« Lorsqu’un gouvernement a peur de ses citoyens, c’est la liberté. Lorsque les citoyens ont peur de leur gouvernement, c’est la tyrannie » Thomas Jefferson, 3ème président des USA.
Le syndicat étudiant UNI a organisé en 2003 à Strasbourg un dîner-conférence sur le thème : « L’usage du cannabis chez les adolescents, un véritable fléau social » (Cliquez ici pour télécharger au format texte) avec le Commissaire Divisionnaire Honoraire Charles SIMON comme principal orateur. Ce syndicat, très minoritaire chez les étudiants, est surtout une pépinière de futurs cadres pour la droite dure française. Il constituera le fan club le plus virulent du programme présidentiel sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Certains de ces adhérents sont les ministres de demain. Il est donc indispensable de leur enseigner très vite les fondamentaux du nouveau populisme droitier : Faire peur pour mieux régner au nom de la sécurité et de la morale en péril. Ce commissaire de police manie parfaitement la rhétorique néo-conservatrice qui pollue le débat sur la politique des drogues et plus largement l’organisation de la société. En bon élève du Ministre de l’Intérieur et des think tanks américains, Charles Simon prophétise l’apocalypse pour mieux prêcher la rédemption par la répression. Ce texte constitue un excellent exemple de propagande prohibitionniste, un bréviaire de la peur à l’usage des prédicateurs du déclin de l’Occident. A lire pour mieux y répondre.
Source : Chanvre-Info
La sécurité est devenue un gigantesque business envahissant toutes les sphères de la société. Ces lobbyistes doivent entretenir un fort niveau de peur dans la société pour justifier les budgets pharaoniques engloutis par leur industrie, la violence qu’elle génère et la régression des libertés individuelles qui accompagne son expansion. Malgré des décennies (et des centaines) de rapports et d’études dénonçant une diabolisation injustifiée, le cannabis reste un excellent outil pour effrayer, contrôler et réprimer. Ces usagers constituent un gros troupeau de boucs émissaires, parfaits supports de phantasmes terrifiants mêlant racisme, épidémie, violence, sexe débridé, refus de l’autorité, déviance mentale, délinquance juvénile, décadence... toute la panoplie de la calomnie utilisée depuis des millénaires par les théoriciens du déclin et du sursaut moral.
Les policiers ont un intérêt évident dans une idéologie sécuritaire. Sur le cannabis, ils ne devraient pas être juge et partie. Les consommateurs de cannabis sont d’excellents clients pour la police payée au rendement et les statistiques du ministère. La théorie du fléau évite les questions sur leur inefficacité chronique à contrôler le phénomène. Pourtant de nombreux policiers s’érigent en experts du cannabis et interviennent dans les media ou sur le terrain. Partout, il propage la peur pour mieux se dresser en rempart indispensable.
La recette est simple et efficace : faire peur en exagérant les liens de causalité, la gravité et les conséquences de l’association violence-cannabis-école-délinquance ; associer les troubles comportementaux classiques chez l’adolescent à la consommation de cannabis, rejeter la culpabilité sur l’intelligentsia parisienne socialo-libertaire post soixante-huitarde coupable, entre autres, de banalisation du cannabis et de la délinquance ; dénoncer la perte des valeurs morales qui entraîne la décadence de la société ; réclamer une politique de l’abstinence avec une réponse policière et judiciaire systématique et applicable à tous les délits de consommation, la tolérance zéro avec les petits dealers, une censure du débat sous prétexte d’apologie, une prévention super alarmiste...
Saupoudrer le tout d’ingrédients piquants comme Ben Laden, les caïds de banlieues, le poison exporté par des arabes, l’intégrisme musulman, l’échec scolaire et professionnel dans les quartiers, ... Ajouter des chiffres bidons mais chocs tant pour minimiser les forces de l’adversaires que pour aggraver les problème... Vous obtenez la soupe à la grimace que veulent nous faire manger les media trash et les politiciens néo-conservateurs chrétiens, pseudo-radicaux ou libéraux, en plus des sectes et de puissants lobbies comme l’industrie de la sécurité ou la pétrochimie.
Le cannabis est une panacée indispensable aux manichéens de toutes obédiences, à la stigmatisation de populations soit-disant à risques ou déviantes pour mieux flatter une soit-disant normalité sociale, à la justification d’une politique abusivement sécuritaire. Le cannabis n’est pas un produit anodin, il a des effets positifs et négatifs, les millions d’usagers ont droit à une information objective.
« La question de savoir si les problèmes excessifs de cannabis mènent aux problèmes sociaux ou si les problèmes sociaux mènent à l’utilisation excessive de cannabis n’a pas été encore résolue. » Inquiry into the mental health effects of cannabis, NEW ZEALAND HOUSE OF REPRESENTATIVES, 1998.
Après l’Europe, le C-Ice, thé froid au cannabis suisse, veut conquérir les Etats-Unis.
Source : 20minutes
Il s’agit d’un thé froid singulier vendu en Suisse dans les distributeurs Selecta et les magasins Prodega. Conditionné dans une cannette originale en carton biodégradable de la société finlandaise Lamican, le C-Ice contient des extraits de chanvre suisse provenant des cantons de Saint-Gall et de Berne.
Les Suisses en boivent en toute légalité plus de 100 000 cannettes par mois, soit 1,2 million par an. C’est à une société liechtensteinoise que revient l’idée de ce breuvage.
Mais ce dernier a été lancé en 2003 par la société thurgovienne centenaire Thurella, fournisseur du jus de pomme Obi pour la Migros. Distribué en Europe par la société autrichienne Seagul, le C-Ice s’y consomme à près de 3 millions de cannettes par an.
«Ce thé aromatisé au cannabis ne produit aucun effet sur le consommateur», assure Matthias Geier, responsable de clientèle chez Thurella. Moins sucré que le thé froid traditionnel, il ne contient pratiquement pas de THC(tétrahydrocanna-binol).» Après trois ans de tests presque sans publicité, ce produit aux marges élevées reste sans concurrent. Thurella projette de le faire monter en puissance au niveau international.
«Nous recrutons un spécialiste en marketing chargé de développer le marché mondial, confie Matthias Geier. Aux Etats-Unis, nous pourrions écouler 50 millions de cannettes de C-Ice par an: le jackpot!» Rien n’est joué. Le cannabis sent le souffre. En Suisse,
Migros et Coop n’ont pas souhaité vendre le C-Ice.
Je crois essentiel de toucher à un sujet très important au Québec et surtout en région. La coupe de bois ; une tragédie et un désastre écologique !
Source : Chanvre-info
Je ne connais pas la réponse, mais je serai curieux de connaître le nombre d’arbres que l’on coupe sur tout le territoire de la province de Québec chaque jour. Je suis persuadé que le quantité va nous faire dresser tous les poils. Ce qui est encore pire, c’est que rien n’arrête la coupe de bois.
On ne pense pas aux conséquences et à l’enchaînement de ce crime envers la planète. Car oui, c’est un crime ! Je veux souligner les gestes néfastes et les actions irréfléchies des gouvernements et des compagnies forestières.
Maintenant, je vous emmène en Chine. Vous allez vous rendre compte que la Chine, les deux Corée et le Japon sont au prise avec des tempêtes de sable. Je suis persuadé que vous avez vu des photos de ces incidents. Ce qui me fait rire, c’est que l’on décrit cela comme des caprices de Dame Nature. Erreur :
Dame Nature n’a rien à faire là-dedans. Ces tempêtes sont l’unique faute de la stupidité des hommes. Ils ont coupé tellement d’arbres en Chine dans le but de développer des mégaprojets, qu’ils ont oublié que les arbres avaient une utilité essentielle dans les déplacements de sable. Aujourd’hui, ces grains se déplacent librement d’un pays à l’autre car il n’y a plus d’arbres afin les arrêter.
Ce n’est qu’un exemple du dommage que cause la coupe de bois. On parle souvent de pollution dans l’air, mais on ne parle jamais des dégâts sur la terre ferme. La combinaison de gaz polluants des usines et de la coupe de bois est un bon mélange pour détruire notre planète.
Solution : Je ne possède pas l’expertise et la compétence afin de répondre à cela. Par contre, je pose des questions de base. Pourquoi on coupe le bois ? Quelle est la nécessité ?
Premièrement, on nous dit que la coupe est nécessaire pour le renouvellement des forêts car les jeunes arbres qui constitueront les massifs à venir ont besoin de lumière et d’éléments minéraux du sol pour se développer. Si aucune coupe n’est effectuée, le résultat serait telle que ces jeunes arbres ne pourront pas croître. Lorsque la forêt en place verra ses vieux peuplements périr, le renouvellement naturel n’existera pas. OK.mais est-ce que l’on doit en couper autant ?
Le deuxième besoin de la coupe c’est que tout ce qui nous entoure et qui est fait de bois - le mobilier, le papier etc. nécessitent du bois issu des coupes de forêts gérées. Peut-être que la solution est dans cette deuxième nécessité. Est-ce que l’on peut remplacer le bois par une autre source afin de satisfaire nos besoins ?
Il y a quelques années, un agent forestier m’a rapporté ce fait. Au début du siècle, les États-Unis ont banni la culture du chanvre car les autorités américaines ont eu peur que cette culture empêche le développement de l’industrie forestière. Au lieu de mettre de l’argent dans la recherche de ce produit, ils ont préféré bannir la culture. Aujourd’hui, on sait que bien des produits peuvent être faits à partir de chanvre.
Pourquoi ne pas se pencher sur la question ? Pourquoi ne pas développer ce produit avec des normes et des mesures sécuritaires ?
À mon avis, utiliser une plante, oui, je l’avoue, controversée, pourrait aider notre planète à survivre de nos bêtises. Imaginez que l’on ramène nos bûcherons à la maison et que l’on les équipe afin de produire des plantations de chanvre.
On sait que le plastique est aussi controversé. Mais des ingénieurs et les chimistes de Warwick Advanced Sustainable Technologies (WASTe), du Groupe Warwick Manufacturing, développent depuis quelques années des plastiques à partir des triglycérides, l’huile extraite de cultures telles que le raisin, le lin et le chanvre.
On dit que les polymères fabriqués à partir de certaines plantes pourraient apporter une réponse à une législation sur l’environnement de plus en plus sévère sur le traitement des plastiques utilisés dans les sacs et les intérieurs de voitures.
Ces plastiques renouvelables pourraient avoir une variété d’applications car ils possèdent une gamme de propriétés dont toute la richesse n’a pas encore été établie.
Dans le cas du lin et du chanvre, on en extrait non seulement de l’huile, mais aussi des fibres utilisables à la fabrication entre autre de maison et vêtements. Les experts avance même que cette culture offrirait une survie financière aux agriculteurs.
Finalement les experts affirme que le travail consiste maintenant à réduire les coûts et à développer des marchés pour les polymères avant qu’ils puissent être commercialisés. On souligne aussi que les gouvernements devraient également envisager d’encourager plus d’entreprises à utiliser les polymères écologiques.
Est-ce que c’est la solution ? Je ne sais pas mais si ca peut arrêter la coupe de bois, nous risquons d’être sur une piste plus encourageante pour notre planète.
Comment se débarrasser des touristes fumeurs de joints sans pour autant compromettre les affaires ? Venlo, petite ville néerlandaise de 45 000 habitants, frontalière avec l’Allemagne, a trouvé la solution : déplacer les coffee-shops du centre-ville vers la frontière pour que l’incessant ballet des clients allemands ne dérange plus les riverains.
Source : Chanvre-Info
Pas d’alcool. Roots et Oase, deux des cinq coffee-shops de Venlo, se sont relogés depuis début octobre dans un ancien restaurant pour chauffeurs routiers. De la route, on sent déjà l’odeur du cannabis. Sur le parking, grand et propre, beaucoup de plaques d’immatriculation allemandes et néerlandaises. Un vaste édifice en brique abrite, au premier étage, un café à la déco vaguement marocaine et, au sous-sol, une cave à la lumière tamisée. Comme beaucoup des 740 coffee-shops des Pays-Bas, l’établissement ne vend pas d’alcool. Seule particularité notable de l’endroit : la file d’attente quasi permanente aux deux guichets, à côté du bar, qui écoulent sachets d’herbe et de haschisch, à raison de 5 grammes au maximum par jour et par client. Et puis les caméras de surveillance de la police, discrètes, posées sur les murs et au plafond, à la suite d’un accord entre la municipalité et le propriétaire des lieux.
Hubert Bruls, le maire de Venlo, affirme que sa politique a amélioré le « sentiment de sécurité » de ses administrés. Mais il avoue aussi qu’elle a peut-être « trop bien réussi » , dans la mesure où l’afflux des « narcotouristes » est plus important qu’auparavant. Les adeptes de la fumette arrivent maintenant à Venlo par trains entiers à la gare voisine de Kaldenkerken, en Allemagne, puis traversent la frontière à pied pour aller s’approvisionner. En chemin, affirme le maire, ils s’exposent à des vols.
Le gérant de Roots et Oase, Henk Jansen, collier en argent et petites pierres aux oreilles, dément le moindre problème de sécurité. « Il n’y a jamais eu de bagarre ici , dit-il. On ouvre à 10 heures et on ferme à 22 heures, pas de stress . » Son souci, manifestement, consiste plutôt à gérer une affaire qui a pris de l’ampleur : 21 employés permanents, 1 500 clients par semaine au bas mot, Allemands à 70 %, un chiffre d’affaire classé secret défense (150 000 euros par semaine, selon le maire), 1 million d’euros d’impôts annuels versés à l’Etat et un approvisionnement supervisé par le patron lui-même. « Tout est transparent , assure-t-il, la police peut vérifier autant qu’elle veut, grâce à ses caméras . »
Tourisme. Geert Leers, le maire de Maastricht, aurait aimé répéter l’expérience dans sa ville. Son idée : créer un « boulevard de la drogue » en déplaçant 7 des15 coffee-shops de Maastricht vers la frontière belge, et en les dotant de parkings conséquents pour mieux servir les clients belges, français, mais aussi espagnols et italiens. Mais Guy Verhofstadt, le Premier ministre belge, a officiellement protesté le 31 mai auprès de son homologue néerlandais. Aussi Geert Leers a-t-il renoncé « temporairement » , le 27 juin, à son projet. Mais sa bataille continue, contre Piet Hein Donner, le ministre néerlandais de la Justice, qui veut combattre le tourisme de la drogue. Le gouvernement planche sur l’introduction d’un système d’adhésion obligatoire pour les coffee-shops, qui ne pourraient plus vendre qu’à leurs membres attitrés, des résidents des Pays-Bas, exclusivement.
Le format est le même, le contenu toujours scientifique mais le message véhiculé radicalement différent. Avec sa couverture noire sur fond jaune aux allures de polar, son appel à "faire face" aux drogues et son insistance sur le caractère illicite de certaines substances, le livret d'information grand public, lancé en juin par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), dramatise à l'envi la question de l'usage de produits psychoactifs.
Source : LeMonde.fr
On est loin du constat "Une société sans drogue, ça n'existe pas" qu'affichait la Mildt sous l'ancienne majorité en diffusant, entre 1999 et 2002, à plus de 6 millions d'exemplaires son livret d'information "Savoir plus, risquer moins". Basé sur l'apport conceptuel de l'addictologie, l'objectif de la Mildt était alors de questionner les conduites de consommation plutôt que de focaliser sur tel ou tel produit. Mais, depuis 2002 et le lancement de campagnes de prévention essentiellement axées sur les méfaits du cannabis, cette orientation a été battue en brèche. Quitte, pour l'actuelle majorité, à perdre en efficacité sur le plan de la prévention ce qu'elle cherche symboliquement à gagner sur le terrain de l'idéologie et de la morale.
