis - P.MAGNIEN / 20 MINUTES


 
Bientôt des bars à joints à Paris ? Renoncer à la pénalisation du cannabis, vieux serpent de mer, fait son retour sur le devant des débats avec la primaire de la gauche. Benoît Hamon, Sylvia Pinel, Jean-Luc Bennahmias et François de Rugy plaident pour une légalisation de cette drogue. Et jeudi dernier, onze députés ont déposé une proposition de loi pour une légalisation du cannabis.
 
A différencier de la dépénalisation, mise en place au Portugal et Pays-Bas : la consommation est autorisée, mais la production et la vente restent interdites. Au-delà des arguments sécuritaires ou économiques, 20 Minutes a tenté d’imaginer les effets sur la santé des Français d’une éventuelle légalisation du cannabis.
 
Sortir du tabou
 
La France est la championne d’Europe de la consommation de cannabis :environ un tiers des Français a déjà consommé cette drogue pourtant illicite, selon l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. La preuve, pour de nombreux observateurs, que le tout répressif a échoué. « Aujourd’hui, un collégien peut se procurer du cannabis avec une simplicité absolue », résume Bertrand Dautzenberg, pneumologue favorable à la légalisation.
 
Depuis la loi Evin de 1991, les ventes de cigarettes ont baissé de 50 %, celles d’alcool de 25 %… Et les ventes de cannabis ont augmenté de 20 % ! »
 
Pour beaucoup d’observateurs, légaliser permettrait de sortir de l’hypocrisie à l’école, en entreprise, dans les familles. « Aujourd’hui, l’éducation au cannabis, c’est une visite de gendarme au collège pour expliquer que l’herbe c’est comme l’héroïne : vous êtes un délinquant si vous consommez », renchérit Renaud Colson, professeur de droit à l’université de Nantes et co-auteur de Les Drogues face au droit.
 
Un manque de nuance qui ne permet pas d’aborder les réels risques. Et le message est brouillé : celui qui fume du cannabis risque un an de prison… sur le papier. « Puisque la loi est inappliquée et inapplicable, le message éducatif reste inaudible. »
 
Une baisse du nombre de consommateurs ?
 
Selon le rapport de la commission mondiale pour la politique des drogues de juin 2011, une étude sur le Portugal de 2010 « montre une légère hausse du taux global de l’usage de drogues au Portugal au cours des dix années suivant la décriminalisation, mais cette hausse est comparable à celle d’autres pays similaires où la consommation de drogues est restée pénalisée ».
 
« Les études dans les pays qui ont mené une politique soit de dépénalisation, soit de légalisation du cannabis montrent qu’il n’y a pas de corrélation entre le changement législatif et la consommation, assure Renaud Colson. Si les Français consomment plus de stupéfiants qu’au Portugal, ce n’est pas parce que c’est illégal ! » Une chose est sûre, certains jeunes pourraient se détourner du cannabis s’il devenait légal en raison de la disparition du goût de l’interdit.
 
Une situation impossible à chiffrer. Difficile également d’évaluer combien de néophytes s’y mettraient. Mais l’expert souligne que le vrai problème de santé publique ne concerne pas les fumeurs occasionnels, mais les accros. « Or, une légalisation ne va pas pousser ceux qui ont une consommation excessive à fumer plus. »
 
Des produits contrôlés
 
« Si on légalise sous contrôle de l’Etat, cela garantit une traçabilité et donc un cannabis moins dangereux, plaide Renaud Colson. Alors qu’aujourd’hui personne ne sait ce qu’il consomme. » Selon plusieurs études, l’herbe comme la résine sont de plus en plus chargées en THC et souvent coupées avec des produits parfois dangereux, notamment des microbilles de verre. « Dans tous les pays où le cannabis a été légalisé, les formes les moins toxiques de cette drogue sont arrivées sur le marché », avance Bertrand Dautzenberg.
 
Financer la prévention et l’accompagnement
 
Dans son programme de campagne, Benoît Hamon précise : « J’utiliserai les 568 millions d’euros annuels utilisés pour la répression à des fins de prévention et d’information sur les risques associés à cette consommation. » Plus de moyens pour la prévention, c’est l’argument prioritaire pour Renaud Colson : « Aujourd’hui, seule une part minoritaire des fonds pour la lutte contre la toxicomanie vont à la prévention et l’accompagnement. »
 
Une condition : évaluer
 
Pour l’addictologue Michel Lejoyeux, « la légalisation doit s’appuyer sur des données scientifiques. Le problème, c’est que beaucoup demandent un débat, mais personne ne veut débloquer de fonds pour évaluer dès aujourd’hui combien de personnes consomment de cannabis ? » Pour cet expert, rien ne sert de s’insiprer de l’exemple portugais car les usages ne sont pas les mêmes qu’en France. Il préconise de « dépénaliser dans une ville pilote et de voir les conséquences ».
 
Et le médecin de rappeler les dangers de cette drogue : « Sous prétexte que ça serait bon pour l’économie ou la sécurité, attention à ne pas diffuser un discours pro-cannabis. »
 
Oihana Gabriel
 
Source: 20minutes.fr
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À partir de quand est-on trop défoncé au cannabis pour conduire?
Par mrpolo,
Les fumeurs, réguliers ou pas, gardent le THC dans le sang pendant des jours voire des semaines après avoir fumé alors qu’ils ne sont déjà plus sous l’influence du cannabis depuis longtemps.
 
 

FRANCOIS GUILLOT / AFP


 
S’il est légitime de suspecter l’ivresse d’un conducteur quand on le voit incapable de marcher en ligne droite, les mêmes tests pour déterminer s’il est sous l’emprise du cannabis ne font pas consensus dans la communauté scientifique, selon The Marshall Project.
 
«Peu des outils dont disposent les policiers pour l'alcool existent pour le cannabis», déplore le site d’information.
Si la plupart des études sur le sujet démontrent que la consommation de cannabis n'est pas sans effet sur l’aptitude à être au volant d’une voiture, la perturbation semble comparable à conduire avec un taux d’alcoolémie en dessous de la limite autorisée, d’après The Marshall Project —le risque étant bien plus grand si les deux substances sont combinées.
 
«Le risque d’accident est si minime que l’on peut le comparer à la conduite de nuit», selon Rune Elvik, un scientifique de l’université d’Oslo qui a dirigé plusieurs études sur les risques de la conduite sous l’emprise de drogues.
Fumeur occasionnel ou régulier
 
En France, comme dans la plupart des pays occidentaux, la science et la justice ont établi un lien direct entre le nombre de verres d’alcool, le taux d’alcoolémie dans le sang et le risque d’accident. Mais quand il s’agit du cannabis, les scientifiques ne parviennent pas à déterminer quelle quantité ou quelle concentration il faut pour rendre une personne «défoncée».
 
Le niveau de THC –le tetrahydrocannabinol, le composant moléculaire aux propriétés psychoatives– atteint rapidement son pic après la consommation. Il décline tout aussi rapidement dans les heures qui suivent. Mais les fumeurs, réguliers ou pas, gardent le THC dans le sang pendant des jours voire des semaines après avoir fumé alors qu’ils ne sont déjà plus sous l’influence du cannabis depuis longtemps.
 
 

«Si on arrête quelqu’un qui s’est juste essayé au cannabis ou qui en fume occasionnellement, il y a de grandes chances pour qu’il lui reste un peu de THC dans le sang», affirme Nicholas Lovrich, scientifique à l’université de Washington.


