Une grande étude a été lancée pour évaluer la consommation de drogues des marins-pêcheurs d’Aquitaine et de Charente-Maritime.
Deux cent cinquante d’entre eux ont déjà été soumis à des tests de dépistage du cannabis et de la cocaïne.
L’usage de drogues illicites en mer n’est pas encore un fléau mais inquiète tout de même les autorités maritimes, qui souhaitent dresser un état des lieux de ces pratiques. Pour ce faire, depuis trois mois, une étude a été lancée auprès de 1 000 marins pêcheurs en Aquitaine et Charente-Maritime par le Service de santé des gens de mer ( SSGM) de la Direction interrégionale de la mer Sud-Atlantique.
Au total, les trois quarts des marins-pêcheurs de la région vont répondre à un questionnaire et se soumettront à un test urinaire, dont les résultats resteront anonymes et confidentiels. Cette enquête épidémiologique survient cinq ans après une première enquête menée auprès de toute la profession : 14 % des marins s’étaient alors révélés positifs au cannabis, ce qui signifie qu’ils avaient consommé cette drogue dans les cinq jours précédant le test. Aujourd’hui, la cocaïne fait également son apparition à bord des bateaux.
« Des conditions de travail éprouvantes »
« Les conditions de travail éprouvantes peuvent favoriser l’usage de substances addictives, explique le docteur Philippe Fruchaud, médecin-conseil du service du contrôle médical de l’ Énim, la sécurité sociale des marins, qui cofinance l’étude. Il existe une forte tradition de consommation d’alcool et le tabac dans ce milieu – des initiatives ont d’ailleurs été lancées pour lutter contre l’abus de boisson avec la création de bateaux dans lesquels l’alcool est prohibé. Mais, désormais, comme dans le reste de la population, on constate depuis les années 1990 l’usage de drogues douces et dures. »
Thierry Lassiège, médecin général des gens de mer pour la région Sud-Atlantique, a quant à lui constaté au cours de consultations et de visites sur les bateaux que c’est lors des longs séjours en mer que l’usage de drogues est le plus répandu, comme « par exemple chez les fileyeurs ou dans la pêche au large, car les hommes partent parfois un mois dans des conditions difficiles et sont un peu désœuvrés pendant le mouillage notamment », explique-t-il, rappelant toutefois que l’augmentation de la consommation de drogue touche l’ensemble de la population française.
« Des pratiques à surveiller »
Chez les marins, ce problème majore les risques d’accident en mer. « Nous savons que certains accidents sont causés par l’usage de drogues ou d’alcool, mais cela reste difficile à quantifier car nous ne retrouvons pas toujours les corps, souligne Patrick Berciaud, chef du service de santé des gens de mer. Ces pratiques sont à surveiller car elles représentent un risque important pour la sécurité de la navigation maritime. Il faudra peut-être renforcer les actions de prévention menées auprès des lycées professionnels. »
Et à terme, le dépistage urinaire aléatoire pourrait être généralisé.
Par CATHERINE MONIN
Photo © Guy Thouvenin/Robert Harding World Imagery/Corbis/Guy Thouvenin
Source: La Croix
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