On les surnomme les « cannabiculteurs ».
Ce sont des consommateurs de cannabis qui cultivent leur propre production pour faire des économies et s'affranchir des risques inhérents à tout achat auprès des fournisseurs (interpellations en flagrant délit sur la voie publique, « embrouilles » avec les vendeurs, etc.).
Policiers et gendarmes sont désormais habitués à découvrir ces cultures illicites au hasard de perquisitions motivées pour d'autres raisons. Cela va du simple pot installé sur le balcon à la pièce d'appartement aménagée en serre clandestine avec tout le matériel adéquat.
Source: L'union
Plantation très artisanale
Il est cependant bien rare de découvrir des plantations de « cannabiculteurs » en pleine nature. C'est arrivé dimanche matin près de Reims, dans les bois de Serzy-et-Prin. Un groupe de chasseurs participant à une battue est tombé sur une cinquantaine de pieds de cannabis hauts de plus d'un mètre, « pratiquement en fleurs ».
Les gendarmes rémois spécialisés dans la lutte contre les stupéfiants sont formels : « Le cannabis, ça ne pousse pas tout seul dans les bois, surtout sous nos latitudes. »
Qui donc alors a planté les graines ? On l'ignore mais leur initiative attire plutôt la moquerie. « Un bois, ce n'est vraiment pas l'idéal pour faire pousser du cannabis. Ceux qui ont fait ça se sont donné du mal pour pas grand-chose. »
Explication d'un gendarme : « Le principe actif du cannabis qui fait planer les consommateurs est le THC. La plante le fabrique dans ses sommités pour se protéger du soleil. Plus le taux de THC est important, plus les effets sont puissants. C'est pour cette raison que le cannabis est beaucoup cultivé dans certaines régions du Maroc. Il faut un ensoleillement quotidien très important - plus de 10 heures - combiné à un fort taux d'humidité. Les consommateurs bien équipés qui cultivent du cannabis chez eux ont des lampes à ultraviolets allumés en permanence, des humidificateurs, des récupérateurs d'eau. Ils peuvent obtenir des taux importants de THC mais alors là, dans les bois. Le gars qui aurait fumé ça n'aurait pas senti grand-chose. »
Les mystérieux cannabiculteurs de Serzy-et-Prin ont beau être des amateurs, les gendarmes leur font crédit d'avoir su semer les graines quand il fallait.
« Les pieds sont pratiquement en fleurs, ce qui est normal. On approche en cette saison de la fin de la pousse. Ils ont planté à la bonne période, à la fin du printemps. C'était bientôt le moment de récolter. »
Il n'y aura pas de moisson. Avisé des faits par les gendarmes de Ville-en-Tardenois, le parquet de Reims a ordonné la destruction des pieds de cannabis.