Maastricht a changé sa loi envers les étrangers depuis le 1er octobre sur la vente de cannabis. On peut déjà observer les premiers effets de cette interdiction dont certains inattendus.
Par Liberté Chérie Belgique
Pour ceux n’ayant jamais eu le grand bonheur de visiter Maastricht, il s’agit d’une ville charmante, très vivante, aux rues bien entretenues et pourvue d’une jolie architecture mêlant du traditionnel rénové et du moderne. Cette ville très animée où on peut même croiser des opéras en rue durant l’été était, jusque ce 1er octobre, une des principales villes où les étrangers venaient s’approvisionner en cannabis et prenait une part importante dans les 400 millions d’euros annuels que rapporte le cannabis au gouvernement hollandais sous forme de taxes.
Seulement, ces dernières années, les habitants se plaignaient de plus en plus des nombreuses nuisances sonores causées par les étrangers venant s’approvisionner. Les français et les espagnols étaient les premiers montrés du doigt et, après de longues discussions et des pressions régulières de la part des autorités communales et de pays tels que la France, Maastricht est devenue une ville test sur l’interdiction de la vente aux pays non-limitrophes (autres que l’Allemagne et la Belgique). Cette tension était palpable depuis un moment si vous discutiez avec des autochtones et certaines villes comme Bergen-Op-Zoom ou Roosendaal ont purement et simplement empêché la vente de cannabis. Un plan fut d’ailleurs lancé pour déplacer les coffeeshops à l’extérieur de la ville en restructurant son ring. Les travaux sont d’ailleurs toujours en cours. Néanmoins, on ne pouvait imaginer la fin complète de sa vente étant donné la juteuse part fiscale qu’empoche le gouvernement grâce notamment à des accises importantes d’où ce plan de limitation plutôt qu’un arrêt pur et simple des coffeeshops ou de la vente aux allochtones (les précédentes discussions portaient sur la possession d’une carte bancaire hollandaise pour l’obtention d’une carte de membre d’un coffeeshop) et le statut actuel de ville test.
Voici donc un mois à présent que les français sont exclus des coffeeshops.
Pour rappel, la loi hollandaise tolère la possession de 5g de cannabis et tolère la vente dans des coffeeshops agréés, ne pouvant vendre d’alcool et ne pouvant avoir plus de 500g de stock sous toutes les formes que ce soit. La vente, la possession et la production, en dehors des trois plans tolérés par adulte, sont toujours illégaux mais, dans certains cas, non-punissables. L’ensemble des stocks des coffeeshops provient par conséquent du marché noir, qui alimente en parallèle les rues, aidé de rabatteurs qui tentent de convaincre des étrangers d’acheter dans des appartements où se retrouvent des vendeurs au noir mais, bien souvent, il s’agit d’une arnaque (produit de mauvaise qualité voire substitué par des plantes vertes). Et, bien souvent, ils ne s’arrêtent pas au simple cannabis proposant également d’autres drogues comme l’extasy, le LSD ou le speed.
Cette forme de vente, toujours punissable par la loi, voit un nouvel essor. Des rabatteurs de plus en plus nombreux, uniquement francophones à ma connaissance, se baladent dans les rues à la recherche de sonorités étrangères. Ils deviennent également plus agressifs quitte à vous suivre dans la ville en n’ayant de cesse de vous interpeler. Et ça semble payer car, bien qu’on aurait pu s’attendre à une diminution du prix des produits par le principe de l’offre et de la demande, on peut plutôt observer une augmentation de 0,5€ des cannabis sous forme d’herbe un peu partout et la disparition de certains produits comme le mix de Haze de l’easy going très demandé pour sa grande quantité et son prix très bas étant donné qu’il s’agissait des résidus des autres herbes vendues. La vente au marché noir, non-limitée aux 5 grammes par personne, semble donc doper la demande au détriment de la vente dans les coffeeshops agréés et taxés.
Et pour cause, les étrangers viennent toujours en masse, bien que moins régulièrement, et on peut les observer traîner près des growshops (articles pour la culture de plantes), headshops (articles pour la consommation sous divers formes comme le vaporisateur ou la pipe à eau) et les smartshops (champignons hallucinogènes, peyotl, salvia, kratom et graines de cannabis cultivables) où ils ne sont pas interdits. Il m’a d’ailleurs été donné d’observer un français et une polonaise choisir des champignons hallucinogènes à défaut de pouvoir acheter du cannabis. Après une longue discussion avec la vendeuse, il apparait même que ses ventes augmentent probablement suite à un phénomène de déplacement du consommateur vers d’autres drogues comme les psilocybes (champignons hallucinogènes) dont les effets sont comparables au LSD.
Cette interdiction fut menée afin de rendre la ville plus calme, et je dois admettre que les coffeeshops sont moins bruyants, mais ça ne semble qu’avoir déplacé le problème par des masses d’étrangers devant d’autres magasins et des rabatteurs plus nombreux et plus déterminés. Je doute fortement que les nuisances n’aient pas augmenté au détriment du charme de Maastricht et qu’il n’y aura pas d’autres répercussions avec le temps.
Source: Contrepoint