La France se distingue de ses voisins européens par sa situation paradoxale. Malgré une loi très répressive, la consommation de cannabis est la plus importante des pays de l’Union européenne. 17 millions de Français disent avoir consommé du cannabis en 2014
«Légalisation du cannabis : l’Europe est-elle condamnée à l’impasse ?»: Une journée de débats a eu lieu le 10 octobre 2016 au Sénat à l’initiative d’Esther Benbassa, sénatrice EELV du Val-de-Marne, vice-présidente de la commission des lois, directrice d’études à l’EPHE (Sorbonne) et auteure de la première proposition de loi «Légalisation contrôlée du cannabis», de Didier Jayle, professeur titulaire de la chaire d’addictologie du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam), et d’Henri Bergeron, professeur, chaire santé à Sciences Po, et en partenariat avec la Fédération Addiction.
Une forte consommation française
Depuis 20 ans, l’Observatoire relève un nombre croissant d’usagers de cannabis (environ trois fois plus en 2014 qu’en 1992) et une nette augmentation parmi les 1864 ans entre 2010 et 2014 (figure 1).
Figure 1. Évolution de l’usage actuel de cannabis parmi les 18-64 ans
Les hypothèses pour expliquer cette hausse sont: un net accroissement de l’offre de cannabis en France (autoculture et production locale d’herbe), un marché de la résine encore très dynamique et l’influence du débat sur la légalisation qui induirait une moindre sous-déclaration des usages. La France est parmi les pays européens où l’on consomme le plus: elle est en tête en matière de prévalence/année (22% d’usage au cours de l’année parmi les 15-34 ans), à des niveaux proches de ce qu’on observe aux ÉtatsUnis.
Elle connaît une évolution différente de plusieurs pays européens: les pays nordiques partant de niveaux relativement bas sont sur une pente ascendante, tandis que le Royaume-Uni, l’Espagne et l’Allemagne, des pays à forte prévalence au début des années 2000, ont tendance à se stabiliser ou enregistrer une baisse.
À l’adolescence, selon les résultats de l’enquête Escapad de l’OFDT en 2014, menée sur des jeunes de 17 ans (scolarisés ou sortis du système scolaire), on observe entre 2000 et 2014 une reprise à la hausse du tabagisme chez les jeunes, moins d’usage d’alcool au cours du mois, mais des alcoolisations ponctuelles à la hausse.
Pour le cannabis, la courbe est probablement l’expression d’un cycle: au début des années 2000, les prévalences étaient hautes, l’usage au cours de la vie concerne la moitié des jeunes, le fait d’en avoir eu un usage récent est à la hausse, sans rejoindre les niveaux les plus hauts de 2002 et l’usage régulier – le fait d’en avoir consommé dix fois au cours du dernier mois – concerne 10% des jeunes.
Mais des données plus récentes sur les lycéens (Espad) montrent une tendance à la baisse de la consommation de cannabis en seconde et en première. Il y a à la fois une consommation en hausse à la fin de l’adolescence et une tendance à la baisse au collège ou au lycée (figure 2) .
Figure 2. Usages de tabac, boissons alcoolisées et cannabis parmi les lycéens selon le niveau scolaire entre 2011 et 2015 (%) Information sur le cannabis et opinions à son sujet
Le sentiment d’information des 15-30 ans est passé de 47 à 75% entre 2000 et 2010, selon le Baromètre santé. La perception du risque est plus complexe et fluctuante dans le temps que pour des drogues telles que l’héroïne ou la cocaïne. Les usagers mettent le risque à distance (comme pour le tabac ou l’alcool), avec un système de rationalisation. Un autre grand changement est l’apparition des cannabinoïdes de synthèse, assez différents du cannabis naturel, souvent plus forts et plus difficiles à utiliser.
Quelques décès liés à la consommation de cannabis sont apparus (30 en 2013), ce qui est peut-être lié aussi à la façon d’observer en toxicologie et en médecine légale. Enfin, il y a une évolution de la teneur en THC du cannabis en circulation en France, qui a triplé entre 2000 et 2014 (figure 3).
Figure 3. Teneur moyenne en THC du cannabis en circulation en France 2000-2014, Inpes
Selon les enquêtes Espad menées auprès des jeunes de 16 ans depuis 1999 (quatre exercices), il y a une tendance à penser qu’il n’y a pas de «grand risque» associé au fait d’expérimenter le cannabis, mais le risque associé au fait de fumer régulièrement apparaît en hausse. La structuration de la perception des risques est en évolution, autour de quelque chose de plus rationnel (figure 4).
Figure 4. Évolution de la perception des risques liés au cannabis parmi les lycéens
En ce qui concerne les politiques publiques, selon l’enquête Errop de 2013, les trois grands types de sanction (avertissement ou rappel à la loi, obligations de soins, stage d’information sur les drogues) remportent la majorité d’avis favorables, en revanche l’amende financière partage l’opinion (50% favorables et autant défavorables) et les deux tiers de la population sont en désaccord avec le fait d’emprisonner les usagers de cannabis.
Enfin, les opinions sur les politiques publiques montrent une évolution: entre 2008 et 2013, l’opinion favorable à la régulation croît et, en parallèle, l’opinion est plus flottante quant à l’idée de mettre en vente libre le cannabis, comme le tabac et l’alcool (figure 5).
