Jouany Chatoux est de ceux-là mais il a souhaité, avec ses associés du Gaec Chatoux-Jeanblanc-Pichon, démarrer les tests de culture grandeur nature pour gagner du temps et faire la démonstration de la pertinence du projet. Pour autant, pas question pour les agriculteurs d’être hors-la-loi : « Nous ne cultivons que des espèces autorisées ne dépassant pas un taux de THC de 0,2 %. Nous nous conformons aux dispositions légales (voir par ailleurs) et avons sélectionné une dizaine de variétés de chanvre inscrites au catalogue des plantes autorisées. »
« Nous avons des agriculteurs prêts à cultiver, un labo pour le transformer et des investisseurs étrangers » affirmait en décembre dernier Éric Correia. Le député Jean-Baptiste Moreau lui a emboîté le pas et œuvre à présent auprès de Matignon et du Parlement pour faire de la Creuse un département test. Il y a quelques jours, le Sénat votait les premières dispositions assouplissant la législation pour permettre les premiers essais.
Jouany et ses associés ont investi dans du matériel de pointe pour se donner toutes les chances de réussite et rester dans les clous de la législation. « Cette année, nous nous concentrons sur la sélection des meilleures variétés et des meilleurs pieds dans le cadre d’une phase de sélection génétique. Nous voulons créer notre propre variété élite à bouturer, répondant précisément aux critères français ».
« Une façon de se faire la main »
Et cette sélection a visiblement bien démarré puisque des centaines de plants ont été cultivées depuis quelques semaines avec beaucoup de succès. Les premiers semis atteignent à présent une taille de quelques dizaines de centimètres.
À leur apogée, les plantes peuvent atteindre 2 ou 3 mètres de hauteur. À terme, « les plantes seront commercialisées entières. Nous ne commercialiserons pas spécifiquement les fleurs car c’est interdit en France. Notre objectif, avec ces tests, c’est d’être prêts et opérationnels dès que la législation aura évolué. C’est une façon de se faire la main. En attendant, les tests sont suivis par la Chambre d’agriculture et des visites seront organisées », précise Jouany.
Historiquement, on a l’impression de vivre un retour aux sources puisque la Creuse était, il y a un siècle, le plus gros département producteur de chanvre en France. Il se pourrait donc que d’ici peu, le futur creusois retrouve des airs d’antan.
Que dit la loi ?
La réglementation française prévoit que toutes les opérations concernant le cannabis sont interdites, notamment sa production, sa détention et son emploi. Dès lors, tout produit contenant du cannabidiol extrait de la plante de cannabis est interdit sauf s’il entre dans le cadre d’une dérogation permettant l’utilisation du chanvre à des fins industrielles et commerciales. Ainsi, certaines variétés, dépourvues de propriétés stupéfiantes, peuvent être utilisées sous trois conditions : les variétés de chanvre autorisées figurent sur une liste ; seules les graines et les fibres peuvent être utilisées. L’utilisation des fleurs est interdite ; la plante doit avoir une teneur inférieure à 0,2 % en THC.
Alors que son autorisation est étudiée par le ministère de la Santé, les plus de 55 ans ont déjà montré leur appétence pour la molécule de CBD
Photo: Le cannabis thérapeutique pourrait être administré sous forme d'huile. "Sud Ouest"
Le compte à rebours est enclenché. La France n’a jamais été aussi proche d’autoriser la vente de cannabis. Enfin, soyons précis, de ses molécules actives (THC ou CBD) qui pourraient avoir des actions « thérapeutiques ». Dans les 18 autres pays européens, qui ont autorisé la vente sur ordonnance de médicaments dérivés du cannabis, notamment du Sativex, cela semble bien marcher.
Trois médicaments autorisés
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) est chargée d’évaluer la pertinence de ce traitement. C’est le ministère de la Santé qui l’a saisie, fin 2018. Plusieurs pathologies entreraient dans le champ de prescription de la plante : sclérose en plaques, épilepsie sévère, nausées des soins en cancérologie, soins palliatifs. Les conclusions sont attendues très prochainement. Trois médicaments sont tout de même autorisés en France, mais avec des conditions si restrictives que seule une centaine de patients en aurait bénéficié.
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Mais l’attente est grande. Notamment auprès des personnes âgées, dont certaines douleurs chroniques ne sont pas atténuées par les prescriptions classiques.
Seniors fans du CBD
C’est ce qu’ont pu vérifier les gérants de la boutique Satyva dédiée au CBD, ouverte en février dernier en plein cœur d’Agen. Les premiers clients étaient plutôt cheveux gris que locks de fans de reggae.
Le CBD (ou cannabidiol) ne contient pas la substance active hallucinogène du cannabis, seuls ses effets calmants sont actifs. Clémence repartira de la boutique avec de la tisane et du chocolat au CBD. « Je les prendrai le soir, avant d’aller au lit, histoire d’oublier les douleurs. »
Déclinés en plusieurs formes, ces produits dérivés du cannabis contribuent à la démocratisation de leur usage. L’ingestion ne se fait pas en « fumant un joint ». En France, les trois médicaments autorisés à base de THC sont administrés en capsules, en huile à ingérer, en suppositoire, en patch ou encore en spray buccal. Si la décision du comité scientifique de l’Agence du médicament n’est toujours pas connue, les acheteurs du troisième âge sont prêts.
Le cannabis thérapeutique pourrait être administré sous forme d’huile.
Le marché du cannabis légal augmente rapidement. Canopy Growth, leader du secteur, est coté à Wall Street. La journaliste Stéphanie Loridon a enquêté sur ce secteur en plein essor.
Photo: Stéphanie Loridon était l'invitée de franceinfo lundi 13 mai. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)
Le cannabis sort de l’ombre. De plus en plus de pays autorisent cette drogue, et le marché "légal" croît de manière spectaculaire. Avec Xavier Deleu, Stéphanie Loridon publie Big Marijuana, quand le deal devient légal (Hugo Doc). Le "big marijuana", explique-t-elle, c’est l’idée "qu’une industrie de la marijuana s’est créée très rapidement, d’autant plus qu’elle utilise tous les outils du capitalisme financier. Elle arrive maintenant à la bourse de New York". Aux États-Unis, où plusieurs États ont franchi le pas, le cannabis "légal" génère un chiffre d’affaires de 10 milliards de dollars environ, chaque année.
Le Canada précurseur
Le Canada est le premier grand pays à avoir légalisé le cannabis, dans son usage récréatif, en octobre dernier. Selon Stéphanie Loridon, cinq groupes seulement se partagent 70% des ventes : "Ils sont partis très tôt dans la course, et ont pu construire très vite des usines". Le leader, Canopy Growth, a des visées mondiales.
Alcooliers et fabricants de tabac ont compris tout l’intérêt de ce marché, notamment aux Etats-Unis : "Constellation, un grand groupe d’alcool américain, a pris une participation importante dans Canopy Growth, leader canadien du cannabis. Et maintenant Canopy est en train de racheter un groupe américain de cannabis, Acreage".
Là où le cannabis est rendu légal, la consommation de cette drogue augmente-t-elle ou recule-t-elle ? "Dans les états américains précurseurs comme le Colorado, la consommation est à peu près stable, notamment chez les jeunes. C’est une préoccupation de santé importante", explique Stéphanie Loridon, qui poursuit : "Au Canada, d’après une enquête récente, il y a eu une petite hausse de la consommation. Mais c’est beaucoup trop tôt pour dire ce qui va se passer. Il faudra probablement une génération pour mesurer l’impact pour des jeunes qui grandissent dans un environnement où le cannabis est légal".
Une enquête démontre que 16 % des consommateurs de cannabis ont reconnu conduire sous l'emprise de drogue. Un chiffre inquiétant qui peut avoir des conséquences dramatiques.
Photo: Le cannabis diminue les temps de réaction au volant. Photo AFP
Boire ou conduire, il faut choisir. On pourrait y ajouter depuis longtemps : fumer du cannabis ou conduire, il faut choisir. En 2017, 439 personnes qui avaient fumé du cannabis ont provoqué un accident mortel sur les routes françaises. Il faut dire que 16 % des consommateurs de cannabis reconnaissent conduire après avoir fumé, d'après une enquête de 2016. C'est plus que la moyenne européenne de 11 %.
Si les jeunes ont longtemps été les seuls concernés, ce n'est plus le cas aujourd'hui. "Les jeunes sont concernés mais la consommation perdure après 25 ans", explique Anne Lavaud, la déléguée générale de l'association Prévention Routière, au Figaro.
Quoi qu'en pensent les adeptes du pétard, conduire après avoir fumé représente un risque. "Contrairement à l'alcool, où les risques au volant sont intégrés, les consommateurs de cannabis pensent rouler sans danger. Ils disent adopter une conduite cool", explique le délégué interministériel à la sécurité routière Emmanuel Barbe. Pourtant, c'est prouvé, le cannabis diminue les temps de réaction et entraîne une perte de coordination des mouvements.
Détecter ces conducteurs s'est généralisé au cours des contrôles des forces de l'ordre avec un test salivaire. En 2017, 233 586 contrôles ont été menés. 23 % des tests étaient positifs. Et contrairement à l'alcool, où il existe un seuil à ne pas dépasser, la simple présence de drogue chez le conducteur constitue un délit. La loi prévoit 2 ans de prison, une amende de 4500 € et le retrait de 6 points sur le permis. En cas de mélange drogue/alcool, l'amende est de 9000 € et la peine de prison de trois années.
L'Agence nationale de la sécurité du médicament doit rendre un avis avant l'été sur les modalités de distribution du cannabis thérapeutique. Entre 300 000 et un million de personnes pourraient être concernées. Ceux qui l'utilisent déjà font comme ils peuvent, dans l'illégalité, pour soulager leurs douleurs.
Illustration: Franceinfo a interrogé des malades ayant recours au cannabis thérapeutique, sur lequel l'Agence nationale de la sécurité du médicament doit bientôt rendre un avis. (AWA SANE / BAPTISTE BOYER / FRANCEINFO)
"Ma vie s'est considérablement améliorée." Atteint d'une myopathie depuis plus de quarante ans, Jean est invalide à 80%. "J'ai une rétraction des jambes, les miennes sont toujours pliées, même la nuit. Mais avec le cannabis, je dors très bien, les douleurs musculaires s'apaisent", confie cet homme de 52 ans. "Je ne vais pas me relever sur mes jambes, relativise-t-il, en fauteuil roulant depuis dix ans, mais j'ai le moral. Je vais de l'avant". Le cannabis a favorisé un retour de son appétit et du sommeil, ce qui, selon lui, réduit les risques de voir sa maladie progresser.
Comme Jean, ils seraient entre 300 000 et un million de Français à consommer du cannabis thérapeutique, selon les informations du Parisien. La consommation du chanvre, l'autre nom de la plante, est pourtant illégale en France car les molécules de delta-9-tétrahydrocannabinol (THC) qu'elle contient sont inscrites dans la liste des stupéfiants. Néanmoins, en décembre 2018, un comité scientifique nommé par l'Agence nationale de la sécurité du médicament (ANSM) a validé sa pertinence médicale : la plante a, entre autres, des vertus antalgiques, antiépileptiques, antispasmodiques et de décontractant musculaire.
L'ANSM se dit d'ailleurs favorable à son utilisation lorsque les thérapies classiques ne viennent plus à bout des douleurs. Quelques centaines de patients ont déjà pu bénéficier, à titre exceptionnel, d'autorisations pour pouvoir consommer des médicaments à base de cannabis thérapeutique. D'autres pourraient suivre puisque l'ANSM évalue actuellement les modalités de mise à disposition sur le marché d'autres traitements à base de cannabis thérapeutique.
La piste peu fructueuse du cannabis classique
Certains médecins sont conscients depuis longtemps de son utilité. Ce sont parfois eux qui, à court de solutions, font germer l'idée chez leurs patients. C'est ce qu'il s'est passé pour Frédéric, atteint d'une maladie orpheline qui se manifeste sous la forme d'une pancréatite chronique. "Drogué sans en avoir conscience" à la morphine, cet ancien chef d'entreprise raconte s'être habitué à ce puissant dérivé de l'opium... jusqu'à un arrêt cardiaque en 2007. Quelques mois plus tard, son spécialiste lui lance : "Ce serait peut-être bien, Fred, que tu essaies le cannabis thérapeutique. Ca peut fonctionner." Sans son médecin, ce patient assure qu'il n'y "aurait jamais pensé". Lui qui se rappelle avoir "détesté le joint" lors d'une soirée étudiante, se met désormais à faire des recherches sur internet pour se procurer du cannabis.
