Ce que nous avons retenu...

Le deal mode d'emploi
Par Invité,

Nanterre, place de la Boule, supermarché du cannabis ouvert de 18 heures à 21 heures, sept jours sur sept. Jusqu'à cent clients par jour, des centaines et des centaines de kilos d'herbe et de résine écoulés depuis des années. Un lieu de deal, une "appellation d'origine contrôlée" des stupéfiants connue dans toute l'Ile-de-France pour sa qualité et ses prix. La police avait fait tomber un premier réseau de trafiquants en 2004. Un deuxième en 2007. Pour la troisième fois, en moins de cinq ans, les policiers ont mis à bas cette place forte du cannabis, représentative des centaines de "deals de halls d'immeuble" recensés en Ile-de-France.
 
Source: lemonde.fr
 
 
 
A partir des quelque 4 000 procès-verbaux (PV) de l'enquête judiciaire, qui offrent une plongée inédite au coeur d'un univers impénétrable, Le Monde raconte la banalité et le quotidien d'un trafic de drogue, le va-et-vient des clients, l'organisation des dealers, le rôle des guetteurs, les règlements de comptes, le management par l'argent et la peur... Un monde artisanal et violent marqué par l'extrême dureté des rapports humains. Une microsociété avec ses propres lois, ses chefs, ses hommes de main et son prolétariat.
 
La police et la méthode du boa
 
L'immeuble, banal et triste, dans le centre de Nanterre, à deux pas de la préfecture et du tribunal, a une quinzaine d'étages. Une poignée de jeunes hommes avaient pris l'habitude de stagner devant l'entrée du bâtiment. Ennui ? Non, business. Une PME de la drogue avec une organisation et un mode de distribution rodés. L'enquête policière débute par une information donnée par un indic. Dans les PV des enquêteurs, aucun nom, uniquement la mention qu'une "personne absolument digne de confiance" a souhaité témoigner anonymement. L'indic dénonce l'existence du trafic "en soirée" et donne le numéro de téléphone d'un client régulier. La brigade des stups se met sur l'affaire et commence par interpeller, discrètement, les consommateurs venus acheter du cannabis. Les policiers leur présentent des planches photographiques pour identifier les participants au réseau. Plusieurs dizaines de consommateurs décrivent ainsi, en garde à vue, le fonctionnement du trafic.
 
Les premières pièces du puzzle se mettent en place. Chaque fois qu'une patrouille de police passe dans le quartier et aperçoit un élément troublant, elle le signale sur PV. Chaque fois que les jeunes sont contrôlés au bas de l'immeuble - à de très nombreuses reprises -, les policiers notent et conservent les identités des personnes présentes. En parallèle, ils placent les téléphones portables sur écoute, y compris ceux qui sont équipés d'une puce avec faux nom. Des dizaines d'heures d'enregistrement.
 
Les enquêteurs multiplient aussi les opérations de surveillance sur les lieux de trafic. Les filatures. La vérification des comptes bancaires. Et le recours à des témoins sous X, des habitants du quartier qui s'expriment anonymement pour éviter d'éventuelles vengeances. Vingt mois de travail, entre novembre 2007 et mai 2009, un travail de fourmi récompensé. Les policiers procèdent à vingt-cinq interpellations, 60 kg de cannabis et plus de 20 000 euros sont saisis.
 
Le rituel de la cagoule
 
L'organisation est parfaitement rodée. A l'extérieur des guetteurs et des rabatteurs chargés de repérer la police et d'orienter les clients. Certains tournent à vélo ou à scooter dans le quartier - on les reconnaît parce qu'ils ont souvent une oreillette téléphonique. D'autres sont "en statique". Postés contre les murs. Devant le hall d'entrée. Le vendeur, ganté, le visage dissimulé sous une cagoule noire, se place dans l'escalier, entre le 3e et le 4e étage. A la taille, une banane contenant l'argent et le cannabis, herbe ou résine. Lorsque les clients montent, ils ont la consigne de déposer l'argent sur une marche. Le vendeur fait de même pour les sachets de cannabis. Cinq à six euros le gramme en moyenne. Pour accéder au vendeur, les clients franchissent plusieurs contrôles. A l'extérieur d'abord, où les "choufs" (guetteurs) doivent "sentir" si les étrangers sont des policiers ou des clients habituels.
 
Les consommateurs décrivent tous les mêmes scènes, parfaitement routinières. "Je me présente devant le hall, raconte Eddy E., un commercial de 34 ans. Il y a systématiquement une personne, parfois deux, qui valident mon passage."
 
Second contrôle dans le hall. Un des guetteurs est chargé de surveiller les clients et de mémoriser leur visage. Ses chefs ne l'ont pas choisi par hasard. Rachid E., 22 ans, est étudiant en psychologie, donc jugé efficace pour cette mission. "Il dévisage chacun des acheteurs comme un physionomiste de boîte de nuit", ajoute Eddy E.. Parfois, les guetteurs opèrent une fouille au corps ou demandent une pièce d'identité. Souvent, les clients font la queue du fait de l'affluence. Cinq à six personnes peuvent ainsi attendre en même temps dans l'escalier.
 
Le jeu du chat et de la souris avec la police
 
L'oeil des guetteurs est expert. Ils observent et reconnaissent presque systématiquement toutes les voitures banalisées de la police. Ils savent même distinguer les différentes équipes et brigades. Au téléphone, deux guetteurs se réjouissent d'avoir su éviter une descente policière. Ils ont réussi à prévenir le vendeur à temps et les policiers sont repartis bredouilles :
 
Guetteur 1 (non identifié) : "Eh, tout à l'heure, tu l'avais senti, hein ?!
Rachid E. : T'as vu, je te l'ai dit, je suis fort, hein ? (...)
Guetteur 1 : Et qu'est-ce que je voulais dire, y a du monde là ?
Rachid : Ouais, ça va.
Guetteur 1 : Et qu'est-ce que je voulais dire, c'était quoi comme équipe ? (...)
Rachid : C'était la BAC D (brigade anticriminalité départementale).
Guetteur 1 : (...) Ouais, vas-y impeccable.
Rachid : Vas-y ma gueule !"
 
Un guetteur, sans emploi, a reconnu avoir gagné 150 euros toutes les deux semaines pour guetter l'arrivée de la police. Abderrazik B., 20 ans, en apprentissage, a décrit sa mission : "J'ai un rôle de chouf, c'est-à-dire je fais le guet, je surveille la police. Quand il y a un passage de police, je crie "kahab"!, ça veut dire "casse-toi" en arabe."
 
Les trafiquants hurlent aussi "arnoucha !" (serpent) pour alerter leurs complices dans les étages. La consigne, alors, est de ralentir l'éventuelle intervention policière en enlevant le morceau de carton qui maintient ouverte la porte d'entrée. Le vendeur cagoulé, lui, doit se précipiter dans l'appartement de repli, dont il a les clés, dans les étages supérieurs.
Clients : des bobos aux chauffeurs-livreurs
 
Le bouche-à-oreille fait de la place de la Boule une bonne adresse, très bien desservie par les transports. Les consommateurs viennent de tout l'ouest de l'Ile-de-France. Tous les profils sont représentés : dépanneurs, lycéens, responsables commerciaux, chômeurs, producteurs, chauffeurs-livreurs, étudiants, pharmaciens, le plus souvent âgés de 20 à 30 ans. Ce sont les "toxicomanes", comme disent les policiers, ou les "ienclis" (verlan de client), comme les appellent les dealers. La plupart connaissent le site depuis des années. Ils se sont fait interpeller, discrètement, par la police après avoir effectué leurs achats, généralement quelques grammes d'herbe ou de shit.
 
Des budgets non négligeables sur l'année. Thierry Z., 29 ans, sans emploi, a fumé jusqu'à trente joints par jour. Il s'approvisionne à Nanterre depuis trois ans. "J'achète pour 150 ou 200 (euros) par mois", explique-t-il devant les enquêteurs. Alexandre C., 21 ans, étudiant en BTS, dépense 150 euros par mois pour dix à quinze joints par semaine. Paul F., 27 ans, photographe, consomme depuis dix ans entre 20 et 40 euros de cannabis par mois. Alexis B., 21 ans, RMiste titulaire d'un bac + 5 en gestion d'entreprise, a été conseillé par des amis parce que le cannabis de la place de la Boule était considéré de très bonne qualité et les clients "bien servis". Sébastien G., 24 ans, étudiant, estime être venu une bonne centaine de fois. Soit 2 000 euros dépensés en quelques mois.
 
Règlements de comptes
 
Au quotidien, les "boss" du réseau font régner la terreur pour tenir leurs hommes. Un épisode a marqué le quartier. Frédéric T., un homme de 28 ans surnommé "l'animal", payé 60 euros par jour pour vendre du shit pendant trois heures, a pris la mauvaise habitude de "carotter" (voler) de l'argent au groupe. Quelques semaines avant les interpellations, il prend un billet de 10 euros mais se fait repérer par les "petits" du quartier, chargés de la surveillance. Les deux chefs du réseau se téléphonent pour en parler. Les policiers enregistrent la conversation et la retranscrivent sur PV.
 
Mustapha K. : "Hé, il y a un problème avec l'animal.
Abdel Latif B. : Pourquoi ?
Mustapha : Parce qu'il fait le malin.
Abdel Latif : T'es sérieux ?
Mustapha : Ouais !
Abdel Latif : Vous l'avez grillé ?
Mustapha : Oui, je l'ai grillé."
 
Mustapha explique à son interlocuteur comment ils ont repéré le voleur. Ils parlent longuement de la sanction à appliquer.
 
Mustapha : "Je vais lui mettre dans sa mère !
Abdel Latif : Nan, nan, nan, moi, je vais venir tout à l'heure ! Demande qu'il me le ramène, et devant tout le monde je vais lui tirer dessus. Je le fume devant tout le monde !"
 
Abdel Latif demande à Mustapha de lui fournir un Flash-Ball. L'autre entame ses recherches, mais ne trouve pas l'arme. Un des petits lui signale qu'ils ont une batte de base-ball. Ils se proposent de lui "faire un guet-apens". Mustapha rappelle Abdel Latif pour lui demander son avis.
 
Mustapha : "(Le petit) m'a dit : "Quoi, s'il te plaît, laisse-le nous" et tout nanani. "On va le gonfler (frapper) et tout à trois, les trois. S'il te plaît, on a une batte, on va lui faire un guet-apens", et tout nanani.
Abdel Latif : Toi, tu veux faire quoi ?
Mustapha : (...) Vas-y, je vais laisser les petits s'en occuper et après, voilà, si je vois que c'est pas ça, je lui gonfle sa mère."
 
Les petits rouent de coups leur complice sur un parking. Quatre contre un. Un lynchage : "Ils m'ont tapé longtemps. J'étais en sang", témoignera la victime. Au téléphone, Mustapha prévient Abdel Latif que la sanction a été correctement exécutée.
 
Mustapha : "Ouais, je viens d'arriver à la cité, mais ils l'ont tué l'autre, ils l'ont marbré (frappé) comme des fous, ils l'ont défoncé avec une batte.
Abdel Latif : Putain ! (...)
Mustapha : Ha ! Ils l'ont bien gonflé. J'avais pitié, il me faisait pitié, il m'a mis du sang partout sur mon polo !"
 
La victime a réussi à prendre la fuite et à se faire soigner à l'hôpital. Mais "l'animal" est désormais considéré comme une "poucave" (balance) dans le quartier. Placé en détention provisoire quelques mois plus tard, il est agressé dans l'enceinte de la prison parce que suspecté d'avoir donné ses complices. Devant les enquêteurs, il résume sa situation : "Il y a une phrase qu'il faut retenir : il n'y a pas d'amis dans le business."
 
Management et ressources humaines
 
Régulièrement, Mustapha K., 28 ans, vient effectuer une inspection de ses hommes. Avec sa Clio, il se gare sur le parking. Le jeune homme est sans emploi, mais il en impose, montre Dolce & Gabbana, ceinture Hugo Boss, baskets type "requin". Des marques qui fascinent les gamins, fans de Diesel, Nike et autres RG512. Il ne sait évidemment pas que la police a installé des moyens de surveillance électroniques et peut écouter et visualiser les échanges dans le hall, l'escalier et à proximité de l'immeuble. Rachid, le guetteur, visiblement surpris de le voir, s'adresse à lui : "Wesh, Gueush, ça va ?" , Mustapha s'énerve en entendant son surnom : "Non, m'appelle pas comme ça dehors et reste en dehors du hall, je te l'ai déjà dit. Surveille la rue." Les policiers notent que Rachid sort de l'immeuble, mais ne se place pas en position de surveillance.
 
Mustapha va discuter avec un de ses hommes de main : "Occupe-toi de Rachid !" Le lieutenant file vers Rachid et l'engueule. Il le pousse au niveau de la poitrine à deux reprises, le faisant reculer. Il lui montre son oeil droit avec son index : "Regarde-moi bien Rachid, tu sors de ce putain de hall, et tu surveilles la rue, c'est pas compliqué, non ?" Le guetteur se met à son poste, humilié. Un autre chouf éclate de rire : "Tu t'es fait doser mon pote !" "Ta gueule !", lui répond Rachid, furieux.
 
Avec leurs complices, les chefs utilisent aussi l'arme financière. Un vendeur arrive en retard plusieurs fois dans la même semaine. Au téléphone toujours, Mustapha s'énerve du manque de professionnalisme : "Pour cinq jours en retard, tu lui retires 10 euros tous les jours, frère. Je m'en bats les couilles, tu lui retires 10 euros à chaque fois qu'il est en retard." A l'inverse, lorsque les gars bossent bien, ils peuvent recevoir une prime. Par exemple, pour avoir frappé le membre de la bande qui volait dans la caisse. Au téléphone, Abdel Latif se fait DRH : "Hé, rajoute-leur un billet en fin de semaine !"
 
La "nourrice", victime consentante
 
Les habitants de l'immeuble subissent les nuisances provoquées par le trafic. Beaucoup en souffrent. "Enormément de personnes étrangères viennent et occupent les halls et étages, les ascenseurs sont bloqués, nous sommes "filtrés" à l'entrée par des jeunes encapuchonnés, les escaliers sont jonchés de détritus", raconte un habitant, sous condition d'anonymat. Mais quelques-uns en profitent, soit indirectement parce que leurs enfants y participent, soit directement parce qu'ils sont rémunérés.
 
X., une petite cinquantaine d'années, mère de deux enfants, est salariée à temps partiel et gagne ainsi, légalement, 800 euros par mois. Un jour, des jeunes du quartier sont venus lui demander les clés de son appartement. Ils veulent y stocker une partie de la drogue et disposer d'un lieu de repli en cas d'intervention policière - un rôle de "nourrice" dans le jargon policier. "J'avais vu que cette dame était en galère et qu'elle avait deux enfants, j'en ai un peu profité et je l'ai démarchée", raconte Mustapha K.
 
La mère de famille n'a pas vraiment le choix : "C'est un grand qu'est venu m'expliquer comment cela allait se passer ; il m'a dit que je devais garder la banane du vendeur, le téléphone, pour que je le recharge de temps en temps, et je devais laisser entrer le vendeur qui aurait un passe en cas de descente de police." Rémunération : 150 euros par semaine. Après quelques mois, la "nourrice" demande une augmentation parce que sa fille va avoir un bébé et qu'elle veut pouvoir lui offrir des cadeaux. Résultat : 250 euros par semaine, déposés sur la table du salon.
 
Le fonctionnement est routinier. Les vendeurs se succèdent, généralement pour des vacations d'une semaine. Christopher A., par exemple, 23 ans, éducateur sportif, repéré par les policiers lors de surveillances à cause de ses Nike Air Max noires : "J'arrivais vers 18 heures, pour le début du deal, je montais dans les étages, je récupérais le sac avec le produit, les gants, la cagoule et le téléphone. Je vendais selon les ventes jusqu'à 20 h 30- 21 heures. Je redéposais tout le matériel, et je rentrais chez moi." Rémunération : entre 40 et 60 euros pour les trois heures de travail.
 
"Comment ça se passait quand (le vendeur) était poursuivi par les collègues ?", demandent les policiers à la mère de famille. "Oh ben, il arrivait essoufflé à la maison. Il recevait un coup de fil et, à mon avis, on lui demandait s'il était bien arrivé parce que je l'entendais répondre oui." Le vendeur attend dans l'appartement qu'on lui confirme que les policiers sont partis. Alors, il redescend dans les étages pour poursuivre ses ventes. La mère de famille, ou sa fille, lave la cagoule des dealers une fois par semaine. En seize mois, la "nourrice" estime avoir gagné un peu plus de 12 000 euros.
 
"J'ai joué, j'ai perdu"
 
Tous les soirs, au téléphone, les patrons font leurs comptes. Leurs messages sont à peine codés. De la "heub" (verlan de "beuh", qui signifie herbe). Des "trucs" ou des "keutru". Des "parts de gâteau", des "jeux". Une flopée de chiffres pour compter et recompter les stocks et les billets. Le chiffre d'affaires tourne souvent entre 1 000 et 1 500 euros en trois heures. Au téléphone, les chefs font aussi le point sur le nombre de clients. Les bonnes et les mauvaises journées, quand les "ienclis" sont un peu moins nombreux. Mais la place de la Boule est une bonne adresse, presque un label. C'est d'ailleurs ce qui avait convaincu Abdel Latif B., 28 ans, père d'un jeune enfant, sans emploi, de reprendre le trafic après avoir constaté qu'il n'était plus exploité sérieusement. "Je m'étais aperçu (que) le trafic n'était pas très structuré. C'était plus des vendeurs à la sauvette, et je suis allé voir Mustapha pour savoir s'il voulait m'épauler."
 
