D’après LE MONDE, «La gauche prône la régulation, la droite une prohibition renforcée» du cannabis mais «à droite comme à gauche on évoque la nécessité de réviser la loi de 1970». Le journal qui se demande si la question du cannabis sera un enjeu de la campagne présidentielle, précise que pour les 30 ans de «l’appel du 18 joint» les partisans de la dépénalisation de l’usage des stupéfiants interpellent les candidats.
Source : CIRC - Revue de presse
Précisant qu’un consensus se fait jour à gauche comme à droite sur la nécessité de réviser la loi de 1970, le quotidien souligne que les modalités de révision divergent en revanche radicalement, puisque le PS s’est prononcé pour une «régulation publique» et que l’UMP souhaite renforcer la prohibition. D’après le journal, cette loi de 1970 destinée à l’époque «à endiguer la consommation d’héroïne», n’est que très minoritairement appliquée. Evoquant la relance de «l’appel du 18 joint» par le Circ et les soutiens qu’il a reçus, le quotidien estime toutefois que sur le plan électoral, la thématique «ne fait guère recette» avec des Verts «moins en pointe» même si «officiellement ils militent toujours pour la dépénalisation de l’usage et le contrôle de la distribution de haschisch. Sergio Coronado, porte parole des Verts et signataire de l’appel, déplore «Nous sommes nous aussi touchés par le recentrage du débat politique et les thématiques du rappel à la loi».
Le Monde qui souligne qu’au PS cette question a été «vivement discutée» lors de l’adoption du projet pour 2007, précise que les membres du bureau politique «ont écarté l’idée de dépénalisation du cannabis pour lui préférer une «régulation publique» de l’usage». D’après Cécile Prieur, cette proposition, soutenue par le MJS et Malek Boutih, revient à une forme de légalisation de l’usage. Malek Boutih affirme «la dépénalisation ne peut plus être un mot d’ordre, elle revient à dire qu’on fout la paix aux consommateurs (...) on pourrait imaginer une politique de prévention avec vente de cannabis dans des lieux autorisés, interdiction pour les mineurs et production contrôlée par les pouvoirs publics». Pour sa part, Marielle de Sarnez, vice présidente de l’UDF, déclare « nous prenons acte que la consommation est largement répandue, mais la dépénalisation ne pourrait être perçue que comme un mauvais signal».
Notant que la majorité penche pour une pénalisation accrue de l’usage de cannabis, le quotidien relève que Nicolas Sarkozy a opté pour une révision de la loi dans le sens d’un renforcement de «l’interdit social», proposant de remplacer la peine de prison par une contravention de 1500 euros inscrite au casier judiciaire avec également des sanctions alternatives comme « l’obligation d’aller à l’hôpital pour voir des usagers de drogues».
Un encart sur la «nouvelle filière agricole» imaginée par Malek Boutih. D’après le journal, Malek Boutih, chargé des questions de société au PS, «s’est fait une spécialité, celle de produire des rapports iconoclastes » et ainsi dans une note de cinq pages sur le cannabis, ou comment « contrôler son usage pour protéger les citoyens» il prône «la reprise du marché (du cannabis) par la puissance publique» afin de lutter contre la «mafia», le cannabis étant selon lui «la clé de voûte de la ghettoïsation et de l’insécurité dans les quartiers populaires».
Précisant qu’il recommande une «régulation» par l’Etat, le journal estime qu’il lance «quelques idées audacieuses, inspirées du modèle néerlandais» pour «une nouvelle filière agricole». Le quotidien souligne que cette filière se développe autour de «coopératives chanvrières outdoor» (plein champ) cultivées «sur des espaces sécurisés» de deux hectares afin de produire en masse le «haschisch et l’herbe de consommation courante», mais aussi de «chanvrières sous serres» d’un hectare, pour cultiver des «boutures de variétés de cannabis» et «soutenir la concurrence qualitative avec les marchandises d’importation» et enfin de chanvrières «indoor» (sous serre) de 500 m2 pour les horticulteurs et de 50 m2 pour les producteurs «indépendants» avec pour les particuliers «une surface de 2 m2 de floraison "indoor" et 10 pieds «outdoo» par foyer». Indiquant que côté distribution, des «associations pourront ouvrir des clubs de consommateurs» à condition de ne faire aucune publicité extérieure, le Monde rapporte que Malek Boutih sait que dans «la forme actuelle le PS ne va pas tout reprendre» mais dit-il «c’est ma façon de travailler».
