Malek Boutih, membre de la direction du PS, a animé la «commission drogue» du projet socialiste. Il revient pour Libération sur ses propositions très controversées.
Source : Libération
Vous proposez une «régulation publique» du cannabis ? De quoi s'agit-il? Une Seita du joint ?
Il ne s'agit pas de créer des fonctionnaires du cannabis. C'est une caricature. Mais l'Etat doit se donner les moyens de contrôler la production et la vente. Des structures coopératives pourraient assurer la production et des structures associatives, la distribution. Il faut éviter un marché soumis à la concurrence. Je suis socialiste, je refuse cette marchandisation.
Cette proposition est-elle compatible avec les conventions internationales ?
Au sein de l'ONU, notre pays est signataire d'une convention qui interdit l'importation et l'exportation des drogues. On ne peut donc ouvrir un marché du cannabis que s'il est produit en France. Les Pays-Bas ont pu le faire dans les années 70. La France est en mesure d'aller plus loin. Elle en discutera avec ses partenaires européens. Il s'agit de promouvoir une politique qui protège la santé de nos concitoyens.
Vous ne voulez pas d'une dépénalisation de l'usage de cannabis. Pourquoi ?
Parce qu'avec la dépénalisation, on resterait dans cette situation hypocrite où l'on tolère la consommation en laissant se développer l'économie informelle. La loi de 1970 a échoué parce que les drogues n'ont pas été une mode temporaire, comme le croyait le législateur. Le cannabis est un phénomène permanent. Consommé massivement, il a créé dans les quartiers un marché qui favorise la marginalisation et l'insécurité. La dépénalisation ne répond pas à ce problème politique.
Votre projet de «régulation publique» sera-t-il celui de tous les socialistes ?
En tout cas, il est inscrit au programme adopté il y a quinze jours au bureau national. Au PS, comme dans l'opinion, il y a des doutes. Et une majorité pour sortir de l'hypocrisie. Je veux provoquer un débat où chacun devra assumer ses responsabilités. Les consommateurs, les policiers, les juges et les parents, qui doivent arrêter de se cacher derrière leur petit doigt. Cette maturation de la société doit être collective, on doit aller au bout du débat.
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