« Lorsqu’un gouvernement a peur de ses citoyens, c’est la liberté. Lorsque les citoyens ont peur de leur gouvernement, c’est la tyrannie » Thomas Jefferson, 3ème président des USA.
Le syndicat étudiant UNI a organisé en 2003 à Strasbourg un dîner-conférence sur le thème : « L’usage du cannabis chez les adolescents, un véritable fléau social » (Cliquez ici pour télécharger au format texte) avec le Commissaire Divisionnaire Honoraire Charles SIMON comme principal orateur. Ce syndicat, très minoritaire chez les étudiants, est surtout une pépinière de futurs cadres pour la droite dure française. Il constituera le fan club le plus virulent du programme présidentiel sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Certains de ces adhérents sont les ministres de demain. Il est donc indispensable de leur enseigner très vite les fondamentaux du nouveau populisme droitier : Faire peur pour mieux régner au nom de la sécurité et de la morale en péril. Ce commissaire de police manie parfaitement la rhétorique néo-conservatrice qui pollue le débat sur la politique des drogues et plus largement l’organisation de la société. En bon élève du Ministre de l’Intérieur et des think tanks américains, Charles Simon prophétise l’apocalypse pour mieux prêcher la rédemption par la répression. Ce texte constitue un excellent exemple de propagande prohibitionniste, un bréviaire de la peur à l’usage des prédicateurs du déclin de l’Occident. A lire pour mieux y répondre.
Source : Chanvre-Info
La sécurité est devenue un gigantesque business envahissant toutes les sphères de la société. Ces lobbyistes doivent entretenir un fort niveau de peur dans la société pour justifier les budgets pharaoniques engloutis par leur industrie, la violence qu’elle génère et la régression des libertés individuelles qui accompagne son expansion. Malgré des décennies (et des centaines) de rapports et d’études dénonçant une diabolisation injustifiée, le cannabis reste un excellent outil pour effrayer, contrôler et réprimer. Ces usagers constituent un gros troupeau de boucs émissaires, parfaits supports de phantasmes terrifiants mêlant racisme, épidémie, violence, sexe débridé, refus de l’autorité, déviance mentale, délinquance juvénile, décadence... toute la panoplie de la calomnie utilisée depuis des millénaires par les théoriciens du déclin et du sursaut moral.
Les policiers ont un intérêt évident dans une idéologie sécuritaire. Sur le cannabis, ils ne devraient pas être juge et partie. Les consommateurs de cannabis sont d’excellents clients pour la police payée au rendement et les statistiques du ministère. La théorie du fléau évite les questions sur leur inefficacité chronique à contrôler le phénomène. Pourtant de nombreux policiers s’érigent en experts du cannabis et interviennent dans les media ou sur le terrain. Partout, il propage la peur pour mieux se dresser en rempart indispensable.
La recette est simple et efficace : faire peur en exagérant les liens de causalité, la gravité et les conséquences de l’association violence-cannabis-école-délinquance ; associer les troubles comportementaux classiques chez l’adolescent à la consommation de cannabis, rejeter la culpabilité sur l’intelligentsia parisienne socialo-libertaire post soixante-huitarde coupable, entre autres, de banalisation du cannabis et de la délinquance ; dénoncer la perte des valeurs morales qui entraîne la décadence de la société ; réclamer une politique de l’abstinence avec une réponse policière et judiciaire systématique et applicable à tous les délits de consommation, la tolérance zéro avec les petits dealers, une censure du débat sous prétexte d’apologie, une prévention super alarmiste...
Saupoudrer le tout d’ingrédients piquants comme Ben Laden, les caïds de banlieues, le poison exporté par des arabes, l’intégrisme musulman, l’échec scolaire et professionnel dans les quartiers, ... Ajouter des chiffres bidons mais chocs tant pour minimiser les forces de l’adversaires que pour aggraver les problème... Vous obtenez la soupe à la grimace que veulent nous faire manger les media trash et les politiciens néo-conservateurs chrétiens, pseudo-radicaux ou libéraux, en plus des sectes et de puissants lobbies comme l’industrie de la sécurité ou la pétrochimie.
Le cannabis est une panacée indispensable aux manichéens de toutes obédiences, à la stigmatisation de populations soit-disant à risques ou déviantes pour mieux flatter une soit-disant normalité sociale, à la justification d’une politique abusivement sécuritaire. Le cannabis n’est pas un produit anodin, il a des effets positifs et négatifs, les millions d’usagers ont droit à une information objective.
« La question de savoir si les problèmes excessifs de cannabis mènent aux problèmes sociaux ou si les problèmes sociaux mènent à l’utilisation excessive de cannabis n’a pas été encore résolue. » Inquiry into the mental health effects of cannabis, NEW ZEALAND HOUSE OF REPRESENTATIVES, 1998.
Laurent Appel