Ancré dans le cadre juridique de la loi du 31 décembre 1970, qui pénalise l'usage simple de stupéfiants, les politiques de prévention de l'usage de drogues se sont longtemps bornées à diffuser un message de prohibition. Le discours public, centré sur la peur que suscitent les drogues ("La drogue, c'est de la merde", 1986), accréditait alors l'idée, selon la théorie de l'escalade, que l'usage de cannabis était la première marche vers la consommation d'héroïne. L'image du toxicomane, marginal et potentiellement délinquant, faisait alors figure de repoussoir, censé prévenir toute velléité des jeunes de transgresser l'interdit des drogues.
L'apparition du sida, à la fin des années 1980, a profondément modifié ces perceptions. Pour empêcher la diffusion de l'épidémie parmi les toxicomanes, l'Etat s'engage dans la politique dite de "réduction des risques" - mise à disposition gratuite de seringues et de produits de substitution -, qui fait chuter le nombre de décès par overdose et incite des milliers d'usagers à "décrocher". L'image du toxicomane, devenu un patient qu'il convient de soigner, transforme le regard social sur les drogues. Dans ce sillage, l'Etat décide de réorienter ses politiques de prévention vers un discours plus en phase avec la réalité des consommations.
S'inspirant du rapport du pharmacologue Bernard Roques et des travaux de l'addictologue Philippe-Jean Parquet, l'ancienne présidente de la Mildt, la magistrate Nicole Maestracci, a ainsi construit, entre 1999 et 2002, une politique dite "d'approche globale" des drogues. Rompant avec la distinction entre produits, selon leur caractère licite ou illicite, son plan d'action triennal incluait le tabac et l'alcool dans le champ des drogues, en reconnaissant leur caractère fortement addictogène. Surtout, cette politique insistait non plus sur les substances elles-mêmes, mais sur la manière dont les utilisateurs en usaient en reconnaissant l'existence d'usages non problématiques aux côtés d'usages problématiques, et des polyconsommations.
Avec l'arrivée de la droite, en 2002, cette approche a été patiemment déconstruite au profit d'un discours réhabilitant la notion d'interdit. Officiellement, la Mildt, présidée depuis 2002 par le docteur Didier Jayle, a toujours dans son périmètre l'ensemble des substances psychoactives, tabac et alcool inclus. Mais son action s'est en réalité recentrée sur la question des drogues illicites, et singulièrement du cannabis. Prenant appui sur l'augmentation continue de la consommation de ce produit, notamment chez les jeunes, la Mildt a mis en place un réseau spécifique de consultations cannabis, qui a enrichi le dispositif de soins. Mais, au lieu d'inclure la préoccupation cannabis dans la question plus générale des conduites addictives, elle a engagé des campagnes généralistes sur les méfaits de ce seul produit, au risque, en voulant forcer le trait sur sa dangerosité, de caricaturer son message.
LE LOBBY VITICOLE
La dernière campagne sur la sécurité routière est à cet égard exemplaire. S'appuyant sur les données de l'enquête "Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière", publiée en 2005, la Mildt a mis en exergue les chiffres n'impliquant que le cannabis. Elle rappelle ainsi que ce produit a causé la mort de 230 personnes sur les routes mais omet de dire que l'alcool en a tué 2 270. De la même façon, la Mildt a mis en avant, en 2005, le chiffre de 8,5 % des conducteurs responsables d'un accident sous l'emprise du cannabis, sous-entendant ainsi que le produit psychoactif serait la cause de ces accidents. Or il s'agit d'un chiffre intermédiaire à l'enquête : une fois exclues les autres causes d'accidents (âge, sexe, état du véhicule, circonstances), la part d'accidents mortels imputable à la consommation de cannabis est en réalité estimée à 2,5 %, contre 28,6 % pour l'alcool.
De fait, à mesure que la dangerosité du cannabis était pointée, le coût social induit par la consommation excessive d'alcool semblait au contraire minimisé. Bien que l'alcool soit la première cause de mort prématurée en France avec 40 000 décès par an, le discours de prévention visant sa surconsommation a quasiment disparu. Mieux, le lobby viticole a donné de la voix : en juillet 2004, un "Livre blanc sur le rôle et la place du vin dans la société française", présenté par un groupe de parlementaires, déniait au vin le caractère de "drogue" et estimait qu'il avait été "injustement diabolisé".
Focalisation sur le produit illicite, le cannabis, plus grande tolérance sur le produit licite qu'est l'alcool : en moins de trois ans, la majorité a réhabilité un discours classique sur les produits psychoactifs, implicitement chargé du poids de la morale et de l'utopie d'une société sans drogue. Si elles sont frappantes en termes politiques, ces campagnes ne sont pas forcément efficaces en termes de santé publique : en plaçant toutes les expériences sur le même plan, les messages fondés sur une dramatisation excessive contredisent le vécu des consommateurs et ratent leur cible.
En faisant l'économie de la réflexion sur différents usages, pour stigmatiser la substance en elle-même, ils véhiculent faussement l'idée qu'en se débarrassant du produit on éradique le problème de la toxicomanie. Partant, ils semblent rester sourds à la signification sociale du malaise exprimé au travers de l'augmentation des conduites addictives.
A propos de la nécessité de dépénaliser la consommation des drogues douces, Paolo Ferrero, ministre chargé de la Solidarité sociale, a déclaré qu’un joint est moins dangereux qu’un demi litre de vin.
Source : Chanvre-info
Minister Ferrero : "Joints weniger schädlich als Wein"
Dans une lettre au Secrétaire Général des Nations Unies, le sociologue Guido Blumir, Président du comité scientifique "Liberté et Drogue", a demandé la démission du directeur de l’Unodc, Antonio Maria Costa, pour avoir promu une campagne contre le cannabis basée sur des mensonges.
D’après le rapport annuel sur les toxicomanies récemment présenté au gouvernement, la consommation des drogues en Italie aurait enregistré une forte augmentation, puisque les consommateurs de cocaïne auraient doublé en cinq ans.
Suite au rapport sur les toxicomanies présenté au Parlement italien, Giulio Manfredi (Comité national Radicali Italiani) a dénoncé l’échec de la politique antidrogue du gouvernement précédent, soulignant qu’au cours des cinq dernières années le nombre des consommateurs avait doublé.
Projet Sarkozy sur la prévention des addictions : Clientélisme, abstinence forcée et prévention à deux balles !
La persécution rituelle des usagers de drogues pourrait s’intensifier si les chambres adoptent en l’état le projet numéro 423 relatif à la prévention de la délinquance. En effet, Nicolas Sarkozy ne considère pas l’usage de drogue par un majeur comme une affaire personnelle et l’abus de drogue comme un problème socio-médical. Non ! Pour lui et ses fidèles, les millions de consommateurs de cannabis, de coke, de MDMA, d’opium ou de champis sont tous des délinquants pathologiques à placer d’urgence sous tutelle judiciaire et médicale jusqu’à abstinence totale. Un pur délire Orwellien ! Aujourd’hui, il y a probablement plus de Français qui mélangent des drogues légales ou illicites le samedi soir que de vrais croyants, j’exclus les jeunes enfants et ceux qui n’ont pas le choix, dans les offices religieux hebdomadaires. Mais les grenouilles de bénitiers, les souliers cloutés et tous les frustrés votent plus que les hédonistes et les bonnes gens en quête de récréation, surtout pour un petit caporal comme Sarkozy.
Source : Chanvre-info
Traquer le drogué jusque dans les chiottes
Le gouvernement français veut traquer les usagers sur les routes, dans les entreprises et les administrations. Cette mesure pourrait rapporter des centaines de millions d’euros aux laboratoires qui font les analyses et surtout aux compagnies pharmaceutiques qui commercialisent les tests et les produits masquant. Elles font un intense lobbying depuis des années. Grâce à Sarkozy, les usagers deviendraient tous des coureurs du tour de France. Un rêve d’enfant qui tourne au cauchemar : diurétique, créatine, infâme tambouille de sorcière et capote d’urine propre pour pouvoir se doper peinard. Les tests à l’aveugle généreraient une atmosphère paranoïaque dans les services concernés, des magouilles et des pressions intolérables. Les usagers de cannabis, dont les traces inactives sont difficiles à masquer et restent longtemps détectables, seraient plus fortement pénalisés, une consommation raisonnable dans un cadre privée peut entraîner un licenciement bien des jours après. Un usager quotidien à 0,4 d’alcool constant et 5 benzos serait-il moins dangereux pour les autres qu’un fumeur de joint du samedi soir ? Le petit Nicolas semble le croire Des millions de cannabinophiles vont subir les conséquences de cette ineptie.
Tous testés ?
Et que se passera-t-il quand 10 à 20% des agents de l’Etat seront au chômage ? Quand 50% des hommes de moins de trente ans n’auront plus de permis ? Quand 500.000 français devront aller pisser chaque semaine ? Rien. Car pour ne pas en arriver là, cette politique sera appliquée mollement selon de critères injustifiables. Pour soi-disant sauver la jeunesse de la déchéance, alors que le taux de réussite au Bac n’a jamais été aussi fort ; Pour soi-disant éviter 300 accidents mortels par an, alors que tous les conducteurs prennent bien plus de risque avec l’alcool légal, les médicaments ou la vitesse ; Pour soi-disant faire baisser la violence, alors que c’est le deal qui provoque la délinquance et l’alcool qui fait péter les plombs ; notre m(s)inistre-candidat ne va pas risquer de désorganiser totalement la société. Son dispositif va s’appliquer exclusivement sur les populations sensibles et quelques malchanceux. Dans l’administration par exemple, on peut s’attendre à une épidémie de tests dans les fiefs de syndicats de gauche comme la SNCF ou l’Education Nationale et bien moins dans la police ou les impôts. Le risque de contrôle au faciès est bien plus grand dans le 93 que dans le 16ème, les amendes et le contrôle socio-sanitaire seront moins rude pour le bourgeois que pour le lascar.
Les riches aussi ?
Pourtant, je crains bien plus un CRS bourré de coke et de gniole qu’un instit qui fume le soir pour supporter la pression de nos sales mômes. De même, les contrôles routiers concerneront plus les tecknivals ou les festivals reggaes que les fêtes de villages, surtout les ferias et les fêtes du vin. Elles font pourtant l’apologie d’une drogue mortelle, génèrent bien plus de violences pendant et après les évènements et causent plus de morts sur les routes. Le nombre d’usagers en grande détresse, donc très visibles, est plus important chez les pauvres pour d’évidentes raisons sociales. Mais des études récentes démontrent que le nombre d’usagers raisonnables mais aussi d’abuseurs est plus important chez les CSP++ que dans les cités. Le maire de Neuilly va-t-il organiser des visites aux toxs, du piss test et du sevrage forcé pour son équipe municipale et ses administrés ?
Nouvelles mesures, nouveaux budgets ?
Il veut aussi une sanction ou une réponse administrative systématique aux plus de 100.000 ILS annuelles dont 94%pour cannabis. Les syndicats de flics ne seraient donc pas privés de chasse à la boulette pour améliorer sans risque les statistiques et distribuer primes et promotions. Amendes et prisons pour les récidivistes ? Pas seulement, Sarko veut imposer un dispositif de soins obligatoires coûteux, contraignant et très souvent inutile, surtout pour le cannabis. Certains services profitent déjà de cette manne et soutiennent ce projet qui va faire exploser leur file active, donc leur potentiel de subventions. Doit-on investir autant de millions pour tenter de contraindre des fumeurs de joints à arrêter ? Quand on voit le manque de moyens des urgentistes ou de la gériatrie, j’en doute fortement. Comment Nicolas Sarkozy compte-il financer cette invasion de pseudo-délinquant malade ? Avec des amendes à 1500 € difficile à recouvrir et dont beaucoup déboucheront sur des jours-amendes de prison et de coûteuses contraintes par corps, Nicolas Sarkozy va surtout dilapider des budgets essentiels pour financer son show sécuritaire et hygiéniste.
Financer les croisés de la prohibition
Le nouveau gadget de ce projet serait la création de stages de citoyenneté ou stages de sensibilisation aux dangers de l’usage des produits stupéfiants D’une part, les usagers de drogues sont pour l’immense majorité de bons citoyens ordinaires. C’est le désir raisonné ou non de consommer un produit illicite qui les contraint à la délinquance, pas une pulsion antisociale. Il faut en finir avec ce mythe anti-soixante-huitard. Les usagers de drogue ne choisissent pas la marginalité, c’est la prohibition et l’ordre moral qui l’imposent. D’autre part, ce stage bidon avec visite de toxico en manque va accréditer les fumeuses théories de la porte d’entrée et de l’escalade. Cette mesure va surtout permettre de financer grassement les associations de lutte contre la drogue les plus alarmistes, les moins crédibles, les plus sarkosistes. Sous couvert de bons sentiments, l’argent du contribuable va financer la propagande prohibitionniste de l’église de scientologie et autres sectes, les bigots traditionalistes de tous les cultes, le docteur Diafoirus de l’addiction et le docteur Mengele du sevrage forcé, tous les spécialistes du détournement de fonds publics pour des croisades personnelles.
Encore une dose de bâton
Pour rajouter une louche de démagogie autoritariste, ce projet veut encore renforcer la répression contre l’usager pourtant déjà soumis au régime d’exception des terroristes. Il veut créer une double peine en renforçant les sanctions pour la commission d’infractions sous l’emprise de la drogue mais aussi en état d’ivresse manifeste. Camarade poivrot, bienvenue dans l’enfer des drogués ! Il faut absolument dégrader l’image des usagers, la drogue doit être criminogène pour justifier cette gabegie de moyens. De plus, la multiplication des conséquences judiciaires néfastes poussera sûrement quelques esprits faibles à accepter les drogues légales, au risque d’en mourir légalement, ou encore l’opium du peuple, au risque de relancer les guerres de religions. Nicolas le petit VRP protègent fermement le marché des directeurs de conscience et des dealers patentés au mépris de l’intérêt collectif et des droits de l’homme. Beau programme.
Police et contrôle des consciences
Qu’un ministre de l’intérieur s’approprie le contrôle du plaisir et la prévention des addictions est vraiment une chose curieuse en démocratie ! Cela pue le nazisme, le stalinisme et autre junte militaire. Quand on ajoute que ce ministre est aussi en charges des églises, c’est franchement la Restauration. Quelles sont ses compétences pour juger ce qui est bon ou mauvais pour mon corps et mon esprit ? Ce mécanisme psychologique et biologique très complexe divise la communauté scientifique depuis des décennies, surtout sur les traitements des causes et des symptômes. La grande majorité des études et des rapports reconnaît l’inefficacité des mesures répressives et des soins sous la contrainte. Ces dispositifs sont encore plus inadaptés à la problématique du cannabis, la grande majorité des usagers n’a pas le sentiment d’être malade ou de commettre un crime. Pour servir les ambitions d’Iznogood Sarko, l’Etat devrait dépenser en pure perte des milliards d’euros pour une politique rétrograde inspirée par les neo-cons yankees. Les USA, le pays développé avec la pire violence et des statistiques de production et de consommation de drogues les plus élevées. Un modèle ?