Les deux hommes structurent leur "business". "J'organisais un peu le truc. Je m'occupais du conditionnement, il m'arrivait de ramener de la marchandise. Je n'étais pas souvent sur le terrain, mais quand j'y étais, je mettais en place le trafic. Je m'assurais des recettes et du produit qui restaient", explique Mustapha, déjà condamné pour trafic de stupéfiants dans le quartier. "C'est un peu comme un commerce, il faut savoir quand il y a besoin de réapprovisionner", note Abdel Latif. Lui est chargé d'aller chercher la drogue dans un pavillon où une autre "nourrice" - un homme d'une quarantaine d'années - la conserve pour 150 euros par semaine. Les stocks venaient probablement d'une cité du "9-4", mais les policiers n'ont pu remonter la filière.
 
Pour les sans-grade du trafic, le business est à peine rentable. Quelques centaines d'euros grappillés pour un risque pénal énorme. Pour les cadres, l'activité est nettement plus intéressante mais n'en fait pas des millionnaires. En vingt-deux mois, Mustapha dépose 11 000 euros en liquide sur son compte bancaire. Sur cette période, il n'a quasiment pas effectué de retraits bancaires, signe qu'il a disposé de sommes importantes en liquide pour vivre. Abdel Latif assure ne pas s'être enrichi, même s'il a pu s'acheter une Audi A3 à 17 000 euros. A son domicile, les enquêteurs ont aussi saisi 21 000 euros en liquide. Face aux policiers qui lui demandent qui a fourni le stock de drogue, Abdel Latif se fait philosophe : "Ça, je ne peux pas vous le dire, je ne le vous dirai jamais, c'est ma mentalité, c'est comme ça. J'ai joué, j'ai perdu."
 
Epilogue
 
Sur les vingt et une personnes jugées, fin 2009, dix-neuf ont été reconnues coupables par le tribunal correctionnel de Nanterre. Abdel Latif B. a été condamné à quatre ans de prison. Son principal complice, Mustapha K., en fuite, a écopé de cinq ans de détention. La nourrice a été sanctionnée d'une peine de vingt-quatre mois avec sursis. Les guetteurs, jusqu'à deux ans ferme. Deux condamnés ont fait appel.
 
 
 
Par Luc Bronner
 
 
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Du zamal endogène ?
Par Invité,
Décidément, les Antillais sont partout. Eux ont compris ce qu'était le développement endogène. Essayez donc de trouver du rhum charrette dans les grandes surfaces en métropole ? Les rayons sont remplis de rhums made in Martinique (dont certains sont fabriqués par Bardinet, à Bordeaux). On n'arrive vraiment pas à exporter nos plus beaux fleurons...
 
Source: www.lepiratedelareunion.net

 
Mieux, dans un Leader price du sud de la Réunion, un lecteur a trouvé, à côté des traditionnelles "charrette", du rhum martiniquais, à tout de même 24 euros la bouteille, et même un rhum "AOC" de l'océan Indien. Sans plus de précision d'origine... A quand des paille-en-queue importés du Brésil, ou des goyaves de France ? Déjà que l'artisanat local est malgache...
Pourtant, il y aurait bien une solution pour booster l'économie de la Réunion, attirer des masses de touristes, et favoriser le développement endogène cher à notre président : légaliser un produit typiquement péi, inimitable, incomparable, le zamal.
Ce n'est pas une idée forbanesque en l'air. Aux Etats-unis, nous apprend Libération (16/01), "un référendum devrait être organisé en novembre pour légaliser le cannabis outre-Atlantique. Déjà autorisé dans plusieurs Etats à des fins thérapeutiques, ce business compenserait la chute des recettes fiscales".
 
"De la Californie à la côte Est, plusieurs décisions viennent de réactiver l’idée d’une légalisation dans ce pays où le «canna-business» fleurit malgré la sécheresse financière actuelle. Le New Jersey a ainsi légalisé, lundi, l’usage médical de l’herbe, qui devient, du même coup, une source de revenu fiscal. C’est le 14e Etat où l’on peut se procurer la substance sur prescription médicale. En tête de gondole, l’Etat d’Arnold Schwartzenegger, la Californie, où la culture de la marijuana est, semble-t-il, devenue la première filière agricole. Bien qu’illégale, sa production rapporterait 14 milliards de dollars (près de 10 milliards d’euros) par an", poursuit la journaliste Laureen Ortiz. Et de citer David Ferrell, auteur d’une enquête, parue cette semaine, dans le magazine culturel de référence LA Weekly :«Ici, comme dans de nombreux endroits en Amérique, le futur du cannabis est semé. La légalisation semble aussi inévitable aujourd’hui qu’elle était impensable une génération plus tôt». Au passage, on vous signale un hilarant épisode des Simpson sur le thème de la légalisation du cannabis "thérapeutique", dans lequel Homer se soigne à la marijuana...
Mieux que les emplois aidés, mieux que les grands travaux publics, avec à la clé la création de milliers d'emplois verts, la légalisation et la taxation du zamal générerait des millions de recettes pour les collectivités. Et puis question énergie propre, agriculture raisonnée, développement durable, y a pas mieux. Voilà une idée de développement endogène que ne peut pas renier Sarko "l'américain".
 
François Gillet
 
 
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La légalisation du cannabis soulève des questions
Par Invité,
D’un côté, l’État n’autorise qu’à la marge l’usage du cannabis thérapeutique. De l’autre, il s’acharne sur les consommateurs. Analyse de ces choix répressifs et contre-productifs.
 
Source: L'humanitéLe cannabis est la drogue la plus consommée en France aujourd’hui. Depuis plusieurs années, son usage se banalise à tel point que 41 % des Français affirment l’avoir déjà expérimentée. Pourtant, en France, la loi de 1970 en interdit toujours la vente, la détention et l’usage. Elle fait donc partie des cinq pays européens où fumer un joint peut envoyer en prison  : la peine peut aller jusqu’à cinq ans d’emprisonnement pour consommation et détention de cannabis.
 
Cette répression a un coût. Chaque année, ce sont 500 millions d’euros que la France dépense pour les 130 000 interpellations annuelles et contrer le demi-million d’usagers quotidiens. Paradoxalement, les jeunes Français consomment, selon une étude de santé publique datée de 2007, davantage que les Néerlandais chez lesquels le cannabis est légal. En effet, 12,2 % des 15-24 ans consomment cette drogue douce aux Pays-Bas, contre 19,8 % des jeunes en France.
 
Ces quelques constatations relancent le débat sur la légalisation du cannabis. Il a en effet été calculé que le chiffre d’affaires annuel des ventes illégales de cannabis, en France, atteint 832 millions d’euros. Ce gain possible d’argent pousse la Californie à réfléchir sur une légalisation afin de prélever des taxes sur sa distribution. Ce qui pourrait lui rapporter jusqu’à 20 milliards de dollars par an.
 
Il est vrai que l’usage du cannabis peut avoir plusieurs conséquences relativement graves sur la santé  : cancer du poumon, schizophrénie, dépression et baisse de la concentration. En revanche, son usage médical (connu depuis l’Antiquité et stoppé dans les années 1930) montre qu’il agit comme un excellent antidouleur, qu’il aide en cas de légère dépression, qu’il atténue nausées et vomissements, et soulage les effets indésirables des chimiothérapies. Une étude publiée dans The Lancet en 2003, montre qu’il aurait également plusieurs effets bénéfiques sur la sclérose en plaques. Aux États-Unis, 13 États ont déjà dépénalisé le cannabis et 10 autres le prescrivent pour ses vertus thérapeutiques.
 
Pourquoi alors ne pas légaliser un produit qui est médicalement moins dangereux que l’alcool et plus utile  ? Et dès lors, comment justifier le fait que l’alcool, drogue qui crée des dépendances physiques et psychologiques, demeure légal en France ?
 
 
Laurent Melou
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Egypte: Quand le haschisch devient phénomène culturel
Par Invité,
Fumer un joint n’est pas mal vu dans la société. La consommation ne cesse d’augmenter. Et la fumée bleue, qui réunit des Egyptiens de tous bords, abolit les clivages sociaux.
 
Source: Courrier International
Si la plupart des peuples préparent de bons plats, décorent leurs appartements et allument des bougies pour le nouvel an, nombre d’Egyptiens saisissent l’occasion pour se retrouver avec leur meilleur ami, le haschisch. Selon les statistiques de la commission des Affaires sanitaires du Parlement, la population a dépensé en 2008 des dizaines de millions d’euros pour cette drogue, estimation fondée sur les quantités saisies par la police. Or celles-ci ne représentaient qu’environ 10 % des quantités disponibles sur le marché. Au début de l’année 2009, le ministère de l’Intérieur a par ailleurs indiqué que la valeur des saisies de haschisch avait augmenté de 124 % en une année, ce qui veut dire que la consommation a probablement augmenté d’autant.
 
Les consommateurs ne sont pas considérés comme des drogués, mais comme de simples fumeurs. Car, dans la culture populaire égyptienne, le haschisch passe pour un “ingrédient complémentaire” du tabac. Par ail­leurs, les hommes en fument plus que les femmes, ce qui s’explique par la conviction largement partagée – et erronée – que le haschisch est un aphrodisiaque. Quand quelqu’un organise un mariage, il prévoit de la musique, prépare de bons plats… et se procure du haschisch. Ce qui, au demeurant, n’est pas difficile. Tout le monde sait où en trouver. Chacun connaît le marchand du quartier, et c’est rare que celui-ci se fasse dénoncer à la police. On ne l’appelle pas “trafiquant de drogue”, ce qui paraîtrait disproportionné à tout le monde, mais “dealer”. Personne ne s’étonne lorsqu’un jeune vous demande : “Où est-ce que je peux trouver le dealer du quartier ?” Quant au grossiste, il est appelé doulab [placard].
 
Les grosses sommes d’argent en jeu pourraient faire penser que beaucoup d’acheteurs sont des bandits ou des personnes à deux doigts de basculer dans la criminalité. Or il suffit de faire un tour chez des adeptes du pétard pour se rendre compte qu’il s’agit de fonctionnaires, de journalistes, d’ingénieurs… réunis dans un nuage de fumée bleue qui efface les clivages sociaux. Mais, si le haschisch occupe une place de choix parmi les drogues en Egypte, il n’a pas pour autant l’exclusivité. D’autres pratiques sont largement répandues, comme l’inhalation d’essence, de cirage de chaussures, de gaz de briquet ou encore de fumée de fourmis brûlées. Sans parler de la bissa, plus récente. C’est un mélange d’héroïne et de calmants dissous dans du jus de citron. [A propos d’héroïne], on peut rappeler l’énorme succès de ¼ Gram. Ce roman d’Issam Youssef raconte l’histoire d’un jeune homme qui de­vient toxicomane après avoir pris 250 milligram­mes d’héroïne avec des amis. Il dé­crit le monde de la drogue sans emphase. La première édition de son livre [sorti en 2008] a été épuisée en moins d’un mois. Les différentes drogues arrivent par vagues et suivent les modes. L’opium a la faveur des chauffeurs de poids lourds, l’essence, la colle et l’acétone – faciles à obtenir et peu onéreuses – sont consommées par les enfants de la rue, et les comprimés sont très répandus parmi les professions libérales. A la fin des années 1970, c’est la marijuana qui s’est fait sa place parmi les étudiants et dans les classes populaires. Son succès s’explique par son prix abordable et par la facilité avec laquelle on peut la cultiver. Quant aux journalistes, artistes et autres professionnels de la création, ils sont depuis des lustres adeptes du haschisch. Le plus célèbre d’entre eux a été Sayyid Darwish [1892-1923], chanteur et compositeur, qui a consacré un air aux “fumeurs” : “Le plus courageux des beys ou des pachas, du mal du haschisch, il n’en dira pas.” Dans une autre chanson, il se moque de la cocaïne, drogue arrivée avec les Anglais à l’époque coloniale.
 
Le cinéma illustre bien la place que le haschisch a conquise en Egypte. Dans les films des années 1970, on voyait souvent quelqu’un qui, dans un état hystérique, cherchait à se procurer sa dose. Aujourd’hui, la scène typique serait plutôt celle d’un monsieur tout à fait normal qui se la procure et la fume en compagnie de ses amis. Ainsi, selon des études officielles, 6 mil­­lions d’Egyptiens en consommeraient de manière régulière. Ils ont inventé toutes sortes de noms pour les différentes variétés. Certaines sont appelées “Saddam”, d’autres “Obama”, tout comme il y a eu du “F-16” pendant la deuxième Intifada [en septembre 2000]. “Nancy” et “Haïfa” [d’après le nom de deux chanteuses de va­riétés libanaises] sont particulièrement prestigieuses. D’un autre côté, le mot “haschisch” sert parfois de prénom. D’après les re­gistres officiels, il y aurait 168 Egyptiens qui le portent, 7 qui s’appellent Boudra [poudre], 3 qui ré­pondent au nom d’Opium et 2 à celui de Chamma [schnouff].
 
 
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Ils font pousser du cannabis chez eux et pourtant ils savent que c'est interdit
Par Invité,
C'est une petite maison nichée dans la campagne arrageoise. Un logement tout à fait normal occupé par un jeune de 26 ans inséré dans la société. Mais au détour d'un placard, une odeur particulière se dégage. Comme des milliers de personnes en France, Stéphane (1) est entré dans l'illégalité et cultive des pieds de cannabis chez lui.
 
Source: La voix du nord
https://www.cannaweed.com/upload/server8/03e40.jpg[/img]Stéphane a la main verte. Depuis plusieurs mois, le jeune homme cultive des pieds de cannabis chez lui, dans un placard spécialement aménagé pour ce type d'activité, prohibée en France et sévèrement réprimée (²). Sous des lampes à sodium et des ampoules de 600 watts, les graines ont poussé pour former une plante aux feuilles reconnaissables entre mille. Pas la feuille d'érable, rien à voir. Au-dessus d'un radiateur, une branche de cannabis sèche.
 
« Encore une semaine d'obscurité pour le pied et je pourrai récolter et faire sécher », observe l'herboriste en « herbe », les yeux rivés sur ses thermomètres et PHmètre, afin de jauger la température et l'hygrométrie (le taux d'humidité). Pour 300 E, Stéphane s'est équipé : lampes, ballast, terreau. Il a tout trouvé dans les magasins et autres boutiques de jardinage. Le responsable de l'une de ces enseignes nous a confié qu'une grosse partie de sa clientèle achetait ces lampes en « kits » pour cultiver, « et c'est rarement pour faire pousser des tomates ».
 
Outre le matériel, Stéphane a aussi commandé les graines, forcément. Acquises 50 à 60 euros le lot de dix. « Je les ai achetées sur Internet : trois jours après, elles arrivaient dans ma boîte aux lettres, dans une enveloppe banale », détaille cet Arrageois titulaire d'un CDI, vies sociale et professionnelle très stables.
 
 
Certains trafiquent... et sont condamnés
 
Comme des milliers de personnes en France, Stéphane fait pousser du cannabis chez lui. Uniquement pour sa consommation personnelle, là où d'autres en font une activité lucrative, sanctionnée par le tribunal. À raison de 10 E le gramme, on voit pourquoi certains se lancent, hélas... La semaine dernière, un Avionnais a été condamné pour trafic de cannabis. Il cultivait une trentaine de pieds dans sa cave, loin de ce que Stéphane produit. « Je fais au mieux trois récoltes par an, soit 100 g maxi, assure-t-il. C'est juste pour mon plaisir, pour fumer un joint le soir, en rentrant du travail ».
Stéphane a choisi de faire pousser chez lui le cannabis pour plusieurs raisons. D'abord, les allers-retours aux Pays-Bas coûtent cher, et le trajet est risqué à la frontière belge. Deux pays où la possession de cannabis est réglementée, et la vente très encadrée (aux Pays-Bas). Ensuite, « l'herbe achetée sur le marché noir en France est souvent coupée avec n'importe quoi, du sable parfois, pour alourdir et faire payer plus cher. C'est dangereux, il n'y a aucun contrôle et c'est cher ».
 
 
L'abus dangereux
 
Sur la question de la légalisation du cannabis en France, reprise du bout des lèvres par quelques partis politiques à la marge et les Verts, ce cultivateur à domicile a son avis : « Un type qui boit un verre de vin par jour, on ne dit pas que c'est un alcoolique je ne comprends pas pourquoi un gars qui fume de temps en temps un joint devrait être vu comme un drogué. Ce qui est dangereux, c'est l'abus. Il faut être raisonnable. De toute façon, il a été prouvé scientifiquement qu'il n'y a pas de dépendance physique au cannabis ». Certes, mais la dépendance psychologique a été établie, tout comme la baisse de motivation, surtout chez les jeunes et les ados.
Et Stéphane de rappeler que la France est le pays européen où l'on fume le plus de joints : « La politique répressive y est pour quelque chose, je pense. Aux Pays-Bas, l'herbe est tolérée, contrôlée cet état prélève une taxe et ça crée des emplois. Et il n'y a pas eu d'explosion de la toxicomanie ». Alors il va continuer sa petite activité. À l'insu des autorités, qu'ils sont si nombreux à défier.
 
 
1 prénom d'emprunt
 
² La détention de stupéfiants est punie de dix ans de prison et 7 500 000 E d'amende (article 222-37 du Code pénal). Pour la production illicite de stupéfiants, c'est vingt ans. Des peines maximales, bien sûr, selon le casier.
 
 
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 Etats-Unis : la relance par le hasch ?
Par Invité,
Un référendum devrait être organisé en novembre pour légaliser le cannabis outre-Atlantique. Déjà autorisé dans plusieurs Etats à des fins thérapeutiques, ce business compenserait la chute des recettes fiscales.
 
