D'abord, ces quelques chiffres qui, eux aussi, peuvent faire tourner la tête : les huit cents coffee-shops hollandais généreraient un business de deux milliards d'euros par an, certains d'entre eux vendraient trois à quatre kilos au quotidien et dégageraient un bénéfice de 400 000 euros mensuels. La politique de « tolérance » - et non de légalisation - nééerlandaise, initiée en 1976, est, depuis, victime de son succès : 4 000 touristes par jour à Maastricht mais aussi 13 500 par semaine à Roosendaal ou un million par an à Terneuzen, petites villes voisines sans attrait particulier.
Dans de telles proportions, ce « tourisme de la drogue » est considéré par certains comme une « menace à l'ordre public hollandais ».
Au sein de l'actuelle coalition entre travaillistes et chrétiens-démocrates, le débat fait rage. Ces derniers plaident pour la fin des coffee-shops, dénonçant une situation « hors de contrôle » et une politique qui a échoué.
Victimes de leur succès et des enjeux colossaux qu'ils suscitent, les coffee shops pourraient être interdits aux étrangers.
Des magistrats, des policiers et des criminologues sont du même avis. Le Parti travailliste, lui, défend plutôt une autre forme de « régulation ».
Interdire l'entrée des coffee-shops aux étrangers - mesure discriminatoire s'il en est - est envisagée, d'abord pour repousser les criminels attirés par ces établissements très lucratifs. Par ailleurs, les gouvernements voisins continuent à mal supporter que les plus jeunes de leurs ressortissants contribuent à faire tourner les joints… par-delà les frontières.
Pression croissante des pays voisins
A court terme, aucune mesure ne sera prise au niveau national. Histoire de rassurer les clients étrangers, le Mississipi a préféré afficher une pancarte : « Chers clients : pour l'instant, il n'y aura aucune loi qui interdira la vente de cannabis aux étrangers. Nous vous tiendrons au courant. »
Un des videurs de cet établissement flottant n'a pas l'air inquiet : « Les sommes sont trop importantes. Je pense qu'il ne se passera rien cette année. Après, il ne faut jamais dire jamais… » Dans sa guérite, le dealer du Smoky fixe les enjeux : « Ici, 80 % du chiffre d'affaires est fait grâce aux touristes étrangers. S'ils sont interdits de coffee-shops, ce sera un choc. On ne sera que quelques-uns à rester en vie. »
Pour mémoire, les Hollandais sont parmi les plus faibles consommateurs de cannabis : d'après les études réalisées par le ministère néerlandais des Affaires étrangères, 13 % des Hollandais ont fumé un joint au cours du dernier mois.
Le pourcentage le plus élevé se trouve en France (22 %), suivi par le Royaume-Uni (20 %), l'Irlande, la Belgique et les Etats-Unis (17 %), puis l'Italie (15 %).
Publié le mercredi 23 février 2011
Source : L'Union