Figure 5. Évolution de l’opinion des Français sur les politiques publiques en matière de cannabis depuis 1999
En Europe, selon l’Eurobaromètre, un consensus très fort se dégage pour l’interdiction de l’héroïne, de la cocaïne et de l’ecstasy: 90% des jeunes Européens de 15 à 24 ans partagent cette idée. Mais s’agissant du cannabis, entre 2011 et 2014, les opinions sont partagées entre la régulation et l’interdit, la tendance étant à l’augmentation des opinions favorables à la régulation (de 34 à 45%). En Roumanie, plus de 80% des jeunes considèrent que le cannabis devrait être interdit ; en Italie et République tchèque, 71% sont favorables à la régulation, la France se situant tout près de la moyenne européenne, avec une faible majorité en faveur de l’interdiction (45%).
Pour beaucoup, la loi de 1970 interdisant le cannabis n'est plus adaptée à la société actuelle. « Cette drogue s'est banalisée. Les peines et les stages de sensibilisation n'endiguent pas le nombre de consommateurs », déclare Denis Récamier, directeur de VRS (Vers un réseau de soins). L'association vient en aide aux personnes confrontées aux problèmes de conduites addictives.
La consommation du cannabis s'est banalisée. « La répression et les peines n'endiguent pas le nombre de consommateurs. » - (Photo archives NR, Jérôme Dutac)
" La dépénalisation du cannabis serait une première étape "
« Aujourd'hui, un jeune qui fume du cannabis est considéré soit comme un délinquant soit comme un malade. Mais des millions de consommateurs ne sont ni l'un, ni l'autre. A partir du moment où ils ne tombent pas dans la dépendance, ni dans le trafic, ce sont juste des adolescents comme les autres qui veulent tester quelque chose qui leur est interdit. Le fait d'être stigmatisé comme un délinquant pour avoir fumé du cannabis va rendre le jeune méfiant, et nous aurons du mal à le toucher. L'usager va ainsi s'isoler dans une certaine clandestinité multipliant les risques, déplore Denis Récamier. Si on n'a pas une approche pragmatique et fine de la situation, on passe à côté d'une politique de santé publique. »
" On se trompe de combat "
Le docteur Viau, généraliste-addictologue à Saint-Ouen, demande davantage de permissivité. « Je reçois des personnes qui ne sont pas des toxicomanes mais qui ont juste besoin d'un certificat médical pour leur avocat avant de passer devant le tribunal, parce qu'ils ont perdu leur permis à cause d'un joint fumé. Ce sont des gens qui vont perdre leur emploi ou vont conduire sans permis. On se trompe de combat. Le trafic de drogues fait beaucoup plus de morts.
A qui profite le crime ? La France est le pays d'Europe de l'Ouest qui a la législation la plus dure envers le cannabis, mais c'est aussi chez nous qu'on fume le plus. » En France, les regards se tournent vers les expériences à l'étranger. Le directeur de VRS est satisfait de voir s'ouvrir le débat sur le sujet : « Pour sortir de cette image systématique du délinquant, la dépénalisation du cannabis serait donc une première étape salutaire dans le but de renforcer la politique de prévention. Ce qui fonctionne avec les jeunes, c'est de travailler avec eux sur leurs capacités et potentiels à développer des facteurs de protection, c'est-à-dire l'estime de soi, savoir dire non, l'affirmation de soi pour être plus armé pour faire face aux sollicitations de la société.
On veut juste travailler plus sereinement, plus simplement et naturellement. » Chez de jeunes consommateurs qui auraient un usage quotidien du cannabis, les principaux risques sont neurologiques (difficultés en terme de concentration et d'apprentissage). Pour le docteur Viau, le seul danger du cannabis réside dans la façon de le consommer et de le mélanger. « Que les moyens utilisés dans la répression soient mis dans la prévention auprès des jeunes », demande Denis Récamier, qui estime qu'il est néanmoins nécessaire de garder un volet répressif, quand fumer peut être dangereux pour autrui ou le bien public. « Ce sont les conséquences de l'usage qui peuvent être réprimandées. »
Évolution sociétale inévitable ou fumeurs qui prennent leurs rêves pour la réalité ? Cinq jeunes consommateurs ont accepté d’en débattre pour nous.
Le cannabis légal créerait des emplois et apporterait de l'argent dans les caisses de l'État, plaident ces jeunes adultes. - (Photo archives NR, Jérôme Dutac)
" C'est comme l'apéro ça réunit les gens " Autant lever le suspense tout de suite : la légalisation du cannabis, ils sont pour : « L'interdiction n'est vraiment plus d'actualité aujourd'hui, elle n'est plus adaptée à la société », affirment ces cinq jeunes loir-et-chériens. Agés de 22 à 24 ans, consommateurs occasionnels ou plus réguliers, ils sont tous dans la vie active, même si deux d'entre eux sont en ce moment en recherche d'emploi.
La légalisation du cannabis est un sujet qu'ils ont déjà évoqué entre eux. Leur point de vue sur cette consommation, c'est d'abord qu'elle est « une pratique sociale, c'est comme prendre l'apéro, ça réunit les gens ». L'intérêt d'une « modification des perceptions, apportant un nouveau regard » dans le cadre de pratiques artistiques telles que le dessin ou la musique est également évoqué. Comme pour l'alcool, ils verraient la vente légale du cannabis « réservée aux majeurs, contrôlée pour la qualité, et encadrée par l'État, avec des taxes qui feraient rentrer de l'argent dans les caisses », un argent que ces jeunes aimeraient voir dédié à « l'amélioration de la prise en charge de la santé ». Parmi les avantages économiques de la légalisation du cannabis, nos témoins évoquent avec spontanéité « la création d'emplois dans l'agriculture, le commerce, et le tourisme aussi, comme aux Pays-Bas où c'est légal ».