Dans la rubrique «Rebonds» de LIBERATION un papier sur «l’exception française anticannabis», signé Anne Coppel (Association française de réduction des risques), Jean Pierre Galland (Circ), Olivier Poulain (Utopia). Les auteurs qui rappellent qu’en adoptant la loi de 1970 le législateur avait déclaré «un fléau menace la République», estiment que les fumeurs de joint «font pâle figue comme ennemis de la République» et ils s’interrogent sur la manière de prendre au sérieux la santé publique quand les consommateurs d’alcool et de tabac ne sont pas frappés des mêmes sanctions. Estimant que 30 ans plus tard «l’argument est plus inaudible que jamais» ils précisent «Ecoutons ce que nous nous disons les unes aux autres».
Reconnaissant que le cannabis n’est pas anodin, peut révéler des troubles psychiatriques, et rend dépendant, il observent toutefois que cette dépendance n’a rien à voir avec celle à l’héroïne ou au tabac et soulignent par ailleurs que les troubles psychiatriques ne doivent pas être confondus avec un «bad trip», expérience désagréable qui révèle rarement une psychose. A la question «autoriser le cannabis alors que l’on veut interdire le tabac?» ils répondent qu’effectivement la tolérance sur l’alcool et le tabac recule, pour juger «qu’au-delà des produits c’est l’ensemble de nos comportements (...) qui sont sur la sellette», mais que «la santé publique a bon dos» car «il n’est pas de justification à la judiciarisation de comportements qui ne nuisent pas à autrui». Les militants qui soulignent que l’un des «argument paradoxaux qui justifie le maintien de la loi c’est qu’elle ne serait pas appliquée», assurent que c’est «tout simplement faux» puisqu’en 2003, 2789 sanctions judiciaires ont été prononcées pour usage simple.
Reprenant l’argument selon lequel «dépénaliser serait envoyer un mauvais message», ils notent que «la France est le pays le plus répressif d’Europe» mais aussi celui «où la progression du cannabis est la plus rapide», alors qu’on observe une stabilisation voire un recul de la consommation chez nos voisins «qui ont tous dépénalisé l’usage». Affirmant que pour 2008, «l’objectif officiel est la tolérance Zéro», ils indiquent que sur les trois dernières années le coût de la répression équivaut à celui des 10 années précédentes, avec parmi les personnes interpellées 90% d’usagers de cannabis. D’après les auteurs, nos voisins d’Europe ont fait pour leur part un autre choix, et «la dépénalisation de l’usage associée à la tolérance de la détention et de l’autoproduction permettrait à la France de se mettre au diapason», sachant qu’il «ne s’agit pas d’exiger un statut particulier pour le consommateur de cannabis mais au contraire de le faire entrer dans le droit commun».
METRO publie une interview de Jean Pierre Galland, porte parole du Circ, qui relance dimanche «l’appel du 18 joint». JP Galland qui indique que depuis le 1er appel, il y a trente ans, la société a évolué avec «de plus en plus de gens qui fument » mais un usage toujours interdit, affirme qu’en 1999 la MILDT avait lancé une politique «plus objective» dont l’idée « était de lutter contre l’abus plus que l’usage» alors que la droite au pouvoir «s’est attachée à montrer le cannabis sous un jour défavorable ».
Le porte parole du Circ qui dit militer «pour la légalisation du cannabis, pour que la distribution, la production et l’usage soit réglementés » précise demander, une dépénalisation «dans un premier temps». Selon lui, «si on était logique » on interdirait alcool et tabac, en comparaison des quels «le cannabis est un problème de santé mineur». Et il interroge « ne vaudrait il pas mieux mettre en place un programme de protection des risques pour avoir un bon usage?» avec cette précision que l’on pourrait ne pas encourager à fumer dans les lieux publics et interdire le cannabis aux mineurs. Source: MILDT, Paris
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