 
Or, ce résidu de THC peut suffire à ce qu’un contrôle tourne à la défaveur du conducteur. Aux États-Unis, où une trentaine d’États ont légalisé l’usage récréatif et/ou médical du cannabis, certains États spécifient un seuil de THC à ne pas dépasser.
 
En France, en cas de contrôle positif au cannabis, sa simple détection au dépistage qualifie l’infraction et ce peu importe le taux de THC dans le sang ou dans les prélèvements salivaires. À la clé, suspension immédiate —mais provisoire– du permis de conduire, retrait de points, amende et inscription du délit au casier judiciaire… Mais à la différence des États d’Amérique du nord précités, la consommation de cannabis est encore strictement interdite sur le territoire français.
 
Repéré par Emeline Amétis
 
Source: slate.fr
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La dépénalisation du cannabis peut-elle ramener l'ordre dans les quartiers sensibles ?
Par mrpolo,
INVITÉS RTL - Stéphane Gatignon, maire de Sevran souhaite sortir de la prohibition, au contraire de Christophe Soullez, directeur de l'Observatoire de la délinquance et des réponses pénales.
 
La dépénalisation du cannabis, un futur thème de campagne ? La proposition est en tout cas présente dans le programme de quatre candidats à la primaire de la gauche : Sylvia Pinel, Benoît Hamon, Jean-Luc Bennahmias et François de Rugy souhaitent tous une légalisation du cannabis. Mais ils sont loin de faire l'unanimité dans leur camp. Mais dépénaliser le cannabis, est-ce réellement un moyen de rétablir l'ordre dans certains quartiers ?
 




 
 
Pour Stéphane Gatignon, maire de Sevran, en Seine-Saint-Denis, "il faut sortir de la prohibition. Il faut légaliser et contrôler la production." Pour lui, on retrouve derrière cette question un problème de "santé publique et économique". La régulation permettrait selon Stéphane Gatignon "de déstructurer la délinquance mais également la forme mafieuse qui prend le pas sur certains de nos territoires".
 
"La fin de la prohibition n'empêchera pas les trafics et la contrebande", réplique Christophe Soullez, opposé à cette légalisation. "Un certain nombre de délinquants iront vers d'autres types de produits beaucoup plus nocifs. N'oublions pas que le cannabis a une substance active dont la concentration ne cesse d'augmenter, et qui est recherchée par les consommateurs", poursuit le directeur de l'Observatoire de la délinquance et des réponses pénales.
 

Je ne pense pas qu'il soit du rôle de l'État de se faire de l'argent sur la santé publique et sur la santé des consommateurs de stupéfiants



Christophe Soullez


 
Christophe Soullez pense que la fin de la prohibition se traduira par d'autres types de trafics de drogues plus dures, avec du cannabis plus dosé en THC. "Je ne pense pas qu'il soit du rôle de l'État de se faire de l'argent sur la santé publique et sur la santé des consommateurs de stupéfiants", ajoute-t-il.
 
En revanche, il n'est "pas contre une évolution de la législation actuelle", qui ne fonctionne pas. "Un consommateur de cannabis n'a pas à être en prison, ce n'est pas sa place. Je suis pour une contraventionnalisation" explique Christophe Soullez, qui veut toucher le consommateur "au porte-feuille".
 
La question de la contraventionnalisation est un "premier pas" pour Stéphane Gatignon. Mais il faut aller plus loin, faire preuve de "courage" selon le maire de Sevran. Mais ne pas se faire d'illusions, rétorque Christophe Soullez. "En légalisant la consommation de cannabis on ne va pas éliminer les trafics", il faut se préoccuper du sort de ceux qui vivent ou survivent grâce aux trafics". Stéphane Gatignon propose pour cela une vision globale. "La sortie de la prohibition doit s'accompagner d'une vision de la formation et de l'emploi".
 
Source: rtl.fr
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Le Brésil autorise la vente de médicament à base de Sativa
Par mrpolo,
Le Brésil pourrait-il s’approcher de la légalisation ? Le Brésil émet une première licence pour la vente d’un médicament à base de cannabis sativa
 
 
 
Alors que la légalisation des drogues reste un tabou au Brésil, l’Agence nationale de surveillance de la santé (Anvisa) a délivré pour la première fois une licence pour un médicament à base de cannabis. Le médicament, Metavyl, a 27 milligrammes de THC et 25 milligrammes de CBD par millilitre. Les deux substances proviennent du cannabis sativa. Toutefois le Brésil est toujours exposé à ses propres contradictions. Ce qui n’exclut pas une hypothétique légalisation dans les temps futurs.
 
Cannabis médical au Brésil
 
Selon Reuters, le médicament sera disponible sous forme de spray oral. Le Metavyl est étudié pour les patients atteint de sclérose en plaques. Toutefois, ce nouveau médicament recevra le « label noir » d’Anvisa. Il s’agit du plus haut niveau de contrôle de médicaments au Brésil. Seuls les adultes qui n’ont pas répondu à d’autres médicaments «traditionnels» peuvent utiliser le Metavyl
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L’huile de chanvre CBD [RSHO] ™ de la société Real Scientific Scientific ™ est approuvée par le gouvernement (Label bleu)


 
Le système judiciaire brésilien a récemment permis aux familles de cultiver du cannabis à la maison pour traiter certaines maladies. Lundi, une décision judiciaire a accordé le droit d’utilisation à la famille d’une jeune fille de 13 ans souffrant du syndrome de Dravet (une rare encéphalopathie épileptique génétique)
 

« Il ne fait aucun doute que, dans ce cas, la culture [du cannabis] n’a aucun rapport avec le trafic de drogue », a déclaré le juge de l’affaire.


 
En fait, les juges ordonnent aux familles d’obtenir des médicaments à base de cannabis via d’autres pays. Mais ces traitements peuvent être très coûteux, atteignant jusqu’à 1500 $ par mois.
 
 
 
Briser le tabou
 
En 2011, l’ancien président du Brésil, Fernando Henrique Cardoso, a participé à un documentaire sur la guerre contre la drogue. Breaking the Taboo explore la conclusion de la Commission mondiale sur la politique des drogues selon laquelle la libéralisation est la meilleure approche en matière de politique des drogues.
 
Alors que les législateurs ont adopté la Loi sur les drogues en 2006 dans le but de décriminaliser l’usage des drogues, cela a eu l’effet inverse. La loi a porté de trois à cinq ans la peine minimale d’emprisonnement pour trafic… Incapables de fournir une bonne défense, ceux pris avec des quantités minuscules de marijuana peuvent se retrouver en prison pendant des années… Depuis l’adoption de la loi, la population carcérale du Brésil a augmenté de 339%…
 





Une marche pour la légalisation de la marijuana à Sao Paulo, Brésil …


Au Brésil la répression est aussi un échec, le pays est totalement dépassé par la corruption. Il se pourrait bien que la légalisation soit proche en vue des énormes conflits d’intérêts (marché noir) qui ravagent le pays.
 
Source: blog-cannabis.com
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Tunisie - Dépénalisation du cannabis : Il ne suffit plus de parler, agissons !
Par mrpolo,
S’il s’agit d’une simple manipulation, ce ne serait pas moins celle d’un parti qui sait pertinemment devoir lâcher du lest sur les questions symboliques avec la nouvelle donne dans le monde, désormais moins favorable à l’islam incarné jusqu’ici par son parti, Ennahdha.
 
 

Lotfi Zitoun, proche conseiller de Rached Ghannouchi, ose se déclarer pour la dépénalisation totale du cannabis**. Vérité ou simple manoeuvre politicienne?



Par Farhat Othman *


 
C’est aussi la preuve de la haute capacité manœuvrière du parti islamiste, bien conseillé au demeurant, qui sait simuler et dissimuler, anticipant et usant de la politique d’affichage, mais sans rien faire de concret.
 
