Comprendre l'usage du cannabis en cinq graphes
Plusieurs Etats ont légalisé le cannabis dont le dernier en date, la Californie,
le 1er janvier dernier. - Noah Berger/AP/SIPA
Illégal dans la majorité des pays, le cannabis reste cependant fortement consommé. Mais pas forcément là où il est le moins cher. Etat des lieux.
L'étau répressif autour du cannabis se desserre lentement. A commencer par l'Hexagone, où le nouvel exécutif a décidé, fin janvier, d'instaurer une simple amende pour sanctionner les usagers de cannabis.
Un premier assouplissement des sanctions, qui ouvre - tout doucement - la voie à une dépénalisation de cette drogue douce, en lui retirant le risque d'écoper d'une peine de prison pour sa consommation.
Cette direction, une douzaine de pays européens l'a déjà prise, tels que le Portugal, l'Italie, le Danemark ou encore l'Allemagne. D'autres Etats sont même allés plus loin en légalisant complètement l'herbe taboue. Dernier en date : la Californie, le 1er janvier dernier. Le Canada, lui, s'y prépare pour juillet prochain.
Pour comprendre le phénomène et en estimer le potentiel, Seedo, une entreprise commercialisant des appareils de culture de cannabis, a étudié pour la première fois le coût et les revenus potentiels que pourrait générer la légalisation de la plante. Etat des lieux.
Le cannabis encore largement illégal... mais consommé
Si l'interdiction du cannabis est encore très répandue dans le monde, elle n'en régule pas l'usage. Loin de là. Même avec des politiques extrêmement punitives, allant jusqu'à la peine de mort comme en Egypte ou au Pakistan, les pouvoirs publics ne parviennent pas à dissuader les clients.
Selon les estimations de Seedo, la ville pakistanaise de Karachi ou encore Le Caire font même partie des villes les plus grosses consommatrices de cannabis, avec respectivement 41,95 tonnes et 32,59 tonnes parties en fumée chaque année.
« Que la consommation illégale de cannabis soit si élevée même dans des pays qui imposent la peine de mort, comme le Pakistan ou l'Egypte, prouve que ceux au pouvoir ont [...] besoin de comprendre que de nouvelles lois sont nécessaires », commente Uri Zeevi, directeur de marketing à Seedo.
Peu de corrélation entre prix et niveau de consommation
Le prix ne semble pas non plus avoir d'incidence sur le niveau de consommation de cannabis. Les New Yorkais par exemple consument 77,4 tonnes de cannabis par an, bien que le prix y soit de 8,61 euros le gramme. Soit quarante centimes de plus que la moyenne des 120 villes étudiées. Et plus d'un euro plus cher que le prix médian, à 7,17 euros.
Seul bémol : Seedo évalue le niveau de consommation par ville. Il est donc logique qu'à New Delhi, peuplée de 22 millions d'habitants, on consomme presque trois fois plus qu'à Philadelphie, comptant 2 millions d'habitants. Cela dit, la moyenne atteint 7,31 tonnes annuelles et la médiane : 2,92 tonnes. Le nombre d'habitants n'explique donc pas tout.
D'alléchantes recettes fiscales
Lorsque le débat sur la légalisation du cannabis ressurgit, à intervalles réguliers, un argument est plus audible que les autres : les recettes fiscales potentielles. Seedo a, là aussi, choisi d'en estimer les revenus en appliquant au cannabis le même taux que la taxe locale imposée à la cigarette.
Et les chiffres sont parlants. Au Caire par exemple, le revenu potentiel s'élèverait à 307,9 millions d'euros annuels. A New York, environ 284 millions d'euros pourraient directement aller dans les caisses de la municipalité.
Si on ne regarde que la France, Montpellier en tirerait 9,77 millions d'euros par an, Marseille 29 millions d'euros, et Paris, 82 millions. Une manne, pour des collectivités en mal de ressources budgétaires.
Dans son rapport « Contrôler le marché légalisé du cannabis en France », le think tank Terra Nova avait relevé un autre argument en faveur d'un assouplissement.
En France, la hausse progressive des taxes a bien infléchi la courbe de vente des cigarettes durant les quinze dernières années. En 2015, 4.000 tonnes de cigarettes étaient écoulées par trimestre contre plus de 7.000 tonnes dans les années 2000. L'OMS « reconnaît que l'un des outils les plus efficaces pour lutter contre la consommation de tabac est l'augmentation des taxes », abondait l'institut.
Source: lesechos.fr