Si l’on comparait ? Et si à Rennes, à Montpellier, on testait le « cann’apéro bis" » ? Et si à Aubenas, Chambéry, Annecy, comme à Paris et partout en France, on se regroupait pour un « cann’apéro » géant, comme lors de la Marche Mondiale du Cannabis ou à l’occasion de l’Appel du 18 joint ? Le concept en est simple : désobéissance et convivialité revendiquées !
Source : Cannabis Sans Frontières
Face à ce qui s’apparente à des rassemblements « bon enfant », la dérive sécuritaire gouvernementale ne peut tolérer la manifestation d’un ennemi intérieur, fût-il incarné par la figure d’un « apéro géant » réunissant 10 000 personnes dans une ville de province, sans chef, sans parti, sans organisation. De ce qu’Hakim Bey nomme la TAZ... version franchouillarde !
Doublement étonnant quand on compare ces rassemblements spontanés avec l’échec retentissant de la mobilisation en mars et en mai pour le « No Sarkozy Day ». En 2010, il serait plus facile de réunir 10 000 personnes pour partager un « apéro », que de se rassembler pour dénoncer la dérive du national sarkozysme ! Triste constat.
Existe-t-il aujourd’hui une fronde qui ne s’exprime qu’en défiant les autorités au travers des « apéros géants » ? Et alors l’espace public, en démocratie, est-il la « propriété » de l’état ou celle des citoyens, du peuple ? On le voit, la « mode de l’apéro géant » relance fortement le bras de fer entre la population et l’état, et même au-delà, figure une forme de résistance passive et joyeuse s’opposant à la morosité sociale d’un système politique et économique en perdition.
Comme par hasard, un accident survenu en marge d’un dernier rassemblement met le feu aux poudres. Qu’on se rassure, le Ministre conduira prochainement une réunion de travail sur ce sujet. Faut-il lui rappeler que ce type d’accident mortel peut aussi se produire en marge du Tour de France, sans que les gros titres l’affichent en Une. « C’est l’alcool le responsable, pas Facebook, ni le fait d’avoir un rassemblement. Faut-il interdire les regroupements de plus de 2 personnes sur la voie publique ?" ironise t-on sur les forums internet.
Le parti de l’esprit "free"
A l’image des raves et de l’esprit « free party » des années 90, le phénomène des « apéros géants » illustre l’air du temps. Depuis 2004, les « sarkoval » ou les « techni-veaux » ont vidés l’esprit pirate de la scène techno pour la confiner dans des hangars ou sur des bases militaires. Les tests ADN routiers « antistup » génèrent une crainte compréhensible, avec la conséquence directe d’un retrait du permis de conduire – il est très facile d’être testé positif au cannabis, la substance la plus consommée parmi les drogues illicites. Un constat face à une répression aveugle.
Et puis quel est l’intérêt à se rendre au bar ou en boîte, avec des lois anti-tabac vous forçant à rester en terrasse avec vos amis fumeurs, alors que vous ne l’êtes pas, ou inversement ? Depuis quelques temps, les « free rave party » s’organisent en privé, et c’est à la maison qu’on se biture entre amis à mille lieues du préchi-précha de bon aloi d’une société hygiéniste. Les rassemblements conviviaux et gratuits n’existent quasi plus. L’esprit solidaire de la fête a laissé la place aux événements payants.
Il n’est pas étonnant que cette situation débouche sur un « apéro géant ». Il y a un pied-de-nez évident à la situation sociale et politique de la France en 2010.
Que la dernière transgression en vogue soit de « picoler en masse et massivement »,n’étonne pas puisque Sarkozy en 2007 osait prétendre que « le vin n’est pas une drogue » ou qu’ « il n’existe pas de drogues douces ou dures, il n’y a que des drogues illégales ». Au nom de l’identité nationale, on devrait s’enorgueillir de cette particularité, liée au vin et aux alcools. Bien qu’ on refuse encore d’ouvrir le débat sur la politique en matière de drogues.
Pour un internaute qui participait à « l’apéro géant » à Nantes, cette manifestation est une démonstration symptomatique : « Moi je vois des gens qui trouvent les moyens de se retrouver, de se rencontrer et de s’amuser ! Et je trouve ça bien au final, ce n’est sûrement pas parfait. Mais grâce au phénomène Facebook/Twitter, on s’aperçoit que les évènements collectifs se développent en quantité et en qualité de façon remarquable. Et que la génération Internet est sûrement plus solidaire et collective qu’elle ne le paraît pour les générations précédentes. »
Cela peut renvoyer au « binge drinking » -l’hyperalcoolisation- ,pratique qui se développe de manière inquiétante, et qu’il s’agirait de prévenir vraiment.
Seulement qui osera dire que cette situation n’est pas le produit d’une politique ? Qui osera mettre un doigt là où ça fait mal ? Peut-on dire que le « binge drinking », comme les « apéros géants » ne sont que les symptômes de l’interdiction, du rappel répétitif par la MILDT de la sanction pénale en guise de campagne de prévention, de la chasse à la boulette pour gonfler les statistiques ministérielles de la lutte contre la délinquance, de la lutte anti-cannabis !
Pour un "cann’apéro" !
La tentation devient grande alors de s’inscrire dans ces comportements à l’échelle macro : démontrons que la société française a totalement intégré l’usage du cannabis !, qu’elle est mûre pour un débat public ouvert et réellement contradictoire, sans présupposés pseudo moralistes et idéologiques.
Partout en France, organisons ces manifestations uniques et historiques.
Rassemblons-nous lors de « cann’apéro géant ». De 18h à 22h, partout sortons de la clandestinité, rassemblons-nous sur les places de centre-ville et donnons à voir un mouvement de contestation réel et constructif.
Affirmons incontestablement, le lien entre les quatre générations de "D’jeuns" de 20 ans qui ont eu à subir la loi du 31 décembre 1970.
Changeons cette situation ubuesque, mieux vaut "la prévention que la prison, la tolérance que l’exclusion".