Inertie du camp supposé progressiste
 
Il n’empêche qu’une telle attitude est payante face à l’inertie du camp supposé progressiste, car elle fait passer le parti islamiste pour être ce qu’il n’est pas, ne serait-ce que parce qu’il ne traduit pas ce qu’il dit en actes concrets alors que son poids au parlement le lui permet et le lui impose même, au moins par pure logique.
 
Aussi, cette énième sortie d’une aussi éminente figure du parti, venant après celle d’une autre figure du parti visitant hier une brasserie, la députée Maherzia Laabidi en l’occurrence, appelle à l’impérative nécessité d’une action urgente, non seulement du parti islamiste, mais aussi de la part des autres composantes politiques du pays, se voulant démocrates et libérales, et surtout de la part de la société civile.
Il est patent qu’en Tunisie, objectivement et au-delà des calculs politiciens, ce n’est plus nécessairement le parti islamiste qui bloque actuellement tout progrès dans le domaine des libertés.
 
De fait, nonobstant le degré de sa sincérité dans ce qu’il dit, il a le talent fou de savoir laisser faire le sale boulot par ses supposés ennemis qui se retrouvent, sans s’en rendre compte, au service de la stratégie islamiste consistant à maintenir la législation scélérate de la dictature en l’état par manque d’initiative de leur part.
 
Aujourd’hui, en matière de drogues douces et hier en matière d’alcool et avant-hier sur l’article 230 du Code pénal, Ennahdha joue sur du velours, s’affichant plus libéral que les plus libéraux, même si ce n’est qu’en théorie et de l’esbroufe. N’est-ce pas ce que commande la pratique politique à l’antique où il sied de jouer au renard?
 
Alors, pourquoi ne pas être encore plus malin qu’Ennahdha et forcer à agir franc jeu celui qui se prétend malin? Car sur le terrain législatif, par le vote, le parti islamiste sera bien obligé d’agir et non de manoeuvrer et mettre bas son éventuel masque de parti libéral et démocratique !
C’est bien beau de la part de M. Zitoun de commencer ainsi son billet : «Le débat sur l’abrogation de la loi 52 en Tunisie alimente en ce moment les médias tunisiens. Si le projet de loi prévoit de renforcer la prévention, il n’exclut pas la sanction pénale. C’est, à mon avis personnel, une grosse erreur.»
 
C’est même magistral de le terminer de la sorte : «Il est aujourd’hui de notre responsabilité de dirigeants de dépénaliser purement et simplement la consommation de produits aujourd’hui illicites et de nous concentrer sur d’autres sujets prioritaires comme l’éducation ou le travail.»
Mais il sera assurément bien plus magnifique de tenir le même discours au parlement, et ce à l’occasion d’une initiative législative.
Nécessité de légiférer
 
M. Zitoun et son parti seront donc bien plus crédibles d’agir sur le plan législatif. Ce qu’impose le propos du conseiller de Rached Ghannouchi, s’il est honnête, est de déposer au plus vite un amendement au projet de loi du gouvernement sur le cannabis dans le sens de son billet et d’inviter le bloc parlementaire islamiste à le voter.
 
C’est aussi ce que doivent faire les démocrates s’ils veulent prendre le parti islamiste à son propre jeu ! Qu’ils osent donc prendre l’initiative d’un tel amendement !
Bien mieux, ils ont intérêt à agir pareillement sur tous les sujets sensibles invitant les parlementaires, en visant particulièrement ceux d’Ennahdha, à oser abroger tous les textes illégaux de la dictature et du protectorat, tels ceux relatifs à la consommation et au commerce d’alcool et à l’homophobie, mais aussi et surtout à l’inégalité successorale.
 
Pulvériser le dogmatisme religieux
 
Les militants de la société civile ont, de même, intérêt à arrêter de se limiter à ne faire que s’agiter sur des questions secondaires, comme cet article bien mineur du Code pénal qu’est le 227 bis, pour se concentrer sur l’essentiel, ce qui est de nature à pulvériser le dogmatisme religieux en s’attaquant à la racine aux sujets les plus sensibles.
 
Qu’ils proposent donc leurs propres projets de loi sur les matières précitées au lieu de les attendre en vain de la part d’un gouvernement impuissant ou des partis réticents ! Qu’ils les défendent dans les médias et ils finiront par les imposer aux députés ! C’est cela le nouvel esprit du militantisme de l’âge des foules qu’est notre époque !
 
Seules les lois sont en en mesure de faire avancer les choses en Tunisie et démasquer, le cas échéant, les saltimbanques et les faussaires de la politique. Mais qui sont-ils au vrai ?
 
Force est de noter qu’on ne peut plus dire aujourd’hui que nos religieux sont nécessairement les vrais ou les seuls obstacles aux libertés. En effet, Ennahdha n’a plus le choix désormais que de jouer le jeu des libertés. Aussi faut-il oser les projets de loi et Ennahdha forcément suivra ! Ce sera l’islam tunisien qui triomphera; ce sera aussi le triomphe de la démocratie. Stop donc au laïcisme qui est un dogmatisme intégriste, du salafisme profane !
 
* Ancien diplomate et écrivain, auteur de ‘‘L’Exception Tunisie’’ (éd. Arabesques, Tunis, 2017).
** Lotfi Zitoun : ‘‘A propos de la Loi 52 : Envoyer un signe de confiance à notre jeunesse’’.
 
 
Source: kapitalis.com
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Ce que le débat sur le cannabis dit des candidats à la primaire de la gauche
Par mrpolo,
L'irruption du cannabis a amené un peu de peps dans ce second débat de la primaire, consensuel à en mourir.
 
 
 
 
 

POOL New / Reuters



Arnaud Montebourt et Benoît Hamon lors du deuxième débat de la primaire de la gauche, le 15 janvier 2017. REUTERS/Bertrand Guay/Pool


 
"Je pense inutile qu'une élection présidentielle se déroule sur un sujet de cette nature", dixit Arnaud Montebourg, mi-dédaigneux, mi-agacé, pour conclure son propos sur la légalisation du cannabis.
 
Pourtant, parler du cannabis, c'est aussi parler sécurité. Pour les forces de Police et de Gendarmerie, la pénalisation revient à écluser la mer avec une cuillère, un réseau à peine tombé que le voilà remplacé, pour une raison simple: mettre le vendeur en prison ne fait pas disparaitre le consommateur et son argent. Le marché du cannabis est porté par la demande, pas par l'offre. Le résultat est catastrophique. Le trafic de cannabis nourrit le trafic d'armes. Des jeunes entrent en prison comme petits dealers et en ressortent transformés en islamistes radicaux. Résultat, la France détient le record de détenus par habitant en Europe, le record de la récidive pénale et le record de la consommation de cannabis!
 
Parler du cannabis, c'est également parler fiscalité. A l'heure où l'Etat racle ses fonds de tiroir pour financer ses multiples obligations, il jette des centaines de millions d'euros dans un puits sans fond, tout en se privant d'une manne de milliards d'euros, au profit de dealers qui ne paient pas d'impôts. Les trafiquants adorent les politiques qui prennent des allures martiales pour proclamer "la guerre à la drogue". Leur fonds de commerce dépend de la prohibition et ils en sont les premiers supporters, car sans elle, la plupart d'entre eux seraient obligés d'aller travailler et de payer des impôts, comme tout le monde.
 