Source: Libération
Et si, aux Etats-Unis, 2010 était l’année du cannabis ? De la Californie à la côte Est, plusieurs décisions viennent de réactiver l’idée d’une légalisation dans ce pays où le «canna-business» fleurit malgré la sécheresse financière actuelle. Le New Jersey a ainsi légalisé, lundi, l’usage médical de l’herbe, qui devient, du même coup, une source de revenu fiscal. C’est le 14e Etat (voir carte) où l’on peut se procurer la substance sur prescription médicale. En tête de gondole, l’Etat d’Arnold Schwartzenegger, la Californie, où la culture de la marijuana est, semble-t-il, devenue la première filière agricole. Bien qu’illégale, sa production rapporterait 14 milliards de dollars (près de 10 milliards d’euros) par an.
 
Afin d’éviter de devenir un eldorado pour dealers, le New Jersey s’est attaché à rester strict et à ne pas copier la Californie, où «la situation est hors de contrôle», selon le gouverneur du New Jersey, Chris Christie. Malgré tout, le phénomène s’amplifie et prouve qu’en pleine récession l’idée de la légalisation - soutenue par les économistes les plus libéraux et, paradoxalement, plutôt populaires dans des bastions démocrates - avance plus vite. Avec le Golden State pour locomotive, Etat le plus peuplé et le plus riche, mais à la recherche de la moindre rentrée d’argent pour remédier à la fonte de ses recettes fiscales. Cette année, il pourrait être le premier à légaliser à 100% ce nouvel or vert.
 
Feu vert. Les pro-légalisations ont annoncé avoir récolté assez de signatures pour soumettre la question à référendum en novembre, lors des élections générales où les Californiens éliront le successeur de Schwarzenegger au poste de gouverneur. «C’était tellement facile de les avoir, les gens étaient impatients de signer», a raconté Richard Lee, propriétaire du Coffee shop Blue Sky, à Oakland, dans la banlieue de San Francisco, et de l’«université Oaksterdam», qui délivre un enseignement consacré à la plante. La loi proposée par cette «initiative populaire» permettrait à quiconque âgé d’au moins 21 ans de posséder 28 grammes. Les autorités, elles, auraient ainsi la possibilité de taxer la production et la vente du cannabis.
 

 
Le oui a-t-il vraiment ses chances ? Certes, un sondage a montré que 56% des Californiens étaient pour, mais comme le note Steve Smith, un conseiller politique habitué des campagnes, il suffit d’un bon argument dans le camp adverse pour perdre rapidement des points. Or, la marge n’est pas grande. Si le non l’emporte, le plan B est déjà prêt : une proposition de loi (le Marijuana Control, Regulation and Education Act), introduite en 2009 par Tom Ammiano, député démocrate de San Francisco. Ce projet qui «encourage le gouvernement fédéral à revoir sa politique concernant la marijuana» vient d’obtenir le feu vert du comité de sécurité publique de l’Assemblée californienne. Une étape essentielle même si, en raison de complications procédurales, il faudra encore attendre pour la voir votée. En tout cas, l’auteur promet qu’elle fera rentrer 1,3 milliard de dollars par an dans les caisses de l’Etat. Un argument choc à l’heure où Schwarzenegger, victime collatérale de la crise avec un déficit de 20 milliards, se heurte à Washington, à qui il réclame 6,9 milliards.
 
«Governator» compte d’ailleurs se rendre dans la capitale américaine, la semaine prochaine, pour plaider sa cause. D’ores et déjà, Schwartzenegger a changé d’avis sur la question du cannabis : s’il était «de tout temps opposé à la légalisation des drogues», au moment où la loi Ammiano a été proposée, il s’est ensuite déclaré «ouvert au débat». Mais il n’est que la partie immergée de l’iceberg.
 
Brèche. Le cannabis est devenu «politiquement correct», car économiquement attractif. Partout, la récession a dévasté les deniers publics californiens. La chute de la consommation et des bénéfices a amputé les programmes sociaux. Impuissants, certains élus se sont donc tournés vers cette nouvelle manne. Oakland, confronté à un déficit de 83 millions, a créé, cet été, une taxe de 1,8% sur les ventes de cannabis, qui flirtent avec les 20 millions par an pour l’ensemble des quatre dispensaires de la ville. Los Angeles, San Francisco et Berkeley sont en train de préparer leur propre loi. Si le but est aussi de contrecarrer l’économie souterraine, qui prospère dans la brèche ouverte par le cannabis médical, la crise a légitimé ces pratiques fiscales. «Ici, comme dans de nombreux endroits en Amérique, le futur du cannabis est semé - et il est prometteur, prédit David Ferrell, auteur d’une enquête, parue cette semaine, dans le magazine culturel de référence LA Weekly. La légalisation semble aussi inévitable aujourd’hui qu’elle était impensable une génération plus tôt.»
 
 
Par laureen ortiz Correspondante à Los Angeles
 
 
 
 
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► Fumer, ça s’apprend
► Bientôt un référendum sur la légalisation du cannabis en californie
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Coffee shops : la carte d’accès obligatoire reportée
Par Invité,
L’introduction, prévue le 1er janvier, d’une carte d’accès obligatoire pour les acheteurs de cannabis dans des coffee shops à la frontière néerlando-belge a été reportée sine die, a indiqué ce lundi la mairie de Maastricht.
 
Source: lesoir.be

 
« Nous devons d’abord bien finaliser la préparation (du projet) avant de pouvoir le mettre en application », a déclaré à l’AFP Petro Hermans, responsable du projet à la mairie de Maastricht, dans la province du Limbourg. « Nous étudions la faisabilité juridique du projet », a-t-il expliqué en soulignant que « la date du 1er janvier était trop juste ».
 
Un rapport d’experts de l’université de Tilburg sur la faisabilité du projet pilote, soutenu par le gouvernement, doit être remis vers la mi-janvier aux maires des huit communes du Limbourg concernées. « Nous verrons ensuite comment continuer », a souligné M. Hermans, en disant toutefois que les communes étaient « pressées » de mettre la carte d’accès en place.
 
Les maires des huit communes avaient annoncé en mai que la trentaine de coffee shops situés sur leur territoire deviendraient au 1er janvier 2010 des « établissements fermés », accessibles seulement avec une carte de membre, afin de réduire les nuisances liées au tourisme de la drogue.
 
Quatre millions d’étrangers, principalement des Belges, des Français et des Allemands, se rendent chaque année dans cette province des Pays-Bas pour acheter du cannabis. La limitation de la vente de cannabis dans les coffee shops à 3 grammes par personne et par jour, au lieu de cinq actuellement, qui est prévue dans le projet pilote, est également reportée.
 
 
 
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► Les Pays-Bas veulent réserver le cannabis aux Hollandais
► Le plus gros coffee shop des Pays-Bas est au cœur d'un procès
► Coffee shops fermés à la frontière belge
► Le premier "coffee shop" des Etats-Unis
 
 
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Tests salivaires non-fiables
Par Invité,
Fumer ou conduire, il faut choisir. Les fumeurs de joints n'ont donc qu'à bien se conduire car la police et la gendarmerie veuillent au grain sur les routes de France. Peut-être même un peu trop.
 
Source: Rue 89

 
Le magazine Auto-Plus repris ce matin par Europe 1 démontre, chiffres à l'appui, que les tests salivaires anti-drogues Rapid Stat, effectués sur près de 100 000 personnes à ce jour, ne sont en réalité pas fiables. Selon les chiffres de la gendarmerie, 12 à 15% des personnes ont été contrôlées positives alors qu'elles n'avaient consommé aucune drogue.
 
Elles se sont vues confisquer leur voiture et leur permis trois à cinq jours en attendant les résultats du test sanguin, seul moyen d'évaluer la quantité de drogues dans l'organisme. En cause : la mauvaise lecture par les forces de l'ordre de la barrette révélatrice.
 
Une opération lancée dans la précipitation
 
Le 31 août 2008 Michelle Alliot-Marie annonçait en grande pompe à Antibes que 52 000 tests anti-drogues allaient être distribués. A l'époque elle vantait leur qualité :
 
« Je crois qu'il s'agit là de tests particulièrement efficaces. Ils permettent de rechercher des traces de cocaïne, héroïne, cannabis, amphétamines et ecstasy. Si un trait horizontal rouge se dessine en face d'un des types de drogue recherchés, le contrôle est négatif. Si la surface reste blanche, le contrôle est positif : il y a eu consommation de drogues. »
 
Visiblement, l'ancienne ministre de l'Intérieur s'est quelque peu avancée. Mais il fallait aller vite. Marquer les esprits. Lors de son élection, Nicolas Sarkozy avait fait de la baisse du nombre de morts sur la route son cheval de bataille.
 
Des tests qu'on savait peu fiables et chers
 
Mais le manque de fiabilité de ces tests avait été démontré avant l'opération. Patrick Mura, président de la Commission des conduites addictives au Centre hospitalier des universités de Poitiers, expliquait au Post :
 
« C'est encore trop tôt, il faudrait que ces tests soient deux à trois fois plus sensibles. »
 
Par ailleurs, ces tests ratés coûtent cher à l'Etat. Le budget de cette opération est estimé à 4 millions d'euros sur trois ans.
 
L'augmentation du nombre de morts sur la route et des condamnations
 
Comme preuve du bien fondé de cette mesure, Michelle Alliot-Marie utilisait l'étude de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies de 2005. Elle criait haut et fort que le cannabis (principal visé) augmente de 1,8% le risque d'accident de la route et qu'il est impliqué dans 230 accidents mortels.
 
Ces tests devaient donc diminuer le nombre de morts sur la route. Mais après sept ans de baisse, le nombre de mort sur les routes est en augmentation de 3% si l'on compare le mois de novembre 2008 (333 morts) et de novembre 2009 (343 morts). En novembre dernier le gouvernement annonçait :
 
« Depuis le début de l'année, 3 967 personnes ont trouvé la mort, soit 54 personnes de plus qu'au cours des onze premiers mois de l'année 2008. »
 
Dans le même temps les chiffres des condamnations pour conduite sous l'emprise de stupéfiants ont bondi. Selon le JDD, elles sont passées de 6 589 en 2008 à 15 521 pour les dix premiers mois de 2009.
 
Si vous ne faites pas confiance aux tests anti-drogues du gouvernement, vous pouvez toujours vous en procurer un vous même sur Internet pour la modique somme de 16 euros. Car en cas de refus de se soumettre à un test salivaire, la sanction est la même que pour conduite après usage de stupéfiant, deux ans de prison et 4 500 euros d'amende.
 
 
Par Anna Benjamin
 
 
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Le diable s'en va, place au débat !
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S'il est des sujets sur lesquels les passions se déchaînent et les opinions se veulent nécessairement orientés, la question du Cannabis en fait assurément partie. En somme, a-t-on déjà assisté à un discours objectif, mettant à la fois en avant les vertus de cette plante ante diluvienne, avertissant des dangers pouvant résulter de sa consommation et proposant une approche sociétalo-politico-juridique prenant en compte l’ensemble de ces facteurs ? Diantre non ! la partisanerie est maîtresse d’oeuvre dans cet imbroglio de considérations morales et de fantasmes libertaires d’un pathos affligeant.
 
Source: Le monde
Observons. Comparons. Quelle est la législation en vigueur dans notre pays contre cette "drogue douce" ? Article L 3421-1 du code de la santé publique : "l'usage illicite de l'une des substances ou plantes classées comme stupéfiants est puni d'un an d'emprisonnement et de 3750 euros d'amende".
 
Voyons voir ce qu'il en est chez nos voisins européens. Allemagne : simple usage non pénalisé, la possession est une infraction; Espagne : tolérance de la consommation dans une sphère privée; Pays-Bas : consommation réglementée, dans les "coffee shops"; Belgique : simple procès verbal pour possession inférieure à trois grammes; USA : La législation varie selon les États. Ainsi, le Nevada punie la possession de 20 ans de réclusion. La Californie n'inflige qu'une contravention à celui, non récidiviste, qui ne possède pas plus d’un once (28,35 grammes). Le représentant Californien Tom Ammiano a déposé une proposition de loi visant à la légalisation strictement réglementée et à la taxation du Cannabis. Alléché par une rentrée fiscale qui dépasserait le milliard, Governator s’est dit "personnellement opposé" mais ouvert au débat. Constatons, pour écarter tout délit de mauvaise foi, que les californiens sont traditionnellement plus portés sur la fumette que les Français.
 
Mais au delà de l’identité culturelle, les faits nous parlent. La France est, parmi les pays de l'UE, celui qui détient à la fois le plus grand nombre de consommateur (en proportion) et la législation la plus draconienne. Quel décalage ! Comment les débats politique et législatif peuvent-ils être à ce point éloignés de la réalité sociale ?
 
Policiers et juges l’ont bien compris, eux qui n’arrêteront ou ne condamneront pas quelqu’un pour la possession d’une faible quantité. Tout le monde fait semblant, le satisfecit de l’électorat réactionnaire est au beau fixe, les bobos planent et les dealers prospèrent. Force est de constater, en effet, que la politique répressive en vigueur depuis des décennies n’a en rien enrayé le phénomène. "Tout le monde" s’improvise dealer, les moins prudents pourrissent à l’ombre par milliers, et les jeunes fument à s’en faire éclater l’hypophyse.
 
 
Et alors, qu’attendent donc les politiques pour se pencher sur la question ? La réglementation, inévitable à long terme, n’est pas à l’ordre du jour. Le premier pas serait de sortir de ce mutisme, de lever les tabous et de s’exprimer sans langue de bois sur cette substance, dont évidemment seule le dérivé ayant des effets psychotropes est l’objet de cette chronique. La société évolue, la jurisprudence évolue, les esprits évoluent, le discours politique est figé ! Pourquoi une telle chape de plomb ?
 
La faute au Marihuana tax act de 1937 qui faisait partie du package livré avec le plan Marshall. En outre, une convention de 1988 commande de réprimer similairement drogues dures et cannabis.
 
La faute à l’obscurantisme. L'information et la prévention adoptent un langage propagandiste, et ceci est tout aussi vrai pour les partisans. Mais la liste des risques liés au cannabis dramatise à souhait. Qu’il soit mauvais pour la santé, personne ne le nie. Qu’il ait des effets psychotropes, c’est une évidence. Qu’il "ralentisse", "démotive", c'est une vérité ô combien unanime. Paranoïa ? schyzophrénie ? Ces termes sont utilisés à tout va pour prévenir des dangers du cannabis, et il est sordide et regrettable de généraliser le marginal. Passerelle vers les drogues dures ? même enseigne. J’ose affirmer que l’alcool a plus de chance de conduire à la cocaïne ou à l’extasy. Peut-on faire une overdose de cannabis ? négatif. Existe t-il une addiction physique ? Non plus ! Mon discours va peut être semblé rébarbatif à certains coutumiers des chantres de la légalisation, mais l’alcool est bien plus dévastateur que le cannabis. Plus addictif, ivresse plus puissante, et, fait non négligeable, grand stimulateur de violences en tout genre.
 
Est-il utopique d’envisager l’ouverture de débats dans lesquels verseraient tous les représentants de la société civile ? Urgence est de cesser de diaboliser ce désormais produit de consommation courante, car cela engendre soit le rejet en bloc et la condamnation ferme de tout ce qui touche au cannabis, soit la réaction inverse de défiance visant à accueillir avec bienveillance une substance qui, somme toute, n’est pas à mettre en toutes les mains et doit être consommée avec modération.
 
 
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Il plante du cannabis et paye l'ISF
Par Invité,
Le quinquagénaire cultive 29 plants à Carlucet. Uniquement pour sa consommation.
Le personnage ne colle pas avec le profil habituel du consommateur de cannabis. Hier, à la barre du tribunal correctionnel de Cahors, Pierre, quinquagénaire grisonnant en anorak marron, comparaissait pour détention de stupéfiants.
 
Source: ladepeche.fr
Il est musicien, habite Carlucet… et s'acquitte de l'Impôt sur la fortune (ISF). Le 27 août dernier, un repérage en hélicoptère par la gendarmerie mettait au jour la présence de 29 plants de cannabis sur sa propriété.
 
Pierre l'avoue sans difficulté : il fume depuis trente ans. Et depuis 1992, neuf condamnations garnissent son casier judiciaire, presque toutes pour détention de cannabis. Jamais pour trafic. « Ce n'est pas dans ses principes », justifie son avocat, Me Caballero.
 
« 29 plants, ça fait beaucoup », s'étonne la présidente du tribunal, Mme Six, décidée à donner un caractère pédagogique à l'audience d'hier, à laquelle de nombreux scolaires assistaient. « Je préfère produire moi-même, pour éviter le milieu malsain des trafiquants, affirme le prévenu. Je ne fume que les petites fleurs au bout des pieds. Je suis obligé d'en planter une trentaine, pour être sûr d'en avoir deux ou trois à la fin : je me fais voler le reste ! »
 
L'argumentaire de son avocat, spécialisé en la matière et auteur du « Droit de la drogue », est simple : Pierre ne cause pas de danger à autrui. Ce n'est pas un trafiquant, c'est un militant. « Il reste chez lui, tranquille, à fumer avec ses potes, résume Me Caballero. La peine prévue par la loi, en récidive, est disproportionnée par rapport à sa dangerosité. »
 
Le tableau est trop idyllique pour le procureur Eric Seguin. « Vous êtes un ''archéo-prévenu'', de cette génération qui doit passer et qui passera, mais qui a participé à la génération d'après : une génération sacrifiée qui fume dix joints par jour. C'est un cancer social, où on se détruit peu à peu. »
 
Selon Eric Seguin, politiques, médecins et intellectuels sont de moins en moins réceptifs au discours défendant un cannabis « récréatif ». Le procureur a requis 2 000 € de jours amende, avant de conclure, presque blasé : « Continuez à planter vos quelques pieds dans votre coin de façon un peu lamentable. Vous êtes un des derniers survivants d'une cause perdue. »
 
Pas sûr que le fumeur militant abandonne ses plantations pour autant. Le dossier a été mis en délibéré au 14 janvier.
 
