A l’occasion du « Decom » du Burning Man d’Amsterdam un drone à livrer par les airs plus d’une centaine de joints gratuitement
La seule chose meilleure que l’herbe est l’herbe gratuite. Encore plus si elle est livrée par les airs . Vœu exhaussé pour le cinéaste allemand Elias Kouloures qui a attaché des joints volants sur un drone lors du « Decom » au Burning Man d’Amsterdam. Cette démonstration par les airs a rendu fou les Burners ! Preuve dans cette vidéo délirante, à voir et à revoir
La « Decompression party »
La Decompression party, la decom ou decomp est une réunion locale pour les participants Burning Man pour aider à se réadapter dans la société après le «
grand événement du Nevada»… En effet, les événements de la decom peuvent aider à soulager les sentiments de solitude et de séparation qui peuvent survenir…
La decomp de 2014…
Ces événements permettent aux participants de partager leurs sentiments, leur art, leurs performances et leurs souvenirs. En outre, comme la conscience de Burning Man s’est répandue dans le monde, les événements de « décompression » ont évolué pour accueillir les nouveaux arrivants de la culture « Burner ». Toutefois c’est bien à Amsterdam que le réalisateur Elias Kouloures nous propose cette heureuse performance ^^
De la « free weed » par les airs
L’herbe à prix réduit c’est magnifique, mais c’est de joint gratuit dont nous parlons ! Voir les longueurs de bras s’étendre pour que les fumeurs puissent mettre la main sur un joint prés-roulé. Et sans qu’ils aient payé pour, est tout bonnement « décompressant ». En outre, le drone est évidement équipé de caméra, le succès ne pouvait être que garanti !
Les fêtards sont devenus fous comme ce chat
C’est un nouveau jeu, amusant pour tous ceux qui aiment la weed. Sans plus attendre, voici le court métrage, et de son désormais célèbre joint volant :
Une drôle d'hostie : Dans toutes les paroisses, il y a des personnes qui interprètent différemment les principes de "communion" de "partage" et d'"élévation spirituelle". C'était sans doute le cas de Brian Jones, un vénérable homme âgé de 74 ans, qui distribuait des cookies à la marijuana aux fidèles qui étaient rassemblés pour la messe !
Grâce à lui, une demi-douzaine d'innocents paroissiens ont connu l'expérience magique de se rendre à la messe du Dimanche et de rentrer chez eux complètement défoncés au cannabis.
Mangez : ceci est mon corps
Six personnes qui s'étaient rendues à la messe dans l'église de St John the Apostle à Bloomington (Indiana) se sont rendues paniquées chez le docteur, avec d'étranges symptômes : nausées, sensation de léthargie et d'étourdissement, difficultés à suivre le fil cohérent de leurs pensées.
Après analyse, il fut découvert que ces malheureux n'étaient pas atteints d'un mal étrange, d'une folie passagère, ni même d'une possession démoniaque : ils avaient simplement consommé du cannabis en grandes quantités — et sans le savoir. En effet, il s'avère que ces six fidèles avaient tous en commun le fait d'avoir consommé ces petits biscuits que le bon Brian Jones avait apportés et qu'il leur avait si gentiment proposé. Biscuits qui avaient été agrémentés d'huile de cannabis par le vieillard.
Lorsque le pot aux roses fut découvert, la police a interrogé Brian Jones, qui a affirmé avoir préparé ces biscuits le samedi soir en prévision de la messe dominicale... Bien entendu, il n'avait jamais entendu parler d'une quelconque substance illicite...
Finalement, les policiers ont découvert une boite qui contenait des capsules huileuses, de couleur marron, qui révélèrent contenir de l'huile de cannabis après avoir été analysées en laboratoire.
Le vieil homme s'est livré de lui-même à la police. Il fait désormais face à des charges pour félonie et utilisation d'huile de cannabis à des fins non-médicales.