En attendant l'avis définitif de l'ANSM, qui doit être rendu courant 2019, les malades glanent des informations où ils le peuvent et s'essayent à différentes méthodes de consommation. La première expérience consiste souvent à fumer du cannabis coupé avec du tabac, et trouvé grâce au "trafic de rue". Françoise Maillard a ainsi demandé à son fils de lui faire fumer un joint pour lutter contre la spasticité (contractures imprévisibles des muscles), conséquence de sa sclérose en plaques. En vain : "Il m'a dit 'Maman, ce n'est pas la peine, tu crapotes, tu n'avales pas la fumée'." D'autres ont renoncé à cette solution à cause de l'effet psychotrope provoqué par une part trop importante de THC dans le cannabis vendu illégalement.
"J'ai essayé d'acheter pendant un temps dans la rue mais c'est coupé avec n'importe quoi." Jean, atteint d'une myopathie, à franceinfo
"Sur le marché noir, c'est du cannabis récréatif avec une dose très importante de THC, ce qui provoque une ivresse et qui n'est pas adapté pour les malades", explique Fabienne Lopez, de l'association Principes Actifs, qui regroupe des "citoyens concernés qui ont pour seul délit la production minimaliste [de cannabis] pour se soulager". A l'inverse du cannabis "récréatif", le cannabis thérapeutique repose sur un "équilibre" entre les molécules de THC et de CBD. Le psychiatre et président de la Fédération Française d'Addictologie, Amine Benyamina, millite depuis quinze ans pour "pour la libération du cannabis thérapeutique afin de le distinguer du festif et afin que ses détracteurs cessent d'empêcher sa préscription chez des gens qui en ont vraiment besoin."
Après s'être détournés du cannabis récréatif, les consommateurs malades essaient parfois des produits à base de molécules de cannabidiol (CBD). La loi française l'interdit, mais pas la loi européenne, ce qui a permis à des boutiques d'ouvrir en France, à condition de vendre des produits avec un taux de THC inférieur à 0,2%. Mais, à en croire Eva et d'autres malades interrogés, les effets ne sont pas suffisants pour apaiser leurs douleurs. La jeune femme de 20 ans, atteinte d'une fibromyalgie, une maladie auto-immune qui exacerbe chaque douleur quotidienne, s'est laissée tenter par des bonbons et des gélules au CBD. Leur "goût infect" et la persistance de ses douleurs l'ont convaincue de ne pas renouveler l'expérience. Sa seule alternative reste des produits avec du THC, disponibles "en deux clics" sur internet. "Mais qu'est-ce qu'on me vend vraiment ?", s'inquiète-t-elle.
"Au cinquième morceau, j'ai décollé"
Isolés, les malades cherchent donc leurs propres solutions. Revenue du joint, Françoise a ainsi tenté la piste du gâteau au chocolat au cannabis. "Un super goût, se remémore-t-elle, mais le problème, c'est qu'on ne connaît pas les quantités qu'on met... Au cinquième morceau, j'ai décollé, décrit l'ancienne médecin pour l'industrie pharmaceutique. Je planais dans un état secondaire, un peu comme une anesthésie générale. C'est ingérable."
Au fil des années et des expériences décevantes, la majorité des malades consommateurs interrogés par franceinfo se sont donc mis à cultiver leurs propres plants de cannabis. Beaucoup ont consulté des livres et des vidéos en ligne pour devenir de vrais experts. Comme les taux de CBD et de THC ne sont pas les mêmes selon les variétés, il faut parvenir à déterminer quel mélange va soulager au mieux ses symptômes. Pour les tester, ces chimistes en herbe se font parvenir par voie postale des boutures de différentes variétés.
Séropositif depuis trente ans, Bertrand Rambaud ne supporte pas ses traitements antirétroviraux. "Le cannabis me permet de les prendre, les effets secondaires me pourrissent trop la vie sinon", explique le président de l'association UFCM I Care, sujet aux douleurs digestives, à une perte d'appétit et à plusieurs troubles du sommeil. Il a fini par trouver le dosage qui lui convient : moins de THC le matin pour ne pas "ressentir dès le matin l'ivresse du cannabis" ; davantage le soir, "quand les douleurs commençent à se réveiller" et "pour ouvrir l'appétit".
Des expérimentations "maison"
Ensuite, à chacun sa méthode pour s'administrer la substance. "Je fais des gélules, à placer sous la langue, ou des liquides pour e-cigarette, grâce à un extracteur d'huile", détaille Bertrand Rambaud. "Pour moi, c'est [une tisane] avec du lait entier ou de la crème car le THC se fixe avec de la graisse", explique Mado, atteinte d'une syringomélie qui lui donne des "symptômes étranges". Par exemple "une sensation de brûlure sur la main alors qu'on n'est pas près d'un feu". A 64 ans, elle a mis au point une recette d'infusion à base de fleurs de cannabis, pour ne pas aggraver son état en fumant.
"Des malades atteints de syringomélie qui sont vegan font 'ma' tisane avec du lait d'amandes et de la noix de coco." Mado, atteinte d'une syringomélie, à franceinfo
Une recette aussi appliquée par Catherine pour sa fille atteinte d'une neurofibromatose. Cette dernière lutte contre des tumeurs présentes dans tout son corps mais aussi sur son système nerveux, ce qui provoque des "souffrances terribles". Catherine stocke pour elle la tisane dans un bac à glaçons et un cube suffit, tous les quinze jours.
"Je [la] revois sourire. Elle était éteinte et d'une tristesse à pleurer toute la journée", souffle cette mère. Elle assure que sa fille a réussi à diminuer d'un tiers sa dose quotidienne de morphine. "Elle n'ose pas en prendre davantage car elle ne sait pas ce que ça pourrait donner, avec le cocktail de traitements qu'elle prend".
En effet, ces expérimentations "maison" des malades avec le cannabis sont loin d'être sans danger sans le suivi d'un médecin. "La manière avec laquelle le produit est préparé dans les pays où il est légalisé n'entraîne aucun risque. En tout cas, cela n'a pas plus d'effets qu'avec les opiacés et les benzodiazépines", rappelle quant à lui le docteur Amine Benyamina. Face à des témoignages de patients sans "recours" et "isolés", l'addictologue souhaite que le corps médical sorte "des postures idéologiques" vis-à-vis du cannabis thérapeutique, ce qui limite les études scientifiques sur ses effets.
Des solutions coûteuses
En l'absence de régulation, ces expérimentations représentent aussi un certain coût pour ces patients. "Je dois investir dans des graines mais sinon je fais des boutures", raconte Jean. "Ca me coûte bien moins cher que si c'était dans la rue", assure-t-il, et ce malgré le coût des éclairages nécessaires, qui font gonfler sa facture d'éléctricité. De son côté, Frédéric chiffre "en milliers d'euros" les dépenses consenties. "J'essaie de faire en bio pour m'intoxiquer le moins possible, mais c'est vrai que ça me revient assez cher."
Et la facture peut vite monter lorsqu'on décide de s'approvisionner à l'étranger en médicaments à base de cannabis, plutôt que de cultiver ses propres plants. Ainsi, un médicament agit sur la spasticité de Françoise : le Sativex. Ce spray buccal a obtenu une autorisation de mise sur le marché français en 2014. Mais faute de consensus sur le prix, il n'est toujours pas disponible dans nos pharmacies.
Depuis la région parisienne, Françoise a donc décidé d'aller jusqu'en Suisse, où le médicament est autorisé, moyennant 300 euros par mois, sans compter les frais de déplacement. "Ça fait trois ans que je fais ça (...) j'étais désespérée de voir que le [Sativex] n'arrivait pas en France, je me suis résolue à trouver des alternatives." Pour ne pas alourdir la facture, cette dynamique soixantenaire étale sur deux mois son traitement prévu pour un mois.
Vivre avec la maladie, l'illégalité et la "parano"
Si la prise de cannabis thérapeutique adoucit le quotidien des malades interrogés, cette consommation, pour l'heure encore illégale, inquiète souvent leurs proches. "Mon entourage me dit que je vais avoir une descente de la police chez moi", confie Françoise. Les malades qui produisent leurs propres plants, comme ceux qui recourent à d'autres méthodes pour s'en procurer, vivent dans l'illégalité. Plusieurs confient qu'il est difficile de ne pas "virer parano". Ceux qui s'approvisionnent à l'étranger doivent passer les douanes. Il y a quelques années, Jean s'est fait arrêter à la frontière en possession de cannabis. L'amende de 80 euros qu'il a dû régler l'a décidé à faire pousser du cannabis chez lui.
"Je ne me sens pas délinquante. Parce que, pour moi, je ne ramène pas du cannabis mais je ramène un médicament avec du cannabinoïde." Françoise, qui souffre d'une sclérose en plaques, à franceinfo
Pressés de sortir de l'illégalité, les consommateurs de cannabis thérapeutique guettent l'avis de l'ANSM et la moindre avancée vers la mise sur le marché de nouveaux traitements. "Depuis 2013, on attend toujours. L'Etat traîne les pieds. C'est presque de la non-assistance à personne en danger", témoigne Jean. Selon ce père de famille, aucun traitement existant ne le soulage de sa myopathie, excepté le cannabis. "On empêche les gens d'accéder aux soins alors que nos voisins européens le font !", tonne-t-il.
Une incompréhension que partage également Frédéric, atteint d'une maladie orpheline qui le clouait quotidiennement au lit jusqu'à ce qu'il se décide à prendre du cannabis thérapeutique. Depuis, ce quinquagénaire revit : "Avant, quand je faisais simplement quatre cents mètres, j'étais trop content. Aujourd'hui, je me remets au VTT !" Mais cette nouvelle vie ne l'apaise pas totalement, dans l'attente d'une vraie solution, légale : "Je n'ai aucune culpabilité à rester en vie. Par contre, la vie est assez compliquée comme ça, donc si on peut éviter de rajouter des ennuis judiciaires, ce serait pas mal."
Pour faire face à la chute des prix du cannabis, les producteurs officiels américains se tournent vers l’efficacité énergétique. Un article de notre partenaire, le Journal de l’environnement.
Photo: Le coût de l'énergie représente 20 à 40% du prix du produit final. [Shutterstock]
C’est peu de dire que la récente légalisation partielle de la production de marijuana, aux Etats-Unis, a bouleversé la donne. Une quarantaine d’Etats fédérés autorisent désormais la production de cannabis pour des usages récréatifs ou médicaux. Une soixantaine de millions d’Américains s’adonneraient ainsi, plus ou moins régulièrement, aux joies de la fumette.
Au plan climatique, le développement de la culture, sous serre le plus souvent, n’est pas totalement anecdotique. La production de plants de cannabis fortement dosés en principe actif impose des conditions de température et d’hygrométrie strictes, nécessitant le plus souvent l’emploi de puissantes lampes à UV et de climatiseurs. Deux véritables pompes à électrons, rappelle Utility Dive.
500 producteurs autour de Denver
Selon une étude du consultant New Frontier Data, les centaines de producteurs légaux consommaient plus d’un million de mégawattheures (MWh) d’électricité par an en 2017, contre près de 3 millions prévus en 2022. Les producteurs illégaux consommeraient en effet trois fois plus de courant que les officiels. Au niveau national, pareil soutirage relève de l’épaisseur du trait. Ce n’est pas le cas dans les régions de forte production. Dans la région de Denver (Colorado), les serristes du cannabis consomment près de 4% du courant local: autant que l’internet. Dans cet Etat, la demande d’électricité des 500 producteurs a été multipliée par 8 entre 2011 et 2016.
La sécurité de l’approvisionnement en électricité de certaines régions n’est pas le seul problème posé par le développement exponentiel du cannabis. En 2017, le chauffage et la climatisation des serres ‘légales’ émettaient 500 000 tonnes de CO2 par an. Ce chiffre pourrait tripler d’ici à 2020, estime New Frontier Data. En incluant la production illégale, le bilan carbone de la «beuh» américaine pourrait flirter avec les 5 Mt CO2 par an, à cet horizon. Pas terrible.
Chute des prix
Fort heureusement, l’économie veille. Avec le développement de la concurrence, les prix du marché des produits issus de la marijuana se sont effondrés. Dans le Colorado, toujours, la livre de cannabis était vendue 750 dollars (445 euros) en 2017, contre 500 dollars (296 euros) fin 2018. Cette année, les prix pourraient flirter avec les 300 dollars (178 euros).
Pour rester compétitifs, les producteurs doivent serrer les boulons, notamment ceux de l’énergie, dont les coûts peuvent représenter 20 à 40% du prix du produit final. Certaines institutions, comme l’Energy Trust de l’Oregon, commence à financer des systèmes d’éclairage et de chauffage à LED, nettement moins énergivores que des lampes de croissance à vapeur de sodium.
Entre fumette et planète, on pourra ne plus choisir.
