Les Pays-Bas ont annoncé hier que l'accès aux coffee shops allait être plus règlementé. Une carte de membre sera désormais nécessaire.
Source: Libération
Un client, dans un coffee shop de Rotterdam, en 2008. Jerry Lampen / Reuters
Plus question d'acheter librement de la drogue dans les coffee shops au Pays-Bas. Face aux nuisances générées par le tourisme de la drogue, le pays revoit sa politique de tolérance: les acheteurs de cannabis vont devoir présenter une carte d'accès pour s'approvisionner dans les coffee shops à la frontière belge.
«Nous allons transformer les coffee shops, des établissements ouverts, accessibles à tous, en établissements fermés dont il faudra devenir membre», a annoncé hier le maire de Maastricht, Gerd Leers. L'objectif de la mesure, qui sera mise en place dès le 1er janvier 2010 dans la trentaine de coffee shops de la province du Limbourg (sud-est), est de «décourager la majorité des touristes de la drogue», a-t-il précisé.
En effet, chaque année, c'est près de quatre millions d'étrangers qui vont acheter du cannabis dans le Limbourg. La moitié d'entre eux se rendent à Maastricht. «Nous luttons depuis des années contre l'attrait qu'exercent sur les étrangers les coffee shops du Limbourg en tant que région frontalière et les nuisances liées à la venue de nombreux Belges, Français et Allemands», a souligné Gerd Leers. Ces nuisances se traduisent par des dégradations, un intense trafic routier, du trafic de drogue et d'autres faits criminels.
Une carte d'accès individuelle obligatoire
Le projet pilote, soutenu par le gouvernement, prévoit que pour acheter du cannabis, il faudra être titulaire d'une carte d'accès individuelle, délivrée par les coffee shops. Cette carte, sur base d'une donnée biométrique, permettra d'identifier les clients qui ne pourront plus acheter que 3 grammes de cannabis maximum par jour, contre 5 grammes actuellement. Et l'achat de cannabis ne sera possible que par carte ou virement bancaire.
«Les petits approvisionnements des coffee shops, à l'origine conçus pour répondre aux besoins locaux, sont devenus un grand business dont beaucoup veulent profiter, notamment des revendeurs illégaux dépendant souvent d'organisations criminelles», a affirmé le maire de Maastricht. Les 702 coffee shops néerlandais disposent d'une licence municipale pour vendre la marijuana mais ne sont pas autorisés à en stocker plus de 500 grammes. La culture et la vente en gros sont actuellement interdites.
«Une approche plus dure de l'illégalité»
Le projet présenté mardi prévoit également une «approche plus dure de l'illégalité» par la police et la justice, qui devront en faire leur priorité, a insisté la ministre de l'Intérieur, Guusje Ter Horst. Par ailleurs, le Conseil d'Etat néerlandais a posé une question préjudicielle à la Cour européenne de justice sur la possibilité de limiter l'accès de coffee shops aux seuls Néerlandais. Une réponse n'est pas attendue avant un an et demi.
Deux communes néerlandaises, Roosendaal et Bergen-op-Zoom (sud-ouest), également proches de la frontière belge, avaient annoncé en mars la fermeture définitive, à partir de septembre, de leurs huit «coffee shops», pour mettre fin aux nuisances de quelque 25 000 touristes qui viennent acheter chaque semaine du cannabis. Ces fermetures ne sont cependant pas «une réelle alternative», a estimé le mairie de Maastricht, elles «risquent de chasser les clients dans l'illégalité».
(Source AFP)