Mais on ne sait toujours pas le fin mot de l'histoire : avait-il accompli ce geste à des fins spirituelles, pour élever l'esprit et apporter une vague de paix et d'amour à ses voisins...Ou ce vieux farceur voulait-il simplement leur faire une blague ?
N’étant pas socialiste, je n’ai pas voté à la primaire. Son vainqueur, Benoît Hamon, provoque chez moi des sentiments contraires. Si sa sortie mensongère sur les bars ouvriers du XIXème siècle visant à relativiser l’interdiction des cafés aux femmes de certains quartiers m’a révulsé, je dois confesser que sa volonté de légaliser le cannabis me plaît.
Un manifestant de la 15ème marche pour le cannabis à Paris, mai 2016. SIPA. 00755736_000002
Lire aussi >> Non, légaliser le cannabis n’est pas la solution: récit d’un repenti de la dope
Cet enthousiasme n’est, malheureusement, pas partagé par Patrick Barthelot qui l’a fait savoir sur ce même site. Cet homme qui fumait du « hash » il y a quarante ans et s’est même permis de gober un buvard de LSD à l’occasion, a aujourd’hui cessé de consommer du cannabis. Heureux de cette évolution personnelle il semble penser qu’elle doit s’appliquer d’office à tous les amateurs de la substance.
Contre-vérités et approximations
Avant d’évoquer son vécu, l’auteur introduit son propos par quelques contre-vérités et approximations que je me permets de relever :
- L’auteur évoque une « guerre, quelquefois bruyante entre stups et trafiquants » et feint d’ignorer ce que nous apprennent les chiffres de l’OFDT dans le rapport de l’année 2014 à savoir que les interpellations concernent à 90% des faits de consommation. La guerre n’est pas menée contre des trafiquants insaisissables qui se prélassent en Espagne et en Thaïlande mais contre des petits « cannabiculteurs » et de simples usagers, dont certains sont des malades atteints du VIH ou de douleurs chroniques qui cherchent seulement à se soigner.
- « Certains vantent ses vertus thérapeutiques » critique encore Patrick Barthelot. Si demain, je ne lui souhaite pas, il est atteint de sclérose en plaques ou voit un proche malade de l’atroce syndrome de Dravet, nul doute qu’il parlera des effets thérapeutiques du cannabis avec moins de légèreté. Le cannabis permet, entre autres, de soulager les malades souffrant de stress post-traumatique. Nos soldats, policiers et survivants des attentats islamistes pourraient ainsi être traités comme ils le méritent.
- Un autre raccourci tend aussi à nous démontrer que le cannabis augmente le risque de développer la maladie d’Alzheimer. C’est le contraire, le cannabis semble protéger contre cette maladie.
Les prohibitionnistes font le jeu des dealers
Patrick Barthelot raconte ensuite son expérience personnelle. Plaisante au départ, sa consommation de cannabis est, selon lui, à l’origine d’un assèchement émotionnel qui l‘a poussé à y mettre fin. Si le fait d’arrêter de consommer du cannabis lui permet d’être plus épanoui dans la vie, libre à lui de cesser d’en user. Mais la mauvaise expérience qu’il retire du cannabis est loin d’être partagée par tous les usagers.
Nombreux sont ceux qui, comme moi, consomment du cannabis tout en étant heureux et épanouis dans la vie et n’entendent pas arrêter d’en user.
Alors qu’au Colorado on vérifie deux fois l’âge des clients dans les dispensaires récréatifs (je l’ai constaté par moi-même), les dealers « français » emploient des gamins de 14 ans qui vendent à des gamins de 16 ans pendant que des gamins de 12 ans montent le guet.
Alors que les dispensaires récréatifs de quatre (bientôt huit) Etats américains et les dispensaires médicaux de 28 Etats payent des millions de dollars d’impôts, nos dealers renvoient au « bled » ce qu’ils n’ont pas versé aux djihadistes (ou à Baraka city et au CCIF). Les petits « cannabiculteurs » français quant à eux, préféreraient sûrement payer des taxes et être protégés des vols, souvent violents, dont ils font l’objet.
