Dans cette vidéo diffusée sur France 2 en 2005, un faux animateur pose enfin les vrais questions sur le cannabis à trois débatteurs ignorant participer à une émission satirique. Le plateau est composé du sénateur UMP Bernard Plasait, auteur du rapport parlementaire « Drogue, l’autre cancer », Serge Lebigot, président de l’association France sans drogue et le psychanalyste Mario Sanchez, directeur adjoint de la clinique spécialisée en toxicomanie Montevideo.
Source : Chanvre-Info
Les deux croisés de la prohibition sont habilement poussés à bout par le faux journaliste. Leurs exagérations flagrantes sont régulièrement contrées par le spécialiste de la toxicomanie. Le sénateur Plasait reconnaît en fin de compte que la dépénalisation pourrait être une solution. Il aura fallu un acteur motivé contre la langue de bois pour en arriver à cette évidence. Que font les vrais journalistes ?
Quelques observations :
Bernard Plasait reconnaît que l’usage régulier de cannabis a triplé en dix ans mais il prétend que sa dépénalisation entraînerait encore une explosion de la consommation. L’exemple des pays voisins abolitionnistes prouve pourtant le contraire. Les Pays-Bas comptent moins de consommateurs de cannabis ou d’autres drogues que la France.
Pour éluder cette évidence statistique, Serge Lebigot prétend que le cannabis serait responsable d’une explosion de violence urbaine en Hollande, pays soi-disant le plus touché en Europe. Les Pays-Bas connaissent effectivement un accroissement de la violence mais la situation n’est absolument pas comparable avec la France. Je pense que l’émission a été enregistrée avant les émeutes. Il n’y a pas de voitures ou de poubelles incendiées dans la banlieue d’Amsterdam. Les violences et les incivilités n’ont pas décuplé depuis 1990 comme en France. A noter que les amis du sénateur UMP Plasait ont occupé le pouvoir pendant 10 ans sur 17.
Malgré une approche sociale bien plus libérale que la notre, les Pays-Bas sont classés 9ème au classement WEF de la compétitivité des puissances mondiales quand la France patauge à la 18ème place. La Hollande connaît bien une montée du hooliganisme et des émeutes raciales comme la France. Mais on ne peut pas comparer les relations sociales hollandaises, certes plus tendues qu’à une époque mais encore assez cordiales, avec la haine de la police et du système chez les jeunes français. Chercher la paille dans l’œil du voisin pour ne pas voir la poutre dans le sien, Serge Lebigot excelle dans cet exercice nauséabond.
La disponibilité du cannabis n’entraîne donc pas la décadence d’une société comme le pense Serge Lebigot, des témoins de son obédience devant la commission Plasait ou Nicolas Sarkozy qui ne manque jamais une occasion de calomnier la politique du cannabis en Hollande sur le mode catastrophiste. Par contre, une bonne partie des nuisances du tourisme « sociétal » est provoquée par des français en quête d’une réglementation plus pragmatique sur les drogues, la prostitution, le jeu, l’avortement, l’euthanasie...
Comme Mario Sanchez, je dénonce l’amalgame qu’il tente de faire entre l’usage du cannabis et la violence. Plus d’un tiers des jeunes sont des usagers réguliers ou non de cannabis, il y a donc forcément des usagers dans les auteurs de violences. Pourtant, malgré des accusations répétées depuis plus de 70 ans, aucune enquête sérieuse n’a pu établir un lien entre le cannabis et la violence. L’observation empirique de la grande majorité des usagers amène le faux journaliste des Hyènes à douter d’un lien de causalité.
C’est pourtant un épouvantail toujours agité violemment par la nébuleuse d’associations prohibitionnistes comme Parents contre la drogue, une autre casquette de Serge Lebigot, qui bombardent les élus comme Bernard Plasait de rapport et de notes hyper alarmistes. Ce dernier n’hésite pas dans le débat à comparer la consommation de cannabis avec le viol ou le crime pour justifier la prohibition. Toujours l’amalgame entre cannabis et déviance, ce thème est aussi régulièrement exploité par la presse populaire pour vendre du papier. Cette calomnie systématique pourrie le débat partout dans le monde. Elle est généralement tolérée par les journalistes et les animateurs, l’acteur lui ne s’en laisse pas compter. Il exaspère ainsi les deux prohibitionnistes, visiblement peu habitués à un journaliste aussi pugnace.
Ne pouvant plus se cacher derrière des arguments bidons, le sénateur admet que le cannabis est totalement disponible malgré l’interdit, ce n’est donc pas logique de penser comme lui qu’un changement de statut légal influera durablement sur la consommation. Il admet aussi que le dispositif de stage de prévention et d’amendes de la dernière loi Sarkozy n’est pas adapté aux ados et encore moins aux adultes intégrés. Il se sauve un peu avec la sensibilisation des petits enfants, dernier rempart du prohibitionniste harcelé pour finir par admettre la dépénalisation comme une solution. Une vraie révolution, je regrette que le sujet ne montre pas la tête de Lebigot à ce moment.
Le sénateur Plasait veut une politique unique, applicable pour toutes les substances, c’est une dissidence par rapport à Sarkoiznogood pour qui le vin et les antidépresseurs ne sont pas des drogues. C’est un appui à la ligne politique de la MIDLT période Maestraci pourtant honnie par Lebigot et ses amis. Ce sujet prouve qu’on peut facilement coincer les prohibitionnistes dans leur propre logique, sur leurs arguments. Il est très inquiétant pour la liberté de la presse et l’indépendance des médias que ce travail soit uniquement réalisé par les Hyènes de France ou d’Italie, par Djamel ou les Guignols, par Bruno Solo ou Ivan Le Bolloch. Les bouffons sont une interface indispensable entre le peuple et le pouvoir. L’élite doit en tenir compte.
Laurent Appel