L'idée que le cannabis mène à la consommation de drogues plus dures semble à ces jeunes tout à fait fausse. Par contre, ils imaginent que cela pourrait servir de produit de substitution pour décrocher de drogues plus dures. Pour eux, le cannabis n'est ni plus, ni moins dangereux que l'alcool, « et si on pouvait s'en procurer légalement, ça permettrait aussi de fumer sans mélanger à du tabac, et donc, d'arrêter la clope pour ceux qui le veulent », ajoutent-ils.
Cannabis et conduite
Mais le sujet qui les fait le plus réagir, c'est la conduite. « Si le cannabis était légalisé, il faudrait mettre au point des tests plus efficaces, qui mesurent le niveau réel d'emprise : huit heures après avoir fumé un pétard, elle n'existe plus, affirment-ils, mais les traces de cette consommation, elles, sont toujours là ». Une forme d'injustice par rapport à l'alcool selon eux, et qui constitue aujourd'hui leur crainte principale : l'un d'eux a d'ailleurs arrêté de consommer du cannabis, quelles que soient les circonstances, pour ne pas risquer de perdre son permis. Légalisation ou pas, le candidat qui agirait sur ce point précis retiendrait sans doute leur plus grande attention.
la question à quelques politiques du Loir-et-Cher (41) Faut-il dépénaliser, légaliser ou ne rien changer en matière d'usage de cannabis ?
> Thomas Ménagé, chef de cabinet de Nicolas Dupont-Aignan : « Je pense qu'à 33 jours de l'élection, il y a des questions plus importantes pour les Français (chômage, insécurité) ! Je suis hostile à la légalisation ou à la dépénalisation du cannabis pour la santé des Français. Je déplore que certains candidats le proposent de façon démagogique et inconsciente. Il s'agit d'un sujet trop grave pour être abordé la veille des élections par des candidats en mal de popularité. Je souhaite lutter contre les trafics qui gangrènent nos quartiers et les dealers qui terrorisent la population. Je propose des mesures concrètes comme la création de Groupements de démantèlement des réseaux associant les services de renseignements à la police, la gendarmerie, le fisc et les douanes. »
> Michel Chassier, secrétaire 41 FN, pour Marine Le Pen : « Toutes les études confirment le lien entre consommation de cannabis, accoutumance aux drogues dures et apparition de troubles psychotiques. L'augmentation régulière du taux de THC en fait désormais une drogue dure qui provoque des ravages, particulièrement chez les adolescents. La dépénalisation serait une folie, une promesse démagogique et irresponsable. Les gouvernants qui se sont succédé depuis 30 ans n'ont pas pris la mesure du phénomène et n'ont pas su endiguer l'augmentation du nombre de consommateurs, laissant se développer une économie parallèle parfois considérée comme une soupape de sûreté pour éviter l'embrasement des quartiers dits sensibles. Marine Le Pen préconise la tolérance zéro pour les marchands de mort. »
> Christine Jagueneau, référente 41 En Marche ! pour Emmanuel Macron : « Pour un meilleur fonctionnement police-justice, Emmanuel Macron propose de passer du délit de détention/ consommation de cannabis à une contravention ; évitant le tribunal correctionnel. Rappel : 170.000 interpellations par an pour usage de stupéfiants, 100.000 renvois devant les tribunaux, 20.000 condamnations à des amendes et moins de 2.000 à des peines de prison ferme. Selon E. Macron, cette évolution serait " beaucoup plus économe en temps pour la police et la justice et bien plus dissuasive qu'une peine de prison dont tout le monde sait qu'elle ne sera finalement jamais exécutée ". Position défendue dans un rapport interministériel d'août 2016. »
> Frédéric Orain, 1er secrétaire fédéral du PS, pour Benoît Hamon : « Benoît Hamon est pour une légalisation du cannabis, une distribution gérée et contrôlée par l'État. La politique répressive est un échec. 17 millions de Français ont déjà consommé. Le laxisme serait de persévérer dans cette voie nuisible à tous : la police est dévalorisée, les habitants subissent les nuisances insupportables, les consommateurs s'exposent aux dealers et à la tentation de basculer vers les drogues dures. Les produits ne sont pas contrôlés, et sont parfois extrêmement dangereux. Il faut tuer ce trafic. Misons sur le plus important, l'éducation aux dangers. De nombreux États ont su évoluer. Cette légalisation n'entraîne pas de montée de la consommation. Voulons-nous enfin ouvrir les yeux sur cet enjeu majeur ? »
> Pierre Boisseau, comité de soutien de Jean-Luc Mélenchon : « Le programme de la France Insoumise prévoit une légalisation encadrée du cannabis dans un but précis. Le cannabis doit être appréhendé dans le cadre de la lutte contre les addictions. Le trafic actuel ne permet pas de mener les politiques d'information et de prévention nécessaires pour œuvrer dans le sens de la santé publique. Or les consommateurs sont extrêmement nombreux. Il faut cesser la politique de l'autruche et se donner les moyens de mettre en œuvre une politique de recherche, de prévention et de soins pour les personnes ayant une consommation pathologique. Nous souhaitons dépénaliser, permettre la vente et taxer le produit. »
> Maurice Leroy, président du comité de soutien, et Guillaume Peltier, chef de file LR, pour François Fillon : « Nous sommes clairement opposés à la dépénalisation du cannabis. Il est urgent de rappeler que c'est une drogue, dangereuse, notamment pour les jeunes. Le trafic de drogue procure des revenus considérables aux mafias et finance le terrorisme. Derrière la banalisation scandaleuse du " joint ", il y a des enjeux criminels très importants. Nous proposons des amendes systématiques pour l'usage de cannabis, l'expulsion des trafiquants des logements sociaux, le rétablissement d'une fermeté totale (peines plancher, expulsion des délinquants étrangers, 16.000 places de prison), la simplification des procédures et l'augmentation des moyens et des effectifs pour la sécurité et la justice. »
Claire Neilz et Catherine Simon
Sources: lanouvellerepublique.fr et lanouvellerepublique.fr
Les produits de beauté au cannabis gagnent du terrain, mettant au vert toute l'industrie cosmétique. Mais qu'a donc de particulier la fameuse huile de chanvre tant acclamée ?