Quoi qu’ils en disent, les prohibitionnistes font le jeu des dealers dont ils défendent le gagne-pain. Et quand, ça arrive, ils n’ont d’autres arguments que de me traiter de « gauchiste », je leur rappelle avec un malin plaisir que Nigel Farrage, Alain Madelin ou Eric Brunet sont d’accord avec moi. Que Donald Trump soutient l’usage médical du cannabis « à 100% » et que tout en votant pour la légalisation du cannabis les électeurs californiens ont réaffirmé leur soutien à la peine de mort.
L’alcool et le tabac sont bien plus dangereux
Alors que nous sommes en guerre contre l’islamisme et que l’islam politique grignote chaque jour un peu plus notre chose publique, nous continuons de consacrer plus de 10% de nos forces de police à la lutte contre le cannabis. On ne peut pas être au four et au moulin dit la sagesse populaire, et pendant qu’un policier sur dix traque le fumeur de joint il ne surveille pas les fichés S ni n’enraye la vague de cambriolages qui frappe la France (en particulier la France périphérique). Le talent de nos policiers et nos places de prisons doivent être réservés à ceux qui volent, qui violent et qui tuent, pas à ceux qui ont choisi de consommer un produit moins dangereux que l’alcool.
Alors que chaque année la surconsommation d’alcool tue près de 50 000 Français, celle du tabac plus de 70 000, celles liées au cannabis étaient au nombre… de 6 en France en 2010. Pour faire la guerre à cette substance des policiers ont brulé vifs à Viry-Chatillon. Voilà le prix de la lutte contre « l’asséchement émotionnel ».
« Une drogue comme les autres » aux yeux de Patrick Barthelot. Les témoignages d’anciens toxicomanes qui ont pu mettre fin à une addiction à des drogues dangereuses tels que l’héroïne, l’alcool ou la crystal meth grâce à un traitement au cannabis se multiplient pourtant aux Etats-Unis. Eux, dont l’histoire est autrement plus triste, sont des vrais rescapés de la dope. Et ils le sont grâce à la légalisation du cannabis.
François Thibault
Défenseur de la légalisation du cannabis.
Lancé l'an dernier, le bonbon OG Krunch, au marketing provocateur, s'exporte déjà dans toute la France.
Un bonbon au chocolat aux airs de cannabis, dans un emballage façon pochons d'herbe et dont le slogan balance sans ambages "Fais tourner !" : le concept OG Krunch, créé à Nîmes il y a moins d'un an, a réussi son buzz. Avec son marketing subversif, truffé de références aux stupéfiants, cette confiserie garantie sans psychotropes est déjà distribuée à travers la France par une quarantaine de revendeurs ("dealers" dans le langage de la marque). Un succès pour cette aventure soutenue à ses débuts par un financement participatif sur le site KissKissBankBank.
Une clientèle branchée
"Le crowdfunding nous a permis de collecter 8 500 €, de quoi financer entre autres nos achats de stock et nous faire connaître", explique Étienne Lallement, responsable administratif de l'entreprise, dans un bureau aux airs de chambre d'étudiant, près de la route d'Alès. Son binôme pâtissier a quitté l'aventure. Il est aujourd'hui remplacé par Pierre Valot, un ancien Compagnon du devoir et candidat au Meilleur apprenti de France.
"Un ami d'enfance, basé à Paris, nous a aussi rejoints. Il s'occupe de la logistique et des achats. Le quatrième membre de l'équipe est un pote d'école de commerce. Il occupe le poste de business développeur." Ce qui pouvait ressembler à une blague potache se révèle donc un projet commercial tout à fait sérieux, sur un créneau de niche, visant une clientèle branchée. La SARL produit environ 50 kg par semaine dans son laboratoire de Garons. Cœur de cible : "Les 20-35 ans au mode de vie urbain, amateurs de skate et de hip-hop."
