LIAFAX 06 numéro 13 : 15/03/06 USA/Connecticut
La proposition de loi visant à interdire la vente ou l’offre de douceurs ou d’aliments contenant du cannabis ou en ayant le goût a été approuvé par le General Law Committee. D’après les promoteurs du texte, le seul goût de la substance encourage par la suite sa consommation.
Les chiens de garde de la prohibition ne reculent devant aucune absurdité pour éradiquer la renaissance du chanvre au USA et ailleurs. D’après ces croisés de la moralité, l’alimentation au chanvre, surtout les boissons et les friandises, serait une invention diabolique du tristement fameux lobby de la drogue pour programmer les enfants à une consommation future de cannabis. Alors que dire du coca-cola ?
Source : Chanvre-info
Pour interdire les sucettes et les bonbons au chanvre sans THC, certains politiciens du Connecticut veulent priver leurs concitoyens des bienfaits de l’huile, de la farine, de la graine ... Ils veulent empêcher la dégustation de recettes traditionnelles comme les bières autrefois aromatisées au chanvre et pas au houblon. Cette loi porterait atteinte à la liberté de commerce et à l’égalité de traitement entre les entreprises.
Car elle va surtout créer une discrimination inacceptable et certainement illégale avec un soda célèbre et ses dérivés : le coca-cola. Si le goût du chanvre pousse à consommer de la marijuana, alors le goût du coca pousse à consommer de la cocaïne. Il faut souhaiter que les avocats du chanvre puissent démontrer l’absurdité d’une telle mesure aux élus du Connecticut ou sinon à la cour suprême de cet état ou des USA.
Sinon, ce délirant précédent servira de fondement à une nouvelle campagne mondiale contre l’alimentation au chanvre et même contre toute utilisation sans transformation industrielle. Se parfumer ou se doucher au chanvre incite-t-il à manger un space cake ? Rouler à l’huile de chanvre pousse-t-il à s’envoyer un sucre à l’huile ? Le dentifrice, le stick pour les lèvres ou l’huile de massage forcent-t-ils à boire un bhang corsé ? Bien sûr que non, la vérité est ailleurs.
Les syndicats des agriculteurs productivistes, comme la FNSEA française, sont aujourd’hui forcés de reconnaître le potentiel du chanvre jusque dans leurs congrès. Puisqu’ils n’ont pas pu empêcher le retour du chanvre, les lobbies agro-industriels veulent le cantonner dans des secteurs très mécanisés et gourmand en investissements comme le diester, les moulages type plastique, les isolants et les papiers spéciaux. Ainsi, ils éliminent la grande majorité des militants de la redécouverte du chanvre, très représentés dans les filières artisanales comme l’alimentaire ou les cosmétiques, ils récupèrent donc le marché juteux d’une plante qu’ils ont voulu éradiquer. Le principal problème du chanvre est qu’il a trop d’utilités donc trop d’ennemis et de faux amis.
Laurent Appel