Le première fédération française d'associations de patients usagers de cannabis thérapeutique, le collectif Espoirs (Im)patients, est créée ce dimanche. Les consommateurs de cette herbe médicinale ne veulent plus recourir à l'automédication et se fournir à l'étranger ou sur le marché noir.
photo: Une boîte de cannabis thérapeutique, lors d'une manifestation à Lyon en mai 2018. (Sipa)
Sauter dans champ d’orties. A toute heure du jour et de la nuit. C’est ce que Mado Gilanton, 65 ans, ressent à chaque instant de sa vie à l’intérieur de son corps. Des douleurs diffuses et constantes dues aux deux pathologies rares qui la frappent : la syringomyelie et le syndrome de Chiarie. Pendant des années, elle a englouti opiacés et antidépresseurs sans succès. Jusqu’à ce jour de 2015 où, alors qu’elle n’en peut plus de souffrir, l’un de ses fils lui propose un joint dans l’espoir de la soulager.
Encore aujourd’hui, cette sexagénaire parle de son histoire comme d’une révélation. "Ça faisait trois ans que je ne savais plus ce que c’était de respirer." Depuis, Mado Gilanton est une usagère régulière de cannabis à visée thérapeutique. Ce dimanche, avec d’autres patients et associations de patients consommateurs de cette herbe médicinale, elle fonde le premier collectif d’usagers de cannabis thérapeutiques, Espoir (Im)patient. Cette fédération de patients veut devenir "un espace et une force pour porter la cause et la voix de ces patients auprès des autorités" mais aussi "de l’opinion publique afin de la sensibiliser" à un problème encore méconnu.
Vers une expérimentation prochaine
Il s'agit d'une première en France. Et le calendrier ne doit rien au hasard : dans l’Hexagone, le cannabis n’a jamais été aussi proche d’être légalisé à des fins médicinales, délivré sous ordonnance. Après un premier avis favorable rendu en décembre dernier, l’Agence nationale pour la santé et le médicament (ANSM) a mandaté un comité d’experts (CSST) pour une seconde étude dont le rendu est prévu pour la fin juin. Elle devrait déboucher sur une expérimentation d’un ou deux ans, en conditions réelles, au plus tôt à la fin de l’année 2019.
Dans leur premier rapport, les experts du CSST ont déterminé quelles pathologies pourraient en bénéficier. Seront concernées les douleurs réfractaires aux thérapies (médicamenteuses ou non) accessibles, certaines formes d’épilepsie sévères et pharmacorésistantes, les soins de support en oncologie, les situations palliatives et enfin la spasticité douloureuse de la sclérose en plaques. Il reste notamment à déterminer les questions de la production, de la distribution et de la forme que prendra l’herbe. Seule la combustion, donc le joint, est explicitement écartée.
L'automédication comprend plusieurs risques
A l’heure actuelle, les patients sont obligés de recourir à un cannabis non-contrôlé et peu disponible. Certains cultivent, d’autres vont dans les pays limitrophes où le cannabis est légal. La plupart sont contraints de se fournir sur le marché noir auprès des réseaux de deal. Un chemin de croix qui présente de nombreux risques. Celui de l’automédication d’abord. Soit des cocktails de substances et donc de potentielles contre-indications.
"Par ailleurs, il y a le problème de la qualité de ce qu’on achète mais aussi de la posologie de ce qu’on s’administre que ce soit celle du THC ou de CBD [deux molécules présentes dans le cannabis]", assure Madot Gilanton. Un temps, elle eu la chance d’avoir un ami cultivateur de cannabis. Aujourd’hui, elle doit aller en Espagne pour acheter ses doses. "Or il faudrait toujours la même plante, les mêmes conditions de pousse. Ce n’est que rarement le cas."
Conséquence : manque d’efficacité ou, à l’inverse, effets indésirables. C’est ainsi qu’un patient tétraplégique qui consomme du cannabis pour soulager ses douleurs est obligé de caler son fauteuil quand il en prend. Puisqu’il ne sait pas vraiment ce qu’il prend, la dose de THC est parfois trop puissante. Dès lors, tous ses muscles se relâchent et il risque de chuter.
Paradoxalement, alors que plusieurs dizaines de pays ont légalisé le cannabis thérapeutique, les experts du CSST assurent qu’il y a manque de littérature sur le sujet des différentes posologies adaptées aux pathologies. "Lors de l’expérimentation, il faudra adopter le principe de la titration, explique le docteur Nicolas Authier, président du CSST. On va commencer par des doses très basses et monter peu à peu pour trouver la bonne posologie sans effets indésirables. Comme pour la morphine."
Des médecins à former
Effet collatéral mis en avant par le collectif Espoir (Im)patient : la nécessité d’une bonne formation des médecins. Certains pays ont légalisé l’herbe à visée thérapeutique mais n’ont pas bien préparé le terrain. Conséquence : flop de la légalisation, comme en Angleterre où la plante est légalisée mais les bénéficiaires très rares.
Pis, on assiste parfois à une méconnaissance totale du cannabis pourtant mis à disposition. Sébastien Cotte est un Français installé aux Etats-Unis. Son fils est atteint de la maladie de Leigh et souffre de lésion au cerveau. Lorsqu’il est diagnostiqué, les médecins lui annoncent que son fils ne survivra pas à ses quatre ans. Aujourd’hui, l’enfant a 8 ans et demi. Un camouflet à toutes les prévisions médicales qui serait dû à une prise régulière de cannabis. "Grâce à cela, mon fils s’est mis à nous chercher des yeux alors qu’il ne le faisait pas. Il est passé d’une douzaine de crises d’épilepsie par jour à deux ou trois, égraine Stéphane Cotte. Et nous avons complètement arrêté la morphine."
Six millions de Français "souffrent de douleurs chroniques"
Ce père, établi en Géorgie où le cannabis n’est pas légal, va en Californie ou dans le Colorado pour s’en procurer. Mais même là-bas, aucun médecin n’a été capable de lui prescrire les doses adéquates. Il a lui même construit le traitement de son fils au fur et à mesure. Plus surprenant, le neurologue de l’enfant, extrêmement surpris par les bienfaits du cannabis sur la pathologie rare, a demandé à Stéphane Cotte de conseiller directement certains patients atteints de douleurs chroniques.
"C’est une situation complètement absurde, souffle-t-il. Il ne faut pas que ce soit le cas en France. Mon rêve, c’est de pouvoir emmener mon fils dans mon pays de naissance. Aujourd’hui je ne peux pas. Mais si la France forme ses médecins, je pourrais y songer." Fort de son expérience, il assure qu'"être en retard sur la question présente un seul avantage : tirer connaissance des erreurs des autres".
Autant de points sur lesquels le collectif Espoir (Im)patients compte peser à partir de ce dimanche. 25 associations vont y adhérer. Et ce n’est qu’un début. "C’est un enjeu énorme, souligne Madot Gilanton. Selon elle, du rhumatisme à la maladie orpheline, "on estime à six millions les Français qui souffrent de douleurs chroniques".
Source: lejdd.fr
On en parle sur le forum
Comme nous l’avons déjà souligné dans cette rubrique, l’industrie naissante du cannabis est en train de s’organiser outre-Atlantique, créant dans son essor fulgurant ses propres codes et standards. Les leaders sont canadiens et américains, une suprématie qui ne doit rien au hasard puisque le Canada et certains Etats d'Amérique disposent d’une réglementation accommodante régissant la production et la consommation de cannabis à usage thérapeutique et récréatif. Ce nouvel écosystème tend à conquérir sans grand bruit l’Europe, un marché dont il se murmure peser plusieurs dizaines de milliards d’euros selon divers prévisionnistes.
Au-delà des études de cabinets spécialisés, les champions de l’industrie projettent bel et bien de coloniser le vieux-continent, c’est du moins ce que l’on peut en conclure en étudiant les agissements des principaux intéressés. En effet, on ne compte plus les opérations d’expansion réalisées sur le territoire européen. Ci-dessous, une liste non-exhaustive de ces opérations :
Avril 2019 : Le géant américain Tilray inaugure à Cantanhede (Portugal) une unité de production comprenant des cultures en extérieur et en serre ainsi que des laboratoires de recherche, des sites de traitement, de conditionnement et de distribution.
Avril 2019 : Canopy Growth, la star de l’industrie, réalise l’acquisition du producteur espagnol sous licence Canamo y Fibras Naturales (Cafina). Il s’agit de l’une des nombreuses opérations du producteur canadien, qui dispose déjà d’une empreinte en Allemagne, au Danemark, au Royaume-Uni ou encore en Pologne.
Avril 2019 : Aurora Cannabis reçoit un permis de culture de cannabis à des fins médicales en Allemagne. Cette approbation permet au producteur canadien de commencer la construction d’une nouvelle unité de production à Leuna (Allemagne).
Mars 2019 : Supreme Cannabis entreprend des démarches en vue d’obtenir une licence de production de cannabis à Malte.
Février 2019 : Aphria produit ses premières variétés de cannabis au Danemark dans le cadre de son partenariat avec la société danoise certifiée Schroll Medical, entente stratégique signée en septembre 2018.
Novembre 2018 : Le canadien ICC International Cannabis étend ses activités au Portugal à travers l’acquisition du producteur Enigma Unipessoal, basé à Castelo Branco. Un mois avant, c’est le polonais Polannabis Holdings qui passait sous pavillon canadien.
Octobre 2018 : The Green Organic Dutchman (TGOD) finalise l’acquisition du producteur polonais sous licence HemPoland. Par ailleurs, cette unité de production a récemment obtenu une certification de production biologique par les autorités polonaises.
Convenons-en, les leaders du secteur entendent tirer profit d’une potentielle ouverture du marché du cannabis médical en Europe. En ce sens, toutes les opportunités sont bonnes à saisir, le but étant de ne pas reproduire les erreurs commises sur leur propre marché. Plus concrètement, le nerf de la guerre consiste à maîtriser le plus tôt possible ses propres chaînes d’approvisionnement afin de ne pas faire défaut à une demande hypothétiquement importante.
En attendant que le potentiel européen s’éveille, des initiatives émergent, mais demeurent isolées. Si de plus en plus de pays, de gouvernements, songent ou bien passent à l’acte pour mettre en œuvre des politiques plus favorables dans le domaine du cannabis médical, ces procédures se font en réalité au compte-goutte avec une approche spécifique par pays et par produit/médicament. Dans les faits, la prescription de médicaments à base de cannabis est légale dans 21 pays, mais l’accès à ces solutions demeure inégal d’un pays à un autre, que ce soit en termes de pathologies traitées, de couverture sociale ou bien tout simplement de disponibilité.
Pour illustrer ce problème d’une Europe à plusieurs vitesses, le cas français est intéressant. En retard par rapport à ses voisins, la France n’est que sur le chemin de l’expérimentation du cannabis thérapeutique, et ce, uniquement dans certaines situations cliniques, notamment dans le traitement de la sclérose en plaques ou dans certains cas d’épilepsie sévère.
Le Canada est devenu mercredi le premier pays du G20 à légaliser le cannabis récréatif. Dans ce contexte, les actions des producteurs ont atteint des sommets cette semaine en Bourse, avant que des prises de bénéfices ne stoppent cette flambée.
Trois ans après avoir été élu, le Premier ministre du Canada Justin Trudeau a tenu son engagement de campagne et le pays à la feuille d'érable est devenu, mercredi, le premier du G20 à légaliser le cannabis récréatif (d'autres l'ont cependant déjà autorisé dans un cadre thérapeutique), et le deuxième au monde après l'Uruguay en 2013. Une réforme historique saluée toute la journée par d'interminables files -4 heures d'attente en moyenne- devant les magasins officiels.
Encore plus important qu'attendu, le flux de commandes provoque des ruptures de stocks
Conséquence de cet enthousiasme, le nombre de commandes a explosé les anticipations. "C'est incroyable", a déclaré Alain Brunet, le président de la Société québécoise du cannabis (SQDC) à la télévision publique Radio-Canada mercredi soir. Les estimations de 4.000 commandes par jour de la SQDC ont littéralement volé en éclats mercredi, puisque l'association en avait déjà reçu 18.000 en fin d'après-midi, engendrant quelques ruptures de stocks. "Entre le site web et les succursales, on enregistre 50 commandes à la minute" a précisé Alain Brunet.
Un marché évalué à 4 milliards d'euros par an en 2020
S'il s'agit seulement d'estimations à ce stade, la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC) a évalué ce juteux marché du cannabis à usage récréatif à environ 6,5 milliards de dollars canadiens par an, à partir de 2020. "Pour mettre ce chiffre en perspective, ça représente plus que les ventes de spiritueux au Canada (5,1 milliards), et ça s'approche du montant du marché du vin (7 milliards)" précise la CIBC.
Selon les statistiques officielles de l'Agence statistique Canada, 16% de la population canadienne a consommé du cannabis en 2017, soit cinq millions de personnes. Les autorités ont annoncé espérer attirer, avec des prix concurrentiels, au moins 50% de ces consommateurs de cannabis illicite.
Trois producteurs valorisés plus de 10 milliards d'euros
WEED, le "ticker" (ou code mnémonique) de Canopy Growth qui ne laisse que peu de place à l'imagination permet à l'action de planer à la Bourse de Toronto. Introduit le 22 août 2010 au prix de 15 centimes de dollars canadiens, l'action Canapy Growth valait vendredi... 66,6 dollars canadiens, soit près de 45.000% d'augmentation. Au plus bas, en mai 2013, l'action était même tombée à 0,025 dollars canadiens, soit 650 fois moins qu'aujourd'hui. Rien que ça.
