Une campagne d'affichage de la Prévention routière, contestée par les producteurs de vin, en 2002
PARIS (AFP) - 30/06/2004 16h53 - Les médecins-alcoologues, à l'origine d'une pétition qui a déjà rassemblé plus de 4.600 signatures, se sont fermement prononcés mercredi contre un assouplissement de la loi Evin qui favoriserait la publicité du vin en France.
source :tv5.org"Cette démarche provoquerait une augmentation de la consommation de vin qui déboucherait sur un accroissement des dommages sociaux et sanitaires", a expliqué le Dr Alain Rigaud, psychiatre à Reims et responsable de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (ANPAA).
Cette prise de position intervient à quelques jours de la remise au Premier ministre d'un livre blanc sur la question de l'alcool.
La publicité pour les alcools n'est d'ailleurs pas interdite mais "restreinte au produit et à ses qualités", rappelle l'ANPAA qui se bat pour éviter les messages "avec jolies filles et belles voitures" visant à présenter comme positifs et peu risqués les comportements de consommation, à "accroître la sur-consommation et, chez les mineurs, à favoriser la précocité des consommations".
Les médecins spécialisés sont particulièrement remontés contre la filière viticole qui, pour obtenir le droit de faire de la publicité, voudrait assimiler le vin à un "aliment".
"Dire que le vin, ce n'est pas de l'alcool est une contre-vérité scientifique et en parler comme d'une boisson +agricole+ ou +naturelle+ tend à faire croire qu'il s'agit d'un +aliment+, ce qui est une mystification puisque le vin n'apporte aucun élément indispensable à l'organisme et qu'il s'agit tout au plus d'un +condiment+", a souligné le Pr Michel Reynaud, chef du service d'addictologie de l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif.
"La loi Evin n'est pas responsable de tous les maux de la viticulture, et ce n'est pas le droit de faire de la pub' en France qui va faire augmenter les exportations", souligne le Dr Rigaud.
Quant à la mention "à consommer avec modération", elle devrait être revue "car, dit-il, chacun construit son échelle et son thermomètre par rapport à sa propre consommation".
Selon lui, "il serait plus judicieux de donner des "repères de consommation" en se basant sur la notion de verre d'alcool, puisqu'il y a la même quantité d'alcool pur (12 grammes) dans un ballon de vin, un demi de bière, un verre de whisky, un verre de pastis ou une coupe de champagne".
Les alcoologues dénoncent aussi le double discours des politiques : "il n'est pas possible de se servir du tabac et du cannabis comme de rideaux de fumée, d'exacerber les dangers du cannabis et, dans le même temps, d'amoindrir ceux de l'alcool", affirme le Pr Reynaud.
Pour mettre fin à ces ambiguités, l'ANPAA réclame d'ailleurs la mise en chantier d'une loi sur les addictions qui concernerait non seulement l'alcool mais l'ensemble des substances psycho-actives qui induisent une modification de l'état de conscience et du comportement.
L'alcool est présent dans un tiers des accidents automobiles mortels et deux-tiers de ceux qui surviennent de nuit. Il est aussi responsable chaque année d'au moins 40.000 morts, environ 23.000 par maladies directement liées à l'alcool (cancers, cyrrhoses) et 17.000 par accidents, violences, homicides et suicides.
Un quart des hospitalisations et 40 % des admissions dans les services de psychiatrie sont directement liés à une sur-consommation d'alcool.
Deux tiers des patients soignés pour alcoolisme sont dépendants du vin et 5 millions ont une consommation à risque.
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