À Paris, 500 sachets écoulés en un mois
Si l'idée d'une boutique rue Notre-Dame a finalement été abandonnée "faute de potentiel commercial", ce produit 100 % nîmois fait parler de lui sur de grands événements. "Nous étions en août au Reggae Sun Ska Festival, à Bordeaux, qui a attiré 70 000 personnes, puis au Festival du chanvre, à Irun en Espagne. Nous avons aussi mené une opération marketing à Lyon. Enfin, en décembre dernier, nous avons écoulé plus de 500 sachets en un mois dans une boutique éphémère de la marque de vêtements Tealer." À Nîmes, une seule boutique propose les produits OG Krunch (*).
Partie d'une recette au chocolat blanc, riz soufflé et thé vert, la gamme s'est enrichie dernièrement de variantes aux fruits rouges et caramel. Une boîte-cadeau en forme de cœur a même été imaginée pour la Saint-Valentin. Un cigare fourré au chocolat a aussi été développé. "Notre prochain marché sera celui des cafés et brasseries à concept, où notre chocolat pourra accompagner le café", annonce Étienne Lallement, bien décidé à croquer de nouvelles opportunités avec son bonbon décalé.
(*) Il s'agit du magasin Indoorgardens, 1 606 avenue du Marechal-Juin.
Alors que la dépénalisation du cannabis fait toujours débat en France, on s’intéressera à la place de la drogue, au-delà de nos frontières. Quels sont les pays les plus touchés par ce fléau ? Qui sont les plus gros producteurs ? Y a-t-il de nouvelles substances illicites sur le marché ? Certaines drogues sont-elles légalisées chez nos voisins proches ou lointains ? Et si oui, lesquelles ? C’est ce que nous verrons aux Pays-Bas, au Sénégal, en Inde, puis en Espagne !
Valéry Lerouge nous emmène aux Pays-Bas, pays emblématique de la dépénalisation du cannabis. C’est le seul pays européen où il est possible d’acheter librement du cannabis. La consommation de cette drogue y est tolérée dans les coffee shops depuis 1976 ! Mais attention à ne pas dépasser les 5 grammes par personne sous peine d’amende. Le principal problème est le tourisme lié au cannabis. Il n’est pas rare de voir des groupes de Français profiter des coffee shops à Amsterdam ou Maastricht, certains quartiers ayant fait du cannabis une attraction commerciale. C’est un vrai business récréatif : jeux de société, soirées à thème, bars et magasins spécialisés… Pourtant, seulement 25% des Néerlandais ont déjà consommé du cannabis contre 40% des Français. Comment le pays encadre-t-il les pratiques ? À la découverte d’un monde où l’usage du cannabis est assumé.
- Marc de Chalvron nous informe que la drogue est un problème relativement récent en Afrique de l’Ouest, celle-ci n’était alors qu’une zone de transit entre les pays producteurs d’Amérique latine et l’Europe. Mais à force de passer par cette région, un marché local a commencé à émerger il y a une quinzaine d’années. Puis, comme ce continent est jeune et en pleine croissance, il devient peu à peu la cible des trafiquants. Au Sénégal, face à la recrudescence des drogués, le premier centre méthadone d’Afrique de l’Ouest a ouvert ses portes. D’anciens usagers sillonnent également les quartiers populaires de la capitale pour tenter de recueillir les drogués, afin de les aider à se soigner et se réinsérer.
- Direction Barcelone avec Sandrine Mercier. La ville catalane est devenue la nouvelle capitale du cannabis en Europe, devant Amsterdam. La ville compte plus de 200 clubs de cannabis. La possession de cannabis est encore illégale, sa consommation en publique aussi, mais grâce aux clubs de cannabis, il est possible de fumer en toute légalité. Comme chacun a le droit de cultiver une dizaine de plants pour sa consommation personnelle, certains ont eu l’idée de se regrouper et de créer ces clubs. Et depuis, ces « cannabis social clubs » se sont multipliés comme des petits pains. En tout, en Catalogne, ils comptent 165 000 adhérents. Un véritable phénomène de société. On estime le chiffre d’affaires de ces clubs à près de 5 millions d’euros mensuels pour la seule ville de Barcelone et tout cela est extrêmement réglementé. Il y a donc désormais un tourisme cannabique et Barcelone fait concurrence à Amsterdam ! En mars se tiendra même le salon mondial de la marijuana le « spannabis » à Barcelone.