Les autres mastodontes -les producteurs Canopy Growth, Tilray et Aurora tous valorisés plus de 14 milliards de dollars canadiens, ou 10 milliards d'euros- ne sont pas en reste, loin de là. En moins de quatre ans -le producteur et distributeur canadien de cannabis ayant été introduit en Bourse le 27 juin 2014- le cours d'Aurora a été multiplié par 98, soit une hausse de près de 10.000%. Quant à Tilray, il s'agit d'une société pharmaceutique devenue le premier producteur de cannabis certifié GMP (pour "Good Manufacturing Practices") cotée depuis le 19 juillet dernier. En trois mois, le titre est passé de 22,39 à 154,63 dollars canadiens à 17h00 heure française, soit une variation de +590%. Avec de telles envolées, il y a fort à parier que la ruée vers l'or vert ne fait que commencer.
Quentin Soubranne
Source: tradingsat.com
On en parle sur le forum
Bien des gens redoutent d’être exposés involontairement à la fumée secondaire du cannabis de peur d’échouer à un test de dépistage ou d’être drogués sans le vouloir. Ces craintes sont-elles fondées ?
Photo: Chris Young La Presse canadienne De nombreux consommateurs de cannabis, comme cette femme qui fumait dans un parc de Toronto, mercredi, exposeront d’autres personnes à de la fumée secondaire.
En raison de son illégalité, les études scientifiques sur le THC, l’une des composantes chimiques actives du cannabis, étaient jusqu’ici assez rares, de petite taille et souvent de faible qualité.
« À la suite de notre analyse de quelques études originales portant sur les effets sanitaires de la fumée secondaire de cannabis, nous constatons que la majorité d’entre elles présentent plusieurs limites », expliquent conjointement les chercheurs Patrick Poulin, Jean-Marc Leclerc et Annie Montreuil, de l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ), avec qui l’Agence Science-Presse a communiqué par courriel.
Même si les conséquences d’une exposition passive au THC présent dans la fumée secondaire du cannabis sont encore méconnues, quelques éléments se dégagent tout de même des études portant sur les effets physiques et psychologiques pouvant découler d’une telle exposition.
Dépistage positif : les limites
Une revue de la littérature, publiée en 2017 dans le Journal de l’Association médicale canadienne (CMAJ), basée sur 15 études expérimentales dont la qualité est jugée de « faible à bonne », nous apprend que l’exposition à la fumée secondaire du cannabis peut mener à la présence de THC dans les fluides corporels des non-fumeurs.
Plusieurs facteurs auraient une influence sur la quantité qu’on retrouvera dans leur sang, leur urine ou leur salive : concentration en THC du cannabis consommé, nombre de fumeurs présents dans la pièce, nombre de joints fumés durant l’expérience, concentration de fumée, intensité de la ventilation et durée d’exposition.
Les chercheurs de l’INSPQ expliquent que les « études ayant permis de détecter du THC chez des non-fumeurs intégraient une période d’exposition à de la fumée de cannabis provenant de plusieurs fumeurs, pendant quelques heures, dans un milieu fermé vraisemblablement mal ventilé ». Dans la vraie vie, ces conditions d’exposition sont rarement réunies.
Autrement dit, « on est beaucoup moins exposé au THC si on marche à côté d’un groupe qui fume sur le trottoir que si on passe une soirée dans une pièce mal aérée en compagnie de fumeurs de cannabis », explique Fiona Clement, l’une des chercheuses ayant participé à cette revue de la littérature.
« Mais si les conditions sont réunies, un non-fumeur pourrait tout à fait échouer à un test de dépistage de drogue », estime Mme Clement qui est également professeure associée à l’Institut O’Brien pour la santé publique de l’Université de l’Alberta.
Encore faudrait-il que ce dépistage soit effectué rapidement.
Des études ont démontré qu’il était peu probable que les composés du THC soient présents en quantité suffisante pour être détectés après une courte période de temps. C’est le cas, par exemple, de deux études publiées dans le Journal of Analytical Toxicology, la première établissant que le risque d’obtenir un résultat positif à la suite d’un test de salive était limité aux 30 minutes suivant une exposition passive, et l’autre concluant que les résultats positifs sont « probablement rares, limités aux heures qui suivent immédiatement l’exposition et ne surviennent que dans des conditions environnementales où l’exposition est évidente ». En bref, si on se fie aux études, cela semble possible, mais assez peu probable.
Des effets psychoactifs ?
Mais peut-on être intoxiquéà la suite d’une exposition à la fumée secondaire de cannabis ? Dans son article, le CMAJ souligne que, parmi les études retenues pour cette revue de la littérature, certaines rapportent des effets psychoactifs chez les non-fumeurs, mais que ces effets étaient plus faibles que ceux ressentis par les fumeurs.
L’une d’entre elles, également citée sur le site Web du National Institute on Drug Abuse, rapporte « des effets subjectifs légers » qui donnent une « impression de high » et « de légères altérations du rendement dans les tâches motrices » chez les non-fumeurs placés dans un espace confiné avec des gens fumant de la marijuana à haute concentration de THC.
Autrement dit, il semble possible de ressentir certains effets psychoactifs, mais ces effets seraient légers et restreints aux situations d’extrême exposition, peu communes dans la vie de tous les jours.
Limites des études existantes
Bien que les études produites ces dernières années apportent un éclairage incomplet sur les effets de ce type d’exposition, les questions qu’elles soulèvent ne sont pas sans intérêt.
« La légalisation du cannabis pourrait faire en sorte qu’une plus grande proportion de la population soit exposée aux substances actives présentes dans la fumée secondaire de cannabis. Nous pensons que la mise en place des politiques qui protègent ceux qui ne désirent pas être exposés ou qui sont les plus à risque, comme les enfants, est souhaitable, explique Mme Clement. Des recherches afin de mieux comprendre cette exposition passive doivent aussi être menées. »
Trois jeunes de 18 à 24 ans domiciliés près de Rennes ont été écroués fin septembre pour tentative d’assassinat. Ils avaient tenté de voler, dans la nuit du 15 au 16 septembre dernier, des plants de cannabis chez une personne handicapée vivant à Irodouër (35).
Dans cette histoire, Jean-Christophe Petitjean aura peut-être perdu un œil et, de manière plus anecdotique, toute sa culture de cannabis. Dans la nuit du 15 au 16 septembre dernier, il a surpris trois jeunes en train d’arracher ses plantes, dans le jardin de sa maison située à Irodouër (35). Alors qu’il sortait pour les faire fuir, il a reçu un coup de fusil qui l’a blessé au visage et au torse. Les trois jeunes sont aujourd’hui en détention provisoire, poursuivis pour tentative de meurtre avec préméditation.
Un coup en pleine tête
« Il était environ 23 h 30 quand mon chien s’est mis à aboyer », raconte l’homme de 57 ans. Puis il entend un bruit de cyclomoteur s’éloigner mais ne s’inquiète pas outre mesure. Une heure plus tard, cependant, le chien se remet à aboyer. « Je me suis mis à ma fenêtre et j’ai vu trois silhouettes en train de découper mon grillage », se souvient-il. Il crie au voleur puis tire en l’air avec son fusil.
Il pose son arme et descend ensuite sur le pas de sa porte d’entrée pour tomber nez à nez avec l’un des voleurs armé d’un fusil. Un coup part, en pleine tête. « Heureusement, il a tiré sur le côté et pas de face car, sinon, je ne serai pas là pour vous parler », souligne Jean-Christophe Petitjean. Le quinquagénaire se précipite pour appeler les pompiers. Les jeunes en profitent pour s’enfuir avec trois pieds de cannabis.
Préméditation
Dix jours après les faits, la gendarmerie est parvenue à les retrouver. Tous originaires de communes alentour, ils étaient en réalité au nombre de quatre mais le dernier, mineur, aurait participé de loin. Les trois autres, en revanche, âgés de 18 à 20 ans, sont aujourd’hui en détention provisoire et poursuivis pour tentative de meurtre. La préméditation a été retenue car ils ont reconnu être allés chercher l’arme au domicile de l’un d’entre eux après leur première virée chez la victime.
Jean-Christophe Petitjean, quant à lui, a été hospitalisé pendant dix jours. Des dizaines de plombs sont encore sous sa peau et il ne pourra plus jamais passer d’IRM. Touché à l’œil, il pourrait définitivement le perdre. Il sera fixé mi-novembre après un scanner.
Militant de la dépénalisation
Lorsque les gendarmes sont venus sur place pour les constatations, ils ont emporté avec eux les huit pieds de cannabis qui restaient dans son jardin. Le quinquagénaire explique qu’il cultivait « à des fins thérapeutiques ». Victime d’un accident de camion en 1982, il a été amputé d’une jambe et souffre de douleurs fantômes. « J’ai le certificat d’un médecin expliquant que c’est le traitement le plus adapté dans mon cas »
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Militant de la dépénalisation, Jean-Christophe Petitjean a connu des déboires avec la justice. Au début des années 2000, il a créé Baracanna», le premier magasin à Rennes où se vendait tout le nécessaire pour cultiver chez soi. Il a été condamné en 2004 à un an de prison avec sursis. Aujourd’hui, il assure ne plus fumer mais il continue à consommer du cannabis en confectionnant du beurre avec sa récolte. « A Irodouër, c’est de notoriété publique que je cultive chez moi. Tous les ans, on essaie de me voler. »
Les Canadiens se préparent ce mercredi 17 octobre à la légalisation du cannabis récréatif. Une école d'Ontario a lancé une formation spécifique en culture de marijuana. 24 étudiants ont été recrutés sur plus de 300 candidats. Il faut dire que les salaires sont attrayants dans le secteur et les sociétés embauchent à tour de bras.
La Canada va devenir le premier pays industrialisé à légaliser l'usage récréatif du cannabis ce mecredi 17 octobre. Dans la province de l'Ontario, au Niagara College, 24 étudiants suivent une formation horticole pour devenir cultivateur de marijuana. Ils apprennent à irriguer, nourrir, protéger, tracer avec des codes barre et tester le contenu chimique d'une cinquantaine de plants de cannabis. Le business promet d'être florissant, c'est pourquoi, la formation aborde aussi le côté marketing du secteur. En cultivant ce plant, " combien cela va-t-il me coûter pour combien de temps de travail ?", sont les différentes questions qu'ils vont devoir aussi se poser.
Un plant de cannabis a un besoin en lumière similaire à celui demandé par un chrysanthème et doit être nourri comme une tomate ou un poivron. "C'est une plante vraiment unique et les personnes ressentent un vrai attachement émotionnel avec elle", explique un des responsables de la formation à Reuters.
Ces étudiants sont quasiment tous certains d'avoir un travail à leur sortie de formation. Les entreprises actives dans le secteur se sont en effet multipliées ces derniers temps. Car, en l'absence de formation spécifique, les entreprises optent souvent pour des profils d'horticulteurs, de bio-chimistes ou encore... de personnes familières avec le produit.
Près de 5 millions de Canadiens (16% de la population) ont consommé 773 tonnes de cannabis en 2017, dont une infime partie à des fins thérapeutiques, pour des dépenses estimées à 5,5 milliards de dollars canadiens, selon Statistique Canada. Avec la légalisation, le nombre de consommateurs devrait légèrement augmenter d'ici la fin de l'année, selon cet institut. Très rapidement, l'essentiel de la croissance du marché sera assuré par les produits dérivés (pâtisseries, boissons, chocolats, etc), qui seront légalisés en 2019, prédisent les analystes.
2000 CV pour 38 postes
La société Aurora Cannabis qui vient d'ouvrir les portes de son usine à Montréal a reçu près de 2000 CV pour seulement 38 postes à pourvoir dans un premier temps, relaie BFMTV. Pour des postes de spécialiste d'horticulture, de transformation ou de contrôle qualité, les salaires peuvent monter jusqu'à 25 dollars canadiens de l'heure (16,65 euros).
Seul petit bémol pour les étudiants: ils ne pourront pas profiter de leur plant qui seront tous détruits à la fin du cursus de 12 semaines.
Higrade est le fruit d'une société israélienne qui s'est donné pour mission d'améliorer l'agriculture en rendant l'expertise agronomique accessible à tous.
Higrade c'est un microscope et une application pour smartphone. Réunis, ils permettent d'évaluer le potentiel THC* sur fleur sèche ou de faire un diagnostic de votre plante pendant la culture (toujours a partir de photo).
Higrade vous est livré dans une jolie boite blanche, ce n'est qu'un simple microscope mais les spécificités de la lentille doivent être je pense un modèle commun afin de garder un calibrage constant. D’où le besoin d'utiliser leur microscope et pas un autre.
