Des coffee shops fermés en signe de protestation alors que d'autres respectent la loi, des contrôles policiers inégaux et une hausse de la vente illégale : la mise en place de la "carte cannabis", en vigueur depuis une semaine dans le sud des Pays-Bas, est chaotique.
"Il faut du temps pour que tout se mette en place", reconnaît Charlotte Menten, une porte-parole du ministère néerlandais de la Justice et de la Sécurité, interrogée par l'Agence France Presse.
Entrée en vigueur le 1er mai dans le sud du pays, la "carte cannabis" doit permettre d'endiguer les embouteillages, tapage nocturne et prolifération de vendeurs de drogue provoqués par l'afflux de millions d'étrangers venus acheter du cannabis dans les coffee shops.
Nos journalistes, Myriam Schelcher, Patrick Duluc et Mickael Guiho, sont allés enquêter dans la ville de Breda, tout près de la frontière belge et ont pu constater les effets pervers de cette nouvelle législation :
La nouvelle législation, qui concerne dans un premier temps environ 80 des 670 coffee shops néerlandais, doit faire de ces établissements des "clubs fermés" comptant au maximum 2.000 membres domiciliés aux Pays-Bas et âgés de plus de 18 ans. Elle sera étendue à tout le pays en 2013
Les quatorze coffee shops de Maastricht (sud-est), foyer de la résistance contre la "carte cannabis", sont fermés depuis le 1er mai en signe de protestation contre cette mesure "discriminatoire" et qui entraînera une baisse importante de leur chiffre d'affaires, selon eux.
Un seul d'entre eux, l'"Easy Going", avait ouvert les 1er et 2 mai, le temps de recevoir un avis de fermeture temporaire de la municipalité pour avoir vendu du cannabis à des Belges et des Allemands. Par ailleurs, sept des onze coffee shops de Tilburg, fermés depuis le 1er mai en signe de protestation, ont rouvert lundi et respectent désormais la loi.
Les contrôles policiers "pas une priorité"
Ailleurs dans le sud du pays, la nouvelle législation se met en place "sans trop de problèmes", affirme la police.
Si à Breda, Maastricht, Venlo et Tilburg, les contrôles policiers sont réguliers, ailleurs comme à Eindhoven, ils n'ont pas encore débuté, les policiers chargés des contrôles étant en cours de formation.
A 's-Hertogenbosch, Oss et Uden, plus éloignées de la frontière belge, "les contrôles
ne sont pas une priorité" car les nuisances liées au tourisme de la drogue y sont "réduites", selon un porte-parole de la police locale.
La vente illégale de cannabis dans la rue a augmenté à Maastricht et Venlo (sud-est), selon la police, ce qui n'est pas le cas pour le moment au sud et au sud-ouest des Pays-Bas. La nouvelle législation ne décourage toutefois pas certains touristes de la drogue qui se rendent plus au nord, là où la "carte cannabis" n'est pas encore en vigueur, comme à Nimègue (est). "Depuis quelques jours, il y a des voitures avec des plaques belges dans le centre et qui sont clairement là pour les coffee shops", raconte Florian Vingerhoeds, porte-parole de la police locale : "avant, on ne voyait jamais de plaques belges".
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Par Yann FOSSURIER (avec AFP)
Source: France3