Assez des boucs émissaires
Nous ne sommes pas des américains, nous ne voulons pas d’un pays en guerre civile pour ce motif très contestable. Dans cette farce tragique, la drogue remplace les armes de destruction massive ou les terroristes pour justifier des lois liberticides et les milliards flambés dans l’industrie sécuritaire. Pour faire accepter la violence économique, le fichage biométrique, le flicage des déviants et des contestataires, l’inflation législative sur toutes les activités humaines, il faut faire très peur. Les communistes, les juifs et les francs-maçons ont longtemps rempli cette fonction. Ils sont maintenant remplacés par les terroristes islamistes et les trafiquants de drogues pour l’ennemi extérieur, les athées et les drogués pour l’ennemi intérieur. Les clandestins, les homos, les putes, les femmes complètent toujours cette liste de boucs émissaires. Pour l’humain, l’ordre moral est une politique de l’autruche trop commode pour disparaître complètement. Nous devons sans cesse lutter contre cette morbide facilité et poursuivre l’élaboration d’un contrat social acceptable et pérenne.
Le coût humain et financier de cette « busherie » est totalement disproportionné par rapport aux dommages causés par les usagers de drogues, surtout l’immense majorité d’usagers de cannabis, à eux-mêmes et sur la société. Cette politique sert uniquement les intérêts électoraux de ceux qui la promulguent et les intérêts financiers de ceux qui les soutiennent. Je supplie tous les naïfs qui adhèrent à cette politique sans rien y gagner d’analyser mes arguments au-delà du manichéisme, de cesser leur soutien aveugle au premier aboyeur venu, de soutenir des solutions plus humaines.
La lutte contre la drogue est en train de criminaliser inutilement un secteur considérable de la population européenne, tout en fournissant une source importante de revenus aux criminels. Pendant ce temps, la consommation ne cesse d’augmenter.
Dans une ère où le problème des drogues ne respecte pas les frontières, il apparaît de plus en plus clairement que Bruxelles doit trouver une approche plus coordonnée. Il devient urgent de trouver la solution au débat sur les drogues: faut-il continuer à interdire la production et la distribution de stupéfiants ou dire adieu à la lutte et établir un cadre légal pour le marché ?
Source : Toxico Québec
Il existe ainsi une distance énorme entre l’approche tolérante des autorités hollandaises et la «tolérance zéro» pratiquée en Suède ou en France. Grâce aux chiffres annuels de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), il est possible de comparer l’impact de ces mesures politiques sur l’utilisation des drogues.
Et l’heureux gagnant est...
La conclusion de ces données statistiques est remarquable: il n’existe pas de lien clair entre les politiques menées en matière de stupéfiants et la prépondérance de la consommation de la drogue. Dans les pays pratiquant des politiques libérales, la prévalence des toxicomanes n’est pas plus élevée que dans les gouvernements prônant la rigueur.
Bien au contraire : une enquête de l’OEDT menée dans 27 pays européens en 2003 a révélé qu'aux Pays Bas la «disponibilité perçue» du cannabis chez les 15-16 ans (c’est-à-dire s’ils pensent qu’il est «relativement facile» de se procurer du cannabis près de leur lieu de résidence ou d’école), où les adultes ont le droit d’acheter du cannabis, est inférieure à celle de 9 autres pays de l’Union européenne, où la vente du cannabis est totalement interdite.
Les politiques basées sur l’acceptation de l’usage de stupéfiants ont eu des résultats positifs pour la santé et la sécurité publiques. Dans de nombreuses villes européennes, la distribution de seringues propres a réduit la propagation du virus du SIDA, la distribution contrôlée de l’héroïne a aidé les consommateurs de drogue à mener normalement leur vie et le concept des coffee shop (pratiqué dans 100 villes hollandaises) a réduit la criminalité et les perturbation sociales associées aux points de vente illégaux du cannabis.
Le coût de l’interdiction
La plupart des problèmes traditionnellement associés aux drogues sont causés par le fait qu’elles sont illégales.
L’environnement dans lequel les substances illicites sont produites, vendues et consommées implique des prix élevés, une piètre qualité et d’autres facteurs négatifs qui affectent les vies des fabricants comme des consommateurs. En outre, la prohibition absolue des stupéfiants génère une industrie criminelle qui réalise chaque année, selon des chiffres de l’ONU, un chiffre d’affaires d’environ 300 à 400 milliards d’euros par an –soit 10,000 euros par seconde -, somme qui peut évidemment être réinvestie dans d’autres activités subversives, comme le terrorisme.
Dans le même temps, les dépense publiques effectuées pour maintenir le dispositif de lutte contre la drogue au sein de l’UE seule s’élève à à près de 6,5 milliards d’euros par an. L’impact de la loi sur les trafiquants de drogues illicites peut être jugé négligeable : afin de faire perdre de l’argent aux gros bonnets de la drogue et rendre l’activité moins lucrative, les opérations de police devraient confisquer 75% du volume total des drogues en circulation. En Europe, ce pourcentage n’a jamais dépassé 15%.
De plus en plus d’experts indépendants et d’autres citoyens sont aujourd’hui convaincus que les politiques actuelles sont, non seulement démodées, mais aussi contre-productives et ignorantes des réalités. Pour eux, une seule solution est valable: la légalisation.
Certains, unis au sein de la plate-forme d'ONG européenne pour des politiques de lutte contre la drogue plus justes et plus efficaces (ENCOD) ont réfléchi à des scénarios post légalisation, susceptibles d’être appliqués dans l’Europe actuelle. L'idée est de légaliser dans un premier temps le cannabis et d’autres drogues considérées comme «douces» puis, à un stade ultérieur, inclure les drogues dures.
Un scénario possible
La culture de plantes telles que le cannabis pour son usage personnel deviendrait totalement licite pour les adultes. Concernant la production à des fins commerciales, des licences pourraient être données aux associations produisant uniquement la quantité minimum nécessaire pour la consommation personnelle de ses membres. En clair, la structure pourrait diriger un café ou un bar distribuant de petites quantités, comme dans les coffee shop hollandais.
La production de drogues chimiques ou synthétiques pourrait être réalisée par des entreprises privées sous le contrôle de représentants d’organisations sociales, d’experts médicaux, de chercheurs et des autorités locales et nationales. Une telle chaîne permettrait un processus de production sûr, un commerce équitable et un marché illégal restreint.
L’accès aux drogues chimiques et synthétiques par les adultes pourrait également être organisée de différentes façons. Une proposition privilégie la distribution sur ordonnance, par l’intermédiaire des pharmacies ou des centres médicaux spécialisés. Si une personne souhaite consommer plus fréquemment que la limite légale tolérée, il ou elle peut obtenir ces ordonnances d’un médecin. L’autre possibilité serait de créer des clubs, où les adultes iraient consommer des drogues. Quelque soit la méthode retenue, ces modèles doivent être introduits de manière progressive, afin que le moindre dérapage puisse être contré de façon responsable et lucide.
La légalisation des drogues amènerait plus de transparence dans le commerce de gros et de détail, une qualité et un contrôle des prix plus stricts, tout en limitant le nombre de toxicomanes. Cela réduirait notablement l’implication de la mafia dans le business des stupéfiants et le marché noir.
Aller de l’avant
Les opposants à la légalisation pensent que la consommation des drogues augmenterait si elles étaient légales. Les chiffres des Pays-Bas, où l’usage du cannabis est licite depuis quasiment 30 ans, démontrent que l’opposé peut être vrai.
D’autres disent que les criminels, précédemment impliqués dans le commerce de la drogue, changerait de secteur d'activité et s’orienteraient simplement vers d'autres commerces illicites. Que cela soit vrai ou pas, cela ne constitue pas un argument valable contre la légalisation et les gros avantages qu’elle amènerait.
Quant à la probabilité que l’un de ces scénarios devienne une réalité en Europe dans, disons, les 5 prochaines années, elle dépend de la façon dont seront déterminées les politiques sur la drogue. De façon démocratique ou pas. Jusqu’à maintenant, les autorités de l’UE ont soigneusement réussi à éviter un débat ouvert et public sur la question. Cependant, si un jour ce débat commence, il y a peu de doute qu’il aboutisse à la légalisation de la drogue en Europe...
Par: Joep Oomen, cooordinateur de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT)
La consommation de drogues s’est banalisée en quelques années. Comment résoudre le problème ? Martin Barnes, président du centre d’études indépendant Drugscope, se livre à cafebabel.com.
Trouver des solutions pour faire avancer le débat (Michael Hickey)
Source : Chanvre-Info
Il est devenu plutôt inhabituel pour un homme politique de parler de « lutte antidrogue » https://www.commondreams.org/views03/0423-04.htm, car cette expression clichéest désormais passée de mode. Si combat il y a eu, nous l’avons de toute évidence perdu. La très influente Commission d’enquête parlementaire des affaires intérieures du Royaume-Uni a révélé dans un rapport crucial https://www.publications.parliament.uk/pa/cm200102/cmselect/cmhaff/318/31802.htm rendu public en 2002 « qu’au cours des 30 dernières années, les politiques plus ou moins répressives d’application de peines pour possession de drogues se sont toutes soldées par un échec ». Avant de conclure que « s’il n’y avait qu’une leçon à en tirer d’un tel gâchis, ce serait ce fiasco ».
Il est impossible de prétendre en toute bonne foi que les mesures mises en place pour lutter contre les dangers de la drogue ont été couronnées de succès.
Au début des années 70, on dénombrait « seulement » quelques milliers d’héroïnomanes au Royaume-Uni contre plus de 250 000 aujourd’hui https://www.nwph.net/nwpho/Publications/emcdda_2005_focalpoint.pdf. Chaque année, ce sont quelques 4 millions d’individus qui consomment des substances illicites et le pourcentage de personnes infectées par le virus du SIDA suite à l’usage de drogues injectables augmente de façon alarmante. On estime à 300 000 le nombre d’enfants dont l’un des parents souffrirait d’une dépendance grave.
Pragmatisme avant tout
Admettre qu’il est utopique de croire possible la disparition de toute drogue de la surface de la planète et prendre conscience des ravages qu’elle provoque ne signifie pas que l’on en cautionne l’usage. Cela ne veut pas dire non plus qu’il faille sombrer dans le désespoir ou militer par dépit en faveur de la légalisation https://www.economist.com/opinion/displayStory.cfm ?Story_ID=709603.
En revanche, l’ouverture d’un débat sensé, posé et objectif sur les mesures à adopter pour lutter contre ce qui pourrait bien être le mal du siècle s’impose comme une évidence, l’objectif étant de permettre un échange plus construit et pragmatique que lors des discussions sur la question rebattue de la prohibition et de la légalisation.
Les partisans de cette dernière sont parvenus à instaurer une certaine communication et à briser en partie le tabou que représentait il y a peu l’éventualité d’une réforme radicale de la législation en vigueur. En dépit de cette avancée pour le moins spectaculaire, la plupart des hommes politiques continuent de marcher sur des œufs, redoutant d’être taxés de laxisme à l’égard d’un sujet aussi sensible et voir la presse populaire en faire ses choux gras.
De plus, nombreux sont les arguments en faveur de la légalisation qui ne résisteraient pas à un examen minutieux. A Drugscope https://www.drugscope.org.uk/, nous ne souhaitons pas nous engager dans le combat pour la légalisation car nous ne sommes pas convaincus du bien-fondé https://www.tdpf.org.uk/Policy_General_AftertheWaronDrugsReport.htm d’une telle revendication. La perspective de reléguer des substances psychoactives extrêmement dangereuses comme la cocaïne ou l’héroïne au rang de banals biens d’usage courant ne nous enchante guère. A nos yeux, il semble inévitable qu’une loi favorable à la légalisation aboutisse à une augmentation de la consommation et de la dépendance.
Des changements radicaux
L’opinion publique prend peu à peu conscience de l’urgence d’une approche innovante en matière de législation anti-drogues. L’adoption d’un nombre croissant de réformes, appliquées de façon progressive et basées sur les résultats des recherches les plus pointues du moment, pourrait changer la situation actuelle de façon radicale. Ce qui ne manquerait pas de donner lieu à controverse.
A titre d’exemple, Drugscope recommande https://www.feditobxl.be/actualites.php ?id_actu=40 dans certains cas la prescription d’héroïne. Il a en effet été démontré, dans des pays comme la Suisse, qu’elle permettait de réduire le taux de criminalité et la dépendance.
Nous demandons également la création de centres pilotes d’injection d’héroïne https://www.cyberpresse.ca/actualites/article/article_complet.php ?path=/actualit es/article/28/3,722,0,072005,1115114.php où les consommateurs pourraient se droguer en toute sécurité, ainsi que l’allègement de peines souvent trop sévères, à l’encontre des personnes arrêtées avec de faibles doses de cannabis.
Le gouvernement anglais a essuyé de vives critiques pour avoir voté des mesures particulièrement répressives. Parmi ces dispositions, citons la présomption d’intention en vertu de laquelle tout individu appréhendé en possession d’une quantité de stupéfiants excédant un certain seuil de tolérance - soit cinq comprimés d’ecstasy et cinq grammes de cannabis- peut être suspecté de se livrer à un trafic et tomber sous le coup de cette loi récemment votée par le Parlement britannique.
Au Royaume-Uni toujours, des fonds considérables ont été investis dans le développement de traitements contre la toxicomanie. Un dispositif a également été mis en place avec pour objectif de ne pas mettre au ban de la société les personnes souffrant de dépendance en les condamnant à de la prison mais de leur venir en aide en les soignant au sein même de la communauté. Il est néanmoins encourageant de constater que la consommation chez les jeunes a diminué et que les gens se sentent davantage concernés par les délits liés à la drogue commis autour d’eux.
L’éventualité d’un changement
Les mentalités évoluent et c’est une politique plus modérée qui devrait prendre le pas sur la course à la répression à laquelle se livrent depuis toujours les principaux partis, toutefois conscients de la difficulté d’appliquer une législation évolutive en matière de drogue. David Cameron, député britannique et leader des Tories depuis le 6 décembre 2005, a catégoriquement refusé de s’écarter des recommandations de la Commission d’enquête, incluant notamment une rétrogradation de la classification de l’ecstasy dans la hiérarchisation des drogues.
Cameron a déclaré « qu’il était temps de mettre de côté nos idées préconçues et de lutter contre les effets dévastateurs de la drogue sur les consommateurs en particulier et sur la société de façon plus générale ». Suite au rapport réclamant l’instauration au Royaume-Uni de locaux réservés aux personnes souhaitant se droguer sans enfreindre la loi, le Parti conservateur a créé la surprise en annonçant même que le projet en question méritait d’être examiné.
Le gouvernement a par ailleurs commencé à faire le point sur les résultats de son plan décennal de lutte contre la drogue, censé arrivé à terme en 2008. Tant qu’aucune solution miracle n’aura été trouvée pour enrayer de façon significative les dégâts causés par la consommation de substances illicites, le débat restera ouvert. Reste à espérer que les dirigeants européens sauront saisir les opportunités de le faire avancer...
Martin Barnes - London - 3.7.2006 | Traduction : Delphine Salerno
L'annonce aux Pays-Bas de mesures visant à libéraliser la consommation de cannabis a remporté un vif succès auprès de la population néerlandaise. Mais le projet mécontente fortement les principales communes frontalières.
