C'est finalement samedi prochain, avec plusieurs semaines de retard, que le Bloc Pot ouvrira son café "apportez votre joint", dans les locaux de l'ancien Club Compassion de Montréal, rue Rachel.
Au début du mois de septembre, le Bloc Pot avait annoncé l'ouverture imminente, en plein coeur du Quartier Latin, de son bistro pour fumeurs de pot, le tout premier établissement du genre au Québec.
Des problèmes avec le propriétaire de l'immeuble, qui n'a pas apprécié être informé par les journalistes des intentions des locataires, ont cependant forcé le Bloc Pot à trouver un nouveau local et à repousser de quelques semaines la pendaison de la crémaillère. Entre-temps, une poursuite de 6000 $ a été déposée à la cour des petites créances contre celui qui avait accepté de sous-louer le local au Bloc Pot sans en aviser le propriétaire.
Aujourd'hui, malgré quelques petits pépins, Hugô Saint-Onge, chef du Bloc Pot et véritable maître d'oeuvre du projet, estime que tout est en place pour que le café ouvre ses portes samedi.
Les clients devront cependant se contenter d'un local d'une trentaine de places seulement, et le menu prévu à l'origine devra être revu, le Bloc Pot n'étant pas parvenu à obtenir de la Ville le permis de restauration qu'il convoitait. "Puisque le local est considéré comme le bureau de consultation de notre parti politique, nous pouvons tout de même vendre du café et quelques produits, mais le menu ne sera pas aussi complet que ce qui était prévu au départ", explique M. Saint-Onge.
"Les clients devront aussi obligatoirement être membres ou sympathisants de notre parti politique pour pouvoir fréquenter le café, ajoute-t-il. Il faudra au moins faire une contribution de 1 $ au parti ou montrer sa carte de membre 5 $)."
Pour la grande ouverture du café Chez Marijane, samedi à midi, le Bloc Pot a invité une brochette de personnalités du monde politique et artistique. Le sénateur Pierre Claude Nolin, auteur d'un rapport favorable à la légalisation de la marijuana, compte notamment parmi les personnes conviées.
Selon M. Saint-Onge, les clients courent peu de risque d'être arrêtés même si les policiers savent que de la marijuana est consommée à l'intérieur du café. Depuis le début de l'été, les plus hauts tribunaux de l'Ontario, de la Colombie-Britannique et de l'ensemble des provinces maritimes ont invalidé l'article de la loi sur la possession simple de cannabis, créant un important flou juridique au pays.
Le Québec continue néanmoins de considérer la possession de cannabis comme un délit criminel, et les policiers montréalais ont indiqué à maintes reprises que les personnes surprises en possession de marijuana dans un tel établissement doivent s'attendre à être arrêtées. Devant ce risque, M. Saint-Onge ne se cache pas pour dire que le café qu'il s'apprête à ouvrir est en quelque sorte "un levier de désobéissance civile visant à mettre fin à la prohibition".
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