Le Chanvre : des applications stupéfiantes

Par Invité ,

 

Dans le chanvre comme dans le cochon, tout est bon ! Dans l’histoire, ses fibres et ses graines sont entrées tour à tour dans la composition de médicaments, de carrosserie de voiture, de vêtements, tel que le premier « jean », de cordages, de billets de banque, ou encore de papier à cigarette, bref une plante très prisée pour concevoir des "Agromatériaux". Comment oublier que le chanvre, si cher à l’épopée « Woodstockienne » servit d’abord à imprimer la première Bible ? Christine Barbace, de la Mission Agrobiosciences, vous propose d’explorer ici les diverses applications du Cannabis sativa L.

 

Source : agrobiosciences

 

Il y a 4700 ans,

 

les Chinois mentionnaient déjà le chanvre dans leur pharmacopée. En Europe, ses vertus médicinales furent employées jusqu’au début du 20ème siècle pour lutter tour à tour contre la peste, les rhumatismes, les douleurs auriculaires et certaines pathologies mentales. La forte taxation sur le cannabis décrétée en 1937 aux Etats-Unis s’avéra fatale pour sa culture et il fut retiré de la pharmacopée officielle en 1941. Cette même année, Henry Ford, qui en cultivait - dit-on - sur ses terres, réalisait un prototype dont la carrosserie était d’une solidité à toute épreuve et... élaborée à base de chanvre.

 

Après avoir dans un premier temps suivi l’Amérique, la loi Française, au début des années 90 autorisa de nouveau la culture de certaines variétés à des fins industrielles et commerciales (tiges et graines seulement). Tirée de la fibre de la tige, la filasse servait déjà avant notre ère à la fabrication de vêtements. Le chanvre textile est particulièrement solide et résiste à tout : à l’usure, à la chaleur, aux insectes, à la lumière ainsi qu’à l’air marin. Voilure, filets, cordages et chiffons furent d’ailleurs largement éprouvés à la grande époque de la marine à voile. Toujours pour parler « chiffons », saviez-vous que M. Levis Strauss fabriqua le premier jean en « toile de Nîmes », c’est à dire du chanvre ? Que Rembrandt, pour ne citer que lui, peignait sur des toiles de cette même fibre ? Et ce n’est pas fini ! la filasse a d’autres cordes à son arc : il y a deux millénaires, en la mélangeant au mûrier, les Chinois inventèrent le papier et réalisèrent en 770 le premier livre imprimé. Plus tard, Gutemberg y imprima la première Bible, et au 19ème siècle, 90% du papier était constitué de ce matériau. Hélas, mille fois hélas, avec les débuts de la mécanisation, le bois remplaça le chanvre. Une exception toutefois : des papiers très spécialisés auxquels ce végétal reste irremplaçable encore aujourd’hui, s’accorde parfaitement... les billets de banque et papiers à cigarette.

 

 

Quant à la chènevotte,

 

partie non fibreuse de la tige, elle entre dans la composition des litières pour animaux et trouve surtout une application prometteuse en tant que matériau isolant. De fait, la richesse en silice de la plante lui confère une forte inertie thermique, et sa pétrification à froid augmente sa résistance au feu et à l’eau. Un procédé peu coûteux qui n’utilise pas de produits chimiques de synthèse.

 

Mais comment cette plante fait-elle pour avoir autant d’énergie ? La tige de chanvre une fois brûlée pour produire de la chaleur peut alimenter les générateurs produisant de l’électricité. De même, les 77% de cellulose qu’elle contient peuvent se convertir en amidons qui, par fermentation, se transformeront en essence, méthanol, ou éthanol. Il ne faudrait pas oublier l’huile de chènevis (la graine) qui représente également une source d’énergie non négligeable. Elle peut facilement se transformer en combustible diesel - le monsieur du même nom l’ayant déjà utilisée pour son fameux moteur - mais aussi servir de base à l’alimentation.

 

 

Saviez-vous (encore !)

 

que Bouddha aurait survécu pendant trois ans avec, pour toute nourriture, une graine de chanvre par jour ? Des études récentes tendent à prouver que cette graine, écologique et bon marché, pourrait, avec ses huit acides aminés et sa richesse en acide gras poly insaturés, remplacer le soja ! Son huile serait la mieux équilibrée de la nature (environ 20% d’acide linolénique et plus de 50% d’acide linoléique) et ses vertus thérapeutiques s’avèreraient utiles dans certains cas d’hypertension, de diabète, d’asthme ainsi que dans la lutte contre le vieillissement de la peau. De la peau aux cosmétiques, le pas est vite franchi. L’huile de chènevis est une huile essentielle. Elle protège l’organisme contre la pénétration ou la perte en eau. Utilisée comme huile de massage, elle rentre également dans la composition de shampoings, de savons et de baumes pour les lèvres. Hans Christian Andersen avait déjà compris toutes les capacités de cette « plante-orchestre » à laquelle il rendit hommage dans un conte dont elle était l’héroïne. Alors serait-il possible que cette plante aux réelles propriétés nutritives et thérapeutiques, aux nombreuses applications industrielles et commerciales soit reconsidérée et envisagée comme étant un véritable enjeu pour notre devenir ?

 


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