Source : cafebabel.com
Il y a trois ans que le chrétien-démocrate Gerd Leers a été élu maire de Maastricht. Trois années qui auront suffi à ébranler ses convictions quant à l'attitude à adopter en matière de politique anti-drogue. Autrefois fervent supporter de l'interdiction pure et simple, il a récemment proposé la création d'un « boulevard du cannabis » situé à la périphérie de la ville dans une zone peu habitée proche de la frontière belge Son objectif ? Tenter d'apporter des solutions concrètes au problème du « narco-tourisme ».
Leers plaide également en faveur d'une régulation de la production d'herbe et de l'approvisionnement des coffee shops. Il entend bien enrayer le développement d'un marché noir florissant, dans un pays où la culture du cannabis est un délit mais où sa vente est légale.
Maastricht et ses coffee shops voient chaque année défiler près d'un million et demi de jeunes consommateurs dont les deux tiers sont des Allemands, des Belges et des Français attirés comme des aimants par la perspective de se procurer des produits jugés illicites dans leurs propres pays. Le fréquentation considérable générée par ces touristes atypiques est évidemment propice à l'augmentation de la délinquance et entraîne des nuisances toujours plus importantes dans le centre ville.
Un pragmatisme bancal
Depuis 1976, le gouvernement a dépénalisé la distribution et la consommation de cannabis et les fameux coffee shops hollandais sont autorisés à vendre jusqu'à cinq grammes d'herbe par personne aux seuls clients âgés de plus de 18 ans. L'idée toute pragmatique d'une telle réglementation étant d'établir une distinction, par ailleurs indispensable, entre drogues douces et drogues dures.
Il apparaît en effet beaucoup plus souhaitable que les adeptes du haschisch puissent s'approvisionner légalement dans un environnement sécurisé plutôt qu'être contraints de se fournir dans la rue auprès de dealers souvent issus de la mafia et susceptibles de les initier à des drogues moins inoffensives.
Les statistiques prouvent le bien-fondé de la politique menée par les dirigeants néerlandais. La Hollande, qui est aujourd'hui l'unique pays occidental à tolérer la vente de cannabis, ne compte que 13 % de consommateurs parmi les jeunes contre 17 % en Belgique, en Irlande et aux Etats-Unis, 20 % au Royaume-Uni et 22 % en France où la possession et l'usage de cette même substance représente un délit passible de prison.
En outre, seules 3 personnes sur 1 000 âgées de 15 à 64 ans sont dépendantes aux drogues dures, tandis qu'au Luxembourg, au Royaume-Uni, en Italie, au Portugal et au Danemark ce chiffre grimpe jusqu'à 7 voire 10 pour 1 000 habitants. Enfin, on dénombre aux Pays-Bas une mort par an sur 100 000 liée à l'absorption de drogues contre 5 au Danemark et 8 en Norvège.
Hypocrisie
Ce ne sont pas moins de 4 000 frontaliers qui affluent quotidiennement à Maastricht dans le but d'acheter ce qu'ils ne peuvent se procurer chez eux. Ce flux constant crée un accroissement du commerce de plusieurs centaines de kilos de cannabis par jour.
Comme la demande étrangère est également supérieure à la consommation nationale, l'unique moyen de la satisfaire consiste à produire davantage. Et c'est bien là que le bât blesse, car si la loi en vigueur autorise la vente d'herbe, les patrons des coffee shops n'ont néanmoins aucune possibilité de se fournir sans l'enfreindre.
Alors que la distribution est clairement réglementée, la question pourtant capitale de l'approvisionnement reste pour l'instant dans l'ombre. Lors d'une interview accordée à l'AFP, Leers a récemment souligné le ridicule de la situation et déclaré que « ce serait comme de tolérer qu'un boulanger vende du pain en lui interdisant d'acheter la farine indispensable à sa fabrication ».
C'est la mafia locale qui contrôle aujourd'hui la production de haschisch par l'intermédiaire de gangs promettant de fortes rémunérations en échange d'un garage, d'une cave ou d'un grenier dans lequel cultiver des plants de cannabis. La majorité des personnes « recrutées » pour ce genre de travail sont issues de milieux défavorisés, ce qui fait d'elles des proies faciles. Des milliers de familles, pour la plupart avec des enfants, se retrouvent exposées en permanence à la criminalité et à la violence. Il est clair que l’appât d’un argent facilement gagné représente un réel danger pour l'équilibre social de ces communautés.
Un soutien national
La légalisation de la culture de la marijuana par de véritables producteurs et distributeurs fait donc partie de l'ensemble des propositions soumises par Leers dans l'optique d'éradiquer le « jardinage maison » illégal. Il souhaite par ailleurs la création d'espaces réservés à la vente libre de haschisch, des fameux « boulevards du cannabis ».
L'adoption d'une telle mesure permettrait de désengorger la ville de Maastricht en réorientant le tourisme des drogues douces vers des zones proches de la frontière où la surveillance policière serait une priorité absolue.
Le plan d'action de Leers a obtenu le soutien d'une grande partie des Hollandais. Alexander Pechtold, ministre de la Réforme de l'état et des Relations intérieures des Pays-Bas, s'est déclaré favorable à ce projet de loi et 20 maires des 30 villes les plus peuplées du pays se sont ralliés à son opinion.
A la suite de cela, le Parlement a ouvert un débat et présenté deux motions. La première, pour exiger du gouvernement néerlandais qu'il consulte les différents Etats membres de l'UE sur l'éventualité d'une régulation de la consommation de cannabis au niveau européen, la seconde, pour lui permettre d'expérimenter une politique d'approvisionnement en marijuana des coffee shops.
Toutes ces considérations agacent fortement les pays voisins comme la Belgique ou l'Allemagne. Otto Schily, ancien ministre allemand de l'Intérieur, fermement opposé au modèle hollandais, s'est d'ailleurs souvent accroché avec le ministre hollandais de la Justice Piet Hein Donner sur la question. Schily et son homologue belge sont convaincus que la vente libre de drogue quelle qu'elle soit encouragerait la consommation en lui conférant un cadre légal et favoriserait le trafic illégal en Europe. Ivo Delbrouck, procureur général du ministère public de la ville belge de Tongeren, a eu des paroles beaucoup plus dures : « ne venez pas répandre votre misère et votre crasse chez nous ! ».
Un problème régional
« Je réfute l'accusation selon laquelle notre objectif est de laisser la Belgique et l'Allemagne régler un problème qui nous concerne avant tout », a déclaré Leers en réponse à ces allégations. « Maastricht ne regroupe pas moins de 16 coffee shops. Seuls 6 ou 7 d'entre eux sont fréquentés par des Maastrichtiens », poursuit-il. Les politiques belges affirment : « Ce ne sont pas tant les coffee shops qui nous dérangent. Les consommateurs belges sont autorisés à détenir plus de trois grammes de haschisch mais ne peuvent s'en procurer chez eux, c'est pourquoi ils viennent le faire chez nous ! »
Une hypocrisie qui concerne d’ailleurs la région entière. Fermer tous les coffee shops hollandais est la solution la plus facile mais aurait pour conséquence de développer un marché noir déjà compliqué à réglementer. « Il nous est impossible d'occulter la demande de drogues douces. Regardez ce qui se passe dans les pays appliquant des politiques répressives : ils présentent les pourcentages de consommation les plus élevés d'Europe ! », fait remarquer Leers.
Le 21 avril dernier s'est tenu une séance au Parlement européen relative au Plan d'action européen de lutte contre la drogue 2005-2008. Leers, ainsi que d'autres maires, a été invité à faire part de son expérience quant aux problèmes liés aux substances illégales dans les communes frontalières. A cette occasion, il a souligné qu’il restait « primordial que les gouvernements européens assouplissent leurs réglementations respectives et admettent que le cannabis n'est qu'une drogue récréative, comme l'alcool, ni plus ni moins. Seule une régulation permettra de limiter les effets de la drogue et la délinquance induite. Nous devons briser un tabou ».
Au début de l’année, les experts indiquaient qu'il n'existait aucun obstacle légal à ce que les Pays-Bas mettent en place de façon expérimentale des dispositions visant à légaliser la production du cannabis. Les interdictions ont commencé à tomber.
On doit donc se demander quel effet aurait sur ce marché un changement de législation. Encore faut-il s’entendre sur le sens des mots. Il peut s’agir d’une simple « dépénalisation » de l’usage comme cela se pratique aux Pays-Bas où il est permis de consommer le produit chez soi ou dans le cadre des coffee shops. Cependant, l’approvisionnement de ces derniers et toute transaction commerciale restent, paradoxalement, interdits. Dans ces conditions les prix restent élevés, mais un peu moins que dans des pays comme la France où la répression est plus forte, ce qui explique que de nombreux usagers font le voyage pour s’approvisionner aux Pays-Bas. En revanche une « libéralisation » ou « légalisation » du commerce de ces produits, provoquant un effondrement des prix, entraînerait la fin de la délinquance liée au trafic et la suppression des réseaux de distribution et d’importation. Plusieurs modalités sont envisagées, mais personne quasiment ne propose que leur vente se fasse en toute liberté, dans les bars-tabac par exemple. On évoque en général des officines contrôlées par les pouvoirs publics où seraient simultanément fournies des informations sur les dangers du produit, des offres de traitement pour sortir de leur consommation, etc. C’est ce que l’on appelle un « commerce passif ». Reste la question de l’acquisition des produits. On peut imaginer que la France passe des accords avec le Maroc, qui fournit la quasi-totalité du haschisch consommé dans notre pays, dont le gouvernement achèterait la production aux agriculteurs du Rif pour l’exporter. La légalisation de ces transactions entraînerait une chute sensible des prix. L’État français prélèverait une taxe (comme il le fait dans le cas du tabac) afin que les dérivés du cannabis ne soient pas trop accessibles, mais relativement modeste afin que ne se développe pas un marché parallèle. Le gouvernement suisse a élaboré un projet qui doit être soumis à référendum prévoyant que le marché légal serait alimenté par des agriculteurs nationaux qui en détiendraient le monopole, tandis que resteraient rigoureusement interdits les produits importés comme le has chisch marocain. Ce type de politique, vers laquelle on tendrait vraisemblablement en France en cas de légalisation, contribuerait à faire baisser un peu plus les prix, ce dont profiteraient des agriculteurs français qui trouveraient là une nouvelle source de revenus, comparable à celle que certains d’entre eux tirent de la culture du tabac ou du pavot, dont l’opium est transformé en morphine pour l’industrie pharmaceutique. En revanche, cette concurrence provoquerait la ruine de 100 000 familles (800 000 personnes) dans le Rif marocain qui ne vivent que grâce à la culture du cannabis.
En ce qui concerne l’impact de ces changements sur le marché de la consommation, on peut penser que l’accroissement du nombre de nouveaux utilisateurs, séduits par l’accessibilité du produit, serait compensé par la désaffection provoquée chez d’autres, par la disparition de l’interdit, en particulier les jeunes. Enfin, ce type de politique n’a de sens que s’il est généralisé afin que les pays « libéraux » n’attirent en masse les consommateurs des pays « répressifs », comme cela se passe dans le cas des Pays-Bas.
(1) À récemment publié Afghanistan. Opium de guerre, opium de paix, Mille et Une Nuits, 2005, et Géopolitique des drogues, PUF « Que sais-je ? », nouvelle édition, avril 2006.
(2) 2005 World Drug Report. Analysis, UNODC, vol. 1, Vienne 2005, pages 135-137.
(3) Voir le site de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) : www.ofdt.fr.
La production et la distribution coopérative du cannabis fourniraient directement près de 100.000 CDI et autant de CDD, temps partiels et emplois saisonniers. Les salaires, la taxation et les impôts de la filière réintégreraient des milliards d’euros dans l’économie officielle, constituant ainsi un indéniable facteur de croissance. Les jeunes et les moins jeunes usagers de cannabis n’auraient plus l’impression d’être des malades sous tutelle ou des criminels. Il faut changer le statut légal du cannabis. Comment passer d’une interdiction totale à une régulation du marché protégeant la santé et la sécurité publique tout en garantissant un impact socio-économique très positif ? Tour d’Europe de la question cannabique...
Source : Chanvre-info
Le cannabis n’est pas en vente libre sur le continent européen car son commerce est interdit par les conventions internationales. Celles-ci ne prévoient pas l’interdiction de sa consommation qui est licite ou dépénalisée dans la majorité de l’Europe dont l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, le Portugal, la Belgique, les Pays-Bas, le Danemark, ou bien encore soumise à des régimes de sanctions light comme au Royaume Uni, en Autriche ou en Suisse.
La consommation publique est en principe interdite dans la plupart des pays et punie par de simples amendes d’ordre. La généralisation de l’interdiction de fumer dans les lieux publics simplifie considérablement ce problème. Comme pour l’alcool, les autorités de nombreux pays cherchent à minimiser les nuisances publiques mais tolère la convivialité. C’est plus une gestion des missions de la police qu’une question de droit. On ne va pas sanctionner un festival de musique mais empêcher les smoke-in dans les espaces touristiques, c’est même le cas à Amsterdam.
La limite de possession de cannabis au domicile pour consommation personnelle est souvent laissée à l’appréciation de la police ou du juge. Dans la rue, elle varie de 1g à 30g avec beaucoup de pays à 5g.
Seules la France et la Suède criminalisent vraiment la consommation de cannabis, et plus récemment certains pays de l’Est qui basculent à droite et passent des traités d’alliance avec les USA comme les pays baltes ou la Pologne. Puis le centre gauche revient et dépénalise à nouveau comme c’est le cas maintenant en Hongrie.
L’autoproduction est tolérée en Hollande sans nuisance de voisinage pour cinq à dix plants, un plant en Belgique, de un à vingt selon les régions espagnoles ou les Länder allemands, dix plants dans le canton de Bâle ou dans la région de Vienne.
Un seul pays, Les Pays-Bas, en s’appuyant sur le principe d’opportunité et pour des raisons légitimes de santé publique, a organisé la vente de cannabis aux majeurs, dans la limite de cinq grammes par jour et par personne, dans des boutiques tolérées et contrôlées par les municipalités tant qu’elles payent une taxe de 50% sur le cannabis, qu’elles ne provoquent pas de nuisances de voisinage, qu’elle ne détiennent pas plus de 500 g en stock pour éviter le commerce de gros et les braquages, qu’elles ne vendent ou ne favorisent pas la consommation d’autres drogues illicites et dans la majorité des villes qu’elles ne servent pas d’alcool. On peut consommer sur place ou à l’emporter. Certaines communes interdisent les Coffee Shops, d’autres les regroupent dans une zone autorisée, d’autres restreignent les possibilités d’implantations. Les principaux problèmes du système hollandais sont la production de cannabis et la vente en gros. En principe interdit, ils sont de plus en plus contrôlés par des organisations criminelles qui opèrent sur cette zone grise. Des propositions de réglementation de la production sont bloquées par l’actuel gouvernement par peur de la réaction des voisins et des américains via l’ONU.
Des marchés gris et des scènes ouvertes prospèrent aussi dans les métropoles et parfois les campagnes de nombreux pays comme la Suisse, l’Allemagne, l’Espagne, L’Angleterre, le Danemark mais aucun gouvernement n’a encore osé suivre les Hollandais dans l’institutionnalisation de la tolérance. Pourtant la Hollande maintient sa politique depuis 30 ans, l’aménage, la renforce mais n’abandonne pas le principe de tolérance très encadrée.