Certains le fument, l'ingèrent et vont même jusqu'à l'introduire même dans des endroits intimes (oui oui, il paraît que c'est top)... mais peu savent qu'un autre mode de consommation du cannabis fait de nombreux adeptes à travers le monde.
Et non, on ne s'apprête pas à vous livrer une astuce confidentielle pour vous mettre bien, quoique la méthode ait déjà prouvé son caractère bienfaisant. Comme bien d'autres plantes, c'est en effet par voie cutanée que le cannabis livre nombre de ses bienfaits, utilisé en cosmétique pour ses propriétés réparatrices, apaisantes et hydratantes. There you go, encore des avantages qui viennent s'ajouter aux vertus médicinales bien connues de la plante, si ça c'est pas un signe !
Si les produits de beauté infusés au chanvre se chargent en THC et/ou CBD, leur utilisation est néanmoins tout à fait légale puisqu'aucune des deux molécules ne pénètre le système sanguin. Pas d'effet psychotrope, donc (oui, on sait, vous êtes déçues...), mais bel et bien d'innombrables bénéfices sur la peau et les cheveux.
Riche en vitamine et antioxydants, l'huile de graines de cannabis s'impose non seulement comme un remarquable ingrédient anti-âge, mais a également une action réparatrice sur les peaux atopiques (eczéma, psoriasis, etc.). Antibactérienne et anti-inflammatoire, elle soulage aussi les muscles endoloris, les douleurs articulaires et celles accompagnant les menstruations - on vous avait bien dit qu'elle était fabuleuse.
Les produits de beauté à base de cannabis signé Herb essntls, Fresh, The Body Shop et Apothecanna
Utilisé en médecine traditionnelle depuis des centaines d'années, le cannabis commence doucement à se faire une place dans l'univers de la beauté - où il a d'ailleurs beaucoup de choses à apporter. Il suffit d'ailleurs de voir le nombre de produits cosmétiques à base d'huile de graine de chanvre prospérer outre-Atlantique et ailleurs pour s'en rendre compte : de la crème pour le corps à la brume visage en passant par l'eau de parfum et le baume à lèvres, toute l'industrie s'est mise au vert, et on est à deux doigts de faire pareil
Le salon Cannatech ouvre ses portes lundi pour trois jours à Tel Aviv, en Israël. On y parle de cannabis thérapeutique, une filière d’avenir dans un pays qui se prépare à exporter sa production.
Illustration de culture de plants de cannabis à domicile. (MAXPPP)
Le salon Cannatech ouvre ses portes lundi 20 mars et pour trois jours à Tel Aviv, en Israël. On y parle de cannabis thérapeutique, une industrie montante dans le pays. Un reportage franceinfo de Etienne Monin - Alexis Morel Radio France
C’est une révolution qui fait du cannabis thérapeutique un marché comme un autre dans lequel Israël cherche à se positionner. Le feu vert à l’exporation a été donné en février dernier par une commission interministérielle. Cette décision tombe après un vote à la Knesset qui autorise depuis cet été la réorganisation de la filière et qui ouvre le marché à plus de sociétés.
Le secteur du cannabis made in Israël
Il est produit dans quelques fermes qui sont très protégées. Il est prescrit par des médecins agrées. Ce cannabis a différentes formes. On peut le trouver en pilule ou en inhalateur, par exemple. Il est prescrit pour des personnes atteintes de cancer ou de stress post-traumatique. Quelque 25 000 patients on eut accès a un traitement en 2015. L’usage thérapeutique existe depuis plus de dix ans.
L’environnement s’est considérablement enrichi. Il existe aujourd’hui un incubateur de start-up autour des produits du cannabis et un fond de placement financier. Un centre de recherche agréé travaille sur un protocole de culture et sur de nouvelles variétés. L’un des enjeux est de trouver le dosage idéal entre le THC, un psychoactif, et le CBD qui a un pouvoir anti-inflammatoire.