Caractéristiques techniques du microscope:
- grossissement 30X - Éclairage LED - Facile à utiliser - Convient à tous les téléphones - Batteries incluses
D'un fonctionnement extrêmement simple, vous positionnez le microscope sur l'objectif photo de votre smartphone, vous lancez l'application et suivez les indications à l’écran.
Elle va vous demander de prendre 3 photos (pour une évaluation THC) qui seront analysés. (Il faut varier le point de prise et ne pas hésiter a tourner la tête de weed.)
Le processus ne prend qu'une minute et vous avez les résultats directement sur l’écran de votre smartphone.
Voici quelques photos du test.
Le microscope, une fois positionné sur le smartphone
L’échantillon pour le test, une amnesia haze.
L'écran d'accueil de l'application, 2 choix s'offrent a vous.
L'écran de prise des photos, dsl pour la qualité j'ai privilégier la netteté du texte au profit de la qualité générale de l'image.
L’écran en cours d'analyse d'une photo.
Les 3 photos ayant servi a échantillonnage.
Et le résultat final:
Alors je n'ai pas sous la main d'échantillon dont je connaisse la teneur exacte, je ne peux que me fier a mon feeling personnel et ça correspond assez bien. Toutefois, je profiterais d'un prochain voyage à Amsterdam pour faire un comparatif entre Higrade, Alphacat et un labo. (quoique sur Irun je devrais pouvoir faire un test live .. a voir.)
Passons à la partie diagnostic qui je l'avoue est vraiment sympa.
N'ayant pas de plante a disposition j'ai du demander a une connaissance de bien vouloir me laisser prendre quelques photos dans son placard.
Après l'envoi d'une photo j'ai reçu ce message (en anglais) par mail:
Alors la plante est effectivement à 65 jours de flo au moment de la photo et a subit durant sa croissance une attaque de thrips, résolu avant le passage en floraison. L'aspect général de la plante est sain, en bonne santé.
Étonné d'une tel précision avec simplement une photo.
Alors la question que tout le monde se pose c'est comment cela fonctionne t'il?
Il s'agit ici d'un système de comparaison par algorithmes via une base de données que j'imagine assez importante.
Dans le cas de l’évaluation THC ils sont passés par une phase de calibration, avec des comparaisons entre leurs tests et des tests en laboratoire.
Ils annoncent une marge d'erreur de 3%. ( Notre taux d'erreur est inférieur à 15% (statistique), soit environ +/- 3% de THC )
Pour le diagnostic il s'agit de la même méthode mais pour le moment la validation humaine est encore nécessaire, toutefois le programme devrait évoluer vers plus d'autonomie.
Écran d'accueil du mode diagnostic
J'ai demandé une explication sur le diagnostic et l’évaluation THC et j'ai reçu ceci en réponse:
Voila, je ne fais ici que présenter le produit, je ne l’évalue pas. Il faudra pour cela avoir un vrai point de comparaison avec un test en laboratoire.
Toutefois je reconnais avoir été bluffé et j’espère sincèrement que contrairement à Mydx, eux réussiront.
Une solution d’évaluation pour 60$, je pense que beaucoup de cultivateurs consommateurs seront intéressés.
Michaël Jeremiasz, champion paralympique de tennis, était l'invité des Grandes Gueules ce mercredi 3 octobre. Interrogé par la GG Elina Dumont, sur les bienfaits du cannabis thérapeutique, le sportif de haut niveau l'affirme: le cannabis soulage véritablement des douleurs.
"Il est prouvé que c’est utile". Le quadruple médaillé de tennis en fauteuil, Michaël Jeremiasz, s’est confié sans tabou dans Les Grandes Gueules sur sa consommation de cannabis comme solution pour soulager les douleurs mais aussi comme réconfort.
"Je suis pour la légalisation du cannabis"
Invité du "Grand Oral" des Grandes Gueules, Michaël Jeremiasz est venu présenté son nouveau livre: "Ma vie est un sport de combat", aux éditions Marabout.
L'an dernier, au pays, les producteurs de cannabis médicinal ont détruit près de 400 tonnes de déchets organiques, soit l'équivalent de 40 camions poubelles. Avec la légalisation de la marijuana et la croissance exponentielle de la production, le poids de ces déchets va décupler. Mais où vont-ils se retrouver?
Un texte de Tiphanie Roquette
Photo : Radio-Canada/Tiphanie Roquette
À Boaz Pharmaceuticals, un producteur installé à Calgary, la salle de destruction n’est pas celle qui attire les regards. Ce n’est pas de là que viendront les profits.
La pièce est encore vide, puisque le producteur n’a pas encore commencé sa récolte, mais, selon le maître cultivateur de l’entreprise, Bill Vasilakakos, une fois que Boaz Pharmaceuticals aura atteint sa vitesse de croisière, « ça va s'accumuler [...]. Cette pièce va être pas mal pleine chaque semaine. »
Bill Vasilakakos s'est pris de passion pour les particularités du cannabis. Photo : Radio-Canada/Tiphanie Roquette
Du cannabis et de la litière pour chats
Seule la cocotte du plant est utile aux producteurs, qui jettent tout ce qui est feuilles, tiges et boules de racines une fois la cocotte récoltée. Ils doivent également détruire toute production qui ne répondrait pas aux normes de Santé Canada.
D’ici 2020, ces déchets pourraient atteindre 6000 tonnes, selon l’entreprise de gestion des déchets Micron Waste Technologies, citant un rapport de GMP Securities.
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La vente du cannabis au Canada, en cartes
Boaz Pharmaceuticals s’est préparée. Une déchiqueteuse à feuilles occupe un coin de la pièce, des boîtes noires et rouges s’entassent dans un autre coin, ainsi que quelques sacs de litière pour chats.
Pour l’amateur, la vue de ces sacs est incongrue, mais il s’agit d’une pratique courante de l’industrie, préconisée par Santé Canada.
Traditionnellement, Santé Canada recommande de mélanger les résidus de cannabis avec de la litière pour chat. Photo : Radio-Canada/Tiphanie Roquette
La loi exige en effet que les déchets du cannabis soient « modifiés ou dénaturés au point d’en rendre la consommation et la multiplication impossibles ou improbables ». L’objectif est de s’assurer que personne ne pourra extraire le composant THC à partir des déchets.
« On peut notamment le déchiqueter et le mélanger avec d’autres types de matières inorganiques avant de le composter, ou l’éliminer en recourant aux services d’enlèvement des ordures, ou en l’incinérant », précise Santé Canada.
Après avoir déchiqueté le cannabis, Boaz Pharmaceuticals le mélange à de l’eau et à de la litière pour chats et l’envoie au compostage.
« Nous pourrions l’utiliser pour le compost [ici], mais pour le moment, ça pose des problèmes, vu que c'est une substance contrôlée », regrette M. Vasilakakos. Il espère que la réglementation sera assouplie après la légalisation.
Compostage dangereux?
Envoyer ces déchets de cannabis à des entreprises de compostage municipales au milieu des autres déchets organiques n’est pas plus rassurant, affirme Alfred Wong, le président de Micron Waste Technologies.
Dans la production de marijuana, les cocottes sont le produit recherché. Le reste de la plante n'est que déchet. Photo : Radio-Canada/Tiphanie Roquette
Après s’être spécialisée dans l'élimination de déchets alimentaires, son entreprise, établie à Vancouver s’est intéressée aux déchets du cannabis. « Au début, on y pensait comme à n’importe quel résidu agricole [...] mais il y a des implications pour la santé publique et l’environnement », soutient M. Wong.
Le cannabis contient en effet une centaine de composés pharmaceutiques actifs. M. Wong déplore que peu d’études se soient intéressées à la décomposition de ces composés et à leurs effets sur le sol et l’eau.
Il n’est pas le seul à s’être posé la question. Le Comité sénatorial permanent de l’agriculture et des forêts a tenu au printemps des consultations sur le compostage des résidus de cannabis.
Plusieurs experts ont défendu la sécurité du compostage du cannabis. Le directeur du centre de recherche sur les systèmes d'environnement contrôlé à l'Université de Guelph, Michael Dixon, a assuré que la réglementation entourant le traitement des déchets du cannabis était trop stricte et reflétait encore les années d'illégalité du produit.
Les témoignages n’ont cependant pas convaincu le sénateur Ghislain Maltais. Ce dernier a émis ses doutes lors d'un débat sur le projet de loi C-45, le 7 juin. « Personne n’a pu nous rassurer à ce sujet. Cette question me taraude, parce que cela pourrait toucher des millions de Canadiens dans les villes comme Montréal, Toronto, Winnipeg, Calgary, Halifax, Vancouver ou Saint-Jean », affirmait-il alors.
Une mine de produits dérivés
Les déchets n’ont cependant pas à être un problème. Ils peuvent aussi être une ressource, selon Brittny Anderson, la cofondatrice de l’entreprise Cannabis Conservancy, qui se spécialise dans les pratiques durables de l'industrie de la marijuana.
Micron Waste Technologies a ainsi inventé un procédé pour extraire l’eau des déchets du cannabis et la réutiliser dans la production des plants. Le procédé fait l'objet de tests à Aurora Cannabis. Autre exemple : le producteur albertain Atlas Growers s'intéresse à la possibilité de générer de l'électricité.
Brittny Anderson cite également des exemples de tissus produits à partir de fibres de cannabis, de papier ou de boissons au jus de cannabis. À l’image du chanvre, son cousin, le cannabis pourrait être utilisé dans son intégralité.
Toutefois, pour susciter de telles innovations, constate Mme Anderson, il faudra un coup de pouce des pouvoirs publics. Pour l’instant, ce n’est pas le cas.
L'organisation Cannabis Conservancy pense que le gouvernement fédéral aurait dû instituer plus de pratiques durables dans l'industrie du cannabis. Photo : La Presse canadienne/Chris Young
La Britanno-Colombienne raconte s’être rendue à Ottawa pour parler de durabilité dans l’industrie du cannabis, mais elle s’est retrouvée bien seule à tenir ce discours.
À l’heure où l’on parle de l’élimination des déchets plastiques, souligne-t-elle, Santé Canada recommande des emballages à usage unique pour la vente des produits de la marijuana.
Le gouvernement a donné un aperçu des emballages des produits du cannabis lorsque la légalisation sera mise en œuvre. Photo : Santé Canada
« Avec la légalisation, les efforts se sont concentrés sur la protection du public et l’élimination du marché noir, et tous les règlements vont dans ce sens », raconte Mme Anderson.
L'or est devenu vert à Wall Street. Les investisseurs se sont totalement emballés ces derniers jours autour des valeurs spécialisées dans le cannabis. Le canadien Tilray a vu son cours boursier multiplié par 10 depuis son introduction en juillet dernier. Du pur délire selon Philippe Béchade, Rédacteur en chef de La Bourse au Quotidien. Ecorama du 24 septembre 2018 présenté par David Jacquot sur boursorama.com.
Au total, près de 42% des adultes (18 à 64 ans) ont déjà expérimenté le cannabis en France.
photo archives LM
De plus en plus de pays dans le monde ont décidé de légaliser le cannabis, mais pas la France, première consommatrice en Europe. Et le débat de refaire régulièrement surface. Mais si l’option de la légalisation venait à être choisie, quelles seraient alors les répercussions sur une ville comme Marseille ?
À l’heure où le cannabis est légalisé dans de plus en plus de pays à travers le monde (Pays-Bas, Espagne, et bientôt le Canada), la France n’a toujours pas franchi le pas. Et la question agite régulièrement la sphère politique. Jusqu’à Renaud Muselier, président LR de la Région Paca, en juin dernier. « La législation contrôlée du cannabis est une piste à étudier. Une mesure doit être prise », a-t-il déclaré commentant un nouveau règlement de compte qui avait coûté la vie à un homme de 22 ans .
L’an dernier, en janvier 2017, 150 personnalités politiques progressistes de Marseille avaient également lancé un appel pour « la fin de la prohibition du cannabis en France » et appelé à la légalisation. Parmi elles, notamment, les députés socialistes Patrick Mennucci, et Marie-Arlette Carlotti.
Les buralistes prêts à vendre
Récemment, même la confédération des buralistes s’en est mêlée. Se disant « prête à commercialiser » du cannabis en cas de légalisation, elle demanderait « l’exclusivité » de sa distribution afin de pallier une baisse des ventes de cigarettes. « Le 18 juin, j’ai même proposé à la ministre de la Santé d’aller plus loin et de devenir le premier réseau de référence du cannabis s’il est, un jour, légalisé dans l’Hexagone », précise, le président des buralistes, Philippe Coy. Même si certains de ses confrères ne sont pas rassurés à l’idée de vendre du cannabis. « Je suis pour la vente du fait de nos faibles revenus en ce moment, mais évidemment que j’ai peur des représailles, surtout par rapport à notre situation géographique », explique Myriam, vendeuse dans un bureau de tabac du 13ème arrondissement de Marseille. D’autres y sont totalement opposés par principe.