Enfin, parler du cannabis, c'est parler de la crédibilité d'adultes qui prétendent éduquer des jeunes, mais qui se font prendre en flagrant délit de mensonge et d'hypocrisie sur un sujet que ces même jeunes maitrisent. N'en déplaise à Arnaud Montebourg, les jeunes savent que les arguments de santé publique qui légitiment la prohibition du cannabis s'appliquent également à l'alcool.
 
Acculés dans les recoins d'un "deux poids, deux mesures" intellectuellement intenable, les partisans de l'interdiction du cannabis finissent toujours par lâcher "mais l'alcool, ce n'est pareil, ça fait partie du patrimoine culturel français!". Les mêmes oublient que la France a changé. Elle s'est métissée et son patrimoine culturel avec. Les ancêtres des français originaires du Maghreb ou d'Afrique étaient plus portés sur le pétard que sur le pinard, sans parler de ceux originaires d'Asie ou d'Amérique Latine qui font la synthèse, puisque leurs aïeux ont toujours allègrement consommé les deux!
 
Moins électoraliste et donc moins gêné aux entournures, assumant droit dans ses bottes ses convictions, Valls rappelle que "dans une société, il faut des interdits". Certes, mais les interdits sont d'autant plus respectés qu'ils sont légitimes, sinon, c'est la crédibilité de l'autorité et de ceux qui l'incarnent qui en prend un coup. Vu la côte de confiance de nos responsables politiques, ont-ils besoin de se décrédibiliser en passant pour les derniers des hypocrites?
 
Il faut dire que Montebourg a perdu pour l'occasion de sa flamboyante prestance. On sentait que ça le démangeait de se lâcher, sur le thème "On ne change rien, c'est interdit, un point c'est tout". Election oblige, le voilà contraint de se livrer à un numéro d'équilibriste, s'appuyant sur Vincent Peillon pour rappeler que le cannabis est un produit dangereux pour la santé et amener ainsi de l'eau à son moulin prohibitionniste, tout en approuvant l'approche de Benoit Hamon, bien conscient que la légalisation du cannabis tuerait l'économie au noir générée par la prohibition et la délinquance qui en découle.
 
L'irruption du cannabis a amené un peu de peps dans ce second débat de la primaire, consensuel à en mourir, régulièrement rythmé par des "je suis d'accord avec ...", scandés à tour de rôle par les différents candidats. Vincent est d'accord avec Benoît, qui est d'accord avec Arnaud, qui est d'accord avec François, qui est d'accord avec Manuel, qui est d'accord avec Sylvia, qui est d'accord avec Benhamias, qui est d'accord avec tout le monde!
Dans ce rare moment de désaccord que le cannabis aura apporté, le rôle de chacun dans la pièce de théâtre qui nous est jouée s'est particulièrement révélé.
 
Les "petits" candidats amènent du fond et nous cultivent, chacun dans son registre. Benhamias est l'agitateur d'idées que François de Rugy étaye à coups de données et de solides références, bien que les deux soient à couteaux tirés, mais bien dissimulés. Sylvia Pinel est la bonne élève de la classe, rationnelle et posée, tempérant l'audace de ses propres raisonnements. Ainsi, elle propose que le cannabis soit distribué en pharmacie. Pourtant, si on veut éviter que ceux qui en vivent déjà, les dealeurs, ne se rabattent sur d'autres produits ou formes de délinquance, comme l'a fait valoir Valls si on légalise le cannabis, il serait également judicieux de légaliser les dealers, afin qu'ils poursuivent leur activité, mais légalement. En somme, ce serait "Chez Nico pour le pinard, chez Momo pour le pétard!".
 
Parmi les "grands" candidats, Hamon est passé du statut de "petit poucet" à celui de challenger en passe de devenir favori. Il le doit à ses prises de risque, là où les autres, mieux côtés au départ, font globalement preuve d'une prudence de Sioux, comme si l'objectif était de ne pas perdre de voix, plutôt que d'en gagner. Vincent Peillon est le candidat du centre de gravité, du point d'équilibre. Sur la légalisation du cannabis, il n'est ni pour, ni contre, bien au contraire, appelant au grand débat national qui n'a jamais eu lieu et que mérite le sujet. Manuel Valls, c'est Assurancetourix, le candidat du changement dans le conformisme, celui qui veut rassurer en mettant en avant son expérience de la direction de l'Etat, même s'il en a moins fait sur ce registre qu'au premier débat. Ses communicants ont dû lui souffler que cela renvoyait l'image d'un homme arrogant et autoritaire, pas vraiment en adéquation avec l'électorat des primaires.
 
Quand à Montebourg, il est grave à la peine. Lors de la précédente primaire, il avait trouvé son registre, celui du candidat du franc-parler, du renouveau qui bouscule, qui avait donné le "la" à l'élection. Manque de bol, Hamon lui a chipé le rôle! Il pensait sans doute qu'il suffirait de reprendre les mêmes recettes, avec son côté VRP multicartes qui sort son couteau suisse à propositions sur chaque question. Il a oublié ce que tous les élus savent: une élection est toujours une tragédie qui s'écrit au présent, et donc jamais le "remake" de la précédente.
 
Par ailleurs, il a perdu en cohérence par rapport à 2011. A l'époque, il avait marqué les esprits avec le concept d'europrotectionnisme, afin de lutter à armes égales avec les géants de l'économie mondialisée que sont les USA, la Chine, l'Inde et autres. Aujourd'hui, Montebourg voudrait incarner le coq gaulois. Malheureusement pour lui, nos concitoyen(ne)s en connaissent les limites: il gueule beaucoup, bombe le torse devant les poules, mais n'effraie personne. Le registre du coq gaulois est passé de mode à l'heure de la mondialisation.
 
Montebourg s'en sort grâce à la faiblesse de ses concurrents sur ce qui devrait être le coeur de l'élection: l'Europe. Lors de ce second débat, les candidats en ont largement débattu, sans jamais dire: "il faut relancer une construction politique de l'Europe pour constituer avec nos voisins immédiats le noyau des futurs États-Unis d'Europe". Il paraît que c'est irréaliste, comme si l'incohérence ou l'évitement de l'essentiel étaient réalistes, ou pire, comme si les Français n'avaient pas compris depuis longtemps le monde dans lequel ils vivent. Il y en a au moins deux qui doivent s'en frotter les mains. Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon.
 
Par Malik Lounès Ex-dirigeant de SOS Racisme et de la Licra, président de l’association LOLitik
 
Source: huffingtonpost.fr
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France - Les buralistes attendent avec impatience la légalisation du cannabis
Par mrpolo,
REPORTAGE - Ils pourraient être amenés à vendre le produit en cas de légalisation, un sujet relancé, dimanche, par les candidats de la primaire à gauche. Les pharmaciens, également concernés, sont moins enthousiastes face à cette éventualité.
 
 
 
Une pharmacie à coté d'un bureau de tabac à Paris-Photo AFP
 
Dans ce petit bar-tabac du IIe arrondissement de Paris, les boiseries habituelles sont remplacées par des portraits d'une célèbre icône du reggae. Bob Marley est partout sur les murs, parfois en train de chanter, parfois en train de... fumer. Ici, les responsables attendent avec impatience la légalisation du cannabis, et se verraient bien vendre cette drogue douce.
 
«Les gens feraient la queue comme ils font pour un café ou un paquet de cigarettes», s'imagine Thomas Rousseaux, gérant de l'établissement. «Je ne vois que du positif dans une telle mesure. Cela réduirait le trafic dans les cités, et pour nous, on aurait plus de monde, donc plus d'argent», se réjouit-il.
 