 
 
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Dans cette école, c'est marijuana dans toutes les classes
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Dans la plupart des universités, la marijuana est plutôt une activité périscolaire. Mais à Med Grow Cannabis College, le Cannabis est le programme d'études : l'histoire, l'horticulture et le manuel légal du nouveau programme de marijuana médical du Michigan.
 
Source: The New York Times
"Cet état a besoin d'emplois et nous pensons que la marijuana médicale peut stimuler l'économie d'état avec des centaines d'emplois et des millions de dollars," a dit Nick Tennant, le fondateur à 24 ans de l'école, qui est en réellement une activité florissante opérant depuis quelques pièces dans une banlieue de Detroit.
 
Le manuel pour six semaines, à 485 $ sur la marijuana médicale est un croisement entre une formation agricole couvrant le cycle de culture, les substances nutritives et des besoins en lumière ("c'est le moment de la récolte quand la moitié des trichomes sont devenus ambrés et l'autre moitié est laiteuse") et une rassemblement de fumeurs sérieux, partageant les histoires de leurs meilleurs montées ("Fumez cela et vous serez ... soignés").
 
La seule lecture exigée : "Marijuana Horticulture: The Indoor/Outdoor Medical Grower’s Bible" par Jorge Cervantes.
 

 
Bien que cultiver la marijuana médicale soit légale conformément à la nouvelle loi du Michigan, il y a assez de nervosité sur le sujet pour que la plupart des étudiants de cette nouvelle promotion n'aient pas voulu voir leurs noms ou photographies utilisées. Un instructeur a aussi demandé à ne pas être identifié.
 
"Ma femme travaille pour le gouvernement," a dit un étudiant, "et j'ai dit à ma belle-mère que j'allais à une formation sur les petite entreprise."
Tandis que le programme de marijuana médical de la Californie, le plus vieux du pays, est maintenant une grande entreprise, avec des centaines de policliniques à Los Angeles seul, le programme du Michigan, qui a commencé en avril, est plus représentatif de ce qui se passe dans d'autres états qui ont légalisé la marijuana médicale.
 
Conformément à la loi du Michigan, des patients dont les docteurs certifient leur besoin médical de la marijuana peut faire pousser jusqu'à 12 plantes de cannabis eux-mêmes ou nommer une personne qui cultivera les plantes et lui vendra le produit. Toute personne de plus de 21 ans sans condamnations en relation avec la drogue peut être un cultivateur pour jusqu'à cinq patients. Jusqu'ici, le Département de Santé Communautaire a enregistré environ 5,800 patients et 2,400 producteurs soignants.
 
Pour M. Tennant, qui est certifié tant comme "cultivateur soignant" que patient se plaignant de problèmes d'estomac et d'anxiété - Med Grow remplace l'activité de détaillant qu'il a commencé directement après l'université, seulement la voir s'effondrer quand l'économie s'est contractée. Med Grow a commencé ses cours en septembre, avec de nouvelles classes ouvrant chaque mois.
 

 
Dernièrement un mardi, deux enseignants ont mené une classe de quatre heures, commençant avec Todd Alton, un botaniste qui n'a fourni aucun échantillon de dégustation pendant qu'il présentait aux étudiants une liste de recettes de cuisine au cannabis, y compris le biscuit au pot, le beurre de cannabis, la canna-ganache au chocolat et les greenies (brownies au cannabis).
 
Le deuxième instructeur, qui ne donnera pas son nom, a continué la classe par le cycle de croissance, la récolte et les techniques de "curing" pour améliorer le potentiel gustatif de la marijuana.
 
M. Tennant a dit qu'il voyait l'école comme le centre d'une plus grande activité qui vendra des fournitures à ses cultivateurs de marijuana médicale diplômés, offrira des ateliers et un site internet avec des références pour le patient et pour cultivateurs-soignants. Déjà, Med Grow est un endroit qui rassemble ceux qui sont intéressés par la marijuana médicale. Le tableau blanc de l'acceuil affiche des noms et numéros de téléphone de plusieurs patients cherchant des cultivateurs-soignant et de cultivateurs-soignants à la recherche de patients.
 
Les étudiants sont divers : blanc et noir, certains dans leurs 20ième années, certains beaucoup plus vieux, certains employés, certains non. Certains, assidus, gardent leur plans en croissance près du corps.
 
"Je viens de dire à deux ou trois personnes en qui je peux avoir confiance," -a dit Jeffery Butler, 27ans- "C'est une opportunité, mais quelques personnes vont toujours vous regarder de travers. Mais je vais le faire de toute façon."
 
Scott Austin, un étudiant de 41 ans au chômage, a dit que lui et deux associés planifiaient de se mettre à la marijuana médicale ensemble.
 
"Je n'ai jamais fumé de marijuana dans ma vie," a-t-il dit. "J'en ai entendu parler à une expo il y a deux ou trois mois."
Parce que le programme du Michigan est si nouveau, un secteur dans la zone grise de la loi qui n'a pas été évalué, suscitant un interêt réel pour quelques étudiants. Par exemple, il n'est pas légal de commencer à faire pousser du cannabis avant d'être officiellement nommé par un patient certifié, mais les patients qui sont malades, certifiés et prêts acheter de la marijuana ne veulent pas généralement attendre pendant les mois de culture jusqu'à ce qu'une récolte soit prête. Pour l'instant, débuter dans les affaires est une sorte de paradoxe.
 
Les étudiants disent qu'ils obtiennent toutes sortes d'aide supplémentaire et des idées en allant classe.
 
"Je veux apprendre tous les petits tours, tout ce que je peux," a dit Sue Maxwell, un étudiant qui conduit quatre heures chaque semaine de chez lui jusqu'au nord de Detroit. "C'est un grand investissement et je veux le faire bien."
Mme Maxwell, qui travaille dans une boulangerie, est déjà une cultivatrice soignante - au sens propre - auprès de quelques personnes agées pour qui elle pense que la marijuana médicale pourrait être un avantage réel.
 
"Je prépare leurs repas et j'aide pour le ménage," -a dit Mme Maxwell- "J'ai une dame de 85 ans qui n'a aucun appétit. Je ne sais pas si elle s'intéresse à la marijuana médicale, mais je parie que cela l'aiderait."
Mme Maxwell a dit que son projet de cultiver la marijuana était murissait lentement.
 
"Nous en parlions à la boulangerie tout l'été," a-t-elle dit. "J'ai dit en plaisantant : ' je vais cultiver la marijuana médicale. Je suis une jardinière, je rêvais depuis toujours d'avoir une serre, je pense que ce serait géant. Et ensuite j'ai soudainement pensé, "hé, je vais réellement faire pousser de la marijuana médicinale"
 
Par TAMAR LEWIN
Traduis par Mrpolo@Cannaweed
 
 
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L’herbe affole l’Amérique
Par Invité,
Les découvertes de plantations de marijuana explosent au Texas : l’effet d’une relocalisation des cultures du Mexique aux Etats-Unis.
 
Source: LibérationAu bout d’une route de caillasses, une propriété qui semble parfaitement ordinaire : des barbelés, une grille en fer et un panneau «No trespassing» («défense d’entrer»). Au-delà, des arbres et des herbes folles, rien qui donne l’envie d’y pénétrer. Le terrain est à moins de 12 kilomètres de la ville voisine de Corsicana, chef-lieu du comté de Navarro, au Texas, et à 100 kilomètres, à peine, au sud de la grande ville de Dallas. C’est là, derrière les herbes folles, que les policiers ont découvert cet été la plus grande plantation clandestine de cannabis du comté : 8 600 pieds de chanvre. Une récolte potentielle de 8,6 millions de dollars (5,7 millions d’euros), estime le commissaire Tanner, chef de la brigade antidrogue locale, qui montre le site.
 
La marijuana fumée à New York ou à Los Angeles n’a plus besoin d’être importée clandestinement du Mexique. L’herbe magique est de plus en plus souvent cultivée aux Etats-Unis, en plein air, parfois à quelques kilomètres seulement des villes ou des attractions touristiques. Avec le renforcement des contrôles à la frontière mexicaine, les producteurs de cannabis tendent à «relocaliser» leurs cultures aux Etats-Unis. «Ils ont fait ce que toute activité commerciale en plein essor ferait : se rapprocher de leurs consommateurs», traduisait récemment le Wall Street Journal en langage économique.
 
Longtemps concentrées dans quelques Etats seulement, sur la côte Ouest (Californie, Oregon et Washington), à Hawaï et au centre-est (le couloir Virginie occidentale, Kentucky, Tennessee), les cultures de cannabis se sont répandues dans pratiquement tout le pays. Même si ces sept Etats restent les plus gros producteurs. En 2008, les policiers ont découvert et arraché un record de 8 millions de pieds de cannabis, contre 3,2 millions de pieds en 2004. Et 94 % des plants découverts l’an dernier étaient cultivés à l’air libre, indique le dernier rapport du National Drug Intelligence Center (NDIC), l’agence fédérale qui centralise les informations sur les drogues.
 
23 000 pieds, 23 millions de dollars
 
Les plantations américaines sont particulièrement rentables, déplore la police. Le cannabis y est généralement de «bien meilleure qualité» que celui cultivé au Mexique. En 2008, la teneur moyenne des plants en THC (tétrahydrocannabinol, la molécule psychotrope du cannabis), était de près de 10,1 %, contre 3,7 % pour les plants saisis en 1988. Une grande exploitation, dispersée sur une douzaine de champs (pour prévenir les risques de saisie globale) de 10 000 pieds chacun, nécessite un investissement de départ de moins de 500 000 dollars, calculent les spécialistes américains. Pour le prix d’un petit appartement à Paris, la recette peut atteindre les 120 millions de dollars, en une seule saison. Vu leurs marges, les planteurs n’ont même pas trop à s’inquiéter des descentes de police : il suffit qu’un champ sur douze soit récolté pour que l’affaire soit encore profitable.
 
Dans le seul comté de Navarro, au Texas, le commissaire Tanner et ses hommes ont découvert cette année 23 000 pieds de marijuana, soit une recette potentielle de 23 millions de dollars. «On estime qu’un bon pied de marijuana peut produire une livre de haschich, qui se vend environ 1 000 dollars actuellement aux Etats-Unis», explique un adjoint du commissaire. En vingt et un ans de service à Navarro, le commissaire Tanner n’avait jamais fait une telle récolte : «Jusqu’à présent, nous n’avions jamais saisi plus de 200 ou 300 pieds de cannabis par an.»
 
Le plus grand champ découvert cette année dans le comté de Navarro était à moins de 12 kilomètres des bureaux du shérif. Quelques maisons sont même toutes proches de la grille d’accès au terrain. Mais les cultivateurs étaient suffisamment discrets pour que les voisins n’aient pas trop de soupçons. «Au printemps dernier, j’ai bien vu une douzaine de Mexicains arriver, raconte George Wise, voisin immédiat de la ferme clandestine. Ils ont installé la clôture barbelée tout autour de leur terrain et m’ont dit qu’ils voulaient mettre du bétail. Je n’y ai pas trop cru car les piquets n’étaient pas bien solides. Ils n’auraient pas résisté au bétail. Mais bon, c’était leur affaire, on n’y faisait pas vraiment attention.» Les week-ends, ce voisin voyait parfois «cinq ou dix Mexicains» venir travailler sur la propriété, mais là encore, il ne voulait pas s’en mêler, assure-t-il : «Je pensais que c’étaient des illégaux. De toute façon, il y en a partout et personnellement, cela ne me dérange pas.»
 
Dans ce recoin du Texas, les terres ne sont pas chères et toutes sortes de gens de passage, en panne de fortune, viennent garer leur mobile-home quelque temps, raconte un autre voisin. Certains ont pris l’habitude d’emprunter des outils ou objets qui disparaissent ensuite un beau jour avec eux. Tant et si bien que chacun préfère maintenant se tenir à distance des nouveaux venus, explique ce voisin.
 
La police de Corsicana a tout de même été alertée par un coup de fil - d’un habitant des environs, sans doute - passé sur le numéro spécial de délation du crime, qui permet de faire des dénonciations totalement anonymes et de gagner une récompense de 1 000 dollars si l’information permet une arrestation. «Avant de pouvoir inspecter une propriété privée, nous devons toutefois avoir un mandat de perquisition, et donc un soupçon étayé, explique le commissaire Tanner. Pour cela, nous avons dû d’abord survoler la propriété en hélicoptère. Là, nous avons bien repéré les plants de cannabis. Mais quand nous sommes arrivés le lendemain avec notre mandat de perquisition, les cultivateurs s’étaient enfuis, alertés par les rondes de l’appareil.» Sur les films de la police (1) tournés à bord de l’hélicoptère, on distingue bien les petits buissons de chanvre dès que la camera zoome. Sans le zoom, on ne voit rien, même d’avion : les plants sont cachés par les arbres.
 
Quand ils arrivent sur le terrain, les hommes du commissaire Tanner découvrent généralement des traces encore toutes fraîches de camping : des tentes, des réchauds à gaz, des casseroles de haricots ou des bouteilles de sauces épicées, qui trahissent l’origine sud-américaine des agriculteurs. Souvent, les policiers américains tombent aussi sur toute une infrastructure agricole : des pompes et des tuyaux pour irriguer les cultures, des engrais et des herbicides. «Généralement, nous trouvons des armes, mais c’est sans doute pour se protéger des animaux sauvages», expliquent les policiers du comté de Navarro.
 
L’ombre des «gangs» mexicains
 
La plupart du temps, les cultivateurs réussissent à s’enfuir avant l’arrivée des forces de l’ordre. Dans le comté de Navarro, quelques-uns ont tout de même été arrêtés cette année. Ce sont des immigrés clandestins d’Amérique latine installés depuis quelque temps déjà aux Etats-Unis. Les policiers eux-mêmes semblent avoir plutôt pitié d’eux : «Ils restent des mois à camper dans les sous-bois sans électricité pour ne pas attirer l’attention. Ils se font dévorer par les moustiques», souligne un agent. Les enquêtes en cours pour retrouver les «patrons» suggèrent qu’au moins quatre champs découverts dans ce comté et celui, voisin, d’Ellis étaient «gérés» par un même groupe criminel. Qui n’est pas forcément mexicain, souligne le commissaire Tanner : «Il n’y a pas de preuves que ces plantations soient liées aux cartels mexicains de la drogue. Nous avons là une production nationale de marijuana, cultivée et distribuée aux Etats-Unis.»
 
Dans d’autres Etats américains, en revanche, les autorités soupçonnent les cartels mexicains d’être derrière ces plantations. Le cannabis est la drogue qui a fait leur fortune. Les autorités estiment à 9 milliards de dollars les revenus que ces cartels tirent chaque année du commerce de la marijuana. Selon la DEA (l’agence fédérale de lutte antidrogue), ils tirent 60 % de leurs revenus de l’herbe et il est donc logique qu’ils veuillent garder le contrôle des opérations, même sur le sol américain.
 
En Oregon, la police a identifié un trafiquant mexicain, Artemio Corona, qu’elle soupçonne être à l’origine de plusieurs plantations dans des réserves indiennes. Plusieurs de ses «employés» ont été arrêtés, mais il reste introuvable. Un petit arsenal a même été découvert en 2008 près des champs de marijuana de la réserve de Yakama. Et dans l’Etat voisin de Washington, à l’extrême nord-ouest des Etats-Unis, les tueurs du cartel Los Zetas, constitué d’anciens déserteurs de l’armée mexicaine, sont déjà à l’œuvre pour assurer la sécurité des récoltes, selon la police américaine.
 
En Californie, qui reste de loin le premier producteur de cannabis clandestin, les policiers ont eu plusieurs accrochages, cette année, avec des «gangs mexicains» qui, au lieu de s’enfuir à leur arrivée, ont ouvert le feu. Les autorités californiennes accusent des «réseaux mexicains» de recruter les clandestins et de fournirt tout le matériel, armes comprises.
 
Tandis que les enquêteurs s’acharnent à traquer les plantations clandestines, l’opinion publique américaine amorce un changement d’approche sur la question du cannabis. Les Américains ne sont plus que 54 % pour l’interdiction de sa consommation, contre 84 % en 1970 . Et 44 % seraient désormais favorables à sa légalisation, selon un récent sondage Gallup. Une large majorité approuve déjà l’usage médical de la marijuana, qui est autorisé en Californie et dans une douzaine d’autres Etats. Les producteurs installés aux Etats-Unis ne font donc peut-être que devancer une future légalisation du cannabis. Elle réduirait considérablement leurs risques, mais aussi leurs marges de bénéfices.
 
 
 
Par LORRAINE MILLOT envoyée spéciale à Navarro (Texas)
 
Pour voir des vidéos et des photos du champs en question: https://snipurl.com/T2NWT
 
 
 
 
 
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► Les cartels faces à une bataille Économique
► Obama autorise le shit sous ordonnance
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► Devenez critique de cannabis dans le Colorado
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Cannabis: tous coupables
Par Invité,
Le cannabis est-il un signifiant social type, nous permettant d’analyser l’évolution sécuritaire de notre société ?
Animateur de Libre-accès – et du combat contre l’Hadopi –, Jérémie Nestel soutient la liste Cannabis sans frontières.
Il explique pourquoi de son point de vue de travailleur social comme de défenseur des libertés publiques.
 