La Suisse a connu une expérience de tolérance pendant 6 ans avec près de 300 magasins de chanvre à l’emporter mais peu de lieux de consommation. Son parlement a reculé pour dix voix en 2004 et les cantons appliquent à nouveau une politique restrictive en attendant une nouvelle loi. 105.000 helvètes ont déposé une initiative populaire pour réintégrer le marché réglementé du chanvre dans la politique des quatre piliers (prévention, soins, réduction des risques et répression) pour protéger la jeunesse contre la narcocriminalité. Vote dans un à deux ans.
Service minimum : la dépénalisation
Sans rompre ses engagements internationaux ni bouleverser l’équilibre européen en matière de drogue, la France peut immédiatement dépénaliser la consommation privée de cannabis et tolérer la possession publique de 10g, la possession privée et la production de quantités raisonnables pour la consommation des adultes du foyer, par exemple 500g de stock et la culture de 5 plants par adulte. Comme pour le tabac, la consommation dans les lieux publics accessibles aux mineurs et ne disposant pas d’espace non-fumeurs doit être proscrite. Il faudrait aussi tolérer la vente de semences et de boutures pour faciliter l’autoproduction et ainsi minimiser la part du marché noir surtout d’importation. Le cannabis et ses dérivés devront aussi réintégrer le tableau des médicaments avec une filière légale de cannabis thérapeutique.
Motivations : rétablir les droits de millions de consommateurs s’estimant injustement criminalisés, restaurer la confiance dans la loi et les institutions, favoriser l’accès au dispositif de soins, donner de la cohérence à la politique globale de lutte contre les addictions, établir un dispositif efficace de réduction des risques, offrir une alternative au marché noir sans détruire l’économie parallèle (qui comportent des avantages inavouables), ne pas s’exposer à des sanctions internationales.
Pourquoi réglementer ?
La dépénalisation de la consommation (avec tolérance de l’autoproduction) n’est qu’une mesure d’accompagnement de ce phénomène social de masse. Elle replace le cannabis dans la sphère privée, baisse la pression policière et sociale surtout sur la jeunesse, elle favorise un dialogue constructif sur la santé publique. Elle diminue mais ne fait pas disparaître l’économie parallèle, l’évasion d’argent sale, le contrôle de la production et de la distribution de masse par des gangs et des organisations criminelles. En effet, la majorité des consommateurs n’a pas la possibilité de cultiver son cannabis.
Ces mesures seraient très bien perçues par la jeunesse bourgeoise et les néo-ruraux. Les jeunes de banlieues échapperaient à la chasse à la boulette, c’est déjà beaucoup, mais seraient toujours sous la tentation du deal. La prévention ne serait pas financée par les taxes, l’impôt toujours pas prélevé. Il est préférable de réglementer la production de masse, la distribution et la consommation.
Quel statut pour le cannabis ?
Ce dispositif doit traduire l’idée que la consommation de cannabis, même si elle constitue un danger relatif pour l’usager, doit être tolérée aussi longtemps qu’elle relève de la vie privée et ne trouble pas l’ordre public.
C’est pourquoi des commerces comme les tabacs, les bars et même les magasins du chanvre du modèle suisse ou les coffee shops hollandais sont trop visibles, trop incitatifs. Ils favorisent la critique de laxisme, de mauvais signal pour la jeunesse, de cannabis en vente libre au supermarché et autres images négatives associées à un statut trop permissif.
Le dispositif général ne doit pas non plus se confondre avec la distribution de cannabis thérapeutique, on ne peut pas médicaliser les millions d’usagers raisonnables, c’est une hypocrisie. De toute façon, les pharmaciens ne sont pas enthousiastes à l’idée de gérer quotidiennement cette population et les laboratoires préfèrent travailler avec de coûteuses versions pseudo-synthétiques brevetées plutôt qu’avec des plantes.
Certains Etats américains et canadiens ont choisi une large diffusion du cannabis pour raisons médicales, parfois très vague. C’est une mesure compassionnelle indispensable pour certaines pathologies mais cela ne doit pas devenir un système parallèle de distribution. Il en va de la crédibilité thérapeutique du cannabis.
On peut appliquer le modèle de substitution des opiacés aux consommateurs abusifs qui désireraient arrêter de fumer du cannabis en leur donnant une teinture à boire à taux de THC dégressif ou non. C’est un dispositif de réduction des risques et éventuellement de sevrage pas une filière de masse. La majorité des usagers percevraient très mal de passer du statut de criminel à celui de malade.
La solution la plus raisonnable serait la collectivisation de la tolérance de production personnelle. Des associations à but non lucratif pourraient regrouper les usagers qui ne peuvent pas cultiver eux-même et donnent mandat pour assurer cette production. Ce système non marchand permettrait toutefois la création de nombreux emplois. Il contourne l’obstacle des conventions internationales
Coopérative de production
Les associations pourront produire directement pour leurs membres ou acheter à des producteurs agréés. Les dérogations pour la production de chanvre riche en THC seront prioritairement accordées à l’agriculture biologique puis strictement raisonnée. Une commission composée de scientifiques, de représentants des ministères, de producteurs et d’usagers devra établir des normes sanitaires et des processus de fabrication acceptables pour la consommation humaine. Pour ne pas tomber sous les conventions interdisant le commerce international du cannabis, la production se fera sur le territoire français.
Un organisme de contrôle effectuera les analyses et les enquêtes garantissant l’intégrité de la filière. La police, la gendarmerie et l’administration fiscale conserveront un rôle répressif du marché de contrebande et du non-respect des règles de tolérance. Les autorités ministérielles, préfectorales et communales pourront limiter le nombre de dérogation de culture.
Cercle de consommateurs
Ces associations pourront ouvrir des clubs de consommateurs dans des lieux non exposés aux passants sans publicité extérieure. Ces lieux ouverts de 18h à minuit en semaine et 2h le W.E, réservés aux membres, pourront distribuer le cannabis réservé par les cotisations. Chaque adhérent reçoit une carte à unités correspondant à son crédit avec des maxima annuel ou mensuel. Ce quota pourrait être modulable en fonction de l’age de l’adhérant. Pour couper la propagation de la consommation par imitation vers les plus jeunes et apaiser les rues, il convient d’autoriser l’inscription à partir de 16 ans. C’est cohérent par rapport au bar et à la bière, par rapport à l’age moyen des usagers. Par contre, on pourrait limiter la quantité à 30 grammes par mois jusqu’à 18 ans, 60 g jusqu’à 21 ans et 100 g au delà. Ceci afin de limiter les excès et le marché noir vers les enfants ou des narcotouristes. Les adhésions comprendront une cotisation exceptionnelle pour la prévention et la sécurité sociale.
Ces cercles privés d’usagers pourront aussi offrir à leurs adhérents un espace ouvert à la consommation de cannabis en échange d’une mission de stricte séparation des marchés des stupéfiants, d’une politique active de lutte contre la violence routière, d’un dépistage des usagers problématiques pour les orienter vers les structures de prévention et d’assistance. Les associations devront respecter un cahier des charges : la vente et la consommation d’alcool seront interdite, obligation de mise à disposition de vaporisateurs et campagnes de prévention contre la fumée et les autres thèmes sanitaires, consommation gratuite pour les chauffeurs abstinents, adhésion des clubs à une ou des associations organisant un système de mis à disposition d’un chauffeur calqué sur les opérations nez-rouge, prévention de la violence. Les autorités pourront limiter le nombre de cercles et les zones d’implantation en fonction d’impératifs d’ordre public.
Bénéfice socio-économique
Ce dispositif permettrait de créer sur tout le territoire des dizaines de milliers d’emplois non qualifiés dans la production, le conditionnement, la sécurité et la distribution de cannabis pour les majeurs. Les minorités ethniques connaissent souvent mieux ce marché et ces produits, elles devraient fournir d’excellents employés sans critères de discrimination. Des cercles pourraient s’installer dans des zones privées de lieux pour la vie sociale par la politique hygiéniste du PCF des sixties. Pour sauver les ouvriers de l’assommoir, ils ont freiné l’implantation des bistrots en banlieue, surtout dans les nouveaux quartiers.
Les bénéfices d’un système associatif seraient suffisant pour alimenter une politique d’éducation sanitaire incluant une prévention objective et la réduction des risques liés à l’usage de toutes les drogues. Ce dispositif inclurait la détection et l’assistance socio-médicale des usagers abusifs et de leurs familles. Il resterait sans doute assez de fonds pour financer l’animation socioculturelle.
Bienheureux Préfet des Côtes d’Armor qui n’a plus comme préoccupation que le cannabis comme fléau « majeur » à se mettre sous la dent. Et il a la dent dure. 230 morts par an sur les routes, c’est dire. Et il y en a tant que deux pages sont nécessaires dans les hebdomadaires locaux du Trégor à l'Echo d'Armor et d'Argoat.
Source : CIRC - Revue de presse
Voyons voir. Parmi 16000 accidents mortels étudiés, un rapport appelé SAM de l’INRETS, non cité par la Préfecture 22, mentionne la présence de cannabis dans 230 cas mortels sur les routes de France. Sur 230 cas, la Préfecture rappelle qu’un sur deux implique aussi les alcools. Donc 115 morts sur les routes où ne sont signalés que la présence de cannabis et dérivés. Dans une France à 100 départements, cela donnerait un mort par an sur les routes costarmoricaines pour consommation excessive de cannabis. C’est trop, c’est évident. Boutons l’ennemi cannabis hors des Côtes d’Armor.
Bienheureux Préfet qui n’a rien d’autre à faire en Côtes d’Armor que de pondre deux pages en presse locale hebdomadaire, on se rappelle la polémique sur le prix payé par la Préfète régionale Malgorn à Ouest-France pour le même type de pages, bienheureux Préfet qui n’a plus qu’à éviter à la population locale la dérive assassine de la consommation de cannabis qui fait un mort statistique par an sur les routes d’ici. On s’attendrait à ce que la Préfecture nous sorte, par exemple, cinquante pages en presse locale sur la centaine de suicides annuels, vingt autres sur les accidents du travail, trente sur les noyades au bord de mer… On en aura eu deux sur le danger mortel du cannabis. Aucune sur les dangers au fond des intrants agricoles dans l’eau que nous buvons tous les jours.
Point de détail républicain, la préfecture se permet toutes les audaces de communication. Pensez, le Ministère de l’Intérieur représenté par le Préfet qui offre une tribune à une représentante du Ministère de la Justice. La stricte séparation des pouvoirs et des responsabilités n’empêche pas l’élégance. Bienheureux Parquet des Côtes d’Armor qui punira le fléau du fléau mortel du mort causé par le cannabis et punira fermement les impétrants pour la présence d’un milliardième de gramme de cannabis dans le sang. La république est bien faible pour devoir se défendre d’un nanogramme dans le sang de ces (pas ses) concitoyens. Or quand le ministère de l’Intérieur convoque celui de la Justice à s’exprimer à la place du ministère de la santé, c’est le cannabis qui trinque. Quel mélange, pas comme les pesticides présents dans le sang. Rassurez vous, bonnes gens, nous n’avons pas de métaux lourds en nanogrammes dans le sang et donc pas de conséquences à moyen terme pour notre santé. Rendez-vous compte ce n’est pas comme le cannabis, 1 mort par an sur les routes du coin.
Il est, cependant, exact que l’on ne peut résumer l’action de la Justice aux seul(e)s procureur(e)s. Voyez le bilan des juges. A faire pâlir un fumeur de joint. 100 condamnés pour consommation, rien qu’à Guingamp. 100 à Dinan, 200 à Lannion, 400 de plus à Saint Brieuc ? Contre un mort par an. Nous sentons heureusement bien les juges indépendants du Parquet. Les juges, les procureurs, le Préfet dans le même élan, ce serait beau si cela ne menait nombres de citoyens en prison, à pied, socialement fragilisé par notre mère et bienfaisante Patrie. Donc rien en vue de la séparation des pouvoirs qui se substituent les uns aux autres sous l’autorité de la Préfecture. On dirait du Napoléon et ce n’est que du Sarkozy. On penserait Préfecture, on aurait un gouverneur qui veut faire peur en faisant propagande contre les affres de la vie. Il ne s’en faut que d’un mort par an ? Quelle belle ou profonde politique !
Bienheureuse Préfecture, bienheureux Parquet, bienheureux juges, tous indépendants des Côtes d’Armor qui n’auront de cesse que de réprimer l’horrible et singulier meurtrier cannabis. Puisqu’il ne reste plus que cela à résoudre comme nanoproblème au mépris de tous les autres mégasources de problèmes sociaux en Bretagne, la préfecture 22, ses ad-joints nous promets de belles vacances cannabiques sur les routes. Roulez prudent.
C’était un conseil de la commission Sécurité routière du Collectif d’information et de recherche cannabique, Arnaud Debouté, président de la fédération des CIRC
Collectif d'information et de recherche cannabique
En réaction à l’article de l'Echo sur les Renseignements généraux 22, sur le conseil duquel j’ai adressé à la CNIL, déja 2 demandes de lecture de mon dossier, dit la fiche aux RG.
Il est toujours plaisant de lire, un jour comme ça, la réponse transmise par la Commission Nationale Informatique et Libertés de demande de lecture de sa petite fice aux RG et d’être qualifié, d’un bureau rennais, briochin que vous êtes « trouble à l’ordre publique, atteinte à la sécurité du territoire et à la défense nationale ». Franchement on ne peut qu’être d’accord.
A l’époque j’ai râlé à la CNIL que ce n’était pas possible. Je ne développe pas. Erreur manifeste, problème de fiche, que me repproche t'on, et j’ai bien fait. La deuxième réponse de la CNIL ne me traita plus de méfaits précédents. Profitant de la guerre des polices, j’eus accès, un jour, aux trois premières lignes de mon casier (Casier, fiche, carton, dossier, pas de nom ? Si, fiche, c’est plus classe) RG. Rassurez-vous, bonnes gens, la source fut mutée la semaine suivante. Cependant à la CNIL aussi les mots comptent. Donc depuis 2003 ce n’est plus moi qui suis trouble à l’ordre public, qui menace d’atteindre à la sécurité du territoire ou qui affaiblirait les moyens de la défense nationale, j’aurai les chevilles qui enflent. Non, depuis 2003, ce sont les moyens mis en œuvres pour vérifier que je ne commets rien de tout cela qui sont des domaines du trouble à l’Ordre Défensif Sécuritaire (ODS).
Question subsidiaire ? Combien sommes nous en Côtes d’Armor, la Bretagne c’est tout petit, à mériter de contribuer au mythe des Renseignements généraux sous de tels qualificatifs ? Au delà du mythe, au delà des mots, des moyens mis en œuvre, la qualification même mérite mieux que votre article en transparence des renseignements généraux dits, la branche costarmoricaine. Ce n’est pas un mythe. L’étendue des pouvoirs que les RG peuvent mettre en oeuvre est considérable et pose de nombreux problèmes d’éthiques variant fonction des pouvoirs politiques qui s’en servent. J'ai appris un jour que j'avais des fiches de paye aux RG ce qui dans un milieu militant agrémente forcément la chronique. Je crois donc que le pire des méthodes RG ne sont pas les fouilles en votre abscense, les écoutes téléphoniques, les filatures bien qu'il s'agisse quand mêême d'un pillage de vie privée, non la pire de leurs méthodes, c'est la rumeur. A moins que le mythe ne me démontre qu'il y a pire.
