«Une drogue dont la puissance a été décuplée par divers artifices et dont la diffusion a pris une allure pandémique chez nos adolescents.»
Source : Drogues news
«De toutes les drogues, son principe actif est le seul à se loger durablement dans le cerveau et le tissu adipeux.» «Il provoque une dépendance psychique telle qu’un sujet sur quatre devient "accro" et une dépendance physique dont les expressions sont très décalées par rapport à sa dernière consommation. Il induit une tolérance qui conduit à multiplier les prises et à accroître les doses pour retrouver l’effet recherché.» «La dépendance [à cette drogue] fait percevoir d’emblée, sur un mode exceptionnellement plaisant, les effets de l’héroïne –c’est pourquoi nos 150000 héroïnomanes français sont tous passés préalablement par [elle].» Elle «a des conséquences néfastes sur le développement fœtal, puis sur le développement psychomoteur de l’enfant».
Mais de quelle drogue peut-il donc s’agir ? Une méthamphétamine yakoute? Du crack turboboosté? Le remplaçant du PCP ? Rien de tout cela, il s’agit en fait du cannabis. Ces propos n’ont pas été tenus au siècle dernier, mais il y a quelques jours, et pas par un délégué de parents d’élèves catholique intégriste mais par un directeur d’unité (de neuropsychopharmacologie) du CNRS. L’homme est interviewé dans le journal du CNRS à l’occasion de la sortie d’un livre dont le titre est tout en nuance : Halte au Cannabis ! (Editions Odile Jacob, pour ceux qui voudraient tout de même tenter).
Chacun verra dans les propos du Pr Jean Costentin (puisque c’est de lui qu’il s’agit) ce qu’il voudra, puisque, après tout, peu d’entre nous disposent des bases scientifiques nécessaires au débat. Certains y verront confirmation de ce qu’ils ont toujours pensé. D’autres une régression de la science et de la raison. Chacun admettra en tous cas que leur résonance est très peu scientifique mais très polémique. Que de la distance semble pour le moins manquer pour une drogue qui n’a à ce jour été à l’origine d’aucun décès répertorié (s’il l’on excepte les accidents de voiture) et qui ne semble pas transformer ses 800 000 consommateurs réguliers (tout de même un record) en zombies.
Pour ma part, je citerais Timothy Leary, qui, avant d’être le pape du LSD, était professeur à Harvard : «Les drogues sont des substances qui provoquent des comportements irrationnels et délirants… chez ceux qui n’en prennent jamais.»