Vidéo : Une majorité de francais favorable à une autorisation de consommation du cannabis

 
Cette problématique a été relancée dimanche soir par la candidate Sylvia Pinel, lors du deuxième débat de la primaire à gauche. Favorable, comme Benoît Hamon, à la légalisation, l'ex-ministre du Logement y voit un enjeu de santé publique et a appelé les responsables politiques à regarder la réalité en face. «On nous propose de faire plus de chiffre d'affaires, comment refuser?», questionne Pierre Thaï, responsable du Pia Hour, dans le IXe arrondissement parisien.
 
«Honnêtement, les marchés de la presse et des cigarettes sont en déclin donc ça nous permettrait de nous diversifier. Puis quand on voit que l'on peut acheter du poppers (des produits euphoriques, qui se présentent sous la forme de liquides volatiles à inhaler, NDLR) dans des tabacs, pourquoi pas du cannabis? C'est rentré dans les mœurs maintenant», ajoute le buraliste.
 
«On espère vraiment que ça va se faire», confirme Frédéric Coudouel, du tabac des Petits-Champs, dans le Ier arrondissement. Ce dernier craint néanmoins les conséquences d'une telle mesure: «Ce qui me préoccupe, ce sont les dégâts que ça peut faire dans les banlieues, notamment à Paris. Des familles, des immeubles vivent grâce à ça. Si on légalise, j'ai peur que ça explose dans les cités.»
 
Dans le IIe arrondissement, Hervé Zhu, propriétaire de La Tabatière, admet que la légalisation lui rapporterait. Mais il s'avoue «inquiet» de la clientèle éventuelle que pourrait amener une telle mesure. «Si on a une file de personnes droguées, de délinquants, là ça serait inquiétant. J'imagine que des gens vont vouloir du cannabis mais refuseront de payer, et ça pourrait entraîner des conflits», suppose-t-il. «Après, je pense que les bureaux de tabac sont plus adaptés que les pharmacies pour cette drogue, puisqu'on vend déjà des cigarettes, et les feuilles à rouler.»
 
Les pharmaciens plus nuancés
 
En cas de légalisation, le cannabis pourrait également être vendu dans les pharmacies. Et la question fait débat dans la profession. «Il faut absolument encadrer son utilisation. Ce n'est pas un produit à banaliser. C'est la porte ouverte à des abus. Je suis sûr que des gens pourraient venir nous braquer pour ça», se méfie Catherine Blanc, responsable de la pharmacie de Choiseul. «Si c'est vendu librement et aussi en pharmacie, je suis contre.
 
Mais si c'est uniquement dans les pharmacies et encadré par l'État, alors oui pourquoi pas. Mais je ne vais pas sauter de joie», résume la spécialiste. Sa collègue, Lydie Melouli, juge que ces produits «n'ont rien à faire dans un établissement comme le nôtre. Cela va nous apporter plus d'ennuis que l'inverse. Imaginez, vendre ça au même titre que des médicaments. On parle d'une drogue tout de même!»
 
Escale dans la pharmacie Monsigny, aux allures traditionnelles. Ici aussi, les avis divergent. «On est beaucoup trop tolérants concernant le cannabis à usage récréatif. On ne dit pas assez les méfaits de cette drogue sur la conduite, ou quand elle est couplée avec l'alcool. Et on sait combien les jeunes sont adeptes de mélanger les deux. En revanche, pour soigner les gens ça me semble logique de la commercialiser.
 
En tant que thérapeutes, si cela doit être vendu quelque part, c'est bien chez nous», explique Marie-Bernadette Pochon, pharmacienne. Sa responsable, Odile Bargain, se questionne. «Quand on voit certaines personnes aux douleurs neurologiques importantes contraintes d'aller jusqu'en Belgique pour se faire prescrire du cannabis, ce n'est pas normal. C'est même étonnant que nous ne l'ayons pas encore fait. On fournit déjà des stupéfiants, vous savez».
 
Alain Ferrari, responsable de la pharmacie de la Michodière, a quant à lui «peur des conséquences». Ce pharmacien a été condamné pour complicité dans une affaire de trafic de Subutex, un substitut de l'héroïne. «Des médecins corrompus fournissaient de fausses ordonnances à des patients qui nous les achetaient, et les revendaient au marché noir. Je suis persuadé qu'avec le cannabis, on peut avoir droit au même type de dérives», prévient-il. «Je suis pour la dépénalisation, mais si l'État veut le faire, qu'il le fasse dans des dispensaires.»
 
Source: lefigaro.fr
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Une ère nouvelle pour les Cannabis Clubs d’Espagne
Par mrpolo,
Nouvelle ère Après les condamnations des clubs cannabiques par la Cour suprême en 2015, les tribunaux ordinaires commencent à interpréter ces jugements. Les heures semblent comptées pour les grands clubs espagnols, particulièrement à Barcelone. Toutefois, de plus en plus de juges reconnaissent que les petits clubs sont conformes à la loi. Une ère nouvelle s’entame.
 
 
 
En Espagne, deux jugements de la Cour suprême allant dans le même sens établissent une jurisprudence que tous les tribunaux inférieurs doivent à présent respecter. Dans le cas des Cannabis Clubs, l’année 2015 s’était close non pas sur deux, mais trois condamnations de la Cour suprême. En 2016, ces sentences ont été interprétées et nuancées. Tout indique que, même si les clubs de centaines ou milliers de membres n’ont pas leur place dans la nouvelle législation, ce phénomène d’association n’est pas prêt à disparaître.
 
Le premier coup contre les Cannabis Clubs espagnols a été porté le 7 septembre 2015 par la Cour suprême lorsque les membres du conseil d’administration de l’association Ebers de Bilbao ont été condamnés à huit mois de prison (qu’ils ne devront pas servir puisqu’il s’agit d’une première condamnation) et à une amende de 5 000 euros.
 
Deux autres membres collaborateurs ont quant à eux reçu une peine de trois mois de prison. Le tribunal a pris en compte l’ambiguïté des lois espagnoles en matière de cannabis, reconnaissant que les accusés auraient pu être confus au sujet de la légalité de leurs activités, ce qui a réduit la lourdeur du jugement et leur a fait éviter la prison. Ils ont reçu un premier avertissement : « la culture et la distribution de cannabis effectuées de manière organisée, institutionnalisée et dans une perspective de pérennité par une association rassemblant 290 personnes membres et ouverte à d’autres inscriptions » représente un délit de trafic de drogues.
 
Le second coup, celui qui a fait jurisprudence, est survenu en décembre lorsque le conseil d’administration de l’association Three Monkeys de Barcelone a été lui aussi condamné à 8 mois de prison, sans amende cette fois-ci puisque la quantité exacte ne cannabis n’a pas été établie clairement.
 
Puis, avant que se termine l’année 2015, le troisième et plus important coup est survenu : la condamnation de l’association Pannagh où moi et un second membre de la direction avons été condamnés à un an et huit mois de prison (que nous ne devrons pas servir non plus) et à une amende individuelle de 250 000 euros. A l’heure actuelle, les trois jugements ont été portés en appel devant la Cour constitutionnelle, les deux premiers (Ebers et Three Monkeys) ayant été déclarés recevables. Ainsi, la Cour constitutionnelle a déjà décidé de se prononcer sur la question des clubs, bien qu’on devra probablement attendre quelques années avant de connaître sa décision.
 