- En route pour l'Inde. Notre correspondant Nicolas Bertrand nous confie que les Vedas, les textes sacrés de l'hindouisme, estiment que « magique et guérisseur » sont les termes qui décrivent le cannabis. Pour les hindous, ce n’est pas une drogue mais un cadeau béni des dieux. Shiva, considéré comme le seigneur du cannabis, est souvent représenté en train de fumer de l'herbe. À Mathura, l’un des hauts lieux de pèlerinage hindou, les sadhus (sorte de prêtres) fument le chillum, une pipe remplie de cannabis, accroupis au bord d'une rivière sacrée. Ici, c'est tout à fait légal. Moins cher que l’alcool et le tabac, le bhang, préparation à base de feuilles et tiges de chanvre est en vente libre dans de nombreuses échoppes. Si les locaux ont pour habitude de le mastiquer, les touristes le préfèrent souvent sous forme de bhang lassi, incorporé dans une sorte de yaourt... et les effets sont explosifs !
- Anissa Arfaoui qui revient sur l'attitude de la France et des Français face à la drogue.
Bien-être ensemble
Depuis que la société existe, les philosophes et Politiques réfléchissent au sujet de l'éducation tandis que les parents, face à la réalité, dansent un coup sur un pied, un coup sur l'autre, et déchantent souvent.
La famille, première société dans laquelle nous vivons, est aussi le lieu des premières éducations. Mais en soi-même, n’existe-t-il pas une société primordiale, où plusieurs rôles cohabitent ? Si l’éducation est garante de la liberté humaine, ne doit-on pas commencer par nous éduquer nous-mêmes ?
Dans notre magazine « Bien-être ensemble », nous évoquerons aussi bien l’éducation institutionnelle, que familiale et personnelle. Pendant une heure de direct, nous donnerons la parole aux théoriciens comme aux « pratiquants » de l’éducation, aux experts comme aux auditeurs, l’idée étant d’ouvrir notre table ronde à tous par la magie de la radio.
Parce que l’éducation est un éternel recommencement, entrez avec nous dans la danse…
Cette semaine, deux importantes saisies de drogues ont marqué l’actualité. Un autre phénomène se développe, la culture personnelle. Baptiste a fait ce choix risqué.
Pas vraiment facile d’aborder le sujet. Baptiste, un jeune Dunkerquois d’une vingtaine d’années, sait ce qu’il risque. Mais il estime que son activité secrète ne fait de mal à personne. Depuis un peu moins d’un an, il a choisi de cultiver lui-même son cannabis.
Consommateur depuis plusieurs années, c’est à la suite d’une déconvenue avec un de ses fournisseurs qu’il s’est lancé dans sa propre production. « Je ne suis pas un gros consommateur. Un soir, alors que j’allais chercher un peu de cannabis chez un type que je ne connaissais pas, je me suis fait racketter. »
Forcément, pas question d’aller porter plainte auprès des autorités… Le jeune Dunkerquois pense alors à cultiver lui-même sa plante. « Je ne consomme qu’une fois par semaine en général. Alors c’est amplement suffisant. »
Après une séance de documentation sur Internet, quelques conseils avisés de connaisseurs et l’étudiant franchit le cap. « J’ai acheté des graines et tout ce qu’il faut dans le commerce pour faire pousser, raconte-il. J’étais très surpris de voir à quel point on pouvait se fournir facilement en matériel. Il y a une quantité de magasins spécialisés chez qui on trouve des conseils et le matériel adéquat. » Ces magasins, appelés « growshop » ont fleuri un peu partout ces dernières années.
