Non, OCB ne finance pas le FN et n'appartient plus à Bolloré

Par Invité ,

 

C'est une rumeur aussi vieille et entêtante que mon premier pétard. Aujourd'hui encore, sur le Net ou dans les arrières cours de récré, il se dit qu'il n'y a pas de fumette sans feu : le papier à rouler OCB, longtemps favori des esthètes du joint, financerait le Front national…

 

Source: Rue89

 

 

Si vous ne l'avez jamais entendue, vous êtes bien le seul (une simple recherche « FN OCB » sur Google suffit à s'en convaincre). A tel point que les anciens propriétaires de la marque ont dû se payer une vaste campagne de pubs pour se racheter une image à la fin des années 90.

 

Ancien propriétaire ? C'est l'autre croyance tenace associée à la marque : OCB appartiendrait à Vincent Bolloré. Cette fois ce fût vrai, au siècle dernier, mais ne l'est plus depuis 2000.

 

Du papier plus fin que fin venu de Chine

 

align=righthttps://asset.rue89.com/files/imagecache/asset_wizard_vignette/files/ArnaudAubron/Image%2017.png[/img]Publicité pour OCBTout démarre au début d'un autre siècle, le XIXe du nom, quand le Dr René Bolloré ramène de Chine un procédé révolutionnaire pour produire du papier plus fin que fin, qui servira pour les cigarettes et la bible.

 

L'audacieux Breton installe sa fabrique sur les bords de l'Odet en 1822. Puis une seconde voit le jour à Cascadec, toujours sur les bords de l'Odet, en 1893. En 1918, un descendant du Dr Bolloré lance la marque OCB : O pour l'usine d'Odet, C pour celle de Cascadec et B pour Bolloré.

 

N'en déplaise aux fans de Billy Ze Kick, OCB ne signifie donc pas Oxyde carton blindé. (Voir la vidéo)

 

 

https://www.youtube.com/watch?v=R48TPTdaF44

 

 

Le business roule jusqu'à la seconde Guerre mondiale. Puis s'effondre. Avec son frère, Vincent Bolloré rachète la papeterie familiale en 1981 pour un franc symbolique. Et la redresse, notamment en acquérant le concurrent Job en 1986. La production est délocalisée à Perpignan.

 

Tout va pour le mieux jusqu'à ce jour de 1996 où la méchante rumeur parvient aux oreilles de Cédric Bolloré, cousin de Vincent et directeur marketing de Bolloré Technologies, inquiet d'une baisse inexpliquée des ventes alors que le tabac se porte bien et le pétard a priori encore mieux.

 

 

 

Le FN pas au courant

 

Comment des générations entières de fumeurs (pétards et cigarettes confondus) se sont mises à croire et à faire croire qu'OCB était au pire une société appartenant au Front national, au mieux un généreux donateur de l'extrême droite ? Nul ne le sait. Peut-être l'image pour le moins controversée du groupe en Afrique laisserait-elle penser à des affinités avec l'extrême droite ?

 

Côté Bolloré, on a une autre explication :

 

« Ça ne pouvait venir que de la concurrence, la marque ciblait les jeunes et cette rumeur visait donc à nous nuire… »

 

Côté FN, on m'affirme découvrir la rumeur. A part de communes racines bretonnes, y aurait-il au moins des liens entre la famille Bolloré et le clan Le Pen ? « Vu notre situation financière actuelle, ça nous aiderait beaucoup, mais malheureusement non », assure-t-on au Front. Même démenti côte Bolloré :

 

« Ce n'est pas vraiment le genre de la famille. Il y avait deux Bolloré dans le commando Kieffer pendant la guerre… »

 

Même si l'illustre ancêtre Gwenn-Aël, susdit résistant et vice-président des petits papiers familiaux de 1952 à 1974, se serait acoquiné avec l'OAS, le choeur familial battrait plutôt pour la droite bon teint. Vincent comptait ainsi parmi les invités de son ami Nicolas Sarkozy au fameux diner du Fouquet's et lui a rendu la politesse en lui prêtant son yacht et ses jets privés au cours de peu reluisants épisodes jadis contés par Rue89.