Le ministère de l’Agriculture a annoncé en début d’année qu’il comptait investir deux millions d’euros pour la recherche. Et un groupe à lancé une étude de cas dans un hôpital à Jérusalem pour élargir l’usage du cannabis aux cas d’épilepsie. Les acteurs cherchent à accroître le potentiel dans absolument toutes les directions.
Des débouchés à l'export
D’après l’un des promoteur les plus actifs, 100 millions de dollars auraient été investis l’an passé, depuis l’étranger, dans les entreprises israéliennes. On estime que l’exportation du cannabis ferait grimper de 15% les exportations agricoles globales. Aux États-Unis, le marché serait de plus de trois milliards de dollars sur les deux années à venir puisque presque 30 États ont légalisé le cannabis thérapeutique et huit le cannabis récréatif.
Cette révolution en Israël est menée par un gouvernement de droite et d’extrème droite. Le ministre de la Santé qui participe en première ligne a ses réformes est un ultra-orthodoxe. Israël porte sur le cannabis un regard pragmatique, intéressé et "moderne" d’après ses dirigeants.
"Je n'ai jamais été favorable à la légalisation du cannabis" a déclaré Emmanuel Macron dans une interview pour La Provence, publiée ce mardi 14 mars dans notre édition papier et disponible en ligne.
Emmanuel Macron le 28 février 2017 à Angers. Photo -
AFP/Archives - JEAN-FRANCOIS MONIER
"Certains ont un discours que je qualifierais de glissant" a précisé le candidat de "En Marche !" à l'élection présidentielle, avant de détailler les travaux du Pr Marcel Rufo selon lesquelles "la consommation régulière de cannabis chez certains jeunes peut avoir des conséquences dramatiques sur les capacités cognitives".
Dans son livre "Révolution" sorti le 24 novembre 2016, Emmanuel Macron se prononçait pourtant favorablement à la dépénalisation de la détention en petite quantité du cannabis afin de désengorger les tribunaux.
Source: laprovence.com
A lire aussi: Finalement Macron est contre la dépénalisation du cannabis publié le mois dernier
L'Université d'Oxford sera à l'avant-garde d'un programme de recherche de plusieurs millions de livres, dans l'espoir d'aider à développer de nouvelles thérapies pour les maladies aiguës et chroniques en examinant les effets du cannabis médical.
La plus ancienne université d'Angleterre sera en partenariat avec Kingsley Capital Partners, qui fournira jusqu'à 10 millions de livres (12,36 millions de dollars) d'investissement initial, qui sera financé par sa nouvelle société biopharmaceutique Oxford Cannabinoid Technologies (OCT).
Le partenariat devrait rassembler le soutien financier de Kingsley et l'expertise clinique d'Oxford ainsi que la recherche en immunologie, en neuroscience et en cancer afin de trouver des moyens de développer de nouveaux traitements pour les personnes atteintes de douleur, de cancer et de maladies inflammatoires.
Les scientifiques de l'université s'attendent à ce résultat en étudiant les mécanismes cellulaires, moléculaires et systémiques des cannabinoïdes.
"La recherche sur les cannabinoïdes a commencé à produire des découvertes biologiques excitantes et ce programme de recherche est une occasion opportune d'améliorer notre compréhension du rôle des cannabinoïdes dans la santé et la maladie", a déclaré Ahmed Ahmed, professeur d'oncologie gynécologique à l'Université d'Oxford.
Alors que le cannabis médical et la médecine cannabinoïde ont été vus comme fournissant un soutien aux patients dans la souffrance; Neil Mahapatra, associé directeur chez Kingsley Capital Partners, explique que «la recherche sur les voies et mécanismes particuliers qui produisent cet avantage est actuellement« limitée et attendue depuis longtemps ».
«Grâce à l'OCT, nous espérons que notre partenariat stratégique avec Oxford soutiendra le développement de nouvelles thérapies innovantes pour aider des millions de personnes dans le monde», a-t-il ajouté.
Le projet a même reçu une approbation publique de Patrick Stewart acteur de Star Trek et X-Men, qui a admis dans une déclaration soulager à l'aide de produits à base de cannabis l'ortho-arthrite dans ses mains - une recommandation fournie par un médecin à Los Angeles il y a deux ans.
À l'heure actuelle, le cannabis n'est pas autorisé en Grande-Bretagne malgré les appels à sa législation, cependant, le cannabidiol a récemment été classé comme médicament. En 2016, un groupe multipartite d'hommes politiques du Royaume Uni a demandé au gouvernement de légaliser le cannabis médical, déclarant qu'il y avait une base solide de preuves révélant que le cannabis pouvait être efficace dans un certain nombre de maladies chroniques.
«Je soutiens avec enthousiasme le plan de recherche sur le cannabis de l'université d'Oxford. C'est un progrès important pour la Grande-Bretagne dans un domaine de recherche qui a été trop longtemps retardé par les préjugés, la peur et l'ignorance», a déclaré Patrick Stewart dans un communiqué à CNBC.
«Je crois que ce programme de recherche pourrait avoir des effets bénéfiques pour des gens comme moi et pour des millions d'autres».
