Nouvelle mode du cannabis ou succès des campagnes de prévention antitabac ? Un peu des deux en fait.
Toujours est-il que les lycéens américains sont, pour la première fois depuis trente ans, plus nombreux à déclarer fumer des pétards que des clopes.
Selon le sondage annuel Monitoring the future publié mardi, 21,4% des élèves de terminale interrogés ont fumé de la marijuana au cours des 30 derniers jours, contre 19,2% pour la cigarette.
6% des mêmes élèves déclarent fumer quotidiennement (contre 5% l’année dernière).
Le sondage, réalisé anonymement auprès de 46000 élèves de 13 à 18 ans (élèves de 8e, 10e et 12e), montre également une hausse de la consommation d’ecstasy.
Pour le « Tzar » antidrogues du gouvernement, Gil Kerlikowske, le regain d’intérêt des jeunes pour le cannabis, après dix ans de déclin, s’explique par les campagnes organisées autour de la marijuana médicale ou de la légalisation, comme en Californie, qui enverraient de « mauvais messages » à la jeunesse: « Appeler la marijuana une médecine à fumer est totalement incorrect », a-t-il affirmé lors de la présentation des résultats de l’enquête.
Des chercheurs parlent également « d’oubli générationnel »: après dix ans de baisse de la consommation, les jeunes n’auraient pas été témoins des grands pics de consommation, comme l’ecstasy à la fin des années 90, et n’auraient donc pas été assez soumis aux messages de prévention.
De son côté, le Dr Nora Volkow, directrice du National institute on drug abuse, organisme à l’origine du sondage, s’inquiète des conséquences à long terme de cette consommation précoce de cannabis:
« Cet usage important de cannabis avant et pendant l’adolescence, quand le cerveau continue à se développer, met notre jeunesse en danger. La marijuana n’affecte pas que l’apprentissage, le jugement ou les facultés motrices. Les recherches montrent qu’une personne sur six qui commence à fumer de la marijuana à l’adolescence devient accro. »
Difficile quoi qu’il en soit de ne pas se poser la question des mérites comparés de la prohibition et de la prévention.
Le matraquage publicitaire sur les dangers du tabac, qui reste légal, semble en effet si l’on en croit ce sondage, plus efficace que la peur du gendarme. Surtout dans un pays où, Californie mise à part, les lois antidrogues sont assez drastiques.
Une tendance qui pourrait également s’expliquer par le manque d’efficacité des spots antidrogues.
Selon plusieurs études aux résultats étonnants, les campagnes alarmistes du gouvernement fédéral inciteraient plutôt les jeunes à fumer des pétards ! Ce que l’on appelle l’ »effet boomerang ». Des chercheurs de l’université San Marcos (Texas) ont étudié plus de 200 adolescents confrontés à ces spots:
« L’exposition à des publicités anticannabis peut non seulement changer positivement la manière dont les téléspectateurs voient la substance, mais peut aussi accroitre directement le risque d’utilisation de cannabis. »
L’exagération heurterait en effet le bon sens des jeunes qui connaissent les effets réels de la marijuana et provoquerait un sentiment de rejet, puis faciliterait le passage à
l’acte.
Un comportement qui n’a pas été relevé pour les publicités antitabac, généralement moins caricaturales.
Arnaud Aubron
Source :Drogues News
Relayé par Mixol le 16/12/10