J’en reste à une interrogation personnelle concernant une de mes actions qui aurait troublée l’ordre public, atteint la sécurité du territoire ou nuit à la défense nationale. Enfiché depuis de puis l’âge de 16 ans, de source sûre, des RG déjà, autant dire 25 ans de carrières de fiches plus tard, certains mythes ont la peau dure, Je tiens à vous remercier pour cet avenant article qui m’a rappelé tant de joyeux souvenirs. Je me sents beaucoup mieux avec le mythe, et en plus je ne me sens pas concerné.
Un dernier petit mot rhétorique. Je ne me rappelle pas qu’il soit mentionné dans votre article que le responsable des RG soit commissaire, et alors dans quel domaine ? C’est tout simplement dommage de ne pas savoir de quoi s’occupent réellement les RG, de quel profil de délit, ou de délinquants gardent-ils la France ? C’est quoi le risque politique d’un individu, commissaire ?
Arnaud Debouté, comme citoyen de base, j’ai aussi une fiche à la sécurité sociale
D’après LE MONDE, «La gauche prône la régulation, la droite une prohibition renforcée» du cannabis mais «à droite comme à gauche on évoque la nécessité de réviser la loi de 1970». Le journal qui se demande si la question du cannabis sera un enjeu de la campagne présidentielle, précise que pour les 30 ans de «l’appel du 18 joint» les partisans de la dépénalisation de l’usage des stupéfiants interpellent les candidats.
Source : CIRC - Revue de presse
Précisant qu’un consensus se fait jour à gauche comme à droite sur la nécessité de réviser la loi de 1970, le quotidien souligne que les modalités de révision divergent en revanche radicalement, puisque le PS s’est prononcé pour une «régulation publique» et que l’UMP souhaite renforcer la prohibition. D’après le journal, cette loi de 1970 destinée à l’époque «à endiguer la consommation d’héroïne», n’est que très minoritairement appliquée. Evoquant la relance de «l’appel du 18 joint» par le Circ et les soutiens qu’il a reçus, le quotidien estime toutefois que sur le plan électoral, la thématique «ne fait guère recette» avec des Verts «moins en pointe» même si «officiellement ils militent toujours pour la dépénalisation de l’usage et le contrôle de la distribution de haschisch. Sergio Coronado, porte parole des Verts et signataire de l’appel, déplore «Nous sommes nous aussi touchés par le recentrage du débat politique et les thématiques du rappel à la loi».
Le Monde qui souligne qu’au PS cette question a été «vivement discutée» lors de l’adoption du projet pour 2007, précise que les membres du bureau politique «ont écarté l’idée de dépénalisation du cannabis pour lui préférer une «régulation publique» de l’usage». D’après Cécile Prieur, cette proposition, soutenue par le MJS et Malek Boutih, revient à une forme de légalisation de l’usage. Malek Boutih affirme «la dépénalisation ne peut plus être un mot d’ordre, elle revient à dire qu’on fout la paix aux consommateurs (...) on pourrait imaginer une politique de prévention avec vente de cannabis dans des lieux autorisés, interdiction pour les mineurs et production contrôlée par les pouvoirs publics». Pour sa part, Marielle de Sarnez, vice présidente de l’UDF, déclare « nous prenons acte que la consommation est largement répandue, mais la dépénalisation ne pourrait être perçue que comme un mauvais signal».
Notant que la majorité penche pour une pénalisation accrue de l’usage de cannabis, le quotidien relève que Nicolas Sarkozy a opté pour une révision de la loi dans le sens d’un renforcement de «l’interdit social», proposant de remplacer la peine de prison par une contravention de 1500 euros inscrite au casier judiciaire avec également des sanctions alternatives comme « l’obligation d’aller à l’hôpital pour voir des usagers de drogues».
Un encart sur la «nouvelle filière agricole» imaginée par Malek Boutih. D’après le journal, Malek Boutih, chargé des questions de société au PS, «s’est fait une spécialité, celle de produire des rapports iconoclastes » et ainsi dans une note de cinq pages sur le cannabis, ou comment « contrôler son usage pour protéger les citoyens» il prône «la reprise du marché (du cannabis) par la puissance publique» afin de lutter contre la «mafia», le cannabis étant selon lui «la clé de voûte de la ghettoïsation et de l’insécurité dans les quartiers populaires».
Précisant qu’il recommande une «régulation» par l’Etat, le journal estime qu’il lance «quelques idées audacieuses, inspirées du modèle néerlandais» pour «une nouvelle filière agricole». Le quotidien souligne que cette filière se développe autour de «coopératives chanvrières outdoor» (plein champ) cultivées «sur des espaces sécurisés» de deux hectares afin de produire en masse le «haschisch et l’herbe de consommation courante», mais aussi de «chanvrières sous serres» d’un hectare, pour cultiver des «boutures de variétés de cannabis» et «soutenir la concurrence qualitative avec les marchandises d’importation» et enfin de chanvrières «indoor» (sous serre) de 500 m2 pour les horticulteurs et de 50 m2 pour les producteurs «indépendants» avec pour les particuliers «une surface de 2 m2 de floraison "indoor" et 10 pieds «outdoo» par foyer». Indiquant que côté distribution, des «associations pourront ouvrir des clubs de consommateurs» à condition de ne faire aucune publicité extérieure, le Monde rapporte que Malek Boutih sait que dans «la forme actuelle le PS ne va pas tout reprendre» mais dit-il «c’est ma façon de travailler».
Dans la rubrique «Rebonds» de LIBERATION un papier sur «l’exception française anticannabis», signé Anne Coppel (Association française de réduction des risques), Jean Pierre Galland (Circ), Olivier Poulain (Utopia). Les auteurs qui rappellent qu’en adoptant la loi de 1970 le législateur avait déclaré «un fléau menace la République», estiment que les fumeurs de joint «font pâle figue comme ennemis de la République» et ils s’interrogent sur la manière de prendre au sérieux la santé publique quand les consommateurs d’alcool et de tabac ne sont pas frappés des mêmes sanctions. Estimant que 30 ans plus tard «l’argument est plus inaudible que jamais» ils précisent «Ecoutons ce que nous nous disons les unes aux autres».
Reconnaissant que le cannabis n’est pas anodin, peut révéler des troubles psychiatriques, et rend dépendant, il observent toutefois que cette dépendance n’a rien à voir avec celle à l’héroïne ou au tabac et soulignent par ailleurs que les troubles psychiatriques ne doivent pas être confondus avec un «bad trip», expérience désagréable qui révèle rarement une psychose. A la question «autoriser le cannabis alors que l’on veut interdire le tabac?» ils répondent qu’effectivement la tolérance sur l’alcool et le tabac recule, pour juger «qu’au-delà des produits c’est l’ensemble de nos comportements (...) qui sont sur la sellette», mais que «la santé publique a bon dos» car «il n’est pas de justification à la judiciarisation de comportements qui ne nuisent pas à autrui». Les militants qui soulignent que l’un des «argument paradoxaux qui justifie le maintien de la loi c’est qu’elle ne serait pas appliquée», assurent que c’est «tout simplement faux» puisqu’en 2003, 2789 sanctions judiciaires ont été prononcées pour usage simple.
Reprenant l’argument selon lequel «dépénaliser serait envoyer un mauvais message», ils notent que «la France est le pays le plus répressif d’Europe» mais aussi celui «où la progression du cannabis est la plus rapide», alors qu’on observe une stabilisation voire un recul de la consommation chez nos voisins «qui ont tous dépénalisé l’usage». Affirmant que pour 2008, «l’objectif officiel est la tolérance Zéro», ils indiquent que sur les trois dernières années le coût de la répression équivaut à celui des 10 années précédentes, avec parmi les personnes interpellées 90% d’usagers de cannabis. D’après les auteurs, nos voisins d’Europe ont fait pour leur part un autre choix, et «la dépénalisation de l’usage associée à la tolérance de la détention et de l’autoproduction permettrait à la France de se mettre au diapason», sachant qu’il «ne s’agit pas d’exiger un statut particulier pour le consommateur de cannabis mais au contraire de le faire entrer dans le droit commun».
METRO publie une interview de Jean Pierre Galland, porte parole du Circ, qui relance dimanche «l’appel du 18 joint». JP Galland qui indique que depuis le 1er appel, il y a trente ans, la société a évolué avec «de plus en plus de gens qui fument » mais un usage toujours interdit, affirme qu’en 1999 la MILDT avait lancé une politique «plus objective» dont l’idée « était de lutter contre l’abus plus que l’usage» alors que la droite au pouvoir «s’est attachée à montrer le cannabis sous un jour défavorable ».
Le porte parole du Circ qui dit militer «pour la légalisation du cannabis, pour que la distribution, la production et l’usage soit réglementés » précise demander, une dépénalisation «dans un premier temps». Selon lui, «si on était logique » on interdirait alcool et tabac, en comparaison des quels «le cannabis est un problème de santé mineur». Et il interroge « ne vaudrait il pas mieux mettre en place un programme de protection des risques pour avoir un bon usage?» avec cette précision que l’on pourrait ne pas encourager à fumer dans les lieux publics et interdire le cannabis aux mineurs. Source: MILDT, Paris
A en croire les media, les politiciens et certains scientifiques, le cannabis du 21ème siècle aurait muté en une plante hautement toxique qui provoquerait des cancers, des accidents de la route, des altérations dans le cerveau des adolescents et autres nuisances majeures. La répression, avec tolérance zéro et promotion de l’abstinence, est présenté comme la seule politique efficace pour protéger la jeunesse et faire diminuer la consommation. Plusieurs études récentes viennent démentir ces affirmations péremptoires. Cela va-t-il changer quelque chose ? C’est d’indépendance de jugement et de courage politique dont manquent cruellement nos décideurs.
Source : Chanvre-info
Cannabis et cancer
Les nouvelles découvertes « ont été contraires à nos attentes », déclare au Washington Post Donald Tashkin, de l’Université de Californie à Los Angeles, un pneumologue qui a étudié le cannabis pendant 30 ans. « Nous avons formulé l’hypothèse de l’existence d’une corrélation (association) positive entre cannabis et cancer du poumon, et que cette corrélation serait encore plus positive avec les gros fumeurs », dit-il. « Nous avons découvert en revanche qu’il n’y avait pas de lien du tout, et même une possibilité d’une sorte d’effet protecteur. »
Cannabis et adolescent
D’après une étude du "Nathan S. Kline Institute for Psychiatric Research" et de la "New York University School of Medicine", il n’y aurait aucune différence sur le plan cérébral entre ceux qui ont régulièrement fumé de la marijuana au cours de leur l’adolescence et ceux qui n’en ont jamais fait usage.
Cannabis et accident de la route
Un article du quotidien Le Monde du 4/10/05 est titré « L’alcool est de loin plus dangereux au volant que le cannabis » Un conducteur ayant fumé du cannabis est près de deux fois (1,8) plus susceptible de provoquer un accident mortel qu’un automobiliste à jeun. Mais ce risque accru reste très inférieur à celui induit par l’alcool (8,5), même consommé dans les limites autorisées par la loi. C’est l’enseignement majeur de l’enquête "Stupéfiants et accidents mortels de la circulation routière" (SAM) , menée par l’Institut national de recherche sur les transports et la sécurité (Inrets) et coordonnée par l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT).
Chanvre-Info avait analysé cette étude et remarqué que le risque d’un accident mortel sous cannabis était très comparable à celui des conducteurs sous alcool dans la marge toléré par la loi. Pourtant l’usager de cannabis commet un délit lourdement sanctionné alors que le consommateur d’alcool est dans son bon droit. Encore un exemple flagrant de discrimination.
Cannabis et autisme
Le cannabis rend autiste ceux qui n’en consomment pas. Ils refusent les évidences pour s’enfermer dans leurs convictions chimériques. C’est une maladie grave dont souffre la majorité des hommes politiques et une partie de la population. En effet, des études qui discréditent le discours répressif et alarmiste existent depuis le début de la prohibition. En fait, les conclusions des commission La Guardia dans l’Amérique des années trente, Le Dain dans le Canada des seventies, Henrion dans la France des années nonante ou de la commission fédérale suisse de l’an 2000 seraient encore pertinentes aujourd’hui. En s’appuyant sur les études les plus complètes et les experts les plus qualifiés, elles préconisent la dépénalisation de la consommation et l’organisation d’un marché réglementé pour mieux protéger les consommateurs et la société. Alors pourquoi encore dépenser l’argent du contribuable pour des études dont personne ne tient compte ? La solution est politique, pas scientifique.
e-Newsletter sur la campagne mondiale pour la réforme des Conventions de l'ONU sur les drogues.
Source : CIRC - Revue de presse
Italie
Daniele Capezzone, secrétaire de Radicali Italiani, a annoncé qu'il allait bientôt présenter une proposition de loi d'initiative populaire, déjà déposée en 2002, pour légaliser la consommation de drogues.
Italie
D'après une étude de l'Institut de chimie bio-nucléaire de Naples, publiée dans le numéro de mai du "Journal of Pharmacology and Experimental Therapeutics, la marijuana freinerait le développement des cellules cancéreuses pour divers types de cancer, dont le cancer du sein et celui de la prostate.
France
D'après l'Observatoire des drogues et des toxicomanies (Ofdt), les accidents de la route dus à l'usage de cannabis provoqueraient environ 230 morts par an, dont la moitié de moins de 25 ans.
Grande-bretagne
Deux parlementaires travaillistes, Paul Flynn et Brian Iddon, ont déclaré qu'ils étaient pour la légalisation de la marijuana thérapeutique à l'occasion du récent meeting de la Cannabis Education Trust.
Suisse
D'après la Cour fédérale, le "joint" ne fait pas partie des droits fondamentaux de la vie privée, et il n'est donc pas soumis à la protection de la Convention européenne des Droits de l'homme. L'affaire avait été soulevée par un jeune qui contestait la peine à laquelle il avait été condamné en 2004 pour avoir admis qu'il consommait du cannabis.
Belgique
Le premier ministre belge Guy Verhofstadt a déclaré être profondément mécontent de la décision du maire de Maastricht, Gerard Leers, consistant à déplacer sept "coffeshop" de la ville dans trois localités le long de la frontière entre la Belgique et l'Allemagne.
Espagne
D'après une enquête du quotidien El Sur, le nombre d'Espagnols atteints de maladies chroniques et/ou terminales faisant un usage thérapeutique du cannabis a augmenté de 20%.
Usa
D'après une étude de l'université du Missouri publiée dans le numéro de mars/avril de "Missouri Medicine", il ressort que la consommation de cannabis réduirait le risque d'accidents graves, contrairement à la consommation des autres drogues illégales ou de l'alcool, qui les augmentent.