Avec ces sentences, la Cour suprême a indiqué clairement sa volonté d’en finir avec le phénomène des Cannabis Social Clubs espagnols. Même si dans l’affaire Ebers cinq des quinze membres de la chambre ont exprimé leur désaccord avec le jugement, défendant l’acquittement et non la condamnation,
 
ils ont tout de même conclu que de tels clubs ne devraient pas être légaux. Le message qui ressort de ces trois condamnations, et surtout de l’affaire Pannagh, est clair : dans la foulée de ces trois verdicts qui anéantissent le vide juridique qui avait jusqu’alors existé, quiconque tentera de mettre sur pied de pareils Cannabis Clubs, de même ampleur et possédant des caractéristiques similaires, ira en prison et payera une amende imposante.
 

S’adapter aux temps durs
 
À la suite de ces condamnations, un cataclysme est survenu. Quelques organisations, effrayées par la situation, ont fermé leur porte, certaines pour de bon. Bien d’autres ont reçu la visite des forces de l’ordre qui ont procédé à des saisies, des arrestations et des fermetures de locaux.
Cependant, ce ne sont pas toutes les organisations qui ont décidé de fermer ou qui ont été interpelées par les policiers.
 
Plusieurs clubs ont commencé à trouver des façons de s’adapter à la nouvelle réalité. Avec l’aide d’avocats, les organisations ont tenu des assemblées afin de trouver des façons de poursuivre leur mission. Après tout, les jugements rendus par le Tribunal niaient la possibilité d’établir des clubs de centaines de membres, mais d’autre part, acceptaient que ce qu’on appelle « culture partagée » puisse demeurer hors du cadre pénal, chose qui n’avait jusqu’alors jamais été reconnue explicitement.
 
Quelques associations ont donc décidé de se diviser en petits groupes et de fonctionner selon un mode encore plus horizontal faisant en sorte que les récoltes des cultures soient réellement partagées. D’autres ont mis à jour leur liste de membres pour ne retenir que ceux qui l’étaient vraiment.
 
Jusqu’alors, la tendance avait été de parvenir à avoir beaucoup de membres pour justifier la culture ; maintenant, les clubs en veulent le moins possible, et s’assurent que ces derniers soient bien informés de la situation pour éviter à tout prix d’autres peines d’emprisonnement. Un autre moyen habituel a été de restreindre les quotas de membres et de ne plus en accepter de nouveaux, à moins que quelqu’un remplace un membre qui part. Finalement, il a été établi que tous les membres doivent à tour de rôle s’occuper de la culture pour éviter que certains d’entre eux soient considérés comme des trafiquants approvisionnant les autres.
 
Tout de même, ce ne sont pas toutes les associations qui ont pris cette direction. Par exemple, la majorité des membres de la fédération CATFAC (section catalane de la FAC) ont résisté et refusé de s’adapter, appelant ouvertement à désobéir au Tribunal en vertu de l’injustice que représentent ces décisions. Ces associations, dont les Codes de bonnes pratiques sont quelques fois acceptés par les institutions, demeurent une référence valide. Le débat continue et la FAC tiendra une assemblée générale en janvier pour décider de la stratégie à suivre.
 
La Cour suprême ne veut plus condamner
 
Alors que les associations étaient en processus d’adaptation, la Cour suprême a continué à prononcer des condamnations en lien avec les Cannabis Clubs. Ce qui est le plus remarquable est que suite à l’imposante sentence imposée à Pannagh, personne d’autre n’a été condamné pour être responsable d’un club. C’est comme si l’avertissement avait été lancé dans le but de cesser les ravages.
 
On invoque l’argument de l’erreur de prohibition (c’est à dire, la possibilité que les accusés ne savaient pas que ce qu’ils faisaient était un délit en vertu de l’ambiguïté juridique) pour absoudre, comme dans l’affaire du club La María de Gracia, ou encore, pour renvoyer l’affaire devant l’Audiencia Provincial pour que soit prononcée une nouvelle sentence, comme est parvenu à le faire le club La Línea Verde.
 
La sentence de La María de Gracia prononcée dans la chambre de la Cour suprême a été rendue par une majorité de juges s’étant opposés à la condamnation de l’association Ebers. La division entre les juges est évidente. En effet, certaines phrases des dernières condamnations contiennent des affirmations qui semblent avoir été incluses afin de soutenir un possible recours devant la Cour constitutionnelle. C’est comme si certains juges de la Cour suprême n’avaient pas une opinion si précise sur la question et voulaient que quelqu’un placé au-dessus d’eux mette les choses au clair.
 

Ce qui est petit est beau (et légal)
 
Pendant que la Cour suprême continuait à prononcer des sentences contre les Cannabis Clubs, les trois premières (celles de Ebers, Three Monkeys et Pannagh) ont commencé à être appliquées par les différents tribunaux inférieurs. Le résultat de cette application montre deux tendances distinctes : de graves peines imposées aux grands clubs utilisées comme écrans, et des retraits d’accusations pour les organisations plus petites.
Parmi les grandes organisations, le cas le plus retentissant est survenu lorsque les policiers ont saisi au club La Mesa Barcelona quelque 2 400 plantes de cannabis et effectué une intervention.
 
Les fondateurs du club, deux citoyens hollandais, ont été accusés de trafic de drogue et de faire partie d’une association criminelle. Comme aucun membre n’a fait de déclaration pour disculper les fondateurs, et en raison d’autres circonstances, ces derniers ont été condamnés à cinq ans de prison par l’Audiencia de Barcelone (comme la peine d’incarcération excédait deux ans, ils devront servir leur peine) pour avoir utilisé l’association, qui manquait d’« activités régulières d’association », en tant que « simple écran » servant à dissimuler les activités de trafic. En d’autres mots, il ne suffit pas pour les organisations de détenir un enregistrement, il faut aussi qu’elles démontrent qu’elles agissent comme de véritables associations.
 
A l’autre extrémité existent des associations qui, après avoir eu des démêlés avec la justice, peuvent poursuivre leurs activités. Au Pays basque, l’historique Atxurra est parvenu à ce que soit classée une affaire impliquant des accusations portées contre elle en démontrant qu’elle était bel et bien une association, qu’elle comportait un nombre restreint de membres et que la quantité de plantes cultivées était proportionnelle au nombre de membres. En Galice, il y a eu un autre cas similaire d’affaire classée lorsqu’une association regroupant 36 membres est parvenue à tomber à l’intérieur de la jurisprudence de la Cour. De pareilles situations sont aussi survenues à Valence et dans les îles Baléares.
 
Un autre cas intéressant est celui de La Cannameña, dans la région de l’Estrémadure. Lorsque l’organisation a présenté au registre ses statuts, divulguant par le fait même qu’elle cultivait du cannabis pour ses membres, les autorités l’ont interpellée. A la suite de l’enquête des policiers et du procureur, elle a été autorisée à s’enregistrer et à fonctionner conformément à ces mêmes statuts, incluant le droit de cultiver.
 
Cela signifie que le procureur a jugé que la culture de cannabis effectuée dans le cadre d’une association regroupant quelques dizaines de membres était légale, l’autorisant ainsi à poursuivre ses activités et marquant un précédent historique.
On peut dire que la Cour suprême a fermé une grande porte, mais, qu’en ce faisant intentionnellement ou non, elle en a ouvert une plus petite. Les grands clubs rassemblant des milliers de membres et possédant une structure commerciale semblent voués à la disparition. Bien qu’il en reste encore beaucoup qui sont ouverts, il est probable qu’au fur et à mesure que les policiers procèderont à des interventions, ils fermeront graduellement leurs portes.
 