Source: Cannabis Sans Frontières

 
Un fait divers récent, celui de l’arrestation par la police d’un enfant de 6 ans pour le vol d’un vélo, a suscité quelques remous et polémiques. Ce nouvel exploit policier démontre non seulement que la politique du tout répressif dite de « tolérance zéro » n’amène aucun résultat. Au contraire, elle suscite de l’inquiétude, de la méfiance, parfois même du mépris à l’égard des forces de l’ordre, tant cette logique sécuritaire qui se développe prend des proportions qui conduisent à se demander si nous n’avons pas déjà tous un pied en prison.
 
A contrario des pensées des Lumières, l’idée qui semble admise au gouvernement serait que « nous sommes tous des criminels »… De fait, le nombre de lois adoptées à la chaîne afin de mieux surveiller pour prévenir, de plus contrôler pour dissuader, de sanctionner pour punir sévèrement, ne serait pas assez efficace selon les promoteurs de ce modèle... Pourtant, les caméras de vidéo-surveillance se multiplient. Avec les lois Hadopi et Loppsi, on s’autorise à surveiller l’utilisation de nos ordinateurs. Outre des procédures simplifiées où la recherche de la vérité n’existe plus (avec le plaider coupable), la Justice devient une parodie, aux ordres d’un pouvoir exécutif dont les options semblent rétrogrades et nuisibles aux libertés fondamentales. Force est de constater avec effroi, que l’État français est au pied du mur avec des prisons surchargées, dont la vétusté n’honore pas notre rang de pays riche. Pire, cette surpopulation carcérale devient ingérable, et c’est pourquoi nous pensons que l’État transforme en toute discrétion la société civile en prison.
 
Avec l’exemple du cannabis, il serait possible de mettre sous surveillance la société française en entier, pour la prémunir d’elle-même. Car en effet, nous sommes tous potentiellement des délinquants en reconnaissant que nous avons tous, une fois au moins, consommé du cannabis alors que c’est illégal.
 
De fait, la légalisation du cannabis ne se pose plus comme une simple question liée à la défense des libertés, ni à sa classification comme stupéfiant, mais plutôt comme un enjeu symbolique de la société dans laquelle nous souhaitons collectivement vivre.
 
Si autant de françaises et de français consomment du cannabis, la loi qui interdit sa consommation ne fait plus sens. Sauf si l’on veut maintenir un instrument de contrôle et criminaliser l’ensemble de la population. Une loi pour qu’elle soit applicable se doit d’être une évidence. Mais si socialement elle ne fait plus sens, on se doit de la changer. Une loi qui est transgressée par tous, tous les jours, – dont des icônes sociales fortes, comme des intellectuels, des stars –, brouille les frontières de ce qu’est un interdit.
 
La loi française en matière de drogues doit donc changer. D’autant plus, qu’il est impossible en termes de prévention d’autoriser la vente d’alcool, de tabac et de certains médicaments et de maintenir sous interdit le cannabis dont la dangerosité sociale et sanitaire est plus faible que celle liée à l’alcool. La justification du maintien de cette politique inique, peut simplement s’analyser comme la recherche par certains lobbies industriels d’imposer le catalogue des « drogues légales » sur lequel ils détiendraient le monopole, tout en plaçant la société en situation de dépendance.
 
C’est pourquoi, il n’est pas inintéressant de constater que des militants politiques de gauche de tous bords, des intellectuels ont fait une liste pour les élections européennes appelant à sa légalisation.
 
La question de la légalisation du cannabis justifie le fait de s’intéresser aux listes en Europe appelant à sa légalisation (Comme Cannabis sans frontières). Ces initiatives sont importantes pour la défense des libertés individuelles. Il va de soit qu’aucun projet de légalisation n’est crédible que s’il est accompagné d’un projet d’éducation pour empêcher sa consommation ou toute dépendance. Apprendre à être un homme libre et faire des expériences sans mettre en danger sa vie ni celle des autres est en enjeu si l’on tient encore au principe de Liberté.
 
C’est donc une affirmation forte : l’éducation vaut mieux que la répression. À l’heure où l’on veut installer des portiques de sécurité dans les écoles, et habituer « nos enfants » à vivre dans une société de méfiance et de contrôle qui se carcéralise, il est urgent de refuser cette logique, il est de notre impérieux devoir de dire « non » et d’attaquer ce processus. Nous devons affirmer que ce n’est pas dans cette société du « tout sécuritaire » que nous souhaitons voir grandir et évoluer nos enfants.
 
Nous préférons nous saisir de la question de la consommation de cannabis – usage dont l’augmentation chez les adolescents est un phénomène de société qu’il vaut mieux prendre en compte dans une logique de dialogue, en particulier s’il s’agit d’en prévenir les dangers, plutôt que de voir nos enfants embarqués en garde à vue pour un délit que nombre d’adultes ont commis ou commettent toujours.
 
Une société qui n’aurait pas comme présupposé « tous criminels » se devrait d’inventer d’autres modèles et d’agir pour qu’un enfant de 6 ans ne soit pas poursuivi par la police et qu’à 12 ans, il ne prenne un couteau contre un professeur.
 
Nous avons un devoir, une obligation collective de remettre le véritable projet républicain au cœur de nos préoccupations, et la légalisation du cannabis constitue, en elle-même, un des premiers actes forts pour réinvestir le champ de l’éducation et de la prévention, contre la répression.
 
Jérémie Nestel
 
Travailleur social
 
 
 
 
 
A voir aussi:
 
► Encod: derrière les murs de la prohibition
► Faut-il interdire les drogues ?
► Vidéo: Faut-il légaliser le cannabis ?
 
 
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 Les scientifiques bougent sur le cannabis… et trébuchent parfois
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Alors que le front afghan (grand producteur de hasch) s'enlise, les choses bougent vite sur le front cannabique américain (grand producteur d'herbe). Après la proposition de loi californienne pour légaliser et taxer le commerce, l'annonce par Washington que les patients et dispensaires des Etats ayant légalisé le cannabis médical ne seraient plus poursuivis, l'American medical association (AMA) s'est prononcée la semaine dernière pour une déclassification du cannabis :
 
Source: Rue89
« Notre association demande que le classement de la marijuana au premier tableau fédéral des substances contrôlées soit réexaminé afin de mener des recherches cliniques et de permettre éventuellement le développement de médicaments à base de cannabis. »

Le premier tableau rassemble les substances addictives, considérées comme dangereuses et qui n'ont pas d'utilisation médicale reconnue, comme l'héroïne, le LSD ou le PCP. Cocaïne et amphétamine, elles, ne figurent qu'au tableau II (en raison de leur potentiel médical). Bien sûr, la plus puissante association américaine de médecins (250 000 membres) précise immédiatement :
 
« Cela ne doit pas être considéré comme un soutien à un quelconque programme fédéral de cannabis médical ou à une légalisation de la marijuana, ou encore comme une reconnaisse scientifique du fait que la marijuana remplit les critères pour devenir un médicament. »
 
Reste que cette position est une très nette avancée par rapport aux précédentes déclarations de l'AMA, opposée à cette déclassification depuis 1997, alors que les demandes se faisaient de plus en plus nombreuses de la part des chercheurs.
 
Rappelant son opposition à la légalisation, le Tzar antidrogues (responsable de la politique des stupéfiants à la Maison blanche) a déclaré au LA Times : « C'est encore une drogue figurant au premier tableau et nous la traiterons comme telle. »
 
Un conseiller du gouvernement remercié en Grande-Bretagne
 
On comprend la prudence des médecins américains dans leur avancée après la mésaventure arrivée au début de ce mois à un de leurs collègues britanniques. Président du Conseil consultatif sur l'abus de drogues (ACMD) au ministère de l'Intérieur britannique, le docteur David Nutt a été congédié pour avoir osé déclarer que le LSD, le cannabis ou l'ecstasy étaient moins nocifs que le tabac ou l'alcool…
 
Pharmacologue et psychiatre, David Nutt s'exprimait dans un rapport du très sérieux King's college de Londres. Il y regrettait que le ministère de l'Intérieur « torde et dévalue » la parole scientifique, notamment en ayant décidé l'année dernière, contre l'avis des experts, de repasser le cannabis du tableau C au tableau B des stupéfiants (la déclassification avait été décidée en 2004 par le gouvernement Blair, procédant à une dépénalisation de fait).
 
Pour le ministre de l'Intérieur Alan Johnson :
 
« David Nutt ne peut à la fois être notre conseiller et faire campagne contre notre politique face au cannabis. C'est une question de principe. »
 
Reste que cinq des 31 membres de l'ACMD, craignant pour leur indépendance, ont démissionné par solidarité. Pas sûr que cela console le docteur Nutt, mais l'essentiel des panels d'experts ayant tenté de classer les drogues (légales ou non) selon leur dangerosité sont arrivés à des conclusions équivalentes.
 
Ce fut le cas pour l'OMS en 1971. Pour le rapport sur « La dangerosité des drogues » du professeur Roques en 1998. Mais aussi plus récemment dans une étude publiée dans The Lancet en 2007. L'héroïne y arrivait en tête des produits les plus dangereux, tabac et alcool étaient dans la première moitié, tandis que le cannabis se classait 11e et l'ecstasy 18e.
 

 
Par Arnaud Aubron
 
 
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Le premier "coffee shop" des Etats-Unis
Par Invité,
Le premier "coffee shop" des Etats-Unis, destiné à des personnes qui se sont fait prescrire de la marijuana à usage thérapeutique, a ouvert vendredi à Portland, dans l'Oregon.
 
Source: Reuters
L'accès au Cannabis Cafe est réservé à des membres qui doivent justifier d'un certificat médical et s'acquitter d'un abonnement de 25 euros par mois pour pouvoir fumer de la marijuana.
 
On estime à 21.000 le nombre de malades auxquels les médecins ont prescrit l'usage de marijuana pour faire face à toute une série de maladies: Alzheimer, diabète, sclérose, syndrome de Tourette...
 
L'ouverture de cet établissement intervient un mois après que l'administration de Barack Obama a demandé aux procureurs fédéraux de ne plus poursuivre les patients qui consomment de la marijuana à des fins thérapeutiques ou leurs fournisseurs dans les Etats où cet usage a été légalisé.
 
L'Oregon fait partie de la dizaine d'Etats à avoir suivi l'exemple de la Californie, premier Etat à avoir légalisé l'usage médical du cannabis en 1996.
 
Les coffee shops sont très populaire aux Pays-Bas où la possession de cannabis en petite quantité est légale.
Selon la NORML, ce coffee shop de Portland serait le premier établissement du genre à ouvrir aux Etats-Unis.
 
Produire, posséder, distribuer et fumer de la marijuana reste illégale pour les lois fédérales américaine, ces lois ne font d'ailleurs pas de distinction entre l'usage thérapeutique et l'usage récréatif.
 
Les organismes de police locaux et fédéraux n'ont bizarrement pas voulus faire de commentaire...
 
"Avoir un lieu qui ouvre en proposant de telles activités à notre époque, où des gens peuvent se rejoindre, boire un coup et fumer du cannabis ensemble, c'est tout simplement incroyable!" a dit Tim Pate dans le cafe, un membre de longue date de la NORML.
 
Des locaux espèrent que cette nouvelle activité aura un bon impact sur l'économie.
 
"Je sais que des voisins voient l'ouverture de ce coffee shop d'un mauvais oeil" affirme David Bell, qui travaille dans la boutique qui partage l'espace avec ce cafe. "Je préfère m'abstenir de donner un jugement. Il n'y a pas d'expériences similaires sur lesquelles ont peut se baser. Une chose est sure, il serait fantastique que cela nous fasse quelques clients de plus !"
 
 
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 Les Néerlandais, petits consommateurs de cannabis en Europe
Par Invité,
AMSTERDAM - Les Néerlandais comptent parmi les moins gros consommateurs de marijuana ou de cannabis d'Europe malgré la tolérance notoire des Pays-Bas à l'égard de cette drogue, selon une étude régionale publiée jeudi.
 
Source: L'ExpressSeuls 5,4% des adultes néerlandais prennent du cannabis, contre 6,8% en moyenne en Europe, dit le rapport annuel de l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) sur la base des dernières statistiques disponibles.
 

 
Des adultes proportionnellement plus nombreux en ont consommé sur une période d'un an en Italie, en Espagne, en République tchèque et en France, indique l'agence européenne.
 
L'Italie, où la consommation était l'une des plus faibles il y a une décennie (moins de 10%), arrive désormais en tête à 14,6%. Les pays où le taux de consommation est le plus faible sont la Roumanie, Malte, la Grèce et la Bulgarie.
 
L'usage du cannabis, qui avait régulièrement progressé en Europe au cours des années 1990, s'est stabilisé par la suite et commence à donner des signes de recul sous l'effet de plusieurs campagnes nationales, notent les auteurs de l'étude.
 
La politique appliquée aux drogues douces aux Pays-Bas, l'une des plus libérales d'Europe, autorise la vente de marijuana dans des "coffee shops" depuis des décennies, sous réserve que la quantité possédée soit inférieure à cinq grammes.
 
Près du cinquième des 228 coffee-shops d'Amsterdam sont appelés à fermer parce qu'ils sont situés trop près d'établissements scolaires.
 
 
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L'expert en drogues mis à la porte attaque le Gouvernement 'Luddiste'
Par Invité,
Le tsar des drogues du Royaume-Uni, qui a été mis à la porte pour avoir publiquement critiqué la politique gouvernementale, a traité Gordon Brown et son cabinet "de Luddistes irrationnels".
 
Source: Le Times
Le Professeur David Nutt, qui a été renvoyé du poste de président du Conseil Consultatif du Mésusage des Drogues (ACMD) hier après avoir prétendu que des drogues illégales comme le cannabis et l'extasy étaient moins dangereuses que l'alcool et le tabac, avertit que des conseillers scientifiques plus âgés sont rassemblés pour sortir de la dispute sur la classification des drogues.
 
Il lui a été demandé de démissionner par le Ministre De l'Intérieur Alan Johnson, signifiant qu'il avait "perdu la confiance" dans l'impartialité politique de l'expert.
 
Aujourd'hui, le Professeur Nutt a prétendu que le gouvernement de Gordon Brown s'aliénait de la communauté scientifique nommée pour les conseiller.
Il a dit : "Gordon Brown fait des déclarations complètement irrationnelles à propos du cannabis qui serait 'mortel', ce qu'il n'est pas."
"Il est le premier Premier ministre, c'est le premier Gouvernement, qui aie jamais dans l'histoire de la ACMD pris parti contre le conseil de son jury scientifique."
"Et il a ensuite fait de même avec l'extasy et je dois dire, ce n'est pas moi qui franchit la ligne, c'est le Gouvernement qui franchit la ligne."
"Ils prennent des décisions scientifiques avant même d'avoir consulté leurs experts."

 
(Javier Soriano/AFP/Getty Images)
 
Le professeur Nutt, qui a été un critique verbal du reclassement par le Gouvernement du cannabis de la Classe C à la Classe B, affirme que beaucoup d'autres des 30 membres du conseil consultatif ACMD pourraient aussi être tenus de démissionner.
 
"Je sais que mon comité a été très, très vexé par l'attitude que le Premier ministre a prise au sujet du cannabis. Nous lui avons formellement écrit pour nous en plaindre."
"Je ne serais pas étonné si certains d'entre eux se trouvent rétrogradés. Peut-être que tous le seront. Je ne suis pas préparé à induire en erreur le public sur la nocivité de drogues comme le cannabis et l'extasy."
"Je pense que la plupart des scientifiques le verront comme un nouvel exemple de l'attitude luddiste de ce Gouvernement et des gouvernements futurs possibles."
 
Le renvoi du Professeur Nutt est venu après qu'il aie utilisé un cours au Collège du Roi à Londres et une publication dans un journal, pour attaquer ce qu'il a appelé la séparation "artificielle" de l'alcool et du tabac des drogues illégales.
 
Il avait précédemment prétendu que les risques de prendre de l'extasy une drogue de Classe A n'étaient pas plus grand que ceux de monter fréquemment à cheval .
 
Dans une lettre au professeur, M. Johnson l'a accusé de franchir la ligne entre le scientifique, basé sur des preuves, et l'activiste politique.
 
Il a écrit : "il est important que les messages du Gouvernement sur le drogues soient clairs et comme un conseiller vous ne faites rien pour saper leur acceptation par le public.
En tant que mon conseiller principal sur les maux de la drogues, j'ai peur que la façon dont vous conduisez vos actions soient contraires à vos responsabilités.
Je ne peux pas avoir de confusion publique entre le conseil scientifique et la politique et ai donc perdu la confiance en votre capacité à me conseiller comme Président de l'ACMD."
 
 
Traduis par Mrpolo@cannaweed
 
 
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Un éminent scientifique relativise le risque des drogues douce
Par Invité,
Le principal conseiller du gouvernement britannique sur les drogues estime que l'ecstasy, le cannabis ou le LSD sont des substances moins dangereuses que l'alcool ou la cigarette, dans un rapport universitaire controversé publié jeudi.
 
 
Source : AFP
 
Critiquant la décision du gouvernement de reclasser l'an dernier le cannabis comme une drogue douce, dont la possession peut être punie par des peines allant jusqu'à 5 ans de prison, le professeur David Nutt souligne que les politiques devraient mieux informer le public sur les risques réels encourus par la consommation de diverses substances.
 
Fumer du cannabis ne comporte qu'un "risque faible" de provoquer des maladies psychotiques, a-t-il estimé.
 
"Je pense que nous devons reconnaître que les jeunes gens aiment essayer les drogues ou d'autres choses potentiellement dangereuses, et ce que nous devons faire, c'est les protéger à cette période de leur vie".
 
"Nous devons donc fournir des informations plus exactes et crédibles (...) si on pense que c'est en faisant peur aux jeunes qu'on va les empêcher d'utiliser des drogues, on a probablement tort".
 
