Les gendarmes s’en doutaient, les kits salivaires l’ont confirmé. Les automobilistes sont nombreux à conduire sous l’emprise de stupéfiants.Depuis janvier, un contrôle sur deux s’est révélé positif.
Source : www.leparisien.fr
https://www.leparisien.fr/images/2010/05/25/935290_06cb6e68-6782-11df-86e7-00151780182c_150x113.jpg[/img]Depuis leur mise en service fin 2008, les kits salivaires font des ravages. Dans l’Oise, le fameux test a déjà privé 372 automobilistes de leur permis de conduire. Et pour cause. Le procédé s’avère bien plus simple que son ancêtre, le test urinaire, qui exigeait la présence d’un médecin et l’installation contraignante d’un camion médicalisé sur le bord de route.
Conséquence de cette facilité d’utilisation, le nombre de dépistages monte en flèche. Tout comme le nombre de contrevenants.
Mais l’avènement du kit salivaire ne met pas en perspective une tendance nouvelle. A dire vrai, le kit ne fait que confirmer les soupçons des gendarmes : la conduite sous stupéfiants est devenue une pratique presque courante. « Le phénomène n’est effectivement pas nouveau, relève le lieutenant Delaporte, de l’escadron départemental de sécurité routière (EDSR). Dans les faits, les gens ne consomment pas plus qu’avant, seulement le kit salivaire nous permet enfin de quantifier le nombre d’automobilistes qui prennent le volant sous l’emprise de la drogue. »
Les statistiques sont éloquentes : l’usage de stupéfiants pointe désormais à la troisième place du hit-parade des infractions routières sanctionnées d’une suspension de permis. « L’alcool arrive toujours en tête, suivi des grands excès de vitesse, détaille-t-on du côté de l’EDSR. Mais c’est bien les stupéfiants qui connaissent la progression la plus spectaculaire. »
Secteur police et gendarmerie confondus, 923 contrôles ont été réalisés l’an passé. Sur ces 923 contrôles, 309 se sont révélés positifs, soit près d’un tiers. Et la tendance se confirme en 2010. Depuis janvier, 129 des 276 tests effectués ont prouvé l’usage de drogue. Autrement dit, un automobiliste dépisté sur deux est positif au cannabis, à la cocaïne, aux amphétamines ou aux opiacés.
Il convient cependant de nuancer ces chiffres. Vu leur prix — 13 € pièce — les kits salivaires ne sont dégainés qu’en cas de doutes persistants. « Le test salivaire intervient souvent comme une confirmation, note le lieutenant Delaporte. Avant de l’utiliser, nous soumettons la personne au test dit de Romberg. On lui demande par exemple de fermer les yeux et de basculer la tête en arrière. Si les paupières sont animées d’oscillations incontrôlées, c’est déjà un signe. On vérifie aussi la dilatation des pupilles grâce à un faisceau lumineux… »
Le test salivaire est efficace quarante-huit heures après la consommation et même au-delà. Des traces de stupéfiants peuvent même être décelées un mois après absorption lors des prises de sang et des contrôles urinaires.
DAVID LIVOIS | 25.05.2010, 07h00
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