Jamais aucune organisation militant pour la réforme du cannabis n’a prétendu que fumer de la résine ou des fleurs ne comportait aucun danger pour la santé. Ce faux procès, instruit par de nombreux média français et internationaux suite à l’étude du magazine 60 millions de consommateurs sur la toxicité supérieure de la fumée des joints par rapport à une Marlboro rouge, perturbe un débat déjà complexe et difficile. Les prohibitionnistes cherchent toutes les justifications possibles de leur politique catastrophique tant sur le plan sanitaire que social. Nous voulons réglementer pour mieux protéger la jeunesse, la santé publique, le bon fonctionnement des institutions et de l’économie. Le cannabis n’est pas un produit ordinaire, nous devons apprendre à vivre avec plutôt que de chercher vainement à l’éradiquer.
Source : Chanvre-info
Anomalies et interprétations
D’après ce test, trois joints de tabac et résine mélangée seraient aussi toxiques qu’un paquet de cigarettes. Un stick d’herbe pure envoie aussi dans les poumons deux fois plus de nicotine et six fois plus de CO qu’une cigarette. D’où vient la nicotine dans le chanvre ? L’addiction physique serait beaucoup plus forte s‘il en contenait vraiment une pareille dose. D’autre part, une Marlboro subit de nombreux traitements et possède un filtre bien plus technique qu’un bout de carton pour diminuer les nuisances. Ce n’est pas le cas des marchandises du marché noir. Enfin, cette étude plaide pour un cannabis biologique très fortement dosé en THC, l’usager pourrait ainsi moins fumer pour atteindre l’effet désiré et donc consommer moins de polluants. L’inverse du discours alarmiste sur la skunk qui tue.
Une pure invention
Pour avoir osé écrire, comme de nombreux rapports officiels que les dangers objectifs du cannabis sur la santé mentale et physique, sur les comportements à risque et sur l’addiction étaient moins graves que pour les autres drogues illicites, l’alcool, le tabac ou les médicaments psychotropes, nous sommes accusés d’angélisme quasi-criminel. Pour justifier scientifiquement une prohibition socialement intenable, l’ONU, certains gouvernements et organismes officiels et une presse avide de sensationnel ont inventé la théorie du cannabis sans risque. Dans quel but machiavélique ? Pour mieux lui opposer l’herbe gonflée au THC qui rendrait mou ou fou, le joint de résine qui donnerait le cancer plus vite que la cigarette, le nouveau cannabis qui rendrait aussi dépendant que l’héroïne. Une fois encore, nous devons dénoncer les exagérations et les mensonges de la propagande prohibitionniste et réclamer une politique pragmatique de prévention et de réduction des risques.
Informer pas réprimer
L’objectif de ces campagnes est d’alarmer la population pour que des politiciens opportunistes puissent profiter électoralement de leur attitude intransigeante. Abstinence et lutte contre le trafic sont ainsi présentées comme les seules mesures possibles face à un péril mortel. Cette politique est un échec, la France est championne d’Europe pour la consommation de cannabis. Ses conséquences sanitaires peuvent être dramatiques. En niant la consommation raisonnée et en prétendant éradiquer l’offre et la demande par la répression, nos gouvernements perdent de précieuses années dans l’éducation populaire à la consommation raisonnable de cannabis. La croissance exponentielle de la consommation impose des mesures inapplicables dans un système prohibitionniste. Information du consommateur, disponibilité des substituts et des dispositifs de réduction des risques, pédagogie et assistance constituerons des armes plus efficaces que la propagande hygiéniste, la persécution, la matraque, le code pénal et la cellule.
Du cannabis autrement
Il faut informer massivement sur les alternatives à l’inhalation comme les multiples dispositifs de vaporisation (vapir, volcano, smoke bubble ...) ou toutes les formes possibles pour l’ingestion (teinture, lait, beurre, fleur, huile, résine ...). Il faut favoriser l’accès à des substances pures tant pour le tabac que pour le cannabis, les engrais et les produits de traitement aggrave la nocivité. Il faut promouvoir des dispositifs de réduction des toxines dans la fumée comme des fume-joints avec filtres ou des filtres à glisser dans le carton. Il faut étudier le ratio dose-effet-toxines pour tous les modes d’inhalation comme les pipes à eau, les shiloms, les joints avec carton ou filtre marocain. Ainsi les usagers pourront choisir leur méthode en connaissance de cause et pas par imitation de l’environnement. Il faut titrer les produits comme pour l’alcool, le fumeur doit consommer une dose minimale pour l’effet recherché, ce qui nécessite des produits concentrés en THC. Les mangeurs de cannabis ont encore plus besoin de titrage pour trouver les doses adéquates et éviter les surdoses plus désagréables qu’avec les joints. Il faut évaluer réalistement le taux de THC dans le sang selon les modes de consommation, la valeur limite pour conduire un véhicule ou autre activité à risque, le temps d’élimination, les facteurs aggravants ou améliorants. Dans le système prohibitionniste la masse des usagers ne disposent pas des éléments nécessaires pour une consommation raisonnée et ne profitent pas des mécanismes d’assistance.
Changer d’attitude
Il ne faut plus que la honte, la peur de la famille, du fichage ou du gendarme ne détournent les usagers problématiques des centres d’assistance. Les consultations cannabis sont moins stigmatisantes que pour l’alcool ou la coke, elles permettent mieux de détecter les problèmes de polyconsommation abusive. Ce phénomène concerne beaucoup d’usagers qui n’arrivent pas à sortir de la cigarette à cause du joint, qui alternent ou mélangent des doses massives d’alcool, cannabis et benzodiazépines, qui passent d’une consommation festive à quotidienne de speed, de coke ou de MDMA. Le cannabis n’est pas une porte d’entrée sur les drogues mais c’est un bon moyen pour inciter à un bilan global sur sa consommation de drogues légales ou non. Certains choisiront l’abstinence avec ou sans succès. D’autres chercheront à raisonner leur consommation et à réduire les risques. Une minorité persistera dans des comportements à risque et il faudra une réglementation pour protéger la société des abus, comme c’est déjà le cas avec l’alcool et le tabac. Nous devons adopter un dispositif qui réponde à ces comportements, pas s’acharner à imposer le dogme de l’abstinence.
Protéger enfin !
Nous ne demandons pas une réglementation pour pouvoir nous gaver de cannabis, c’est déjà possible malgré la prohibition. Nous ne cherchons pas à nous afficher d’avantage que les usagers de tabac ou d’alcool, nous voulons le respect de notre libre arbitre et disposer de notre corps et de notre esprit sans nuire à autrui. Nous sommes une minorité discriminée qui réclame une amélioration de son quotidien et le rétablissement de ses droits. Pas un groupuscule de nihilistes qui cherchent à mourir de plaisir juste pour emmerder la société, ni une secte prosélyte qui cherche à gouverner les consciences pour (se) soulager les bourses. Cette étude fait peur aux usagers car la prohibition les condamnent à subir les méfaits maximums d’une substance par ailleurs relativement maîtrisable. Bien peu vont arrêter de consommer mais la haine contre ce système va encore s’accentuer. Les dangers du cannabis sont bien moindres que les méfaits de sa prohibition, y compris pour la santé.
Laurent Appel