L'ancien patron de SOS-Racisme Malek Boutih, devenu membre de la direction du PS chargé des questions de société en 2003, s'est fait une spécialité : celle de produire des rapports iconoclastes que son propre parti s'empresse de glisser sous le tapis. Après ses propositions controversées sur l'immigration, en 2005, voici aujourd'hui le cannabis, ou comment "contrôler son usage pour protéger les citoyens".
Source : Le Monde
Dans une note de cinq pages, rédigée pour la commission nationale du projet du PS, M. Boutih milite pour la réforme de la loi de 1970 relative aux mesures sanitaires de lutte contre la toxicomanie et à la répression du trafic et de l'usage illicite des substances vénéneuses. Il la qualifie de "ligne Maginot", et prône la "reprise du marché par la puissance publique" afin de lutter contre la "mafia". La "fin de l'hypocrisie, écrit-il, apporterait bien-être et ordre là où la clandestinité et le malaise se sont installés". Car pour M. Boutih, le cannabis " est la clé de voûte de la ghettoïsation et de l'insécurité dans les quartiers populaires".
2 M2 POUR LES PARTICULIERS
Plutôt que sa dépénalisation, il recommande donc une "régulation" par l'Etat et lance quelques idées audacieuses, inspirées du modèle néerlandais, pour "une nouvelle filière agricole". Le responsable socialiste imagine ainsi des "coopératives chanvrières outdoor (plein champ)" cultivées par des agriculteurs "sur des surfaces sécurisées" et "restreintes à 2 hectares". Ces coopératives "garantissent la production de masse du haschich et de l'herbe de consommation courante". Des "chanvrières sous serres", limitées à "1 hectare", permettraient de cultiver des "boutures de variétés de cannabis" et de "soutenir la concurrence qualitative avec les marchandises d'importation". Enfin, toujours "indoor" (sous serre), des horticulteurs exploiteraient des surfaces de 500 m2, et les producteurs "indépendants", 50 m2. Pour les particuliers, "une surface de 2 m2 de floraison "indoor" et 10 pieds "outdoor" par foyer semble une limite raisonnable, précise le rapport. Les cannabiculteurs les plus passionnés devront se professionnaliser."
Côté distribution, des "associations pourront ouvrir des clubs de consommateurs", de 18 heures à minuit en semaine, jusqu'à 2 heures le week-end, à condition de ne faire aucune publicité extérieure. Bien sûr, M. Boutih sait que dans la "forme actuelle, le PS ne va pas tout reprendre". Mais, dit-il, "c'est ma façon de travailler". Un peu poil à gratter.
Isabelle Mandraud