Manoeuvres à la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Source : Libération
«Sur la route le cannabis fait 230 morts par an.» Personne n'aura échappé, depuis le 27 mai, aux spots radio et aux affiches de la campagne concoctée par la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) et la sécurité routière. Certes fumette et conduite sont totalement incompatibles. Mais dépenser plus de 800 000 euros pour sauver les jeunes fumeurs de joint, était-ce vraiment la priorité ? Le cannabis fait dix fois moins de morts sur la route que l'alcool. Sur son forum, les internautes sont critiques : «J'ai été choqué. C'est une honte surtout quand l'alcool est responsable de pire.» «Je parie qu'il y a cent fois plus d'accidents dus au Xanax et à des antidépresseurs, mais où sont les chiffres ?» «Un vieux au volant, c'est plus dangereux qu'un "fonsdé" [défoncé]», peut-on lire. Cette campagne, «une première mondiale» selon ses organisateurs, illustre le zèle anticannabis de la Mildt et de son président, Didier Jayle. «C'est lui qui a fait bosser la Mildt à 70 % sur la diabolisation du cannabis. Son discours prépare à l'évolution défendue par Sarkozy : des contraventions contre l'usager "visible", c'est-à-dire le jeune à capuche», dénonce Eric Labbé, chargé des drogues à Act Up. D'où vient cette focalisation ? «Le fils de sa plus proche collaboratrice a eu de graves problèmes avec le shit. Ça a beaucoup joué dans sa perception», explique un de ses collègues. «Et puis c'est plus facile, il n'y a pas de lobby des cannabiculteurs, contrairement aux viticulteurs.»
Alarmistes. La droite réactionnaire veut instruire le procès de la gauche pétard ? Didier Jayle joue les procureurs zélés. Alors que Nicole Maestracci, à la tête de la Mildt sous Jospin, usait de connaissances scientifiques validées, lui n'hésite pas à tordre les résultats des études. Par exemple lors de la publication de l'enquête «Stupéfiants et accidents mortels» (SAM) (Libération du 3 décembre 2005) qui a servi de socle à l'actuelle campagne : «Didier Jayle voulait que l'on mette en avant les chiffres "cannabis" qui paraissaient les plus alarmants. C'est-à-dire la proportion de gens qui conduisaient sous cannabis et non pas la fraction d'accidents mortels attribuables au seul cannabis. Il ne souhaitait pas contrarier les politiques qui ne voulaient pas que la vérité scientifique soit dite», raconte Claude Got, un des parrains de l'étude. A preuve, le communiqué de presse de la Mildt explique que «8,8 % des conducteurs responsables d'accidents mortels ont été retrouvés positifs au cannabis». Un néophyte en déduirait que le cannabis est responsable de 8,8 % des accidents mortels. Ce qui est faux : c'est 2,5 %. Mais il s'agit de donner des gages à Perben et à Sarkozy.
Caricature. «C'est le mythe cannabis que l'on veut attaquer», martèle Didier Jayle. C'était déjà l'ambition de la campagne «Le cannabis, une réalité», en mars 2005. Dans la brochure, le «Dr Jayle» prodiguait lui-même ses conseils sur les dangers du cannabis au volant : un exploit pour un dermatologue ! Qu'importe que les spots caricaturaux (en gros : «Tu fumes un joint, puis deux, tu ne fous plus rien à l'école, tu n'as plus d'amis et tu vomis.») fassent franchement rigoler les jeunes. Et alarment surtout leurs parents. Ces initiatives auront toutefois eu le mérite de faire connaître au grand public un réseau de 240 «consultations cannabis» destinées aux jeunes ayant une consommation problématique.
Didier Jayle répète à l'envi «qu'il ne faut pas diaboliser ou faire peur». Mais il met systématiquement en avant les informations les plus angoissantes : la corrélation éventuelle entre cannabis et schizophrénie, le goudron cancérigène du joint, le taux de THC en croissance «exponentielle». Et des jeunes de plus en plus réguliers dans leur consommation : à 17 ans, un garçon sur six fume du cannabis au moins dix fois par mois. De quoi alimenter tous les fantasmes.
Malek Boutih, membre de la direction du PS, a animé la «commission drogue» du projet socialiste. Il revient pour Libération sur ses propositions très controversées.
Source : Libération
Vous proposez une «régulation publique» du cannabis ? De quoi s'agit-il? Une Seita du joint ?
Il ne s'agit pas de créer des fonctionnaires du cannabis. C'est une caricature. Mais l'Etat doit se donner les moyens de contrôler la production et la vente. Des structures coopératives pourraient assurer la production et des structures associatives, la distribution. Il faut éviter un marché soumis à la concurrence. Je suis socialiste, je refuse cette marchandisation.
Cette proposition est-elle compatible avec les conventions internationales ?
Au sein de l'ONU, notre pays est signataire d'une convention qui interdit l'importation et l'exportation des drogues. On ne peut donc ouvrir un marché du cannabis que s'il est produit en France. Les Pays-Bas ont pu le faire dans les années 70. La France est en mesure d'aller plus loin. Elle en discutera avec ses partenaires européens. Il s'agit de promouvoir une politique qui protège la santé de nos concitoyens.
Vous ne voulez pas d'une dépénalisation de l'usage de cannabis. Pourquoi ?
Parce qu'avec la dépénalisation, on resterait dans cette situation hypocrite où l'on tolère la consommation en laissant se développer l'économie informelle. La loi de 1970 a échoué parce que les drogues n'ont pas été une mode temporaire, comme le croyait le législateur. Le cannabis est un phénomène permanent. Consommé massivement, il a créé dans les quartiers un marché qui favorise la marginalisation et l'insécurité. La dépénalisation ne répond pas à ce problème politique.
Votre projet de «régulation publique» sera-t-il celui de tous les socialistes ?
En tout cas, il est inscrit au programme adopté il y a quinze jours au bureau national. Au PS, comme dans l'opinion, il y a des doutes. Et une majorité pour sortir de l'hypocrisie. Je veux provoquer un débat où chacun devra assumer ses responsabilités. Les consommateurs, les policiers, les juges et les parents, qui doivent arrêter de se cacher derrière leur petit doigt. Cette maturation de la société doit être collective, on doit aller au bout du débat.
Trente ans après «l'Appel du 18 joint», la France continue à pénaliser les fumeurs de joints et amplifie la répression.
En 1976, Libé publiait «l'Appel du 18 joint».Qui oserait aujourd'hui pareille irrévérence ? A peine osons-nous rappeler que le cannabis, ça fait rigoler. Nous avons oublié le contexte de la loi de 1970. «Un fléau menace la République», avait annoncé gravement le législateur. Les fumeurs de joints, ces babas cool comme on les nomme par dérision, font pâle figure comme ennemis de la République. Quant à la santé publique, comment la prendre au sérieux alors que les consommateurs d'alcool ou de tabac n'ont pas les mêmes sanctions ? C'est la liberté de choisir son mode de vie qui est condamnée. Ni la prison, ni le traitement médical ne sont justifiés simplement pour l'usage.
Source : Libération
Trente ans plus tard, c'est la conclusion de toutes les expertises officielles, de 1978 à 2001, et pourtant l'argument est plus inaudible que jamais. Ecoutons ce que nous nous disons les uns aux autres :
Le cannabis n'est pas anodin, il rend dépendant et peut révéler des troubles psychiatriques sous-jacents. En effet. Mais la dépendance au cannabis n'a rien à voir avec les dépendances à l'héroïne ou au tabac, également douloureuse. Quant au trouble psychiatrique sous-jacent, il ne doit pas être confondu avec ce qu'on appelle un «bad trip», une expérience désagréable mais qui révèle rarement une psychose. Les troubles de la mémoire ou de la concentration devraient suffire à limiter la consommation, mais sans doute ces risques-là sont-ils trop anodins. Coûte que coûte, il faut faire peur.
Autoriser le cannabis alors qu'on veut interdire le tabac ? Effectivement, la tolérance traditionnelle envers le tabac et l'alcool recule, et ce n'est pas pour promouvoir le cannabis. Au-delà des produits, c'est l'ensemble de nos comportements quotidiens qui sont sur la sellette. Chacun de nous est responsable de sa santé. Responsable ou coupable ? Convaincus de notre propre faiblesse, il nous faut reconnaître que l'interdit est structurant. Mais la santé publique a bon dos. Il n'est pas de justification à la judiciarisation de comportements qui ne nuisent pas à autrui.
La loi marque une limite symbolique, mais on ne met pas les usagers de cannabis en prison. Un des arguments paradoxaux qui justifie le maintien de la loi, c'est qu'elle ne serait pas appliquée. C'est tout simplement faux. En 2003, 2 789 sanctions judiciaires ont été prononcées pour usage simple, c'est-à-dire sans produit. Il s'agit essentiellement de sursis, mais pour la détention, nécessairement associée à l'usage, 10 256 peines de prison ferme ont été prononcées sur un total de 39 851 sanctions ouvrant à un casier judiciaire.
Dépénaliser, ce serait envoyer un «mauvais message», qui a conduit l'Espagne à la catastrophe que l'on sait. Depuis plusieurs années, la France a dépassé l'Espagne en nombre de consommateurs. La France est le pays le plus répressif d'Europe, c'est aussi le pays où la progression du cannabis est la plus rapide. Contrairement à une idée reçue, c'est la réalité des risques et non la peur qui freine la consommation. En témoignent la stabilisation et même le recul des consommations de nos voisins en Europe qui ont tous dépénalisé l'usage.
Pour 2008, l'objectif officiel est la politique de tolérance zéro. Ces trois dernières années, le coût de la répression équivaut à celui des dix années précédentes. Entre 1993, année où le Circ réactivait «l'Appel» lancé par Libération, à 2005, 1 292 565 personnes ont été interpellées. Actuellement, près de 90 % sont des usagers de cannabis, soit 10 % de la lutte contre la délinquance. Aux Etats-Unis, la politique de tolérance zéro fait plus d'un million et demi de prisonniers. C'est un autre choix qu'ont fait nos voisins, en Europe. Ils ont fait le bilan d'une répression aussi inutile pour la sécurité que pour la santé publique. La dépénalisation de l'usage, associée à la tolérance de la détention et de l'autoproduction, permettrait à la France de se mettre au diapason. Il ne s'agit pas d'exiger un statut particulier pour le consommateur de cannabis mais au contraire de le faire entrer dans le droit commun. C'est une mesure simple. Elle ne résout pas tout mais elle évite d'en rajouter.
Dans dix-neuf des vingt-cinq pays de l'Union européenne, fumer un joint n'est plus réprimé. En France, ce n'est toujours pas le cas. Publié il y a trente ans dans ces colonnes, et aussi stupéfiant que cela paraisse, le précurseur «Appel du 18 joint» reste d'une totale actualité.
Source : Libération
Près de cent mille personnes sont interpellées chaque année en France pour avoir allumé un pétard. Contrairement à tous ses voisins, l'Hexagone n'a pas assoupli d'un iota sa législation antidrogue. Un paradoxe, un anachronisme presque, pour un pays qui a su montrer à plusieurs reprises de l'audace sur le plan des moeurs. L'usage du cannabis a beau avoir explosé, qui voit quatre millions de Français de toutes générations et de tous milieux sociaux en consommer chaque année, rien ne bouge. Dans une grande hypocrisie, le débat s'est même durci, au point de voir des signataires de l'appel à la dépénalisation d'il y a trente ans refuser de signer sa version 2006. L'échéance présidentielle n'arrange rien, la classe politique est embarrassée, quand elle ne promet pas, à l'instar de Sarkozy, une répression encore accrue contre le «cancer» de la drogue. Alors que toutes les études démontrent que le cannabis est moins nocif que l'alcool ou le tabac, les pouvoirs publics ont complètement changé d'orientation il y a quelques années, passant d'une relative indulgence à l'égard de cette drogue à sa «diabolisation», au point que la France est le premier pays au monde à lancer une campagne contre le cannabis au volant. Un virage qui correspond à l'air du temps, qui voit le triomphe des discours hygiénistes et le retour, à gauche comme à droite, d'un moralisme bien pensant. L'heure est aux croisades antialcool et antitabac, et la bonne santé publique fait désormais partie du credo politique. Tout cela cadre mal avec le relâchement d'une prohibition ravageuse dans ses effets et, si l'on en croit les chiffres de la consommation du cannabis, totalement inefficace.
Lancé en 1976 pour la légalisation du cannabis, l'Appel du 18 joint est relancé, alors que la France reste l'un des pays européens les plus répressifs.
Source : Libération
Combien seront-ils dimanche sur la pelouse de la Villette à Paris, à se mettre «en pétard» contre la pénalisation des fumeurs de joints ? Jean-Pierre Galland, président du Collectif d'information et de recherche cannabique (Circ), qui a lancé les invitations, ne se fait pas trop d'illusions. Il espère néanmoins que cette célébration de «l'Appel du 18 joint», lancé il y a trente ans par Libération, relancera le débat sur la dépénalisation du cannabis. Le 8 juin, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, a admis que la législation actuelle était inappliquée et a conclu à la nécessité de réviser la loi de 1970 qui punit de un an d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende l'usage de stupéfiants. Le PS, lui, promet d'ouvrir un vague débat «sur la pertinence d'une régulation publique».
En 1976, l'Appel demandait la «dépénalisation totale du cannabis» et «l'ouverture de centres d'informations sur les psychotropes». Il avait recueilli environ 2 500 signatures. Version 2006, l'Appel tient à peu près le même discours, «l'usage en privé est toujours interdit et la chasse aux amateurs est ouverte toute l'année». Mais trente ans après, beaucoup d'ex-signataires manquent à l'appel. Parce qu'ils sont morts, parce qu'ils font les morts. Ou parce que, comme l'écrit à Galland ce directeur de recherche au CNRS, «j'ai appris des choses en trente ans. [...] Les connaissances changent, les façons de se faire plaisir aussi [...]. Cela ne m'empêche pas d'approuver toute résistance contre une répression qui serait menée contre ceux qui ne portent atteinte qu'à eux-mêmes». Réaction du destinataire, cela «résume assez bien l'état d'esprit trente ans plus tard». A l'époque, André Glucksmann avait signé. Isabelle Huppert et Maxime Leforestier aussi. Philippe Val (Charlie Hebdo) ou Bernard Kouchner (à l'époque fondateur de Médecins du monde) en étaient également. «Ils étaient jeunes, ils ne le sont plus. Leur position a changé, entre temps, ils ont fait des enfants. Ils trouvent que le cannabis pose des problèmes de santé.» Trente ans plus tard, quelques artistes toujours, des intellectuels encore, de nombreuses associations pour la réduction des risques, et désormais «pas mal de politiques», note Jean-Pierre Galland. Jeunes Verts ou LCR pour la plupart. Mamère, Besancenot oui, Voynet non. Car si comme le dénonce l'Appel 2006, «les discours officiels n'ont pas évolué», les pratiques si.
Luxe. Léon Mercadet, journaliste à Canal + et signataire des deux appels, se souvient qu'en 1976 le cannabis «était une drogue de luxe». Quelques milliers de personnes grand maximum. «Le rapport Pelletier de 1978 considérait que les fumeurs de cannabis n'étaient que de jeunes contestataires en pleine crise d'adolescence. Il préconisait de ne pas les envoyer en prison et jugeait inutiles les traitements thérapeutiques», raconte Anne Coppel, sociologue. Jusqu'à l'épidémie de junkies aux drogues dures dans les années 80. En 1986, Chirac veut faire la guerre aux stupéfiants. «Pour la première fois, la classe politique a voulu appliquer la loi de 1970», continue Anne Coppel. La prison ou l'injonction thérapeutique. Héroïnomanes ou fumeurs de joints, «tout le monde dans le même sac». Grâce aux traitements de substitution, les héroïnomanes ont quitté la rue. Les fumeurs, eux, ont décuplé. D'après les estimations de l'OFDT, ils sont presque 4 millions à fumer occasionnellement chaque année. Entre 1990 et 1999, la police en interpelle environ 320 000 pour usage. Et plus de 380 000 entre 2000 et 2005.
