En tout, pas loin de six hectares de chanvre ont été plantés au grand parc de Miribel-Jonage. L'agriculteur Guillaume Plantier s'est occupé de l'ensemencement.
« Je suis un agriculteur bio. J'ai d'autres parcelles dans le parc : du soja, des petits pois et de la luzerne », explique-t-il.
« Le chanvre a beaucoup de vertus, poursuit-il. Il empêche à toute autre plante de s'installer. On l'utilise pour la jachère. »
De plus, ce végétal ne demande aucun soin, aucun pesticide, aucune irrigation particulière. Il y a deux manières de cultiver le chanvre : on peut en faire de la corde, ou utiliser son huile, comme ici.
« On essaie de la stresser. On la plante plus tard, quand il commence à faire chaud. Par un mécanisme de défense, la plante va produire un maximum de graines. C'est avec elles qu'on fera de l'huile », explique Guillaume Plantier. L'huile de chanvre est réputée pour sa qualité, notamment cosmétique.
« Il y a toujours eu du chanvre dans la région », révèle Christian Barbin, du syndicat mixte Symalim, qui gère le Grand parc.
« Jusqu'au début du XXe siècle, les gens avaient tous un accès à l'eau pour faire rouir - pourrir - la plante, ce qui permettait d'en récupérer la tige. On en faisait du tissu, des cordes, du papier, et on utilisait l'huile pour les lampes », explique-t-il.
« C'est la concurrence du pétrole, notamment du nylon pour l'habillement, qui a tué la culture du chanvre », détaille Christian Bardin.
Aujourd'hui, le grand parc tente de lui redonner sa place, avec toutefois un bémol. « Le chanvre voyage mal. Pas plus de 150 km. Il nous faudrait une usine toute proche. Nous sommes en négociations avec des producteurs de l'Ain et de l'Isère, mais il faudrait une aide de la région ».
Le vice-président voudrait un développement plus rapide de ce type de culture dans le Rhône. C'est déjà lui qui est à l'origine de la charte de l'agriculture en cours dans le grand parc, qui a poussé les agriculteurs à se mettre au bio. En 2005, l'agriculture biologique n'existait pas sur le parc.
Aujourd'hui, sur 400 hectares de plantation, un tiers est estampillé agriculture biologique. À noter un dernier avantage du chanvre, il n'a pas besoin de la période de conversion de deux ans, nécessaire aux autres cultures pour avoir droit au label AB.
Enfin, il convient de préciser que ce chanvre, s'il est de la même famille de plantes que le chanvre indien, dont est issu le cannabis, ne contient presque pas de psychotropes : conformément à la réglementation, il contient moins de 0,2 % de THC, le principe actif de la drogue. Les pieds de Guillaume Plantier seront d'ailleurs analysés avant d'être vendus. Si une trop grande quantité de THC est détectée, l'ensemble de sa récolte peut être détruite.
Source : leprogres.fr