En mai 2008, le gouvernement britannique a annoncé son intention de reclasser le cannabis parmi les drogues douces, revenant sur une décision de 2004 qui l'avait rétrogradé au rang de simple tranquillisant.
 
La loi britannique classe les drogues en trois catégories: A --les drogues dures comme la cocaïne ou l'héroïne--, B --les drogues douces comme les amphétamines ou le cannabis -- et C, qui regroupe notamment les stéroïdes, les tranquillisants ou les antibiotiques.
 
Dans un rapport publié pour le Centre d'études sur le crime et la justice de l'université de King's College, le professeur Nutt propose un classement des substances légales et illégales par le degré de risque présenté pour l'utilisateur.
 
Selon ce classement, l'alcool est au cinquième rang des substances les plus dangereuses, derrière l'héroïne, la cocaïne, les barbituriques et la méthadone. Le tabac est au neuvième rang, et le cannabis, le LSD et l'ecstasy respectivement aux 11ème, 14ème et 18èmes rangs.
 
David Nutt a aussi estimé que prendre de l'ecstasy n'était pas plus dangereux que de monter à cheval.
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Dépénalisation du cannabis : l'Amérique avance, Libé recule
Par Invité,
Une évolution qui semble avoir échappé à Laurent Joffrin, de Libération, où j'ai signé quelques articles sur la question, y compris sous ses ordres. Dans le journal qui a publié en 1976 l'appel du 18 joint pour la légalisation du cannabis, le directeur de la rédaction signait ce lundi un édito pour le moins surprenant
 
Source: Rue89
C'est une petite annonce qui a suscité de nombreuses vocations. Le journal alternatif Denver Westword recrute un critique cannabique :
 
« Est-ce que votre santé nécessite la prise de cannabis ? Avez-vous des facilités à écrire ? Si c'est le cas, Westword a besoin de vous pour rejoindre les rangs de nos critiques des dispensaires de marijuana. »
 
Ne vous précipitez pas, plus de 100 candidatures ont été reçues et les inscriptions sont fermées. Le boulot était tentant : visiter une fois par semaine l'un des dispensaires de cannabis thérapeutique du Colorado et en faire un compte-rendu. Mais attention, il fallait impérativement être armé d'une ordonnance en bonne et due forme.
 
Comme treize autres états américains, le Colorado autorise certains malades à se soigner en recourant au cannabis, en particulier les malades du sida, les cancéreux en chimiothérapie, les personnes atteintes de glaucomes, de sclérose en plaques, de la maladie de Parkinson…
 

 
 
En Californie, la loi l'autorise depuis 1996. Résultat, en 2007, on comptait près de 200 dispensaires rien qu'à Los Angeles. Autant dire que tous les clients ne sont pas vraiment des malades et que l'ensemble du système s'apparente de plus en plus à une vaste dépénalisation de fait de la consommation.
 
Qui semble recevoir l'approbation tacite de l'administration Obama. Alors qu'une proposition de loi a été présentée à l'Assemblée de Californie pour légaliser et taxer le commerce de marijuana, l'Etat fédéral Obama a demandé lundi à ses procureurs de ne plus poursuivre les patients et dispensaires dans les Etats ayant légalisé cette pratique, mettant un terme à des années de bras de fer. Pour les partisans de la dépénalisation, la Cannafornie, l'un des principaux producteurs mondiaux de marijuana, fait désormais figure de nirvana.
 
Laurent Joffrin s'abreuve chez Sarkozy
 
Une évolution qui semble avoir échappé à Laurent Joffrin, de Libération, où j'ai signé quelques articles sur la question, y compris sous ses ordres. Dans le journal qui a publié en 1976 l'appel du 18 joint pour la légalisation du cannabis, le directeur de la rédaction signait ce lundi un édito pour le moins surprenant :
 
« Solution simple et, pour ainsi dire, de facilité : on légalise. […] Encore faut-il évaluer les conséquences probables d'une politique aussi libérale. Les pays qui sont allés dans cette direction, Espagne ou Pays-Bas, ne sont guère enthousiastes. Ils tendent même à revenir en arrière. »
 
Je vous passe les autres arguments amenant à la conclusion qu'il ne faut surtout rien changer à l'idyllique prohibition actuelle, qui fait de la France l'un des seuls pays européens où le fait de fumer un joint reste passable de prison mais également le deuxième consommateur de cannabis en Europe. Preuve que tout fonctionne.
 
On peut s'étonner qu'au moment où même le PS avance sur cette question, un édito de Libé puise son argumentaire dans les propositions de campagne de Sarkozy de 2007 :
 
« Partout où la drogue a été légalisée, demandez donc aux Pays-Bas et en Espagne, ce fut une catastrophe. »
 
Ensuite, il est utile de rappeler que personne aux Pays-Bas ne remet en cause la politique de séparation des marchés (des drogues douces et dures) puisqu'elle semble porter ses fruits : les Pays-Bas sont l'un des pays européens où l'on fume le moins de cannabis. (source OEDT)
 

 
Et si les autorités songent effectivement à modifier la loi, c'est parce que les jeunes Allemands, Belges ou Français envahissent les coffee shops néerlandais tous les week-ends.
 
Sous la pression de leurs voisins, notamment français, les autorités envisagent donc de réserver les coffees aux seuls Néerlandais. La même proposition de loi envisage de les autoriser à conserver de plus importantes quantités de cannabis. On est donc très loin du rétropédalage décrit par Joffrin et Sarkozy.
 
Quant à l'Espagne, à moins qu'une information m'ait échappé, aucun changement de la politique actuelle de grande tolérance ne semble envisagé. Et pourquoi avoir choisi ces deux seuls pays alors que le Portugal, par exemple, va plus loin et est le seul pays à avoir dépénalisé par la loi. Que cet été, le Mexique et l'Argentine ont, à des degrés divers, dépénalisé. Que le Danemark réfléchit à l'ouverture de coffee shops. Ou enfin que l'Union européenne, dans un rapport officiel rendu public en mars 2009, rappelait :
 
« La prohibition des drogues a provoqué des dégâts involontaires importants, dont beaucoup étaient prévisibles. »
 
Bref, si il y a une tendance actuelle et des enseignements à tirer des expériences étrangères, ils ne vont pas vraiment dans le sens de la prohibition. Mais pour s'en rendre compte, comme l'écrit fort justement Laurent Joffrin, il aurait fallu sortir du « débat simpliste » et « éviter le yin et le yang des poncifs libertaires ou sécuritaires ».
 
Par Arnaud Aubron
 
 
 
 
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Pour une poignée de dealers
Par Invité,
Reportage - Depuis des années, une cité de Seine-Saint-Denis est sous la coupe de trafiquants de drogue. Pour les habitants, la vie est un cauchemar.
 
Source: Libération
Dans le quartier des Beaudottes, à Sevran, des enquêteurs quittent l'immeuble incendié, le 10 août. (AFP)
 
 
Au pied d’un panier de basket en piteux état, ils sont sept ou huit à tuer le temps, certains assis sur des chaises installées sur un bout de pelouse. Les clients, venus des départements voisins ou de Paris, arriveront un peu plus tard pour prendre furtivement leur marchandise, du cannabis. La «permanence» est assurée de 9 heures jusqu’à 3 heures du matin.
 
Pour l’heure, détendus mais attentifs, ils surveillent les allées et venues dans les petites allées qui serpentent autour des trois tours de 17 étages qui se dressent à Sevran (Seine-Saint-Denis), juste en face du centre commercial de Beau-Sevran. Récemment, un adjoint de mairie a dû décliner sa profession devant les jeunes qui l’interpellaient. Comme pris en otages, les habitants s’obligent à les saluer, par peur des représailles. «Mes filles rentrent tard le soir, je n’ai pas le choix», dit l’un d’eux qui, comme toutes les autres personnes interrogées, a requis l’anonymat.
 
Enfer. Cela fait des années que les habitants des tours des allées Jan-Palach et Masaryk doivent cohabiter avec les trafiquants de cannabis. «Une coexistence pacifique», dit l’un d’eux, mais qui prend des allures d’enfer quotidien. «Les locataires ont adapté leurs déplacements en fonction des horaires des dealers, confie un bon connaisseur des lieux. Quand on va chercher son courrier, mieux vaut éviter de débarquer au beau milieu d’une vente.»«Si on le pouvait, tout le monde quitterait les tours», murmure un résident. Les trois bâtiments sont voués à la démolition, mais on ignore quand. Dans l’un d’entre eux, une dizaine d’appartements sont déjà vides.
 
Dans cette zone de non-droit, des jeunes âgés en moyenne d’une vingtaine d’années font la loi. Pour retarder d’éventuelles descentes de police, ils barrent les cages d’escaliers avec des chariots rapportés de la grande surface installée de l’autre côté de la route. «Et ils n’hésitent pas à couper la lumière en cas de besoin», se plaint un habitant. Il y a quelques jours, deux jeunes ont fracassé une vitre du premier étage avec un chariot : ils squattent depuis un appartement vide. Très inquiet, le maire de Sevran, le communiste Stéphane Gatignon, rappelle qu’en août cinq personnes ont trouvé la mort lors d’un incendie dans un immeuble du quartier voisin des Beaudottes : là aussi, les escaliers étaient encombrés par des chariots et les trappes de désenfumage avaient apparemment été scellées pour tenter de limiter les trafics.
 
Que fait la police ? Contactée par Libération, elle n’a pas souhaité répondre à nos questions. «Une fois par mois, les flics font une descente», explique un habitant. Ils procèdent à des interpellations. Sans résultat : «Quelques jours plus tard, on recroise les mêmes visages», note une femme. «Quand Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, avait promis de nettoyer les cages d’escalier, la police avait mené l’une de ses premières opérations à Jan-Palach», se souvient le maire de Sevran. «Ce matin, deux voitures de police se sont arrêtées au pied de nos immeubles. Très vite, les jeunes se sont rassemblés, et les policiers sont repartis», raconte un riverain. «Le démantèlement de ce type de trafic dans une banlieue aussi fermée est très compliqué, souligne une magistrate. Difficile pour les policiers de planquer en restant inaperçu et de s’appuyer sur des plaintes qui n’existent pas. Les gens ont peur.»
 
«Violence». Depuis des années, la ville de Sevran est considérée comme une plaque tournante du trafic pour le nord-est de l’Ile-de-France. Mais la crise aiguise la détresse et les dérives. A Sevran, la deuxième ville la plus jeune de France, 17% des actifs sont au chômage. Un taux qui grimpe à 35% pour les moins de 25 ans. La municipalité dispose, par ailleurs, de faibles ressources fiscales : 20% des foyers ne paient pas d’impôt sur le revenu et 50% bénéficient de dégrèvements.
 
Les trafiquants s’adaptent en permanence, prenant de vitesse les forces de l’ordre. D’après les experts, le trafic s’insinue de plus en plus dans la sphère privée des habitants. Il a migré des cages d’escaliers ou des halls d’immeubles vers les appartements. «Les dealers choisissent des gens vulnérables - des femmes seules avec enfants, par exemple - pour stocker la drogue en échange de leur protection», explique un connaisseur. Les enquêteurs notent aussi l’emploi de guetteurs de plus en plus jeunes dans les quartiers : «Ils avaient 14-15 ans en 2001, ils en ont 12 aujourd’hui.»
 
Autre évolution, les groupes de dealers sont à géométrie variable : au noyau dur des jeunes du quartier se greffent des trafiquants venant de localités voisines. Payés à la journée, entre 150 et 200 euros, «ils ne connaissent pas le voisinage, ce qui est un facteur d’augmentation de la violence», affirme le maire de Sevran, qui ajoute : «On mettrait 100 policiers de plus, cela ne changerait pas fondamentalement la donne. Le trafic est avant tout lié à la loi de l’offre et de la demande.» Pour en finir, Stéphane Gatignon propose de sortir de «la grande hypocrisie française» et de mettre fin à la prohibition. Une suggestion violemment rejetée par d’autres élus de banlieue, de gauche comme de droite. Allée Jan-Palach, à Sevran, le trafic continue de plus belle, au vu et au su de tous.
 
 
Par THOMAS HOFNUNG
 
 
 
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Si le cannabis était légalisé, «il y aurait plus de violence»
Par Invité,
Il y a deux semaines, Daniel Vaillant, ex-ministre socialiste de l’Intérieur et actuel maire du XVIIIe arrondissement de Paris, proposait de légaliser la «consommation personnelle» de cannabis en encadrant production et importation. Qu’en pensent les dealers qui vivent pour l’instant de ce commerce illicite ? Quelle conséquence pour eux, pour les quartiers ? Pour le savoir, Libération a pu rencontrer trois trafiquants d’envergures différentes dans la banlieue lyonnaise. Sous couvert d’un total anonymat, ils répondent avec simplicité.
 
Source: Libération
Concurrence. Eric, la quarantaine, a commencé à 14 ans avec «des petites conneries de quartier», puis a gravi les échelons en gagnant la confiance «de gens plus importants». Après avoir parfois investi pour faire venir des cargaisons de cannabis d’Espagne, il se contente aujourd’hui de gagner de 3 000 à 4 000 euros par mois en prenant des risques limités. Il refourgue du cannabis par savonnettes. Sur la terrasse déserte d’un McDo de banlieue, il répond : «Si l’Etat veut mettre des coffee-shops [lieux de vente et de consommation légale et contrôlée aux Pays-Bas, ndlr], ce serait plus sûr de les installer dans des commissariats. Dans les quartiers où j’ai commencé à bidouiller, ça brûlerait tout de suite. Comme si quelqu’un s’installait sur ton territoire pour niquer ton marché : tu peux pas laisser faire.» Légal, le haschisch serait perçu comme un concurrent. Mais éliminerait-il pour autant les trafics clandestins ? «Je crois pas», répond Malik, artisan qui arrondit ses fins de mois en revendant du hasch à la barrette et en savonnettes. «Les fils à papa, poursuit-il, iraient peut-être acheter leur shit officiellement. Mais vous en trouveriez toujours en parallèle. Dans le tabac de ma ville, on vend des cigarettes, puisque c’est légal. Mais je peux vous en trouver juste à côté, à 3 euros le paquet. C’est comme dans la maçonnerie : vous trouvez des artisans très chers et très doués, et du travail au noir défiant toute concurrence. Le shit ferait pareil.»
 
Rachid, plus âgé, est grossiste, roule dans une voiture pourrie, mais gagne très bien sa vie. Il pense qu’une légalisation n’éliminerait qu’une partie du trafic. «Les marchés parallèles ont toujours existé pour tous les produits licites, dit-il. Le Viagra, on peut pas en acheter beaucoup à la fois en pharmacie, alors si tu veux baiser beaucoup, je peux te trouver une autre solution… Si le shit était légalisé, ceux qui veulent plus de 2 grammes continueraient de venir voir leur dealer. La seule conséquence c’est que ce serait moins cher.»
 
Ils sont unanimes là-dessus : la concurrence légale ferait baisser les prix. «Surtout si l’Etat vend de la qualité», précise Malik. Qui poursuit : «Les marges baissant, il faudrait en faire plus pour gagner la même chose, donc se battre pour maintenir son chiffre dans un marché réduit. Il y aurait plus de violence.» Ils ont pigé depuis longtemps que cette violence générée par les rivalités du business terrorise les habitants et pousse les pouvoirs publics à agir. «Ce serait préférable pour tout le monde qu’il n’y en ait pas, remarque Rachid, le grossiste. Mais il faut comprendre qu’on est dans une économie où il n’y a pas de contrats, pas de loi. Tout se fait à la parole. Ça dégénère quand quelqu’un vient sur ton marché ou quand il y a des promesses non tenues, des dettes non remboursées, de la marchandise de merde qui a été livrée.»
 
«Pesetas». Eric semble se lasser de ce jeu violent et lucratif. Il pense décrocher. «Jusque-là, soupire-t-il, une bonne étoile m’a suivi. Mais depuis un moment, je sens des ondes négatives. Des mecs autour de moi plongent, et surtout il y a ces merdeux à qui il faut faire de plus en plus mal pour pas qu’ils te chient dessus.» D’autres prendront la relève, il le sait : «Il y a tellement de pesetas à se faire, ça ferait tourner la tête à beaucoup.» Malik, de son côté, reste motivé et défend son activité. «Souterraine ou pas, dit-il, c’est une économie qui génère beaucoup d’argent depuis trente ans. De l’argent réinvesti en France, et qui fait travailler beaucoup de gens.» Il continue, grimaçant : «Si l’Etat nous remplace, il va nous donner des postes ? Convoyeur ? Vendeur ? Non. De toute façon, un bon commercial, si vous lui interdisez de vendre son produit, il en vendra un autre, c’est juste logique.»
 
Mais les alternatives rentables ne sont pas si nombreuses. Le trafic de cigarettes ? Il faut faire venir un plein semi-remorque pour se partager 100 000 euros. Marge pour laquelle il suffit de faire «monter» du Maroc 200 à 250 kilos d’un cannabis de moyenne qualité. Rachid prédit le développement d’une délinquance plus violente. «Je connais pas mal de jeunes qui avant montaient au braquage et qui aujourd’hui, en vendant leur kilo, se font tranquilles leurs billets. Si on leur enlève ça, ils retourneront aux bracos ou aux cambriolages.» Eric parie pour sa part sur l’augmentation de la consommation de cocaïne, phénomène qui a déjà commencé : «Comme tout le monde s’est mis au cannabis parce que c’est facile à trouver avec peu d’investissement, il y en a de plus en plus qui essaient la coke.» Pour s’installer sur un marché moins encombré.
 