De l’autre côté, il y a les petites associations de structure horizontale et participative, précisément à l’image des Cannabis Clubs d’origine. Ces petits clubs vont pouvoir poursuivre leurs activités, bien que dans l’immédiat, certains d’entre eux continueront sûrement à subir des visites et des pressions de la part des policiers. Or, si la ligne d’interprétation entamée par les affaires Atxurra ou La Canameña se renforce, ces petits clubs ont un avenir prometteur. S’ils parviennent à faire valoir leur droit de cultiver, ils seront blindés contre de possibles accusations futures, et l’Espagne verra apparaître d’autres clubs de ce genre.
 
Ces endroits ne seront pas aussi grands et aussi chics que ceux qui ont vu le jour entre 2010 et 2015, mais ils permettraient à des milliers de personnes d’être autosuffisantes et de ne plus acheter du marché noir. Ainsi se réaliserait le proverbe qui dit que lorsqu’une porte se ferme, une autre s’ouvre. Plusieurs organisations devront rapetisser suffisamment pour passer le seuil de cette porte, mais c’est une bonne chose dans ce pays où le modèle des CCC souffre d’obésité morbide.
 
Source: sensiseeds.com
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Cannabis: Un comité de 17 experts tire 100 conclusions sur les effets indésirables ou pas de la marijuana
Par mrpolo,
Si la consommation de marijuana et de ses dérivés soulage certains patients, la drogue augmenterait les risques de pathologies physiques et mentales…
 
 
 
 


Illustration d'un plant de cannabis. - Jeff Chiu/AP/SIPA


 
 
Alors qu’actuellement le cannabis est la drogue illégale la plus populaire aux Etats-Unis (lire en encadré), des spécialistes sollicités par l’Académie américaine des sciences estiment que de réels doutes persistent sur la nature des effets thérapeutiques du cannabis et de ses dérivés, mais aussi sur les risques pour la santé des consommateurs (cancers, troubles cardiovasculaires, maladies mentales ou blessures, etc.).
 
Dans un vaste rapport publié ce jeudi, ce comité de 17 scientifiques explique avoir tiré 100 conclusions de l’analyse plus de 10.000 études et que cette recherche est l’un des examens les plus exhaustifs de la littérature médicale sur ce sujet depuis 1999.
 
Efficace pour réduire la douleur chronique liée à la sclérose en plaques
« Le manque d’une synthèse de l’ensemble des connaissances scientifiques sur les effets du cannabis sur la santé a créé une incertitude quant à ses bienfaits et ses méfaits. Notre analyse visait à faire la lumière sur ces interrogations et à déterminer les points sur lesquels il faut faire davantage de recherches », a expliqué à l’AFP la Dr Marie McCormick, professeure de pédiatrie à la faculté de médecine de Harvard et présidente de ce comité d’experts.
 
Bilan : le cannabis à usage thérapeutique [cannabinoïdes pris par voie orale pendant de courtes périodes] serait donc bel et bien efficace pour réduire la douleur chronique chez les adultes atteints de sclérose en plaques qui provoque des spasmes musculaires. Ces mêmes substances sont aussi efficaces contre les nausées et les vomissements provoqués par la chimiothérapie pour les cancéreux.
 
Pas de lien avec un risque accru de cancer
 
A noter que les experts n’ont pas trouvé, dans toutes ces études, de lien entre le fait de fumer du cannabis et un risque accru de cancer, comme c’est le cas avec le tabac. Les experts soulignent toutefois que certaines études laissent penser que le cannabis accroît probablement le risque de développer la schizophrénie et d’autres psychoses ainsi que des troubles d’anxiété et, dans une moindre mesure, de la dépression.
Reste que chez les personnes schizophrènes ou atteintes d’autres maladies mentales, consommer du cannabis peut apparemment améliorer leurs capacités d’apprentissage et leur mémoire.
 
Fumer de la marijuana peut-il provoquer une crise cardiaque ?
 
Le rapport estime également que davantage de recherches sont nécessaires pour déterminer comment la consommation de cannabis pourrait entraîner des problèmes cardiovasculaires ou du diabète : certaines indications suggèrent en effet que fumer de la marijuana peut provoquer une crise cardiaque.
 
Certaines de ces études indiquent que fumer du cannabis pendant la grossesse peut entraîner un poids plus faible du nouveau-né. Mais à ce stade des connaissances, les liens entre grossesse et le développement de l’enfant restent peu clairs.
 
Pensées suicidaires, dépendance à l’alcool, risques au volant
 
Côté dépendance, le rapport relève qu’une forte consommation de cannabis comporte un risque élevé de développer des pensées suicidaires. Mais il y a peu d’indications que le fait de fumer de la marijuana accroîtrait l’usage d’autres drogues ou contribue à créer une dépendance à l’alcool et à d’autres drogues illégales.
 
Même si les capacités intellectuelles (concentration et mémoire) sont diminuées momentanément juste après avoir consommé du cannabis, ces scientifiques n’ont cependant pas trouvé d’indices dans la littérature médicale indiquant que cette drogue affecte les performances académiques ou les relations sociales. Enfin, sans surprise, le rapport relève enfin que fumer de la marijuana avant de conduire accroît le risque d’accident.
 
 
Une récente enquête nationale indique que 22,2 millions d'Américains de 12 ans et plus ont utilisé cette drogue dans les 30 derniers jours. Cette étude montre également que 90% des adultes consommant du cannabis aux Etats-Unis le font à titre récréatif ; 10% l'utilisent pour des raisons médicales.
 
Source: 20minutes.fr
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A quoi ressemblerait la France si le cannabis était légalisé ?
Par mrpolo,
Franceinfo a interrogé les entourages de plusieurs candidats à l'élection présidentielle qui proposent cette réforme.
 
 

Une fumeuse roule un joint à l'occasion de la marche mondiale pour le cannabis,



le 14 mai 2016 à Paris. (MAXPPP)


 
Elles veulent "porter le changement et appeler à une politique plus efficace et plus humaine". Dans une tribune publiée dimanche 8 janvier dans le JDD, 150 personnalités marseillaises plaident pour une "légalisation contrôlée" du cannabis. Elles y voient, entre autres, un moyen de mettre fin aux "réseaux mafieux qui prospèrent sur l'interdit et qui tuent" et une manière de réaliser des "économies substantielles".
 
Cet appel à ouvrir le débat sur la légalisation du cannabis lors de la campagne présidentielle ne devrait pas rester lettre morte. Jean-Luc Mélenchon, Benoît Hamon, François de Rugy, Yannick Jadot, Sylvia Pinel : à gauche, cinq candidats à l'Elysée ont inscrit cette mesure dans leur programme.
 
A quoi ressemblerait la France si fumer un pétard chez soi était autorisé ? Pour le savoir, franceinfo s'est penché sur les pays qui ont déjà franchi le pas, et a interrogé les entourages des candidats qui y sont favorables.
 
Une filière "made in France" contrôlée par l'Etat
 
Autant le dire tout de go : la majorité des équipes de campagne contactées par franceinfo n'ont pas encore de plan d'action détaillé pour produire à grande échelle de la marijuana destinée à la consommation française. "L'idée générale, c'est de réconcilier le cannabis et le made in France", explique le député Alexis Bachelay, porte-parole de Benoît Hamon. "De la même manière que nous étions il y a quelques années un important producteur de tabac, nous souhaitons mettre en place une filière agricole française du cannabis supervisée par l'Etat."
 
Le propos se fait plus précis du côté de l'équipe de Jean-Luc Mélenchon, où l'on souhaite que l'Etat supervise directement les plantations de chanvre. "Notre philosophie est celle d'un protectionnisme solidaire : la production de cannabis serait encadrée par une entreprise publique", détaille Clémence Movire, co-responsable du travail programmatique du mouvement
 
La France insoumise. Parmi les inspirations du candidat, la jeune femme cite volontiers l'exemple de l'Uruguay, où une agence gouvernementale accorde des licences aux exploitants agricoles désireux de produire du cannabis. En échange, ceux-ci s'engagent à respecter un cahier des charges strict en matière de traçabilité et de contrôle de la qualité de la marchandise.
 