Du côté de la police, on craint le pire dans une ville gangrénée par le trafic de drogue. La réponse est claire : « Si cela doit se faire, je pense que les dealers se mettront à vendre plus de drogues dures, style cocaïne ou héroïne », estime un policier affecté au sein de la brigade des stupéfiants de Marseille depuis une vingtaine d’années.
D’autres risques vont émerger selon lui. « C’est simple, si cette loi passe c’est un manque d’argent à gagner conséquent pour eux. Dans ce cas, ils vont se rabattre sur des braquages à mains armées, des vols de voitures, en plus de la vente de drogue. La criminalité va finir par exploser », conclut-il, remonté.
Pour les trafiquants, la légalisation ne changerait visiblement pas grand-chose à un business florissant.
à la Castellane, « PA », tel est son surnom, vend des substances illicites depuis près de 6 ans, c’est son « gagne-pain ». « Sans la vente, ma vie ne serait clairement pas la même. C’est ma première source de revenus, sans ça je n’aurais pas assez d’argent pour me payer mon logement », confie-t-il. Alors quand on lui demande s’il compte arrêter la vente si le cannabis est légalisé, il nous rit au nez. « Jamais de la vie ! Je vendrai mes barrettes moins chères ou je me mettrai aux drogues dures. Je n’ai pas la motivation d’aller travailler comme tout le monde et toucher à peine un SMIC », déclare le dealer. À savoir qu’un vendeur gagne au total près de 6 000 euros par mois selon son « territoire ». Le chiffre peut monter jusqu’à 9 000 euros pour les gérants de réseaux.
Ce qui prouve que le marché du cannabis est clairement une économie à part entière.
Autre questionnement de taille, l’impact sanitaire d’une éventuelle légalisation. Au Pays-Bas, les experts n’ont pas observés d’augmentation significative des niveaux de consommation, mais il faut rappeler que fumer des joints a clairement un impact sur la santé. Dernière étude scientifique en date, celle d’une équipe américaine de l’université de Dallas, qui a constaté que la matière grise des fumeurs de cannabis diminuait dans une région du cerveau impliquée dans la motivation et la prise de décision. Si la loi devait un jour évoluer, cela résulterait d’une volonté de l’opinion publique.
Jauffrey Ambrosino
Source: lamarseillaise.fr
On en parle sur le forum
Les ventes de vaporisateurs se multiplient, prisés par ceux qui veulent consommer du cannabis plus « sainement ». Cela reste illégal, mais c’est moins nocif, nous confirme un addictologue.
Photo: Le vaporisateur à herbe est de plus en plus prisé par les fumeurs de joints. LP/Olivier Lejeune
« A chaque fois que je fumais un joint, je replongeais… dans la consommation de cigarettes. Au cours d’un voyage aux Etats-Unis, j’ai trouvé un vaporisateur à herbe. Cela peut paraître étrange, mais cela m’a permis de fumer sainement ».
Jonas, 42 ans, cadre et sportif, fait partie de ces nouveaux consommateurs de cannabis… soucieux de leur santé ! Un paradoxe qui fait le bonheur des vendeurs de vaporisateurs électroniques portables, en vente sur Internet et dans quelques magasins de cigarettes électroniques.
Le principe ? Une alternative au traditionnel joint. Avec ces appareils, aucune combustion ni fumée. On chauffe l’herbe de cannabis jusqu’à 190 °C, pour en dégager de la vapeur. On aspire ainsi uniquement les principes actifs de la plante illégale en France.
Très en vogue aux Etats-Unis
« Aujourd’hui, les gens veulent inhaler propre et manger sain », assure Grimhild dans son magasin, l’un des rares spécialisés en « vap’», dans le XIe arrondissement de Paris. Ici, officiellement, les vaporisateurs ne servent qu’à aspirer de la vapeur de laurier, camomille ou de guimauve. « Beaucoup veulent l’adopter et abandonner la cigarette électronique, qu’ils trouvent trop toxique. Sur Internet et dans notre boutique, on en vend jusqu’à 5 à 10 par jour », reprend Grimhild.
Ces appareils, très en vogue aux Etats-Unis, sont utilisés dans des cliniques en Allemagne, en Israël, ou en Suisse, pays qui ont légalisé l’usage médicinal du cannabis, sous forme de CBD, une molécule du chanvre, pour calmer l’anxiété et les douleurs. Certains ressemblent à s’y méprendre à des cigarettes électroniques, d’autres tiennent dans le creux de la main. Les prix varient de 75 à 300 €. « On ne peut pas parler de boom, comme avec la cigarette électronique, mais d’une tendance », assure Nicolas Atlan, de la boutique « Docteur Vaporisateur ».
Moins toxique
« Quand on fume du chanvre mélangé à du tabac, on avale du goudron, des métaux lourds, du monoxyde de carbone », raconte Florent Buffière, de l’association Norml, qui milite pour un assouplissement de la réglementation sur le cannabis. Sur son site, on conseille l’utilisation du vaporisateur plutôt que le « pétard » qui « noircit les poumons ».
Même son de cloche chez Olivier, 28 ans, chargé de projet : « Je me suis mis à la course. J’ai aussi arrêté l’alcool et le tabac. Mais pas question pour moi de décrocher du cannabis. D’où mon passage au vaporisateur. En plus, c’est économique et on sent davantage les arômes. Des amis m’ont suivi ».
Amine Benyamina, addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif (Val-de-Marne), confirme que si on ne peut pas se passer d’herbe, la vaporisation se révèle « moins nocive » : « Tous les produits issus de la combustion sont à éviter. Avec ce procédé, on évite le tabac, qui contient plus de 4 000 substances, la plupart toxiques. Ils ont raison de l’utiliser, conclut-il. Cette technique est même indiquée dans le chanvre thérapeutique ».
Autre particularité de ces nouveaux joints : la vapeur se révèle quasi inodore ; les appareils se font de plus en plus discrets. « J’ai déjà vapoté dans la rue, mais aussi en réunion et même… dans l’avion, sans que personne ne s’en aperçoive », se vante Jonas. De quoi donner du fil à retordre aux autorités dans leur traque aux fumeurs de drogue.
VIDEO. Cannabis : et si le vaporisateur prenait la place du joint ?
En cas de légalisation de la marijuana, le président de la Confédération des buralistes, Philippe Coy, s’est positionné auprès de la ministre de la Santé.
Photo: Philippe Coy, 48 ans, a été élu en octobre à la tête de la Confédération nationale des buralistes.
PHOTOPQR/L’Alsace/Dominique Gutekunst
C’est un feuilleton qui n’en finit plus. Alors que les coffee-shops, ces boutiques de cannabis light (CBD) se multiplient en même temps que les mises en examen en France, que l’arrivée du chanvre à usage médical est en discussion au ministère de la Santé, voilà réapparaître le bon vieux débat sur la dépénalisation de la marijuana.
Dans ce contexte, le nouveau président de la Confédération des buralistes, Philippe Coy, 48 ans, élu en octobre, compte bien tirer son épingle du jeu. Ce marchand de tabac à Lescar (Pyrénées-Atlantiques), près de Pau, nous l’annonce, si le cannabis est un jour légalisé – ce qu’il souhaite –, il veut que les buralistes soient les premiers à en vendre.
Pourquoi avoir reculé sur le CBD ?
Il y a six mois, nous avons commencé à vendre des e-liquides de cigarette électronique à base de cette molécule, en plein boom. Ils semblaient à l’époque légaux. Puis il y a eu un déferlement avec l’ouverture de magasins qui commercialisaient cette fois-ci des sirops, cristaux et surtout des fleurs de cannabidiol. Mais, en juin, la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) s’est positionnée en disant que c’était interdit. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a eu des explications confuses mais, lorsque l’on recoupe les informations, on comprend que ces produits ne peuvent, aujourd’hui, être vendus. Depuis quelques semaines, les arrestations et les fermetures s’accélèrent, le CBD défraie la chronique. Il fallait donc appliquer un principe de précaution. Nous sommes des commerçants responsables, j’ai donc demandé à tous les buralistes de suspendre la vente des e-liquides.
Pourtant, certains en vendent toujours…
En tant que président de la confédération, je représente 25 000 établissements. Si certains veulent continuer, je ne peux pas les en empêcher. Chacun fait ce qu’il veut. Je ne reste pas fermé sur le sujet. Si la législation s’éclaircit, nous assurerons la vente de CBD. Le 18 juin, j’ai même proposé à la ministre de la Santé d’aller plus loin et de devenir le premier réseau de référence du cannabis s’il est, un jour, légalisé dans l’Hexagone.
Au-delà du CBD, vous seriez donc prêt à vendre de la marijuana ?
Nous sommes pour le cannabis récréatif s’il est réglementé. Et nous sommes prêts à en commercialiser dans nos bureaux de tabac.
Sous quelle forme ? Vous iriez jusqu’à vendre de la résine ou de l’herbe ?
Nous n’en sommes pas là mais je ne m’interdis rien. On verra ce qui est autorisé et on s’adaptera. Une chose est sûre, on est le réseau le plus adapté et le plus légitime. 10 millions de Français fréquentent nos bureaux de tabac. Quant au cannabis thérapeutique, je laisse cela aux médecins.
Est-ce une façon de compenser la baisse des ventes de tabac ?
Je préfère parler de complément. Mais aussi d’évolution sociétale que je mets sur le même plan que la cigarette électronique. Il y a cinq ans, lorsque la vapoteuse est arrivée, nous n’y avons pas cru. On ne va pas se mentir, on a loupé ce rendez-vous et on y revient aujourd’hui. Si le CBD et plus largement le cannabis sont autorisés, on veut être présent sur ce marché. On demande même l’exclusivité. On est dans un plan de transformation car les ventes de cigarettes sont amenées à baisser. Il faut donc saisir toutes les opportunités de générer de l’économie.
Le cannabis fait de plus en plus d'adeptes chez les personnes âgées en Californie, depuis que son usage récréatif est devenu légal le 1er janvier 2018. Ces seniors y ont recours pour soulager les douleurs qui accompagnent parfois le vieillissement.
Photo - Les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses à se tourner vers le cannabis thérapeutique aux Etats-Unis. (IVAN FRANCO / MAXPPP)
Le cannabis à usage médical est légal en Californie depuis 20 ans. Mais jusqu’ici, il fallait une ordonnance et le stigmate restait fort. Avec la légalisation totale actée le 1er janvier dernier, le cannabis est devenu grand public.
Spacieux et lumineux, les magasins spécialisés ont des faux-airs d’Apple Store. Le consommateur a accès à une variété de produits. Ces derniers sont moins intimidants qu’un joint. Ce sont des crèmes ou du chocolat, comme par exemple de la marque Défoncé, en français dans le texte.
Atténuer les souffrances physiques du vieillissement
Bryna, 87 ans, utilise des huiles pour son arthrite. Et cela fonctionne, selon ses dires : "Je me réveillais souvent à cause de la douleur. Cela ne m’arrive plus", témoigne-t-elle. "Je prenais du Vicodin (un médicament analgésique) mais je voulais arrêter. Et après quelques mois, j’ai pu arrêter", indique celle qui a aussi commencé à se servir d’un vaporisateur : "Je me suis rendue compte qu’en utilisant le vaporisateur avant d’aller me coucher, je dormais plus longtemps."
C'est un phénomène intéressant dans un pays où la crise des opiacés s’est aggravée ces dernières années. La consommation de cannabis semble en tout cas surtout relever de la médecine alternative pour les seniors. D'après une étude récente, neuf personnes âgées sur dix sont en effet satisfaites du résultat.
Une consommation d'abord thérapeutique
C’est le CBD, le composant du cannabis avec des vertus thérapeutiques qui les intéresse. Le THC, le composant qui fait planer, les séduit moins. Peut-être aussi parce que comme David, 68 ans, ceux qui recherchent les effets du THC n’ont pas attendu la légalisation.
Il est venu faire un tour dans l’une de ces nouvelles boutiques. "J’ai commencé quand j’étais dans la Navy, sourit-il. C’était il y a longtemps. Ici, je vais regarder les produits comestibles. C’est ça qui m’intéresse. Le reste, je le fais pousser chez moi depuis longtemps", poursuit l'homme.
Un énorme marché en devenir en Californie, le cannabis pourrait représenter cinq milliards de dollars dès l’an prochain. C’est un marché gigantesque, comparable à la vente de bières outre-Atlantique. Si les plus de 65 ans représentent, aux États-Unis, 15% de la population, ils concentrent 30% de la consommation de médicaments. Le potentiel qu'ils peuvent rapporter, s'ils s'orientent vers le cannabis, est donc facilement imaginable.
Une boutique du sud de Los Angeles organise d'ailleurs chaque mois un voyage gratuit en bus pour une cinquantaine de personnes âgées. Sur place, les seniors sont conseillés. Le principal problème pour eux, c'est en fait le prix. Comme le cannabis reste illégal à l’échelle fédérale, les assurances ne le rembourse pas.
