Selon une étude de 2004, 8 % des chauffeurs routiers conduiraient sous l'emprise du cannabis et 6,4 % des opiacés.
Les pouvoirs publics veulent multiplier les contrôles antidrogue au sein des professions mettant en jeu la sécurité du public.Après avoir longtemps fermé les yeux, les pouvoirs publics veulent désormais lutter contre ce phénomène. Depuis la loi de prévention de la délinquance de 2007, des dépistages salivaires peuvent ainsi être menés, par surprise, dans les entreprises de transports par les officiers de police judiciaire sur réquisition du procureur de la République. En cas d'usage confirmé par une analyse de sang, les salariés encourent en outre des peines aggravées.
Ces dernières années, la consommation de cannabis est devenue un vrai sujet de préoccupation pour de nombreux chefs d'entreprise. Alors que la France compte 1,2 million de fumeurs de joints, dont 550 000 quotidiens, nombre d'entre eux rejoignent le marché du travail chaque année. «Le phénomène est désormais très étendu, relate le Dr Bernard Fontaine, médecin du travail spécialisé dans les addictions. Certains métiers, en manque de bras, sont particulièrement touchés : ceux qui recrutent des jeunes, souvent issus de milieux défavorisés, comme les caristes, les couvreurs, les chauffeurs routiers ou les agents de sécurité.»
«Or, alors que l'alcool a commencé à être pris en compte, la drogue est restée une question taboue dans l'entreprise», souligne Étienne Apaire, le président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), qui entend porter ce débat lors d'états généraux réunissant, en 2009, les grandes centrales syndicales et le Medef. On estime que 20 % environ des accidents du travail sont dus à une consommation d'alcool, de psychotropes ou de stupéfiants. Ces addictions expliqueraient aussi une part de l'absentéisme et des conflits entre employés.
Les tests salivaires à l'étude
«L'objet des états généraux sera notamment de réfléchir à l'utilisation de tests salivaires comme nouveau moyen de dépistage mis à la disposition des entreprises, car ils posent des questions morales et éthiques», précise Étienne Apaire. Aujourd'hui, seuls les employés exerçant des métiers à haut risque dans certaines sociétés (conducteurs ou aiguilleurs à la SNCF, agents EDF sur les centrales nucléaires, employés de plates-formes pétrolières) font l'objet d'une surveillance : les tests urinaires sont pratiqués par le médecin du travail uniquement et couverts par le secret professionnel. Un salarié contrôlé positif peut être déclaré inapte. «Au total, environ 10 000 contrôles sont pratiqués chaque année», estime le toxicologue Pascal Kintz.
Moins contraignant à utiliser, le dépistage salivaire pourrait permettre de multiplier les contrôles. «Dans le bâtiment, les directions des ressources humaines sont très demandeuses de ce nouvel outil, indique Marc Élie, consultant spécialisé dans les addictions en entreprises. Sur les chantiers, où le cannabis est très présent, les cadres sont en effet aujourd'hui démunis.» De son côté, la RATP a déjà entrepris une modification de son règlement intérieur pour définir la notion de «fonctions de sécurité». Objectif : lancer les premiers tests de dépistage en 2009.
Source : le figaro