Hier, au Palais de justice de Chicoutimi, la Juge Johanne Roy a prononcé une sentence dans la cause d'un homme de La Baie, qui a plaidé coupable dans un cas de possession simple de hachisch.
Que voulez-vous que la juge fasse? Elle a donné 80 heures de travaux communautaires à ce pauvre gars qui consomme régulièrement car ça lui "permet d'entrer dans sa peinture et de mieux peindre ses toiles", a-t-il expliqué à sa seigneurie.
Ça démontre cependant que la justice a évolué dans ce domaine. Avant de prononcer son jugement, la magistrate Johanne Roy a justifié les raisons qui ont motivé ce jugement.
"Ca devient de plus en plus difficile, pour un juge, de sanctionner la possession simple de marijuana quand le législateur lui-même indique qu'il a l'intention de décriminaliser cet acte criminel. Il est donc de plus en plus difficile d'évaluer la gravité de ces actes", a expliqué la juge avant de renvoyer l'accusé faire ses travaux communautaires.
"Pour le moment, il s'agit d'une infraction criminelle et tant que ce sera ça, vous devrez revenir devant les tribunaux pour répondre de vos actes", a averti la juge.
J'écoutais la magistrate parler à l'accusé et je pensais à Elliot Ness, ce policier fédéral qui s'est battu pendant des années pour arrêter les trafiquants d'alcool à l'époque de la prohibition, aux États-Unis.
Dans le film les Incorruptibles, avec Kevin Kusner, qui joue le rôle de Ness, un journaliste interpelle le policier, à la fin du film, et lui dit : M. Ness qu'allez-vous faire maintenant que la prohibition est terminée et que la vente d'alcool est permise?
Ness de répondre : "Je pense que je vais aller prendre un verre".
Ce pauvre justicier s'est battu toute sa vie contre un crime qui est devenu permis.
Devant le jugement de Johanne Roy, j'avais l'impression qu'elle était devant un crime qui n'en sera plus un bientôt.
Source : Le Quotidien (Canada) - jeudi 1 mai 2003 - Roger BLACKBURN
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