PARIS (AFP) - Partir en campagne sur les "méfaits" de la consommation de cannabis qu'il n'est pas question de dépénaliser, lutter contre l'alcool au volant, "faire la guerre au tabagisme": le ministre de la Santé a donné mardi sa "feuille de route" au nouveau patron de la lutte anti-drogue.
Lors d'une visite dans les locaux de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILDT), Jean-François Mattei a assuré que "la lutte contre les drogues" représentait "une conviction forte et un de (ses) défis personnels".
Il s'est aussi voulu rassurant sur le champ de compétence de la MILDT, présidée par le Dr Didier Jayle, nommé le 23 octobre en remplacement de Nicole Maestracci, qui avait mis l'alcool, le tabac et les drogues illicites sur un même plan.
"Je confirme que pour moi, l'alcool, comme le tabac et comme les autres substances (illicites comme le cannabis, la cocäne ou l'héroäne, NDLR) relèvent pleinement de votre mission (...) et que je les considère à l'évidence comme des drogues. Il n'y a aucune ambiguäté", a-t-il dit.
L'alcool fait toutefois partie de notre "tradition", a relevé M. Mattei : "Dans certaines circonstances, à des doses modérées, je crois qu'on peut autoriser la consommation d'alcool".
Il a en revanche prôné "l'alcoolémie zéro" au volant. "Avant de prendre le volant, c'est vraiment zéro", a-t-il insisté, en se prononçant aussi pour la lutte contre les médicaments psychotropes au volant : "Nous sommes les premiers bouffeurs de psychotropes au monde".
Sur le tabac, le ministre s'est dit "scandalisé de voir que la loi Evin n'est pas respectée, souvent dans des établissements de l'Education nationale".
"Vous avez là une action majeure, a-t-il dit au Dr Jayle. Les fumeurs commencent à se sentir coupables. Mais il faut aller plus loin. Nous devons faire la guerre au tabagisme", a-t-il lancé, n'excluant pas une nouvelle augmentation des prix des cigarettes, après celle de 8 à 16 % début janvier.
M. Jayle a suggéré "un remboursement partiel" des patches à la nicotine pour inciter au sevrage tabagique.
Pour le cannabis, M. Mattei a estimé que cela "doit faire partie des sujets dont on parle". "Une campagne (de communication) pour expliquer les raisons pour lesquels le cannabis n'est pas autorisé serait bienvenue".
"Ce n'est parce que 80 % d'adolescents, ou 50 ou 60 %, peu importe, fument du cannabis qu'il faut dire que c'est bien et qu'il faut l'autoriser parce qu'on ne peut pas l'empêcher. Ca, ça s'appelle une reculade", a dit M. Mattei.
Evoquant "les effets néfastes du cannabis sur la santé", il a évoqué "le principe de précaution" pour "s'interdire d'aller dans le sens de la dépénalisation".
Si le ministre se refuse à toute dépénalisation, il juge en revanche "totalement inadaptée" la loi de 1970 qui permet en France d'envoyer en prison un simple fumeur de joints : "On ne peut évidemment pas persister dans l'idée qu'on doit emprisonner le consommateur de cannabis. On doit adapter les peines en fonction de la gravité du délit".
source : Yahoo! Actualités du mardi 7 janvier 2003, 17h12
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