Le cannabis occupe 96 000 familles marocaines

Par Invité ,

Les revenus de la drogue ne favorisent pas le développement local.

 

300 000 tonnes de cannabis sont produites chaque année dans le monde, dont 47 000 proviennent du Maroc et principalement de Chefchaouen. Dans la région, selon un rapport de l'ONU, 96 000 familles vivent, ou plutôt survivent, des revenus de cette culture illicite mais tolérée. Le revenu global pour cette population est estimé à 214 millions de dollars.Le trafic du cannabis représente pour le Maroc un chiffre d'affaires de 13 milliards de dollars. Les producteurs du Nord n'en bénéficient qu'à hauteur de 2%. Ce qui est dérisoire par rapport à ce qu'en tirent les trafiquants (26%) et les intermédiaires (54%). Ces chiffres sont ceux de l'ONU. Ce qui ne les empêche pas d'être contestables, car c'est d'une économie souterraine et de réseaux volatiles qu'il s'agit. Malgré tout, la dimension économique et financière du trafic de drogue est devenue incontournable pour l'économiste et le spécialiste management. Ces derniers sont par ailleurs confrontés au dilemme de reconversion du petit agriculteur qui, selon Driss Moussaoui, professeur de psychiatrie à la Faculté de médecine de Casablanca, voudrait bien changer de culture. Avec quoi? C'est là toute la question. S'y ajoute la charge financière énorme inhérente à tout projet de reconversion économique. Lors d'une conférence organisée par HEM, jeudi 27 mai à Casablanca, André Dumas, professeur de sciences économiques à l'Université de Montpellier 1, a estimé que la culture du cannabis rapporte 8 fois plus que celle de l'orge. Pourtant, les familles d'agriculteurs à Chaouen joignent difficilement les deux bouts. Une enquête publiée récemment par L'Economiste a montré que l'on s'intéresse à la région non pas pour ses potentialités touristiques mais principalement pour le haschich. Difficile donc pour ces familles qui disposent de petits lopins de terre d'abandonner cette culture. En outre, le troc de la cocäne contre le cannabis est monnaie courante, surtout parmi les jeunes de la région. “Contrairement à l'idée répandue selon laquelle les revenus générés par l'industrie de la drogue favoriseraient le développement économique, le rapport 2002 de l'Office international de contrôle des stupéfiants (OICS), montre que les pays producteurs enregistrent une baisse de leur croissanceâ€?, indique Dumas.

Au bout de ce boulevard géant du commerce de la drogue, se trouve le consommateur. Son argent permet, selon une évaluation de l'ONU, de cumuler un chiffre d'affaires de 500 milliards de dollars ou 10% du commerce mondial. Pire, la consommation de drogues dans le monde est en hausse soutenue. En France, les saisies de stupéfiants ont représenté cette année le double de celles de l'année dernière. La drogue se démocratise et la consommation dans les pays en développement augmente, tandis qu'elle se stabilise aux Etats-Unis dans l'UE.

Au Maroc, une étude épidémiologique effectuée en 1985 sur les étudiants externes de la Faculté de médecine de Casablanca a montré que 14% sont des consommateurs occasionnels et 4% avérés (journaliers).

 

Source: L'Economiste


  Signaler Article


Retour utilisateur


Il n’y a aucun commentaire à afficher.