Depuis quatre mois, les marques suisses de chanvre légal se multiplient, créant un nouveau marché et un nouveau panel de consommateurs
Le gérant du shop La Belle Verte, à Lausanne, n’en revient toujours pas. Il y a six mois, il a ajouté le cannabis légal, c’est-à-dire à moins de 1% de THC, dans ses rayons. Depuis, les clients ne cessent de défiler: «Ce sont des personnes que je ne pensais jamais voir dans ma boutique: des hommes en costards cravates, des vieux, des mères de famille…»
Ce succès a déjà occasionné plusieurs ruptures de stock. Et les marques, telles que CPure, Cannaliz, Hempy et Budz, se multiplient. Le gérant dénombre sept autres points de ventes à Lausanne, dont trois kiosques et une station essence. L’herbe y est vendue de 2,6 à 20 francs le gramme, suivant la variété et la teneur en cannabidiol (CBD), la substance dominante de ce nouveau type de chanvre.
Le cannabis légal présenté dans un magasin de Lausanne: sous la forme d’herbe (cultivée sous serre ou à l’intérieur) conditionnée avec les mises en garde fédérales. Yves Leresche
Crème, huile, succédané de tabac: les moyens de consommer du cannabis légal sont nombreux. Alain, étudiant à l’Unil en biologie, préfère l’inhaler via un vapoteur à raison de quatre fois par semaine. «Il n’y a pas de nicotine, peu de THC, et plus du tout cette sensation d’addiction physique. Le vapo produit peu de fumée, ce qui préserve les poumons.»
Lire aussi: Cannabidiol et réduction des risques : encore une occasion manquée en Suisse
Les consommateurs de ce nouveau type de cannabis mettent à mal les clichés sur les fumeurs de joints. Des sportifs de haut niveau ont contribué à populariser le CBD, tel l’américain Nate Diaz, athlète en sport de combat, qui dit l’utiliser comme relaxant musculaire, le produit passant les contrôles antidopage.
Alexandre, étudiant à l’EPFL, en fume pour améliorer son sommeil et réduire sa consommation de cannabis. De un à trois joints par jour, il est passé à trois prises de CBD par semaine. «Cela fait deux semaines que je ne fume plus que ça. J’avais déjà essayé des substituts, mais il n’y avait pas le goût et l’odeur. Là, tu sens que c’est de l’herbe, tu conserves le plaisir, sans la défonce.» De fait, comme le souligne le rapport de l’OFSP le cannabidiol n’est pas une molécule «enivrante», contrairement au TCH présent en grande quantité dans l’herbe illégale. «Une consommation responsable»
Pour le Lausannois de 24 ans, le problème du THC, c’est qu’il agit surtout sur le cerveau: «Le CBD, lui, n’est pas psychotrope, il procure uniquement une détente musculaire.» Un plus pour la concentration, la mémoire à court terme et l’intégration dans une activité sociale. Alexandre n’hésite pas à en parler autour de lui, car à ses yeux il s’agit d’une «consommation responsable». D’autant plus que, ce chanvre étant légal, son origine et sa qualité sont mieux contrôlées. «C’est souvent bio, traçable, je peux remonter toute la chaîne de production et savoir ce que je consomme.»
Le président de l’association genevoise Alternative Verte, Nicolas Chanussot, souligne l’importance de cette traçabilité: «Sur le marché noir, le cannabis est frelaté. Avant, les dealers y ajoutaient de la fibre de verre pour le rendre brillant. Avec le CBD, on contrôle tout.» Depuis dix ans, Alternative Verte a pour objectif d’informer sur l’utilisation de plantes médicinales, comme le cannabis, pour une application thérapeutique.
Swissmedic, qui contrôle l’autorisation des produits thérapeutiques, interdit aux vendeurs de donner des conseils médicaux. L’organisation indique que le canabidiol pourrait avoir des effets antioxydants, anti-inflammatoires, anticonvulsifs, antiémétiques, anxiolytiques, hypnotiques ou antipsychotiques. Mais selon l’OFSP «son effet médicinal n’est pour l’instant pas assez avéré par la recherche».
De fait, pour Nicolas Chanussot la plupart des acheteurs de ce chanvre légal ont une motivation thérapeutique. C’est le cas de Mona, 50 ans, qui consomme du cannabis pour des raisons médicales depuis longtemps et pense que ce nouveau produit, faiblement dosé en THC, pourrait lui convenir. Discrète, elle précise seulement qu’elle cherche à soulager une «maladie neurologique».
Alors que plusieurs consommateurs semblent chercher un effet curatif, il n’existe pas de médicament contenant du CBD officiellement reconnu à ce jour. Le seul médicament à base de cannabis et étant accepté par Swissmedics est le Sativex, un spray buccal. Comme le cannabis médical, il est délivré dans des conditions strictes: pour pouvoir prescrire ces substances, un médecin a besoin d’une autorisation de l’OFSP.
Ce chanvre légal laisse certains sceptiques, comme Jean-Félix Savary, secrétaire général du Groupement romand d’études des addictions, pour qui le CBD fumé ou brûlé constitue un risque pour la santé. Contrôles policiers
A l’œil nu, impossible de différencier cannabis légal et illégal. Il faut pour cela des analyses en laboratoire. En cas de contrôle par la police, le consommateur a le choix: payer une amende d’ordre de 100 francs, sanction prévue par la Lstup en cas de possession d’une quantité d’herbe inférieure à 10 grammes. Ou accepter que le produit soit confisqué et soumis à une analyse.
«S’il s’agit de cannabis avec un taux inférieur à 1%, alors nous restituons la marchandise et l’affaire en reste là, explique le commandant de la police neuchâteloise Olivier Guéniat, si c’est du cannabis illégal, la personne sera dénoncée au Ministère public.