Candidat à la primaire de la gauche, Jean-Luc Bennahmias explique à franceinfo vouloir s'appuyer sur la filière de chanvre industriel existante, dont la teneur en THC (la principale substance psychoactive du cannabis) est quasi-nulle, pour organiser cette production.
 

C'est une plante extraordinaire, qui demande peu d'eau et qui permet deux récoltes par an ! On peut en outre s'en servir pour produire du textile, et de l'isolant pour le secteur du BTP.



Jean-Luc Bennahmias à franceinfo


 
Il se rapproche en cela des recommandations du rapport rendu en octobre dernier par le think-tank Terra Nova, proche de la gauche. Celui-ci estimait qu'il serait "relativement aisé de développer en France une production de cannabis, d'autant plus qu'existe une Coopérative centrale des producteurs de semences de chanvre" déjà opérationnelle. "Les producteurs pourraient rapidement s'organiser avec les conseils d'entreprises étrangères, notamment israéliennes ou nord-américaines, particulièrement en pointe sur ces sujets", détaille à franceinfo Christian Ben Lakhdar, professeur d'économie à l'université de Lille et coauteur du rapport.
 
 
De l'herbe en vente dans les tabacs ou dans des "cannabistrots"
 
Pour s'approvisionner en cannabis, les fumeurs à la main verte pourraient a priori cultiver leurs propres plants. A l'exception de l'équipe de Jean-Luc Mélenchon – qui indique "ne pas avoir encore tranché" cette question – et de celle de Sylvia Pinel – qui n'a pas répondu à nos sollicitations –, tous les entourages de candidats se déclarent favorables à la culture de cannabis destinée à une consommation personnelle. Cette autoproduction serait autorisée en quantité très limitée, afin d'éviter une commercialisation en dehors du circuit légal.
 
Le débat est, en revanche, plus tranché à propos des lieux de vente du cannabis. Du côté de l'équipe de Benoît Hamon, on semble pencher pour une distribution du cannabis via un agrément qui serait accordé sous conditions aux buralistes, "qui y seraient favorables car leurs revenus baissent". Jean-Luc Bennahmias, lui, souhaite dissocier le cannabis thérapeutique, qui serait proposé sur ordonnance en pharmacie, du "cannabis de loisir", qui serait vendu dans les tabacs ou dans des commerces ad hoc.
 
Dans les équipes de Jean-Luc Mélenchon, en revanche, on juge "illogique" d'accorder aux buralistes la possibilité de vendre de l'herbe made in France. "On sait que le cannabis constitue un pont assez immédiat vers la consommation de tabac, contre laquelle nous souhaitons lutter. Il nous semble important de dissocier les deux", précise Clémence Movire, qui préconise la création de "cannabistrots" sur le modèle des coffee shops néerlandais dans lesquels la consommation de cigarettes serait interdite.
 
Cette solution a également les faveurs de Christian Ben Lakhdar. Pour le coauteur du rapport de Terra Nova, créer des lieux de vente consacrés au cannabis permettrait à l'Etat de "réintégrer dans la filière légale une partie de ceux qui vivaient du trafic", tout en organisant une formation des commerçants à la réduction des risques liés à la consommation.
 
"On pourrait ainsi encourager les patrons de 'cannabistrots' à séparer la consommation de tabac de celle de cannabis. Ils pourraient par exemple proposer des vaporisateurs, qui sont moins nocifs car ils évitent la combustion et ne nécessitent pas de tabac", détaille l'économiste.
 
Un produit surveillé, à la consommation encadrée
 
Les candidats partisans de la légalisation du cannabis se déclarent tous en faveur de la mise en place d'une réglementation contraignante quant à la qualité des produits mis en vente. La résine de cannabis, à laquelle sont parfois ajoutés des produits nocifs, est particulièrement dans leur viseur.
 
"L'idée est de ne pas proposer de produits coupés comme il en existe trop", confirme à franceinfo Véronique Massonneau, directrice de campagne de François de Rugy, lequel plaide pour une "expérimentation" temporaire de la légalisation.
La fixation par la loi d'un dosage maximal en THC fait également la quasi-unanimité. Parmi tous les candidats interrogés, seul Jean-Luc Bennahmias s'y oppose.
 

Je suis pour une société de la responsabilisation et pas de l'interdiction. Je crois d'ailleurs que les gens n'ont pas envie de produits trop forts : si je décide de boire un verre de vodka, j'en choisirai une à 30° et pas à 75°!


 

Jean-Luc Bennahmias à franceinfo


 
Cette position se rapproche de la politique appliquée dans l'Etat du Colorado, aux Etats-Unis, où la légalisation du cannabis "récréatif" a été votée en 2012. Aucune concentration maximale de THC n'y existe, afin de ne pas encourager l'émergence d'un marché noir vers lequel se tourneraient les consommateurs à la recherche de produits hautement dosés, explique CNN (en anglais).
 
 
Les entourages des candidats interrogés promettent également une importante campagne de prévention au sujet des risques du cannabis, ainsi qu'une législation inspirée de celle en vigueur pour le tabac. La vente serait ainsi interdite aux mineurs, tout comme la consommation dans les lieux publics. "Nous voulons également interdire la vente d'alcool dans les lieux de vente et de consommation qui seraient créés, notamment en raison des risques pour la sécurité routière", précise-t-on du côté de l'équipe de campagne de Jean-Luc Mélenchon.
 
Un prix évolutif pour lutter contre le marché noir
 
Si tous les prétendants à l'Elysée mettent en avant les retombées économiques permises par la création d'une filière légale du cannabis en France, aucun n'a été en mesure de communiquer à franceinfo une estimation de ce que serait un "juste prix" d'une herbe vendue légalement en magasin.
 
Du côté de Benoît Hamon comme de Jean-Luc Bennahmias, on envisage d'aligner les prix sur ceux du marché noir actuel, avec une taxation du cannabis calquée sur le modèle de celle qui concerne le tabac. La réflexion à ce sujet est plus avancée du côté de la France insoumise de Jean-Luc Mélenchon.
 

Nous souhaitons assécher l'économie souterraine grâce aux prix. L'idée serait de commencer la commercialisation avec une taxation raisonnable pour encourager la filière légale, avant de l'augmenter progressivement, comme on l'a fait pour le tabac, afin de faire baisser la consommation.


 

Clémence Movire à franceinfo


 
Cette proposition se trouvait dans le rapport publié par Terra Nova en octobre. Son coauteur, Christian Ben Lakhdar, est convaincu qu'une hausse progressive des taxes ne rimera pas forcément avec un retour en force du marché noir à moyen terme. "En déchargeant les forces de l'ordre de la répression contre la consommation de cannabis, on leur donnerait les moyens de combattre efficacement le reliquat de marché noir", détaille l'économiste à franceinfo.
 
 
"Le meilleur exemple de ce mécanisme, c'est la forte augmentation du prix du tabac en 2003-2004 : à l'époque, les achats transfrontaliers et de contrebande ont augmenté. Mais avec des recettes fiscales de 13 milliards d'euros par an, l'Etat avait tout intérêt à ce que la police soit efficace pour lutter contre ce phénomène. Et elle l'a été, puisque le trafic de cigarettes est retombé à un faible niveau."
 

Vincent MatalonFrance Télévisions
 
 
Source: francetvinfo.fr
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