« Je ne suis pas un danger »
Après quelques semaines d’attente, il a pu récolter les fruits de son activité illégale. Baptiste tient à préciser : « Je ne suis pas un dealer. Je produis et consomme pour moi et personne d’autre. C’est déjà très stressant de faire ça, alors je ne vais pas risquer d’être pris comme le membre d’un réseau. » Son secret, il le garde d’ailleurs pour un cercle d’amis très fermé. Impossible de savoir quelles quantités il produit, ni où sa production est implantée. « D’ailleurs, ce n’est pas une production, c’est juste un plan », ajoute-t-il, comme pour se dédouaner. Le jeune homme sait que ce passe-temps est risqué, en tout cas pour lui.
« Je ne suis pas un danger pour autant. Je n’ai aucune envie de me lancer dans la vente ou quoi que ce soit. »
L’étudiant en commerce souhaite rester dans le profit légal. Et quant aux effets sur sa santé ? « Je sais que ce n’est pas bon, au moins autant que la cigarette c’est sûr, et pourtant elle est légale. » Sans permis de conduire, il ajoute : « Je ne suis pas comme ces gars qui consomment et qui se jettent sur les routes encore sous effet. Je trouve ça inconscient. »
Le discours tient plus du militantisme que de l’addict à la drogue d’ailleurs. Et en cette période d’élection présidentielle, Baptiste garde un œil sur l’actualité. « Certains candidats parlent de légalisation du cannabis. Je pense que ce serait une bonne chose. Aux Pays-Bas par exemple, ça fonctionne depuis longtemps. » L’argument est lancé, pas sûr qu’il trouve beaucoup de soutien car il l’avoue lui-même : « Ça reste très mal vu, même auprès de mes amis. »
La loi actuelle est ambiguë et accentue les inégalités de traitement entre citoyens, déplore Addiction Suisse.
La loi de 2013 ne permet toujours pas dans les faits d'harmoniser les pratiques entre cantons. (Photo: Keystone)
Les amateurs de cannabis pincés par la police ne sont pas traités partout de la même manière, selon une étude d'Addiction Suisse. Malgré la loi de 2013, qui visait justement à une harmonisation des pratiques entre cantons.
Depuis le 1er octobre 2013, un adulte attrapé en train de fumer un joint peut échapper aux poursuites pénales en versant 100 francs d'amende. Il ne doit toutefois pas avoir plus de 10 grammes de cannabis sur lui.
La mesure devait alléger les tâches de justice et police et permettre de réaliser des économies. Elle était aussi censée harmoniser les pratiques cantonales en matière de sanctions.
Ce n'est pas le cas, constate la fondation Addiction Suisse dans une étude publiée jeudi. L'analyse montre au contraire de grandes différences entre les cantons dans le nombre de délits et dans les procédures (amendes d'ordre ou procédure ordinaire) appliquées.
«En observant les chiffres, on a même parfois du mal à imaginer que tous les cantons appliquent les mêmes dispositions légales», s'inquiète la fondation. Les auteurs de l'étude ont interrogé les 26 justices et polices cantonales et utilisé des chiffres de l'Office fédéral de la statistique.
Fribourg plus sévère
Un consommateur de cannabis n'est ainsi souvent pas sanctionné de la même manière dans le canton de Fribourg que dans celui de Berne, notamment pour la possession seule. Les policiers fribourgeois sanctionnent systématiquement, les bernois laissent passer. Un habitant de Bâle-Campagne a également nettement moins de risques d'être puni que son voisin argovien.
Autre paramètre, le taux d'infractions sanctionnées (le nombre d'infractions divisé par la taille de la population) est neuf fois plus élevé à Genève et en Valais qu'à Bâle-Campagne. La consommation de cannabis plus élevée à Genève n'explique pas tout, selon l'étude. Car elle est aussi nettement plus élevée à Bâle-Campagne qu'en Valais.
Dans certains cantons, il existe même des différentes pratiques au sein de la police elle-même. Il reste donc des zones d'ombre, estiment les auteurs.