Elle devra payer les frais d’analyse et de dossier, en plus d’une amende». Un prétest bon marché, en cours d’élaboration, devrait simplifier et réduire les coûts des contrôles. Quant aux mineurs, ce nouveau type de cannabis, sous la forme de succédané de tabac, leur est interdit.
La marijuana serait-elle la solution pour installer la paix entre toutes les religions? Un rabbin, un prêtre et un athée se rejoignent autour d'un bang pour discuter spiritualité, tolérance et, il faut le dire, pour bien se défoncer.
Le nouveau film de WatchCut Video, qui a récolté plus de 406.000 vues sur YouTube, s'ouvre sur l'image d'un homme d'église s'allumant un joint au son d'un joyeux "Alleluia". Le ton est donné.
"Je suis là pour expérimenter une des créations de Dieu. J'ai déjà fumé de la marijuana il y a quelques années, mais je n'ai pas réessayé depuis", entame Jim Morel, le rabbin. Le prêtre anglican, Chris Schuler, renchérit: "Je n'ai jamais fumé tant que ça, le plus souvent c'était au lycée". De quoi casser les préjugés.
Le troisième intervenant, quant à lui, se décrit comme un "homosexuel athée". Et lorsqu'on lui demande quand est-ce qu'il a fumé pour la dernière fois, Carlos Diller répond en regardant sa montre: "Il y a peut-être une heure".
L'objectif de cette rencontre ? Fumer une bonne quantité de marijuana afin de discuter du point de vue de chacun sur la religion. Si ce genre de scénario est possible, c'est grâce à l'État de Washington qui a légalisé la consommation de cannabis en 2015.
Les minutes filent et les langues se délient
Au bout de 15 minutes, après quelques toux et de premiers rires, une conversation plus sérieuse commence. Carlos Diller, qui a été adopté par une famille catholique, explique comment il s'est détourné de la religion. "J'avais 14 ans et le prêtre a refusé de célébrer ma confirmation, commence-t-il. En fait il m'a dit que le diocèse m'excommuniait parce que j'avais commis des actes sexuels gay dans notre école".
Le jeune homme, qui vit aujourd'hui librement son homosexualité, raconte alors aux deux figures religieuses à ses côtés ce que cela a entraîné chez lui. "Je me suis dit qu'il fallait que je fasse plus de recherches sur Dieu et sur ce qu'était Dieu. Personne ne peut nier qu'il y a quelqu'un de brillant derrière tout ça (ndlr: le monde). Mais je ne sais pas de qui il s'agit". Carlos Diller conclut qu'il ne peut pas "dépendre d'une personne comme ça. Ce genre de Dieu semble insensé".
"La véracité, la beauté et le caractère palpable de Dieu sont les choses les plus fortes dans ma vie. Ça semble banal mais tous les récits disent la même chose", rétorque le prêtre anglican entre deux barres de joint. Face à cette intervention Carlos Diller se raidit: "La science a révoqué toutes ces histoires. Je crois en une religion originelle qui est l'astrologie. Et c'est un moyen pour les humains de comprendre ce qui les entourent. Et c'est exactement ce que vous faites avec vos religions". "Vous essayez de justifier un moyen de comprendre notre monde", continue-t-il.
La tolérance comme socle d'une nouvelle amitié
35 minutes se sont écoulées et le jeune athée revient sur ses précédents propos: "Je suis vraiment défoncé, désolé. C'est vraiment fort, j'ai tiré une trop grosse barre". "Tu n'es pas la seul", rétorque en rigolant Chris Schuler.
Après l'avoir observé d'un œil bienveillant, Jim Morel, le rabbin, s'adresse à son plus jeune voisin: "Tout ce que tu nous dis à propos de qui tu es, à quoi ressemble ta vie, ce que tu fais, ce que tu penses, pour moi c'est le discours d'une personne de foi. (...) Je viens juste de te rencontrer mais je peux t'aimer, tu sais pourquoi ? Parce que je te vois et la Bible dit 'quand je regarde ton visage je vois celui de Dieu'".
Et parce que l'un des effets de la marijuana est de désinhiber les personnes, les trois hommes se déclarent leur affection en s'attrapant par les épaules. "Je vous aime bien, c'est peut-être le début d'une nouvelle amitié", déclare Jim Morel. Pour sceller cette belle rencontre, ils se bénissent mutuellement. Le rabbin fait une prière en hébreu, le prêtre, lui, trace une croix sur leur front. Même Carlos Diller partage ses bonnes ondes et ses messages de paix avec les autres.
La drogue, une affaire de religion?
La vidéo a de quoi étonner. Voir des religieux fumer du cannabis restent assez inhabituel, mais comme le soulignent les deux concernés: la foi et la drogue ne sont pas incompatibles. "Les huiles d'onction trouvées dans le livre d'Exodus ont certaines qualités qui permettent d'élever les personnes. Et il y a une théorie qui dit qu'une d'entre elles provient d'une plante de chanvre (qui donne le cannabis)", affirme le rabbin avant de poursuivre: "Historiquement, beaucoup de personnes ont eu des expériences mystiques. Et je pense que cela s'est produit alors qu'ils étaient sous l'influence de ce genre de substances".