Arrêté en possession de Haschisch, Michael Blanc va enfin pouvoir rentrer en France après plus de 14 ans de prison.
Michaël Blanc, un cuisinier originaire de Faucigny (Haute-Savoie), décide de s'installer en 1999 à Bali afin d'y ouvrir une entreprise de plongée sous marine.
C'est lors d'un retour en décembre 1999 qu'il sera arrêté à l'aéroport de Denpasar avec 3,8 kg de haschich cachés dans des bouteilles de plongée modifiées. Il affirme être innocent et que ces bouteilles lui ont été confiées par un ami.
Son crime en Indonésie est passible de peine de mort, il se verra condamné à la réclusion à vie, cette peine sera réduite à 20 ans pour bonne conduite.
Le 20 janvier 2014, la justice indonésienne lui accorde une libération conditionnelle assortie d'une obligation de rester sur le territoire jusqu'à la fin de sa peine, le 21 juillet 2018.
Pendant tout ce temps, sa mère Hélène le Touzay n'a cessé le combat, les démarches pour aider son fils.
En Décembre 99 c'est sa vie qu'elle a vue chavirer, avec l'arrestation à l'aéroport de Bali de Michaël, le second de ses trois enfants, en possession de 3,8 kg de haschich dissimulés dans des bouteilles de plongée. Il encourait la peine de mort, requise au procès. Elle va laisser parler son cœur de mère pour s'installer au plus près de son fils et intervient régulièrement dans les médias français pour relater son histoire. Cette médiatisation l'aidera financièrement à subvenir aux besoins de Michael.
Elle compte bien l'accompagner pour son retour en France et l'aider à reprendre son autonomie pour ensuite retourner en Indonésie, elle qui est devenue entre-temps attaché consulaire et milite au sein d'associations locales pour aider la défense des ressortissants Français incarcérés en Indonésie.
Cannabis légal : faut-il oser ?
10/07/2018
Le cannabis légal n’est pas le cannabis drogue
Chère lectrice, cher lecteur,
C’est la folie du cannabis « légal » en ce moment.
Des boutiques ouvrent partout. Des fêtes s’organisent. Bientôt, ce seront des spots publicitaires à la télévision, il y en aura à la kermesse dans les écoles primaires, si l’on en croit les promoteurs du mouvement !
Alors, bientôt toute la société « droguée », avec l’approbation de la police ??
Pas du tout.
Car ce cannabis « légal » n’a rien à voir avec le cannabis « drogue » qui se trafique dans les rues.
Voici ce qui se passe vraiment
Vous avez peut-être entendu dire que le cannabis était une plante utilisée depuis des millénaires dans la médecine chinoise, présente par les rites védiques (médecine traditionnelle indienne), que dans la Bible elle était recommandée, etc [1].
Qu’elle aurait d’innombrables vertus thérapeutiques, qu’elle avait malheureusement été interdite par les autorités, mais qu’enfin, cette interdiction ridicule venait d’être levée.
Que vous avez de la chance de pouvoir maintenant acheter un médicament à base de cannabis (le Sativex) et de vous en procurer dans des boutiques qui affichent la fameuse feuille pointue, symbole de la révolution sexuelle et culturelle des années 60 et 70.
En réalité, le cannabis « légal » qui est désormais autorisé à la vente n’est tout simplement pas du cannabis, tel qu’on l’entend à la Brigade des stupéfiants.
De nombreuses sous-variétés de cannabis ne contiennent pas la substance qui fait planer
Le cannabis est une espèce végétale plus connue en Europe sous le nom de « chanvre ».
Il est inutile d’essayer de vous « envoyer en l’air » en fumant du chanvre européen traditionnel, plante agricole fibreuse qu’on cultivait pour fabriquer des cordes, des sacs en toile, du papier.
Le chanvre qui fait « planer » est une sous-espèce originaire d’Inde. Il est riche en THC (tétrahydrocannabinol). Le THC est une substance « psychotrope », c’est-à-dire qu’elle modifie profondément le fonctionnement du cerveau. Plus la plante est riche en THC, plus l’effet psychotrope est fort.
C’est pourquoi le cannabis riche en THC est classifié comme drogue. Celui qui en consomme n’est plus en possession de tous ses moyens. En général, au début, le THC désinhibe, détend, apporte du bien-être. Mais ce n’est pas toujours le cas, car il provoque, au contraire, parfois de terribles nausées et angoisses. La personne sous emprise du THC n’est plus en mesure de conduire une voiture ni de manier des outils dangereux.
Sur le long terme, elle risque la dépression. Et même, le THC augmente le risque de schizophrénie, une très grave (et incurable) maladie mentale.
C’est pourquoi il est néfaste qu’un jeune enfant se mette à fumer du cannabis riche en THC. Cela augurerait mal de ses études et de son avenir.
Le chanvre (ou cannabis) sans THC n’est pas une drogue
Mais le chanvre européen pauvre en THC n’est pas vraiment une drogue.
Il n’altère pas le fonctionnement du cerveau. Vous ne « planez » pas quand vous le fumez.
Par contre, il est considéré comme une plante médicinale, puisqu’il contient du CBD, un autre actif qui, lui, aurait des effets antischizophrénie et antipsychotiques selon des études réalisées sur des rongeurs.
Le CBD aurait même l’étonnante faculté d’atténuer les effets du THC grâce à ses vertus neuroprotectrices [2]. Le CBD serait donc une sorte d’anticannabis.
Retour au bon sens
Lorsque les autorités ont interdit la « drogue » cannabis, elles n’ont pas fait dans la dentelle. Elles ont interdit tous les types de chanvres.
Après des décennies de controverses, les défenseurs des plantes médicinales sont enfin parvenus à leur faire entendre raison : à partir du moment où le chanvre contient peu de THC, il est normal de le légaliser. En effet, non seulement il n’est pas dangereux pour la santé, non seulement il ne fait pas « planer », mais en plus il a des applications thérapeutiques intéressantes grâce à sa teneur en CBD !!
Selon l’autorité suisse de santé (Swissmédic), le CBD « réduirait l’effet psychotrope du THC. D’un point de vue thérapeutique, il pourrait avoir des effets antioxydants, anti-inflammatoires, anticonvulsifs, antiémétiques (saignements), anxiolytiques, hypnotiques ou antipsychotiques [3] ».
À l’issue d’intenses négociations, les autorités ont donc accepté de légaliser le chanvre (ou cannabis) riche en CBD et très pauvre en THC.
Pour être légaux, les extraits de cannabis riches en CBD doivent contenir moins de 0,2 % de THC, ce qui est une dose négligeable.
En pratique, les Autorités françaises sont encore plus sévères et n’autorisent que les extraits de cannabis qui contiennent du CBD mais aucune trace détectable de THC.
De multiples effets thérapeutiques intéressants
Le cannabis riche en CBD (et pauvre en THC) a une efficacité prouvée, ou des effets prometteurs, pour aider à lutter contre [4] :
les nausées (d’où son usage en accompagnement des chimiothérapies) ;
les douleurs ;
la sclérose en plaques ;
l’épilepsie ;
les problèmes neuropsychiatriques.
Dans un récent communiqué de l’université de Wollongong (Australie), le Dr Katrina Green affirme que le CBD n’a pas d’effets positifs sur la mémoire et la capacité d’apprentissage des personnes en bonne santé mentale, mais pourrait les améliorer chez les personnes victimes de maladies cognitives, dont la maladie d’Alzheimer, la méningite, l’encéphalopathie hépatique.
Le cannabis riche en CBD (et pauvre en THC) pourrait, en outre, réduire le syndrome de Tourette, qui se caractérise par des tics physiques et verbaux involontaires très handicapants socialement.
Une étude préliminaire, menée par des chercheurs de l’université de Toronto, a montré que les personnes qui avaient inhalé du cannabis riche en CBD avaient connu une diminution de leurs tics de 60 %, et 18 des 19 participants de l’étude ont constaté une « forte amélioration » de leur état [5].
Faut-il essayer tout de suite ?
Le marché du « cannabis légal » étant tout jeune, il est surtout occupé aujourd’hui par des acteurs « opportunistes » dont il est difficile de mesurer le sérieux.
Il faut savoir qu’États-Unis, qui a plus de recul que nous sur la légalisation du CBD, seuls 30 % des produits vendus sur Internet contenaient la quantité de CBD indiquée sur l’étiquette (étude du Journal of the American Medical Association, novembre 2017) [6] !
Bien que le CBD ne soit pas dangereux, il est néanmoins essentiel de savoir quelle quantité vous en absorbez.
De plus, beaucoup de produits à base de cannabis contenaient, en réalité, plus de THC qu’indiqué. C’est un problème qui peut valoir un retrait de licence en cas de contrôle et, bien sûr, avec tous les accidents et problèmes de santé possibles qui sont liés au cannabis drogue.
Je reste donc en alerte sur ce sujet et vous donnerai plus d’informations sur les sources fiables de cannabis plante médicinale (riche en CBD, pauvre en THC) dès que j’en aurai connaissance de façon sûre.
À votre santé !
Jean-Marc Dupuis https://www.santenatureinnovation.com/cannabis-legal-faut-il-oser/
En décidant de légaliser le cannabis à compter du 17 octobre, le Canada a signé l’arrêt de mort de la prohibition du pot dans le monde.
Left Image: Photo via National Archives and Records Administration/Ronald Reagan Presidential Library & Museum. Right Image: Wikimedia Commons
Les États-Unis sont depuis longtemps la police anti-stupéfiants du monde, mais, depuis qu’ils ont lâché prise et que neuf États américains ont légalisé le cannabis, les traités internationaux en vertu desquels les pays ne peuvent établir leurs propres politiques en matière de cannabis sont essentiellement caducs. Et la décision du Canada pourrait rendre cette situation permanente.
« Je pense que c’est un coup dur contre les traités et accords internationaux qui ont empêché les pays d’aller à l’encontre de l’hystérie américaine », dit Kassandra Frederique, directrice de la Drug Policy Alliance, un OSBL de New York.
Même Smart Approaches to Marijuana, un OSBL d’Alexandria en Virginie qui est parmi les plus ardents adversaires de la légalisation, a admis dans une présentation PowerPoint que « la légalisation est maintenant une réalité et elle gagne du soutien chaque année ».
« Pour le dire dans des mots simples, la légalisation au Canada, c’est énorme », ajoute Tom Angell, rédacteur en chef de Marijuana Moment, l’une des principales sources de nouvelles en ligne sur le cannabis et militant de longue date en faveur de la légalisation. « Bien que ce soit le deuxième pays, c’est le premier grand acteur économique mondial à le faire. »
L’Uruguay a déclaré qu’il légaliserait la marijuana en dépit du droit international en 2013, mais la vente n’a commencé que l’année dernière. Ce pays sud-américain n’a pas le statut du Canada, qui est selon le Fonds monétaire international la dixième plus grande puissance économique du monde.
La décision du Canada marque ainsi le début d’une nouvelle période, mais elle n’aurait peut-être jamais été prise si les États-Unis n’avaient pas d’abord cessé d’y faire obstacle. Ils ont longtemps soutenu et en grande partie fait appliquer la prohibition internationale. Mais, depuis 2012, année où le Colorado et l’État de Washington ont été les premiers à voter en faveur de la légalisation de la consommation de cannabis à des fins récréatives et que l’administration Obama a décidé de laisser faire, les États-Unis ont été plutôt muets, à une exception notable près.
En 2014, William Brownfield, le secrétaire d’État assistant des États-Unis aux International Narcotics and Law Enforcement Affairs, a déclaré aux journalistes affectés à l’Organisation des Nations Unies (ONU) que le monde doit « tolérer différentes politiques nationales sur les drogues » et « accepter le fait que certains pays auront des approches très strictes en matière de drogues », tandis que d’autres « légaliseront des catégories de drogues en entier ».
Il a soutenu l’idée d’une interprétation « souple » de la Convention unique sur les stupéfiants de 1961 et de ses mises à jour ultérieures, bien que ni les États-Unis ni l’Organe international de contrôle des stupéfiants, qui fait partie de l’ONU, n’aient auparavant considéré que ces lois autorisaient quoi que ce soit s’approchant d’une légalisation de substances illégales.
Les États-Unis ont longtemps utilisé leur pouvoir pour dissuader les pays d’adopter des réformes même mineures en matière de drogues. Entre 1986 et 2002, les États-Unis accordaient ou retiraient une « certification » aux pays considérés comme des sources importantes de drogue, principalement ceux d’Amérique latine. En vertu de cette politique, les pays ont été évalués chaque année par les politiciens américains pour leur degré de conformité aux priorités de l’Oncle Sam en matière de lutte contre les drogues. Les pays qui se voyaient retirer leur certification risquaient de perdre la quasi-totalité de l’aide américaine qu’ils recevaient et même l’accès à des prêts internationaux.
