Mulhouse, Passeur de drogue pour une bonne cause
Les 18 kg de cannabis que ce prévenu de 33 ans tentait de passer en Angleterre avaient beau être destinés à des fins thérapeutiques, le tribunal correctionnel mulhousien n'a pas apprécié.
A la différence de bon nombre de passeurs, dealers et autres trafiquants de stupéfiants, Peter Kenward n'est pas du genre à se déballonner devant un juge, en l'occurrence Olivier Kirchner qui présidait hier les débats. Le sujet de sa très gracieuse majesté reconnaît les faits et les assume. Ceci d'autant plus qu'il oeuvrait, selon lui, pour une bonne cause. Le 9 février 2002, le prévenu, venant de Suisse, était interpellé par les douaniers de Saint-Louis, avec en sa possession 10 kg d'herbe de cannabis et de 8 kg de résine de la même drogue. Selon ses déclarations - qui ne varieront jamais au cours de l'instruction et qui seront confirmées par les autorités anglaises - c'est un reportage télévisé sur certaines cultures de cannabis autorisées en Suisse qui lui avait donné l'idée d'y faire son "marché". En Angleterre, il était en contact avec des associations militant pour la légalisation des drogues douces à des fins thérapeutiques. C'est pour leur compte qu'il avait fait le voyage d'Angleterre en Suisse afin d'acheter ces 18 kg de cannabis chez un Américain, un certain Chris Iverson cultivant le chanvre. Lequel niera ensuite avoir approvisionné le prévenu. Peter Kenward n'était pas totalement désintéressé : pour satisfaire à sa consommation mensuelle de cannabis d'environ 1000 €, il comptait distraire 3 kg des 18 kg rapportés en Angleterre. Pour le vice-procureur Jean-Pierre Vogel, « le prévenu connaissait la législation française et toute mansuétude encouragerait les passeurs. Je requiers trois ans de prison dont quelques mois avec sursis ». Me Isabelle Deck n'a pas tari d'éloges pour son client : « M. Kenward est intelligent, ouvert et sympathique. Il voulait soutenir des associations qui aident des malades à mourir dignement. » Le tribunal a condamné le prévenu à quatre ans de prison dont deux avec sursis, à l'interdiction définitive du territoire français et à 35 000 € d'amende.
Pierre M. Gallais
© Dernières Nouvelles d'Alsace, Vendredi 3 Janvier 2003