«Saloperie». Une légalisation encadrée ne présenterait à leurs yeux qu’un seul avantage : le consommateur saurait ce qu’il achète. «Aujourd’hui, si tu ne connais pas bien ton dealer, tu peux acheter n’importe quelle saloperie», dit Malik. Rachid confirme, et prend l’exemple de la Hollande, où le «bon vieux marocain» se trouve dans les coffee-shops, et les produits de synthèse dans la rue. Il pense que l’Etat vendrait «des produits de meilleure qualité». Mais «prendrait sa pièce au passage». Alors, en bon commercial, il mise sur ces taxes qui plomberaient le prix du chichon officiel. Et conclut, dans une moue : «Si on travaille bien, l’Etat ne sera jamais concurrentiel.»
 
 
Par OLIVIER BERTRAND Lyon, de notre correspondant.
 
 
 
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La télé de Bong, pour militer un peu et fumer beaucoup
Par Invité,
Il est environ 22 heures à Hollywood et la limousine noire vient enfin de s'engager dans le parking du supermarché Ralphs. Parvenue à ma hauteur, la voiture s'arrête. L'une des vitres teintées s'ouvre lentement.
 
Source: Rue89

 
Je vois apparaître le visage de Bong Rip, 30 ans, général de la Stoner Army, leader du groupe Marijuana the Band et animateur de la première émission consacrée aux fumeurs de « weed » diffusée quotidiennement en direct et en ligne sur BongTVLive.com de 16h30 à 4h30 du matin.
 
« Entrez », dit-il en ouvrant la porte de la voiture. « Faites comme chez vous. »
 
Bong -qui refuse de donner son vrai nom car, dit-il, dans notre univers, personne ne connait le vrai nom de personne- est beaucoup plus petit et chétif que je ne l'avais imaginé. Sa chevelure noire frisée est en bataille. Il porte un short, un T-shirt avec une feuille de marijuana dessus. Il est pieds nus.
 
« Peut-être que je devrais mettre mes lunettes », suggère-t-il, « pour être davantage dans la peau de mon personnage ».
 
Bong se défonce et, très accessoirement, milite pour la légalisation
 
La limousine n'est plus toute neuve. Elle date de 1988. L'intérieur rappelle la chambre d'un adolescent désordonné. Dans chaque recoin, des pipes fourrées au cannabis. Un ordinateur portable est posé sur un pied.
 
Dans quelques instants, Bong sera en direct avec les soldats de son armée, des « pot heads » comme lui qui suivent ses périgrinations nocturnes. Car, presque chaque nuit, Bong et son chauffeur quadrillent les rues de Los Angeles en fumant des joints et, très accessoirement, en militant pour la légalisation de la marijuana.
 
« J'ai environ 20 000 fans dans le monde. Je leur fait découvrir la ville et ses dispensaires. Lorsque je veux leur montrer quelque chose, je pointe mon ordinateur dans cette direction. Ils voient ce que je vois. »
 
D'entrée, Bong se met à tirer sur sa pipe à eau tandis que la limousine s'engage sur Hollywood Boulevard. Les volutes odorantes de l'herbe se répandent dans la voiture. Au cours des quelques heures passées avec lui, il fumera une quantité impressionnante d'herbe. Comment est-il capable, dans ces conditions, de tenir un discours cohérent ? C'est un mystère. Toutes les cinq minutes, il attaque une nouvelle pipe ou un nouveau joint.
 
Certains people acceptent de monter dans sa limousine
 
https://asset.rue89.com/files/2009_17_10_cannabis_californie_bongtv_ok.jpg[/img]Mais il parle sans discontinuer des bienfaits du chanvre et de la marijuana, un médicament naturel qui endort la douleur, ravive l'appétit, calme les nerfs. De temps en temps, il s'adresse à ses fans. Il a un vrai talent d'animateur. Assez doué pour s'être créé une niche et faire sa pub.
 
On l'a vu en compagnie de célébrités comme Paris Hilton. Certaines se joignent parfois à lui dans sa limousine. Devant les journalistes, il fait d'intéressants discours sur la nécessité de légaliser l'herbe. En leur absence, il devient grossier et son programme se résume à fumer.
 
« C'est génial, non ? », dit-il. Je fume avec mes fans, j'anime la plus grosse « pot party » du monde mais mes invités ne salissent rien. Et en plus, ils ne fument pas mon herbe. Ils ne sont chez moi que virtuellement.
 
Sur l'écran de l'ordinateur, on voit des fans fumer eux aussi des joints. Tu parles d'une armée de militants !
 
« J'ai fait le voeu de faire quelque chose de positif pour la planète »
 
Bong passe presque toutes ses nuits dans sa limousine. C'est pour ainsi dire sa maison, surtout que les recettes publicitaires de BongTVLive n'étant pas exactement mirobolantes, il a dû récemment se replier à Huntington Beach (comté d'Orange) chez ses parents, des « gens très droits et très travailleurs ».
 
On passe devant plusieurs dispensaires. Bong les connaît tous. Surtout qu'il a une ordonnance pour fumer légalement, à part qu'il refuse de me la montrer. De toutes façons, ordonnance ou pas, il consomme bien plus que les doses autorisées.
 
« J'ai fait le voeu de faire quelque chose de positif pour la planète. On sait tous que si la culture du chanvre était légalisée pour le bois et la fabrication du papier, on arrêterait de couper les arbres qui mettent deux cent ans à arriver à maturité. Imagine l'effet sur le réchauffement climatique ! »
 
Ses arguments tiennent la route. Je me demande quand même comment il peut faire avancer sa cause en étant raide du matin au soir. En dehors de son cercle de fans, je doute qu'il soit pris très au sérieux par les législateurs. Et puis il dort jusqu'à 14 heures tous les jours et à part son « émission », n'a pas de job.
 
Vers minuit, nous faisons une halte au dispensaire de Ras Forchion, Liberty Bell Temple. Bong y tire sur une pipe offerte par Ras et achète un paquet de popcorn fourrés au cannabis.
 
La culture de la marijuana est permise, mais sous conditions
 
Au bout d'une heure, on retourne dans la limousine. Un producteur de marijuana nous y attend. Il a accepté de parler, mais sous son nom de guerre, que j'ai d'ailleurs oublié. « John » cultive légalement, mais il refuse quand même catégoriquement de révéler le lieu de sa plantation.
 
La loi n'est pas très claire, explique-t-il, et il y a des flics qui se sont donnés pour mission de nous empêcher de planter. On ne peut pas prendre le risque d'emmener qui que ce soit voir nos opérations. C'est top secret.
 
La culture de la marijuana médicale est en effet permise, mais avec des limites. Un producteur doit être associé à un dispensaire et ne cultiver que la quantité nécessaire à ce dernier, en fonction du nombre de ses patients. On imagine tout de suite les dérapages.
 
Des militants utiles à la cause ?
 
Presque 600 dispensaires fonctionnent sans permis, rien qu'à Los Angeles. Et parmi eux, qui sait combien sont coulants sur l'obligation d'exiger la présentation d'une ordonnance.
 
Les dispensaires sont censés être à but non lucratif. Mais Ras Forchion a refusé de donner son chiffre d'affaires. « Tout ce que je peux vous dire, c'est que je vis très bien », s'est-il contenté de dire.
 
Bong et « John » continuent de fumer tout en mangeant le popcorn et en dissertant sur les différentes variétés de cannabis et leurs effets. Le producteur milite lui aussi pour la légalisation de la marijuana mais on l'imagine tout aussi mal aller plaider sa cause auprès d'élus ou même d'électeurs.
 
Je finis par me demander s'ils ne font pas plus de tort que de bien à la cause qu'ils défendent.
 
 
Par Armelle Vincent
Illustrations : captures d'écran de BongTVLive.com
 
 
 
 
A voir aussi
 
► Californie: Au dispensaire de « Weedman », du cannabis sans ordonnance
► Le site BongTVlive.com (en anglais)
 
 
 
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 Le Maroc tue sa population avec du Gramoxon, herbicide super toxique
Par Invité,
Lourdement harnachés, une trentaine d’ouvriers s’élancent sur les champs escarpés, armés de Gramoxon. Une fois leur réservoir rechargé de cet herbicide vert sombre, très concentré, ils en pulvérisent bruyamment les jeunes pousses de cannabis, sous le regard impuissant des villageois de Bouhouda, bourgade rurale du pré-Rif, à quelque 70 km de Fès. Entre deux appels sur son portable et les grésillements de son talkie-walkie, Badr M., adjudant des Forces auxiliaires à la solide carrure, encadre l’opération. “Cette année, il y aura une province de Taounate sans kif”, annonce-t-il.
 
Source: Chanvre Info
 
Après Larache, c’est à Taounate, dans le pré-Rif, que l’Etat poursuit sa campagne d’éradication du cannabis. Les cultures alternatives, elles, suivent difficilement.
 
Premier producteur mondial de cannabis – alimentant 80% du marché européen –, le royaume a lancé en 2004 une grande campagne d’éradication - “el hamla” - qui, depuis, a détruit la moitié des 134 000 hectares visés, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Après Larache, zone pilote aujourd’hui officiellement déclarée sans kif, c’est au tour de la province de Taounate d’être quotidiennement sillonnée par la brigade de destruction, qui, petit à petit, “remonte vers le nord”, expliquent les autorités, affichant leur détermination à se débarrasser de cette “culture intruse”.
 
Source de richesse
 
Cultivé dans les hauteurs de Kétama depuis le XVIème siècle, le cannabis s’est propagé aux régions environnantes dans les années 1980 et surtout 1990, marquées par l’explosion de la demande européenne, doublée de terribles sécheresses ayant plongé les Rifains dans la famine et la misère. Selon Noureddine Hajri, petit homme au teint mat et militant local de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH), “les autorités ont laissé faire au moment de la transition monarchique pour apaiser la région”, longtemps oubliée par Hassan II. Aujourd’hui, dans cette région montagneuse économiquement marginalisée, ils sont quelque 800 000 personnes à vivre du kif, qui rapporte au moins quatre fois plus que les céréales, jusqu’à 40 000 DH par an en moyenne.
 
Mohamed, villageois de la commune de Khlalfa, qui annonce n’être “jamais allé à l’école, jamais allé à la mosquée”, possède “trois hectares de champs, dont un tiers de cannabis sur des petites parcelles dispersées”, qu’il fait pousser depuis 1998. “Comme ça, je n’ai pas besoin d’aller travailler à l’étranger”, poursuit ce père de six enfants. Le prix à payer : “Je me sens prisonnier chez moi, je ne vais jamais à Taounate, j’ai peur d’être arrêté. Je n’ose même pas renouveler ma carte d’identité. Mais qu’est-ce qu’on peut faire ? Il n’y a rien ici”. Même sans s’adonner au trafic, les cultivateurs de cannabis encourent la prison, “entre 4 mois et un an ferme”, précise Noureddine Hajri. “Certains détournent illégalement la rivière pour irriguer leurs champs, d’autres se vengent après la destruction de leurs cultures en provoquant des incendies de forêt”, illustre Mohamed Dhabi, conseiller auprès du gouverneur de Taounate.
Un fléau social
 
Assis dans les broussailles en contrebas de la route qui traverse Khlalfa, un homme de 62 ans, en paraissant quinze de plus et qui préfère taire même son prénom, est catégorique : “Chez moi, il n’y a pas de cannabis, jamais ! C’est interdit. J’ai six enfants, si je vais en prison, qui va les nourrir, les habiller ? J’ai peur du Makhzen. Ici, on cultive les céréales, les olives, on a des chèvres, des moutons. Mais c’est vrai, la terre ne suffit pas”. Quand il n’est pas au champ, il travaille comme “ouvrier dans la construction”. Au loin, les demeures en dur sont en effet nombreuses à flanc de colline, taches blanches au milieu d’une mosaïque de verts mouchetée d’oliviers. “Avant, un fellah n’avait pas même un tapis chez lui, maintenant, avec l’argent du kif, il peut construire une maison en béton. C’est la seule infrastructure”, estime Noureddine Hajri. Pour autant, l’homme considère le cannabis comme un “fléau” : peur permanente des autorités, climat de délation, conflits familiaux, déscolarisation des jeunes, taux de suicide et de criminalité élevés… sans compter la perte du savoir-faire agricole, la déforestation (environ 1000 hectares par an), la salinisation des terres à force d’utiliser trop d’engrais. “Après trois ou quatre récoltes, on a un sol mort”, confirme Mohamed Toumi, directeur provincial de l’agriculture. Mais aux yeux du militant de l’AMDH, “l’Etat n’utilise que la force et ne s’occupe pas du social. Je ne vois aucune compensation, rien de concret. Personne ne s’occupe de ces gens”.
 
Abeilles, caprins, oliviers…
 
Au siège de la province de Taounate, on égrène pourtant les initiatives lancées pour offrir une alternative économique aux agriculteurs : dons de ruches d’abeilles, d’ovins et de caprins, distribution, cette année, de 450 000 plants arboricoles (figuiers, amandiers, oliviers, caroubiers…), aides à la construction d’unités de séchage des figues ou prunes, partenariats avec une cinquantaine de coopératives... Au total, nous dit-on, quelque 117 projets pour un montant de 22 millions d’euros, en plus des 34 millions d’euros du fonds Millenium Challenge Account pour la promotion de l’agriculture fruitière de 2008 à 2012. Sans oublier les 12 millions d’euros investis par l’Agence pour le développement du Nord, “dont la moitié dans l’éducation”, précise, à Rabat, son directeur stratégique Tarik El Aroussi. Conscient des limites des expériences de substitution testées dans les années 1980, l’Etat revendique une “approche globale”, qu’il est trop tôt pour évaluer. “L’olivier, le figuier... il faut attendre cinq ans pour que ça pousse”, avertit Noureddine Hajri, sceptique.
 
Driss T., 36 ans, ne veut pas attendre. En plus de son commerce de matériaux de construction, ce père de deux fillettes, propre sur lui en chemise rayée et l’œil malicieux, couve ses 4 hectares de cannabis, dispersés ça et là à 500 mètres de la route, mais bien cachés. Une récolte escomptée à 60 kilos – soit 60 000 DH. Une belle somme. En septembre, contrairement à une majorité de cultivateurs, il le transforme lui-même en haschisch, puis le vend à “des gens”. “Les grosses quantités, ça va à l’étranger, le reste à Agadir, Marrakech, Tanger”. Lui aimerait voir le kif légalisé au Maroc. “Je n’ai pas peur de la prison”, assure-t-il, avant d’ajouter : “L’éradication touche plus les paysans pauvres. Les autres trouvent toujours le moyen de s’en sortir…”. Lui, pour l’instant, n’a pas été inquiété : “La chance”, invoque-t-il. Hanane, 20 ans, et sa cousine Ghita, 22 ans, n’ont pas eu la même fortune. Fichu sur les cheveux et tablier rayé autour de la taille, elles fauchent des herbes pour nourrir leurs moutons, non loin de leur maison d’argile. “Le Makhzen est venu hier, ils ont tout détruit, un demi-hectare. On avait déjà payé pour les grains. Maintenant c’est trop tard. Le blé, les pois, c’est pour manger. Nous, on veut bien une usine de couture pour travailler. Mais le kif, c’est le seul boulot qu’on ait. On ne nous a rien donné en échange”.
 
Question de volonté ?
 
Des exemples de reconversion réussie existent. Abdelmajid G., grand gaillard de 33 ans, au regard adolescent, cultivait du kif entre 2003 et 2007 avant de se tourner vers l’arboriculture, refroidi par une peine de prison avec sursis. Aujourd’hui, à Douar Machkour, il possède 10 hectares de vignes, oliviers, figuiers, blé et petits pois, et tient un petit commerce de matériel agricole. “ça offre une bonne valeur ajoutée si on maîtrise les techniques de production. Mais le problème, c’est que les prix ne sont pas garantis. Les agriculteurs sont à la merci des intermédiaires”.
 
En cas de besoin d’argent immédiat, de nombreux agriculteurs ne peuvent pas attendre de stocker leur production dans une coopérative en attendant que les prix montent. Titulaire d’un diplôme en électricité, Abdelmajid a su se diversifier. Dans l’attente du rendement de son verger (cinq ans), il a ouvert un café et acheté un tracteur subventionné aux deux-tiers par l’Etat. “J’ai beaucoup de crédits, mais aujourd’hui, c’est comme ça que ça marche”. Tous n’ont pas son sens de l’entreprenariat. “Ici, les gens ne comprennent pas le système du crédit, ils ont peur de s’informer. Que croient-ils, que l’argent tombe du ciel ?”.
 
“S’ils montrent leur volonté, l’Etat est là pour les aider, insiste Mohamed Toumi, directeur provincial de l’agriculture. Des plants gratuits ou subventionnés à 80% sont mis à disposition au centre de proximité, l’information circule”. Des dépliants de sensibilisation sont distribués au souk et à la mosquée, l’imam aborde le problème du cannabis dans ses prêches du vendredi. Mais il n’y a pas de compensation au cas par cas. “L’Etat ne laisse pas le paysan à lui-même, mais on ne va pas non plus construire une unité de trituration des olives pour un seul agriculteur, avertit Mohamed Toumi. A eux de s’organiser”.
 
L’Europe sonne le glas du Gramoxon
 
Jeudi, 19 Juillet 2007 06:17
La Cour de justice européenne vient d’interdire l’herbicide paraquat hautement dangereux et qui était commercialisé aux Antilles françaises sous le nom de « gramoxon ». Dans cette même veine, le député guadeloupéen Victorin Lurel va poursuivre son action en déposant à l’Assemblée Nationale Française une résolution qui demandera une véritable commission d’enquête parlementaire sur les pollutions des sols guadeloupéens par divers pesticides, notamment le chlordécone.
 