Frein. «Les sanctions tombent majoritairement sur les usagers de cannabis (91 %), note Anne Coppel. C'est inutile en terme de sécurité publique, mais ça fait du chiffre.» Inutile aussi en terme de santé publique : la France est l'un des seuls pays d'Europe où le nombre de fumeurs de cannabis augmente. Parce qu'ici, «on ne croit pas à la prévention, analyse-t-elle. Or si les gens ne consomment pas, ce n'est pas à cause de la répression, mais à cause de la réalité des risques.» Elle cite les problèmes de concentration, de mémoire, les émotions exacerbées... «Les pays qui ont lancé de bonnes campagnes de prévention s'appuient sur cette préoccupation nouvelle de la population pour les problèmes de santé publique. C'est le meilleur frein à la consommation de psychotropes.»
L'ancien patron de SOS-Racisme Malek Boutih, devenu membre de la direction du PS chargé des questions de société en 2003, s'est fait une spécialité : celle de produire des rapports iconoclastes que son propre parti s'empresse de glisser sous le tapis. Après ses propositions controversées sur l'immigration, en 2005, voici aujourd'hui le cannabis, ou comment "contrôler son usage pour protéger les citoyens".
Source : Le Monde
Dans une note de cinq pages, rédigée pour la commission nationale du projet du PS, M. Boutih milite pour la réforme de la loi de 1970 relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l'usage illicite des substances vénéneuses. Il la qualifie de "ligne Maginot", et prône la "reprise du marché par la puissance publique" afin de lutter contre la "mafia". La "fin de l'hypocrisie, écrit-il, apporterait bien-être et ordre là où la clandestinité et le malaise se sont installés". Car pour M. Boutih, le cannabis " est la clé de voûte de la ghettoïsation et de l'insécurité dans les quartiers populaires".
2 M2 POUR LES PARTICULIERS
Plutôt que sa dépénalisation, il recommande donc une "régulation" par l'Etat et lance quelques idées audacieuses, inspirées du modèle néerlandais, pour "une nouvelle filière agricole". Le responsable socialiste imagine ainsi des "coopératives chanvrières outdoor (plein champ)" cultivées par des agriculteurs "sur des surfaces sécurisées" et "restreintes à 2 hectares". Ces coopératives "garantissent la production de masse du haschich et de l'herbe de consommation courante". Des "chanvrières sous serres", limitées à "1 hectare", permettraient de cultiver des "boutures de variétés de cannabis" et de "soutenir la concurrence qualitative avec les marchandises d'importation". Enfin, toujours "indoor" (sous serre), des horticulteurs exploiteraient des surfaces de 500 m2, et les producteurs "indépendants", 50 m2. Pour les particuliers, "une surface de 2 m2 de floraison "indoor" et 10 pieds "outdoor" par foyer semble une limite raisonnable, précise le rapport. Les cannabiculteurs les plus passionnés devront se professionnaliser."
Côté distribution, des "associations pourront ouvrir des clubs de consommateurs", de 18 heures à minuit en semaine, jusqu'à 2 heures le week-end, à condition de ne faire aucune publicité extérieure. Bien sûr, M. Boutih sait que dans la "forme actuelle, le PS ne va pas tout reprendre". Mais, dit-il, "c'est ma façon de travailler". Un peu poil à gratter.
La question du cannabis sera-t-elle un enjeu de la campagne présidentielle ? A l'occasion des trente ans de "l'Appel du 18 joint", lancé le 18 juin 1976 dans le quotidien Libération, les partisans de la dépénalisation de l'usage des stupéfiants interpellent les candidats à l'élection présidentielle sur la question des drogues. Alors que la consommation du cannabis, produit illicite, a explosé ces dernières années, notamment chez les jeunes, un consensus se fait jour, à gauche comme à droite, sur la nécessité de réviser la loi de 1970, qui punit d'un an d'emprisonnement et de 3 750 euros d'amende l'usage de stupéfiants. Les modalités de cette révision divergent en revanche radicalement : si le Parti socialiste s'est prononcé pour une "régulation publique" de l'usage de cannabis, l'UMP souhaite au contraire renforcer sa prohibition.
Source : Le Monde
Adoptée dans les années post-1968, pour endiguer la consommation d'héroïne, la législation sur les stupéfiants n'est que très minoritairement appliquée. Un demi-million de personnes fument quotidiennement du cannabis, mais "seules" 90 630 personnes ont été interpellées en 2003 pour usage, et 484 ont été incarcérées en 2002.
Estimant que "la prohibition (induite par la loi) a dynamisé le trafic, multiplié le nombre de consommateurs, et enrichi les mafias", le Collectif d'information et de recherche cannabique (CIRC) a relancé l'Appel du 18 joint, signé par près de 3 000 personnes, dont Oliver Besancenot (LCR), Jean-Luc Benhamias, Alain Lipietz et Noël Mamère (Verts), Razzye Hammadi (président du Mouvement des jeunes socialistes) ou Jean-Luc Romero (conseiller régional UMP). "Il y a de plus en plus de gens qui dans leur tête ont légalisé le cannabis, c'est une force politique qui veut faire bouger les choses, estime Jean-Pierre Galland, président du CIRC. Nous demandons des solutions sociales pragmatiques de réduction des risques envers le cannabis et les autres drogues."
"INTERDIT SOCIAL"
Sur le plan électoral, la thématique ne fait cependant guère recette, même à gauche. Les Verts sont ainsi moins en pointe sur une question qui a longtemps appartenu au corpus de l'écologie politique. Officiellement, ils militent toujours pour la dépénalisation de l'usage, le contrôle et la distribution de haschich dans des cannabistrots. Mais Dominique Voynet, candidate à l'investiture, a refusé de signer l'appel. "Nous sommes nous aussi touchés par le recentrage du débat politique et les thématiques du rappel à la loi", déplore Sergio Coronado, porte-parole des Verts et signataire.
Au Parti socialiste, la question du cannabis a été vivement discutée lors de l'adoption du projet pour 2007, le 7 juin. Alors que le gouvernement de Lionel Jospin s'était refusé à réformer la loi de 1970, les membres du bureau national ont pris acte de son échec, en relevant qu'elle n'avait empêché ni le trafic ni l'augmentation de la consommation. Ils ont cependant écarté l'idée de dépénalisation du cannabis pour lui préférer une "régulation publique" de l'usage.
Soutenue par le MJS et par Malek Boutih, secrétaire national chargé des questions de société, cette proposition revient à une forme de légalisation de l'usage de cannabis. "La dépénalisation ne peut plus être un mot d'ordre, elle revient à dire qu'on fout la paix aux consommateurs, estime M. Boutih. Soit on maintient coûte que coûte la prohibition, mais il faut prouver que cela a un effet, soit on évolue vers une maîtrise du produit. On pourrait imaginer une politique de prévention avec vente de cannabis dans des lieux autorisés, interdiction pour les mineurs et production contrôlée par les pouvoirs publics."
Cette position tranche sur les options de la droite, pour laquelle toute tentative de modifier la loi pourrait être interprétée comme une incitation à l'usage, est écartée. "Nous prenons acte que la consommation est largement répandue, mais la dépénalisation ne pourrait être perçue que comme un mauvais signal", explique Marielle de Sarnez, vice-présidente de l'UDF.
La majorité penche aujourd'hui pour une pénalisation accrue de l'usage de cannabis. Qualifiant, le 8 juin, la drogue de "cancer", le président de l'UMP, Nicolas Sarkozy, a opté pour une révision de la loi de 1970 dans le sens d'un renforcement de "l'interdit social". Le ministre de l'intérieur, qui avait milité, sans succès, pour une réforme législative par le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, en 2004, propose de remplacer la peine d'un an de prison par une contravention de 1 500 euros, inscrite au casier judiciaire. Il souhaite également la mise en place de sanctions alternatives, comme "l'obligation d'aller à l'hôpital pour voir des usagers de drogues".
Pour les trente ans de l’Appel du 18 joint, publié par « Libération » en 1976, les militants de la dépénalisation du cannabis ont rédigé un nouvel Appel, qui n’a pas recueilli les soutiens impressionnants de son prédécesseur. Retour sur trois décennies de (non-)débat sur l’usage de cannabis. Et confrontation de deux époques, deux regards sur la société et deux morales.
Source : politis.fr
Pour les trente ans de l’Appel du 18 joint, publié par « Libération » en 1976, les militants de la dépénalisation du cannabis ont rédigé un nouvel Appel, qui n’a pas recueilli les soutiens impressionnants de son prédécesseur. Retour sur trois décennies de (non-)débat sur l’usage de cannabis. Et confrontation de deux époques, deux regards sur la société et deux morales.
Le 18 juin 1976, Libération publiait le fameux « Appel du 18 joint », qui, pour la première fois en France, rendait publique une demande de dépénalisation de l’usage de cannabis. Rédigé sur le modèle du « Manifeste des 343 » (femmes pour le droit à l’avortement), il comportait une liste de cent-cinquante premiers signataires, qui surprend aujourd’hui. Parmi ceux qui déclaraient « avoir déjà fumé du cannabis et avoir, éventuellement, l’intention de récidiver » se trouvaient des philosophes : Gilles Deleuze, Félix Guattari, Edgar Morin, Jean-François Lyotard. Des écrivains : Philippe Sollers, Christiane Rochefort. Et quelques noms qui laissent maintenant songeur : Bernard Kouchner, Alain Geismar, Philippe Val ou André Glucksman. Sans oublier Maître Henri Leclerc, Isabelle Huppert, Bertrand Tavernier, ou la revue les Cahiers du cinéma.
Trente ans plus tard, le Collectif d’information et de recherche cannabique (Circ) a rédigé un nouvel Appel (1). En quête de soutiens, Jean-Pierre Galland, porte-parole du collectif (voir p. 13) a contacté les anciens signataires. Mais seuls deux d’entre eux ont répondu : le journaliste Léon Mercadet et l’ancien spécialiste « ès drogues » de Libération, Jean-Pierre Géné, l’un des initiateurs du texte de 1976. La version 2006 a toutefois recueilli quelques soutiens politiques : Jean-Luc Bennahmias (Verts), Alain Lipietz (Verts), Chiche !, Olivier Besancenot (LCR), Jean-Luc Roméro (ex-UMP, président d’Élus locaux contre le sida), le Mouvement des jeunesses socialistes, Act Up-Paris, ou Asud (Auto-Support d’usagers de drogues). On trouve aussi la sociologue Anne Coppel (voir entretien p. 11), les journalistes Karl Zéro, Philippe Manoeuvre ou Frédéric Beigbeder. Bernard Kouchner, l’une des signatures les plus emblématiques de 1976, n’a pas souhaité expliquer à Politis les raisons pour lesquelles il n’a pas soutenu le deuxième Appel.
Comment expliquer ce contraste, trente ans après ? Le nombre de fumeurs aurait-il diminué ? Au contraire, la consommation de cannabis a explosé en un quart de siècle. Les enquêtes de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) montrent que son usage s’est généralisé, notamment chez les jeunes. En 2003, près d’un sur deux déclarait avoir déjà fumé du cannabis à 17 ans, 11 millions de Français au moins une fois dans leur vie, et 4,2 millions au cours de l’année écoulée. 450 000 Français se disaient usagers quotidiens (2). Alors que rares sont les personnalités qui osent dire qu’elles en consomment, ou militent pour sa dépénalisation, le cannabis connaît une banalisation sans précédent. Mais, si la législation française en matière de drogues est reconnue comme l’une des plus répressives du monde occidental après les États-Unis, les discours ont parfois varié en ce qui concerne sa légitimité.
Ainsi, les parlementaires qui adoptent la loi du 31 décembre 1970 (toujours en vigueur) pensent-ils surtout à lutter contre le fléau... de la contestation ! Après Mai 68, le drogué est l’un des seuls « contestataires » contre lesquels presque tout le monde s’entend. De la droite, qui souhaite réaffirmer les « valeurs morales », jusqu’aux gauchistes pour qui la drogue le véritable « opium du peuple » annihile l’énergie révolutionnaire et profite à des capitalistes mafieux qui exploitent le tiers monde... Précision : la loi de 1970 vise essentiellement le cannabis (associé aux hippies américains). L’héroïne, dont l’usage est encore marginal, n’est quasiment pas évoquée.
Quand Valéry Giscard d’Estaing arrive au pouvoir, la droite se divise sur la question entre « libéraux » et « conservateurs », ces derniers s’exprimant surtout chez les gaullistes. Jacques Chirac, Premier ministre jusqu’en septembre 1976, tient le traditionnel discours défendant les fondements moraux de la Ve République. C’est dans ce contexte que l’Appel publié par Libération relance le débat. Mais, quand Raymond Barre entre à Matignon, les « libéraux » se retrouvent seuls à tenir les rênes, et Giscard charge Monique Pelletier d’une étude sur « l’ensemble des problèmes de la drogue ». Comme la plupart des experts consultés à l’époque, elle voit dans le jeune usager de cannabis « un déviant ». Un rapport puis une circulaire (Pelletier) vont donc recommander de ne pas incarcérer les usagers, et émettre un avis négatif concernant les soins obligatoires. C’est, implicitement, reconnaître l’absurdité de la pénalisation de l’usage de cannabis. Cependant, une sorte de « pacte républicain » (expression d’Anne Coppel) tacite fige le débat politique. Tous les partis savent la loi mal appliquée, mais préfèrent parler de répression à une opinion supposée « pas encore prête »...
Une fois élu, François Mitterrand ne déroge pas à ce pacte, et fait taire l’ensemble de la gauche sur le sujet. Pourtant, clin d’oeil aux jeunes pendant sa campagne, il avait fait figurer la dépénalisation de l’usage du cannabis parmi ses « 110 propositions ». En 1986, Jacques Chirac, de retour à Matignon, rompt le silence en musclant son discours sur les drogues. Mais, en même temps, la droite prend au sérieux le problème de l’héroïne, qui s’est largement accru depuis la fin des années 1970. Le cannabis sort donc un temps d’un débat public où le sida prend une place importante. Avec Charles Pasqua à l’Intérieur, la répression se fait néanmoins plus féroce : la réforme de la procédure pénale qui réintroduit les contrôles d’identité signifie, pour des milliers de jeunes, la chasse à l’éventuelle « boulette » de hasch dans les poches.
En 1993, alors que le débat se concentre sur l’héroïne, le cannabis revient sur le devant de la scène. Les pouvoirs publics commencent à s’inquiéter de la mortalité qui frappe alors massivement les « toxicomanes ». Devant l’urgence, Simone Veil, ministre des Affaires sociales, initie la politique de « réduction des risques liés à l’usage de drogues » (RdR), qui peut sembler contradictoire avec la loi de 1970. En effet, pourquoi distribuer des seringues si le fait de s’en servir est interdit ? Selon Anne Coppel, la réduction des risques lancée dans l’urgence du sida se fonde sur un « raisonnement simple » : « Il vaut mieux ne pas consommer de drogues, mais si certains en consomment, il convient de les encourager à utiliser les produits les moins dangereux dans un cadre sécurisé. »
Lire la suite et l’ensemble de notre dossier dans Politis n° 906
(1) www.18joint.org
(2) Cf. Drogues et dépendances, données essentielles 2005, OFDT, La Découverte, 208 p., 14,50 euros.
La Prohibition des drogues. Regards croisés sur un interdit juridique, Renaud Colson (dir.), Presses universitaires de Rennes, 144 p., 12,50 euros.