 

Racheté par le géant américain de la cigarette à rouler

 

Reste que depuis près de vingt ans la rumeur se propage. Et finit même par se chanter : en 1996, le groupe Afrojazz la reprend dans un de ses titres, retiré depuis : « Une des filiales du FN s'appelle OCB, faut pas les aider… »

 

En janvier 1997, les Bolloré décident de prendre le taureau de papier par les cornes et commandent une étude d'opinion à l'Institut d'observation et de décision (IOD) pour se faire une idée des dégâts. 600 consommateurs sont testés, 15% ont entendu parler de cette histoire de financement du FN.

 

Pour ne pas amplifier la rumeur, OCB ne fait pas de démenti officiel mais déroge à ses principes historiques de discrétion et lance une vaste campagne de pub mettant en scène un mannequin noir à la langue suggestive. Un mannequin censé faire comprendre qu'OCB ne fraie pas avec l'extrême droite.

 

A en croire la persistance de la rumeur, l'objectif n'a pas été totalement atteint, mais la pub, elle, fera date, notamment déclinée avec Zazie.

 

Reste un autre problème pour Bolloré, son papier extra fin est devenu le favori des amateurs de fumées clandestines, malgré la contre-offensive du concurrent Rizzla avec son « Original ». « Ça commençait à poser des problèmes et cette image de fournisseur des “fumeurs alternatifs” n'enchantait personne », euphémise-t-on aujourd'hui chez Bolloré. Oubliant au passage qu'en commercialisant des feuilles King Size uniquement utilisées par les fumeurs de pétards, OCB a largment et en toute conscience profité de cette manne.

 

« De plus cette activité était trop marginale », même si Bolloré technologie est alors le second producteur mondial de papier à rouler.

 

Résultat, la marque et l'usine de Perpignan sont revendues en 2000 à un distributeur américain, Republic Tobacco, propriété de Donald Levin et leader mondial de la cigarette roulée. Peu à peu, Bolloré revend l'ensemble de son activité papiers à l'Américain, jusqu'à se désengager totalement en 2009.

 

Difficile d'imaginer le roi de la cigarette à rouler américain en financier du Front National. Quant à savoir si la rumeur du FN nuit encore à la marque, difficile à dire puisque personne n'est joignable au mois d'août dans l'usine de Perpignan. Reste que le noir est toujours associé à OCB, qui vient de lancer une gamme « Black thinking ». Message subliminal ?

 

 

 

Ailleurs sur le Web

 

La rumeur qui a déstabilisé OCB, sur l'Expansion.com

Le site du groupe Bolloré

Le site de Republic Technologies

La biographie de Vincent Bolloré sur Wikipédia

 

 

 


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:-? Encore un argument inventé à mon avis

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J'avais effectivement entendu parler de cette rumeur. Certains allaient même à dire que la gomme arabique de ces feuilles contenait des traces de gélatine de porc (pas très crédible tous ça). Enfin pour ce qui est du désengagement de bolloré je suis étonné car ayant une feuille sous les yeux on peut encore lire le filigrane "bolloré" (très peu visible certes du fait de la finesse de la feuille mais toujours là...)

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Salut,

A la rumeur rien de plus terrible et qui risque de vous coller pendant des années.

Mais OCB appartient toujours au groupe Bolloré, et puis quand on n'est un ami très proche du président, pourquoi aller fricotter avec le FN.

De plus Sarko a fait exploser le FN pour recupérer des voix, donc je ne pense pas qu'il finance le FN. Et si c'était le cas; pourquoi le front national vends même son siège social (Le Paquebot).

Maintenant tout est possible en politique, dernière présidentielle au 2° tour; les voix de Besancenot pour qui étaient-elles ségo ou sarko?

A Méditer

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