Pas d'opposition du côté de l'Église non plus. "Il n'y a rien à ce sujet dans la Bible et, je dois dire qu'il y a des milliers d'anglicans qui cultivent et fument de la weed", signale Chris Schuler. "La dépénalisation du cannabis devrait être en vigueur dans tous les États, c'est exactement la même chose que de la bière ou de la liqueur".
Un avis partagé par le rabbin qui voit en cette substance un moyen de trouver, peut-être, plus de paix: "Si cela t'aide à devenir une meilleure personne, à t'élever et, à te donner une nouvelle vision de la vie, alors c'est une chose vraiment positive". Une chose est certaine, ce n'est pas tous les jours que l'on voit un prêtre et un rabbin consommer de la drogue durant plus de 70 minutes. "Ce moment cool où tu fumes de la weed en compagnie d'un prêtre et d'un rabbin. Je vais le cocher dans ma check-list", s'émerveille Carlos Diller. Et il y a de quoi!
Des points de vente gérés par l'Etat dans lequel toute personne majeure pourrait acheter du cannabis. Voilà comment se traduirait la légalisation du cannabis si Benoît Hamon était élu.
La légalisation du cannabis telle que voulue par le candidat socialiste
pourrait bien être moins "totale" que prévue... (Crédits : CHRISTIAN HARTMANN)
La France va-t-elle devenir le nouveau Colorado ? Le candidat socialiste à l'élection présidentielle Benoît Hamon a présenté les grandes lignes de son programme ce matin dans un long entretien accordé au journal Le Parisien. Parmi les différentes mesures abordées, le candidat est revenu sur sa volonté de légaliser le cannabis, et il semble s'inspirer de ce qui a été fait outre-Atlantique. En effet, Benoît Hamon veut une légalisation du cannabis qui passerait par des "points de vente d'Etat".
C'est la solution adopté par le Colorado en juillet 2014. Un an plus tard, l'Etat américain avait déjà engrangé 70 millions de recettes fiscales grâce à la taxe de 30% prélevée sur chaque vente réalisée dans chacun des 350 magasins accrédités. C'est donc ce modèle qui inspire le candidat socialiste, et il faut avouer qu'au vu de la consommation actuelle de cannabis des Français, les recettes fiscales pourraient être considérables (les Français sont devenus en 2016 les sixièmes plus gros consommateurs de cannabis au monde).
Vers une simple légalisation de l'usage médical ?
Benoît Hamon a rappelé que la légalisation du cannabis était également une réponse à des problématiques en matière de santé publique et de sécurité : "Le problème n'est pas de fixer le prix mais de tarir le trafic et de supprimer une économie clandestine qui irrigue des pans entiers de notre territoire, d'encadrer la distribution de cannabis et de maîtriser le taux de substance psychoactive."
Lors de la primaire socialiste, le candidat avait également annoncé vouloir consacrer "les 535 millions d'euros qui vont aujourd'hui à la répression" à une vraie politique de prévention sur les risques du cannabis. "L'addiction au cannabis existe et peut affecter gravement la santé, mais elle est mal prise en compte", a-t-il insisté dans les colonnes du Parisien.
Reste toutefois un certain flou dans les déclarations de Benoît Hamon au journal Le Parisien, lorsqu'il précise "avec des prescriptions de santé éventuellement", après avoir évoqué les points de vente publics. Se contenterait-il d'une simple légalisation du cannabis à usage médical, à l'instar de ce qu'a instauré l'Allemagne récemment ?
La présidence de la République a annoncé le mercredi de nouvelles mesures pour limiter les cas d’emprisonnement de consommateurs de cannabis, alors qu’un projet d’amendement de la controversée “loi 52” sur les stupéfiants attend d’être examiné par la chambre des représentants du peuple.
Promulguée en 1992 la “loi 52” prévoit une peine minimale d’un an de prison pour “consommation de stupéfiants” et interdit aux magistrats de prendre en compte toute circonstance atténuante. A l’époque cette loi était souvent utilisée comme prétexte pour réprimer les voix critiques.
Aujourd’hui, son application s’est banalisée et des milliers de jeunes sont jetés chaque année en prison, la plupart pour consommation de cannabis. Ce Mercredi, le Conseil de la sécurité nationale réuni dans sa nouvelle composition sous la Presidence du chef de l’Etat Beji Caid Essebsi a annoncé des mesures visant à limiter les cas d’emprisonnement. Ainsi pour une première condamnation au titre de la loi 52, une grâce pourra être désormais prononcée dès le jugement et non plus après un mois de prison. La nouvelle mesure sera effective dés ce lundi 20 Mars jour de la fête de l’indépendance. Il a été décidé par ailleurs que la commission des grâces se réunira désormais tous les mois au lieu de quatre fois par an.
Dans le même temps, un projet d’amendement “partiel et exceptionnel” de la loi 52 sera présenté rapidement à la chambre des représentants du peuple pour donner aux juges un pouvoir discrétionnaire. Des ONG et le collectif “Al Sajin 52” militent de longue date pour l’abrogation de cette loi. Fin décembre, un projet d’amendement a été soumis par le gouvernement aux députés. Le texte, qui prévoyait initialement de supprimer les peines de prison pour les deux premières condamnations, est toutefois toujours bloqué à l’ARP.
Quoi qu’il en soit la mesure est considérée comme une grande avancée car elle permettra surtout d’éviter des milliers d’emprisonnement .