Neurologie - Dans un contexte mondial actuel où la question de la légalisation du cannabis se pose de plus en plus, une nouvelle étude américaine suggère qu’en termes de "santé cérébrale" l’alcool serait plus dangereux que la marijuana.
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La problématique de la légalisation du cannabis conduit la communauté scientifique à mener de plus en plus d’études portant sur les dangers et les bénéfices de cette substance. Une équipe de chercheurs de l’Université du Colorado aux Etats-Unis a passé en revue l’ensemble des données d’imagerie existantes permettant d’analyser les effets de l’alcool et du cannabis sur le cerveau. Leurs résultats suggèrent qu’en termes de "santé cérébrale", l’alcool provoque plus de dégâts que la marijuana. Ces derniers ont été publiés dans la revue Addiction en Août 2017.
Comparaison des effets sur le cerveau
Dans leur étude, les chercheurs américains mettent en évidence le lien entre la consommation d’alcool et les modifications à long terme de la structure des matières blanche et grise du cerveau. En revanche, en ce qui concerne la consommation de marijuana, aucun effet significatif à long terme n’est constaté sur la structure cérébrale. Aux États-Unis, le nombre de personnes ayant consommé de la marijuana le mois dernier est estimé à 22,2 millions, faisant de cette substance encore illicite dans la majorité des états, la drogue la plus couramment consommée.
Des résultats controversés
Aux Etats-Unis, la légalisation pour usage médical et récréatif a été étendue de par des modifications de la législation, ce qui permet aux chercheurs de réaliser des études plus larges sur les effets de la marijuana sur la santé, qu’ils soient dommageables ou bénéfiques. Cependant, les résultats rapportés par diverses études divergent : l’une établit le lien entre consommation de marijuana et risque accru de psychose chez les adolescents, une autre relate de la prévention possible de la migraine par les cannabinoïdes, tandis qu’une troisième met en évidence un lien entre consommation de marijuana et diminution du volume de l’hippocampe.
Il n’existe donc actuellement aucune cohérence en termes d’effets sur les structures cérébrales dans ces études. Cependant, les chercheurs de l’Université du Colorado précisent tout de même que toute réduction du volume des matières blanche ou grise du cerveau peut entraîner des altérations du fonctionnement cérébral.
Alcool versus cannabis : les chiffres-clés en France
L’observatoire français des drogues et toxicomanies a publié en Juin 2017 la 7ème édition de "Drogues, chiffres-clés". En ce qui concerne l’alcool, on dénombre 47 millions d’expérimentateurs dont 43 millions dans l’année, au sein desquels on retrouve 9 millions d’usagers réguliers, dont 5 millions d’usagers quotidiens.
Les chiffres du cannabis demeurent moindres : "seulement" 17 millions d’expérimentateurs dont 5 millions d’usagers dans l’année, avec 1,4 million d’usagers réguliers dont 700 000 usagers quotidiens.
En pratique, en termes de consommation d’alcool cela se traduit par une ingestion de 11,9 litres d’alcool pur par habitant de 15 ans ou plus. Le pourcentage de consommateurs quotidiens parmi les 18-75 ans s’élève à 10%, celui des consommateurs réguliers parmi les jeunes de 17 ans, à 12%. Par ailleurs, 49 000 décès par an sont imputables à l’alcool et le coût social atteint 120 milliards d’euros. Du côté du cannabis, 42 % des 18-64 ans l’ont déjà expérimenté contre 48% des jeunes de 17 ans. 9% de ces derniers sont des fumeurs réguliers.
Par Camille Boivigny
Source: Pourquoidocteur.fr