Décriminaliser
La loi actuelle est ambiguë et accentue les inégalités de traitement entre citoyens. La consommation de cannabis est-elle une infraction suffisamment grave et dangereuse pour la société pour accepter de telles différences, s'interrogent-ils.
Et de plaider pour une autre voie: adopter des procédures et sanctions plus uniformes, décriminaliser la seule consommation comme cela se fait depuis quinze ans au Portugal, ou choisir un autre modèle de régulation comme le font désormais un nombre croissant de pays et régions.
Amendes impayées
L'autre objectif de la loi, celui de réduire les coûts administratifs de la justice, semble être partiellement atteint. Depuis l'introduction de la procédure simplifiée, environ 70% des cas font désormais l'objet d'une amende d'ordre.
Mais il y a un bémol: un quart de celles-ci ne sont pas payées, ce qui les transforme à nouveau en dénonciations que la justice doit traiter. Pour ces cas, les coûts pourraient être plus élevés qu'auparavant, soulignent les auteurs de l'étude.
L'introduction des amendes d'ordre va de pair avec une hausse d'environ 15% du nombre d'infractions recensées entre 2012 et 2015. Comme la consommation est restée stable durant cette période, l'introduction des amendes d'ordre a certainement entraîné une plus grande probabilité de sanctions.
Dominique Dupagne s'interroge aujourd'hui sur le rôle de l'Académie de Médecine, à l'occasion de l'affaire Hermange et de son opposition au cannabis thérapeutique.
Deux informations récentes ont placé l'Académie de Médecine sous les projecteurs. La première est la nomination de Marie Thérèse Hermange au sein de son comité d'éthique.
Or, l'ex-sénatrice est actuellement mise en examen pour avoir communiqué à un proche de SERVIER le rapport sénatorial sur le Médiator avant sa publication officielle.
La deuxième information récente est la publication conjointe par l’académie de médecine et l’académie des sciences américaines d’un rapport sur les effets du cannabis sur la santé. La qualité de ce travail est époustouflante : 10.000 publications scientifiques décortiquées pour identifier les données probantes, probables ou douteuses sur les effets thérapeutiques d’une part, et bien sûr la toxicité à court et long terme des cannabinoïdes.
Or, sur le même sujet, l’Académie de médecine française ne publie que de brefs communiqués faiblement argumentés que l’on pourrait résumer par “Pas de ça chez nous”, participant à priver les sclérosés en plaque français d’un médicament qui leur est souvent très bénéfique.
Pour le docteur Dupagne, il est temps de réformer en profondeur la vénérable institution.
Aucun traitement n'a marché. Aucun, sauf un: le cannabis. Alors, pour calmer sa douleur, une Cominoise souffrant de fibromyalgie a commencé à cultiver quelques plants au fond de son jardin. Des plants destinés à sa consommation personnelle et dont les récoltes servaient comme médicament anti-douleur.
Dénoncée par un voisin, la dame a dû rendre des comptes à la justice. Son argumentaire n'a pas convaincu le parquet. Lequel a réclamé que la prévenue soit condamnée à une amende. Ce mardi, au tribunal correctionnel de Tournai, la Cominoise a toutefois bénéficié de la suspension simple du prononcé de la condamnation pour une durée de trois ans.
"Si un jour je traverse une nouvelle phase de douleur aiguë, je recommencerai"
Consommer du cannabis comme anti-douleur, c'est loin d'être exceptionnel. La plante a des effets antalgiques reconnus. Et certains y voient un recours après avoir tenté sans succès les traitements conventionnels. Marie (le prénom a été modifié) est de ceux-là. Cette Hennuyère souffre de douleurs neuropathiques. Elle le reconnaît avec un peu d'embarras: elle a testé le cannabis une fois lors d'une phase de douleur aiguë.