Sans surprise, cette politique unilatérale restait en travers de la gorge des pays visés, et, longtemps, elle a permis aux États-Unis de tuer dans l’œuf même les plus modestes tentatives d’assouplir les politiques antidrogues.
En 2001, par exemple, lorsqu’un comité du gouvernement de la Jamaïque a recommandé la décriminalisation de la possession de cannabis à l’intérieur de ses propres frontières, même pas la légalisation de la vente, plutôt une simple élimination des arrestations pour possession personnelle, l’ambassade américaine a déclaré aux médias qu’elle était opposée à cette politique et que, advenant son adoption, le pays pourrait perdre sa certification. Le gouvernement jamaïcain n’a pas suivi la recommandation.
Et en 2006, le président mexicain Vicente Fox a refusé d’approuver un projet de loi décriminalisant la possession de drogue qu’il avait lui-même soutenu après que les États-Unis ont fait publiquement pression sur lui.
Les États-Unis ont même essayé d’empêcher d’autres pays, y compris des puissances européennes, de mettre en place des mesures pourtant éprouvées de réduction des méfaits, comme les services de remplacement de seringues pour prévenir la propagation du VIH. Selon Sanho Tree, directeur du Drug Policy Project de l’Institute for Policy Studies, un think tank de Washington, « les États-Unis ont lutté pendant des années contre l’utilisation du terme réduction des méfaits et s’en prenaient aux pays qui l’employaient » à la réunion annuelle de la Commission des stupéfiants de l’ONU.
D’ailleurs, lorsque le Canada a tenté d’ouvrir le premier centre d’injection supervisée en Amérique du Nord en 2003, un représentant du consulat américain a déclaré aux fondateurs du programme que les États-Unis l’interdisaient, lit-on dans Fighting For Space, un livre sur la réduction des méfaits de Travis Lupick. Le Canada est quand même allé de l’avant. C’était peut-être un précédent encourageant pour les tenants canadiens de la légalisation contre les croisades américaines moralisatrices.
Pour sa part, Emily Dufton, auteure de Grass Roots : The Rise and Fall and Rise of Marijuana in America, n’est pas aussi convaincue que d’autres à qui j’ai parlé que la décision canadienne sera le clou dans le cercueil de la prohibition. Elle fait remarquer que, dans les années 70, la marijuana a été presque décriminalisée à l’échelle nationale aux États-Unis, avant qu’on exploite les craintes par rapport à l’utilisation accrue chez les adolescents pour susciter une vaste réaction négative. Elle concède toutefois que les tenants de la légalisation font moins d’erreurs aujourd’hui et qu’elle est « en voie d’être un peu plus convaincue ».
La loi sur la légalisation au Canada laisse le soin aux provinces de décider des détails de la vente aux provinces, ce qui produira diverses réglementations au pays, avec des degrés variables de rigidité et de liberté. Certaines provinces autoriseront des entreprises privées à vendre des produits du cannabis, d’autres autoriseront seulement une société d’État; certaines autoriseront la consommation dans les espaces publics, tandis que d’autres l’interdiront. L’avantage, c’est que cette diversité permettra aux chercheurs d’étudier les effets positifs et négatifs des différentes approches.
Parallèlement, plus de 60 % des Américains — y compris une majorité de républicains, selon un sondage Gallup de l’année dernière — sont maintenant en faveur de la légalisation. Et même des opposants de longue date comme le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, s’y font : un haut fonctionnaire a déclaré au New York Times que le gouverneur se demande maintenant non pas si, mais comment se fera la légalisation. Mercredi dernier, le chef de la minorité au Sénat, Chuck Schumer, partisan de longue date de la guerre à la drogue, a présenté un projet de loi visant à décriminaliser la marijuana au fédéral en la retirant de la liste des substances réglementées.
Les États-Unis ont perdu d’autres récentes batailles contre le progrès à l’étranger : la Jamaïque a finalement adopté la décriminalisation en 2015, le Mexique avait commencé à décriminaliser en 2009 et a légalisé la culture pour consommation personnelle en 2015. Et, selon Sanho Tree, l’Allemagne a mené une charge contre le rejet américain du terme réduction des méfaits à la Commission des stupéfiants de l’ONU. La prescription d’héroïne pour traiter la toxicomanie est désormais légale en Allemagne, en Suisse, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et au Danemark.
Bien que la Russie ait condamné la légalisation au Canada, il n’y a pas de mécanisme pour forcer un pays à respecter les traités de l’ONU sur les stupéfiants, et il est peu probable que Moscou sanctionne elle-même le Canada ou lui déclare une guerre commerciale.
Donc, la dixième plus grande économie du monde profitera d’une gigantesque nouvelle source de revenus que les États-Unis, à l’échelle fédérale du moins, n’auront pas. Et les douaniers américains devront se dépêtrer avec ce casse-tête, jusqu’à ce que les politiciens américains admettent que la prohibition du pot est bel et bien chose du passé.
La Réunion veut son zamal à usage médical
1 juil 2018, 07h00
SANTÉ. La France se dit ouverte à la recherche et au développement du cannabis thérapeutique. À la Réunion où le zamal pousse bien malgré les interdits, la production de CBD (Cannabidiol), THC (Tétrahydrocannabinol) et de dérivés cannabinoïdes offre des perspectives intéressantes. Le JIR ouvre le débat.
Le zamal, ça guérit ! L’usage médical du cannabis a été discuté le 12 avril dernier à l’Assemblée nationale... Une séance d’auditions a permis d'entendre des pro-cannabis médical en France. « C'est une ouverture intéressante car jusqu'à présent il existait en France un refus d'envisager les perspectives thérapeutiques du cannabis et la recherche sur ce sujet était presque impossible en raison de son caractère illégal », fait d'emblée remarquer l'addictologue David Mété, chef de service au CHU Félix Guyon à Saint-Denis.
POUR UNE RECONNAISSANCE DE L'USAGE MÉDICAL DU CANNABIS
Parmi les associations auditionnées, UFCM I-Care dont l'ambition est de sensibiliser le public, les professionnels de santé ainsi que la communauté politique afin de faire avancer le plaidoyer pour la légalisation du cannabis. Sébastien Beguerie, son co-fondateur est expert en phyto-cannabinoïdes en France depuis une dizaine d’années. « Nous préconisons un accès aux traitements à bases de cannabis et ses dérivés, mais également la formation des professionnels de santé qui les accompagnent. Un accès à l’autoculture des fleurs de cannabis est également le souhait des patients », a-t-il indiqué aux journalistes à l'issue de son audition. « Toutes les formes galéniques, de la fleur à la phytothérapie jusqu’aux molécules et aux extractions des laboratoires pharmaceutiques doivent être considérées. Plus il y a de choix et d’options possibles, plus les patients pourront s’affranchir de leurs douleurs en adaptant les dosages et formes de prise de cannabis ». L'association estime que l’usage médical du cannabis est une urgence. En France, les cannabinoïdes pourraient soulager plus de 276 000 patients . « Le sujet est donc devenu incontournable considérant les nombreux travaux scientifiques sur la question. Nous regrettons d’ailleurs que la France reste à la traine sur ce sujet à l’heure où l’ensemble des pays voisins ont pris des dispositions législatives pour ouvrir un accès sécurisé aux patients.La loi doit venir constater et encadrer une réalité, celle des dizaines de milliers de patients qui sont aujourd’hui considérés comme hors-la-loi. Nous ne pouvons plus accepter que des citoyens soient marginalisés alors que l’Etat devrait les protéger. L’évolution de la législation ne peut être permise qu’à la condition d’une reconnaissance d’un usage médical du cannabis », soutient UFCM I-Care. Médecin dionysien, Jean-Claude estime également que les perspectives sont intéressantes mais il met en garde contre les dérives (voir encadré). Actuellement, un seul médicament cannabinoïde possède une autorisation de mise sur le marché français. Il s'agit du Sativex, recommandé contre la spasticité et la sclérose en plaques. Le dronabinol et le cannabidiol sont utilisés pour des patients atteints de douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements classiques ou des épilepsies sont accessibles. Mais cette utilisation bénéficie d'une autorisation temporaire nominative. Le débat est complexe, d’autant que les données scientifiques manquent sur l’usage thérapeutique du cannabis. « À ce jour, nous disposons de peu d'études scientifiques pertinentes concernant l'usage thérapeutique du cannabis », indique le docteur Mété.
EFFICACE CONTRE LES DOULEURS
L’usage médical de cannabis est légal dans certains pays comme l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne, la Finlande, Israël, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal la République Tchèque. Lecanada , 23 Etats aux USA, le Chili, l’Argentine, la Colombie En France, certains ont décidé d'exploiter l'ambiguïté de la loi qui encadre la consommation de cannabidiol (CBD). Acheter de la weed ou du cannabis CBD légalement en boutique est possible en Ile-de-France. (voir encadré) Ce 13 juin, c'est au tour de la région Est de se lancer dans la vente légale de cannabis CBD, avec l'ouverture de deux boutiques à Nancy et à Metz. "Tout est issu du bio, la législation est très stricte. Les producteurs suisses se sont adaptés aux législations de chaque pays, qui varient énormément", explique Baptiste De Luca, propriétaire des lieux au quotidien l'Est Républicain. Ce jeune entrepreneur de 23 ans possède déjà une boutique à Épinal, ouverte en mai dernier. Il assure défendre les bienfaits du cannabis médical. Le zamal thérapeutique a-t-il un bel avenir ? Pour l'économiste Jean-Yves Rochoux, cela provoquera des coûts supplémentaires... Mais le cannabis soigne déjà beaucoup de monde dans plusieurs pays... «Les indications les plus intéressantes et scientifiquement les mieux établies sont : les douleurs chroniques, les nausées induites par les chimiothérapies et les raideurs (spasticité) dans la sclérose en plaques. Il existe dans le cannabis de nombreux alcaloïdes qui, en dehors du THC (tétrahydrocannabinol), présentent d'intéressantes propriétés, comme par exemple le cannabidiol dans l'épilepsie», fait encore remarquer l'addictologue réunionnais. «Pour les autres indications, les données scientifiques sont considérées comme non probantes ou insuffisantes à ce jour; d'où l'intérêt de favoriser la recherche». Wait and see, donc !
Juliane Ponin-Ballom
Le point sur la recherche
Publiée dans The European Journal of Internal Medicine, une étude a démontré que le cannabis thérapeutique serait effectivement probant pour soigner les douleurs chez les personnes âgées. 901 patients de plus de 65 ans avaient été questionnés dans le cadre de cette recherche. Tous souffraient de douleurs liées au cancer, à une colite ulcéreuse (maladie inflammatoire de l'intestin), à la maladie de Parkinson, à la maladie de Crohn ou encore au stress post-traumatique. Au terme de six mois de traitement à base de cannabis thérapeutique, plus de 93% des participants ont déclaré que leur douleur avait diminué de 4 à 8 points sur une échelle allant de 1 à 10. Plus de 70% des patients ont également affirmé qu’ils ressentaient une amélioration globale de leur état. Aux Etats-Unis, 80% des oncologues interrogés ont déclaré avoir déjà abordé la question du cannabis thérapeutique avec leurs patients, mais moins de 30% d’entre eux ont estimé avoir suffisamment de données scientifiques pour faire de telles recommandations. "Les preuves scientifiques appuyant l'utilisation de la marijuana médicale en oncologie sont encore très minces, ce qui place les médecins dans une position très inconfortable", rappelle le Dana-Farber Institute of Adult Psychosocial Oncology.
Des coffee-shops à Paris
Après Besançon et Annoeullin, des "coffee-shops" ont ouvert à Puteaux (Hauts-de-Seine) et dans le 11e arrondissement de Paris. Officiellement, le CBD (cannabidiol) présent dans le cannabis (mais dépourvu des effets psychoactifs du THC) n'est pas interdit en France tant que le taux de THC (Tétrahydrocannabinol) ne dépasse pas 0,2%. Il est d'ailleurs possible de s'en procurer légalement sur internet sous forme de cristaux, de sirops, d'huiles, de tisanes, de crèmes ou encore de bonbons. Ses vertus médicinales sont parfois utilisées pour traiter les convulsions, l'inflammation, l'anxiété ou encore les nausées.
Agnès Buzyn a ouvert le débat
Agnès Buzyn, la ministre de la Santé a demandé aux différentes institutions qui évaluent les médicaments de lui faire remonter l’état des connaissances sur le sujet, “parce qu’il n’y a aucune raison d’exclure, sous prétexte que c’est du cannabis, une molécule qui peut être intéressante pour le traitement de certaines douleurs très invalidantes”, a-t-elle expliqué. "Je ne peux pas vous dire à quelle vitesse nous allons le développer mais en tous les cas, j’ouvre le débat avec les institutions responsables de ce développement". Cette annonce ministérielle intervient après la saisine récente d’une patiente sur le caractère "inéthique" de l’interdiction du cannabis dans un contexte thérapeutique. Le comité éthique et cancer devrait aussi bientôt examiner cette question.