Pour les candidates ce sera non, vous disais-je. Dans une lettre ouverte publiée sur son site mercredi et intitulée Le monde a changé, la France a bougé, alors la politique doit changer, le Circ offre à Ségolène Royal l’occasion de prouver le contraire.
Source : Drogues News
«Madame. Un peu partout, on lit et l'on entend que vous incarnez le changement», démarre la lettre rédigée par Jean-Pierre Galland, avant de rappeler la position défendue dans le projet socialiste: «En ce qui concerne le cannabis, face aux risques liés à une consommation largement répandue, nous ouvrirons un débat pour proposer une régulation publique, et une révision de la loi de 1970».
Une position par rapport à laquelle Segolène Royal s’est trouvée plus qu’en retrait le mois dernier chez Serge Moati: «Je ne suis pas favorable à la dépénalisation de la consommation de drogues, mais en même temps je crois qu'il faut sortir de l'hypocrisie, et ce dont les jeunes souffrent c'est de polytoxicomanie, c'est-à-dire le mélange drogue, alcool, qui est quand même une drogue légale, et quand on voit aujourd'hui l'alcoolisme chez les jeunes, il est souvent aussi grave que la consommation de drogues dites douces. Et donc je crois que la question est globale, c'est une question éducative de lutte contre toutes les formes de toxicomanie, et aussi une interrogation sur les raisons pour lesquelles les jeunes transgressent.» Un subtile bottage en touche donc. Stratégie adoptée la même semaine de décembre par Dominique Voynet et Arlette Laguiller. Reste Marie-George Buffet, pour qui il devient franchement humiliant que personne n’ait encore jugé opportun de lui poser la question.
Or, rappelle le Circ, «toutes les enquêtes le démontrent : la répression n'influe pas sur l'usage». Et en France, «la répression n'est pas un mythe et le nombre annuel d'interpellations pour usage de stupéfiants n'a cessé d'augmenter. En 2005, tous les records ont été battus avec 146 424 interpellations, une politique qui coûte cher à l'Etat et mobilise de nombreux policiers dopés au rendement, une politique qui ne sert strictement à rien, si ce n'est attiser l'incendie qu'elle est censée éteindre». Rappelons à toutes fins utiles, que la France est l’un des pays européens les plus répressifs en la matière: dans l'Union à 25, seuls Chypre, la Grèce, la Finlande et la Suède font aujourd'hui de la consommation de cannabis une infraction pénale. Ce qui n’empêche pas notre jeunesse d’être l’une des plus grosses consommatrices de cannabis en Europe. Loin devant les Pays-Bas...
«D'autres femmes en d'autres temps, Simone Veil en se battant pour officialiser la réduction des risques ou Michèle Barzach en libéralisant la vente des seringues, ont osé s'attaquer au tabou de la "drogue" et à imposer des mesures réalistes qui ne sont plus contestées aujourd'hui, conclue la lettre. À votre tour d'impulser une politique novatrice dont l'axe ne soit pas la répression, mais la prévention et la " régulation publique… d'une consommation aujourd'hui largement répandue».
La «régulation publique du cannabis» trouvera-t-elle sa place dans l’«Ordre juste» ? C’est d’autant moins probable que les partisans de la dépénalisation restent minoritaires dans l’opinion.