 
 
A voir aussi:
 
► Encod: Le Maroc ouvre le dossier de la légalisation du cannabis
► Encod: Pour la légalisation du cannabis au Maroc.
► Encod: Pour la libération immédiate de Chakib el Khayari
► Wikipedia: Gramoxon (appelé aussi Paraquat)
 
 
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Les cartels faces à une bataille Économique
Par Invité,
ARCATA, Californie.
 
La rude concurrence de milliers de fermes familiales de marijuana aux États-Unis menacent les recettes des puissantes organisations mexicaines de la drogue.
 
Source: Washington Post

 
Les cultivateurs de marijuana américains taillent dans les bénéfices des trafiquants mexicains
 
La production illicite de cannabis aux États-Unis n'a cessé d'augmenter depuis des décennies. Mais les récents changements dans les lois des États qui autorisent l'utilisation et la culture de la marijuana à des fins médicales donnent aux producteurs américains un avantage concurrentiel, contestant la domination traditionnelle des trafiquants mexicains, qui ont par le passé fait des standards de qualité telles que l'Acapulco Gold (NdT: Variété de marijuana).
 
Presque toute la marijuana, consommée sur le marché de plusieurs milliards de dollars des États-Unis, est par le passé venue du Mexique ou de Colombie.
Aujourd'hui près de la moitié est produite localement souvent par des cultivateurs de petite taille qui entretiennent soigneusement des serres chaudes et des jardins d'intérieur pour produire la meilleure qualité, puissante et coûteuse, un produit que les consommateurs exigent désormais, selon les autorités et les revendeurs de marijuana des deux côtés de la frontière.
 
L'économie changeante du commerce de marijuana a de larges implications pour la guerre du Mexique contre les cartels de la drogue, suggérant que les forces du marché, autant que l'application de la loi, peut faire payer un lourd tribut aux organisations criminelles qui ont utilisé les bénéfices spectaculaires générés par les ventes de cannabis pour alimenter la violence et la corruption qui frappe l'État mexicain
 

 
Tandis que les trafics de cocaïne, d'héroïne et de méthamphétamine sont les cibles principales de l'application de la loi américaine, c'est la marijuana qui a longtemps fourni aux cartels mexicains de la drogue l'essentiel de leurs recettes. Plus de 60% des revenus des cartels - 8,6 milliards de dollars sur 13,8 milliards de dollars en 2006 - s'expliquent par la vente de marijuana aux États-Unis, selon le Bureau de la Maison Blanche du National Drug Control Policy.
 
Maintenant, pour rester compétitifs, les trafiquants mexicains changent leur modèle d'entreprise pour améliorer leur produit et rationaliser la prestation.
Les cartels mexicains bien organisés se sont également déplacés pour cultiver de plus en plus la marijuana sur des terrains publics aux États-Unis, selon le National Drug Intelligence Center et les autorités locales.
Cette stratégie donne aux mexicains un accès direct au marché des États-Unis, évite le risque de saisie à la frontière et réduit des coûts de transport.
 
À la différence de la cocaïne, que les trafiquants doivent acheter et transporter d'Amérique du Sud, entraînant une hausse des coûts, la marijuana a été particulièrement lucrative pour les cartels parce qu'ils contrôlent toutes les étapes, des champs clandestins dans les montagnes mexicaines aux revendeurs en gros des villes des États-Unis telles que Washington.
 
«C'est du pur profit», a déclaré Jorge Chabat, expert en commerce de la drogue au Centre de recherche et d'enseignement en économie à Mexico.
 
Les dimensions exactes du marché américain de la marijuana sont inconnus. L'édition 2007 du Sondage national sur les drogues et la santé estime que 14,4 millions d'Américains de 12 ans et plus avaient consommé de la marijuana au cours du mois passé.
Plus de 10% de la population américaine déclare avoir fumé de la marijuana une fois dans l'année écoulée.
 
Le Mexique a produit 35 millions de livres de marijuana l'année dernière, selon les estimations du gouvernement.
 
Dans un champ dissimulé sur une colline de l'état de Sinaloa au Mexique, accessible à dos d'âne, une livre de marijuana pourrait rapporter à un agriculteur 25$. Le prix de gros pour cette même livre à Phoenix (Arizona) est de 550$, ainsi les cartels mexicains pourraient vendre près de 20 milliards de dollars de marijuana sur le marché américain chaque année.
 
«La marijuana a créé les organismes de trafic de stupéfiants que l'on voie aujourd'hui. Les familles fondatrices des cartels ont fait leurs débuts avec le cannabis. Et la marijuana demeure une activité très rentable ils se battront pour la protéger», a déclaré Luis Astorga, une autorité de premier plan sur les cartels de la drogue à la National Autonomous University de Mexico, qui a grandi à Sinaloa en 1960 et se rappelle avoir vu de grands producteurs à des fonctions sociales dans la capitale de l'État de Culiacan.
 
Conduits par la Californie, 13 États américains permettent maintenant une certaine utilisation de la marijuana; Le Maryland envisage une telle loi.
Dans de nombreuses villes, la marijuana est l'une des priorités les plus basses pour la police.
 
Pour certaines autorités, les nouvelles lois sont essentiellement des licences à faire pousser de l'argent.
Avec un investissement de 100$ dans un sol enrichi et de nutriments, presque n'importe qui est capable de cultiver une plante qui va produire deux livres de marijuana qui peuvent se vendre pour 9000$ dans des centaines de clubs de marijuana médicale ou dans la rue, selon les producteurs.
 
les sommités de la marijuana cultivée dans des conditions spéciales de ce genre se vendent souvent 10 fois le prix du cannabis de mauvaise qualité cultivés dans des champs de maïs mexicains et abandonnés pendant des mois dans des conditions humides qui érodent sa qualité à long terme.
 
«ce qui s'est produit pendant les cinq dernières années est juste devenu totalement, totalement hors de contrôle, comme une marée verte de personnes venant de tous les coins de différents états qui ont réalisés l'argent que l'on peut y gagner, »nous dit Jack Nelsen, commandant du Humboldt County Drug Task Force en Californie du Nord. Les résidants du comté qui ont une recommandation d'un médecin peuvent légalement développer jusqu'à 99 plantes.
 

 
Les autorités ont trouvé et détruit environ 8 millions de plants de marijuana aux États-Unis l'an dernier, comparativement à environ 3 millions de plants en 2004.
A la question d'estimer quelle quantité de la récolte globale de marijuana était saisie dans son secteur, Wayne Hanson, qui dirige l'unité de marijuana du bureau du shérif du comté de Humboldt, a répondu : « Je dirais sincèrement que nous sommes chanceux si nous obtenons 1 pour cent. »
 
L'utilisation illégale, par des trafiquants mexicains, des terrains publics est une explication à l'augmentation spectaculaire de la production aux États-Unis, selon des autorités et des cultivateurs. Dans les bois du nord de la Californie, les immigrants illégaux sont embauchés par de nantis mexicain «patrons», à poser des tuyaux en plastique et installer des systèmes de gicleurs oscillant pour les champs clandestins qui fournissent "une qualité commerciale» de marijuana moins chère et plus rapide en croissance.
Eric Sligh, rédacteur en chef et éditeur du magazine "Grow" dans le comté de Mendocino en Californie du Nord, a déclaré que les mexicains utilisent une variété de marijuana à croissance rapide et programment leurs récoltes à des périodes de faible production intérieure aux États-Unis.
 
Après l'établissement de réseaux agricoles sophistiqués en Californie, dans l'état de Washington et en Orégon, les trafiquants mexicains décalent leurs opérations vers l'est au Michigan, en Arkansas et en Caroline du Nord, selon les dires des agents fédéraux.
 
Comme d'astucieux négociants de produits domestiques, les trafiquants mexicains programment leurs livraisons afin d'exploiter les cycles de croissance aux États-Unis. Ils entreposent des tonnes de cannabis au sud de la frontière pour les expédier au nord dans les périodes de pics de demande quand les approvisionnements intérieurs sont rares, indiquent les fonctionnaires anti-stupéfiants mexicains.
 
Les trafiquants sont également engagés dans une escalade pour atteindre des niveaux plus élevés de tétrahydrocannabinol, ou THC, l'ingrédient chimique qui donne au cannabis sa puissance. La teneur en THC de la marijuana mexicaines ont saisi à la frontière sud-ouest est passé de 4,8% en 2003 à 7,3% en 2007, selon des responsables américains. Ces niveaux sont encore à moins de la moitié de la marijuana très puissante cultivée dans des endroits tels que Arcata, où la teneur en THC atteint souvent 20 pourcents.
 
Bien que la plupart de la marijuana mexicaine soit encore cultivée en plein air, les forces de sécurité du Mexique ont commencé à découvrir des cultures en serre, similaires à celles constatées aux États-Unis et au Canada. Une unité armée mexicaine en patrouille de routine dans Sinaloa a arrêté deux hommes dans une serre de la taille d'un terrain de football américain avec plus de 20.000 plants de marijuana à l'intérieur. Une serre moderne, équipée de systèmes de réfrigération, de chauffage et d'éclairage très sophistiqués.
 
Dans les forêts domaniales et les terrains forestiers publics de Californie du Nord, les producteurs mexicains tirent sur les agents des services répressifs des États-Unis avec une fréquence croissante, utilisent des engrais et des pesticides qui polluent les bassins versants et provoquent des incendies.
Un incendie de 90000 acres dans la Los Padres National Forest en Californie du sud au mois d'août a débuté sur une exploitation agricole gérée par des trafiquants de marijuana mexicaine, selon les autorités.
Les champs sont si inaccessibles que les hélicoptères sont nécessaires pour déposer des agents, qui coupent les plantes avec sécateurs, machettes et même des scies à chaîne avant de les emmener par les airs afin de les détruire.
 
Cette saison, cinq équipes du Bureau des stupéfiants de police en Californie ont saisi 4,2 millions de plantes d'une valeur estimée à 1,5 milliards de dollars, un bond de 576 pour cent depuis 2004.
 
Ralph Reyes, chef des opérations pour le Mexique et l'Amérique centrale de la Drug Enforcement Administration, a déclaré que les renseignements suggèrent que les cartels principaux sont directement derrière une grande partie de la culture de marijuana qui a lieu sur des terrains publics. « Le consommateur occasionnel aux États-Unis -- l'enfant ou l'adulte qui fument un joint ne va jamais associer fumer ce joint avec les décapitations des gens au Mexique » a t'il ajouté.
 
 
Mais il a été difficile pour les autorités américaines de prouver le lien, en partie parce que les personnes qui cultivent les plantes n'ont aucune idée de pour qui ils travaillent et ne sont en mesure de donner que peu d'informations lors de leur arrestation.
 
Un producteur mexicain dans le comté de Humboldt, qui a récemment récolté 800 plantes et demandé à ne pas être identifiée, a révélé que les fermiers du cannabis (Ganja Farmers) sont généralement sollicités par un patron, anonyme, qui avance l'argent - parfois jusqu'à 50.000 dollars - pour les semences, les engrais , tuyaux, matériel de camping et la nourriture nécessaire pour vivre dans les bois pendant trois mois à cultiver la «Maribel», comme les mexicains appellent la plante.
 
Le cultivateur indique que le patron paie les producteurs en espèces ou en produit, qu'ils peuvent ensuite vendre par leurs propres moyens.
 
"La montagne peut te manger», raconte le fermier. «Tu penses seulement au lendemain. Tu dois te lever à 4 heures du matin pour arroser la marijuana, parce que l'hélicoptère peut venir quand le soleil est levé, et si vous arrosez trop tard, il va voir le brouillard se détacher des plantes.
Vous le faites chaque jour. Il n'y a pas d'église le dimanche ou quelque chose comme ça. Il faut être concentré. Vous devez tout donner pour elles. "
 
 
 
Par Steve Fainaru et William Booth
 
Traduis de l'anglais par Mrpolo
 
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« Et si ton dealer te disait la vérité ? » rêve le gouvernement
Par Invité,
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J'avoue que c'est toujours avec une délectation à la limite de la perversité que je découvre les nouvelles campagnes antidrogues. Je n'ai donc pas boudé mon plaisir ce matin en allant sur le site de l'Inpes pour la cuvée 2009 : « Drogues : ne fermons pas les yeux ».
 
Source: Rue89
https://www.dailymotion.com/swf/xaplxk&related=0
 
Au départ, toujours le même constat :
« Il est nécessaire de refaire le point sur ces risques [liés à l'usage de drogues, ndlr], alors que l'on constate aujourd'hui des expérimentations de plus en plus précoces, une augmentation des usages de la plupart des drogues et une plus grande accessibilité des produits. »
 
Au vu de tels résultats et lorsque l'on sait que les jeunes Français sont les plus gros consommateurs de cannabis d'Europe, on se dit qu'il serait temps de se poser des questions sur les stratégies actuelles. Mais quand on travaille dans la lutte antidrogues, on se dit que ce constat est un encouragement à lutter encore plus fort dans la même direction et, pourquoi pas, à se payer une énième campagne de sensibilisation.
 
Avant d'aller plus loin et pour mesurer le chemin parcouru, une célèbre chanson de la Fondation Michel Platini qui a bien failli faire sombrer toute une classe d'âge dans l'héroïne à force de ridicule en 1987. (Voir la vidéo)
 
https://www.dailymotion.com/swf/x98i9u&related=0
 
On n'évite pas les clichés sur le site Web
 
Le thème de la campagne qui sera diffusée en octobre est qu'« aujourd'hui la drogue s'est banalisée », la preuve on en plaisante à la télé (Thierry Ardisson a dû apprécier de se voir érigé en symbole de la banalisation de la drogue…). Le clip télé est relativement efficace parce qu'il n'est pas trop caricatural. Les spots radios développent le même thème pour chaque produit : cannabis, cocaïne, ecstasy.
 
Vient ensuite la campagne Web. Première impression : le site n'a pas été réalisé par monsieur Royal ; il est même graphiquement plutôt réussi, interactif et simple d'utilisation. Le principe de « Drogues : guette l'info, traque l'intox » (sous-titre : « Et si ton dealer te disait la vérité ») est simple : des jeunes gens font des affirmations sur les drogues, à vous de deviner si c'est de « l'info » ou de « l'intox ».
 

 
Et là, déception dès la première question. Max y affirme : « Je fume juste des joints, il y a pas de soucis ». Dans le doute, je clique « info ». Perdu ! Et pourquoi ma bonne dame ?
« Parce que le cannabis est un stupéfiant interdit par la loi au même titre que l'héroïne ou la cocaïne. Il contient du THC, un principe actif fort qui agit sur le cerveau et peut rendre psychologiquement dépendant. »
 
Cannabis, cocaïne, héroïne dans le même panier, ça commence mal. Plus grosses ficelles ensuite, Clara affirme : « Avec toute l'herbe que tu fumes, au lit ça doit pas être brillant. » On est cette fois censé cliquer « info » : « Fumer du cannabis diminue le désir, la libido et peut provoquer des problèmes d'érection… » Les fumeurs parmi mes lecteurs ne manqueront de laisser leurs témoignages à ce sujet dans les commentaires.
 
On quitte ensuite les ados et le jardin public pour arriver au bureau. Martin affirme : « Moi je prends pas de coke, ça rend malade ce truc-là. » Après une longue hésitation et parce que je me suis déjà fait avoir, je clique « info » :
 
« La cocaïne peut entraîner une forte dépendance psychique, des délires paranoïdes ou des crises de panique. »
 
Jusque-là, difficile de dire le contraire. Mais on lit ensuite : « Par son effet désinhibant, elle peut aussi conduire à des actes de violence et des agressions sexuelles. » Loin de moi l'idée de dire que cela n'arrive jamais, mais qui oserait dire : « La voiture peut rendre violent et entraîner le meurtre d'un autre automobiliste. » La crédibilité en prend un coup.
 
Autre scène, autres drogues, Alex croit savoir que le « poppers, c'est dingue niveau cul ». « Intoooooooox », crie le choeur de la foule qui, à force, a fini par piger le système : « Le poppers peut entrainer des troubles respiratoires graves allant jusqu'au décès. » Rien sur le fait que
son interdiction a été sanctionnée par le Conseil d'Etat et que si l'on en trouve dans tous les sex shops c'est peut-être parce que ça a quelque effet au lit…
 
 
Si les drogues sont dangereuses, c'est justement parce que c'est bon
 
Les campagnes antidrogues ne gagneraient-elles pas à un peu moins de caricature, en expliquant, par exemple, que si la drogue ce n'était que de la merde, personne n'en prendrait plus depuis longtemps et que c'est justement parce que c'est bon, au début du moins, qu'on finit par y prendre goût et que ça devient dangereux.
 
Parce qu'à force de faire croire aux jeunes qu'ils risquent l'overdose au premier pétard (on ressort ainsi l'histoire du type qui se balance par la fenêtre parce qu'il veut voler après avoir fumé un pétard…), on perd toute crédibilité lorsque, en fumant le premier, ils trouvent ça beaucoup plus sympa que ce qu'on leur avait dit. Et puisqu'on leur a menti là-dessus, comment croire les adultes lorsqu'ils disent que c'est dangereux…
 
Pour finir sur une note positive, voilà ce que ça pourrait donner avec un peu d'humour en plus. (Voir la vidéo)
 
https://www.dailymotion.com/swf/x7fp3p&related=0
 
 
Par Arnaud Aubron
 
 
 
 
A voir aussi
 
► Ardisson exige le retrait du clip du gouvernement
► Les dix drogues à ne pas prendre au volant
► Un tiers de fumeurs de pétards en plus : que fait la police ?
► La présentation de la campagne sur le site de l'Inpes
► Le site "Drogues: guette l'info traque l'intox"
► Drogues : le gouvernement met en garde les jeunes
► CIRC: Réaction au plan de la MILDT
 
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