Cette expérience a été un vraie cas de conscience pour Marie. "J'ai toujours dit à mes enfants de ne pas toucher au cannabis. Et je me suis retrouvée à faire un space-cake dans ma cuisine, explique-t-elle. Encore aujourd'hui quand j'en parle, ça me fait bizarre. Je ne regrette cependant pas d'avoir essayé, parce que ça a marché. Si un jour je traverse une nouvelle phase de douleur aiguë qu'aucun anti-douleur classique n'est en mesure de calmer, je recommencerai."
Le traitement fait maison a soulagé Marie. Au point que la dame aimerait à présent avoir accès au seul médicament à base de cannabis présent sur le marché belge: le Sativex. Problème? Elle ne rencontre pas les conditions pour en bénéficier. L'anti-douleur qui se présente sous la forme d'un spray est en réalité autorisé pour un nombre très restreint de patients. Il est essentiellement prescrit dans certains cas à des malades atteints de sclérose en plaques.
"Cela ne marche pas dans 100% des cas. Mais il n'existe pas un produit miracle"
Cette situation, le Docteur Lossignol la regrette. Le Sativex, ce spécialiste de la douleur à l'Institut Bordet connaît bien. Il l'a longtemps testé pour le traitement des douleurs liées au cancer. "Avec un taux de réussite appréciable, avance-t-il. Le THC a des vertus antalgiques, c'est reconnu. Évidemment, ça ne marche pas dans 100% des cas. Mais c'est vrai pour tous les anti-douleurs. Il n'existe pas un produit miracle. Ceci dit, je pense que le cannabis devrait faire partie de l'arsenal thérapeutique dont on dispose, pour pouvoir le proposer à des patients. Ça fonctionne, tant mieux. Si ça ne fonctionne pas, on aura au moins eu le mérite d'essayer."
Existe-t-il une forme de tabou autour du cannabis qui met des bâtons dans les roues du Sativex? Le Docteur Lossignol a son avis sur la question: "Je crois que c'est lié à une méconnaissance scientifique. Et, sinon un tabou, au moins à une ignorance. Il y a tout un fantasme autour du cannabis. On l'associe au produit festif alors que l'usage médical n'a rien avoir."
Alors qu'il est disponible en Belgique depuis début 2016, le médicament à base de THC est encore peu connu des médecins. Le Docteur Rachid Ben Azzouz, anesthésiste à la clinique de la douleur de l'hôpital Tivoli à la Louvière, confirme. "On n'a jamais prescrit ce médicament ici. Parce qu'il y en a beaucoup d'autres à notre disposition et, qu'à mon sens, on a encore besoin d'étudier les médicaments à base de cannabis avant d'aller plus loin." Et le praticien de mettre en garde ceux qui seraient tentés de fumer un joint pour se soulager en attendant que les choses bougent. "Il faut rappeler que fumer un joint est mauvais pour la santé. Au même titre que la cigarette d'ailleurs. Les médicaments à base de cannabis qui existent actuellement se présentent souvent sous la forme de sprays."
"Des médicaments disponibles en pharmacie sont beaucoup plus dangereux"
Le Docteur Lossignol, lui, déplore que des malades soient contraints de se mettre dans l'illégalité pour ne plus avoir mal: "C'est désolant, reprend-il. Je ne parlerai pas de dérive. Je pense que ces gens font ce qu'ils peuvent. Les effets antalgiques du cannabis sont connus depuis des siècles. Alors je ne vois pas pourquoi au 21e siècle des gens ne pourraient pas bénéficier de cela. In fine, on punit les gens deux fois. Ils ont mal et on ne leur permet pas de se soulager. D'un point de vue philosophique et moral, c'est très discutable."
Et le spécialiste d'insister: "Ce qui est interpellant, c'est qu'on a produit naturel, qui a peu d'effets toxiques dans son utilisation médicale. Et on se refuse à le proposer. Alors qu'il y a d'autres médicaments disponibles en pharmacie qui sont beaucoup plus dangereux...".
Reste qu'élargir l'accès au cannabis thérapeutique ne semble, pour l'heure, pas vraiment à l'ordre du jour. Au grand dam de ses défenseurs.