Commencer à fumer de la marijuana après l'âge de 17 ans n'aurait pas d'impact sur les fonctions du cerveau des jeunes par la suite, conclut une nouvelle étude québécoise.
Les auteurs concluent que les jeunes qui commencent à fumer de la marijuana au début de leur adolescence auront certaines capacités de leur cerveau plus limitées que ceux qui roulent leurs premiers joints après l'âge de 17 ans.
PHOTO LUIS ROBAYO, ARCHIVES AFP
Alors que le Canada est en train de réfléchir aux différents aspects de la légalisation de la marijuana, l'étude pourrait apporter de nouveaux arguments à ceux qui insistaient pour que la substance ne soit accessible qu'aux personnes âgées de plus de 18 ans. C'est d'ailleurs la recommandation du Groupe de travail sur la légalisation et la réglementation du cannabis du gouvernement fédéral.
Cette nouvelle étude a été réalisée par des chercheurs de l'Université de Montréal et publiée dans la revue Development and Psychopathology des Presses universitaires de Cambridge.
Les auteurs concluent que les jeunes qui commencent à fumer de la marijuana - ou à consommer du cannabis sous d'autres formes - au début de leur adolescence auront certaines capacités de leur cerveau plus limitées que ceux qui roulent leurs premiers joints après l'âge de 17 ans.
Car le cerveau se développe encore à l'adolescence, fait remarquer en entrevue Natalie Castellanos Ryan, chercheuse principale de cette étude et professeure adjointe à l'École de psychoéducation de l'Université de Montréal.
Ainsi, les adolescents qui fument du cannabis dès l'âge de 14 ans obtiennent de moins bons résultats à certains tests cognitifs - faits lorsqu'ils avaient 20 ans - et sont aussi plus nombreux à abandonner leurs études que ceux qui ne fument pas de cannabis, note Mme Castellanos Ryan.
Chez ces jeunes, elle a noté un impact sur leurs habiletés fondamentales nécessaires à la résolution de problèmes, dont l'apprentissage par essais et erreurs et la prise de décision.
Néanmoins, les déclins ont été observés sur certaines capacités cognitives uniquement, et non pas sur la totalité des fonctions du cerveau, note la chercheuse. L'équipe de recherche n'a pas décelé d'impact à long terme sur la mémoire ni sur la faculté de concentration.
Mais les problèmes cognitifs n'ont pas été constatés chez les jeunes de 20 ans qui ont commencé à fumer de la marijuana après l'âge de 17 ans: en fait, leurs capacités cognitives étaient les mêmes que ceux qui n'y avaient jamais touché.
«Nous avons constaté que les adolescents qui ont commencé à consommer du cannabis à l'âge de 17 ans ou plus tard ont obtenu les mêmes résultats que ceux qui n'avaient pas fumé de cannabis», a expliqué Natalie Castellanos Ryan.
Elle précise toutefois qu'il ne faut ni exagérer ni minimiser les effets nocifs du cannabis, et plutôt se baser sur les faits prouvés par des études.
Cette étude comporte toutefois certaines limites, note la chercheuse. La fréquence de la consommation de marijuana a été mesurée, mais pas la quantité, faute de données probantes. De plus, seuls des garçons ont été évalués.
Ils provenaient toutefois d'un milieu assez homogène, ce qui permet d'éliminer l'impact de certaines distinctions socio-économiques.
Dans cette étude, la chercheuse et son équipe de l'Université de Montréal et du Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine ont examiné les cas de 294 garçons blancs francophones issus des quartiers les plus défavorisés de la ville. Les adolescents ont effectué des tests cognitifs à l'âge de 13, 14 et 20 ans, de 1991 à 1998.
Stéphanie Marin
La Presse Canadienne
Source: lapresse.ca
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